NUE 3 2044 106 334 899 | FRS SAT à ul} LIBRARY OF THE ray Herbarium. i||\ 1 1720 a? Ÿ Ca! Et) DR de \ BED \ ) ‘{(c | 00 ®) 0e CE) HARVARD UNIVERSITY HERBARIUM. oughi . v 7 / L’OBEL DE S MATHIA LA BELGIQUE HORTICOLE. JOURNAL DES JARDINS, 4 Re gt 23 û Ë r L ne Le, e: # ; 7 fs ‘ \ y 0 “ à " CA ri i Ca ! “ | ŒRTXFLIES, Ÿ A # ; C \ J e EAN RL EL Me E d'a do MALE PERTE ANNEE ARR 2 À J EAN PEER AMEL ce) 2 LIL EN En ar tn 1 ni nt l * AA Of Ve RAR RULES " PTE cu vs 7 ha f He. 1 2 J HEA # VE ns AS LA BELGIQUE HORTICOLE, JOURNAL DES JARDINS. DES SERRES ET DES VERGERS, Cuarces MORREN, Docteur en sciences, en philosophie naturelle et en médecine, Professeur ordinaire de botanique et d'agri- culture à l'université de Liége, Directeur du jardin botanique, Chevalier des Ordres de Léopold, de l'Étoile Polaire de Suède et de Norwége, de l'Ordre royal de Danebrog, de la Couronne de Wurtem- berg, de la Couronne de Chêne, etc. Membre titulaire de l’académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, Membre du Conseil supérieur d'agriculture du royaume , Membre honoraire de l'académie royale de Dublin, correspondant des académies des sciences de Breslau, Florence, Madrid, Naples, Padoue, Rome, Turin, de l’académie royale d’agriculture du royaume de Sardaigne et de Piémont, des sociétés royales d’agriculture, de botanique, des sciences naturelles ou médicales de Barcelonne, Berlin, Bruxelles, Caen, Clermont-Ferrand, Dijon, de la Drenthe, d’Edimbourg, de Gand, de Groningue, de Halle, Heidelberg, Leipzig, Mâcon, Malines, Marbourg , Paris, Ratisbonne, Rostok, Rotterdam, Rouen, Silésie, Strasbourg, Stockholm, Utrecht, des Pays-Bas, Valence ,etc. TOME Il. LIÉGE, À LA DIRECTION GENÉRALE, RUE LOUVREX, 15. 1852 vx ASE. MA \ . | À Abapté 1h rétn t < Per te NAIL L C | ; # à MAT ES ur L ; s Fi 0e r "=, SEL 0] Ps NE On A - à : S EUR " L 4e n LRAPAE CALME V7) 2 SR À 4 y a 4 Ce ’ à f: * x k i ne a 1 OS 7 , : Er CRT Ne NE PTT Me Le 1 ORAN a a A LASER ‘ NA de À (#! û $ R 1° a Sr £ d 3 Ldreh 1 À 3 ty PARU he, À Le + F Pré Ra TN 6 ” ñ 7] À PROLOGUE CONSACRÉ A LA MÉMOIRE DE MATHIAS DE L'OBEL, un de nos pères de la botanique et de l'horjiculture de Belgique. ie _ ûs © G—— Il y a de nos jours deux espèces de Flamands, [es Flamands de France et les Flamands de Belgique. Louis XIV, quoiqu'il les nommät des ma- gots, ne füt pas fâché toutefois d'incorporer à son royaume (1668) quel- ques bonnes villes de cette antique Flandre, et de faire désormais des habitants de ces provinces des magots français. Jusqu'au temps de cette violente séparation, imposée par la conquête à des pays possédant la même langue, la même foi, les mêmes mœurs et la même origine, 1l nous sera permis de regarder comme véritablement flamand ce peuple uni par les liens les plus naturels. C’est à ce titre que l’histoire des sciences a le droit incontestable de regarder comme Flamand et, par conséquent, comme Belge, l'illustre naturaliste à la mémoire duquel nous consacrons ces pages. D'ailleurs, la France doit s'étonner d'autant moins de voir passer cet homme célèbre dans le panthéon belge, et même de le trouver cité souvent comme une grande illustration de la science anglaise, que, Flamand par sa naissance et par sa famille, on ne l’a vu lié à la patrie qui le revendique d'ordinaire, que par son éducation et quelques voyages. Sa vie, il la consacra à la Belgique, à la Hollande, à l'Angleterre; ses écrits, il les publia en laiin et en flamand, tantôt à Anvers, tantôt à Londres ; ses relations furent entièrement belges et, à deux époques de sa carrière, anglaises ; et dans aucune de ses œuvres on ne le saisit por- tant ses affections vers la France, mais toujours vers le pays qu'il regar- dait lui-même comme sa patrie, vers la Belgique, dont il estimait la bota- nique et l'horticulture les premières de l'Europe, et dont il admirait tant les jardins qu'il consacra à leur étude constante et ses forces, et son sa- voir et une grande partie de sa fortune. L'ensemble de toute cette vie, si belle, si noble et si utilement remplie, ne peut laisser aucun doute à l'esprit sur la nationalité qu'il revendiquerait encore lui-même, si sa tombe pouvait retenir des vœux de son cœur. Curtius Sprengel, dans son Historia rei herbariæ (!), a bien soin de ne (1) Tome 1, page 598. BELG. HORNT. T. Il. ÿ# pas mettre cette nationalité en doute. Dodonæi civis, dit-il, Matthias Lo- belius, Insulis Belgii 1558 natus. En effet, Mathias De L’Obel (et non Lobel, comme lécrivent à tort le plus grand nombre des auteurs) (!), naquit en 1558 (peut-être en 1559), à Lille, d’une famille belge d’origine et qui l'est restée par la suite et de nos jours encore, où elle a compté et compte de nobles défenseurs dans l’armée. Son père était un homme de loi; mais, comme Mathias l’apprend lui-même, un invincible attrait le portait comme malgré lui vers l'étude des fleurs, et cela dès l’âge le plus tendre. À seize ans, il était déjà botaniste. Les travaux qu'il publia plus tard avee Pena, prouvent que ce furent les plantes indigènes de sa patrie qu'il étudia d'abord et pofondément, de manière à en bien distinguer les espèces. L’utilité de ces connaissances devait de toute nécessité le mener _à la carrière médicale, et, pour prendre ses degrés, il partit pour Mont- pellier, où florissait alors le fameux naturaliste Rondelet. Ce dernier, qui avait été nommé, en 1545, professeur à Montpellier, sa ville natale, accompagnait souvent le cardinal de Tournon, et fit avec lui plusieurs voyages en Italie et dans les Pays-Bas. Il avait étudié avec ferveur les êtres naturels de notre pays, et quand De L’Obel vint s'asseoir sur les bancs de son auditoire, une intimité véritable s'établit bientôt entre le maitre et l'élève, à cause de la communauté de leurs recherches. Rabelais estimait comme un sage Rondelet, dont il avait fait son rondibilis, et le fait parler avec une haute raison : il était, en effet, regardé comme un des hommes éminents de ce savant xvi° siècle. De L’Obel se pénétra de cet esprit : il fut toute sa vie un homme de science profonde, d’imperturbable gravité et de mœurs antiques. Son portrait, que nous avons joint à ces lignes, indique bien l’union de ces qualités austères. Le ciel du Midi l'avait sans doute inspiré, et les plantes si belles et si multipliées de ces heureuses contrées exerçaient trop d’empire sur sa passion innée, pour que le jeune Belge ne s’empressat d'en faire une ample moisson. Il parcourut done, comme on herborisait alors, à pied et à petites journées, les Pyrénées, la Suisse, le Tyrol, les Alpes et l'Allemagne. À Narbonne, il connut Pena, naturaliste non moins ardent que lui et sur ie compte duquel nous devons nous arrêter quelques instants. La Biogra- phie universelle représente Pierre Pena comme une victime de De L'Obel, et celui-ci n'aurait rien moins à se reprocher que l’ingratitude, et peut- (1) Son portrait, gravé par Dellarame, perte fe nom orthographié tel qu’il doit l’être. Les Anglais, comme Loudon (Arboretum britannicum), l’écrivent correctement. Si cette particula- rité avait élé connue de Linnée, il est probable que nous aurions écrit Obelia au lieu de ZLobe- lia, et Obcliacées en lieu et place de Lobéliacées. Les Don Quichotte de la nomenclature, qui prétendent pouvoir un jour rendre le langage de la science rationnel, raisonnable, vrai et euphonique, toutes choses plus aisées à souhaiter qu’à réaliser, trouveront dans ce nom de De L’Obel une nouvelle matière à proposer des ehangements. Il cst vrai que l’usage, despo- tique eomme le mode, se rira comme elle de la raison. — VI — étre même quelques eseroqueries scientifiques. Cette double accusation est, eroyons-nous, deux fois et radicalement mal fondée. On raconte que De L'Obel rencontra fortuitement Pena dans le Midi; que ce dernier re- eueillit un grand nombre de plantes qu'il communiquait au botaniste de Lille; que ces plantes parurent dans les Adversariàä, imprimés pour la première fois à Londres, de 1570 à 1572, avec deux cent soixante-huit gravures ; enfin, que les contemporains de Pena le eitaient comme un col- laborateur de De L'Obel, tandis que Mathias se borne à mettre une fois son nom avec le sien en tête de ces Adversaria. Toutes ces assertions sont dénuées de preuves. Si Pena eut été un homme si extraordinaire par sa science et sa renommée, il est peu probable qu'on cüt ignoré et le lieu et l’année de sa naissance, aussi bien que celle de sa mort: les uns en font un Narbonnais, parce qu'il habitait Narbonne; les autres (Plumier) le disent d’Aix. Pena n’a d’ailleurs rien écrit de lui-même. Nous avons lu page par page tous les Adversaria, et nous n'avons aucun doute que le texte entier ne soit de la rédaction unique de De L'Obel : c'est son style, sa manière, ses pensées habituelles, ses citations, son érudition familière ; partout il cite la Belgique, sa patrie, les amis de son pays, l'Angleterre, les connaissances qu'il y a faites, les dons qu'il en a recus, et chaque fois qu'il entame l’histoire d’une plante du Midi, il en parle ou comme d’une espèce qu'il y a vue par lui-même, ou comme dune sorte sur laquelle des auteurs connus avaient déjà fourni des renseignements. Dans ce livre, il fait l'effet d’avoir profité simplement des plantes et pas de toutes, loin s’en faut, de Pierre Pena, mais nullement d’avoir écrit une œuvre en commun avec ce dernier. Des exemples abondent pour prouver que c’est dans la simple communication de quelques espèces que consiste tout le secours du botaniste de Narbonne. A Fhistoire du froment, De L'Obel parle du commerce des grains d'Anvers ; il dit comment l'Espagne déver- sait à cette époque sur notre pays des masses de blés durs que les mou- lins indigènes ne savaient pas moudre; il donne le blé de mars comme une production toute et essentiellement flamande; il explique la fabrica- tion de la bière par le seigle et par l’orge, sépare l'orge d’hiver sous le nom de soucrion, et fait de toutes les céréales une histoire tellement pré- cise et tellement flamande, qu'il ne peut y avoir l’ombre de doute que jamais Narbonnais n'aurait pu devenir Belge à ce point. Quand on traite ainsi de « byère, » de « zythe » et de « curme, » c’est qu’on est plein de son sujet, et un Français du Midi succomberait à cette tâche-là. À propos des Asphodèles, De L’Obel signale ses amis Guillaume Driesch et Pierre Coudenberg, ces deux célèbres cultivateurs de plantes exotiques dans nos provinces; mais aucun détail analogue nulle part ne se trouve fourni par Pena sur des amis de sa localité, ce qui conduit à croire que De L’Obel seul a pu écrire et penser ce livre, Quand, à propos de l£ryth- ronium, De L’Obel cite sa floraison au mois d'avril, à Lyon, dans le jardin de Donrez (Lillois de naissance comme De L’Obel lui-même), qui cherchait nr I celte espece dans le Jura, il parle de cette particularité comme d'une chose qu'il a vue lui-même. En figurant le chou-marin pour la première fois, De L'Obel rapporte que depuis longtemps Turner. célèbre botaniste anglais de l’époque, lui en avait donné des graines que le botaniste de Lille avait semées en Belgique : nulle part on ne parle de faits semblables qui auraientété posés à Narbonne. En décrivant la chicorée, il fait connaître de quelle manière les Brabançons la cultivaient déjà de ce temps comme légume d'hiver, en étiolant les plantes dans la terre. Au chapitre du Stramonium peregrinum, il dit qu'il n’a vu fleurir cette espèce que dans les jardins de Padoue et de Belgique; fait qui prouve qu’il faisait les observations par lui-même et en voyageant, et jamais il n’en cite de sem- blables faites par Pena. Il raconte comment l'amour d’avoir l'hiver des plantes pourvues de couleurs vives, alors que les serres n'étaient pas encore inventées, ou du moins répandues, portait les Belges à cultiver jusqu'aux grands froids, voluptatis caus@, la brillante Alkekenge. Le Paris quadrifolia qu'il avait vu dans les forêts de son pays, en France, en Suisse, près de Bâle, devient l’objet de ses expériences sur les chiens vivants, failes en commun avec un de ses amis intimes, le Suisse Bathone; Pena n'y intervint pour rien. Si cependant il en avait fait de semblables avec le médecin Pena, le soin de citer religieusement les autres lui aurait-il laissé taire le nom de son collaborateur aux Adversaria? Cela n'est pas probable, et tout porte à croire que celui-ci se borna à lui communiquer simplement des espèces dont sa plume exercée tracait l’histoire. En décri- vant la rhubarbe, qui fut, comme on le sait, introduite en Europe par l'empereur Charles-Quint lui-même, De L'Obel relate avec ponctualité comment, sous le nom de rhubarbe du pape, on en répandit, en 1561, une nouvelle espèce en Italie, comment il la vit emplover dans les hôpi- taux à Florence, à Venise et, en 1564, en Bohème; il y trouve une nou- velle occasion de citer son compatriote de Lille, Valerandus Donrez, valdé ingeniosus. Sa plume ne souffrait donc pas de prodiguer l'éloge, et de choisir des adjectifs que le poëte Goëthe trouvait quand ils s’adressaient à lui, « jolis et agréables. » Partout il rappelle les herborisations qu'il a faites dans les lieux les plus divers, et il ne néglige pas les plus chétifs détails, témoin le Pyrola qu'il a eu tant de plaisir à trouver à Berchem, près d'Anvers, l’{nula helenium qu'il vit fleurir dans les forêts épaisses des environs d'Orléans, le Cypripedium calceolus qu'il admira en Suisse et aux abords d’Inspruck, le Gentiana minor de Mâcon, etc. Les Adver- saria abondent en preuves de ce genre. Tant de conscience ne peut laisser soupeonner que s’il avait dû à Pena des détails analogues, il ne se serait pas fait faute de les honorer d’une citation particulière. En associant le nom du botaniste de Narbonne à la totalité de son œuvre, il lui a certes donné une part très-large dans la gloire que la postérité a vouée, en toute justice, à son œuvre, et loin de tourner à bläme ce procédé plein de délicatesse, les biographes eussent mieux fait de chercher dans la lecture —— IX —— méme de ces pages anciennes le vrai sentiment qui animait notre botaniste illustre. Sprengel n'hésite pas de déclarer que pour lui, qui avait comparé entre elles les œuvres des contemporains de DeL'Obel, ce dernier était un homme remarquable par ses voyages, ses lectures, son esprit, le commerce qu'il entretenait avec les savants de son temps, et surtout son immense con- naissance des plantes. Il le place immédiatement en valeur après Gesner et de L’Escluse, honneur de premier mérite. L'affaire de Pena, si mal in- terprétée par les biographes universels, se réduit pour Fhistorien de la botanique à la simple publication de ses notes, par son ami De L’Obel, qui avait reçu son assentiment à ce sujet. C’est là, en effet, la vraie manière d'envisager cette coopération. Pulteney pense que, puisque les A dversaria ont paru à Londres en1570, avec la dédicace à la reine Élisabeth, De L'Obel s'était déjà rendu, avant cette époque, en Angleterre. Ce qu'il dit du don des graines du Crambe maritima, par Turner, et les nombreuses observations qu'il avait faites sur la flore britannique, autorisent à croire que réellement, à cette épo- que, l'Angleterre l'avait recu et avait obtenu de lui une large part dans ses affections. Dans sa lettre à la reine Élisabeth qui précède l'édition des Adversaria - faite à Londres, De L’Obel explique clairement le motif de son séjour en Angleterre : il fuyait les guerres civiles de sa patrie. Le père de famille, dit-il dans cette lettre, n'ira pas établir son ménage sur une mer sans cesse tourmentée par la tempête, et puisque Pindare ne chante pas au milieu des soldats, il ne sait pas pourquoi lui, homme des jardins et des fleurs, devait voir la terre arrosée de sang humain. L’Angleterre offrant son antique hospitalité aux indigents, aux pauvres, aux vilains, aux in- connus comme aux nobles et aux riches, il à cru, dans l'intérêt de ses études, de son repos et de ses goûts, devoir user de cette éminente qua- lité nationale. D'ailleurs, il n’a pas voulu vivre sur le sol britannique sans l’enrichir du fruit de ses recherches. Il dit à la reine que son ouvrage prouvera combien déjà il avait étudié les espèces indigènes et de combien d'espèces utiles et remarquables, introduites par ses soins, il avait doté les jardins. Il cite, à ce sujet, ses relations avec Turner, Robert Huick, Richard Master, tous médecins de la couronne, puis un grand nombre d’illustres Anglais avec lesquels il entretenait un commerce littéraire ct scientifique. Ce sont ces détails qui ont amené les historiens anglais à réclamer plus tard De L'Obel comme une de leurs illustrations nationales. Il est curieux pour les botanistes de lire, dans cette lettre, comment De L’Obel puise dans la flore d'Angleterre des images et des idées qui devaient nécessairement plaire à la souveraine : « Votre patrie, dit-il à Élisabeth, produit une toute petite herbe, appelée la rosée du soleil, mais le soleil lui-même voit sa splendeur éclipsée par la beauté de cette mer- veille. » Et, comme pour empêcher la fille de Henri VII, dont le caractère — X — àpre sympathisait très-peu avec le monde si doux des fleurs , de sourire à cette image bucolique, ladroit De L'Obel a soin d'ajouter que sans une herbe, aux botanistes connue, son aïeul Édouard, prêt à rendre le dernier soupir, n'aurait pas conservé le souffle d’une vie qui se prolongea encore plusieurs années à la plus grande gloire de sa maison. Dans cette première édition, dont les planches diffèrent totalement des figures publiées après, il parle des anatifes, des polypiers et de larbor Christi ledifoliæ, chapitres qui n’y sont plus joints dans l'édition de Plantin de 1586 ; mais à la fin des Stirpium observationes de cette année, les po- lypiers figurent de nouveau, ainsi que les anatifes qu’il dit avoir été recus à Lille par un négociant de ses amis, André de Fourmestraux, et au sujet desquels il rappelle la singulière eroyance du temps, à savoir que ces cir- rhipèdes se transformaient en canards! Le canard moderne, dont un membre de l’Académie de Bruxelles, l'original et fantasque Cornelissen, s’est attribué l’invention, se trouve déjà en germe très-viable dans les doctes écrits du botaniste royal de Jacques Ie. De L’Obel revint dans sa patrie quand il la vit plus tranquille. En 1575, n’élant encore âgé que de trente-sept ans (il n’en avait que trente-deux quand il publia ses immortels À dversaria), il obtint à Bruxelles, en faveur de Plantin et pour le terme de dix ans, le brevet d'imprimer son Stirpium ou Plantarum historia, enrichi de quatorze cent quatre-vingt-six figures nouvelles qui avaient déjà servi aux publications de Dodoëns, de L’Escluse et de Mathiole. Il y joint son traité sur les succédanés (de Succedaneis, imitatione Rondeletii), qu’il déclare avoir puisé presque entièrement dans les lecons de son ancien professeur et ami, déclaration de délicatesse dont beaucoup d'élèves sont fort peu soucieux de notre temps où, comme on l'a vu, on hlâme si légèrement nos modèles et nos maîtres. Ce traité des succédanés est très-remarquable, et il y règne des principes de matière médicale qui passeraient pour neufs, si on venait à lesreproduire. La simi- litude des propriétés y repose sur la similitude des corps : des racines v remplacent des racines, des herbes se prennent les unes au lieu des autres, les résines se substituent à des résines, et ainsi de suite. Les odeurs, les saveurs, les âges, les états, les propriétés visibles et même les propriétés occultes doivent être analogues pour que les substitutions puissent s'établir avec utilité. La pharmacopée range les médicaments dans des casiers, où les succédanés se suivent d’après un ordre d'identité ou de similitude. Tout ce classement est fort ingénieux. Pour la publica- tion de cet ouvrage, le pléban et chanoine de Notre-Dame d’Anvers, Sébastien Baer, lui délivre le certificat qu’il n’y a rien dans cet ouvrage et dans le Plantarum historia qui puisse blesser la foi de l’Église romaine et les droits de l'État, et que, par conséquent, les imprimeurs peuvent répandre cet ouvrage au plus grand profit de tous. Cette soumission à l'Église catholique est done une preuve que De L'Obel résista au protes- tantisme, ce que Jui donne encore le caractère d’un écrivain véritable- ment belge. Cette observation ne sera pas perdue pour un autre trait de sa vie. Au Stirpium adversaria nova, De L'Obel à ajouté, en 1576, le Fruticum subfructieum cremiorum et arborum adversaria concisæque recensiones, dans lequel il fait connaitre des médicaments nouveaux ou des végétaux singuliers, entre autres les Sarracenia, qu'on appelait alors le Thuris lim- pidifolium, le caroubier, le jujubier, le laurier-tin, le chêne-liége, l'arbre de Judée, le platane, l'érable, et d’autres espèces intéressantes. Il y joint un appendix de plantes nouvelles qui lui étaient restées inconnues, et un formulaire de remèdes écrit par Rondelet. Pendant l'impression de ses œuvres, De L'Obel se fixa comme médecin à Anvers : il eut ainsi le moyen d'en surveiller les corrections. Il ne parait pas qu'il ait quitté la métropole du commerce belge, dont il eite souvent les précieuses introductions avant 1581; car on trouve dans la traduction flamande de son histoire des plantes qu'il y signa, le 1°" mai de cette année, la dédicace de son livre au prince d'Orange. Il avait alors quarante-trois ans; mais quelque temps après, attiré sans doute en Hollande par la famille du prince, il alla séjourner à Delft, où il se livra aussi à la pratique de la médecine. La dédicace du ÆXruydboek de 1581, donne d'ailleurs plusieurs motifs de son amitié pour les Hollandais. IT y fait connaitre avec une vive recon- naissance que, grâce à l’activité et à la réputation des savants de cette nation, il a recu un grand nombre de plantes des Indes, &e Constanti- nople, d'Italie, d'Allemagne et d’Espagne. Il s’y loue d'une façon toute spéciale de la largesse de Charles de L’Escluse, qui, à cette époque, occupait les fonctions d’intendant du jardin botanique de Vienne, mais se trouvant, en 4580, en Angleterre. Ces deux hommes étaient sans doute faits pour s’estimer. Dans cette même dédicace, De L'Obel prend plaisir à citer quelques noms belges, chers à l’histoire de lhorticulture et de la botanique, dont nous le verrons bientôt peindre à grands traits le prodi- gieux développement dans nos provinces. Il mentionne les de Renoultre, de Brancion, Vanderdilft, morts à cette époque, et, comme contemporains ayant le culte des fleurs en honneur, Philippe de Marnix de Sainte-Alde- sonde, Charles de Houchin, seigneur de Longastre, Jean Boisot, Mathias Laurin, trésorier des États, Cornelis Druynen, également trésorier, mai- tre Guillaume Martini et Jean de Hoboken, greffier de la ville d'Anvers, les gentilshommes Jacques Duym et Jaspar Roelofs, enfin Jean Mouton de Tournai et Jacques Durin. « C'est à eux, dit-il, que la Belgique est rede- vabie de l'introduction des plantes utiles d'Italie, d'Allemagne, d’Angle- terre, du Languedoc et de la Provence.» Iles signale à la reconnaissance de la postérité, | La première partie du ÆXruydboek, formée de 994 pages in-folio, la se- conde en comprenant 512, sont suivies du Trailé des succédanés, 15 pages, en tout 1524 pages sans les tables. Les figures sont plus nombreuses que dans les Adversaria, et avaient servi, entre les mains de Plantin, aux édi- tions de Fuchs, Dodoëns, de l’Escluse et Mathiole. L'auteur y a joint à la fin un petit traité des champignons, et les arbres, cette fois, se trouvent non plus séparés comme dans les Adversaria, mais ils forment un chapitre seulement dans le traité général. Le Kruydboek eut sans doute, dans les provinces flamandes et hollandaises, une vogue très-grande, puisqu'il est plus rare de le trouver aujourd'hui entier et bien conservé, que les Adversaria, dont la langue a permis cependant la diffusion dans toute l'Europe. De L'Obel avait dédié, pendant son séjour à Anvers, son Stirpium hisioria aux gouverneurs, magistrats et généraux de la Gaule Belgique. M. Louis Debacker, dans son ouvrage sur les Flamands de France, études sur leur langue, leur littérature et leurs monuments, publié récemment (1852), croit que la rareté des monuments littéraires de quelque valeur antérieurs au xv° siècle, ne doit être attribuée qu'à l’état de guerre où se trouvaient ces provinces. « Comment l'ouvrier de la pensée, dit-il, Pécri- vain, aurait-il pu se livrer à ses méditations au milieu de ces cris d'alarme, de tout ce bruit des batailles, à la vue de ces lueurs sinistres que proje- laient les villes incendiées. Pour se produire, ajoute l’auteur, les lettres et les arts ont besoin de paix et de liberté: les armes effraient leur muse.» Déjà, un de nos critiques, à la fois sagace et bienveillant, M. Édouard Fétis, a fait remarquer avec grande raison que cette observation de M. L. Debacker n'est pas applicable au culte des arts, qui certes prirent une élévation considérable sous la puissante et guerroyante maison de Bourgogne. Comme il est facile de se l'expliquer par la nature même des monuments de ces siècles agités, le contre-poids des armes était le culte, et une phase toute religieuse se pose iei dans la série des progrès de l’art. La biographie de De L'Obel attesie encore le même fait. Pendant ce xvi° siècle, si sanglant et si abimé, les savants s’occupaient, dans une sérénité parfaite, de l'étude des fleurs, les êtres les plus pacifiques et les plus placides de la création ; et cependant, à voir comment De L’Obel sent les événements de son époque, on reste convaincu que ce calme ne procède ni de l’insensibilité, ni de l'indifférence. Les botanistes aiment toujours leur patrie par un sentiment dont eux seuls peuvent apprécier le prix et la chaleur : ils adorent les fleurs ; les premières qu'ils ont pu admirer se sont écloses près de leur berceau, et l’on nait avec l'amour des fleurs comme on nait peintre, poële ou penseur. Ces impressions premières ne s’effacent jamais, et quand le botaniste songe à son pays, il en voit dans son esprit l’attachante image, entourée de l'auréole de ses {leurs nationales. Au souvenir du lieu natal et des premières affections, la nature elle-même vient joindre celui de ses plus gracieuses merveilles : comment alors ne pas aimer deux fois le pays de sa naissance et de ses premières amours ! « Je ne puis pas assez déplorer, disait De L'Obel aux gouverneurs, ma- rm | | | Ms gistrats et généraux de son pays, les ealamités de notre commune patrie, déchirée misérablement par une odieuse guerre civile; nos villes voient tomber leurs remparts et l'incendie les consume; l’eau, le fer et la fa- mine tuent des milliers de nos compatriotes ; nos champs sont dévastés, nos villages pillés, nos laboureurs exterminés. Ces provinces, livrées naguère au culte charmant des Muses, qui semblaient avoir quitté la Grèce pour chercher au milieu de nous un moderne Hélicon, nos pro- vinees n'entendent plus les chants des poëtes, ni les discours des Sages : le elairon des combats retentit seul dans les airs, quel est l'homme de mansuétude et de piété qui contemplera sans une suprême douleur des dissensions si malheureuses, et des dommages si irréparables ! EL cepen- dant, tout ce pays, si noble et si antique, cette Gaule Belgique, connue depuis longtemps sous le nom de Flandre ou de Germanie inférieure, est le plus vaste et le plus célèbre bazar de toute l’Europe, où l’on porte en abondance, par terre et par mer, tout ce que les différentes contrées du globe offrent de curieux et de remarquable, où l’on voit accumulés les trésors de l’Europe, de lAsie et de l'Afrique. Ce pays est fécond en hommes brillants par leur esprit, et livrés avec succès à l’étude des arts et des sciences. Et quoique celte région septentrionale soit soumise à un ciel rigoureux, et devienne par conséquent moins propre à nourrir une infinité de plantes, tant sévissent les froids et les longs hivers, tant sont fortes les tempêtes et fréquentes les variations des temps; cependant telle est l'habileté de ce peuple, telle est sa constance et l'opportunité de ses soins dans l’art de protéger les plantes contre l’inclémence des saisons, qu'il est impossible de trouver un végétal, quelque délicat qu'il soit, qu’on ne parvienne à élever et à faire prospérer par l’assiduité et l’infa- tigable travail de ces hommes instruits et illustres qui n’épargnent, pour arriver à ectte fin, ni dépenses, ni peines. C’est par cette raison que je ne fais aucune difficulté de mettre les Belges au premier rang dans l’art de la botanique (in excolenda re herbaria). Vous trouverez dans ce seul pays plus d'espèces et de variétés de plantes, d’arbustes et d'arbres que dans la Grèce antique, la spacieuse Espagne, toute l'Allemagne, l'Angleterre, la France, dans Fftalie, si bien cultivée, ou dans tel royaume et telle pro- vince adjacents. Aussi cette floréale Belgique compte-t-elle en nombre des zélés amateurs de l’art des jardins ; et pour moi, je ne cite que ceux qui me sont connus : ils brillent non-seulement par la culture des fleurs, Mais aussi par la culture des lettres. Tels sont Charles de Croy. prince de Chimay, Pierre de Bossu, seigneur de Jeumont, Charles de Bossu, vi- comte de Bruxelles, feu le très-révérend seigneur Gérard d’Oignies, évêque de Tournay, Jean de Brancion, Charles de Houchin, seigneur de Longas- tre, Jean Dilft, Jean Boisot, Jacques Utenhoven, Philippe Deurnagle, seigneur de Vroyland, Jean de Limoges, surnommé Nonnius, Charles de L'Escluse, intendant du jardin de l'empereur Maximilien d'Autriche, le premier de tous les écrivains dans la science des plantes, et les professeurs BELG. HORT. T. II. Ai ON royaux de l'antique et noble université de Louvain Pierre de Breughel, Corneille Gemma et Jean Viringus, lesquels se sont livrés à cette étude avec un louable succès. Ces botanistes ont fait venir à grands frais de Constantinople, de la Grèce, d’Espagne, d'Italie, de différentes parties de l'Asie et de l'Afrique, et même du Nouveau-Monde, récemment découvert, des végétaux nombreux formant l’ornement de nos jardins. Moi-même, j'en avais expédié d'Italie, de la Provence et du Languedoc, mais presque tous ont péri dans le sac de Lyon. » Ce passage des Adversaria est un magnifique éloge de l’horticulture ancienne de Ja Belgique, qui, depuis cinq siècles au moins, n’a pas failli dans cet amour raisonné et profondément senti des merveilles de la créa- tion. Aussi ces paroles, ou du moins une partie de ce passage, arrangées avec plus ou moins de complaisance, selon les temps, les gouvernements et les vues politiques ou autres des écrivains, ont-elles été souvent repro- duites ou rappelées : témoins les discours de Van Hulthem, la préface des Annales des sciences physiques, rédigées par Bory de Saint-Vincent, Van Mons et Drapier, les écrits de Voisin, ete. Nous nous sommes fait un devoir, nous, de donner ce passage de De L’Obel tel qu’il est, sans res- triction ni variante, et nous ne pouvons, en effet, ne pas faire remarquer ici avec un sentiment pénible, qu'on ne comprend pas dans cette citation des gloires du pays à l'endroit de la botanique, l’omission du nom de Dodoëns, dont le botaniste lillois connaissait si bien les œuvres, qu’à propos des espèces, il en fait usage un grand nombre de fois, et que là il le désigne religieusement. Dans l'édition anglaise des Adversaria, on trouve une préface adressée aux professeurs de Montpellier, où il déclare que son but n’est pas de suivre dans l'histoire d’une flore nationale « le très- docte et très-candide Dodonæus. » Il n’avait done rien qui düt l’empé- cher de rendre à l'illustre botaniste de Malines la justice qu'il avait si bien méritée. Après son séjour en Hollande, nous retrouvons De L'Obel une seconde fois en Angleterre, où il accomplit la dernière partie de sa carrière. Pulteney, dans ses Esquisses historiques et biographiques des progrès de la botanique en Angleterre (t. 1, p. 100), sans déterminer à quelle époque précise le botaniste de Lille alla se fixer au delà du détroit, croit pouvoir toutefois conclure qu’il était dans la capitale de la Grande-Bretagne en 1570. Sans doute, il y était alors, mais pas à demeure; de 1575, au moins, à 1581 (six ans), nous le trouvons médecin à Anvers, et, plus tard, à Delft. Ce qui parait certain, c'est que De L’Obel s'était fixé définitivement en Angle- terre avant 4592. On a vu comment, en Belgique, ses connaissances en botanique le mettaient en relation avec de nobles et d’influents person- nages : ce fait se reproduit partout, dans tous les pays et à propos de la plupart des botanistes illustres. De L'Obel, arrivé en Angleterre, y füt fêté par de puissants seigneurs : il y connut lord Zouch, qui, envoyé en ambassade auprès de la cour de Danemark, en 1592, pria De L'Obel de — XV — l'accompagner. Les écrits anglais sur les introductions des plantes men- tionnent, à cet égard, qu'il saisit cette nouvelle occasion pour ramener avec lui des espèces de ce pays, des raretés exotiques, inconnues aupara- vant dans les îles britanniques, et d'établir avec les savants Danois d’utiles correspondances. À son retour, il devint surintendant d’un jardin bota- nique, fondé par lord Zouch, à Hackney. Cette sorte de fonction était ambitionnée alors par plusieurs botanistes célèbres, et le fait se conçoit sans peine : nos temps actuels ont remplacés les grands seigneurs sur le continent, par des gouvernements, qui sont loin souvent, et très-loin, d’avoir la libéralité éclairée de ces premiers et généreux protecteurs des sciences. Nous voyons à cette même époque Gérard de Nantwich, en Cheshire, né en 1545, devenu médecin, recevoir la protection de lord Burleigh, qui possédait un jardin botanique au Strand, à Londres. Gérard exploitait lui-même un jardin de plantes médicinales, à Holborn. Gérard et De L’Obel se connurent et s’estimèrent : notre botaniste flamand men- tionne onze cents sortes de plantes qu'il a vues chez son ami, à Holborn ; et quand Gérard publia, en 1596, le catalogue de ses plantes cultivées, De L’Obel y inséra une lettre toute en faveur de son collègue. Il eut aussi des relations suivies avec Gray, riche pharmacien de Londres, et le cite à propos de plusieurs plantes remarquables. Le fils de Marie Stuart, Jacques I:", monta sur le trône d'Écosse, en 1587. On sait que ce roi s’occupa de botanique, et que parmi les livres célèbres se trouve son fameux traité contre l’usage du tabac : Misocapnos sive de abusu tobacci, lusus regius, qu’il publia en 4604, un an après être monté sur le trône d'Angleterre. L’amiral sir Walter Raleich fut, comme on le sait, le premier Anglais qui fuma dans son pays : il rapporta de Virginie Vusage des pipes, et l’on raconte que son domestique, voyant de la fumée sortir de la bouche et du nez de son maître, s’imagina qu'il avait pris feu à l’intérieur, et lui jela un pot d’eau à la tête pour éteindre cette combus- tion. De L’Escluse rapporte comment le tabac fit fureur en Angleterre, surtout à la cour. Jacques I‘ ne le souffrait pas, et, dans son Misocapnos, il regarde comme un soin qui ne déroge pas à la dignité de la couronne, d'écrire lui-même contre cet abus. « S'il vous reste quelque pudeur, à » mes concitoyens ! s’écrie-t-il, laissez-là cette chose insensée : elle naquit » de l'ignominie ; elle fut nourrie par l’erreur et propagée par la folie. Cette fumée provoque la colère du Ciel; elle altère la santé du corps ; elle ruine le ménage ; elle dégrade la nation; elle vieillit la demeure ; » elle empeste la cité; elle est odieuse à voir, dégoûtante à sentir ; elle alourdit le cerveau et gangrène les poumons, et, il ne faut pas hésiter à le dire, la fumée du tabac, c’est la fumée de l'enfer. » À ce portrait peu flatteur, précurseur des lois qui mitigeaient ou proseri- vaient l’usage du tabac, les jésuites répondirent par une brillante apologie de l'importation de Christophe Colomb. En 1604, l’année même où parut la première édition du Counterblast to tobucco, texte anglais du Hiso- a _ 2 - = - se _ — XVI — capnos, Jacques E*' bannit du royaume les prêtres catholiques. En 1605 éclata la fameuse conspiration des poudres, et les deux jésuites, Garnet et Oldeorn, furent pendus. Lambert, Gilles, Vincent et Thomas Morren, tous quatre prêtres, et, quoique parents d’un membre de la haute cham- bre ct de l'ambassadeur du roi lui-même, Bavon Morren, furent massa- crés, martyrs de la foi catholique, avec les nombreuses vietimes de la réaction. Lambert Morren, provincial des jésuites d'Angleterre, dut fuir (!); et, en 1606, éclatèrent les divisions entre le roi et le parlement. De L'Obel qui, peu d'années auparavant, avait déploré, comme nous l'avons vu, en termes si énergiques, les malheurs politiques et religieux de sa patrie, était allé se précipiter dans un gouffre nouveau. C’est dans ces circonstances critiques que lui, catholique et belge, fut choisi par le rot comme botaniste royal, titre que n’eurent point ses contemporains natio- naux, et qui n'excita de leur part ni plainte, ni récrimination : ce silence est un hommage éloquent à sa gloire, puisqu'il ratifie la justice que sa réputation lui avait acquise. À partir de cette époque et depuis cette nomination, De L’Obel, âgé alors de soixante-huit ans, se repose. Pulteney pense qu'ayant marié sa fille à Jacques Coel, qui demeurait à Highgate, près de Londres, Mathias De L’Obel alla vivre avec son gendre. Il y mit la dernière main à un ma- auserit sur les plantes alors inédites, et, à leur propos, il mentionne sou- vent son jardin de Highgate. Ce manuserit fut publié en 1655, trente- neuf ans après la mort de son auteur, par Guillaume How, sous le titre de: Stirpium illustrationes, plurimas eluborantes ineditas plantas, Joan- nis Parkinsonii rapsodiis sparsim gravatæ. (London, 1655, in-4°.) En 1616 (le 5 mars), Mathias De L’Obel mourut âgé de soixante-dix- huit ans, ayant accompli une vie d’agitation et de labeurs, pleine d’études et de méditations qui eussent exigé du calme et qui furent accomplies cependant au milieu des malheurs de la guerre et des dissensions civiles et religieuses, exemple mémorable de l'indépendance que peut acquérir l'esprit et de la hauteur où peut se placer l'intelligence au-dessus des inté- rêts matériels de la vie commune. Pulteney finit la vice de De L'Obel en parlant de son portrait : il le dit très-rare, et l'historien de la botanique anglaise ne l'avait vu qu'une seule fois dans la collection de gravures de M. Gulston. Nous avons été plus heureux. Parlant un jour dela rareté de ce portrait, qu'on ne rencontre pas en effet en tête des œuvres du botaniste de Lille, au respectable et savant M. Treviranus, professeur de botanique de Bonn, il se trouva que ce por- trait avait été conservé dans la famille de madame Treviranus, une des descendantes du célèbre Rivinus. Notre honorable collègue de Bonn nous (1) Ces détails sont puisés dans les papiers originaux de ma famille, que j'ai hérités de mon pére, et que j'ai complétés plus tard en Angleterre, et surtout en Ecosse. — XVII — confia ce portrait, que nous dessinames avec tout le soin dont nous sommes capables, et nous venons de le faire graver sur bois pour en orner la présente publication. Désormais ce portrait permettra de représenter De L’Obel comme il était, avec sa large tête, son front ample et pur, ses yeux d’observateur, doux et perçants à la fois, sa barbe grave et digne, coupée carrément, comme l'était le caractère de cet homme antique de mœurs et de langage. Il y a loin de ce portrait au buste qu’on voit à Gand, au jardin botanique, donné naguère par Van Hulthem et fait de fantaisie. Sur l’original, dessiné et gravé par François Dellarame, on lit en tête du portrait : Præsentem monstrat quælibet herba Deum ; autour de la tête, cette inscription : Mattheas De L'Obel, medicus et botanographus Insu- lensis anno reparatæ salutis 1615, ætatis 76. Cette date prouve d’abord que le portrait a été fait un an avant la mort de De L’Obel, et ensuite que sa naissance devrait être rapportée à 1559, et non à 1558, comme le disent tous ses biographes. L'erreur étant possible des deux côtés, nous avons suivi la date généralement adoptée. De L'Obel fit placer sur son portrait, d’un côté, les armoiries de sa famille, une fleur de lis d'argent sur un champ d’azur, et, de l’autre, un écusson que nous prenons volontiers pour des armes parlantes : c’est un jardinier plantant deux arbres. Sous le portrait se lisent les épigraphes : Candore et Spe, mots placés sous un chérubin, et plus loin : Aelius a limpidissimis fontium scaturiginibus Haurire quam turbidos confectari rivulos. JuL. Ce qui indique clairement que, dans les eaux troubles de son époque, De L'Obel ne pêcha ni sa fortune, ni son existence, mais qu'il fit l’une et entretint l’autre des œuvres de sa haute intelligence. Il n’était ni le savant flatteur des pouvoirs, ni l’intrigant politique faisant de son savoir un marche-pied, et sa réputation dérivait de sourec pure, la science placée au-dessus de Ja puissance des hommes et à Dieu seul soumise : Deus scien- tharum dominus est. Je ne sache pas que le mérite principal de De L’Obel, comme botaniste, ait Jamais été mieux précisé que par Cuvier. Son jugement, quoique de même nature que celui de Sprengel, embrasse les choses de plus haut et dans une appréciation philosophique ; cette hauteur même est une qua- lité. « On apercoit dans les ouvrages de De L'Obel, dit Cuvier, le senti- ment des familles naturelles; plusieurs même y sont assez bien distri- buées : ainsi les gramens, les orchis, les palmiers, les mousses y sont déjà séparés et caractérisés à peu près comme ils le furent plus tard dans les ouvrages modernes. Les labiées, les personnées, les ombellifères y sont aussi rapprochées les unes des autres, mais beaucoup d’autres plantes sont encore pêle-mêle, Toutefois, le désordre y est beancoup moindre que 20 NRA dans les ouvrages antérieurs, et l'on y voit clairement un certain progrès. IL est surtout remarquable que chaque section soit précédée d’un tableau synoptique des divisions des plantes. Ces divisions, quoique encore mal faites, pourraient conduire à la détermination des espèces et des genres. Enfin, c’est dans De L'Obel qu’on trouve, pour la première fois, la distinc- tion tranchée des plantes monocotylédones et des plantes dicotylédones. Cette séparation est aujourd’hui fondamentale en botanique et y tient le même rang qu'en zoologie, la division des animaux en vertébrés et en non vertébrés. » Ce jugement est un magnifique éloge, et la parole qui le prononea est certes compétente. La Belgique peut donc s’enorgueillir de posséder dans son panthéon national le précurseur de Jussieu, et proclamer que c’est en flamand et par un Flamand qu'ont été jetés les premiers fondements de Ja méthode naturelle. Les sciences de la nature sont des sciences toutes francaises, nos voisins du midi ne cessent de nous le dire eux-mêmes dans chacune de leurs œuvres historiques : nous ne voyons aucun ob- stacle à cette prétention, du moment que, documents en main, on veut _y reconnaitre un mélange de ce vieux sang de Belge qui enfanta, dans sa chaleur native, ces gracieux contours de Van Dyck et ces brülantes cou- leurs de Rubens. Si l’histoire des arts ne peut ensevelir dans l'oubli les phases glorieuses de notre école, l'histoire des sciences ne peut pas davantage, sans cesser d’être juste, méconnaitre l'influence et la gloire de nos artistes de la pensée. Nous avons expliqué, à la fin du prologue annexé au premier volume de la Belgique horticole, comment nous avons désiré relier l’état présent de la science et de l’art des jardins à ses premières et anciennes époques. L'enseignement des siècles ne doit pas être perdu. Au lieu d’une préface souvent oiseuse, nous avons préféré reporter la mémoire du lecteur vers des hommes et des choses qui ont laissé de grands et de nobles souvenirs. Nous regardons ces lignes comme un appel fait à nos successeurs, afin que des traditions sacrées ne se perdent pas. La Belgique horticole doit avoir compris les besoins de l’époque. Après s'être assuré, dans son pays, des fondements assez forts pour braver la convoitise et la concurrence, elle a vu les nations étrangères récompenser noblement ses efforts par des appuis sans cesse croissants en nombre, en distance et en dignité. Elle tient à proclamer ce succès, parce qu'il exige de sa part des paroles de gratitude, et sa reconnaissance, elle exprime par sa volonté de continuer et d'améliorer sans cesse l'œuvre. VON — On a surtout rendu justice à la rédaction pour la variété des sujets, dont l'étude a passé sous les yeux des lecteurs. Dans ce second volume, coïnci- dence singulière ! deux cent quarante-neuf articles se sont de nouveau partagé tout le domaine de lhorticulture des serres, des jardins, des vergers et de nos demeures habituelles. Trente et une espèces ou variétés de fleurs représentées par des planches coloriées, vingt et une espèces ou variétés de fruits figurées sur des planches également coloriées, forment un contingent de cinquante-deux représentations en couleurs dont l’exacti- tude et la beauté ont reçu l’assentiment des juges les plus difficiles ; en outre, quarante-deux grandes planches noires, jointes aux planches enlu- minées, donnent un total de quatre-vingt -quatorze planches, nombre dépassant dix fois celui des journaux horticoles dont le prix d'abonnement est analogue à celui du nôtre. Nous demandons à nos honorables abonnés de nous continuer leur bienveillant appui, et nous nous efforcerons de donner ainsi, à cette publication, une existence aussi longue qu'utile. Miscui utile dulei. +, à + d'A "à CT A) AT) Fr LAS in 3 SOU SR LE LA pat. 2 on aÉnas A eEp ru plie ci RTC AA ce JU rt errk HA TEI NET à LACET ve. erhe vit CDD UT +}. nine. LS à eh xd vét LOTUS ITTE ES duty Mo enter LOT cas sait CR Ch Le re 600 rites sertie hf pre peut SEP retro arte bn Perben share stratlr eArht} 248, APx - FETE RIAD TAN DUC L te ne den Pro CAT LTR Mitiuép ss Hipnrnée ral A RENTE TR CETTE lucie |LE RUE RL PR Ne Le LIEN an Lu à re tr épuré | an aie 0 atétoaotré RAN EE +EShe 4h é 4 P . GET Le NTM [es RE VIT LE tue MALE € Miizis TT ILE Ne Li El — un ” D à - d A » L + ne . = ‘ _ à 0 x 7 } 1} 4 + A Pate 2 c + L à Ve P à . LP at “r ét Ce . \ j JUN C ù A2, . u td _ d C NOPRS: : [7 L 2 AINEA VE? » . POS PACE s ‘ 14 n : ax ge : “AS FAN 1 | { FE re PAL M "4 Tropaeolum Wagnerianum . 2. Pultenaea ericoides. £ Le, L A BELGIQUE HORTICOLE , JOURQAL DAS JAROUISI DS SGARCS Gr DS V0R88R3, HORTICULTUR E. NOTICE SUR LA CAPUCINE DE WAGNER (TROP ÆOLUM WAGNERIANUM) ’ Par M. CH. MORREN, Le nombre des capucines nouvellement livrées au commerce horticole est devenu considérable et parmi celles récemment acquises, il s’en trouve qui ont réellement du mérite. Parmi ces espèces nouvelles nous distinguons pour le moment la capucine de Wagner ou le Tropæolum Wagnerianum, décrit par Karsten, dont nous avons obtenu une figure faite d’après nature grâce au talent de M. Vandamme, de Gand, et à l’obli- seance de M. Baumann, à l'établissement duquel cette planche a été des- sinée. Le Tropæolum Wagnerianum se distingue par l'absence de toute espèce de tubercules à ses rameaux souterrains, par sa tige grimpante, lisse, glabre et très-grêle, à mérithalles fort allongés, par ses feuilles longue- ment pétiolées, à pétioles égalant la moitié de la lame, cylindrique, grêle, sinueux ou volubile, à lame oblongue triangulaire peltée , le bord inférieur échancré, les deux autres subdentés ou subsinueux, les angles latéraux obtiuseules, le terminal allongé et aigu, d’un vert foncé et bril- lantes au-dessus, d’un vert glauque, päle et mat au-dessous; par des fleurs axillaires, naissant à la partie supérieure des rameaux, supportées par un pédoncule plus long que les feuilles et égalant deux fois la lon- gueur de la fleur, grêle et parfois contourné ou volubile ; le calice est capuchoné , très-long et conique , son limbe est denté , les dents au nom- bre de cinq courtes et larges, vertes, l’éperon très-grand, conique, d’un rouge pourpre devenant un peu orangé et l'extrémité verte; les pétales cunéiformes, profondément dentés, sont d’un violet foncé. Cette très-jolie capucine habite les forêts humides et sombres du Tru- jillo dans l’état de Venezuela, d’où elle a été introduite en 4849 à Berlin. BELG. HORT. T. Il. 1 “RER M. Karsten la dédiée à son introducteur ,M. Wagner. M. Baumann , hor- ticulteur à Gand , si connu par son amour pour toutes les espèces de capu- eines et pour l’art de les cultiver , s'est empressé d'en doter le pays et les amateurs peuvent s'adresser à cet habile jardinier pour se procurer cette plante. Jusqu'à présent on a cultivé cette capucine comme une espèce de serre tempérée, mais si elle réclame la chaleur en hiver, il est incontestable qu’elle passe fort bien l'été à l'air libre et qu'elle devient un ornement remarquable de nos jardins. Quand on la plante en pleine terre pour l'été, il lui faut un sol assez sec et pauvre, car on a remarqué que dans un sol trop terreauté , elle abonde en feuilles sans fleurir. On la multiplie par les graines qu'on peut semer en toute saison et par boutures qu’on fait sous cloche et en bache chaude, à la manière ordinaire. LA PULTÉNÉE ÉRICOIDE, MAGNIFIQUE PLANTE D'ORNEMENT, Par M. CH. MoRREN. Les horticulteurs du continent qui ont visité les expositions d’Angle- terre, ont tous été frappés d’admiration devant ces somptueuses touffes fleuries de certaines espèces que les jardiniers des Iles Britanniques savent cultiver dans la splendeur d’une végétation luxueuse. Parmi les plantes nouvelles qui peuvent atteindre ces dimensions, cette prodigalité de feuilles et cette abondance de fleurs, M. William cite surtout et préconise au-dessus de beaucoup d’acquisitions récentes, la Pulténée éricoïde (Pul- tenæa ericoïdes). M. Arthur Hunfrey a donné une description détaillée de cette espèce dont nous reproduisons pl. 1, la figure exacte. Voici d’a- bord les caractères de ce genre de légumineuses, section des papillio- nacées. PuzrTenæa. Smith. Culyx campanulatus, semiquinquefdus , subæqualis vel laciniis duabus superioribus latioribus altim cohæ- rentibus subbilabiatus. Corollæ papilionace vexillum rotundatum, integrum vel emargi- natum , alas oblongas superans , carina oblonga vel obovata, recta, sæpius obtusa, alas saubæquans vel interdum paullo longior. Stamina decem, libera, filamentis glabris, nudis. Ovarium sessile, biovulatum, villo- sum. Stylus subulatus, glaber, deciduus , ra- rius basi villosa parum dilatatus; stigmatum tenue, Legumen ovatum, compressum vel subventricosum, acutum vel obtusum, Se- mina sirophiolala. (Endl. 6446) PuzTÉvéE. Smith. Calice campanulé, semi- quinquefide, subégal ou subbilabié par deux divisions supérieures cohérentes vers le haut. Corolle papillonacée. Etendard arrondi, en- lier ou émarginé, dépassant les ailes oblon- gues. Carène oblongue ou obovée, droite, souvent obtuse, égalant les ailes ou parfois un peu plus longue. Dix étamines libres, à filets glabres, nus. Ovaire sessile, biovulé, velu. Style subulé, glabre, caduque, rare- ment dilaté, à la base velue ; stigmate petit. Gousse ovale, comprimée ou subventrue, aiguë ou obtuse. Graines strophiolées. (Endl. 6446.) Toutes les Pultanées sont des arbustes de la Nouvelle-Hollande. L’es- pèce que nous avons en vue ici d’une manière plus spéciale, est origi- naire de la colonie anglaise dite de Swan river ou rivière du Cygne, où elle a été découverte par M. Drummond qui en a envoyé des graines en Europe, où les pieds ont fleuri pour la première fois en avril 1850, chez MM. Henderson, de la pépinière de l'ananas, route d'Edgeware (Londres). Voici les caractères de cette espèce. P. Entcoïves. Arth. Hunfr. Mag. of botany, | P. Éricoïve. Arth. Hunfr. Mag. of botany, p. 445. 1851. Gemmis tomentosis ; foliis niti- ! p. 145. 1851. Bourgeons lomenteux ; feuilles dis linearibus, involutis , subtus minulissime | brillantes , linéaires , involutées , au-dessous tubereulatis, pilosis, mucronatis ; stipulis | 1rès-finement tuberculées ; stipules subulées, subulalis, fuseis et membranaceis ; inflores- | brunes et membraneuses ; inflorescences ca- centiis capitatis, primo terminalibus, demum | pitées, d’abord terminales, ensuite portant innovaliones gerenlibus quarum flores in | des innovations dont les fleurs naissent à axilla foliorum adultorum nascendi; bracteis | Vaisselle des feuilles parfaites ; deux bractées duobus, stipuliformibus , calycem non supe- | stipuliformes, ne dépassant pas le calice. rantibus. (Art. Hunfr.) 2] } (Art. Hunf.) 2]. Le port de cette espèce en fait une des plus belles plantes qu’on puisse cultiver, et elle est regardée comme une de celles dont on se promet les plus heureux résultats pour les expositions. Sans devenir très-grande, elle offre une disposition aisée à se couvrir de fleurs, et celles-ci sont en nombre infini. En lisant les caractères étudiés par M. Arthur Hunfrey, on a dü être frappé de ce singulier fait concernant l’inflorescence. D’a- bord , les fleurs jaunes, ornées de stries acajou, naissent en tête et après avoir fécondé les germes, cette inflorescence pousse des branches en cercle qui portent des fleurs nouvelles, cette fois axillaires, dans les feuilles adultes. Ces feuilles ne diffèrent pas de celles du pied, mais elles ont des stipules moins larges et légèrement adhérentes au bord des feuilles mêmes. Quoique appartenant aux légumineuses, ce Pultenæa ressemble de loin à une bruyère, et dans une orangerie, on le remarque de suite, tant à cause de sa forme que par l’effet de ses couleurs. La culture de ce Pultenæa en fait pour nous une plante d'orangerie, et sans doute pendant l'été, de l'air libre, mais en se souvenant que nous avons affaire à une espèce australasienne. On obtient de beaux pieds par boutures prises sur bois demi-aoûté et placées dans du sable mouillé et sous cloche; mais le bouturage comporte la condition de toutes les plantes à bois très-dur, à savoir qu’il ne faut placer les pots où se trouvent les boutures dans la tannée ou dans le sol échauffé que juste le temps né- cessaire pour la formation des racines. Une fois ces racines nées, il faut ôter la plante de ce lieu trop chaud pour elle. Le sol que ce Pultenæa préfère est formé d’une terre de bruyère sa- blonneuse et de sable siliceux rare, mi-partie de chaque, mais à mesure que la plante grandit, on dépote, en ajoutant au sol un tiers de terre ar- gileuse franche, ce qui donne une végétation brillante. Le drainage du pot doit être soigné particulièrement, et quand la croissance est dans son 2 AP 4 activité, 1l ne faut pas ménager les arrosements, mais aussi quand elle s'arrête, l’eau doit diminuer elle-même. Depuis le mois de mai jusqu’à la floraison , la température de 10 à 18° centigrades est celle qui convient le mieux. Enfin, quand on prévoit que les boutons vont se former, un ar- rosement de purin liquide allongé d’eau donne à la végétation un sureroît de force. LES GESSES ODORANTES, FLEURS POPULAIRES, Par M. CH. MoRrREnN. Parmi les plantes annuelles les plus convenables pour garnir les ton- nelles, les appuis de fenêtre, les treillis, les rames à protéger les par- terres, les rochers, etc., figure autant pour la beauté et la grandeur de ses fleurs que pour leur délicieux parfum, la Gesse odorante, nommée vul- gairement Pois de senteur, en latin Lathyrus odoratus. Inconnue à Dodoëns et même au frère Bernard Wynhouts, dont l’herbier elos en 1653, représente assez exactement l’horticulture populaire de son sièele, la Gesse odorante ne fit son apparition dans les jardins du centre de l'Europe qu’en 1700, époque ou elle fut introduite de sa patrie, la Sicile, Annuelle et grimpante, abondant en fleurs et les épanouissant pendant tout l'été, elle a offert de bonne heure une série de variétés que certains amateurs déclarent se transmettre par graines, du moins les séries blan- ches, roses, violettes ou pourpres. Nous sommes loin de garantir le fait, mais ce que nous pouvons affirmer c’est que dans la province de Liége où le Pois de senteur est abondamment cultivé, il donne naissance à une véritable émulation horticole et les personnes qui s’adonnent avec gout et persévérance à leur culture, s'efforcent d'en perpétuer les plus belles races. M. Isidore Smets, de Verviers, se distingue parmi ces amateurs. Il a obtenu des races intéressantes de ces Gesses de Sicile, non-seulement par ampleur des fleurs et leur nombre, mais encore par des coloris très- diversifiés. Avant eu l’occasion de recevoir de lui ses plus jolies variétés, nous allons en donner une idée en énumérant les couleurs et leurs com- binaisons , persuadé que ses nombreux imitateurs regarderont comme une bonne fortune d'obtenir de lui des graines si parfaitement soignées. 4° Gesse blanche. Toute la fleur est d’un blanc pur. Les amateurs tiennent à cette variété qu'on voit cultiver encore à la facade horticole et florale de la maison de M. Lecureux, à Liége, carrefour du Pont d'Ile. Entre les géranium , les fuchsias, les roses et les héliotropes, elle produit un effet charmant. Son odeur est beaucoup plus douce que celle des va- riélés fortement colorées; 2% Gesse blanche à carène verte et jaune. Ici, la carène, verte sur sa convexité, devient transparente et laisse passer la couleur jaune des éta- mines. Quand la fleur va se passer, Pétendard devient un peu jaune isabelle et insensiblement cette teinte gagne les ailes. L’odeur est aussi douce et suave et rappelle un peu celle de la fleur d'oranger ; 5° Gesse blanche à étendard rose. Aux carènes et ailes blanches se joint un étendard d’un rose tendre, naissant sur le bord et devenant peu à peu plus brillant vers le centre mais par une gradation insensible. L’odeur de cette variété est faible; %° Gesse blanche à étendard et ailes striés de rose. Le fond de la fleur est le blanc pur, mais l’étendard, rosé au centre, s’orne de stries roses qui se disposent sur ce pétale en rayons allant en s’élargissant de l’onglet au pourtour. En même temps les ailes surtout vers le bord supérieur montrent des stries ou flammes de cette même teinte. Parfois sur un seule pédoncule tandis que l’étendard reste blanc, avec ses stries roses, les ailes deviennent d’un violet très-tendre avec des stries blanches. Cette variété offre une grande tendance à la transmutation des couleurs selon l'âge des fleurs. Ainsi telle fleur s’'épanouit blanche striée de rose, qui meurt violette ou lilacée striée de blanc. L’odeur est encore ici faible; bo Gesse rose avec ailes lilacées et carène blanche. Le rose de l’étendard devient plus vif et prend une teinte presque saumonée. Le milieu ou le pli acquiert surtout un brillant et une force de teinte des plus agréables. Les ailes violettes ou lilacées s’ornent de nervures plus roses ou bien sur un lilas très-tendre, ces nervures se dessinent en violet plus foncé. L’o- deur acquiert ici quelque chose de particulier, un tantinet d’un parfum de miel ; 6° Gesse bleue à étendard violet. Les ailes brillent ici d’un bleu pourpré d’un ton si chaud qu’en peinture il faudrait du pur carmin et du bleu de lazuli pour limiter. C’est surtout dans la jeune fleur que cette teinte si riche possède tout son éclat. La carène devient d’un lilas tendre avec des nervures plus bleuâtres. Enfin l’étendard se couvre d’un violet foncé deve- nant vers le milieu des lobes d’un rouge lie de vin sombre. Les nervures de ces organes se haussent encore en cette teinte. L’odeur de ces variétés foncées est beaucoup moins douce que celle des variétés blanches et elle acquiert nous ne savons quoi de plus âpre et de moins pénétrant; 7° Gesse lie de vin. Sauf la carène qui reste lilacée, les aïles et l’é- tendard deviennent presque bruns par une couleur lie de vin très-foncée, des nuances pourpres et des nervures brunes. C’est un contraste sévère avec les roses; 8° Gesse gris de fer, striée de pourpre et de bleu. Cette variété est très- remarquable. La carène est blanche, plutôt picotée que striée de bleu. Les ailes blanches pour le fond semblent se saupoudrer de poudre de la- zulite, et cette coloration par petits points se distribue par bandes qui deviennent de vraies stries bleues vers le bord supérieur des ailes. L'6- LP Va tendard, d’un violet éclatant à l'onglet, offre un fond gris d'acier sur lequel se dessinent des stries picotées d’un pourpre brun. Ce mélange de couleurs donne à cette gesse l'apparence d’une soie moirée et grise sur le fond, et à cette description, que la nature surpasse de beaucoup en teintes indes- cripübles, on doit se faire une idée de l’étrangeté de cette variété; son odeur est aussi d’une autre nature que celle des pois de senteur ordinaire. La Gesse odorante montre ainsi une relation curieuse entre les odeurs et les couleurs des fleurs. Les variétés brunes, gris de fer, pourpres, ont un parfum qui est loin de pouvoir rivaliser avec celui des variétés blanches ou roses dont l’arôme pénétrant et doux rappelle celui de la suave fleur d'oranger. Lors donc qu’on cultive les gesses en vue de Fodorat, comme près des fenêtres, sur les balcons, ou dans tout autre endroit d’où l’on veut introduire l’air dans un salon, ce sont les variétés blanches ou roses qu'il faut préférer. Leurs couleurs s’harmonisent d’ailleurs parfaitement avec d’autres fleurs, surtout les écarlates si communes parmi les espèces populaires. Les gesses odorantes ne se sèment guère dans notre pays qu’au prin- temps. Elles donnent leurs fleurs en juillet, août et septembre. Pour en jouir plus tôt il est nécessaire de semer sur couche et même on prendecette précaution dès le mois d'octobre pour obtenir des plantes précoces fleu- rissant au printemps. Le semis sur couche se fait en pot. La question principale est de savoir si effectivement les variétés se perpétuent par le semis, c’est-à-dire si des gesses odorantes blanches donnent des blanches, les roses des roses et ainsi du reste. Nous attirons sur ce point l'attention des horticulteurs consciencieux et nous sommes persuadés que s'ils peuvent établir d’une manière certaine que ces races se conservent par ls génération , ils placeront avec avantage les produits du genre de ceux que nous venons de citer, M. Isidore Smets a donné un exemple des plus utiles. LETTRE HORTICOLE SUR LES JARDINS AMÉRICAINS DE LONDRES, LE VICTORIA REGIA ET L'EXPOSITION , ADRESSÉE AU DIRECTEUR DE LA BELGIQUE HORTICOLE, Par M. Rep. KEIR, Membre de la Société de botanique de Londres (°). Le jardin américain fondé par la Société royale de botanique de Lon- dres est, à l’époque actuelle, un des établissements horticoles qui offre (4) M. Rhed, Keir veut bien nous promettre une correspondance suivie, qui mettra nos lecteurs au courant des principales nouvelles concernant lhorticulture de Londres, Nous re- mercions publiquement M. Keir de sa gracieuse obligeance. 1, “UE le plus d’attrait aux étrangers qui visitent la métropole. 11 mérite d'être cité particulièrement. Ce jardin doit son nom aux plantes qu’on y cultive, provenant toutes originairement du continent américain, telles que les Rhododendrons, les Azalées, les Kalmias, les Ledums et autres érica- eées, ete. Ce jardin démontre à quel point de perfection la science de l’hybridation est parvenue, et c’est à l’époque de la floraison des Rhodo- dendrons que l’on est vraiment frappé de la vérité de cette assertion. Le terrain consacré à ces cultures spéciales ne mesure que trois quarts d’are ; le plan en est dessiné avec un goût simple et gracieux ; le visiteur est ébloui par la vue de cette masse prodigieuse de fleurs qui s’épanouissent à la fois. Les plantes varient en dimension depuis un pied jusqu’à 12 pieds d’élévation; elles sont fournies par trois des principaux horticulteurs de l'Angleterre, qui ont leurs établissements situés à plus de 50 milles de Londres. En automne, on enlève les plantes, et on les remet en place au printemps. M. John Waterer, directeur de la célèbre pépinière américaine de Bagshot (Surrey), est le principal de ees exposants, plusieurs de ses plus grandes plantes sont d’une magnificence surprenante. Son Rhododen- dron roseum elegans offre un coup-d’œil d’une beauté telle que cette plante seule mérite que l’on fasse 30 milles pour aller la voir. Cet arbre, âgé de 40 ans , a été enlevé des pépinières de Bagshot régulièrement au printemps, depuis trois ans, pour être exposé dans le jardin américain de Londres. Il a 12 pieds de haut et mesure 50 pieds de cireonfé- rence. Ce jardin a donné naissance au Jardin des roses, dont l'ouverture n’a eu lieu que cette année, l’inclémence de la température printanière a grandement nui à cette charmante exposition. Les roses en ont souffert, malgré les soins et les peines dont elles ont été entourées, et la floraison en a été retardée. Néanmoins, ce gracieux Jardin a obtenu l'attention du public. Les horticulteurs y exposent leurs plantes uniquement pour mettre plus facilement sous les yeux des ama- teurs, les nouveautés et les fleurs les plus méritantes. Cette voie nouvelle de publicité leur procure de nombreuses commandes et les indemnise suffisamment des frais extraordinaires que ces expositions permanentes leur occasionnent. £ Dans ce jardin des roses, on a pu admirer, durant plus de huit semaines, la célèbre Victoria regia; ses larges feuilles couvrent entièrement le ré- servoir, qui a plus de 20 pieds de long. Tous les jours de nouvelles fleurs s’épanouissent et attirent une foule de spectateurs; iei la vue ne coûte rien , et il n’a pas fallu, comme dans vos environs, payer un schelling pour obtenir le privilége de voir cette fleur! Cette plante remarquable com- mence à se multiplier iei, et déjà des expériences sont faites pour la eul- tiver en plein air. On chauffe l’eau par des tuyaux, et au besoin, on re- couvre le réservoir par une tente de canevas. Les résultats de ces essais ne sont pas encore connus ; quant à nous, nous pensons que la réussite sera ES difficile, et qu'on ne pourra guère obtenir davantage en cultivant le Victoria regia dans une serre tempérée. Le jardinier de l’Aôtel du Lion est occupé à essayer de le faire fleurir dans un réservoir de deux à trois pieds de large. La plante croît dans un petit pot, et ses feuilles n’ont encore qu’un pied de diamètre. Nous pouvons donc espérer que bientôt le Victoria recevra les hom- mages du monde horticole. Les fleurs ont aussi été appelées à prendre place dans le palais de cris- lal ; mais ici les horticulteurs n’ont pas trouvé de quoi les indemniser des dépenses que cette exposition leur a occasionnées. Les dames ne peuvent raisonnablement se charger d’un bouquet pour parcourir cet immense la- byrinthe; du reste, les pauvres fleurs seraient flétries avant que la course ne soit terminée. Quant aux plantes exposées, c'est à peine si on les voit au milieu des objets d’un intérêt plus général qui les entourent, et leurs admirateurs les plus passionnés se sont surpris eux-mêmes à passer distraits et préoceupés devant les objets chéris de leurs heures de délassement. REVUE DE PLANTES NOUVELLES. Aster Sikkimemsis. Hook. Bot. mag. 4557. 1851. (Aster du Sik- kiün ou Päquerette de St-Michel). Famille des composées. Tige droïte, glabre , rameuse, feuilles lancéolées, glabres, longuement acuminées, spinuloso-dentées, venoso-réticulées, les radicales plus grandes, assez longuement pétiolées, les caulinaires sessiles, corymbées, amples, poly- céphales et feuillues ; pédoncules et pédicelles pubescents, folioles de l’in- volucre linéaires, acuminées, subsquameuses , fleurs pourpres, akènes glabres. Le docteur Hooker envoya les graines de cette plante à Kew, de la région alpine du Sikkim. Les pieds ont fleuri en Angleterre en octo- bre et elles faisaient le principal ornement à cette saison des parterres et des boulengrins, les fleurs sont en effet bleues, avec un reflet violet et le eentre jaune d’or, tandis que les boutons sont roses. Sir William Hooker ne doute pas que ce ne soit vraiment un aster tel que ce genre a été cir- conserit actuellement par De Candolle, mais il fait observer que dans cette espèce comme dans l'uster caubulicus les tiges forment du bois parfait dès la première année, à la hauteur de trois ou quatre pieds et dans la première période de l'hiver les bourgeons abondent, tandis que dans le cours de l'hiver, les bourgeons ne naissent que sur le coilet. Culture. Semées en 1840 , les pieds ont fleuri à la fin de l’élé de 1850. On conserve cet aster soit en orangerie , soit en pleine terre, mais dans ce cas, on le protége par un coussin de feuilles. L'expérience apprendra du reste si cette protection lui est bien nécessaire. On ie reproduit très- facilement de boutures de tiges ou de division de racines. Il est vivace. Echinocacins séreptocaulon. ook. Bot. mnmag. 4562. 18541. {Echinocacte streplocaulon). Famille des cactacées. Droit (sesquipédale } columnaire-cylindrique, de 42 à 14 sillons contournés en spirale, par- fois prolifère, angles et sillons aigus, aréoles rapprochées, nues (laine nulle) à 8 aiguillons, roux, droits, 7 ouverts, radiés, moyens en gran- deur, un central, trois fois plus grand, vertical, fleurs trois ou quatre terminales, jaunes, dépassant à peine les épines ; pétales spathulés , lan- céolés, 9 à 12 stigmates linéaires plus longs que les étamines. A voir la longueur de la tige de cet échinocactus, on croirait avoir affaire à un céréus. I est originaire de la Bolivie. Il a fleuri à Kew en août 1845. Culture. Les cactus du Chili et de la Bolivie doivent se cultiver tout autre- ment que eeux du Mexique. Les premiers habitent des lieux très-chauds el très-arides où la sécheresse devient extrême, de là dérive l'aspect ehétif, sec et misérable de ces pieds quand ils arrivent en Europe. On recom- mande donc toujours de ne pas leur donner de l’eau , mais M. John Smith a vu que des plantes de cette espèce se trouvent bien de quelques arro- sements donnés à propos. Il pense même que telles espèces ayant telies formes dans les localités sèches, changent d'aspect et de port quand elles passent dans des climats humides. Il en donne pour preuve cet échino- cactus et le cactus reductus. Echinocactus visnaga. Hook. in Ii. Lond. News 1846, Kew Gar- den quide, éd. 7, p. 55. — Bot. mag. 4559, 1851. Echinocactus ingens. Zuce. Pfeiff. Enum. Cact. 54. 180. Palm. Dyk. Cact. p. 27. (Seulement le nom). (Echinocacte Visnaga). Famille des cactacées. Tronc très-grand ; largement elliptique, multiangulaire , sinus étroits, profonds, angles sinueux-tuberculés, sommet très-laineux , aréoles rapprochées. rhom- boïdes, ombiliquées-immergées ; glabres, d’un brun pâle, aiguillons s0o- lides , au nombre de quatre, le central droit, long de deux pouces, les trois autres défléchis, plus courts, fleurs nombreuses, ovaire allongé, laineux fortement, au-dessus aiguillons mous, épars; pétales dentés, jaunes. Dans la serre aux cactus à Kew, cette espèce attire vivement l'attention des étrangers. Elle porte le nom de Visnaga par lequel les Mexicains désignent un cure-dent , et en effet les quincailliers du Mexique vendent des cures-dents faits des épines de ce cactus. En 1846, on en possédait un exemplaire à Kew de neuf pieds de hauteur et de neuf pieds et demi en circonférence. Son poids était de 20 quintaux ou 1015 kilo- grammes. Sa santé paraissait robuste et vigoureuse , mais après un an, il y eut un changement, les symptômes indiquèrent une maladie interne. En effet, le centre se changea en une masse putride et l'écorce s’affaissa sur elle-même. Ainsi se termina la vie de ce géant expatrié. D’autres pieds plus petits ont été mieux conservés et l’un d’entre eux pesait 745 livres. Sa hauteur est de quatre pieds six pouces, sa circonférence longitudinale dix pieds neuf pouces et la transversale huit pieds sept pouces. Ses côtes BELG. HORT, T. I. 2 40 sont au nombre de quarante-quatre. On n'a pu se procurer de tels indi- vidus destinés aux jardins royaux de la reine d'Angleterre que par les plus grandes peines. Ils ont dû être transportés à la distance de plusieurs centaines de milles, à travers la contrée la plus difficile à parcourir qui existe au monde, de St.-Louis du Potose, au Mexique, jusqu’à la côte ou ils ont été embarqués par les soins du capitaine, M. Frédéric Staines. Beaucoup ont fleuri l’année de leur voyage mais en comparaison de la majesté de leurs troncs, la plupart n'avaient que des fleurs insignifiantes. Culture. La division des cactées à laquelle appartiennent ces grandes es- pêces du Mexique, habite les rochers secs et apparemment ces colonnes vi- vantes ne peuvent y puiser qu'une bien faible quantité de nourriture. C’est ce que confirme lexiguité comparative des racines vis-à-vis de ces trones colossaux. On les cultive à Kew dans de longs tubes arrondis, à moitié remplis de matériaux de drainage, comme des briques cassées entre lesquelles les racines sont ancrées. Il faut des précautions pour que ces masses colonnaires ne s’affaissent pas sur leurs racines. La partiesupérieure des tubes est remplie d’une terre formée d’un mélange d'argile et de eail- loux calcareux , fermément pressée contre la base de la plante et autour. C'est un ordre formel suivi dans la serre à cactus , à Kew , qu’en hiver la température ne peut pas être aussi forte pour les espèces mexicaines que pour les autres venant des Tropiques et même il faudrait mieux placer les cactus mexicains ensemble dans une serre à peine chauffée. Depuis six ans M. John Smith soigne ces plantes, elles se portent bien et fleurissent, mais leur accroissement est si petit qu’on ne peut le mesurer. Même dans la jeunesse cette croissance est excessivement lente. Des individus venus de graines, n’ont au bout de deux ans que deux pouces à peine de hau- teur et ne pêsent pas deux onces. De sorte qu’on peut en inférer que des individus de neuf et de dix pieds n’ont acquis cette grandeur et le poids énorme de dix mille kilogrammes qu'à la suite de plusieurs siècles d’exis- tence, ce que vient confirmer l’énorme quantité de calculs cristallisés, à base de chaux , que contiennent leurs cellules. Lilium Wallichianwæm. Roem. et Schultes. Syst. veget, vol. 7, p. 4689, Kunth. Eumer plant. vol. 4, p. 267; excl. Var 8. Lindl. and Paxt. Fl. gard. 1850, p. 120, 121. Hook. Bot. mag. 4561. —— Syn : Lilium longiflorum. Wall. Tent. FI. Nepaul. p. 40, t. 29. (Non Thunb.) (Lis de Watlich). Famille des Liliacées. Tige grêle, feuillue, pauciflore au sommet, tantôt uniflore, feuilles épaisses; nombreuses, très-rapprochées, linéaires, très-aiguéës, sessiles; fleurs subhypocratérimorphes, penchées, tube très-long, gorge campanulée, nue, limbe ouvert. Le major Madden apporta ce lis à Belfast (Irlande) du nord de l'Inde (Almorah) et confié aux soins de M. Ferguson, il y fleurit pour la première fois en au- tomne 1850. Le docteur Wallich l'avait découvert antérieurement à Shéopore et M. Robert Blinkworth Pavait trouvé à Serrinuggur. Dans la 11 Flora nepalensis Wallich le déerivait comme étant le Lilium longiflorum de Thunberg qui est une espèce tout-à-fait distincte et appartenant au Japon. Schultes changea done le nom de Wallich en celui de ZLilium Wallichianum et sir William Hooker possède des exemplaires de Wallich lui-même qui prouvent que Schultes à eu raison. Culture. Ce lis a une fleur énorme, blanche. On le cultive comme le Lilium speciosum du Japon, on fait bien de conserver les bulbes l'hiver, à l'abri de la gelée, mais au premier printemps il faut les planter dans un mélange d'argile, de terreau de feuilles, de terre de bruyère et de sable siliceux blanc. On draine les pots et on les met dans une bache où la végétation marche progressivement. Quand les fleurs se montrent on tient les pieds dans l'Orangerie. Myrtus (Hossinia) orbiculata. Spreng. Syst. veg. 2, p. 480, — Hook. Bot. mag. 4558, 1851. Eugenia orbiculata. Lam. dict. vol. 3, p. 2092, Jossinia orbiculata. De Cand. Prodr. 5, p. 557. (Myrte orbiculé). Famille des Myrtacées. Feuilles subsessiles , elliptiques-orbiculaires, co- riaces, raides, glabres, à bords subréfléchis, pédicelles courts, uniflores, axillaires, fasciculés, tube du calice bibractéolé, dents du limbe très- courts, pétales orbiculaires, concaves, extérieurement ponctués, éla- mines très-nombreuses. Un groupe du genre des myrtes, possédant des feuilles épaisses et coriaces, des pédoneules axillaires, à une fleur, des fleurs quaternaires, un calice bibractéolé et des étamines nombreuses, habite l’île Maurice et les iles voisines, Bourbon et Madagascar, où on les appelle bois de nèfle ou bois de clous, à cause de la dureté de son bois. Commerson en fit le genre Jossinia adopté depuis par De Candolle, mais beaucoup d’autres botanistes les ramènent au genre Myrte et avec raison selon sir William Hooker. Le myrte orbiculé a été introduit en 1824 à Kew, directement de l’île Maurice et par graines. Il fleurit en novembre. Le feuillage est élégant et le parfum délicieux. Culture. Arbuste rameux, raide, de sept pieds de hauteur, il exige la serre chaude, comme espèce tropicale. Sa complexion est robuste, son sol préféré est l’argile légère et durant l'été, les arrosements ne peuvent manquer. Les insectes ne l’attaquent point. On le reproduit par boutures qui reprennent mieux dans le sable. et sous cloche plongée dans la tannée d’une bache chaude. Schoœænia oppositifolia. Sicetz in Lehm. Plant. Preiss. v. 1, p. 480. — Hook. Bot. mag. 4560. 1351. (Schœnie à feuilles opposées). Famille des composées. Plante herbacée, annuelle, tige poilue-blanchâtre, feuilles opposées , sessiles, lancéolées, aiguës, corymbe terminal, écailles inté- ricures de linvoluere irradiant longuement, d’un rose gai et clair, pap- pus à soies raides et dentées. Charmante espèce de la colonie Australa- sienne, le Swan-River, aussi belle que le Lawrencella rosea et le — #3 Rhodanthe Manglesii, venus de là mème patrie. M. Drummond envova des graines du Schænia à Kew et elles donnèrent des plantes qui fleu- “rent en avril 1846. Steetz fonda ce genre voisin des Helichrysum, des Helipterum et des Pteropogon de De Candolle dont il ne diffère que par les écailles internes de l’involucre qui sont appendiculées et rayonnantes, par les capitules multiflores et par les floscules du centre qui sont réelle- ment mâles. Le nom de Schænia est une dédicace au docteur Schæn, artiste excellent en botanique, comme le dit sir William Hooker. Culture. I faut traiter cette plante en annuelle. On sème les graines au printemps dans un pot ou mieux une terrine remplie de sol léger, placée dans un endroit modérément chaud. Quand les plantes sont assez grandes, on les transplante dans des pots cinq ensemble et on les tient sous ehâssis admettant l’air peu à peu. Ensuite on les cultive en orangerie où elles fleurissent abondamment. Tamarindus officinalis. Hook. Bot. mag. 4565 (1851). Tama- rinier officinal. Famille des légumineuses. Les botanistes pensent qu'il y a deux espèces de Tamarinier : 4° le Tamarindus indica. L. Caractérisé par ses gousses au moins six fois plus longues que larges, renfermant 8, 12 et plus de graines; 2 le Cumarindus occidentalis. Gaertn. Recon- naissable à ses fruits courts, à peine trois fois plus longs que larges. M. Hooker met en doute la validité de cette distinetion spécifique. L'Inde parait être la contrée primitive où ces deux variétés ont été introduites de l'Inde occidentale. Le Tamarin de l’est de l'archipel est le plus recher- ché. Les Arabes appellent cet arbre Tamr hindee ce qui signifie Dattier de l’Inde d'où est done venu le nom de Tamerin. C’est un grand arbre, dit Roxburgh, dont la eime s'étend majestueusement , le bois est beau, veiné et dur. Cependant les Indiens prétendent qu'il est dangereux de dormir à l'ombre d’un tamarinier et il est certain qu'aucune herbe ne croit sous lui. Les fleurs sont jolies, jaunes, veinées d'orange. On voit des exemplaires de cette espèce dans les jardins botaniques du continent et de l'Angleterre. Le pied de Kew mesure quatorze pieds de hauteur, mais il porte encore des fleurs qui ne donnent pas de fruits. L'hiver Far- bre laisse tomber les feuilles même en serre. L'usage de la pulpe de Fa- marin est bien connu en médecine. En orient, on la conserve au moyen du sucre et en la séchant au soleil, mais pour l'envoyer en Europe, on la sale. Dans les Indes occidentales on emballe la pulpe dans des caisses où on l’alterne avec des couches de sucre; puis, on verse dessus du sirop chaud, lequel fermente après quelque temps. On le remplace par du sirop nouveau. À Curaçao on préfère les gousses non mûres et l’on ajoute à leur pulpe extraite, du sucre et des épices. Enfin, les pauvres mangent les sraines dépouillées de leurs enveloppes astringentes et rôlies. | \ HISTOIRE BOTANIQUE ET HORTICOLE. LES PALMIERS, Par M. ALExANDRE DE HumpoLrpr. Il est surprenant qu'à l’époque de la mort de Linné, on n'eut encore décrit que quinze espèces de cette majestueuse famille des Palmiers, dont quelques-uns atteignent une hauteur double du château royal de Berlin, et que l’Indien Amarasinha caractérisait très-heureusement en les appelant les rois des graminées. Ruiz et Pavon, à la suite de leur voyage au Pérou, n’ajoutèrent que huit espèces. Après avoir parcouru un pays plus considé- rable, depuis le 12° degré de latitude australe jusqu’au 21° degré de la- titude boréale, nous avons décrit, M. Bonpland et moi, 20 espèces nou- velles de Palmiers, et nous en avons reconnu 20 autres espèces que nous avons désignées sous des noms distinets, sans pouvoir nous procurer des speeimens complets de leurs fleurs (Humbold, de Distributione geogra- plica plantarum, p. 225-253). Actuellement , 44 ans après mon retour du Mexique, on connait, par des descriptions méthodiques, dans lan- eien et le nouveau continent, plus de 440 espèces de Palmiers, en y com- prenant celles qui ont été apportées par Griffith. L’Enumeration planta- rum, de Kunth, publiée en 1841, contient déjà, à elle seule, 356 espèces. Il n’y a qu'un petit nombre de Palmiers qui, comme nos Conifères, nos Quercinées et nos Bétulinées, appartiennent aux plantes sociales. Ce sont, par exemple, le Palmier Moriche (Mauritia flexuosa) et les deux espèces de chamærops, dont l’une , Chamærops humilis , couvre de vastes espaces de terrain, à l'embouchure de l’Ebre et dans le royaume de Valence, et dont l’autre, Chamærops Mocini, découverte par nous au Mexique , sur les rivages de l'Océan Pacifique , est tout-à-fait dépourvue de piquants. De même que certains Palmiers, entre autres, les chamærops et les cocotiers, croissent au bord des eaux, il existe aussi sous les tropiques un groupe particulier de Palmiers des montagnes, qui, si je ne me trompe, était entièrement inconnu avant mon voyage en Amérique, puisque toutes les espèces de la famille des Palmicrs végètent dans la plaine, sous une tem- pérature moyenne de 22° et de 24 degrés. Il est rare qu'ils s'élèvent sur la chaîne des Andes jusqu’à 1800 pieds; au contraire, le beau Palmier à eire Ceroxylon andicola, le Palmeto de l’Azufral (Oreodoxa frigida) et le Kun- thia montana de Pasto, qui ressemble à un roseau, en espagnol Cana de la Vibora, croissent entre 6,000 et 9,000 pieds au-dessus du niveau de la mer, dans des lieux où le thermomètre descend souvent pendant la nuit à 4°, 8 et 6°, et où la température moyenne atteint à peine 41°. Ces Palmiers alpestres sont confondus pêle-mêle avec des novers, des PR Me espèces de Podocarpus dont les feuilles ressemblent à eclles des Ifs, et avec des chênes (quercus granatensis). J'ai déterminé soigneusement à laide de mesures barométriques , la limite supérieure et la limite inférieure des Céroxylon. Nous commencâmes à les rencontrer à la hauteur de 7440 pieds sur la pente orientale des Andes de Quindiu , où ils montent jusqu'à la Garita del Peramo et à Los Volcancitos, c’est-à-dire à 9,100 pieds au- dessus du niveau de la mer. Plusieurs années après mon départ, un bo- taniste très-distingué, don José Caldas, qui, longtemps, nous accom- pagna dans les montagnes de la Nouvelle-Grenade et a péri victime des haines des partis qui divisaient l'Espagne, a trouvé dans le Peramo de Guanacos, trois espèces de Palmiers très-voisins de Ja ligne des neiges éternelles, probablement à plus de 15,000 pieds de hauteur (seminario de Santa-Fé de Bogata, 1809, n° 21, p. 165), même en dehors de la région tropicale par 28° de latitude, le chamærops Martiana s'élève dans les montagnes intérieures de l'Himalaya à la hauteur de 4,690 pieds ou 5,000 pieds anglais (Wallich, Plantæ asiaticæ, t. IE, tab. 211). En considérant les limites extrêmes de latitude, et par conséquent de température, entre lesquelles sont comprislesPalmiers dans des lieux peu élevés au-dessus du niveau de la mer, on voit quelques formes, telles que le dattier, le chamærops humilis, le chamærops palmetto et l’areca sa- pida de la Nouvelle-Zélande, pénétrer dans la zone tempérée des deux hémisphères jusqu'à des contrées où la température moyenne de Fannée atteimt à peine 14°,2 et 12,5. Si l’on range les plantes cultivées selon le degré de chaleur qu’elles exigent, on trouve en commençant par celles qui en demandent le plus : le cacao, l'indigo, le pisang, le caféier, le eo- tonnier, le dattier, le citronnier, l'olivier, le châtaigner et la vigne. Le dattier s’avance en Europe, accompagné de chamærops humilis jusqu'à 45°,50 et 44° de latitude, par exemple, sur la Rivera del Ponentès, dans le golfe de Gênes ; près de Bordighera, entre Monaco et Santo-Stephano , où existe un bois de Palmiers composé de plus de 4000 tiges et autour de Spalatro en Dalmatie. Il est singulier que le chamærops humilis, qui abonde à Nice et dans l'ile de Sardaigne , manque absolument à la Corse, située entre ces deux contrées. Dans le Nouveau-Monde, le chamærops palmetto , haut de 40 pieds, ne pénètre pas vers le Nord au-delà du 54° degré de latitude, ce qui s'explique par la courbure des lignes isothermes. De l’autre côté de l'équateur , les Palmiers, selon Robert Brown, s'arrêtent aussi dans la Nouvelle-Hollande au 54° parallèle; ils y sont d’ailleurs fort rares , et l’on n’en compte pas plus de six ou sept espèces (General Re- marks on the botany of terra australis, p. 45). Dans la Nouvelle-Zélande, où sir Joseph Banks a vu le premier areca, ils s’avancent jusqu’au 58°. L'Afrique, contrairement à un ancien préjugé, répandu encore de nos jours, possède très-peu d’espèces de cette famille; une seule , Hyphæne coriacea, s'étend jusqu’au port Natal sous le 30° degré au-delà de léqua- teur. Le continent de FAmérique méridionale nous offre à peu près les SR mêmes limites. À l'est de la chaine des Andes, dans les Pampas de Buénos- Ayres et dans la province qui s'étend au-delà de la Plata, les Palmiers pénètrent, selon Auguste de St.-Hilaire, jusqu'à 54° ou 55°. (Voyage au Brésil, p. 60.) Suivant M. Claude Gay, le coco de Chili, probablement notre Jubæa spectabilis, la seule espèce de Palmier qui croisse au Chili, atteint précisément la même limite, à l’ouest des Andes, sur les bords du Rio-Maule (Ch. Darwin, Journal of Researches, édit. de 1845, p. 244 et 256). J'insère iei quelques remarques que j'écrivis en 4801 , au moment où je quittais l'embouchure du Rio-Sinn, ombragée par un grand nombre de Palmiers et située à l’ouest du golfe de Darien, pour faire voile vers Car- tagena de Indias. « Depuis deux ans, nous avons vu plus de 27 espèces différentes de Palmiers dans l’Amérique du Sud. Combien Commerson, Thunberg, Banks, Solander, les deux Forster, Adanson et Sonnerat, ne doivent-ils pas en avoir observées dans leurs longs voyages! Cependant, au moment où j'écris ces lignes, il n’existe pas plus de 14 à 18 espèces de Palmiers, dont on possède une description systématique. Il est réellement plus malaisé qu’on ne le supposerait d'atteindre et de se procurer des fleurs de ces arbres. Dirigeant de préférence notre attention sur les Palmiers, les graminées, les cypéracées , les Juncées, les cryptogames et d’autres végétaux très-négligés jusqu'à ce Jour, nous avons vivement senti cette difficulté. La plupart des palmiers ne portent des fleurs qu'une fois par an , et fleurissent, du moins auprès de l'équateur, dans le mois de janvier et de février. Quel est le voyageur qui puisse être sûr de passer précisé- ment ces deux mois dans les contrées fertiles en Palmiers? La période de floraison est d’ailleurs pour beaucoup d’espèces, limitée à un si petit nombre de jours, qu’on arrive presque toujours trop tard, quand l'ovaire est déjà gonflé et que les fleurs mâles ont disparu. Souvent sur une éten- due de plus de 10,000 lieues carrées, on ne rencontre que trois ou quatre espèces de Palmiers. Qui peut se trouver simultanément, pendant un laps de deux mois, dans les missions de Rio Caroni, dans les Morichales qui bordent l'embouchure de l'Orénoque, dans la vallée de Caura et d'Erevato, au bord de lAtabapo ou de Rio-Negro, et sur les pentes du Duida ? Ajoutez à cela la difficulté d'atteindre, dans d’épaisses forêts ou sur des rives ma- récageuses, comme au bord du Terni et du Tüamini, des fleurs qui pen- dent à des tiges, hautes de 60 pieds et hérissées de piquants. Les voya- geurs qui se préparent en Europe à des expéditions scientifiques se font d’étranges illusions : ils se figurent des ciseaux ou des couteaux recourbés qui, attachés à des gaules , doivent tout abattre , ou de jeunes garçons qui, à l’aide d’une corde fixée à leurs pieds, peuvent grimper au sommet des plus hauts arbres. Ces rêves ne se réalisent presque jamais; telle est Ja hauteur de ces palmiers qu'il est impossible d'atteindre l'enveloppe flo- rale. Dans les missions établies au milieu du réseau des fleuves de la NE Guyane, on se trouve parmi des mdiens satisfaits de leur pauvreté et rendus assez riches par leur stoïcisme et leur sauvagerie. Ni argent, ni offres d'aucune espèce ne les décideraient de s’écarter de trois pas de leur chemin, quand, par hasard, il y a un chemin. Cette apathie insurmon- table des indigènes, irrite d'autant plus le voyageur européen, qu'il les voit en même temps gravir partout avee une rapidité extraordinaire, dès qu'il s’agit de satisfaire leurs propres désirs, d'attraper un perroquet, un igname ou un singe, qui, frappé d’une flèche, se rattrape aux branches avec sa queue. Durant le mois de janvier, nous avons vu à la Havane, dans la promenade publique et dans lés prairies qui avoisinent la ville tous les trones de palma reals, notre Oreodoxa regia, couronnés defleurs blanches comme la neige. Plusieurs jours de suite nous offrimes aux né- grillons que nous rencontrions dans les rues étroites de Regla ou de Guanavacoa deux piastres pour un seul spadice de ces fleurs hermaphro- dites; ce fut en vain. Sous les tropiques l’homme n’est capable d'aucun effort, sans y être contraint par la nécessité absolue."Les botanistes et les peintres de la commission espagnole instituée sous la direction du comte de Jaruco y Mopox, pour le progrès des sciences naturelles, MM. Estevez Boldo, Guio et Echeveria, nous ont avoué que faute de pouvoir parvenir à ces fleurs, ils étaient restés plusieurs années sans les examiner, « Après l’'énumération de ces obstacles, on conçoit ce qui, en Europe, m'eut paru à moi-même incompréhensible, que, tout en ayant reconnu, dans l’espace de deux ans, plus de vingt espèces différentes de palmiers, nous n’ayons pu en décrire systématiquement que douze. Quel intérêt n'offrirait pas l'ouvrage d’un voyageur qui parcourrait l'Amérique méri- dionale en se livrant exclusivement à cette étude, et représenterait avec leurs dimensions naturelles la spathe, le spadice, les parties florales et les fruits des palmiers! » (J'écrivais ces lignes plusieurs années avant Je voyage de Martius et de Spix, au Brésil, par conséquent avant l'apparition de l'excellent ouvrage que Martius a publié sur les palmiers.) « 11 v a une grande uniformité dans les feuilles ; elles sont ou pinnées (pinnata) ou digitées (palmo-digitata), tantôt le pétiole est sans piquants , tantôt il est découpé de telle facon que chaque dent est terminée par une épine (serrato-spinosus). La feuille du Caryota urens et du Martinezia aryotifolia que nous avons vus aux bords de l’Orenoque et de lAtabapo; et plus tard sur les Andes, dans ie passage de Quindiu, à une hauteur de 3,000 pieds, a une forme presque unique parmi les palmiers , comme la feuille du Gingko parmi les arbres dycotylédonés. Ce qui distingue surtout Les palmiers c'est une physionomie et un port majestueux qu'il est difficile de représenter par des paroles. Le stipe (caudex) est très-rarement divisé en branches comme l'est celui des dragoniers; il est simple en partieulier dans le Cucifera thebaïca ou palmier Doum, et dans l'Hyphæne coriacea: Tantôt il a la souplesse d’un roseau, comme dans le Piritu, le Kunthia montana et le Corypha nana du Mexique, celui de cocotier est renflé vers LR la base. Quelquefois les stipes sont unis, quelquefois ils sont couverts d’écailles comme dans le palma de Covija y de Sombrero des Llanos. Enfin on en voit d'épineux, comme par exemple le Corozo de Cumana et du Macanilla du Caripe, dont les longs piquants sont très-régulièrement distribués en anneaux concentriques. « On remarque aussi des différences caractéristiques dans les racines des palmiers qui, bien qu'elles ne prennent pas naissance à plus d’un pied ou d’un pied et demi au-dessus du sol exhaussent le tronc sur une sorte d’échafaudage, ou s’enroulent tout autour en forme de bourrelets. J'ai vu des eivettes et de très-petits singes se glisser entre les racines du Caryota. Souvent la tige est renflée au milieu et va en s’amincissant au- dessus et au-dessous, comme dans le palma real de l'ile de Cuba. Tantôt les feuilles sont d’un vert sombre, comme dans le Mauritia et le cocotier, tantôt elles présentent sur le revers la blancheur de l'argent, comme celles de Corypha miraguana, espèce de palmier élancé que nous avons trouvé dans l’ile de Cuba, près du port de la Trinité. Parfois aussi le milieu de la feuille déployée en éventail est orné de raies concentriques Jaunes et bleuâtres, comme une queue de paon; on peut citer en exemple le mauritia épineux que M. Bonpland a découvert sur les rives de l’A- tabapo. « La direction des feuilles n’est pas un caractère moins important que leur forme et leur couleur. Les folioles sont tantôt pectinées, c’est-à-dire rangées sur le même plan les unes contre les autres et formées d’un pa- renchyme raide et allongé comme dans le cocotier et le phænix. De là les jeux de lumière que produit le soleil, puisqu'il tombe sur la surface supé- rieure des feuilles, d’un vert elaït dans les cocotiers, d’un vert plus mat et cendré dans les dattiers. Quelquefois aussi le feuillage composé de vais- seaux plus ténus et plus souples, et frisé vers l’extrémité, ressemble à celui des roseaux. Telles sont les feuilles du Jagua , du Palma real del Sinu , del Palma real de Cuba, du Pirritu del Orinoco. La direction des feuilles est avec l’axe tracée par leur tige, ce qui contribue le mieux à donner aux palmiers cet air de majesté souveraine qui les distingue. Un caractère qui relève encore la physionomie de quelques-uns d’entre-eux, c’est qu'ils conservent non-seulement dans leur jeunesse, comme la seule espèce de dattier qui ait été introduite en Europe, mais durant toute leur vie, la direction droite et inflexible de leurs feuilles. Plus l’angle que for- ment les palmes avec le prolongement supérieur de la tige est aigu, plus la forme est noble et grandiose. Quelle différence d’aspect entre les feuilles pendantes du Corypha tectorum ou palma de Covija del Orinoco y da Los Llanos de Calabozo , les feuilles plus horizontales du Dattier et du Cocotier et enfin les branches de Jagua, du Lucurito et du Pirijao, qui semblent menacer le Ciel. « La nature a réuni tous les genres de beauté dans les palmiers Jagua, qui, mélés aux Cucuritos ou Vadgihai, hauts de quatre-vingts ou cent pieds BELG. HORT. T. IL. 5) US ornent les rochers granitiques des cataractes d’Atures et de Maypures, et que nous avons aperçus aussi cà et là sur les rives solitaires du Caosi- quiare. Leurs tiges sveltes et unies atteignent une élévation de soïxante à soixante-dix pieds, de manière à former des colonnades au-dessus du feuillage épais des arbres dicolylédonés. Leurs cimes aériennes contrastent merveilleusement avec les branches touffues des Ceiba, avec les forêts de laurinées, les Calophyllum et les Amyris qui les entourent. Leur feuilles, au nombre de sept ou huit à peine se dressent presque verticalement dans les airs jusqu’à une hauteur de quinze à seize pieds. Les extrémités des feuilles sont frisées et ressemblent à des panaches. Les folioles ont un parenchyme mince eomme celui des graminées ; elles flottent, légères et frémissantes, autour du pétiole qui se balance lentement au gré des airs. Chez tous les palmiers, l’infloreseence sort du tronc au-dessous de la naïis- sance des feuilles, mais on distingue les diverses espèces à la manière dont s’opère cette éclosion. L’enveloppe florale de quelques palmiers, tels que le Corozo del Sinu, se dresse verticalement, et les fruits, suivant la même direction , forment une espèce de thyrse semblable à celle du Bromelia- Dans la plupart des espèces, au contraire, les spathes tantôt lisses, tantôt rabotteuses et hérissées d’épines, sont pendantes; quelques-unes produi- sent des fleurs mâles d’une blancheur éblouissante. Le spadice de ces pal- miers brille à une grande distance, lorsqu'il a atteint son entier dévelop- pement. Chez le plus grand nombre, les fleurs mâles sont jaunâtres, pressées les unes contre les autres, et déjà presques fanées lorsqu'elles se dégagent de la spathe. « Dans les palmiers à feuillage pinné, tels que les Cocotiers, le Phœnix, le Palma real del Sinu, les pétioles sbrtent de la partie sèche, rude et ligneuse du stipe ou bien comme dans le Palma real del Havana (Oreodoxa regia) qui faisait déjà l’admiration de Christophe Colomb, ils naissent de tiges plus minces, lisses et vertes, qui se superposent au trone comme des colonnes à des colonnes. La couronne de feuillage qui surmonte les palmiers à éventails (foliis palmatis), tels que le Moriche et le Palma de Sombrero de la Havana, repose souvent sur un lit de feuilles sèches, eir- constance qui donne à ces arbres un caractère sévère et mélancolique. Dans quelques palmiers en parasol, dans le Miraguama par exemple, la couronne ne se compose -que d’un très-petit nombre de feuilles suppor- tées par de minces pétioles. Il y a aussi dans la forme et dans la couleur des fruits plus de variété qu'on ne croit en Europe. Les fruits du Mauritia flexuosa sont ovales; leur surface écailleuse, brune et luisante leur donne l’aspect de jeunes pommes de pins. Quelle différence entre l'énorme eoco triangulaire, les baies du Dattier et les petits drupes du Corozo. Mais il n’est pas un pal- mier dont les fruits égalent en beauté ceux du Pirijao (Pihiguao) de San- ‘Termando de Atabapo et de San-Balthasar. Ces fruits sont des pommes de deux à trois pouces d’epaisseur, de forme ovale, de couleur dorée et MR 2 pourprée sur une de leurs faces ; ils ont une substance farmeuse, ne lais- sent pas de semence et pendent en grappes pressées du sommet de troncs majestueux. » Nous avons déjà mentionné ailleurs ces beaux fruits qui s'agrégent en grappes au nombre de soixante-dix ou de quatre-vingts, et sont susceptibles, comme les bananes et les pommes de terre, de prépara- tions diverses. Dans quelques espèces de palmiers, les spathes qui Ru pot les spadices font entendre un bruit distinct, lorsqu'elles viennent à s’en- tr’ouvrir tout-à-coup. Sir Achard Snéntnales a, commé moi, observé ce phénomène dans l'Oreodoxa oleracca (Reisen in Britisch Guiana, t. I, page. 55). Cette bruyante éclosion de l’inflorescence des palmiers rappelle le dithyrambe de Pindare, en l'honneur du printemps, et le moment où, dans la ville Argienne de Némée, le Dattier entr’ouvrant ses bourgeons, annonce l’approche du printemps embaumé (Cosmos, t. IT, page 9 de la traduction française). Trois formes d’une beauté excellente se retrouvent dans les contrées tropicales de toutes les parties du monde; les palmiers, les bananiers et les fougères arborescentes. Les lieux où la chaleur et l'humidité agissent simultanément sont ceux où la végétation est la plus luxuriante et offre les formes les plus diverses; aussi l'Amérique du sud est-elle la plus belle partie de la région des palmiers. En Asie, ces arbres sont plus rares, peut- être parce que la portion considérable du continent indien qui est située sous l'équateur, fut bouleversée et recouverte par la mer, dans les pre- mières révolutions du globe. Nous ne savons presque rien des palmiers qui croissent en Afrique, entre la baie de Benin et la côte d’Ajan, et en général, ainsi que je l’ai déjà fait observer, nous ne connaissons qu’un très-petit nombre de paliers africains. Après les conifères et après les Eucalyptus de la famille des OS ce sont les palmiers qui offrent l’exemple du plus grand développement végétal. Le chou-palmiste (Areca oleracea) fournit des tiges de cent cin- quante à cent soixante pieds de hauteur (Aug. de Saint-Hilaire, Morpho- logie végétale , 1840, page 176). Le palmier à cire, notre Céroxylon an- dicola, que nous découvrimes dans la Montana de Quindiu, entre Ibague et Cartago, atteint la taille énorme de cent soixante à cent quatre-vingts pieds. Jai pu mesurer tout à mon aise des troncs de cet arbre, coupés dans les bois, Après le Céroxylon, le plus haut de tous les palmiers d’A- mérique, m’a paru être l’Oreodoxa sancona , que nous trouvâmes en fleur près de Roldanilla, dans la vallée de Cauca, et qui fournit un bois de construction très-dur et excellent de tout point. Si, malgré la quantité énorme de fruits que produit un seul trone, il n’existe pas dans chaque espèce, un grand nombre d'individus sauvages, cela tient sans doute à ce que la plupart des fruits avortent et à ce qu’une foule d’animaux de toutes les classes leur font une guerre acharnée; il est vrai de dire aussi qu’il Lo 22 existe dans le bassin de l’Orénoque, des tribus entières qui durant plu- sieurs mois se nourrissent de fruits de palmiers. « In palmetis Pihiguao consitis, singuli trunci quotannis fere 400 fructus ferunt pomiformes, tritumque est verbum inter fratres sancti Francisci, ad ripas Orinoci et Guainiæ degentes, mire pinguescere Indorum corpora, quoties uberem palmæ fructum fundant, » NATURE ET ORIGINE PHILOSOPHIQUES DE L’'HORTICULTURE : PENSÉE DE HERDER, Par M. CH. More. Herder l’a dit depuis longtemps : la terre est une étoile jetée dans l’es- pace au milieu d’autres étoiles, et l’homme est un animal perfectionné, acclimaté sous chaque zone de la surface de cet astre. La grande masse de la planète est formée de substances inorganiques minérales, et à leur surface décomposée se fixent des corps organisés, nommés végétaux, et se meuvent d’autres corps vivants, nommés animaux. On dit que le mi- néral croit et ne change point, tandis que les végétaux et les animaux vivent, se développent et meurent ; les premiers ne sentent pas, les se- conds éprouvent des sensations. Se développer et vivre nécessite qu’on se nourrisse, et, en effet, les végétaux se nourrissent de substances inorga- niques , tandis que les animaux se nourrissent de végétaux ou se dévorent les uns les autres. L'homme, placé au-dessus de tout, vit et se nourrit de tous les deux, et puisqu'il est pourvu de sens délicats, il est naturelle- ment porté à améliorer les végétaux et les animaux, de manière à en tirer plus de jouissance et d'utilité. L'homme s’attache donc à connaître d’abord les qualités des êtres naturels et vivants, afin de savoir les modifier pour sa plus grande satisfaction. Qu'il habite n'importe quelle contrée, les oc- cupations de sa vie privée le porteront nécessairement et fatalement vers ces améliorations, et il est évident que si l’on donne à ces connaissances des noms pour les exprimer, les désigner et les définir, on dira que léco- nomie rurale, l'agriculture et l'horticulture sont, d'institution originelle, nécessaires à l’existence de l’espèce humaine, contemporaines de sa créa- tion, s'étendant sur le globe comme elles-mêmes, et destinées à ne périr qu'avec le dernier homme. Ces connaissances se rattachent donc d’une manière intime à l'essence de la société en général, et en particulier au bonheur de l’homme considéré comme le chef et le but de la création. RE ee FLORICULTURE DE SALON. LES GRAMINÉES CONSIDÉRÉES COMME PLANTES DE JARDIN, D'APPARTEMENT, DE BOUQUET OU DE TOILETTE, Par M. CH. MORREN. Ce n’est pas parce que les graminées sont dépourvues de brillantes corolles qu’elles doivent nous intéresser moins. Non-seulement elles ont le précieux privilége de compter parmi les membres de leur famille les plantes les plus utiles à l'humanité comme les céréales, le maïs, le riz, la canne à sucre, le bambou , mais elles rachètent l’absence de vives cou- leurs et d’un organe toujours éphémère, par la durée indéfinie de leurs épis et la possibilité de les dessécher en conservant intégralement leurs formes. Le teint jaune qu’elles acquièrent en desséchant, n’est pas privé de quelque charme, puisque depuis la plus haute antiquité les poètes n’ont pas cessé de le dépeindre sous la brillante image de l’or des mois- sons. La couronne de Cérès, parce qu’elle est tressée des épis de nos guérets, est loin de le céder à la pompeuse guirlande de Flore, et le ciseau d’un Canova sait donner à nos délicates céréales un caractère de poésie qui ferait préférer par plus d’une dame à un bouquet de fleurs éclatantes un simple faisceau de graminées. A mesure que l’horticulture augmente ses ressources et multiplie ses Jouissances, nous voyons se varier davantage les goûts divers qui en- trainent l’homme vers l’étude des jardins. Qui eut jamais pensé, il y a vingt ans, qu’on verrait s'ouvrir un jour des concours entre des hommes sérieux pour savoir qui posséderait le plus de sapins divers ou le plus de fougères différentes ? Il ne faudrait pas s'étonner si dans notre siècle de fantaisie où l’on est bien parvenu à ennoblir sous le rapport horticole l’humble Marguerite foulée aux pieds pendant des siècles comme un objet indigne du regard, on ne se prenne un jour d’une belle passion pour les herbes de nos prairies, et l’on ne vienne à offrir des couronnes au plus beau chiendent. Nous nous trouvons déjà au commencement de ce chemin. Nous con- naissons des amateurs effrénés de graminées et par là nous n’entendons pas quelques botanistes pour qui cette passion serait légitime, comme elle l'est pour les algues, les champignons, les lichens, les mousses, etc., mais nous entendons parler de gens du monde qui, épris de l'attrait qu'offre la culture des jardins, s’adonnent avec amour à la conservation et à la propagation des plus belles graminées. Nous citerons parmi ces agrostophiles belges, M. Henri Casterman, de Tournai, qui habitant cette Ÿ S à N NN À ; NN Al Ÿ N | NPA, NL Le HS: : SSSR LATTES. SERÈSS x 2; N NW) P L N \$ \] 7. SZ |||LE ; = > NY IE TZ SIL SS ] = PER | TRACER 11; FD FAO d GO \ \ [ re LA } HA | | ; [I fl D ON LA | WU ALT il A | | ll \ ALT HT AE région naguère illustrée par Plateau, le célèbre propagateur des tulipes, et Mouton, le fameux botanophile, continue d'entretenir parmi ses amis le goût de lhorticulture. Nous donnons p. 22 la gravure d’un bouquet de graminées afin d'at- tirer l'attention sur leurs jolies formes. Nous sommes loin cependant d’avoir épuisé la liste des plus belles; au contraire, nous nous sommes réservés de publier dans une prochaine occasion , une série d’autres formes peut-être même plus élégantes. Mais telles que sont celles-ci, elles sufli- ront, pensons-nous, pour engager les amateurs des eréations les plus gra- cieuses de l’univers de les introduire dans leurs jardins et d’en orner les bouquets. Voici l’histoire abrégée des 14 espèces représentées : Fig. 4. Lacurus ovarus. L. Spicules uniflores ; fleur à court pédicelle barbue à la base, glume inférieure à deux barbes. Cette espèce appartient au Midi de l'Europe et croît dans les plantations d’olivier, aux bords de la Méditerranée et s'étend même en Asie. Elle est annuelle et fait dans les jardins de charmantes touffes. 2. PoLyPoGoN LiITTORALIS. Sm. Panicule lobée et rétrécie, valves li- néaires lancéolées, aristées au sommet, la racine rampante. Cette grami- née qu'on retrouve en Allemagne, en Angleterre, en Espagne, exige un sol gras. Elle est vivace. 5. HoLcus LANATUS ou Æouque laineuse. Panicule égale, floscule herma- phrodite inférieure mutique, le mâle pourvu d’une barbe recourbée ; racine fibreuse. Cette graminée glauque et formant une forte motte est très-commune dans toute l'Europe et dans l'Amérique du nord. Les inflo- rescences font un effet charmant dans les bouquets et son chevelu laineux est très-délicat. Vivace. 4. Briza MEDIA. Amourette moyenne. Panicule droite et ouverte; spi- eules en forme de petits cœurs de 5 à 9 fleurs, calice plus petit que les floseules. Cette gracieuse petite graminée, si commune dans nos prés secs, croit spontanément dans toute l'Europe, la Tauride et toute l'Amérique du nord. Elle est vivace et se sème bien dans les endroits un peu arides. Nos dunes en possèdent une variété d’un beau jaune d'or. Ses clochettes sont admirables et ses chaumes se dessèchent facilement en conservant leurs pédicelles onduleux. D. BRIZA MAxIMA. Grande amourette. Panicule à spicules pendants, grands , oblongs et cordés, de 15 à 17 fleurs. Cette élégante graminée est remarquée de tout le monde et se cultive depuis longtemps dans les jardins et même dans les appartements, en corbeiïlles ou en jardinière. Une touffe pressée est un objet qui vaut une fleur brillante. On la trouve dans l’Europe australe, dans les Indes et au Cap de Bonne-Espérance. Annuelle chez nous, elle est vivace dans les pays chauds. Elle se dessèche admirablement et se conserve pour l'hiver. 6. ÆcyLops rrianisrara. Wild. Épi oblong ; calices tous à trois barbes, UE chaumes droits. Cette graminée annuelle habite l'Espagne, l'Italie et la France méridionale. Elle forme des touffes curieuses par les singulières inflerescences et se conserve très-bien dans ses formes en desséchant. 7. CyNosurus crisTarus. L. Crételle des prés. Panicule en épi linéaire droite ; spicules mutiques; feuilles linéaires. Les jolies bractées en peigne donnent à cette graminée un aspect dont la beauté augmente à mesure qu'on l’examine de plus près. Elle est vivace. Vers les côtes du littoral les épis sont plus longs. Cette graminée fait beaucoup d'effet dans les RE auxquels elle donne de la grâce et de la légèreté. 8. Bromus secanus. L. Brome Rs C’est une des graminées les plus grandes du pays. La panicule est pendante, les floscules deviennent distinctes, les barbes sont flexueuses, plus courtes que la bractée. Annuelle et se développant parfois outre mesure dans nos champs de seigle, on cultiverait volontiers cette graminée pour sa beauté. Ses épillets sont grands et diversement colorés. | 9. Bromus srerizis. L. Brome stérile. Panicule très-lâche; rameaux pendants au sommet; fleurs lancéolées subulées ; barbes droites, plus longues que la paillette ; chaume glabre. Originaire de l’Europe et de l'O- rient, ce Brome, commun dans les champs rocailleux et entre les décom- bres, est un des plus remarquables pour la culture en corbeilles: Ses panicules sont extrêmement longues et d’ordinaire’toute Finforescenee passe au rouge ou au brun. 40. Meica ciLraTa. L. Melique ciliée. Pétale extérieur du floscule infé- rieur cilié ; panicule en épi égal; spicules droites. La Perse, le Caucase, la Sibérie, l’Europe possèdent cette inimitable graminée. Nous la trouvons sur les collines calcaires du Condroz et sur celles des rives de la Meuse ; elle fait l’ornement de la montagne de Chèvremont près de Chaudfontaine, elle embellit les bords de la Méhaigne, du Hoyoux, de FAmblève, de l’Ourthe, de la Vesdre, partout où les rochers nus et pelés se fendillent et laissent dans leurs intervalles s’accumuler un peu de terre. Vu de près, cet épi soyeux à longs cils blonds, ne peut se remplacer par aucune autre forme. On sème la Mélique au printemps, elle est vivace et donne une touffe pressée. 41. Louvuw 1raicum. /vraie d'Italie. A. Braun. Long épi distique, ap- plati, à 20 spicules pectinés et pointus. Racine donnant des jets à bou- quets de feuilles enroulées et ne portant point d’épis. Cette ivraie beau- coup plus forte, plus haute que le ray-gras anglais, croît spontanément dans les contrées méridionales de l’Europe et notamment en Italie. Quoi- que vivace de sa nature elle dépérit au bout de la troisième année. Nous en avions rapporté de la graine d'Italie pour en semer une pelouse à Liége; elle faisait l'admiration de tout le monde et les épis aplatis, longs de deux décimètres, produisaient le plus bel effet. On donna de l’engrais à ce pré et on le soigna comme il est prescrit dans les recommandations anglaises ; malgré tous ces soins, la troisième année la plante se mourait, le sol SU — était épuisé. Cette expérience prouve que dans les jardins aussi où l’on veut maintenir livraie d'Italie, il faut la soumettre à un assolément et alterner son semis si l’on choisit pour lui la même place. On échappe à cette difficulté en semant l’ivraie tous les ans dans des endroits différents. Sa végétation est superbe. 12. Avena sTERILIS. L. Avoine stérile. Panicule penchée d’un côté; spicules à cinq fleurs environ; floseules inférieures barbues et poilues, les supérieures mutiques et glabres. Nous n'avons pu dessiner faute d’es- pace, qu'une seule spicule de cette splendide graminée. Originaire de l'Europe australe, elle s’avance jusqu'aux îles Philippines et elle se trouve dans les guerèts. La grandeur de ses spicules, la couleur orange, violette, jaune et brune de leur différents organes en font une vraie fleur à laquelle une large panicule unilatérale ajoute un port, nous dirions presque majes- tueux. On ne pourra rien choisir de mieux pour aérer les grands bouquets. 13. Cynopon pacrTyLon. Pers. Cynodon à doigts. De 3 à 5 épis digités; périanthes glabres subciliés, plus longs que la glume; sétule imberbe à la base de la valve interne. Plante remarquable par sa distribution géo- graphique ; elle croît spontanément en Europe, au Caucase, en Orient, dans l'Inde orientale, en Chine, à l'ile Lucon , à la Nouvelle-Hollande, à Taïti, en Amérique et au cap de Bonne-Espérance. Elle est vivace, n’atteint que peu de hauteur, mais se distingue par la forme palmée de ses épis réunis. 14. IMPERATA CYLINDRICA. Beauv. ou sucre de sisca. Spicules géminées, l’une sessile, l’autre pédicellée, toutes fertiles, articulées à la base et biflores. Fleur intérieure à une paillette hyaline. Deux étamines ; squam- nules nulles. Graminée du midi de l’Europe, de l’Afrique du nord, du Sénégal, de l'Inde orientale et de la Chine; vivace, elle offre un épi forte- ment poilu et en forme de pompon. 15. Sripa PENNATA. L. Plume d'oiseau de Paradis. Glume subulée, pé- rianthe d’un demi-pouce de long, nu au-dessus. Arête en barbe, tordue, pliée , plumeuse au-dessus , anthère nue. Vivace, originaire de la Sibérie et de l’Europe, cette graminée offre des barbes longues de deux pieds et plus. On en fait des faisceaux qui imitent parfaitement les pennes de la queue d’un oiseau de Paradis. Dans les bouquets, ces panaches couron- nant avec grâce les fleurs dont aucune n'offre un organe semblable ni tant de légèreté. On la eultive avec facilité dans les jardins. Comme nous l'avons dit, nous sommes loin d’avoir épuisé la longue énumération de toutes les graminées recommandables. Quand on les sèche pour conserver leurs formes, on peut en faire de charmants bou- quets à mettre sous glace et qui font tableau. Une corbeille, tissée en paille , d’où jaillissent des gerbes de graminées diverses, placée sous glace forme pour les salons un meuble recherché, excitant une vive curiosité. Dans les vases d'ornement, des bouquets ou mieux des faisceaux de cé- réales entremélées de ces formes originales, élégantes et variées que nous BELE. HORT. T. ll. / EnT pr venons de citer, s’harmonisent d’ordinaire très-bien avec l’éclat des porce- laines ou la gravité des bronzes et nous connaissons maint salon où ces objets naturels, respirant la poésie et la grâce, sont dignement appréciés. AVIS. Nous avons déjà annoncé à nos abonnés que nous mettions à leur dis- position (écrire franco) le charmant blé monocoque; de même nous eom- mencerons dans le courant de l’automne et de l'hiver de faire des distri- butions de quelques belles graminées d'ornement. LES GUÊPES ET LES FUCHSIAS, Par M. Cn. MoRRex. J'ai vu cette année un singulier phénomène que je recommande à toute la sagacité des entomologistes. Dans plusieurs appartements où l’on tenait des fuchsias en fleur , dès le premier jour de leur éclosion, les étamines et les pistils étaient coupés, ras-filet et près de leur origine, des unes à la corolle, des autres à l'ovaire. En visitant des serres aux environs de Bruxelles, chez plusieurs de nos grands amateurs, je trouvai le même fait. J’interrogeai plusieurs jardiniers à cet égard, les uns et e’étaient le plus grand nombre , ne savaient me dire d’où venait cette ablation; les autres, mais il y en avait peu, déclaraient que les auteurs du méfait étaient les guêpes. Je remarquai que très-peu d’étamines sur le grand nombre des fleurs mutilées, se retrouvaient à terre, mais que ces organes étaient certainement enlevés hors des appartements et des serres. J’eus la preuve que la mutilation n’avait lieu que lorsque les fenêtres des appar- tements où se trouvaient les fuchsias, étaient ouvertes. Fnfin, un jeune naturaliste de mes amis, se mit en embuscade dans une serre à fuchsias et il m’assura avoir vu des guêpes entrer dans les fleurs, couper les étamines à l’endroit où le filet s’insère sur la corolle, partie où se fait la sécrétion d’une grande quantité de nectar, et s’en- voler hors de la fleur et hors de la serre en tenant plusieurs étamines entre leurs mandibules. Non-seulement £es insectes avaient recueilli le pollen nécessaire à la confection de leurs rayons et le nectar indispensable à la formation du miel, mais comme pour apporter du pollen soit aux mères, soit aux larves, elles enlevaient des étamines entières pourvues de leurs anthères. Dans la maison de campagne où ces observations ont été faites , il y a des bosquets où tous les ans la guêpe cartonnière ( Vespa nidulans. Fab.) établit ses nids de carton. Quoique je ne sache pas positive- ment si c’est cette espèce qui opère ce manége, je suis porté à le croire d’après sa présence, tandis qu'ailleurs où elle n'existe pas, les fuchsias restent entiers et produisent des fruits. MEUBLES DE JARDIN. SIDÉROTECHNIE HORTICOLE : VASES FLORIFÈRES EN FILS DE FER, Par M. Cu. MoRrex. M. William Young, d'Edimbourg (High street, 182), a introduit dans ameublement des jardins des vases à jour, en fil de fer, destinés à porter et à se couvrir de fleurs, de manière à simuler un tissu qui serait lui- même formé de végétaux grimpants et entrelacés. Les fig. 4 et 2, pl. 5 ,p.28, sont dessinées dans l'intention d'expliquer plus facilement le fait. Des fils de fer se tissent en forme de vases de différentes grandeur. On les dispose sur des piédestaux dans les parties des jardins et des pares où l'architecte les croit nécessaires. Au centre de ces vases on place un pot plus ou moins grand dans lequel on cultive des ipomœæa, des maurandia barclayana, des lophospermum, des convolvulus, des calystegia pubescens, des loasa, etc., en un mot cette longue catégorie d’espèces florifères qui serpentent de toutes les facôns. À mesure que les plantes grandissent on les amène sur les fils de fer et leur propre nature les porte à s’accrocher à ces fils et à suivre leur contour. Le feuillage se presse et les fleurs aug- mentent; bientôt tout le vase n’est plus qu’un tissu vivant et florifère dont l'effet est magnifique. On varie ses jouissances. Tantôt un vase n’est destiné qu’à une seule fleur, tantôt à plusieurs. Dans le premier cas, le calystegia pubescens convient extrêmement. Vu de loin et de plus bas, cette charmante plante, si pleine de ressources, simule un rosier et l’on dirait d’un vase tissu de rose et de pourpre. Les maurandia capricieux et portant des fleurs bleues, violettes, roses, pourpres ou blanches, se prêtent aussi avec doecilité à s’acerocher aux fils et à bien limiter le con- tour des objets. Si des branches s’échappent et qu’elles tombent du haut du vase en formant des guirlandes ou des tresses, on ne fait qu’ajouter à la beauté de ces sortes de culture. On dirait pure cascade de fleurs jail- lissant d’une urne fluviale. Enfin , nous avons vu à Edimbourg de ces vases placés sur des piédes- taux confectionnés en fer coulé et orné. Au centre se trouvait planté à demeure un chèvrefeuille ou tout autre arbuste grimpant. Sa tige s’élance à travers le vase et va s’accrocher à quelque arbre voisin, tandis que dans la base ou le socle est placé un pot rempli de graines de plantes annuelles diverses et à tige volubiles. Ces effets combinés étaient des plus heureux. On les variera du reste selon le goût et les caprices des maitres, &} & JL LE LÉ 7e } ñ qi iUN si 1 i [l f} } 1» 4 L) W/ Pop Ÿ TRUE, D, WA > s F ER HN GRANDE OMBRELLE A PIED ET EN FILS DE FER, Par M. Cu. MonREN. Les ressources qu'offre le fer dans l'architecture des jardins est im- mense. Résistance considérable, susceptibilité de revêtir les formes les plus légères, durée indéfinie, ces qualités permettent de réaliser une foule de constructions inconnues aux anciens et contrastant avec les masses lourdes de leurs bâtisses horticoles. M. William-Young d’Édim- bourg a imaginé entre autres la construction d’une grand ombrelle cer- tainement plus gracieuse et plus poétique que cet ancien parapluie chinois que le mauvais goût vient placer parfois en vue d’un temple d’Apollon. Cette ombrelle élargie à son pied , tressée entièrement en fils de fer solides, soutenue dans plusieurs parties par des barres plus solides encore, permet la culture soit au-dedans du pied même, soit sur les côtés de quelques belles espèces d’arbustes volubiles et grimpants. Tantôt on choisit l’aristoloche siphon, tantôt c’est l’ampélopsis à cinq feuilles, la glycine aux fleurs violettes , le wisteria aux grappes blanches, le chèvrefeurlle de Rome orné de ses nombreux bouquets pourpres et jaunes, etc. Nous ne pourrions énumérer tous les arbustes qui conviennent à ces cultures depuis notre ancien lierre jusqu'aux plus fraiches nouveautés de notre époque. Mais, il sera facile à un jardinier habile, à un amateur de goùt, au riche pro- priétaire qui consulte les ressources de l’art, de faire à cet égard un choix judicieux et approprié au fond du tableau sur lequel lombrelle doit se détâcher. D'ailleurs, à ces verdures entrelacées d’un arbuste grimpant, on peut joindre une foule de plantes annuelles, voir même des haricots bicolores, blancs et écarlates, de simples liserons, des capueines flam- boyantes, des courges aux fleurs oranges et en cloche et mille autres formes qui feront de ces ombrelles des séjours enchanteurs pour passer à l’ombre des heures de quiétude, de pensées et d’heureuses conversa- tions. Les tertres, les mamelons, les élévations, les caps prolongés dans les eaux , les iles, les points de vue seront en genéral les endroits privilégiés où se placeront à demeure ces ombrelles avec le plus d'avantages. Selon les forces du vent habituel, on les fera confectionner de manière à se démonter ou non et dans le premier cas, de simples écrous qui peuvent se fixer par les talons du bas dans une pierre scellée suffisent. C’est la modification que M. Young introduit dans ses constructions au choix des acheteurs. BAT" (| ZA We 2 —"?/TN, INSTRUMENTS D'HORTICULTURE. LE BUREAU-BROUETTE, Par M. PiLATRE-JACQUIN, Horticulteur. Les horticulteurs et amateurs qui ont des collections, s’appliquent main- tenant à prendre des notes, au moment de la floraison, sur les végétaux qu'ils eultivent. Je crois leur être utile en vous envoyant le plan d’un bureau ambu- lant qui a, selon nous, répondu par son usage à ce que nous en atten- dions. * Nous l’avons appelé Bureau-Brouette. Tous les amateurs d’horticulture savent que, pour faire les descriptions, comparer les variétés, indiquer les synonymies et ne pas faire ce qu’on appelle un travail de calcul, il faut ou se tenir debout, ou avoir l’embarras de transporter une table, une chaise, voire une brouette ordinaire contenant les ouvrages du jar- dinage ou de botanique à consulter , les catalogues, les numéros, les éti- quettes, etc. | l Il manquait un bureau ambulant, d’un transport facile, et surtout, emportant son siège avec lui pour suppléer à ce détestable attirail. Ayant eu occasion de visiter à Ville d’Auray, la propriété de M. Ber- nard (De Rennes), amateur très-distingué. J’y vis un bureau de son invention, monté sur roue. Il ne restait plus que le moyen d'y ajouter un siége. Celui que j'ai trouvé me paraît trés-simple. La planche qui sert de siège (voyez pl. 4, p. 50) est seulement posée sur les bois établis pour la supporter et maintenue entre eux par deux coulisseaux cloués au-dessous et frottant le long des bois. Elle glisse ainsi en arrière jusqu’à un point d’arrêt assez éloigné pour laisser entre la planche et le bureau la place suffisante pour rouler la brouette sans sortir des brancards. Nous nous sommes servis de ce bureau pendant plusieurs semaines pour faire l’inventaire de nos végétaux et la vérification de nos numéro- tages, et chacun s’y trouvait aussi à l’aise pour écrire que sur tout autre bureau fixe. Nous avons pu parcourir nos sentiers n’ayant que 0",50 de largeur et tourner sans difficulté les allées même à angle droit. Les brancards de côté étant très-bas, on peut facilement les enjamber, pour entrer dans l’intérieur sans être toujours obligé d'enlever la planche- siége. ee - - ea Le dessus du bureau est couvert d’une planche se soulevant et formant pupitre sur lequel on peut mettre ses papiers. L'intérieur, que l’on distribue à sa fantaisie et dont l’ouverture est en face de l'écrivain, devra contenir des cases pour les volumes nécessaires, les catalogues, la boite à numéros, les étiquettes , etc. Les tuteurs peu- vent être placés verticalement le long du bureau. Sur le derrière nous avons adapté une tige en fer facile à enlever, formant un are à une cer- taine hauteur au-dessus du pupitre et terminée par un anneau assez grand pour y introduire un large parapluie. Si la tige était brisée, comme on le fait pour les ombrelles, il serait facile de s’abriter du soleil. Un pupitre de réhausse que l’on place sur le bureau permet en cas de besoin, de travailler debout. DES PLUIES ARTIFICIELLES DANS LES SERRES, Par M. CH. MORREN. En 1817, la Société d’horticulture de Londres, vota une médaille d’hon- neur à feu Loddiges, de Hackney, pour avoir imaginé d’arroser les plan- tes d’une immense serre à palmiers, et quelques autres à orchidées, au moyen d'une pluie artificielle agissant en même temps sur un grand espace. Le mécanisme consistait en tuyaux de plomb percés de petits trous sur leur longueur et disposés dans les angles de la serre entre la partie droite et le toit. Nous avons encore vu fonctionner l'appareil en 1837. On objectait contre son emploi cette circonstance que les plantes ne restant pas de la même hauteur, et leur remplacement les unes par les autres exigeant aussi que l’eau tombe de diverses distances , à velonté, l’arrosement par le moyen des tubes fixes est incomplet, parfois inutile et parfois nuisible. C’est un fait que fort peu de serres ont possédé l’ap- pareil de Loddiges et que lui-même s’en est tenu à ses premiers essais. Aujourd’hui l'industrie du caout-chouc et du gutta-percha permet d’ob- vier à l'inconvénient cité. Rien n'empêche d'établir dans les serres un système de tuyaux en ces substances, troués à distance convenable. Leur flexibilité permettrait de les conduire et de les placer où on le voudrait et l’arrosement par pluie artificielle se modifierait selon les plantes qu'on possède. Il est toujours facile par l’eau du toit des serres d'établir le réservoir du liquide vers le haut et d'y faire aboutir tel tuyau flexible que l’on veut. Ce moyen à la fois plus convenable et plus économique est surtout applicable aux serres à orchidées où il faut en général beaucoup de vapeur, en même temps que des arrosements fréquents. ! Li . ” + " EMPLOI EN HORTICULTURE DES CANONS DE MOUTON, Par M. Cu. MoRREN. Pendant un séjour que j'ai fait à Louvain, J'y ai vu dans un Jardin un emploi très-économique et très-convenable des os de moutons auxquels on donne le nom de canons. On sait que ces animaux ont, comme tous les ruminants, les deux os du métacarpe et du métatarse réunis en un long os au bout duquel correspondent les deux doigts recouverts chacun de son sabot. Cet os s'appelle Canon. Quand il est bien nettoyé et blanchi à l'air, il offre d’un côté deux poulies arrondies et qu’on croirait tournées au tour. C’est cette forme qui a fait penser aux horticulteurs de Louvain d'employer cet os. Voiei ce qu'ils en font. Supposons un parterre bordé de statices ou gazon d’Espagne, de pà- querettes, de buis ou de toute autre plante. On n'a pas toujours des ardoises pour tenir bien la terre du bord contre la plante de bordure. Les os canons de moutons servent à cet usage, On s'accorde avec un hôtel ou un restaurant où l’on fait une ample consommation de gigots et ôn réunit les os. Quand on en a suffisamment pour faire le tour d’un parterre en les supposant droits, on les enfonce dans cette direction en terre et on ne laisse saillir que Particulation des doigts du pied. L'os retient parfaitement la terre et l'empêche de s’ébouler. Le cercle ou la ligne dessinée en sommets de canons, fait très-bien entre la verdure ct les fleurs. J'ai vu des personnes prendre même de près ces osselets pour d’élégants champignons et d’autres s’imaginaient que c’étaient des produc- tions marines rares. Les canons de mouton qui jusqu'ici restaient silen- cieux en ce bas monde pourront désormais y faire quelque bruit, grâce à l'esprit réfléchi des horticulteurs Louvanistes. BÉLG, HONTE: À LI. D ARBORICULTURE. LE PROCÉDÉ DE LA DÉCORTICATION APPLIQUÉ AUX ARBRES POUR LES FAIRE FRUCTIFIER, Par M. Duvirer, Architecte de jardins. Appeié à Autun pour l'exécution de divers pares et jardins, j’aspirais après un moment de liberté pour visiter les environs, persuadé qu'il se rencontre dans chaque pays des particularités de culture intéressantes à noter. Mon attente ne fut pas trompée, et je dois avouer mon étonnement à Ja vue de presque tous les arbres des jardins et vergers dépouillés de leur écorce jusque sur la partie ligneuse; n'étant fait expliquer cette sin- gularité , on s’empressa de me dire que c'était lemoyen mis en usage dans le pays pour faire fructifier les arbres stériles et donner de la vigueur à ceux fécondés. Voici comment on opère : A l'automne, le jardinier, armé d’une grande lame en forme de demi-lune, enlève, sur le tronc et les branches principales , tout l’épiderme gercé et amoncelé en mille irrégularités qui, le plus souvent, Lombe de lui-même lorsqu'il commence à abandonner l'écorce proprement dite ; cet épiderme , qui n’est pas élastique, qui se déchire, se fendille, tantôt en larges plaques, comme dans le platane, ou en laniéres , comme dans la vigne ; tantôt par divisions partielles, comme les tilleuls, les ormes et poiriers, etc., etc.; cette première enveloppe ainsi enlevée jusqu’au liber, met à nu le trone des arbres; l’épiderme, doué d’une facilité de reproduction très-abondante, ne tarde pas à recouvrir le liber. L’un des précieux avantages de cette opéra- tion, c'est de jeter à terre des milliers d'insectes, larves, chrysalides qui habitent les écorces et donnent souvent la mort aux arbres. J'ai compté, sur un tronc de poirier, de 0.55 de pourtour et sur une hauteur de 2m, 41 larves de Cossius qui s'étaient avancées considérablement dans la partie fligneuse , et dont l'extraction est très-facile lorsque l’épiderme est enlevé. ne A De à Vo: er APN (ee _« éuier Fig let de Brunswick. — 99 JARDIN FRUITIER. LE FIGUIER DE BRUNSWICK OÙ LA MADONE, Par M. CH. MoORREN. M. Isabeau fait geler nos tulipiers et ne veut pas que les figues muüris- sent en Belgique. M. le comte Mercy d’Argenteau dont les récoltes de figues mures sont admirables aux bords de la Meuse à Argenteau entre Maestricht et Liége, M. Van Volxem qui recueille d'excellentes figues dans sa ma- gnifique villa des Trois-Fontaines, le Prince de Ligne à Belœæil et bien d’autres propriétaires dispersés dans nos neuf provinces de Belgique, ne seront pas de l'avis du publiciste français. Sans doute, le figuier, originaire de l’Asie et de l’Europe méridionale, exige des soins sous nos climats pour amener ses fruits à maturité, mais ces soins mêmes ne sont pas plus maltipliés que ceux suivis à Argenteuil même, par les cul- tivateurs de figuiers. Revêtir de paille les pieds cultivés en espalier ou sur lattis (culture d’Argenteau) ou enterrer le tronc et les branches entière- ment en Îles rabattant contre terre, conserver ceux-ci les hivers secs et rigoureux , ou les voir souffrir les hivers pluvieux, devient un lot inévi- table dans ces sortes de culture ; mais de ces modes de cultiver, à l’impossi- bilité de voir mürir les figues il y a loin, et, Dieu merci, le climat de la Belgique est déjà assez irrégulier et assez rigoureux pour qu'on n'en exagère pas à plaisir les intempéries. Il existe un nombre considérable de variétés de figuiers. Celle qui donne les plus beaux résultats n’est pas, comme on pouvait le croire, une des qua- tre variétés qu'on rencontre le plus souvent dans le nord de la France, à savoir la grosse fique blanche ronde, 2° l'angélique ou la melette, 5° vio- lette ou la pourpre commune, 4° la fique notre; mais une figue appelée il y a un siècle et pius par nos anciens horticulteurs la madone. Ce nom se retrouve en Italie, Yadonna, pour une longue et grosse figue violette qui semble bien être le type de la variété la plus productive en Belgique. Les Anglais qui lui donnent aussi la préférence, surtout aux environs de Londres, la nomment Brunswick fig. C’est la meïlleure variété qu'on puisse cultiver en espalier, au midi, le long d’un mur où le fruit mürit vers la fin d'août. La planche 5 ci-contre donne une idée de la grosseur et de la longueur du fruit. Le figuier pousse des feuilles au printemps et au mois d'août. Les premières donnent à leur aisselle des fruits (inflorescences) qui mürissent en août et que nous devons préférer dans nos climats; les secondes font pousser des fruits au printemps suivant, avant les feuilles. Ces fruits restent petits et épuisent le pied; il est bon de les détacher. — 36 — CULTURE MARAICHÈRE. LES OIGNONS TAPÉS, Par M. Cu. MORREN. « Porrum et cepe ne fas violare et frangere morsu. O sanctas gentes, quibus hæe nascuntur in hortlis Numina ! Un oignon. Est un Dieu dont il faut n’approcher qu'avec crainte : En manger est un crime. Ô la nation sainte A qui, dans ses jardins, il naît de pareils dieux ! Juvenal ne traite pas mal, on le dirait par ces vers lus isolément, les horticulteurs qui s’adonnent à la culture des oignons. Le compliment se- rait flatteur si la satire ne commençait par cette pensée : Tu sais, Volusius, à quels dieux ridicules, L’habitant de l'Egypte offre ses vœux crédules. La nation sainte qui possède des oignons dans ses jardins, est gracieuse- ment comparée à l'habitant de l'Égypte, où les oignons avaient acquis tant de douceur que les Israélites déploraient la perte de ce légume comme une de leurs plus grandes souffrances. L’oignon était, en effet, chez les Éey ptens une plante sacrée. On en a trouvé des bulbes dans les mains des momies ; On en volt de représentés encore sur les peintures et les mosaïques de Pompet. Tous ces oignons anciens étaient gros, un peu aplatis, ordi- nairement rouges. On dit celui d'Égypte blanc.” Mais il était réservé aux modernes de produire la race des oignons qu’on appelle ies oignons tapés. Ce sont ceux qui n’atteignent à peine que la grosseur d’une noisette. On les réserve surtout pour les condiments, la salade, les sauces piquantes et en général on les préfère sur les bonnes tables. Parmi ces 01gnOnS tapés , nous distinguerons : 1° l'oignon de No- cera ; 2 l'oignon de “Lisbonne ; 9° l'oignon de Gand. M. Perot a illustré d’une description et d’une figure dans la Revue hor- ticole (1850), l'oignon de Nocera ainsi nommé de la petite ville de Nocera près du Vésuve. La graine en a été introduite en France par M. Audot en 4840. C’est un joli oignon blane, a exirêmité verte. Il es de la gros- seur de nos cerises, et plus hâtif d’un mois que le blane hatüif ordinaire. Nous l’avons cultivé à Liége avec un suecès complet et cette variété est fort bonne pour notre pays, L'oignon de Lisbonne est un peu plus gros, plus vigoureux, plus Annee et terminé des deux côtés par un rétrécissement. Son gout est plus fort et quelques personnes le préfèrent parce qu'il est plus relevé. ; L'Oignon de Gund est petit, de la grosseur de nos cerises, tantôt blane, tantôt rose. Cette dernière couleur augmente de ton, et se généralise quand on dépayse cet oignon. Le fait nous est arrivé N Liége. Il est plus productif et plus sur que les deux variétés précédentes , lcsquelles se per- dent au bout quelques années. Hors de la région des sables, l'oignon tapé de Gand a plus de peine aussi à se soutenir. 1 se laisse très-bien confire au vinaigre et conserve toute sa dureté dans cel état. 1. Bouvardia leiantha. 2. Schizanthus incanus . à. Hehotrope Princesse Charlotte de Joiris. HORTICULTURE. L'HÉLIOTROPE PRINCESSE CHARLOTTE, GAIN DE M. JoiRiS , HORTICULTEUR A LIÉGE, DESCRIPTION PRÉCÉDÉE DE L'HISTOIRE GÉNÉRALE DES HÉLIOTROPES. Par M. Cn. MoRREnx. Si dans le langage horticole et botanique, au lieu de parler grec, on s'exprimait en français, le mot d’heliotropium, nom du genre auquel appartiennent et l'espèce et la variété dont il sera ici question, se tra- duirait simplement par tournesol. Æéliotropium, Hauopèri», vient de Haw (Helos) soleil et de rpero (trepo) je tourne et ce que les Grecs nommaient élégamment de ce nom, paraît avoir été une toute autre plante que notre héliotrope actuel. L'espèce d'Europe se nommait en France herbe aux verrues, parce que son sucre âcre et corrosif fait disparaitre cette affection cutanée attribuée par quelques pathologistes modernes à l’envahissement de la peau par certains champignons. M. Thibaut de Berneaud s’est occupé de cette question de littérature horticole, à savoir, de déterminer quelles sont les plantes que les anciens ont citées comme des tournesols ou des fleurs tournant vers le soleil, car dès la plus haute antiquité, l’homme a remarqué que certaines fleurs sui- vaient l’astre du jour dans sa marche diurne et se regardaient mutuelle- ment face à face. De nos jours un illustre naturaliste, De Humboldt a nommé les fleurs, les étoiles de la terre, et a démontré que les lois de la coloration de leur corolle sont semblables à celles qui président à la dis- tribution des lumières colorées parmi les astres du firmament. Plus d’un rapport lie done le soleil et les étoiles dont il fait partie, aux fleurs, astres d’un monde plus rapproché de nous. « Théophraste, dit M. Thibaut de Berneaud, a décrit un héliotrope qu’il dit être annuel, chargé de feuilles toujours vertes, se couvrant suce- cessivement et durant plusieurs mois, de grandes fleurs d’un jaune éela- tant, aimant une large lumière et s'immergeant dans les rayons solaires depuis leur apparition à l'Orient jusqu’au moment où ils se perdent pour nous à l'Occident dans les vagues immenses de l'Océan. Il est hors de doute qu'il s’agit du Soucr pes sarnins, Calendula officinalis, plante fort commune aux champs de la Grèce qui est sans cesse tournée vers le soleil dont aueun nuage ne peut lui trabir ni la marche, ni l’immensité. » « Dioscoride fait mention de deux héliotropes, Fun grand, à fleurs BELG. HOUT. T. Il. (ÿ PSE." HS blanches, velues, plus amples que celle de l'Ocymum gratissimum, L., mais, du reste, lui ressemblant beaucoup et offrant, comme elle, une disposition pareille à celle de la queue du scorpion. La racine de cette es- pèce, qui se plait sur les terrains secs et découverts, est petite, sans utilité quelconque; et ses feuilles se contournent pour suivre le soleil. L'autre espèce est petite, donne une semence ronde et semblable à une verrue pendante; elle habite les lieux marécageux et le voisinage des grandes masses d’eau. La première est la MAURELLE TEIGNANTE, Croton tinctorium ; la seconde la ScoRPIONNE vivace, Myosotis perennis des bota- nistes modernes. » « Deux espèces sont citées par Pline; elles réunissent les parties de plusieurs plantes connues de son temps sous les noms vulgaires de Tri- coccum, d'Helioscopium, de Verrucaria et de Cane aussi Ja des- eripüon qu'il en donne, alteste-t-elle l'absence de toute critique, la con- fusion la plus complète. S'il n'a pas eu en vue de désigner l'Æeliotropium supinum et l'Heliotropium europœum du genre actuel, j'avoue qu'il me deviendrait impossible d'entendre son texte. » « Je trouve encore sous le nom d'Héliotrope une plante absolument étrangère aux précédentes : elle est simplement nommée par un écrivain géoponique latin, par Vegetius, qui nous à laissé un traité de médecine vétérinaire que l’on consulle encore. Il a voulu parler de la CuicoRée sau- vaGe, Cichorium tntybus, puisqu'il dit qu'elle fournit en même temps à l'homme et aux animaux domestiques un aliment et un médicament pré- cieux. » « Quant à ceux qui, pour reconnaitre les Héliotropes des anciens, ont vu dans l'HÉLIANTHE À GRANDES FLEURS, Helianthus annuus, la fleur dédiée par les poètes à Clytie, celle qu'ils appelaient tantôt la fleur favorite du soleil, et tantôt la couronne ou le miroir de cet astre, ils ignoraient, sous aucun doute, que la plante Américaine ne parut en Europe qu'au seizième siècle, et qu'elle y fut apportée du pays des vieux péruviens. D'ailleurs, l'erreur est si grossière qu’elle ne mérite pas l'honneur d’une réfutalion. » Ainsi, pour résumer ces recherches de M. Thibaut de Berneaud, le souci serait le véritable héliotrope des Grecs et ce n’est qu'avec des pro- babilités qu'on peut regarder l’héliotrope d'Europe et celui qu'on appelle aujourd'hui l’héliotrope couché, qui peuvent passer pour les véritables héliotropes des Romains. La symbolique et le langage des fleurs de notre littérature moderne ont donc, sous ce rapport, bien des modifications à apporter dans leurs pièces en prose et en vers. L'Iéliotrope de nos jardins, Heliotropium peruvianum , dont le déli- cieux parfum de vanille a fini par faire aimer la fleur naguère insigni- fiante, a été rapporté par Joseph de Jussieu ou celui que ses contem- porains appelaient le jeune de Jussieu, au Jardin des plantes, en 1740, des collines des Cordilières du Pérou. Cette plante se répandit prompte- —— 359 ment. Le due d'Ayen fut un des premiers à la cultiver à St.-Germain et des graines récoltées chez Jui passèrenten Angleterre, à Chelsea, entre les mains de Miller, qui fit connaitre les détails de la culture par semis, par boutures, sous couche et à l'air libre. Les graines parvinrent à maturité dès la première année de l'introduction et servirent beaucoup à propager eette plante placée de prime abord au premier rang des parfums exquis. M. Thibaut de Berneaud erut qu'un HÉLIOTROPE À GRANDES FLEURS , Héliotroptum grandiflorum, introduit aussi du Pérou en 1810, allait relé- guer l'héliotrope de Joseph de Jussieu parmi les plantes abandonnées, mais l’odorat, ce sens de l'imagination, l’a emporté de nouveau sur la vue ét comme dans lhistoire du réséda et de Ja violette, plantes hum- bles, modestes, timides, mais pleines de délices, d’enivrement et de douces influences, le vieil héliotrope d’un siècle est encore aujourd’hui un des charmes principaux de nos jardins, de nos salons, de nos bouquets.” On ceultiva l’héliotrope du Pérou pendant soixante et quinze ans et cela par semis successifs sans que les horticulteurs s’avisèrent de regarder atten- tivement les fleurs et d'y reconnaitre des variétés. L'art n’était point ar- rivé comme aujourd'hui à distinguer même ce que des yeux très-experts ne peuvent saisir. Un jardinier anglais, nommé More, changea cet état des esprits au sujet de l’héliotrope et en 1815 il obtint du croisement de l/Ze- liotropium corymbosum, introduit en 1808, et auquel les botanistes an- glais rapportent l’Æeliotropium grandiflorum, de Linné, et de l’Hélio- trope du Pérou une plante hybride, laquelle circula dans le commerce horticole sous le nom d’Æeliotropium hybridum. I faut attendre beau- coup plus longtemps pour voir apparaître dans les annales de l’horticul- ture contemporaine les variétés d’héliotrope qu’on eultive aujourd’hui et parmi lesquelles les jardiniers de Liége ont fourni un contingent aussi remarquable par le nombre que par le mérite des fleurs. En 1845, les catalogues des horticulteurs belges, ne daignaïent pas même mentionner l'héliotrope du Pérou parmi les plantes commerciales. On se bornait à le cultiver pour les marchés et parmi les plantes les plus populaires. À Verviers, où l’ouvrier a une propension toute partieulière vers la culture des fenêtres ou des petits jardins, les héliotropes sont connus sous le nom de vanilles, ils y ont toujours joui d’une grande vogue et c’est dans cette ville industrieuse que nous avons vu des indivi- dus monstres, hauts de dix ou douze pieds et tout chargés de fleurs. Des pyramides d’héliotrope de cette hauteur figuraient dans les expositions et y attiraient l'attention des connaisseurs. En 1847, le Portefeuille des horticulteurs, publié à Paris, donne la gravure et l’histoire de la variété de l’héliotrope connu sous le nom de Voltairianum, obtenu de semis par M. Lemaire , jardinier de la comtesse de Boigne, à Châtenay, dans le jar- din du château où naquit Voltaire, à la mémoire duquel on dédia cette singularité. En effet, cet héliotrope sort de toutes les règles communes et c’est presque une monstruosité. Le centre de l'inflorescence (eime LS ee scorpioïde) est occupé par des ramuseules fleuris, rabougris et pressés, tandis que les rameaux de la périphérie s’échappent au loin et se ter- minent par autant de bifurcations florifères, mais à fleurs beaucoup plus petites. La fleur devint en même temps d’un bleu très-intense, tandis qu'elle perdait en odeur. Vers la même époque les jardiniers de Liége produisirent par le semis également, les héliotropes connus sous les noms de triomphe et de souvenir de Liége, et en 1850, M. Marchot y obtint son fameux héliotrope à odeur de giroflée dédié au souvenir de la Reine Louise-Marie. Nous avons voulu retracer en ces peu de mots, l’histoire de ces hélio- tropes, ancêtres de celui dont nous avons actuellement à enrégistrer l’ex- trait baptistaire. Cette nouvelle production est appelée par son progéni- teur, M. Joiris, horticulteur à Cointe , lez-Liége, PRiINCESSE CHARLOTTE de Belgique, en l’honneur de S. A. R. la fille de notre auguste Souverain. Cette fleur a eu pour mère l’héliotrope de Châtenay et pour père le souvenir de Liëge, faits que nous placons sous la responsabilité de M. Joiris, dont les mains sont sans doute plus habiles à opérer ces sortes de combinaisons que notre esprit n’est facile à les admettre. Mais quelque soit à cet égard le scepticisme dont nous ne savons nous défendre, l’horticulteur et l’ami des belles plantes peuvent se rassurer et surtout, nous les engageons à se pro- curer chez M. Jacob Makoy ou par l'entremise du bureau de la Belgique horticole, ce charmant héliotrope dont notre gravure reproduit les qua- lités sans les atteindre. La tige est noirâtre , violacée, foncée et poilue; la feuille ovale, presque obtuse, rugueuse, bosselée, d’un vert noïr, tous indices de la maternité voltairienne. Mais où le voltairien n’a plus rien à revendiquer c’est dans l’admirable inflorescence régulière où toutes les divisions de la cime sont égales, parfaitement arrondies en crosses d’évé- que, malgré toutes les prédictions du patriarche de Ferney ; les fleurs sont grandes, bien dessinées en étoiles , de première grandeur au centre, puis allant en diminuant vers la queue du scorpion. Ces fleurs ont au centre un point orange, indice du pollen, puis un cercle étoilé à cinq rayons d’un vert d’émeraude, au-delà duquel vient un fond blane, très-pur , bordé d’abord d’une nuance bleu d'azur allant en se renforçant pour devenir indigo, et puis violet foncé sur les limites marginales de la corolle. Ajoutez à ec charmant coloris dont toutes les ressources de liconographie la mieux soignée, ne peuvent rendre l’éelat, une délicieuse odeur, beaucoup plus pénétrante et plus agréable que celle de l’héliotrope de Châtenay. La Société royale d’horticulture et d'agriculture de Liége, a couronné au mois de juin 1851 l’héliotrope Princesse Charlotte, gain de M. Joiris et à partir du 4° mai 1852, les pieds de cette variété seront rendus dis- ponibles au prix de sept francs, chez M. Jacob Makoy , à Liége. Le bu- reau de la Belgique horticole recevra les demandes que ses honorables abonnés voudront bien lui transmettre franches de port. 41 BOUVARDIA LEIANTIA, BRILLANT VÉGÉTAL DE PARTERRE ET D'APPARTEMENT, Par M. Cu. Monren. Le Bouvardia leiantha de Bentham est un charmant végétal dont le genre, dédié à la mémoire de l’astronome Bouvard, appartient à la fa- mille des cinchonacées, c’est-à-dire, des quinquinas. C’est un arbuste robuste, dont la tige est droite, duveteuse, à pubescence un peu décur- vée, de deux à trois pieds de hauteur, très-branchue au sommet et toutes les branches se terminant par des fleurs. Les feuilles sont ternées, d’un vert foncé, ovales, acuminées, à peu près de quatre pouces de longueur. rugueuses, garnies sur les deux faces de poils blanes, courts et doux. plus visibles le long des nervures de la face inférieure. Les stipules sont subulées, aiguës. L’inflorescence est en eimes trichotomes, portant des feuilles bractéennes plus étroites et lancéolées, les bractées des pédicelles linéaires. Le calice offre cinq dents courtes aiguës. Le tube de la corolle est long d’un pouce, un peu obové à quatre divisions, courtes au limbe, acuminées, d’un rouge vermillon des plus éclatant; les étamines sont incluses, les filets adhérents au tube de la corolle et égaux en longueur, le style de la moitié en longueur de la corolle, le stygmate bifurqué. Cette espèce est originaire de Guatemala; elle a été nouvellement in- troduite en Angleterre chez M. Salter et se trouve déjà dans la collection de plantes de M. Baumann de Gand. Il est impossible de se faire une idée de la beauté d’un parterre où se trouvent réunis une douzaine de ces bouvardias : on ne peut supporter l'éclat de ce vermillon qui seintille. On en a cultivé jusque dans le Nord de l'Angleterre avec succès dans les jardins et les appartements. Notre gravure ne représente qu'une petite branche fleurie, mais elle suffit pour donner la diagnose de l’espèce si reconnaissable à sa gracilité. La florai- son a lieu de juillet à novembre. On propage avec facilité par des boutures de jeunes branches ou par des morceaux de racines d’un pouce de lon- gueur. On les met en végétation rapide sous couche. Quand les jeunes plantes ont un pouce de hauteur, on les repote dans un pot isolément et dans un mélange de terre de bruyère et de terre franche. Les vieilles plantes quand elles sont en repos se divisent au pied. Dés le printemps, après les gelées, on confie à la pleine terre en donnant du terreau et des arrosements de purin coupé d’eau, on avance singulièrement la végéta- tion. Une terre drainée vaut mieux que celle qui ne l’est point. En hiver, on conserve le picd comme une verveine, en orangerie et à l'ombre. En automne, si on l’a cultivé en pot, on rentre et la floraison continue une partie de l'hiver. (Gardencer’s Mag. of bot. Thom. Moore.) 148 LE SCHIZANTHE ECHANCRÉ, A FLEURS BLANCHES ET AURORES, TRÈS-JOLIE PLANTE DE PARTERRE ET D'APPARTEMENT , Par M. Cu. MoRREenN. Le genre Schizanthus dont le nom est tiré du verbe cx&o, schizo cou- per et æ%, anthos, fleur (fleur coupée), fait partie de la famille des:solanées ou des pommes de terre, section des nicotianées ou des tabacs. Cepen- dant, à voir la plante et à contempler la fleur, celui qui n’est pas bota- niste n'y verra aucun rapport de famille ni avee la pomme de terre mi avec le tabac. Parmi quatorze ou quinze espèces de ce genre actuellement connues et dont l'histoire naturelle comparée a été publiée par M. Lind- ley, figure le Schizanthus retusus ; originaire du Chili, comme plusieurs de ses congénères. M. Vilmorin de Paris s’est livré à sa culture et a produit plusieurs variétés du type primitif qui portait des fleurs roses, ayant le lobe supérieur jaune. Une de ces variétés passe au pourpre : la Revue horticole, du 1° septembre 1851, vient de la figurer avec un article his- torique de M. Decaisne; une autre, celle que nous figurons à notre tour pl. 6 fig. À de notre recueil, circule dans le commerce horticole de Belgique sous le nom de Schizanthus incanus. C’est le Schizantus retu- sus, var. tncana. Elle provient, croyons-nous, des graines de M. Vilmorin et se perpétue par les semis. Comme nous l'avons cultivée, elle a atteint un demi-mèêtre de hauteur et même plus, les tiges sont sous-frutescentes, rameuses, cylindriques, semi-ligneuses en bas, vertes en haut et brunes sur le collet, tout cou- vertes de poils courts, glandulifères et visqueux. Les feuilles alternes sont découpées, pinnatiséquées, à lobes étroits, découpés et dentés, poilues comme la tige, d’un vert gai dans cette variété albine. Les fleurs en panieule terminale se succèdent depuis 30 centimètres de tige jusqu’au sommet et sont nombreuses, à bractées droites, poilues, le calice à cinq divisions linéaires, égales, poilues; la corolle est irrégulière de la forme des papilionacées, mais autrement constituée, le lobe supérieur est échancré, d’un beau jaune aurore vif et les autres lobes inégaux, digités, fendus en quatre lobules, sont blanes avec une légère teinte rosée ou mieux incarnat. Il y a deux étamines fertiles et deux avortés. Le fruit est une capsule qui porte rarement des semences muüres. On sème en septembre pour avoir de fortes plantes au printemps et en conservant en orangeric ou au printemps, directement en bonne terre de jardin et en place. Pour les semis de septembre, on repique avant l'hiver en pot et on conserve sous châssis. On peut aussi cultiver la plante en pot tout l'été et les fleurs blanches et aurores brillent partout, dans les jardins comme dans les ap- partements parmi les plus belles. PA 7 Er REVUE DE PLANTES NOUVELLES. Echinopsis campylacantha. Pfeiff. in Salm. Dyk. Cact. Hort. Dyk. p. 59. — ÆEchinocactus leucanthus. Gill. in Bot. reg. 1840. t. 15. (non lÆ. leucacanthus Zuce.), Cereus leucanthus. Pfeiff. Enum. Cact. p. 71 (Echinopsis à épines courbées). Famille des cactées. Plante de moins d'un pied, ovale-globuleuse, de 14 à 16 côtes verticales subcom- primées obtuses, aréoles grandes, rapprochées, elliptiques, laineuses, aiguillons subulés, aciculaires , très-raides, jaunâtres, bruns au sommet, les extérieurs de 8 à 10 radiés, assez droits (d’un pouce et plus), le central très-long (trois pouces), dirigé vers le haut, courbé, calices infundibuli- formes, à écailles éparses et très-poilues. Ce cactus est originaire de la province Argentine de Mendoza, aux pieds orientaux des Andes où feu le D: Gillies le découvrit. Il l'introduisit dans les serres anglaises avec beau- eoup d’autres espèces. Ses fleurs sont très-longues, à calice grisâtre et à eorolle rose. On distingue très-bien cette espèce à ses longs aiguillons du centre, recourbés en haut et jaunes. Culture. La culture de ce cactus ne diffère en rien de celle que nous avons déjà publiée antérieurement. (Voy. Belg. hort. t. 1, p. Passiflora penduliflora. Bert. De Cand. Prodr. vol. 5, p. 526. (Passiflore à fleurs pendantes). Hook. Bot.mag. 1851. Tab. 4565. Famille des passiflorées. Plante glabre, feuilles à pétioles courts, semi-orbiculaires, cunéiformes , transversalement tronquées, obseurément trilobées, à trois nervures, à trois soies, glanduleuses au-dessous, pédoncules solitaires ou géminés allongés, pendants, articulés près de la base bibractéolés, tube du calice hémisphérique à dix bosses, couronne orangée à filets peu nombreux uni-sériés, claviformes et dressés. Cette espèce est originaire de la Jamaïque, peu brillante, la.fleur étant verte, les couronnes seules sont oranges mais courtes; le port est gracieux, les fleurs très-abondantes et s'ouvrent au printemps et en été. Ce sont les docteurs Mac’ Fadyen et Distan qui l'ont envoyée à MM. Purdie et Wilson. On connaît maintenant plus de cent cinquante espèces de passiflores dont peu sont tropicales. La Passiflora cœrulea est toujours la plus rustique d’entre toutes ces impor- tations. Culture. Cette passiflore à fleurs pendantes ne peut quitter la serre chaude où elle ne eroit bien qu’en pleine terre et sur treillis. On aug- mente sa végétation par une taille bien entendue et faite à propos, surtout par l’enlèvement des branches stériles. Un sol léger lui convient et la propagation se fait bien par boutures sous cloches étouffées et en bâche chaude. M. Smith ne dit rien de lhybridation, ni de la fécondation arti- ficielle et par conséquent rien des fruits. Or, on sait que beaucoup de passiflores portent des fruits édules excellents et la modestie de la fleur BR : OU verle de cette espèce nous ferait assez soupçonner qu'il ÿ à peut-être compensation du côté des fruits, les plus beaux et les meilleurs fruits venant toujours de fleurs insignifiantes, tandis que les fleurs brillantes n'en donnent guère, Pistia sératiotes. Linn. (Pistie sitratiote). Famille des aroïdées. Cette singulière plante que les Anglais nomment laitue d’eau, a souvent été décrite sous des noms spécifiques très-différents. William Hooker dit qu'il faut regarder comme de purs synonymes les P. Ægyptiaca, Seheid.; P. Crispata, BI. et Kth.; P. Minor, BI. et Kth.; P. Occidentalis, BI. et Kth.; P. Linguiformis, BI. et Kth.; P. Liprieurü, B1.; P. Gaudichaudit, Schleid.; P. Spathulata, Mich. et Kth.; P. Commutata, Schleïd, et Kth.; P. Obcordata, Scheïd. et Kth. — Quant au Pustia vivipara, deScheïden, cest le Parkeria juvenilis. P. Browne en fit son Pistia aquatica. Sloane le nomma Lenticula palustris, Rumph le Plantago aquatico et Rheede donna son nom malais Xodda poil. Les caractères spécifiques sont les feuilles en rosace cunéiformes, rétuses, nervures, en dessous lamelli- formes confluentes à la base, cinq anthères (pas toujours), le spadice ne dépassant pas les anthères. Cette plante aquatique est une des plus re- marquables que l’on puisse posséder dans un aquarium où elle ne brille pas par la fleur, mais par le feuillage en rosace qui ne se mouille pas et supporte les gouttelettes d’eau comme autant de perles. Les racines flot- tent et produisent aussi un bel effet. M. William Hooker a donné toute l'histoire de cette espèce intéressante et nous y reviendrons. Nous l'avons vu cultiver avec succès à Gand, au jardin botanique, par les soins de M. Donckelaar. À Liége, les caux de la Meuse la tuent comme beaucoup d’autres plantes aquatiques. On se la procure actuellement au prix de 5 fr. la plante, chez les horticulteurs qui ont des aquarium. La reproduction se fait par stolons. Culture. I faut une eau Jimoneuse de 20 à 28° cent. de chaleur, dont la culture n’est possible que dans une serre ou dans un étang d’eau chauffée par les houillères ou tout autre moyen. On la couvre d’un verre plan pour maintenir cette chaleur, quand les racines s’enfoncent dans la vase la végétation augmente. Si elle jaunit, elle souffre. Æhibaudia macrantha. Hook. Bot. mag. 1851. tab. 4566 (Tlu- baudie à grandes fleurs). Famille des vacciniées. Plante glabre, rameaux divariqués pendants, feuilles lancéolées, longuement acuminées, très- entières, pédoncules extra axillaires au nombre de deux ou de trois par aisselle, pendants, renflés au sommet, corolle d’un rose veiné de pourpre, tube renflé en ampoule à cinq angles, ouverture contractée, limbe à di- visions réfléchies, style et anthères exserts. Les thibaudies sont toutes de fort jolies plantes et celle-ci en est incontestablement une des plus remar- quables. Ses fleurs sont aussi grandes que belles, chacune de deux pouces Late et plus de longueur et d’un pouce de largeur. M. Thomas Lobb l’a trouvée au Kola Mountain où montagne de Kola dans le Moulmain, et il en a en- voyé des graines à M. Veitch, qui a obtenu des plantes en fleur en dé- cembre 1850 dans ses serres d'Exeter. Culture. M. Smith prétend que c’est un arbrisseau toujours vert, d’une culture très-facile et que déjà à deux pieds de hauteur il fleurit. On le traite comme une espèce de serre chaude, mais le curateur du jardin de Kew incline à y voir une plante d’orangerie qui demande de l'humidité. Dans l'atmosphère en été et en hiver seulement une chaleur suffisante pour qu’elle ne gèle point. Toute l'allure indique une espèce semi-épi- phyte, puisant sa nourriture surtout dans les vapeurs et les gaz atmo- sphériques, au moyen d’une température moyenne. Les éricacées et les vacciniées de la région intratropicale ont presque toutes ce caractère hor- ticole. Theresia persica. C. Koch. ( Thérésie de Perse.) Famille des Li- liacées. Périanthe à six divisions, en cloche, sépales oblongs, colorés, munis d’une fossette nectarifère en dedans, six étamines hypogynes, in- cluses, anthères profondément perforées en dessous pour recevoir le filet, ovales. Ovaire sessile, triangulaire, columellaire, triloculaire; style li- néaire, entier au bout, stigmate peu distinct; ovules nombreux, en deux séries, pressés dans chaque loge. Ce genre de liliacées est intermédiaire entre les lis et les fritillaires. Les fleurs ressemblent à celles de ces der- nières et l’habitus de la plante tient des lis. L'insertion des anthères sur les filets le rapproche des Gagea et le pistil offre une organisation toute distincte. Les bulbes ressemblent à celles de la couronne impériale. Culture. Le Theresia persica habite le mont Ararat et s’y élève à 4000 pieds d’altitude. Il croît sur une roche de trachyte délitée. Il s’en suit que dans nos jardins on fera bien de conserver la Thérésie dans un gravier mêlé de terre argileuse grasse. Le reste de la culture sera le même que celle des lis. Vraisia glaucophylla. Hook. (Vriésie à feuilles glauques). Famille des Broméliacées. Feuilles longues , en soie, glauques, subfarineuses. Hampe rameuse au sommet, rameaux distiques, pourvus de bractées ovales-lancéolées, carinées, aiguës, uniflores , les inférieures tachées de rouge vermillon, fleurs à demi-exsertes , pétales violets ou pourpres, fi- lets des étamines maculés de violet. Originaire de Sainte-Marthe, à la Nouvelle Grenade ; M. Purdie l’a envoyée à Kew, il y a déjà quelques années. | Culture. Cette belle espèce réclame les soins ordinaires d’une bromé- liacée de serre chaude, sol profond, humeux, des arrosements fréquents pendant la floraison et modérés dans le repos de la végétation. mere cms ce me dome BELG: HORT,. T. II. 7 LITTÉRATURE BOTANIQUE ET HORTICOLE. SERRES CHAUDES DES ANCIENS; INVENTION, EMPLOI, USAGE DE CES ABRIS, Par M. DuoREAU DE LA MALLE, Membre de l’Institut de France. Un savant, dont l’univers entier admire le noble caractère, le dévoue- ment à la science, l'instruction multiple et les vastes connaissances, M. Humboldt, qui depuis cinquante ans m’honore de son amitié, a dans son dernier ouvrage , le Cosmos , émis l’opinion que les anciens n’avaient pas connu les serres chaudes. $ | Je m’effraie d’avoir à combattre un ami et un tel adversaire. Ce n’est donc qu’en tremblant que j'essaierai de réunir les textes, les faits, et de lui soumettre les doutes qui me semblent pouvoir infirmer une assertion peut-être un peu trop positive. Voici le passage du Cosmos auquel je réponds (p. 470) : « la remarque faite plus haut dans le texte au sujet de l’influence que peut avoir exercée, vers le milieu du xvi* siècle, sur la connaissances des plantes tropicales et de leur physionomie caractéristique, l'établissement des jardins bota- niques dans le nord de l'Italie, me donne l’occasion de rappeler un fait avéré ; c’est qu'au x11° siéele, Albert le Grand , qui avait également à cœur la philosophie d’Aristote et la science de la nature, possédait une serre chaude à Cologne , dans le couvent des Dominicains. Cet homme célèbre, soupconné déjà de magie par son automate parlant, donna, le 6 jan- vier 1249, une fête en l'honneur de Guillaume de Hollande, qui vint à passer à Cologne. La fête eut lieu dans le vaste jardin du couvent où Albert entretenait durant l'hiver, au milieu d’une douce chaleur, des ar- bres fruitiers et des arbres en fleurs. Le récit, sans doute fort exagéré, de ce banquet, se trouve dans la chronique de Jean de Béka, qui date du milieu du xiv° siècle (! ). Bien que les anciens, comme le montre quel- ques découvertes faites dans les fouilles de Pompéï , connussent les vitres de verre, rien ne prouve jusqu’à ce jour que les serres chaudes et les maisons de verre fussent en usage dans l’ancienne horticulture. Les dis- (1) Beka et Heda, De Episcopis Utrajectinis recogn. ab Arn Birchelio, 1645, p.79; Jourdain, recherches critiques sur les traductions d'Aristote, 1843, 2e édil., p. 301 ; Buhle, Geschichte der Philosophie, t. v, p. 296. ATOME ‘As tributions de la chaleur dans les bains par les caldaria aurait pu leur en donner l’idée, mais la brièveté de l'hiver en Grèce et en Italie empêcha qu’on y songeñt. Les jardins d’Adonis (œyro Adéydos), qui indiquent si bien le sens des fêtes célébrées en l’honneur de ce héros, se composaient d’après Bæœkh , de plantations contenues dans de petits pots et représentant le jardin où Vénus s’unit à Adonis, symbole de la jeunesse trop tôt flé- trie, de la croissance féconde et de la destruction. Les Adonies étaient par conséquent une sorte de fête funèbre à l’usage des femmes, une de ces fêtes dans laquelle l'antiquité déplorait le deuil de la nature. De même que nous opposons les plantes nées en serre chaude aux libres produc- tions de la nature, les anciens se sont souvent servis proverbialement de ce mot, Jardin d’Adonis, pour désigner un développement trop hatif qui n’était pas venu à maturité et qui n'avait pas chance de vivre. Ce n'étaient pas des fleurs aux couleurs variées qu’on faisait venir rapidement à force de soins, c’étaient des laitues, du fenouil, de l’orge et du fro- ment; on choisissait, non pas l'hiver, mais l'été, et cela ne durait pas plus de huit jours. Creuzer (‘) croit cependant que, à part la chaleur natu- relle, on hâtait aussi le développement des plantes qui composaient les jardins d’Adonis dans les pièces artificiellement chauffées. « Le jardin du cloître des Dominicains à Cologne, rappelle un cloitre de St.-Thomas, situé au Groëland ou en Islande , dont le jardin, toujours dépourvu de neige, était chauffé par des sources naturelles d’eau bouil- lante, ainsi que le rapportent les frères Zéni, dans la relation des voyages qu'ils firent de 1588 à 1404 mais qui ne permettent guère de déterminer les localités qu’ils parcoururent. Dans nos jardins de botanique , létablis- sement des serres proprement dites paraît être beaucoup plus récent qu’on ne le croit d'ordinaire. Ce fut à la fin du xvne siècle, qu’on obtint les pre- miers ananas mürs. Linné (?) affirme qu'on vit pour la première fois fleurir un bananier en Europe dans le jardin du prince Eugène, à Vienne, en 1751. » Je ne suis pas surpris qu’un savant comme M. de Humboldt n'ait pas admis l'usage et l’emploi des serres chaudes chez les anciens, car les preuves directes du fait ne se trouvent à peu près que dans deux dia- logues métaphysiques et dans la vie d’un charlatan. Or ce n’est pas or- dinairement à de telles sources qu’on puise la lumière et la vérité. Je rencontre la plus ancienne mention des châssis ou serres chauffées arti- ficiellement dans le Phœdrus de Platon; on les appelait jardin d’Adonis. Une graine ou une branche d'arbre introduite dans ces jardins d’Adonis parvenait en huit jours à un développement et à une maturation que l’on (1) Creuzer, symbolik und Mythologie, vol. 2, p. 247, 250, 479, 481. (2) Linné, Musa cliffortiana florens Hartecampi, et Beckman, Geschichte der Erfindungen, L.1v, p. 287. LA AN ts rs Los n’obtenait qu’en huit mois à l’air libre, la précision de ce passage est telle et l’oppostion de huit jours à huit mois entre les jardins d’Adonis et la pleine terre est si tranchée, si frappante, qu’il me semble impossible de se refuser à y voir l’horticulture en serres chaudes comparée à l’agrieul- ture en pleine terre. L'Empereur Julien n’est pas moins formel. « Qu’appelle-t-on, dit-il, jardins d’Adonis ? ceux dans lesquels on met en pots, dans une terre de couche, des végétaux qui fleurissent très-vite, et se flétrissent en peu de temps. » Philostrate parle aussi du palais et des jardins d’Adonis , dans lesquels les Assyriens placaient, pour les porter aux fêtes solennelles de ee demi- Dieu, des plantes en pots qu’ils arrangeaient de manière à les faire tenir tous sous le même toit (ouwpaæprous). Théophraste, botaniste et horticulteur éminent indique par un seul mot les jardins d’Adonis, ces châssis ou serres chaudes chauffées artifi- ciellement, il dit, en parlant de l’Abrotanum (Artemisia Æthiopica, L.). « On le propage plutôt de graine que d’éclats de racine et de drageons; il est même difficile de l’obtenir de graine lorsqu'il est mis en pots, comme on le fait pour les jardins d’Adonis. On l’y sème en été, car il est ex- trêmement maladif à l’air libre, même quand le soleil brille dans toute sa force. Là, il reprend de la vie, s’enracine, croit, devient grand, ro- buste , et atteint la taille et la grosseur d’un arbrisseau. » Ces textes que j'ai traduits fidèlement, me semblent décisifs. Domitien avait, je crois, une serre semblable dans son allée du mont Palatin. Bellori a trouvé dans ces ruines une inseription portant le nom d’Adonea, qu’on voit encore gravé sur le plan en marbrede l’ancienneRome. Je pense donc, non sans quelque raison, que dans ce lieu était la serre où l'Empereur faisait cultiver les plantes exotiques. Il me semblerait déjà très-vraisemblable, quand même on ne serait appuyé par aucun texte précis, que les Grecs et les Romains, ayant l’usage des bains chauds, et un grand amour pour les fleurs et les parfums, ont dû adjoindre des serres chaudes à leurs thermes publics et privés, car il ne s’agissait que d'établir une bouche ouvrant et fermant à volonté qui, du caldarium rendit de l’air chaud dans le châssis ou la serre adjacente. Cependant, jusqu'ici, on n’était point encore arrivé à constater positive- ment ce fait. Je donnerai maintenant d’autres preuves indirectes qui me semblent néanmoins aussi concluantes. Un passage formel de Columelle qui, de même que celui de Théophraste, n’a jamais été cité, dans cette question, me porte à croire que les Romains du temps de cet agriculteur, c’est-à-dire du premier siècle, avaient déjà des serres chaudes, ce qui leur était facile en usant de la vapeur des étuves de leurs bains; car, après avoir dit que la Judée, l’Arabie surtout, sont renommés pour l’excellence de leurs parfums, il ajoute : EUX pe « Rome possède dans l’enceinte de ses murs, les arbres aux odeurs, aux parfums précieux qui croissent en plein air dans la Judée et dans l'Arabie.» Il cite entr’autre le baumier de Judée, les arbres qui produi- sent l’encens et la myrrhe; il affirme en témoin oculaire qu’on voit les jardins de cette capitale du monde ornés de myrrhe et de crocus en fleurs, et que, dans plusieurs lieux de Rome, il a vu la cassie ou cannelle couverte de feuilles en même temps que l'arbre de l’encens, Thurea planta, et la myrrhe fleurissant dans les jardins. «Ces exemples nous apprennent, dit-il, en finissant, que grâce à l’habileté de ses cultivateurs, elle a appris à porter les végétaux de presque tout l’univers. » Peut-on désigner d’une façon plus précise, après avoir nommé le bau- mier, le cannellier, le crocus, les arbres de l’encens et de la myrrhe, tous issus des régions brülantes de l’Arabie, peut-on mieux désigner enfin les habiles jardiniers qui, dans l'Italie, cultivaient en serre chaude ces plantes exotiques? Il faut bien que ces végétaux aient été abrités ainsi pen- dant la moitié au moins de l’année, qu’on les ait retirés l’hiver dans les serres voisines des Caldaria, et qu’on n’ait exposé en plein air ces plantes frileuses que dans les trois mois de l’été où la température moyenne se maintient à Rome entre 25 et 35 degrés au-dessus de zéro, sans quoi elles n’eussent pas vécu une année entière. Il existe en outre un passage dé- cisif de Théophraste sur la contrée qu'habitent ces arbres d’encens, la myrrhe, la cassia, la cinnamone ou cannelle, deux espèces de la tribu des cinnamonées, que M. d’Esenbeck a décrites dans son systema Laurti- nearum. Le botaniste grec les place autour de Saba, d’Adramytta, de Citibana et de Mali; or, ces villes célèbres, qui portent encore les mêmes noms, étaient situées dans la chaude contrée d'Arabie que l'antiquité a nommée heureuse à cause de l'abondance et la suavité de ses parfums. Cette discussion sur les serres chaudes, qui me semble au premier aperçu une digression étrangère au sujet et au but de mon ouvrage sur le climat ancien et moderne de l'Europe, s’y rattache cependant par un lien serré, car la culture en serre chaude et en caisse des arbres exotiques tirés des contrées tropicales les plus brülantes , le nombre de mois où ils pouvaient vivre en plein air sous le climat d'Athènes et de Rome, fournis- sent un élément météorologique dans cette question. Conclusions : 1° Je crois avoir prouvé que les Grecs et les Romains, pour hâter la croissance des graines et des végétaux dans leurs jardins d’Adonis , employaient la chaleur artificielle ; 2° Je regarde comme très-probable, puisque l'usage des vitraux et du verre en fiole existait en Orient dès la plus haute antiquité, et que par le commerce il se transportait à Athènes et à Rome, que les anciens ont dû avoir des serres adjacentes à leurs bains , et que ces châssis ou ces serres étaient chauffés par l'introduction de la vapeur de leurs étuves. | à (Revue horticole.) 4 = FLORICULTURE DE LA DEMEURE. DES FAÇADES FLORIFÈRES, Par M. Cu. MoRREN. Il n’est pas d’étranger passant par Liége qui ne s’arrête étonné et charmé tout à la fois, devant la maison n° 65, du carrefour des rues du Pont d'Ile, Vinave d'Ile, Pot d'Or et des Dominicains. La gravure ci-jointe est des- tinée à donner une idée de l’ornementation toute floréale que son intelli- gent locataire, M. Lecureux-Fraipont, a su donner en véritable prêtre de Flore et d'Hébé, à une façade d’ailleurs bien simple. Le plus somptueux hôtel, le monument le plus élégant attirent moins les regards que cette maison bourgeoise embellie par les pures créations du règne végétal. Tout le long du balcon du premier, règnent dans l’ombre et voïlés dans la verdure une suite de caisses et de pots, où se pressent, s’élancent et se projettent à l’envie des pelargoniums aux fleurs de feu, des rosiers aux teintes les plus tendres et aux parfums les plus suaves, des héliotropes de toutes les variétés produites par l’industrieuse horticulture liégeoise, des rosages aux bouquets empourprés, des kalmies aux boutons d’émail et bien d’autres végétations non moins brillantes que lient entr’elles des ipomées, des convolvulus , des calystégies, des cobées grimpantes, s’enla- çant et retombant en guirlandes fleuries du premier au second et du toit au balcon. Des deux côtés de ce jardin fénestral s'élèvent comme des flammes éternelles deux cyprès en pyramide, dont la verdure sévère fait ressortir la gaité et les sauts capricieux des plantes grimpantes et volu- biles. À chaque fenêtre du second, en avant, hors d’un parterre sus- pendu, germent et fleurissent des annuelles parmi lesquelles les gesses odorantes jouent un premier rôle, tandis que de la traverse de toutes les fenêtres des corbeïlles suspenseurs laissent descendre des plantes variées, sans nombre et renouvelées depuis les premiers jours du printemps jus- qu'aux derniers adieux d’un automne prospère, selon les exigences des saisons et les ressources de l’art horticole. M. Lecureux dont le dépôt de champagne jouit d’une réputation des plus honorables, ordonnateur, horticulteur et créateur de ces jardins non pas soutenus comme ceux de Babylone sur des murs très-solides, mais réellement suspendus et mieux ornés que ceux de Sémiramis,M. Lecureux, malgré tout son amour pour Flore, dont il cultive avec tant de soin et tant d'intelligence les fleurs bien aimées, a cru, et ce pour des raisons très-légitimes, pouvoir remplacer la statue de la déesse des fleurs par celle d’'Hébé, qui semble verser le vin d’honneur à tous ceux qui voudront bien aller visiter la demeure du maitre’ de céans, depuis le grenier Jus- qu'à la cave. à PU UN PUITS ni | TS DES Q sœ Fe k ; J 4 ” LEC » WW WWW | ji I U nl . ARRET ARR 2e D = JARDIN FRUITIER. FRAISE GRÉTRY, GAIN DE M. LORIO, Par M. Cu. MoRREN. M. Lorio (rue Naïmette, Hocheporte, Liége), est sans contredit le plus grand cultivateur de fraisiers des environs de la ville réputée pour ces excellents fruits. Ses produits toujours estimés au marché parmi les meil- leurs, sont enlevés les premiers pour l’exportation, et une exploitation maraichère d'environ sept hectares paye pour ainsi dire le bail unique- ment par la vente des fraises. Ces détails doivent être une garantie de la bonté des variétés nouvelles obtenues par le semis de cet intelligent cul- tivateur. La figure première, pl. 8 représente la Fraise Grétry, gain de 1850, non mise en vente jusqu’en 1851, pour s’assurer de sa fixité. Le fruit est uniformément conique, long de 6 à 7 centimètres sur 3 ou 3 {2 de base, la pointe assez fine. Les sépales d’abord appliqués sur le fruit, se relèvent ensuite. La chair est en dedans très-foncée en couleur, d’un pourpre vineux, ainsi que l’axe du réceptacle. Cette fraise est d’un goût sucré, rafraichissant, franc. Elle mürit vers le milieu ou la fin de juin. Sa productivité est extraordinaire; elle se con- serve très-bien pour les marchés et l’exportation. Sa forme régulière, sa longueur surtout la font rechercher pour les bonnes tables. M. Lorio vend de bonnes plantes 1 franc la pièce. es FRAISE TRIOMPHE DE LIÉGE, GAIN DE M. LORIO, PROPRIÉTÉ DE M. JACOB MAKOI, PAR LE MÊME. La figure 2 représente un gain de M. Lorio, fixé en 1851 , et formant la plus grosse et la plus grande fraise de toutes celles nées, pensons-nous, en Belgique. Nous en avons vu des fruits qui n’entraient pas dans un verre à bierre d’un demi-litre, et quand on a visité les magnifiques frai- sières de M. Lorio, on reste convaincu que cette variété n’est si grosse que par la soudure de plusieurs fraises en une. Toutefois, cette structure se perpétue, se conserve et se reproduit annuellement sur les pieds divi- sés de la même plante. War. : 0 PAPE TE + #;: à ne SRE ru abs y PE Mee Mort Fee ie de pri dr. fe" QE EC) LEA E dar) VAR: fi "M3 i} À JUL LT True HISTR PTT EL 14. D LORIE LISTER ñ rt ar Made ©: 1081 ICT ON ET GILET ENRTE Sabre dat | pl dE a 2200 R «ring sh 1 hu 340 4 nt Fraises. in Gretrv. 2. Triomphe de Licde. 3. St Lambert . 4. Muscadin de L 160€ . Le 3 Le meer MS = La Fraise Triomphe de Liége, est ordinairement beaucoup plus large que haute. Elle mesure en largeur 7 à 9 centimètres, parfois plus sur une hauteur de quatre centimètres. Tantôt on y reconnait deux fraises sou- dées, tantôt trois. Le bord libre aminei sensiblement est sinueux et bosselé. La couleur assez foncée sur lun des côtés, parfois d'un pourpre vineux très-haut de ton, et sur l’autre face, le rouge clair allant à lincarnat. Les grains d’abord verts puis pourpres. La chair est en dedans assez rouge, les filets internes blancs, le goût est pur, rafraichissant. C’est une excel- lente fraise, d’un bon rapport et des plus grandes qu’on puisse posséder, sans être ni ereuse ni neigeuse en dedans. La propriété de cette variété de fraisier est passée entre les mains de M. Jacob Makoi, horticulteur à Liége. FRAISE St.-LAMBERT, GAIN DE M. LORIO, PROPRIÉTÉ DE M. JACOB MAKOI, PAR LE MÈME. La figure 5, pl. 8 représente une variété de fraisier très-distincte, obtenue par M. Lorio et acquise par M. Jacob Makoi, auquel il faut s’a- dresser pour l’obtenir. Elle a été nommée Sf.-Lambert, nom cher aux Liégeois. Cette fraise est constamment carrée et applatie. Elle mesure quatre centimètres de hauteur sur autant de largeur. Épaisse à sa base, elle s’amineit à son sommet comme une langue dont elle a la forme, l’ap- platissement et la couleur. Celle-ci est pourpre, sanguin foncé. L'inté- rieur est d’un rouge assez foncé, les graines restent vertes généralement. Le gout est sucré, frais, un peu rehaussé d’un souvenir de vin. Ce fraisier est trés-productif, la dernière fraise grandit et mürit comme la première. Se conservant sans peine par la fermeté du fruit, celui-ei souffre le transport facilement et la fraise St.-Lambert devient ainsi une excellente variété de marché. FRAISE MUSCADIN DE LIÉGE, GAIN DE M. LORIO, PAR LE MÈME. Parmi les variétés obtenues par le semis, dans l'établissement deM. Lorio, nous avons distingué une fraise qui ne brille pas parmi les plus grandes, mais qui sans doute aucun, occupe un rang supérieur parmi les bonnes variétés relevées pour le goût et la délicatesse. Elle est représentée fig. 4. D'une belle forme ronde, presque sphérique complétement elle n’offre BELG. HORT. T, I. 8 UN un) pas de cou visible et les grains d’un jaune doré se placent avec régula- rité sur la surface du fruit. Le calice d’abord applati se relève ensuite par l’âge. La couleur est un rouge vermillon très-vif, passant au jaune orangé et à la teinte rose. En dedans la chair est blanchâtre et vers la périphérie elle devient d’un rouge vermillonné vif. Mais ce qui distingue éminemment cette fraise, c’est son goût aroma- tique, légèrement musqué, mitigé par une excessive douceur. Ce n’est pas le muse des fraises musquées, mais un arôme et un goût dérivant de celui-ci des plus agréables. Le Muscadin de Liége figurera avec honneur sur les meilleures tables. La variété est productive, elle porte ses fruits pendant près d’un mois; eur forme ronde , leur volume moyen (4 centimètres de diamètre), leur fermeté, donnent les moyens de les transporter au loin. Nous avons fait déguster cette fraise à un grand nombre d'amateurs qui lui ont donné la palme sur beaucoup de variétés nouvellement produites et vantées. M. Lorio met en vente ce fraisier vraiment recommandable au prix d’un franc. Il ne reste donc aucun doute que les semeurs belges de fraisiers ne puissent rivaliser tout de bon avee les meilleurs producteurs des îles bri- tanniques. DE LA GREFFE PAR APPLICATION (‘}, Par M. Fézix B. On peut greffer non-seulement en introduisant la greffe sous l’écorce, ou dans une fente commune à l'écorce et au bois du sujet, mais encore en l'appliquant simplement sur l’intérieur de l’écorce et le bois mis à nu. On emploie ordinairement pour greffer par application, comme pour sreffer en fente, une portion de rameau portant deux ou trois yeux à bois, mais la manière de tailler la greffe et le sujet varie , suivant que le sujet est de même grosseur ou plus gros qu’elle. Quand le bas de la greffe est de même grosseur que la partie du sujet qui doit la recevoir, on les taille tous deux d’un côté en biseau allongé, (1) Cette notice, écrite à la demande de feu M. Puvis, a pour base outre quelques années de pralique personnelle, ce qu'ont dit sur cette matière les auteurs allemands les plus recomman- dables , tels que Christ, Dittrich, Læmmerhert, Ferdinand Rubens, etc., de sorte qu’on peut la regarder en partie comme le résumé de Pexpérience d’un grand peuple. Nous sommes un peu arrièrés en pomologie. El serait bien à désirer que l’on traduisit en français le manuel de Rubens, et que l’on fondit ensemble, pour nous, quelques-uns des nombreux écrits populaires, publiés en Allemagne sur la culture des arbres fruitiers par les Sociétés pomologiques ou des praticiens distingués. Il est bien fâcheux aussi que personne n'ait encore mis en francais in- velligible la Pomonomie belge de Van Mons, réduite de moitié. MAS. bien plan et de même longueur, on les ajuste exactement et on les attache solidement ensemble. C’est la greffe à l’anglaise du Bon Jardi- nier (!). Mais ordinairement la greffe est plus mince que le sujet. Alors, sil n’est pas beaucoup plus gros qu’elle, on le coupe d’abord carrément, puis on enlève obliquement assez d'écorce et de bois pour former une plaie de même dimension que le biseau de la greffe. S'ilest beaucoup plus gros, on le coupe aussi horizontalement, puis on ôte d’un côté, jusqu’à l’aubier, une lame d’écorce telle que le biseau étant appliqué sur la plaie , le bois de la greffe porte sur l’aubier, son écorce sur les couches intérieures de l'écorce, et qu'il n’y ait point de vide entre eux (?). (1 ) Cette greffe, l’une des plus simples et des meilleures, n’est qu’accessoirement indiquée, par Thouin. Noisette, voulant la compléter, la décrit sous le titre de greffe en fente par juxta position en biseau. I1 nous semble que le nom de greffe par application terminale, lui convien- drait mieux ; et que , pour désigner les autres du même genre, on pourrait qualifier de latérale celle qui remplit un vide le long d’une tige ou d’une branche, et de termino-latérale celle d’un rameau à l’extrémité d’un sujet plus gros que lui. Celle-ci et la première sont ce que les Alle- mands et les Belges nomment copulation. (2) Quand le sujet est gros, son écorce est épaisse. Il en résulte que pour mettre à nu un peu d’aubier , on fait une plaie dont le biseau ne peut recouvrir qu’une partie. Du reste, plus l’é- corce du sujet a d'épaisseur , plus il est difficile d’en enlever juste assez pour que le bois porte seulement sur le bois et l’écorce. On n’obtient ordinairement qu’un à peu près. Il suflirait, à la rigueur , qu’un point de l’aubier fût mis à nu, pour que la communication s'établit entre les deux siéges de l’accroissement en épaisseur , c’est-à-dire, entre la partie de la greffe où l’écorce et le bois se touchent, et la mème partie du sujet. Nous croyons même que si la plaie latérale n'allait pas jusqu’à l’aubier et qu’on n’appliquât le biseau que sur les couches les plus inté- rieures de l’écorce, la greffe n’en réussirait pas moins. Mais comment, dira-t-on, ces nouvelles couches communiqueraient-elles avec les racines? Nous avons assez de confiance dans la force végélative pour supposer qu’un trou se formerait dans le liber du sujel. C’est une expérience que nous voulons faire prochainement. On sait qu’absorbé surtout par les extrémités des racines , là sève monte par l’aubier jusque dans les feuilles , où elles s’épaissit par l’évaporation et acquiert, par sa combinaison avec de nouveaux principes puisés dans Patmosphère, les qualités nécessaires à la formation du bois, et que, dans ce nouvel état (cambium) elle redescend entre l’écorce et l’aubier, et par les vais- seaux des couches intérieures de l’écorce (liber) pour former, depuis le sommet des branches jusqu’à l’extrémité des racines, un nouveau feuillet du liber sous l’écorce et une nouvelle cou- che d’aubier sous l’aubier. 1] en résulte que l’écussion à œil poussant ne se soude pas avec lau- bier mais avec la nouvelle couche de liber formée par le cambium qui s’introduit entre eux ; et que, s’il est lignifié, les nouvelles couches de-liber et d’aubier se forment entre son boïs et son écorce, et laissent sous elles sa lame de bois en contact probablement inerte avec l’ancien au- bier du sujet. Il semblerait en résulter encore que la sève descendante n’exislant pas dans un sujet privé de feuilles , la soudure de la greffe y serait impossible. Mais tant qu’un arbre n’est pas mort, une certaine quantité de cambium déposé dans toutes ses parties, continue d’y cir- culer de différentes manières, comme le prouvent, soit le bourrelet qui se développe sous les scions fichés en terre et sur la coupe du sujet , soit les bourgeons et les bouquets de fleurs qui poussent au sommet de greffes plantées à la cave dans le sable humide, phénomènes dont l’eau absorbée par les racines ou par la plaie inférieure ne suffit pas pour rendre compte. C’est pro- bablement par les vaisseaux qui se forment dans le cambium aussi exsudé, et qui s’abouchent avec ceux des libers que l’union s'établit d’abord entre le sujet et la greffe. C’est surtout par là, et par les nouvelles couches qui s’organisent entre leur écorce et leur bois, que la soudure a lieu. Le bois de la greffe et celui du sujet ne se soudent pas, du moins nous n’en avons jamais vu d’exemple. I reste là deux surfaces mortes contiguës, comme dans Les greffes en fente. + 2h Meg Quant à la greffe, si son biseau la traversait de part en part, il la dé- tournerait d'autant plus de la direction verticale, que celle de la plaie la- térale l’en rapprocherait lui-même davantage, et étant plus étroit dans le haut que dans le milieu, il ne couvrirait pas entièrement le haut de cette plaie. On évite ces inconvémients en entaillant d’abord la greffe plus ou moins profondément, et en faisant partir le biseau du fond de l’entaille, de sorte qu’au-dessus de lui se trouve un eran, qui repose à plat sur la coupe du sujet. Quelques personnes préfèrent façonner la greffe en ligne courbe au-dessus du biseau , dans le genre d’un bec de flageolet, trouvant moins facile de l’ÿ entailler carrément. On arrondit alors le haut de la plaie latérale d’une manière correspondante. Un autre moyen de donner à la greffe une bonne direction sans y faire un cran, c’est de tirer parti d’un seion courbe ou d’une courbure du sujet. Ces deux derniers genres de taille la rendent plus forte du pied, et quoique alors elle ne recouvre pas aussi bien le haut de la plaie et qu'il y ait plus à faire pour la cicatri- sation , elle n’a pas moins de chances de réussite. — On peut modifier tout cela de diverses manières : l’essentiel, c’est de façonner tellement la greffe et le sujet, que leurs plaies coïncident, et qu’il ne se forme pas un coude disgracieux à leur point de jonction. Rien n’est plus facile et on n’a pas besoin de leçon, le bon sens suffit; mais afin de commencer avec plus de confiance et de mieux réussir dès les premières fois, il est bon d’essayer d’abord avec du bois sans valeur, uniquement pour s'exercer. Le meilleur instrument pour ce genre de greffe est un canif à large lame, ou un petit couteau dont on a rétréci la lame vers le bout, en don- nant au dos une forme concave depuis le milieu jusqu’à la pointe. Il va sans dire qu'on doit le tenir toujours bien propre, bien tranchant, et qu'il faut couper bien net l'écorce, le bois et la moëlle. Avant de placer la greffe, on en garnit le haut de cire à greffer. On em- ploie pour cela , comme pour recouvrir la coupe du sujet, différentes com- positions , qui ne doivent pas couler en été, ni se fendre en hiver, et qui, tenues à la température du corps, dans la poche ou la main, doivent être assez molles pour s'étendre aisément en minces feuillets, et assez gluantes pour adhérer fortement à l’écorce, sans s’attacher trop facilement aux doigts. Pour préparer celle que nous employons, nous faisons fondre sur un feu très-doux huit parties de cire jaune , puis nous y ajoutons une par- tie de térébenthine commune, en consistance de bouillie, nous remuons pour bien mélanger, et nous vidons sur un papier mouillé, disposé en creux dans un vase contenant un peu d’eau. Quand nous en avons be- soin nous en pétrissons un morceau que nous portons dans une petite boîte en fer-blanc.—Voici celle de Christ, qui est regardée en Allemagne comme la meilleure : on ajoute à une partie de résine et à deux de cire jaune, préalablement fondues ensemble, une de térébenthine, on remue bien le tout, et on le verse dans de l’eau fraîche, puis, dès que la masse est assez refoidie, on la pétrit bien, et l’on en forme des cylindres que Bi l’on recouvre de papier huilé. Ces compositions étant trop dures lorsqu'il fait froid , on y ajoute alors un peu d'huile d'olive ou de lin. La greffe une fois taillée et garnie de son bonnet de cire , nous la met- tons en place , puis nous la collons au sujet, en appliquant sur le dos du biseau une feuille de cire un peu plus grande que lui, précaution qui fa- vorise la réussite, et qui rende nos deux mains libres pour ligaturer, mais dont on peut se dispenser, à moins que, l'écorce étant épaisse, le biseau ne laisse à nu une portion notable de la plaie. Dans ce cas, il faut le couvrir et l’entourer d’une quantité de cire suffisante pour que le lien puisse bien serrer la greffe et le sujet l’un contre l’autre. Cela fait, nous lions avec un ruban, ou chevillière de coton, plus ou moins large suivant la grosseur du sujet, recouvrant tout le biseau , serrant fortement, sur- tout dans le haut, et fixant solidement avec la cire. Ensuite nous exami- nons si malgré le soin que nous avons eu de maintenir la greffe en place, elle ne s’est point dérangée , et au besoin nous la renfoncons et la redres- sons un peu sans délier , ce que la cire facilite. Enfin nous en appliquons sur la Le pop autre feuille que nous faisons adhérer de notre mieux au bois, à l'écorce et à la greffe et joindre exactement à celle-ci, en ap- puyant avec un petit cylindre de bois dur taillé en biseau, que nous avons soin d’humecter. Iei, comme pour couvrir le haut de la greffe, il serait plus diffieile de faire bien tenir la cire, si l’on ne pressait qu'avec les doigts (*). Avant de l’appliquer , on essuie avee un mouchoir, si la coupe est mouillée de sève. On peut air pour la ligature des bandes us toile, du gros chanvre ou toute autre espèce de liens, pourvu qu’ils soient Mate et peu sujets à se raccourcir dans les temps humides. Quelques personnes les enduisent de cire à greffer , afin de les rendre plus durables et de pouvoir s’en servir plusieurs fois. La plupart des au- teurs allemands préfèrent les bandes étroites de fort papier collé, enduit (4) La cire favorisant la cicatrisation de la greffe et du sujet, et empêchant que leur bas ne sèche, il importe de savoir la faire tenir aussi longtemps que possible. Si l’on en met trop, le bourrelet , en se formant par dessous, la fait sauter, parce qu’elle n’est pas assez flexible pour s'étendre par place; tandis que si elle est trop mince, elle se brise sous son effort. Re- poussée sur toute la circonférence de la coupe, on ne doit pas compter qu’elle demeure atla- chée au centre; c’est donc plus bas contre l'écorce, qu’il faut autant la fixer avec soin. Pour cela , tenant la greffe de la main gauche, on pose sur le bout une lentille de cire, on l’y apla- tit, on en abaisse les bords au-dessous de la coupe et on les y colle avee trois doigts de l’autre main. Puis faisant tourner la greffe dans la gauche, on presse en même temps la cire contre lépiderme avec le dos du biseau de bois dur dont nous avons parlé, en évitant d’empâter l’œil. Enfin celte pression la détachant ordinairement de la coupe, on la fixe de nouveau avec le plat du biseau , et l’on arrondit et perfectionne le tout avec les doigts. On fait à peu près de même pour couvrir la coupe du sujet en ayant la précaution de soutenir le bas de la greffe du côté opposé, pendant qu’on presse la cire contre elle. Malgré ce soin que demande la cire à froid pour atteindre parfaitement son but, elle est bien plus commode que la cire à chaud , lorsqu'on ne travaille pas en grand et régulièrement on ne saurait guère s'en passer pour greffer sur arbre élevé ou loin de chez soi. me) d’un mélange de cire jaune et de térébenthine , que l’on étend chaud sur les feuilles avec un pinceau. Ces bandes ont le mérite de se relâcher et même de se briser peu à peu, à mesure que la greffe grossit, ce qui dis- pense de desserrer la ligature. Mais quelques-uns rejettent ce moyen parce que, selon eux, le papier n’est pas assez fort pour lier serré (‘). Si l’on emploie des liens qui ne cèdent pas, on les relâche dans le cours de l'été, aussi souvent qu'il en est besoin pour empécher l’étranglement, et on les laisse au moins jusqu’à la chüûte des feuilles; sans parler du tu- teur qu’il est nécessaire de donner aux greffes vigoureuses pour les protéger contre les coups de vent, tant qu’elles ne sont pas bien consoli- dées (°). (1) Le meilleur lien pour toutes sortes de greffes, dit Van Mons, est le roseau de la natte de Moscovie. Il ne rompt par le gonflement de l'écorce, et n’a pas besoin d’être desserré, ni incisé. C’est un soin onéreux dont il dispense et auquel on ne saurait donner trop d’attentiom si l’on employait des ligatures plus résistantes. (2) Il est de règle qu’on laisse croître la greffe sans y faire aucune suppression de bois la première année. Nous ajouterons qu’on hâte la cicatrisation en taillant la greffe de telle sorte que son œil inférieur soit tourné du côté de la coupe du sujet, et en retranchant après la re- prise, la proportion de bois qui pourrait s’être desséchée sur cette coupe pourvu qu’ensuite on recouvre bien de cire. | Les autres manières de greffer étant d’une exécution assez difficile, on suppose volontiers, lorsqu'on ne réussit pas, que l’on a mal opéré. Mais ici l’opération est si facile , les points de contact des parties les plus vives si nombreux, et par conséquent, les chances de reprise si grandes, que lorsqu'on pratique habituellement, on s’étonne des revers et l’on s’applique à en découvrir les causes. On reconnaït alors que l’insuccès vient presque toujours, quand la greffe est saine , de l’état du sujet, ou des intempéries et des autres dangers qui la menacent jusqu’à ce qu’elle soit parfaitement soudée. On ne saurait visiter trop souvent, surtout lors- qu’elles se préparent à pousser , les greffes que l’on tient à faire réussir. Il arrive fréquemment, dans les temps humides, que dès que les yeux commencent à s’enfler ils sont creusés et compléte- ment évidés par des limaces, aussi petites parfois que des grains de blé. Les chenilles leur font aussi beaucoup de mal : souvent, aux premiers beaux jours , de toutes petites, qui ont survécu aux froids, sortent de leurs nids, rôdent partout affamées, se jettent sur le moindre bouton qui verdit, et rongent les yeux des greffes à noyaux , de l’automne, qui s’annoncaient le mieux, avant qu’ils aient pu s’ouvrir et qu’on ait remarqué cet ennemi plus redoutable peut-être que les gelées tardives. Il est bon de placer dans le voisinage des greffes des plan- chettes, de la mousse humide où des torchons de paille mouillée, où les limaces se rassemblent et où on les prend pour les détruire. Quant aux chenilles, un agronome :nnoncait dernière- ment qu’on en préservait infailliblement les arbres en entourant leur tige de lanière d’écorce de mürier : l’écorce du noyer et du frêne produirait vraisemblablement le même effet ear ces arbres ne sont jamais attaqués des chenilles. L’eau de savon tue à l’instant les pucerons qui nuisent souvent aux greffes plus tard , mais il faut ensuite laver à l’eau pure. Tout cela n’exige que des soins; mais ce qui est moins facile, c’est d’apprécier exactement l'énergie vilale d’un sujet, et le plus ou moins de rigueur que l’on doit mettre à supprimer les bourgeons qui se montrent au-dessous de la greffe, soit avant, soit après, même après la re- prise. Plus ils sont voisins de la greffe, plus on peut les tolérer , et il est souvent à propos d’en laisser un près d’elle, tant que les feuilles qu’elle a produites sont insuffisantes pour rétablir les fonctions normales des jeunes racines. C’est aussi la plus ou moins grande vigueur du sujet qui doit déterminer la plus ou moins grande quantité de feuilles qu’il convient de lui laisser lorsqu'on le greffe en pleine sève. Le but c’est d’empêcher que la greffe ne soit noyée par une surabondance de sève aqueuse ou ne sèche faule d’aliment. Pour apprécier avec certitude les moyens d’y réussir dans le cas donné, il faudrait non-seulement connaître l’état des racines et la force vitale du sujet, mais savoir quel temps il fera, c’est donc une affaire de probabilité el d’instinet. ES" PR Pour distinguer de la greffe à l’anglaise, la greffe par application avec un rameau plus faible que le sujet, on devrait peut-être lui donner le nom de GREFFE ALLEMANDE, attendu qu’elle parait originaire de l’Allemagne, que depuis environ cinquante ans elle s’y répand de plus en plus, et qu’elle y est recommandée par les meilleurs auteurs. Ce qui fait son mé- rite, c’est non-seulement qu’elle est d’une exécution très-facile , et que, mettant largement les libers en contact, elle offre les plus grandes chan- ces de reprise, mais encore qu’elle convient au bois de tout âge et se pra- tique en toute saison. On ne peut greffer à l’écusson que sur le bois en- core jeune avec des pousses fraichement cueillies et quand la sève est assez abondante pour que l'écorce se détache aisément; tandis que toute l’an- née on peut enlever une lame d’écorce jeune ou vieille, et appliquer sur la plaie le biseau d’une greffe cueillie depuis longtemps. La fente met à une rude épreuve les sujets faibles ou délicats et une sève abondante ne saurait venir trop tôt remplir le vide qu’elle laisse. Le bois pourrait moisir à l’intérieur, si on la pratiquait à l’entrée de l’hiver. La greffe allemande nuit beaucoup moins au sujet, et il suffit d’un peu de soin pour n’y laisser aucun vide. Aussi celles qu’on fait en novembre et décembre reprennent ordinairement fort bien, et selon quelques auteurs elles poussent même plus tôt et plus vigoureusement au printemps que celles de janvier et fé- vrier, ce qui est peut-être un inconvénient pour les fruits à noyau. (La fin au numéro prochain.) NOTE SUR L'ÉTAT DIOIQUE DE L’ARBRE AUX QUARANTE ÉCUS, GINCKO BILOBA, Par M. Cu. MOoRREN. Il existe en Belgique, dans plusieurs jardins, des individus de Gincko biloba assez âgés pour porter des fruits, lesquels sont d’un goût agréable, quant à l’'amande. Les vieux ginckos deviennent tous par l’âge pleureurs dans leurs branches , et on en admire plusieurs dans cet état à Malines, à Liége , dans le Limbourg, etc. Cependant , ils ne portent point fruit. Les propriétaires de ces arbres ignorent généralement que l'arbre aux quarante écus est dioïque, c’est-à-dire, que chaque pied est mâle ou fe- melle exclusivement; donc, un pied isolé est stérile. Il est ainsi nécessaire de constater, soit par les fleurs, soit par les bourgeons, si l’arbre est mâle ou femelle. Puis, comme il serait impossible à l’âge où l’on devient propriétaire d’attendre qu’un sujet de l'autre sexe fleurisse, on se hâte de greffer le sexe manquant sur le vieil arbre qu’on possède. Ces greffes reprennent facilement et l’on a par elles l'espoir légitime de déguster son gincko. | — 60 — PL TN ? V QE k \& GS CS TT MINT Gin L ip Un ( Mi 44 4 (, 12 (| ox lil WE V, — 61 10 PI. = biz: TT SV ( , 1 2 CHLPTE 4 Le LD 7 IT ES TR == IT, HORT, #7. BELE, no Ne ARCHITECTURE DES JARDINS. DES OMBRELLES RUSTIQUES, Par M. CH. MoRREN. MM. Denis et Renouard, professeurs d’hortieulture, ont donné dans leur traité complet, un modèle d’ombrelle rustique que nous eroyons utile de reproduire dans notre publication, afin de la répandre davantage. L’axe est un vieux trone noueux autour duquel se place un bane circulaire et le tout en chaume a la forme la plus simple et la plus facile à imiter. Quelques plantes grimpantes fixées dans le sol au pied du trone et dont les racines sont protégées par le banc circulaire, s’élancent à travers la paille du chaume pour s'étendre sur le toit et projeter dans tous les sens les fleurs, ornement naturel mais obligé, de ces sortes de meubles rus- tiques. Ces ombrelles trouveront leur place à l’angle d’une allée, à la courbe d’un chemin, au contour d’un rocher, à mi-chemin ou au sommet d'une rampe en spirale circulant sur les flancs d’une montagne, partout en un mot où l’on est invité à s'asseoir et à étendre au loin ses regards émerveillés d’un beau paysage ou d’une vue remarquable. DES CIMES GARNIES D’ESCALIERS RUSTIQUES, PAR LE MÈME. Les cimes desivieux arbres, surtout dans les pays de plaines, sont par- fois comme dans les Flandres et la partie plate de la Belgique, les seuls belvédères d’où l’on aimerait à promener ses regards sur de vastes hori- zons ; mais pour arriver là, chacun n’est pas disposé à se donner l’exer- cice d’une gymnastique qui n'est pas parfois sans danger et dont l’agré- ment est toujours peu à envier. Avec un peu de goût et d'intelligence, il est la plupart du temps facile de trouver les moyens de construire autour du tronc d’un bel arbre un escalier rustique qui mène sans gêne et sans danger le curieux dans une cime ombrageuse dont les branches écartées ou aménagées à cet effet permettent des percées de perspective souvent attrayantes. La gravure que nous publions ci-contre d’après le modèle modifié de MM. Denis et Renouard, est destinée à faire connaître un cas particulier mais assez ordinaire de ce problème à résoudre. Nous connais- sons fort peu de parcs et de jardins où cette sorte de construction existe et dans nos provinces si variées il serait convenable de les répandre da- vantage. SN AGROLOGIE HORTICOLE. DE LA TERRE DE BRUYÈRE NATURELLE ET ARTIFICIELLE, Par M. RoOUSSELON, Membre de la Société Nationale d’Horticulture de la Seine. La terre de bruyère est un mélange en proportions presque égales d’humus et de sable pulvérulent. L’humus, en général, est une matière noirâtre, douce au toucher, lé- gérement onctueuse, formée de molécules plus ou moins déliées , et résul- tant de la décomposition, sous le contact de l’air, des substances végétales et animales. C’est lui qui porte dans les sols la fertilité qu’il doit à l'air et à l’eau; ce sont, en effet, ces deux agents qui déterminent sa solubilité et le rendent propre à être absorbé par les suçoirs radiculaires des plantes. Pour les horticulteurs, il y a deux sortes d’humus, celui qui provient de la décomposition des plantes, et que, par cette raison, on appelle hu- mus végétal, et celui qu’on nomme animal, parce que, dans sa constitu- tion, sont entrées des substances animales décomposées. Ces cultivateurs sont bien obligés de les distinguer dans leur pratique, puisque l’humus animal, bien que très-favorable à la nutrition d’un nombre immense de plantes, est cependant fatal à plusieurs, qui périssent plus ou moins promptement lorsqu'on le présente à leur absorption. Telles sont quel- ques Liliacées du Cap, les Protées et d’autres plantes de la Nouvelle-Hol- lande, auxquelles il faut indispensablement pour nourriture, l’humus végétal. L'autre humus, toutefois, ne diffère de ce dernier que par les éléments animalisés qu’il recèle, et qui, principalement ammoniacaux, s'évaporent par une exposition prolongée à l’air libre. Il est alors dans l’état que les jardiniers nomment terreau consommé, et, plus rapproché ainsi de l’humus végétal, il contient, en moindre quantité que lui, ses éléments d’assimilation pour les végétaux, parce qu’il en a perdu beau- coup pendant l’évaporation qu’il a subie étant exposé à l’influence atmo- sphérique. Il a donc une durée moindre, mais c’est le seul état sous lequel il puisse être présenté aux plantes délicates et qui montrent une sorte de répu- gnance pour les principes animalisés. | C’est l’humus végétal qui constitue la base substantielle de la terre de bruyère. Comme il contient les mêmes principes que les végétaux qui Pont produit, on préfère pour la culture des Éricacées, celui qui est dû à la dé- composition des bruyères. Toutefois je dois dire que, quelle que soit son 2: ir = origine, il est, à bien peu de chose près identique. Ainsi, la substance brune , pulvérulente et légèrement onctueuse que l’on trouve dans le tronc des vieux arbres usés par le temps, comme chênes, saules, ormes, etc. est un humus pur, mais dont la fertilité ne se développe qu'après une exposition durant quelque temps, au contact de l’air dont il a été trop abrité pendant sa formation. Le même effet résulte de l’addition d’une petite quantité de chaux vive. Lorsque la décomposition des substances végétales s’opère sous l’eau, il se forme de la tourbe; si elle a lieu dans le sein de la terre à une cer- taine distance de sa surface, elle donne naissance à la lignite, substance dont la grande culture tirera peut-être quelque profit un jour , mais dont l’horticulture ne fait encore aucun usage. Il n’en est pas de même de la tourbe, qui ne diffère de l’humus proprement dit que parce qu’elle ren- ferme quelques acides et un principe astringent analogue au tannin. Onlui fait acquérir les qualités de l’humus en l’étalant à l’air en couche mince et souvent remuée; elle évapore ainsi ses acides et perd son principe astrin- gent. Ce résultat peut être hâté en y ajoutantune petite quantité de chaux, Le sable pulvérulent qui est toujours mélangé à la terre de bruyère naturelle pour concourir à la division des molécules de l’humus et pour augmenter la légèreté de cette terre, est d’une nature siliceuse, sa cou- leur est blanche ou grise, et, bien que très-fin et comme en poussière que le vent peut disperser aisément, il est rude au toucher et susceptible de rayer l'acier. Maintenant que nous savons que l’humus végétal et le sable siliceux sont les deux éléments constitutifs des terres de bruyère naturelles, il nous reste à dire dans quelle proportion ils les composent et quelles sont les meilleures. Thouin donnait la préférence à celle de la forêt de Senart, dans laquelle l'analyse a trouvé sur 100 parties : … Sable siliceux, 1420 it EP ES LE TO SRE LIUUS, 6.0 ee M EU USA SANTE Substances végétales non décomposées, sels déliques- cents et.perte, Hi ARE NN TR RS 100 Son successeur Riché, estimait davantage celle de Meudon, qui ana- lysée par l’honorable professeur M. Payen, a présenté la composition suivante : BAbIBIS TEL ENT SEL CA PU AE RENE OEMENAMARRRE eZ Hume PHONE CRT FU) EDP RAM AMRRRRE PERMIS PAR Débris végétaux. 77:10 HOMME SRRERE PARTS Carbonate dedhaug 40 VE MIROIR MTS 0 » 08 Matière soluble à l’eau froide. . . . . . . . 4 02 100 00. CO | ee La terre de Sannois, près Pontoise, ne renferme que 44 parties de sa- ble et 32 d’humus; celle de Chapelle-en-Serval est riche en humus, tan- dis que celles de Palaiseau, Lonjumeau, Vincennes, etc., passent pour peu substantielles, parce qu’elles sont trop sablonneuses. La composition de celles de Chantilly et de Fontainebleau offre à peu près parties égales d’humus et de sable, plus 7 à 9 parties d’alumine sur 100 et 4 à 6 de car- bonate de chaux : elles sont un peu tourbeuses. On trouve près de Soissons une terre de bruyère plus ferrugineuse, et dans laquelle les fleurs de l’Hortensia deviennent bleues. La terre de bruyère dont on fait usage en Angleterre est moins subs- tantielle que les nôtres; mais les cultivateurs d’Outre-Manche ont leur loam si vanté, qu’ils emploient à la culture des arbrisseaux exotiques eul- tivés en vases, et avec lequel ils améliorent la terre de bruyère naturelle. Le loam est une terre argileuse fort douce, onctueuse, intimement mêlée avec du sable très-fin, et contenant une proportion fort remarquable - d’humus très-divisé. On vante la bonté des terres de bruyère de la Belgique et notamment celles de Bruxelles, Gand et Anvers, et c’est à leurs qualités qu’on attri- bue la beauté des Camellias de nos voisins. Les analyses que j'ai données plus haut démontrent que les éléments constitutifs des terres de bruyère, qui fournissent les meilleurs résultats dans la culture, varient dans leurs proportions; aussi les horticulteurs qui n’ont pas toujours le temps de procéder aux analyses, et qui, d’ail- leurs, ignorent souvent la manière de les faire, ont-ils l'habitude de les juger sur l’aspect en les maniant. Pour eux il y a trois sortes de terres de bruyère : 1° celle terreauteuse; 2° celle sablonneuse ; 5° la tourbeuse. La première; d’un noir plus ou moins foncé, onctueuse, contient une forte proportion d'humus, qu’elle doit probablement à ce qu’elle est de formation ancienne. Elle convient aux plantes faites qui ont besoin d’une nourriture plus substantielle ; mais elle s’use promptement, parce que ayant été plus longtemps déjà exposée à l’air et à la pluie, son humus est dans un état de solubilité plus avancé et conséquemment plus propre à l’absorption. La seconde est plus sèche, et sa couleur est le gris roux, qu’elle doit à un peu d’oxide de fer; elle contient plus de sable et des débris végétaux en quantité; c’est à celle-ci que ressemblent le mieux les terres de bruyère belges. Cette sorte est celle que l’on emploie après l'avoir tamisée, pour le semis des graines fines ct le rempotage des plantes délicates. Dans son état naturel et grossièrement concassée, elle est très-convenable pour les plantes faites; elle dure plus que la précédente, à cause de la grande quantité de détritus végétaux qu’elle contient, et qui, se convertissant lentement et successivement en humus, entretiennent plus longtemps sa fertilité. Ces deux sortes de terre se trouvent l’une et l’autre en couches plus ou un: Are moins épaisses dans les forêts, sur leur lisière et partout où eroissent en abondance les bruyères, les genêts, les fougères, ete. On en enlève la surface en tranches d’une épaisseur de 8 à 40 centim. auxquelles on donne la forme d’un carré long ou parallélogramme un peu allongé, c’est-à-dire la largeur d’un fer de bêche sur deux côtés oppo- sés et sa longueur sur les deux autres. On nomme terre neuve celle qui couvre la superficie; au-delà de 30 centimètres de profondeur , elle ne vaut plus rien. Il importe de ne pas acheter de la terre de bruyère recueillie depuis quelque temps, surtout si elle a été tenue exposée à l’air et à la pluie, qui dessolvent une grande partie de ses meilleurs principes. La troisième espèce ou la terre de bruyère tourbeuse, est celle qui s’est formée dans les localités marécageuses ou qui couvre la surface, de- puis longtemps mise à sec, des tourbières; elle est la plus noire de tou- tes, contient beaucoup de débris végétaux et une petite quantité de sable. Sa fertilité ne se déclare qu'après un séjour plus ou moins prolongé à l'air , et la décomposition de ses détritus est plus lente. Après avoir été gardée assez longtemps, elle peut être employée, comme la terre de bruyère terreauteuse, à la nourriture des plantes les moins délicates parmi celles qui réclament ce régime, elle convient cependant à quelques Orchidées et Fougères. Ce fut vers 1780 que Lemonnier , alors professeur de botanique au Jar- din des Plantes, fit connaitre les qualités précieuses de la terre de bruyère; jusque-là on composait, pour la culture des plantes étrangères, des terres dans lesquelles on mêlait une foule d’ingrédients et l’on ne parvenait en- core qu'à élever les plus robustes; les espèces délicates étaient toujours languissantes et périssaient en peu de temps. Aujourd’hui, grâce à la terre de bruyère, il n’y a point de plante sur le globe qui ne puisse être cultivée chez nous, et il est juste de dire qu’elle a été pour beaucoup dans les pro- grès de l’horticulture. Mais, s’il est vrai que la terre de bruyère est indispensable pour le se- mis ét l’entretien des plantes délicates , il faut convenir aussi que l’on en a abusé, et que, nécessaire à un assez grand nombre de végétaux pendant leur jeunesse, on les voit souvent dépérir lorsqu'on ne leur donne pas ensuite une nourriture plus substantielle. Ainsi, même parmi les bruyères, qui plus que tous autres réclament une terre de bruyère neuve, il est quelques espèces qui, adultes, se conservent parfaitement dans un mé- lange de cinq parties de cette terre et d’un sixième de terre franche ou normale (*). Les Azalées américaines, que lon cultive en massifs, n’exi- (1) La terre franche de Clamart, analysée par M. Payen, est ce que j’appelle terre normale, parce qu’elle est le type de la plus grande fertilité ; voiei cette analyse : Availe’sableuse. € ::.15:" 1 OO ET D Se Arélle fine: Cr Ur TR CNRS Se Arcporter. . 90 » | | | ET 2 sent pas la terre de bruyère pure lorsqu'elles sont adultes; il en est tout autrement des indiennes que l’on cultive en pots; ceci s'applique éga- lement aux Rhododendrons pontiques et arborés. Feu Lémon conseillait pour les premiers , du terreau de couche bien vieux et auquel il ajoutait du sable pris dans les bois à la surface du sol, mélange qui convient par- faitement à plusieurs espèces d’Andromèdes. Quant aux Camellias, pour lesquels on veut généralement une bonne terre de bruyère, est-il bien vrai qu'elle leur soit absolument indispensable lorsqu'ils sont adultes? L. Noisette les cultivait dans un mélange de deux tiers de terre franche et un tiers de terre de bruyère. Les Anglais les tien- nent dans un compost où leur loam joue un grand rôle ; en Italie, le ter- reau de Châtaigniers pourris est employé à cette culture. Cels, père, en préférant la terre de bruyère, a écrit qu’on pouvait la remplacer par deux tiers de terreau de feuilles bien consommé et un tiers de terre franche légère , et M. l’abbé Berlèze lui-même, tout en réclamant pour ses plan- tes de prédilection une bonne terre de bruyère, demande qu’elle con- tienne le plus de parties substantielles provenant des détritus d'animaux et de végétaux. Les plantes bulbeuses du Cap, pour lesquelles on recommandait la terre de bruyère, réussissent très-bien dans un compost formé de terre fran- che et de terre de bruyère avec addition de sable pour les Ixias et autres Liliacées qui réclament leur culture. Parmi les plantes de serre tempérée, tandis que les Protéacées exigent une terre de bruyère pure et un peu sableuse, le plus grand nombre vit très-bien dans un compost de terre de bruyère, de sable et de terreau consommé. Je ne pousserai pas plus loin ces citations ; elles n’ont d’ailleurs pour but que de justifier l'utilité des composts que Je vais indiquer comme pou- vant très-bien suppléer la terre de bruyère. Il semble raisonnable de pen- ser que dès qu’on parvient à réunir les éléments qui la composent, on doit obtenir les mêmes résultats. En effet, le sucre de canne et celui de betterave ne sont-ils pas identiques, quoique d’origine différente? Je suis loin de prétendre que la terre de bruyère ne doive pas être préférée à tout; mais il y a des localités où on ne peut se la procurer, et dans les lieux où elle existe, elle est encore d’un prix fort élevé, qui est motivé par les difficultés de transport que présente son exploitation. ———————— « Report. 90 » Sable siliceux et fragments dequartz. , . . FANS" À Carbonate de chaux en petites pierrailles. 1:45 Id. poussière fine. 0 6 DÉPOT eds eo Lu fl at is die 0 5 Humus et substances solubles à l’eau froide. 0 5 109 0 CON je On forme un excellent humus végétal par l'accumulation, en tas, de substances de cette nature, dont on remanie souvent la masse que lon met en décomposition à l’abri du soleil et des vents desséchants. Cet hu- mus doit être préféré pour être employé à l'égard des plantes qui redou- tent tout engrais animalisé. TERRES ARTIFICIELLES DE BRUYÉRE. Compost proposé par M. A: Thouin, SAM DOS ee 2 0 D OPA RE NN RENE Terreau de feuilles consommé. . . . . . . . A0 CAD EME Chaux: TT, EPP ES 5 PERTE AUDINIErES "US M ET A0 one AUOT 400 On ajoute au mélange un centième d’oxyde de fer. Compost proposé par M. L. Noisette, Terreau de feuilles consommé. . » Sable de: rivicredttrésni 220820 ROM CPI 5 Terre franche ou normale, 5 Compost proposé par M. Lémon, Terreau végétal formé par des gazons décomposés. 9 Sable fin recueilli à la surface du sol. . . . . . 9 42 Enfin, la terre de bruyère naturelle ne diffère de la terre superficielle des bois , formée par la décomposition des détritus et surtout des feuilles tombées des arbres qui y végètent, que par sa nature essentiellement siliceuse à cause du sol sur lequel elle repose, et par une plus grande somme d'oxyde de fer. Il en résulte que le terreau végétal qui recouvre la terre des bois, recueilli à 5 ou 6 centimètres seulement d'épaisseur, et mélangé à une suffisante quantité de sable, peut fournir une excellente terre de bruyère artificielle, à laquelle il convient d’ajouter un ou deux centièmes d'oxyde de fer. Le sable recueilli sur les coteaux est préférable à celui de rivière, à moins que ce dernier soit pris sur le rivage aux endroits où l’herbe pousse. Dans l’un ou l’autre cas, avant d’être incorporé dans le compost il doit être passé à un crible très-fin pour lui donner la ténuité pulvérulente de celui qu’on remarque dans la terre de bruyère naturelle. Tous ces com- posts doivent être faits longtemps à l’avance, et feu Lémon m'a répété plu- sieurs fois que sa composition indiquée plus haut était, après deux ans, d’un emploi avantageux, et que lorsqu'elle avait trois ou quatre ans il la préférait à la meilleure terre de bruyère elle-même. — 69 — CULTURE MARAICHÉRE. NOTE SUR DEUX CENTS LÉGUMES NOUVEAUX, Par M. IH. Lecoo, Chevalier de la légion d'honneur, professeur de botanique à Clermont-Ferrand. Malgré le titre pompeux de cette petite note, je dois dire en commen- cant que c'est par modestie que je me suis restreint au chiffre de deux cents; j'aurais pu mettre quatre cents ou bien cinq cents. Enfin, si j'avais voulu humilier les horticulteurs et même eeux qui découvrent le chou colossal et quelques autres merveilles, j'aurais dit : mille légumes nou- veaux; mais alors personne n'aurait voulu me croire, et je m’en tiens à ce chiffre primitif de deux cents, le regardant comme bien suffisant pour une première fois. Si j'avais cherché à faire de l'effet, j'aurais introduit successivement mes deux cents ou mes cinq cents légumes dans les colonnes des journaux d’hor- ticulture , puis dans les jardins , et j'en aurais tiré plus d’honneur que de les cacher dans une toute petite note. Ayant peu de temps à ma disposi- tion , et n'ayant pas encore cultivé et mangé mes deux cents nouveautés, je vais laisser à toute personne qui possède le plus petit jardin le plaisir d'introduire ce nouveau mode horticole, et pour leur procurer encore plus de satisfaction , je ne leur donnerai pas la liste de mes deux cents es- pèces. Malgré toutes ces attentions, je crains bien qu’on ne me taxe de présomption ou que l’on ne m’accuse d’avoir dit des choses parfaitement connues. Je suis résigné. L'homme et les animaux domestiques herbivores vivent aux dépens de einq grandes familles végétales qui sont les graminées , les légumineuses, les crucifères, les synanthérées , et les ombellifères. Je sais bien que pour être exact, il faudrait y ajouter la pomme de terre qui est une solanée; les citrouilles et les melons qui sont des cucurbitacées, la patate qui ap- partient aux convolvulacées, la betterave qui fait partie des atriplicées, les fruits des rosacées, etc. Bornons-nous aux cinq premières familles, et supprimons même les deux premières, dont l’homme mange les graines, tandis que les animaux en broutent aussi les feuilles. Il nous reste les crucifères, les ombellifères et les synanthérées. Nous en sommes encore à nous demander pourquoi on ne mange qu’un si petit nombre d’espèces dans ces familles, et quand on répond on vous dit que BELG. HORT. T. I. 10 FR plusieurs de ces plantes ont de l’âcreté, d’autres de l'amertume, un cer- tain nombre sont tellement aromatiques qu'elles brülent le palais et quel- ques-unes même sont de véritables poisons. Voilà de tres-bonnes raisons; mais il suffit de dompter ces caractères sauvages pour les adapter à nos besoins, et je ne pense pas qu’il existe un grand nombre de plantes dans les trois familles qui nous occupent qui ne puissent devenir un aliment. Il suffit pour cela d'empêcher la formation du principe âcre , amer , aro- matique ou véréneux; or, dans quelles conditions ces principes se déve- loppent-ils ? Sous l'influence de la lumière, et plus celle-ci est vive, plus ces qualités , ou plutôt ces défauts pour nous, sont développés. Prenons les crucifères ; nous mangeons les parties abritées de la lumière, les racines qui vivent dans l'obscurité, comme les navets, les bourgeons intérieurs du chou cachés par leurs feuilles vertes extérieures que nous rejetons, les crambe maritima que nous forcons de se développer dans les ténèbres. Si, au contraire, nous voulons de l’acreté et si nous tenons au principe antiscorbutique, nous abandonnons nos erueifères au soleil, et nous avons les feuilles piquantes du eochléaria, ou la sapidité de Ja ro- quette et du cresson alénois. Nous agissons de même pour les onxbellifères. Les carottes, les chervis vivent dans la terre ; nous abritons les tiges du céleri pour qu'il ne prenne pas la saveur détestable de l'aptum graveolens; au contraire, nous laissons à l'air libre le persil, le cerfeuil qui sont des condiments aromatiques, et nous n’étiolons pas l’angélique, dont les pé- tioles blanchis à l’eau bouillante et confits au suere doivent conserver une partie de leur parfum. Nous avons les mêmes remarques à faire pour les synanthérées. Les ra- cines des scorsonères , des salsifis et des scolymes, ne sont pas améres comme leurs feuilles : nous ne mangeons dans les capitules des artichauts que la base des bractées abritées de la lumière, et les jeunes feuilles in- térieures ont beaucoup plus de blanc que celles qui reçoivent directement les rayons lumineux. On lie toutes les espèces de salades pour faire jau- nir les feuilles, et les pissenlits abrités sous les taupinières n’ont pas le suc amer qu'ils acquièrent quand, parvenus au-dessus du sol, ils ver- dissent et fructifient librement. | Le secret des deux cents ou des mille légumes nouveaux est d’appliquer l’un ou l’autre de ces procédés entièrement connus, et depuis longtemps pratiqués à la vlus grande partie des espèces des trois familles des eruci- fères, des synanthérées et des ombellifères. On peut y ajouter un grand nombre de renonculacées , de solanées, d’urticées et de végétaux qui pas- sent, avec raison, pour vénéneux à l'air libre, et qui, étiolés, sont pax- faitement innocents. On abrite les plantes du contact de la lumière par divers procédés : 1° Par la ligature. C’est le moyen le plus simple : les feuilles exté- rieures garantissent les plus jeunes à l’intérieur. C’est ainsi qu'on blanchit les romaines et les eardons, tandis que dans les plantes qui pomment na- Se Gi = turellement, comme les choux et les laituës, le mème effet est produit sans ligament, 2% Par l’ensablement ou enterrement des Liges et feuilles à mesure qu’elles se développent. C'est le mode ordinaire de culture du céleri, du houblon pour manger, ete. 5° Par étouffement au moyen de vases renversés , de pots à fleurs plus ou moins grands que l’on place sur chaque touffe de racines, et qui forment une petite atmosphère ténébreuse dans laquelle la plante se développe et s’étiole. C'est le mode de culture du crambe maritima. Cette dernière méthode est celle que je préfère pour obtenir de nou- veaux légumes, et l’on pourrait presque dire que toutes les crucifères , toutes les ombelliféres et toutes les synanthérées peuvent devenir alimen- taires par ce procédé. Il a un avantage sur les autres, c’est qu’en entou- rant ces pots de réchauds de fumier, comme on a coutume de le faire pour le crumbe, on active la végétation, et l’on se procure en hiver des jeunes pousses très-tendres et succulentes. J'ai pu, par ce moyen, obtenir un excellent résultat de la berce ou heracleum sphondylium, si commun dans toutes nos prairies. Les hera- cleum Sibiricum, pyrenaïcum se comportent de la même manière et se transforment, par simple étiolement, en légumes savoureux. Je citerai aussi les eringium ou panicauts qui, par ce procédé ou par l’ensablement, donnent des pousses très-tendres d’une saveur agréable. J'ai converti en plantes alimentaires presque tous nos chardons, et sur- tout les plus grandes espèces : les onopordes, le chardon marie, le cirsium ertophorum , ete. Les longues épines de ces carduacées, si effravantes pour nous, sont alors molles et flexibles, et j'ai pu reconnaitre que les ânes avaient de bonnes raisons pour rechercher ces végétaux savoureux. Il faut bien se résigner , dans une foule de circonstances, à suivre un peu l'instinct des animaux. J'ai pu encore, par le même moyen, tirer parti de vieilles racines, coinme des carottes , des raves, des navets, des betteraves qui étaient de- venues à la fin de l'hiver dures et filandreuses, et qui, placées dans la terre à l’obscurité et modérément chauffées sous des vases renversés, ont donné des pousses d’une délicatesse extrême, d’une saveur agréable et d’une couleur tout-à-fait attrayante. Je donne ici des résultats PE des expériences faite sur plus de vingt plantes et toujours avec succès. Je suis donc arrivé bien au-delà de ina promesse, car 11 y a certainement plus de deux cents, plus de cinq cents et au moins mille espèces de végétaux sauvages qui promettent le même succès. L’asperge, le céleri, le chou marin, légumes justement es- timés, ne seront pas détrônés, mais accompagnés d’une multitude de con- sénères qui se disputeront l'honneur de paraître à notre table, et qui ac- cepteront, comme eux, divers traitements culinaires en harmonie avec nos mœurs et nos habitudes. J'ai cité des espèces essayées et dont le succès est hors de doute; J'es- père voir enregistrer successivement les introductions nouvelles opérées par cette voie, qui exige peu de soins et de dépenses. Non-seulement les jardins s’enrichiront de produits nouveaux, mais à la campagne il suflira pour les obtenir de couvrir dans les haies, sur le bord des vergers, ou même en plein champ, des touffes qui commencent à montrer leurs turions, eu même celles dont on aura marqué la place pendant l'automne. LA TOUTE ÉPICE OU NIGELLE, PLANTE AROMATIQUE, Par M. Cn. MoRREN. Quoique les renonculacées forment une famille naturelle généralement camposée de plantes vénéneuses ou tout au moins dangereuses, cependant on y trouve une jolie plante trop peu cultivée dans nos jardins même ma- raichers. Nous voulons parler de la Wigelle de Crète, NiceLLa Sariva des botanistes. Chacun connait la Wigelle de Damas (NicezLaA DamascenA, L.) nommée vulgairement nielle, barbiche, barbe de capucin et fautivement cheveux de Vénus, en Belgique plus particulièrement araignée, toile d'araignée. Ces derniers noms proviennent de la forme de l’involucre très-découpé et imi- tant par ses laciniures une toile à elaire-voie. Le calice offre cinq grandes folioles ovales, rétrécies à la base, très-ouvertes et colorées, une corolle de cinq à huit pétales bilabiées en cornets courbés à la base, la lèvre su- périeure de ce cornet est plus courte et forme une fossette se trouvant entre les deux divisions de l’inférieure; des étamines nombreuses, de cinq à dix ovaires supères, oblongs, convexes, comprimés, droits et des styles très-longs, terminaux , persistants, terminés par des stigmates aigus. Tels sont les caractères du genre. La Nigelle de Crète est voisine de celle de Damas, mais elle s’en dis- tingue par une taille plus petite, allant à un pied de hauteur, les feuilles sont un peu yelues, la fleur ne possède que cinq pistils, les capsules sont arrondies , épineuses, la fleur est d’un pâle bleu de ciel, un peu terne, du reste jolie. On cultive en bonne terre terreautée , semis dru au printemps, l'espèce est annuelle. On laisse mürir les graines en juillet, août et septembre. Ces graines sont fortifiantes, carminatives, chaudes, aromatiques, sto- machiques. On les fait entrer dans beaucoup de préparations cordiales, comme l’électuaire de laurier , les capres confites, les liqueurs amères, absinthe de Suisse, etc. Dans les combinaisons culinaires, elles s’allient avec avantage aux clous de girofle, noix muscades, etc., et font très-bien avec les grives, le gibier, les viandes aromatisées. Elles sont saines et très-agréables. de sc A fra RER ” r # Ù "3 À Lo ù FA enr Le Hi PR SE: RAR AC ENE D tu Dee ï FRET La LAN ri ; Vs APR re Ne 49 à ; à Lx 1 / x vi NUE SERRE PERTE WE DE NS ra v EI É | Bt & + 7 U * See À s me ” ; re rh 4 € * ; NME F4 AE: à Pts À À “à “. r ik 4 A2 > Fu + y nes À ? Ilea lavandulacea. ANA A ( ? — 1. Tymponanthe suberosa. Lo HORTICULTURE. LE TYMPANANTHE SUBEROSA, MAGNIFIQUE ASCLÉPIADÉE DE PLEINE TERRE POUR L'ÉTÉ, Par M. Ca. MoRREN. L'exposition du mois d'août 1851 de la société royale d’horticulture d'Anvers s’est distinguée par une plante nouvelle et magnifique envoyée au salon par M. Joseph Baumann, horticulteur à Gand. Le jury n’a pas hésité de lui décerner la première médaille du concours des plantes en fleur de nouvelle introduction. Nous avons été favorisés d’un dessin fait d’après nature de cette nou- veauté et nous le publions ci-contre, pl. 11, fig. 4, de grandeur natu- relle, uné fleur ouverte, une autre qui commence à s’ouvrir et un bouton. Nous n’avons pas encore obtenu tous les renséignements positifs sur cette plante d’un genre nouveau et nous n’avons eu à notre disposition pour la description que les feuilles. Nous reviendrons donc plus tard sur les diagnoses certaines de cette aselépiadée. M. Baumann est certain aujourd’hui, nous écrit-il, que la plante est ori- ginaire du Brésil et non du Mexique, comme on l’avait cru, Le pied d’An- vers mesurait 60 à 80 centimètres de hauteur, étant enroulé sur une spirale en fil de fer et dans un plan vertical. Le bas de la tige, ligneux, offrait déjà les lignes blanches du déchirement de l’écoree qui ont fait naître le nom spécifique suberosa. La tige est arrondie, pubescente et volubile; les feuilles ont un pétiole rouge, long de trois à quatre centimètres, et une lame de huit à douze centimètres de longueur; elles sont cordiformes, acuminées, entières, poilues plus au-dessus qu’au-dessous, ici sur les ner- vures; les feuilles sont opposées. À l’aisselle naît une fleur isolée, portée sur un pédoneule long et cylindrique, le calice a cinq folioles lancéolées, amples , la eorolle est urcéolée d’abord, grande et verte, puis son limbe se prolonge et se replie en cinq grandes pointes tuyautées, déjetées, tandis qu'elle devient blanche et qu’elle s’orne d’une multitude de petites stries pourpres, horizontales sur le limbe , verticales au fond du tube. La cou- ronne staminale offre cinq grands rayons en étoile. Chaque fleur reste ouverte huit jours. La plante a refleuri fin septembre. M. Baumann n'hésite pas à la traiter cormeplante de pleine terre en été et d’orangerie chaude en hiver. Elle paraît devoir devenir inévitablement une de nos plus belles acquisitions de jardin. EE BELG. HORT. T. Il. 11 D LE GREVILLEA A FEUILLES DE LAVANDE, Par M. CH. MoRREN. Le genre Grevillea, fondé en 4810 par Robert Brown, dans la famille des Protéacées et en l'honneur de lord Greville, un des promoteurs de l’histoire naturelle les plus éminents en Angleterre à cette époque, renfermait en 1840 quatre-vingts espèces connues , quoique plusieurs douteuses. Depuis ce temps, ce genre s’est enrichi encore de plusieurs acquisitions remar- quables. M. Drummond, dans ses belles recherches sur la flore de la ri- vière du Cygne en Australie, a fait connaitre le nouveau Grevillea dont nous donnons ci-contre la figure coloriée, en envoyant ses graines mûres à M. Henderson. Le professeur de Halle, M. Van Schlechtendahl, dans sa Linnœæa (t. 20, p. 586), avait déjà nommé cette espèce Grevillea lavan- dulacea. en la plaçant à côté du G. rosmarimfolia, avec laquelle elle offre de l’affinité. C’est un arbrisseau droit, raide, portant des branches divergentes ter- minées par des infloregcences et recouvert par des poils un peu apprimés. Les feuilles sont éparses, linéaires oblongues, aiguës, mucronées ou cus- pidées, les bords si fortement révolutés que les feuilles en deviennent cylindriques, finement ponctuées, scabres au-dessus, soyeuses et blanches au-dessous, longues de ‘, de pouce. Les grappes sont terminales, droites, à peu de fleurs, le pédoncule court et poilu, le périanthe poilu, long d’un demi-pouce, d’un rose vif; le style poilu, deux fois au moins plus long que le calice, le stigmate latéral, oblique, concave, glabre. (V. pl. 11,fig.2.) Culture. Cette espèce de Grevillea mérite de se répandre, tant à cause de sa beauté, de sa singularité que pour sa culture, qui est des plus fa- ciles. On suppose qu’on ait déjà une plante bien venue. En février ou mars, ou lui donne un plus grand pot, dont on a mélangé la terre de tourbe, de terreau de feuilles et de terre franche douce, le tout en pro- portions égales. On mêle cette terre de tassons ou de briques pilées, de Amoreeaux de pots cassés et de sable gros siliceux. On draine le pot par des morceaux de houille brülée, et la plante, y déposée, est protégée dans une orangerie ou une serre chaude, que les Anglais appellent serre chaude- froide. Les jours chauds, on asperge le feuillage, et en été on lui donne de l'ombre. L'automne passé en plein air lui est très-favorable, et en août ou septembre le plein soleil fait former les fleurs. Si l’on s'aperçoit que le pied a l’air de vouloir se dégarnir du bas et de filer, on l’écourte impi- toyablement et on le maintient à hauteur désirée. On reproduit par bou- tures ou par graines. On laïsse cicatriser les premières, faites sur bois mi-dur, sous cloche et en bache froide. Les secondes se confient à la terre, de février à octobre. CORRESPONDANCE HORTICOLE DE LONDRES. EXPOSITIONS NOCTURNES ET ÉCLAIRÉES. — EXPOSITION DU JARDIN ZOOLOGIQUE. — EXPOSITION DE TARVIN.--SORT NON HORTICOLE DU PALAIS DE CRISTAL, Par M. Ruer. KEir, Membre de la Société de botanique de Londres. Que peut-on espérer du résultat d’une exposition de fleurs , éclairée par la lumière du gaz? — Ce curieux spectacle vient de se renouveler deux fois durant cet été, au local des jardins du Waux-Hall, et cela avec plus de succès qu’on aurait pu le croire. Tout le monde sait que ces jardins sont consacrés aux plaisirs publics tels que la musique , le manége, l’as- cension des ballons, les feux d'artifices, la danse, etc., et que le brillant éclairage de ce lieu est célèbre par les milliers de lampes diverses qui sont employées à cet effet. C'était done aux reflets de ce jour artificiel que vé- gètent et que se sont produites de nuit diverses collections de fleurs très- méritantes ; et grâce à cette innovation un grand nombre d'habitants de Londres, ont pu jouir à leur tour du coup-d’æil qu'offre une exposition de fleurs , spectacle dont ils avaient été privés jusqu'alors, à cause de leurs occupations durant le jour. MM. Lawrence de Ealing-Park, Frase de Sea Bridge en Essex, Colyer de Dartford et Rollison de Rooting ont contribué à ces nouvelles expositions par de brillants envois de plantes. Les roses, les pélargoniums , les fuchsias semblaient y briller d’un nouvel éclat. Les ixoras , les dipladénias , les kalosanthes et les bruyères surtout semblaient s’embellir aux rayons de ces milliers de lumières factices, mais les fleurs bleues, assez rares du reste, y perdaient leur aspect naturel. Somme toute, l’ensemble était vraiment beau, même brillant. Mais il faut tenir compte que le succès de ces expositions dépend entièrement de l'éclairage, si celui-ci est trop faible l’effet sera manqué; du reste les deux expositions qui ont eu lieu aux jardins du Waux-Hall, étaient remarquables en elles- mêmes par la beauté, et le nombre des plantes qui y figuraient. Les expositions de fleurs ont été clôturées cet été à Londres par celle faite dans les jardins zoologiques de Surrey ; là le visiteur doit trouver aisément de quoi se distraire, lorsqu'il se trouve entouré par les animaux de toutes les parties du globe, et que partout ses regards rencontrent les fleurs les plus rares, les plus suaves, réunies en groupes énormes. Les grandes concerts du célèbre Jullien ont lieu dans ces jardins, de sorte que la vue et l’ouïe sont également captivés. Ici la grande exposition de Londres a fait perdre de vue toutes les au- tres choses de ce genre et cependant à ‘Tarvin-Hall près de la ville de Chester à 200 milles de Londres vient d’avoir lieu une des expositions NT, horticoles et agricoles des plus intéressantes qui ait jamais été ouvertes en Angleterre. Le docteur Brindley de Tarvin-Hall en a été le principal promoteur, il était le président de la commission organisatrice; l’inauguration de cette splendide exposition s’est faite avec un éclat extraordinaire, et l’affluence des visiteurs était immense, Une place spéciale ou salle de econversa- tion était réservée où tous les visiteurs pouvaient obtenir des renseigne- ments précis sur les objets exposés qui les intéressaient partieulièrement. Là se faisaient les transactions, les marchés, les ventes des objets exposés et je puis dire que durant les trois jours qu’a duré l'exposition, cette tente ne se désemplissait pas au grand avantage des intéressés. Une volière de soixante pieds anglais sur vingt, faite en bois et en fils de fer attirait l'attention de eeux qui s’occupent d’ornithologie. MM. Dickson, pépiniériste, à Chester, avaient exposé une collection superbe d'arbres forestiers, d’arbrisseaux toujours verts et un nombre choisi des plus beaux et des plus rares conifères cultivés en Angleterre. Ces horticul- teurs avaient également exposé des herbages verts et secs de plusieurs espèces différentes, ainsi que des céréales très-remarquables. Le marquis de Caledon , dé Tyrane, en Irlande, avait envoyé une collection de ragines du plus haut intérêt. Parmi les fleurs, on remarquait avec plaisir les superbes collections de roses cultivées par MM. Paul de Cheshunt, et Lane de Berkhanestead, la Société royale de botanique de Regents’ Park avait envoyé un spécimen de Victoria Rega. Les instruments d’agrieulture et d’horticulture étaient en très-grand nombre. La maison Young de Glascow, celle de Bennett de Liverpool, ete. avaient fait des envois du plus haut intérét. - Les potteries de la fabrique Burges en Staffordshire, offraient des mo- dèles de vases et de pots d’une très-grande élégance. Rien n’est encore décidé sur le sort futur du palais de Cristal, le projet d’en faire un jardin d'hiver n’a pas été aceueilli favorablement par l'esprit public; la population de Londres n’en sent pas le besoin, et cela se con- coit. Quiconque connait Londres, doit savoir que les nombreux squares, parcs et jardins de toutes espèces, répondent suffisamment au but des promeneurs. La vue seule des fleurs ne suffirait pas pour attirer le monde. Le sort donc de ce monument unique en son genre sur le globe, est tout- à-fait problématique. REVUE DE PLANTES NOUVELLES. Dombeya viburniflora. Boyer. Ann. des sc. nat. 2° série. 4. p- 796.(Dombeya à fleurs de viburnum.) ook. Bot. mag.:1851. tab. 4568. Famille des byttnériacées. Arbre à rameaux et feuilles poilues; feuilles PPT longuement pétiolées, cordées, la plupart dentées , pubescentes au-dessus, tomenteuses au-dessous; stipules ovales-acuminées, pédoneules allongés, corymbes composés, calices réfléchis, pédicelles et bractées laineux; pé- tales obliquement spathulés (blancs), devenant d’un jaune d’ocre et bril- lants en se desséchant. Selon le professeur Bojer, cet arbre est originaire de l’île de Cormoran, près de Madagascar, et de là il a été introduit à l’île Maurice. De cette dernière île, il a passé à Kew, où il a fleuri abon- damment quand il eut atteint de 12 à 44 pieds de hauteur. Cette floraison se fait en février, et l'espèce a quelque analogie avec le Dombeya pal- mata de Wallich, décrit dans ses Plantæ asiaticæ rariores, mais ce der- nier a des feuilles à sept lobes et des fleurs plus grandes, dont les pétales sont plus larges. Culture. Cet arbre, d’une végétation rapide et forte, appartient à la ‘ serre chaude. Il exige beaucoup plus de place qu’on ne peut en donner généralement à ces sortes de grands arbres. Une terre franche et légère lui convient, et il est nécessaire de l’arroser abondamment pour éviter que les feuilles ne se flétrissent. La reproduction se fait par boutures sous cloches étouffées et en bache chaude. Ce Dombeya ne sera jamais une plante horticole marchande. Il ne convient qu'aux vastes serres chaudes royales. Epidendrum linearifolium. Hook. Pot. mag. 1851. tab. 4572. (Epidendre à feuilles linéaires.) Famille des Orchidées. Pseudo-bulbes ovoïdes,glabres, en faisceaux, deux feuilles linéaires-allongées, obtuses; pa- nicule allongée, lâche, grèle; sépales et pétales linéaires-spathulés , très- ouverts ; labellum strié de pourpre, presque libre, trilobé ; lobes latéraux oblongs , réflexes , l’intermédiaire plus ample, arrondi, trés-entier, on- dulé sur les bords; disque à deux côtes; colonne à deux oreilles au-dessus. Cet épidendre est probablement originaire du Mexique. Il a été apporté à Kew, dans la collection de M. Cloves. Il ne peut point se placer loin de l’épidendrum gracile dans la série naturelle. Il en diffère par les pseudo- bulbes lisses, jamais plissés, par des feuilles plus longues et plus étroites et par les lobes latéraux du labellum plus étroits aussi. La couleur des fleurs et les dessins varient aussi. Le périanthe est ici d’un brun chocolaté, le labellum est jaune au milieu et a ses lobes blanc-veinés de pourpre, couleur de la base de la colonne. Cette espèce fleurit en juin. Culture. Cet épidendre se porte bien fixé sur un morceau de bois et suspendu dans la serre à orchidées. On le plante aussi dans une motte de terre de bruyère, de terre de bois ou de la tourbe placée dans un pot petit et rempli de tassons et de mousses coupées. Il demande à être placé près du verre et à recevoir directement les rayons du soleil. Medinilla Javanensis. Blume flora. v. 14. p. 515. Walp. repert. bot. vol. 2. p.142. (Médinille de Java.) Hook. Bot. mag. 1851. tab. 4569. PT, VS Syn. Mélastoma javunense. Blume Bydr. p. 1078. Decand. Prodr. vol, 3. p. 147. Famille des mélastomacées. Tige frutescente, rameaux tétra- gones, à angles aigus, glabres ; feuilles sessiles, elliptiques, ovales, aiguës, à cinq nervures, très-entières , cordiformes à la base; panicules terminales ou axillaires, droites, raides, bractées avortées , cinq dents du calice très- petites; étamines au nombre de dix, petites; anthères à deux bosses en avant à la base et éperonnés au dos. Quoique cette espèce de Medinilla, rapportée naguère par erreur au genre des vrais mélastomas, soit moins brillante que ses congénères, M. speciosa et M. magnifica, cependant, considérée en elle-même, c’est toujours une jolie plante, un arbuste de belle forme surtout. Elle est arrivée de Java chez M. Rollison de Tooting, où elle a fleuri en décembre 1850. Culture. Comme ses congénères, c’est un enfant de serre chaude, d’une nature subépiphyte, demandant de la chaleur et de l'humidité. Une terre légère , de la terre de bruyère sablonneuse mélangée d’argile et de ter- reau de feuilles , le tout bien drainé , forment son sol le plus convenable. Ce n’est pas une plante à fortes racines, et il faut éviter d'étouffer celles-ci sous trop de terre. On propage cette Médinille par des boutures qu’on fait à la façon ordinaire. Sobralia sessilis. Lindl. Bot. reg. Misc. 1841, n° 11. — Bot. reg. 1841. p. 17. — Hook. Bot. mag. 1851. tab. 4570. (Sobralie sessile.) Fa- mille des orchidées. Tige et dessous des feuilles d’un noir pubescent; feuilles sessiles, oblongues-lancéolées, acuminées, les deux terminales squammiformes, acuminées, herbacées; fleurs sessiles, labellum rhom- boïde-oblong , à deux lames intramarginales près de la base. Il ÿ a une dixaine d’années, sir Richard Schomburgk découvrit cette espèce de So- bralie dans la Guyane anglaise, et la rapporta au profit de l'établissement de M. Loddiges. Elle fleurit en octobre et reste très-bas, ce qui n’est pas ordinaire dans ce genre. Culture. Cette espèce, comme ses congénères, natives de l'Amérique tro- picale, croît sur des lieux secs et élevés et produit des fleurs charmantes à l'extrémité des tiges, qui ont l’air d’être autant de roseaux. Les racines s’enlacent et sont charnues. Il leur faut l’endroit le plus chaud et le plus sec de la serre chaude à orchidées , dela terre franche mélangée de terre de bruyère sablonneuse. Les racines ne s’enfonçant point , il convient de leur choisir un pot large et peu profond , qui, s’il est bien drainé, leur donne la plus belle végétation. En été, un excès d’eau leur va. On les multiplie par division de racines, mais vu leur entrelacement désordonné, il est toujours difficile de les diviser sans les briser. (1 LITTÉRATURE BOTANIQUE ET HORTICOLE. ee ns LE DRAGONIER D'OROTAVA, Par M. ALEXANDRE DE HumMBoOLDTfT. Le Dragonier colossal (Dracæna draco), se trouve au milieu du jardin de M. Franqui, dans la petite ville d'Orotava, l’ancien Taoro, l’un des lieux les plus agréables qui soient au monde. Lorsque nous gravimes, en juin 1799, le pie de Ténériffe, nous trouvâmes que le périmètre de ce Dragonier, mesuré à quelques pieds au-dessus de la racine, était de 4ù pieds. Plus près du sol, Ledru dit avoir trouvé 74 pieds de circonférence. D'après George Staunton, à 10 pieds de hauteur, le tronc a encore 12 pieds de diamètre. La hauteur de l’arbre n’est guère que de 65 pieds. La tradition rapporte que ce Dragonier était chez les Gouanches un objet de vénération, comme l'olivier d'Athènes, le platane de Lydie, que Xerxès changea d’ornements, et le bananier de Ceylan. On raconte aussi que lors de la première expédition des Béthencourt, dans l’année 1402, le Dra- gonier d'Orotava était déjà aussi gros et aussi creux qu'aujourd'hui. On peut conjecturer d’après cela à quelle époque il remonte, si l’on songe sur- tout que le Dracæna croît très-lentement. Berthelot dit, dans sa descrip- tion de Ténériffe : « En comparant les jeunes Dragoniers voisins de l’arbre gigantesque , les calculs qu’on fait sur l’âge de ce dernier, effrayent l’ima- gination. » (Vova acta acad. Leop. Carol. Naturæ Curiosorum , t. x, 1827, page 781.) Le Dragonier est cultivé depuis les temps les plus re- culéë dans les îles Canaries, à Madère, à Porto-Santo, et un observateur très-exact, Léopold de Buch, l’a vu à l’état sauvage près d’Igueste, dans l'ile de Ténériffe. Il n’est donc pas originaire, comme on l’a cru pendant longtemps, des Indes orientales, et son existence chez les Gouanches ne renverse pas l'opinion de ceux qui considèrent ce peuple comme une race atlantique, entièrement isolée et sans aucun rapport avee les nations de l'Afrique et de l’Asie. La forme des Dracæna se retrouve au cap de Bonne- Espérance, à l’ile Bourbon, en Chine et à la Nouvelle-Zélande. On ren- contre dans ces contrées lointaines différentes variétés appartenant au même genre; mais 1] n’en existe aucune dans le nouveau monde, où elles sont remplacées par le yucca. Le Dracæna borealis d’Aiton n’est autre chose qu'un véritable Convallaria, dont il a en effet tous les caractères (Humboldt, Relation historique, t. 1, page 118 et 659). Dans la dernière planche de latlas pittoresque joint à mon voyage en Amérique, j'ai fait graver le Dragonier d’Orotava d’après un dessin fait par F. d'Ozonne, en 1776. (Vues des Cordillières et monuments des peuples indigènes de l’Amé- rique, pl. Lxix.) Je trouvai ce dessin parmi les papiers du célèbre Borda, A ) nil D === = > = 22 RE — ———— == = ET = LC EE UN) Un dans son journal de voyage, resté jusqu'à ce jour inédit, qui me fut confié par le dépôt de la marine, et auquel j'ai emprunté des observations im- portantes concernant la géographie astronomique, ainsi que des mesures barométriques et trigonométriques. (Relation historique, t. 1, page 282.) Borda mesura le Dragonier de la villa Franqui, lors de son premier voyage avec Pingré, en 1774, et non dans la seconde expédition qu'il fit en 4776 avec Varela. On prétend qu’au xv° siècle, très-peu de temps après les conquêtes normande et espagnole, on célébrait la messe à un petit autel élevé dans la cavité du tronc. Malheureusement l’orage du 21 juillet 1819 a enlevé au Dragonier d'Orotava une partie de sa couronne. Ii existe une grande et belle gravure anglaise qui représente l’état actuel de l'arbre dans toute sa vérité.(V.ci-contre pl.12la réduction de cette gravure.) Le caractère monumental de ces végétaux gigantesques, l'impression de respect qu'ils produisent sur tous les peuples, ont fait naître chez les sa- vants de nos jours, l'idée de déterminer leur âge et de mesurer plus exactement leur grosseur. D’après les résultats de ces recherches, De Candolle, l’auteur de l'important traité sur la longévité des arbres, Endlicher, Unger et d’autres botanistes distingués, ne sont pas éloignés d'admettre que l’origine de plusieurs arbres existant encore aujourd’hui, remonte à l’époque des plus anciennes traditions historiques sinon de la vallée du Nil, du moins de la Grèce et de l'Italie. On lit dans la Biblio- thèque universelle de Genève (t.xLvn, 1851, page 50.) « Plusieurs exemples semblent confirmer l’idée qu’il existe encore sur le globe des arbres d’une antiquité prodigieuse et peut-être témoins de ses dernières révolutions physiques. Lorsqu'on regarde un arbre comme un agrégat d’autant d’in- dividus soudés ensemble qu’il s’est développé de bourgeons à sa surface, on ne peut pas s'étonner si, de nouveaux bourgeons s’ajoutant aux anciens, l’agrégat qui en résulte, n’a point de terme nécessaire à son existence : » Agardh s'exprime dans le même sens : « Comme chaque nouvelle année solaire ajoute aux arbres des rejetons nouveaux, et que les parties an- ciennes et durcies sont remplacées par de jeunes pousses où la sève circule librement, les arbres nous offrent l'exemple d’une croissance qui ne peut être bornée que par des causes extérieures.» Agardh attribue la brièveté de la vie dans les plantes herbacées à la disproportion qui existe entre la production des fleurs ou des fruits, d’une part, et la formation des feuilles de l’autre. La stérilité est pour les plantes une cause de longévité. Endli- cher cite l'exemple d’un Medicago sativa, var. B. versicolor, qui vécut quatre-vingts ans parce qu’il ne produisit point de fruits. (Grundzüge der Botanik, 1845 , $ 1005.) À côté des Dragoniers qui malgré le développement gigantesque de leurs faisceaux vasculaires définis, doivent d’après leurs parties florales, être rangés dans la même famille naturelle que l’asperge et les oignons des jar- dins, se place l'Adansonia ou arbre à Pain des Singes , autrement appelé Baobab, qui appartient sans contredit aux plus grands et aux plus anciens BELG. HORT. T. II. ; 12 Le 19022 habitants de notre planète. Dès les premières expéditions des Catalans et des Portugais, les navigateurs avaient l'habitude de graver leurs noms sur ces deux espèces d'arbres. Ils ne le faisaient pas toujours par une vaine recherche de gloire, souvent aussi cette inscription était pour eux un marco, c’est-à-dire une sorte de prise de possession, un moyen d'assurer à leur patrie le droit de premier occupant. Les navigateurs portugais choi- sirent souvent à cet effet la belle devise française de l’infant don Henrique due de Viseo : Talent de bien faire. Voici les paroles même de Faria y Sousa, dans son Asia portuguesa (t. 1, c. 11, page 14 et 18.) « Era uso de los primeros navegantes de dexar inscrito el motto del Infante : Talent de bien faire, en la corteza de los arboles : » (Voy. aussi Barros, Asia dec. 3, I, J. I, t. Lisboa , 1778, page 148.) | Il est remarquable que cette devise gravée sur deux arbres en 1435, c’est-à-dire vingt-huit ans avant la mort de l'infant don Henrique, par des navigateurs portugais, se rattache dans l’histoire des découvertes, aux controverses qu'a soulevées la comparaison du quatrième voyage de Ves- pucei avec celui de Gonzalo Coelho (1503). D’après le récit de Vespucci, le vaisseau amiral de Coelho échoua contre une ile que l’on a prise tantôt pour San-Fernando Noronha, tantôt pour le penèdo de San-Pedro , tantôt pour l'ile problématique de Saint-Mathieu, que Garcia Jofre de Loaya découvrit le 15 octobre 1525, par O0 20 50’ de latitude australe, sous le méridien du cap Palmas, presque dans le Golfe de Guinée. Coelho resta à l’ancre près de dix-huit jours; il trouva dans l'ile des Croix, des orangers devenus sauvages et deux troncs d'arbres avec des inscriptions qui remontaient à quatre-vingts-dix ans (Navarrete, t. v, page 8, 247 à 401). J'ai éclairei ailleurs ce problème, en cherchant à déterminer le degré de confiance que mérite Amerigo Vespucci (Examen critique, etc. t. v, page 129 —152). La plus ancienne description du Baobab (Adansonia digitata) est celle du Vénitien Louis Cadamosto, dont le véritable nom était Alvise da Ca da Mosto, est datée de l’année 1454. Il trouva à l'embouchure du Sénégal, où il se joignit à Antoniotto Usodimare, des troncs dont il évalua le cireuit à 17 toises, c’est-à-dire environ 102 pieds. (Ramusio, t. 1, page 109.) Il put les comparer avec les Dragoniers qu’il avait vus auparavant. Perrottet, dans sa Flore de Sénégambie (page 76), dit avoir trouvé des Baobabs qui avaient 50 pieds de diamètre sur 70 à 80 pieds seulement de hauteur. Adanson avait indiqué les mêmes dimensions dans la relation de son voyage, en 1748. Les plus gros troncs de Baobab qu'il vit de ses propres yeux, en 1749, les uns dans une des petites îles Madeleines, près du cap Vert, les autres à l'embouchure du Sénégal, avaient de 25 à 27 pieds de diamètre sur 70 pieds de hauteur, avec une couronne large de 170 pieds. Mais Adanson ajoute que d’autres voyageurs ont trouvé des troncs qui avaient jusqu’à 50 pieds de diamètre. Des navigateurs hollandais et fran- çais avaient taillé Teur nom dans l'écorce en lettres longues de 6 pouces. Me pr à - "VE Une de ces inscriptions était du xv° siècle, et non du xiv°, comme il est dit par erreur dans la Famille des plantes d’Adanson, publiée en 1763 (re partie), page cexv—cexvn), les autres ne remontaient pas au-delà du xvi siècle. Adanson a calculé l’âge des arbres, d’après la profondeur des entailles qui ont été recouvertes par de nouvelles couches de bois, et en comparant leur épaisseur à celle des troncs d'arbres, de même espèce dont l’âge est connu. Il a trouvé, pour un diamètre de 50 pieds, une durée de 5150 ans (Voyage au Sénégal, 1557, page 66, Adrien de Jussieu, Cours de botanique, page 62). I à d’ailleurs la prudence d'ajouter ces mots, dont je reproduis exactement l'orthographe : « Le caleul de l’aje de chake couche n’a pas d’exactitude géométrike. » Dans le village de Grand- Galarques , situé aussi en Sénégambie, les nègres ont orné l'ouverture d’un Baobab creux avec des sculptures qui ont été taillées dans le bois encore vert. L'espace intérieur sert aux assemblées générales dans lesquelles ils débattent leurs intérêts. Cette salle rappelle la caverne (specus), formée dans le tronc d’un platane de Lycie, où un personnage consulaire, Lici- uius Mercianus fit servir à diner à dix-neuf convives. Pline (1, xu, e. v) accorde trop généreusement peut-être à une cavité du même genre une largeur de 80 pieds romains. Le Baobab a été vu par Réné Caillié, à Jenne, dans la vallée du Nil, par Cailliaut en Nubie, par Guillaume Peters sur toute la côte orientale de l'Afrique, où cet arbre s'étend jusqu'a Lourenzo Marques, c’est-à-dire jusque près du 26° degré de latitude australe. Les habitants de ces contrées l’appellent Mulapa (pro- prement muti-nlupa), c’est-à-dire l'arbre Nlapa. Les plus vieux et les plus épais de tous les arbres que vit Peters, avaient de 60 à 70 pieds de circonférence. Bien que Cadamosto ait dit au xv° siècle : « eminentia non quadrat magnitudini; » bien que Golberry (Fragments d’un voyage en Afrique, t. , page 92) ait trouvé dans la vallée des deux Gagnacks, des troncs d'arbres qui avaient à la racine 54 pieds de diamètre, sans avoir plus de 60 pieds de haut, il ne faut pas admettre néanmoins comme une règle générale cette disproportion entre l’épaisseur et la hauteur. De très- vieux arbres, dit le savant voyageur Peters, perdent de leur hauteur par le dépérissement successif de leur couronne, et continuent à croître en grosseur. Assez souvent on voit sur les côtes orientales de l'Afrique, des troncs de 10 pieds d’épaisseur, atteindre à une hauteur de 65 pieds. Si d’après ce qui précède, les évaluations hardies d’Adanson et de Per- rottet, attribuent aux Adansonia qu'ils ont mesurés, un âge de 5150 à 6000 ans, ce qui les ferait contemporains des constructeurs des pyramides où même de Menès, c’est-à-dire les ferait remonter à une époque où la Croix du Sud était encore visible dans le nord de l'Allemagne (Cosmos, t. 1, page 477 et 578); d'autre part, des calculs plus sûrs, fondés sur les eouches concentriques annuelles et sur la proportion constatée entre l’âge et l’épaisseur des couches nous donnent pour la durée des arbres apparte- nant à la partie septentrionale de la zong tempérée, des périodes moins 5 HA considérables. De Candolle pense que les Ifs sont, de tous les arbres euro- péens, ceux qui atteignent l’âge le plus avancé. On attribue au Taxus baccata de Braburn, dans le comté de Kent, trente siècles d’existence; l'if de Fotheringall, en Écosse, a de vingt-cinq à vingt-six siècles; celui de Brow-Hurst, dans le comté de Surrey, ne parait pas en avoir plus de quatorze et demi; celui de Rippon, dans le comté d’York, pas plus de douze (De Candolle, de la Longévité des arbres, page 65). Endlicher at- tribue 1400 ans à un if du cimetière de Grasford , dans le nord du pays de Galles, qui a 49 pieds de tour à la naissance des branches; il donne 2096 ans à un if du comté de Derby. On a abattu en Lithuanie, des tilleuls de 52 pieds de circonférence, sur lesquels on a pu compter 815 cercles annuels (Endlicher, Grundzüge der Botanik, page 399). Sous la zone tempérée de l’hémisphère austral, les Encalyptus acquièrent un péri- mètre extraordinaire et comme ils s'élèvent à plus de 250 pieds, ils offrent un singulier contraste avec les Ifs d'Europe (Taxus baccata), qui n’ont de colossal que leur épaisseur. M. Backhouse a trouvé dans la baie d’'Ému, sur la côte de la terre de Diemen, des troncs d'Eucalyptus qui avaient à la base 66 pieds de cireuit et 47 à 5 pieds du sol (Gould, Birds of Aus- tralia, t. 1, introd., page xv). Ce n’est pas Mind , comme on le prétend généralement, mais bien Michel Montaigne, qui a le mérite d’avoir le premier remarqué dans son voyage en Italie, en 1581, le rapport des cercles annuels avec l’âge des arbres (A. De Jussieu, Cours élémentaire de Botanique, 1840, page 61). Un ouvrier habile, qui travaillait à des instruments de mathématiques, avait appelé l’attention de Montaigne , sur la signification de ces anneaux, affirmant qu'ils étaient plus pressés du côté où l’arbre était tourné vers le nord. Jean-Jacques Rousseau avait la même opinion; et son Émile, lors- qu'il s’'égarera dans une forêt, devra s'orienter d’après la disposition des couches du bois. Mais de nouvelles recherches sur l’anatomie des plantes ont démontré que le retard, aussi bien que l’accélération de la croissance et l’irrégularité dans la production des couches annuelles formées par le tissu cellulaire du cambium, dépendent d’influences tout autres que l'exposition de l’arbre aux différents points du ciel (Kunth, Lehrbuch der Botanik, 1° partie, 1847, pages 146 et 164; Lindley, Zntroduction to Botany, 2° édition, page 75). Dans les groupes naturels les plus différents, on trouve des arbres dont quelques individus atteignent un diamètre de 20 pieds et une durée de plusieurs siècles. Nous nommerons ici le Baobab, le Dragonier, diverses espèces d'Eucalypus, le Taxodium distichum de Richard, le Pinus Lam- bertiana de Douglas, l’Hymenœa Courbaril, les Cæsalpinia , le Bombax, le Swietenia Mahagoni, l’arbre des Banyans, (Ficus religiosa), le Lirio- dendrop tulipifera, le Platanus orientalis, nos Tilleuls, nos Chênes et nos Ifs. Le célèbre Taxodium distichon ou Ahuahuete des Mexicains (Cupressus disticha Linn., Schubertia disticha Mirbel) qui existe à Santo Maria del Le OU Tule, dans l’État d’Oaxaca, n’a pas 57 pieds de diamètre comme le pré- tend De Candolle, mais seulement 58 (Mühlenpfordt, Versuch einer getruen Schilderung der Republik Mexico, t. 1, page 153). Les deux beaux Ahuahuete de Chapoltepec, que j'ai vus souvent , et qui sans doute sont un reste d’un ancien jardin de Montezuma, n’ont, d’après l’intéres- sant voyage de Burkart (t. 1, page 268) que 54 ou 56 pieds de circonfé- rence , et non pas de diamètre, comme on l’a prétendu par erreur. Les Bouddhistes de Ceylan révèrent le tronc gigantesque du Figuier sacré d’Anourahdepoura. Le Ficus religiosa, qui reprend racine par ses bran- ches, atteint souvent un diamètre de 28 pieds et forme, comme l’a si bien dit Onésicrite, un toit de feuillage semblable à une tente soutenue par plusieurs colonnes (Lassen, Indische Alterthumskunde, t. 1, page 260). On peut lire au sujet du Bombax Ceiba, les détails donnés, dès le temps de Christophe Colomb, par Bembo, dans ses Historiæ venetæ (1551, folio 85). De tous les chênes européens qui ont été mesurés exactement, le plus puissant est le chêne de Saintes, dans le département de la Charente- Inférieure, sur la route de Cozes. Cet arbre élevé de 60 pieds, a , près du sol, 27 pieds 8 pouces et demi de diamètre; 8 pieds plus haut, son dia- mètre est encore de 21 pieds et demi, il est de 6 pieds à la naissance des branches principales. Dans la partie morte du tronc, on a construit une petite salle large de 10 à 12 pieds et haut de 9, avec un banc en forme d’hémicyele, taillé dans le bois encore vert. Une fenêtre éclaire l’intérieur de la chambre, qui est fermée par une porte, et grâce au jour qui y pé- nètre, les parois sont couvertes de fougères et de lichens. À en juger par la dimension d’un petit morceau de bois qu’on avait coupé au-dessus de la porte, et dans lequel on comptait 200 anneaux concentriques, on a cru devoir évaluer l’âge du chène de Saintes, entre 1800 et 2000 ans (An- nales de la Société d'Agriculture de la Rochelle, 1845, page 380). En ce qui concerne le Rosa canina, qui existe dans la chapelle sépul- crale de la cathédrale d'Hildesheim , et que l’on dit être âgé de mille ans, je me suis assuré , d’après des renseignements positifs, dus à l’obligeance de M. Rômer, assesseur du tribunal civil, que la tige est moins ancienne que la souche qui n’a pas elle-même plus 800 ans. Il existe une légende qui rattache ce rosier à un vœu fait par le premier fondateur de l’église, Louis le Débonnaire, et un document du xi° siècle rapporte que lorsque l’évêque Hezilo rebâtit la cathédrale, consumée par un incendie, il en- toura les racines du rosier d’une voûte qui existe encore, qu'il éleva sur cette voûte le mur de la chapelle eryptique, dont la consécration eut lieu en 1061 , et qu'il étendit au-dgssus les branches de l’arbuste. La tige au- Jourd’hui vivante, qui n’a que deux pouces d'épaisseur à 25 pieds de haut, et couvre de ses branches un espace d'environ 50 pieds sur le mur exté- rieur de la chapelle, du côté de l’est. Cet arbuste qui est certainement d’un âge très-avancé, est digne de la vieille réputation dont il jouit dans Mn, DIU toute l'Allemagne. Si un développement si extraordinaire peut être con- sidéré en général comme une preuve de longévité, le Fucus giganteus ou Macrocystis pyrifera d’Agardh , mérite parmi les végétaux sous-marins , une attention particulière. Cette plante atteint, selon Cook et Georges Forster, une longueuf de 538 pieds, et dépasse par conséquent l'élévation des plus hauts Conifères, même celle du Sequoia gigantea d’Endlicher, le Taxodium sempervirens de Hooker et d’Arnott, qui croît en Californie (Darwin, Journal of researches into Nat. Hist., 1845, page 259). Le capitaine Fitz Roy a confirmé ces indications dans la relation intitulée : Narrative of the voyages of the Adventure and Beagle (t. n, page 363). Le Macrocystis pyrifera végète entre le 64° degré de latitude australe et le 45° degré de latitude boréale, jusqu'à la baie de San Francisco, sur Îa côte nord-ouest du nouveau continent. Joseph Hooker croit même que cette espèce de Fucus s'étend jusqu’au Kamschatka. On la voit souvent nager dans les eaux du Pôle Antarctique, au milieu des blocs de glace errants ou pack-ice (Joseph Hooker, Botany of the Anturtic Voyage under the command of sir James Ross, 1844, page vn, 1 et 178; Camille Montaigne, Botanique cryptogame du Voyage de la Bonîte, 1846, p. 56.) Les expansions cellulaires, rubanées et filiformes du Macrocystis, qui se cramponnent au fond de la mer, à l’aide d'organes semblables à des griffes, paraissent ne pouvoir être arrêtées dans leur développement que par une destruction accidentelle. DE L’'AGE DES TILLEULS DE CHÈVREMONT ET DU NOISETIER DE FOREST, Par M. Cu. MoRREN. La montagne de Chèvremont, entre Liége et Chaudfontaine , est cé- lèbre par le pèlerinage qui s’y fait en l’honneur de Notre-Dame dont l'image porte cette suscription : Ora pro Angliä, et qu’on dit provenir de l’ancienne église bâtie par Notger, le fondateur de Liége. La chapelle actuelle.a été rebâtie à neuf en 1697. Les tilleuls qui l’entourent, sont des monuments plus anciens. En 1847, j’en vis abattre un d'eux, mesu- rant cinq pieds de douze pouces de Brabant à sa base : il me montra dans son intérieur 258 couches distinetes, ce qui reporte sa naissance à 1609. Les autres tilleuls encore existants sur la même montagne de grès et de schistes, ont sans doute le même âge. Le noisetier de Forest, près Bruxelles, passe pour être le bâton de Ste-Alène fiché en terre par elle-même. ‘St-Alène naquit en 650. Les Bollandistes prouvent que le noisctier de Forest existait certainement dans le x siècle. Sa souche a la grosseur d’un tonneau, et ce pied est sans doute un des plus vieux de l’Europe. | CAM: Mie FLORICULTURE DE SALON. LE LIS DU JAPON, NOUVELLE PLANTE A PARFUM ET PROPRE A AROMATISER LES GLACES, SORBETS ET CREMES, Par M. CH. MoORREN. Chacun connaît aujourd'hui le magnifique lis du Japon, Lilium spe- ciosum de Thunberg, auquel les horticulteurs marchands et autres s’obsti- nent par le plus singulier aveuglément à donner sans cesse le faux nom de Lilium lancifolium, que porte uneplanteneressemblanten rien à l’espèce rapportée naguère en Europepar M. De Sieboldt.On sait que ce Liliumspe- ciosum, qui passe fort bien l’hiver en pleine terre en Belgique, possède des variétés pourpres, roses, maculées , ponctuées, blanches, et que toutes ces fleurs, parure superbe des mois de juillet et d’août, répandent une douce et agréable odeur pendant le temps de leur éclosion. Enfin, quel- ques personnes attentives ont remarqué que la variété blanche, Lilium Broussartii, de quelques horticulteurs, se distingue par un arôme plus pur, plus délicat et plus pénétrant. Tous ces détails sont, pensons-nous, suffisamment connus. Mais ce qui ne l’est pas, ou à peine, ce sont les usages multipliés aux- quels on peut faire servir les pétales séchés de ces lis alors qu’on a joui de leurs fleurs. Il faut attendre que la défloraison se fasse naturellement. Puis, on recueille les pétales flétris sur une feuille de papier blanc, et on les laisse un ou deux jours se dessécher à l'ombre. On remarque que le nectar du sillon vert de la base des pétales donne à une certaine masse de ces feuilles réunies, les caractères d’une conserve fraiche. Aussi faut-il prendre ses mesures pour empêcher les mouches de salir ces amas des- tinés à être dégustés. | Si l’on se borne à conserver ces pétales desséchés dans un vase de cristal fermé, on ne tardera pas à remarquer que pendant des années, ces or- ganes répandent un délicieux arôme de vanille, et que même, plus ils sèchent dans un véhicule clos, plus ce parfum se développe. Un peu d’am- moniaque rchausse encore cette odeur. On peut donc se servir de ces fleurs sèches de Lilium speciosum pour confectionner ce qu’on appelle vulgairement des pots-pourris. | Si ces pétales séchés sont mis en infusion dans de la crême ou tout autre liquide destiné à se prendre en glace ou en sorbet, on se convaincra après un séjour aussi long que celui que l’on fait passer dans ces mêmes substances à des gousses de vanille, que ces liquides ou la crême ont con- tracté un goût et un arôme très-délicats d’une vanille pure et non acidifiée. On mangera alors des glaces, des sorbets , des crêmes au lis. Le magnifique lis du Japon est venu, cette année, embellir par innom- brables légions , ou grandeur, force, coloris variaient tour-à-tour nos plus somptueuses expositions florales. Ces détails attireront, pensons-nous, sur ces splendides fleurs japonaises un intérêt de plus. SUR LE GAZON DE MENTHE DE GIBRALTAR, PAR LE MÈME. L'hiver surtout, on aime de voir sur les tablettes des fenêtres dans les salons qu’on habite, des cultures de gazons pressés, d’un beau vert, cou vrant entièrement la terre, et, s’il est possible, odoriférant en même temps que velouté. La dame assise près de la fenêtre, soigne ce gazon et l’orne de fleurs coupées, d'autant plus agréables qu’elles prêtent à une variété infinie et à un renouvellement sans bornes. L’horticulture actuelle offre sous le rapport de ces gazons de précieuses ressources. Je recommanderai entre autres plantes très-convenables pour ce but, une espèce de menthe que nos jardiniers cultivent sous le nom de mentha Gibraltarica ou menthe de Gibraltar, décrite sous ce nom par Willdenow. (Enum. 611.) Les botanistes pensent que cette mentha Gibraltarica n’est au fond qu'une variété velue et fortement déprimée d’une menthe indigène : Meniha pulegium. Je suis très-loin de nier que ce fait ne soit parfaite- ment exact, mais ce que je sais aussi de très-certain, c’est que la menthe de Gibraltar est la seule qui forme de si grâcieux gazons et que notre Pulegium indigène n’en forme pas du tout. La menthe de Gibraltar est un vrai duvet vert : des milliers de petites têtes se pressent les unes contre les autres, étalent leurs rosaces où les feuilles n’atteignent pas quatre millimètres de longueur sur un et demi de largeur. La terre disparaît sous ce tissu. La main qui vient à presser ce coussin végétal ou à le frotter légèrement, fait dégager incontinent une excellente odeur de menthe citronée, parfum moins pharmaceutique que la menthe ordinaire et plus voisin de l’odeur de citron frais et de la lavande. Cette espèce a l’agrément d’être vivace, de se semer au prin- temps, de ne pas monter l’été et de se conserver vert et frais tout l'hiver. | DS — 1. de Belle vue. Prunes. > Victoire Gathove... 3 Souvemr de Mathilde Gathove. NS Pen JARDIN FRUITIER. PRUNIER DE BELLEVUE. M. Barbier, de Bellevue, a obtenu dans ses jardins aux environs de Liége et d’un semis du Reine-elaudicr, une prune nouvelle dont nous donnons ci-contre la gravure. Ce fruit mesure, en moyenne, de cinq à six centi- mètres en diamètre, et il est à peu près sphérique ou du moins ovoïde. L’épicarpe est d’un vert-clair, devenant jaunâtre à la maturité; mais ce qui le distingue, ce sont les stries flagellées jaunes et les macules vertes, éparses et striées dans le sens de la queue au sommet du fruit. Cet épi- carpe est fin, membraneux, résistant. Le sarcocarpe ou chair de cette prune est ferme et juteux, vers le noyau jaune vif et clair comme de la gomme-gutte, puis le pourtour est vert, et près de l’extérieur, cette cou- leur se fonce encore. Le noyau est très-petit pour un si grosfruit. (V.pl.15, fig. 4.) Il murit vers la mi-septembre. Quoique cette variété provienne de la reine Claude, elle n’en a aucunement le goût. Elle offre sous cette apparence d’une grosse reine Claude ou reine Claude de De Bavay, un arôme particulier et un goût spécial qui la feront toujours ranger parmi les bonnes prunes. M. Barbier de Bellevue pourra fournir vingt-cinq ou trente arbres de cette variété, nouvellement greffés, dans le courant de 1852. Le bureau de la Belgique horticole recevra les demandes. PRUNE VICTOIRE GATHOYE. Branches duveteuses, grises; yeux ovoïdes transversaux ; feuilles ovales, larges, dentées, peu rétrécies; nervures duveteuses et d’un vert gris au-dessous, d’un vert foncé au-dessus. Pédoncule d’un centimètre à 1 centimètre et demi, cylindrique, fortement implanté. Fruit de 5 cen- timètres et demi de hauteur et 4 de large, déprimé, bien fendu, petite pointe du style bien visible. Épicarpe brun-rouge de brique, picoté de jaune; macules rondes , surtout vers le haut, fleur bleue abondante. Chair jaune ; grosse pierre grise. Le goût est sucré, l’arôme assez prononcé. M. Gathoye a obtenu cette nouvelle variété du Perdigon violet. Le prunier Victoire Gathoye, est en vente chez lui (faubourg Vivegnis, aux Boyards, Liége). Nous avons figuré le fruit pl. 45, fig. 2. PRUNE SOUVENIR DE MATHILDE GATHOYE. Cette autre prune nouvelle est un gain du même pépiniériste. Cette prune est ovale, allongée, d’un brun violet; la fleur azurée très-abon- dante, la couleur uniforme. Le parfum de cette prune est délicieux et le goût en est parfait, la chair est verdâtre et sucrée. C’est une des meilleures variétés parmi les excellentes prunes des environs de Liége. La feuille est grande, ovale, lisse, dentée; le bois est lisse aussi. On peut se procurer les pieds de cette variété (voy. pl. 13, fig. 5) chez M. Gathoye. BELG. HORT. T. Il. 15 DER, joe PATHOLOGIE VÉGÉTALE. RÉAPPARITION EN BELGIQUE DE LA MALADIE DE LA VIGNE NOMMÉE OIDAITIE, Par M. CH. MoRrREN. L'année dernière (1850) nous avons publié dans notre Journal d’Agri- culture (t. IL, p. 559), un Mémorre sur la maladie de la vigne produite par l’oidium Turkerr. Nous y proposions de nommer cette maladie l’oidaitie pour indiquer par un système de nomenclature générale, applicable à la pathologie végétale toute entière, qu’un champignon, l’oidium Turkeri était bien la cause de cette maladie. Nous rappellerons iei que ce mal de la vigne provient effectivement des ravages exercés par cet être parasi- tique, et dans le mémoire en question nous avons réfuté par un grand nombre de raisons l’opinion renouvelée encore cette année, que le cham- pignon est l'effet et non la cause du fléau. La maladie, nous l’avions prévu, a réapparu cette année en Belgique, comme il est indubitable qu’elle y fera de nouvelles apparitions les années prochaines. Elle s’est déclarée beaucoup plus tôt dans les serres qu’en plein air, plutôt sur les vignes en espalier que sur les vignes en cep. Mais, enfin, tous nos modes de culture ont été atteints. Les vignes en serre souffrent plus du mal que celles en plein air, parce que le champignon n’est pas contrarié par les pluies, par les vents, par le soleil. Il trouve dans l’air calme, plus vaporeux et plus humide de la serre, les conditions les plus favorables à son développement. Il est même probable que les serres à vignes seront la cause par laquelle la maladie restera plus long- temps dans le pays, parce que ces lieux récéleront toujours plus faci- lement et conserveront mieux l’origine et la matière première du mal : l'oidium Turkeri. Ce sont les serres à vigne qui peuvent infecter aisément les eultures non-atteintes. Un propriétaire dont les vignes cultivées sous châssis n'étaient pas malades, alla visiter les serres attaquées d’un de ses amis. Il y étudia attentivement le fléau et parcourut plusieurs fois, pour ce faire, les serres infectées. De retour chez lui, il se rendit près de ses vignes dont il désirait constater derechef toute la bonne santé. Il les quitta intactes. Quelques jours après toutes ses vignes étaient malades. Ce pro- priétaire se lamentait. Un botaniste, confident de ses doléances, lui fit observer que très-certainement il avait été lui-même le propagateur de l'infection , et en effet, en brossant l’habit que le propriétaire portait le jour de sa visite dans les serres infectées, on découvrit dans la poussière des millions de sporules de l’oidium Turkeri. Ce fait s'explique aisément. HOME‘ PSN Quand on coudoie une vigne malade, on voit même à l'œil nu, le cham- pignon néfaste blanchir le drap. | Nous reproduisons ici la figure d’une grappe et d’une feuille malade avec les champignons sortant des stomates des feuilles (fig. 5), un de ces stomates sains (fig. 4), un des lacis du champignon, tel qu'il se trouve dans les tissus verts et cellulaires des feuilles (fig. 5), et enfin (fig. 6, 7 et 8), les formes des sporules agrandis au microscope, et tels qu’on les transporte par les habits ou tels que le vent les transmet au loin. PI. 44. Y D > ME Nous avons constaté cette maladie, et c’est partout la même, à Bruxelles, à Vilvorde, à Malines, à Louvain, à Anvers, à Mons et à Liége. Elle existe aussi à Namur, M. De Montpeillier nous en a envoyé des ceps malades. Un district peut être atteint et dans son étendue une localité faire excep- tion. Ainsi au château de Dilighem, chez M. Prosper Morren, les vignes n'étaient malades ni dans les serres ni en plein air, et à l’orient et au couchant de cette propriété, à une demi-lieue de là les vignes étaient frappées. Chez M. le baron De Peuthi, à Huldenberg, entre Wavre, Louvain et Bruxelles, des pieds étaient atteints et dans le même jardin d’autres ne présentaient pas le fléau, et ce fait se passait le 10 septembre, époque où le fléau avait déjà manifesté son apparition là où il devait agir, Ces faits et d’autres prouvent dans l’histoire de cet oidium Turkeri, au- tant d’irrégularités que celles appartenant aux mœurs du botrytis de la pomme de terre et d’autres eryptogames du même ordre. Ven : je Presque partout nous avons vu les cultivateurs et propriétaires aussi insoucieux à l'égard de cet oïdaitie, détruisant, peut-être, pour de longues années leurs récoltes de raisins, qu'on l’a été généralement pour le mal des pommes de terre. lei, pour la vigne le remède est du moins constant, il a été sanctionné par l'expérience, il est simple et facile à appliquer; néan- moins, très-peu de propriétaires ont agi et puisque beaucoup de vignes sont restées sous l’envahissement complet de ce champignon, il y a d’im- menses probabilités que les années à venir le fléau sévira même sur les vignes actuellement soignées. En effet, on peut détruire les cham- pignons existants, mais on ne connait pas de moyens pour en préserver les cultures. M. Prangé a communiqué à l’Académie des sciences de Paris des obser- valions qui tendent à prouver que le récépage et le déchaussement des pieds, ne produisent aucun effet, mais que le couchage des tiges ou sar- ments attaqués sous terre, en novembre ou en mars, est une opération utile. M. Prangé qui admet que la maladie provient d’un état partieulier de l’écorce, dit fort bien que si le fléau git dans l’oidium, celui-ci meurt sous terre. Le couchage est donc très-utile et très-explicable dans ses effets. | M. Payen a démontré à son tour que les grappes situées trés-prés de terre sont moins attaquées que celles portées plus haut. Ce fait est très- exact, et l’on doit s’en souvenir désormais dans la taille de la vigne. Les ceps bas sont moins attaqués que les ceps élevés; ceux-ci le sont moins que les treillis. Les raisins blancs meurent plus vite et plus moisis que les rouges. M. Guerin-Meneville, sans le dire expressément, pense que l’oëdium de la vigne attaque aussi les sainfoins et qu’alors une vigne qui borde ces prairies en est exempte, mais il est très-probable que le blanc du sainfoin ne provient pas de la même plante que le blane de la vigne. M. Balsamo- Crivelli, de Milan, croit avoir retrouvé l’oidium sur les verbascum et les renoncules, et le D' Roboam sur le sénécon. Ces observations ne sont pas assez précises pour faire admettre une doctrine contraire à celle admise par MM. Berkeley, Du Chartre , Moore, Naudin et à laquelle nous nous rallions. M. Robineau-Desvoidy a cru reconnaitre que le mal de la vigne a pour cause un acare analogue à celui qu'il a observé dans les serres sur les bananiers et les grandes aroïdées, mais rien ne prouve que les acares produisent des maladies du genre de l’oidaitie. INSTRUMENTS D'HORTICULTURE. SUR LE SULFURISATEUR D'EPP ET L'EMPLOI DU SOUFRE POUR GUÉRIR LES VIGNES MALADES DE L'OIDAITIE, Par M. CH. MoRREnN. Dès les premières années que l’oïdaitie a fait son apparition en Angle- terre, c’est-à-dire 1845, 46, 47, et depuis les trois dernières années qu’elle y a sévi, l'emploi de la fleur de soufre a été suivi des résultats les plus complets. Il est arrivé en Angleterre, le même fait qu’en Belgique, à savoir que certaines personnes s’imaginant qu'il fallait user du soufre comme du tabac dont les fumigations ont leur utilité connue dans les serres, se sont mises à le brüler et inévitablement elles ont tué toutes leurs vignes. L’emploi du soufre a été recommandé sous deux formes, la poudre (fleur de soufre), mélangée à de l’eau et aspergée sur les plantes ou la poudre sèche soufflée sur les parties affectées. Des journaux politiques de Bruxelles ont préconisé l’usage de la fleur de soufre mélangée à de l’eau par le jeu d’une pompe aspirante. MM. Ber- keley, Lindley, Thomas Moore, etc., ont constaté que ce moyen est beaucoup moins propice que le soufrage à sec pour détruire l’oidium dans les parties protégées par un duvet comme les bourgeons, les jeunes feuilles, le sommet des branches et qu’ainsi là, le champignon n’est pas atteint. Ce sont cependant les organes essentiels comme espoir de la végé- tation à venir. D’ailleurs l’eau laisse égoutter le soufre et après l’aspersionil est facile de s’apercevoir que telles parties de la plante ontrecçu plus et trop de soufre tandis que d’autres en ont trop peu ou point. En Angleterre on souffle le soufre sur les vignes, dessous et dessus, par le moyen du sulfurisateur d’Epp, figuré ei-contre, pl. 15, fig. 1. C’est un instrument en fer-blanc, qu’on ouvre par un couvercle pour y mettre du soufre en poudre. Une manivelle permet à la main droite, tandis qu’on tient l’appareil de la gauche, de tourner en dedans un moulin à volants qui chasse devant lui et par un tuyau, la fleur de soufre en pous- sière extraordinairement fine et en grand nuage, dirigé au devant et au- dessus de l’opérateur. Un ressort arrête le moulin à volonté. Avec ce sul- furisateur qui coûte à Londres 15 francs, on peut atteindre à distance le haut des vignes en espalier. Le soufre se répand uniformément et pénètre partout avec cet instrument qui consomme un kilogramme de fleur de soufre pour couvrir deux cents mètres de treille haut de trois mètres. Ces frais sont donc si peu importants, qu'il est étonnant de ne pas voir se répandre l’usage de cet instrument avantageux. Le soufre arrête le déve- loppement du champignon et les grappes au lieu de se dessécher et de s'ouvrir mürissent. On les Jave avant de les manger. ==" QD) =: LE SOUFFLET SULFURISATEUR DE M. GONTHIER, Par M. Cu. More. En France, on préconise un soufflet que M. Gonthier, horticulteur, à Mont-Rouge, a su approprier au soufrage à sec. Nous représentons l’ins- trument ei-contre, pl. 15 , fig. 2, et sa boite, fig. 3, vue en dedans, d’après la Revue Horticole de Paris. « C’est d’abord un soufflet ordinaire, dit M. Dubreuil, dont le canon À supporte l’appareil destiné à recevoir le soufre. Cet appareil, en fer-blane, se compose d’une boite ovale B, soudée à la partie supérieure du canon du soufflet et percée de trois ouvertures : la première C, fig. 3, se com- pose seulement d’un certain nombre de petits trous percés dans la paroi de la boîte et destinés à laisser passer le courant d’air chargé de fleur de soufre. Un conduit conique D est soudé extérieurement en face de cette sorte de grille et dirige le courant d’air en augmentant sa force. La se- conde ouverture £ laisse pénétrer dans la boîte l’air chassé dans le canon À du soufflet; cette ouverture est couverte par une sorte de petite cham- bre F dont les parois antérieures et postérieures sont percées de petites ouvertures qui permettent au courant d'air d'arriver dans la boîte, tout en empêchant la fleur de soufre de tomber dans le canon par l’ouver- ture £. Enfin la troisième ouverture G fermée par un bouchon de liége, fig. 2, sert à introduire la fleur de soufre. Le fond de la boîte fig. 3, offre à sa partie postérieure et antérieure, une surface inclinée vers les parois de la petite chambre F, afin que la fleur de soufre ait une tendance à venir s'appliquer contre ces parois et recoive ainsi plus directement l’action du courant d’air. Le canon À du soufflet (fig. 2) est fermé par un bouchon de liége Z, sur les deux côtés duquel on a pratiqué deux petites rainures des- tinées à donner passage à une partie du courant d’air qui, trop gêné dans sa sortie à travers les parois de la chambre F, nuiraït à l’action du soufflet. On comprend maintenant que si l’on place de la fleur de soufre dans la boîte B, et que l’on fasse fonctionner le soufflet, le courant d’air, traver- sant les parois de la chambre F, rencontrera la fleur de soufre qui les touche, et entraînera une partie de celle-ci qui apparaitra sous la forme d’un petit nuage à l'extrémité du conduit D. Pour que cet instrument fonctionne bien, il est utile de n’y mettre qu'une quantité de fleur de soufre telle qu’elle ne dépasse pas la hauteur de la chambre F'; autre- ment, le courant d'air serait intercepté. Il est nécessaire aussi de faire éprouver de temps en temps de petites secousses à l'instrument, afin que le soufre soit toujours en contact avec les grilles de la chambre F. » Ce soufflet,construit par M. Arneither, fabricant d'instruments d’horticul- ture, à Paris, place de l’abbaye St-Germain-des-Prés, a été un peu simplifié. UE, CULTURE MARAICHÈRE. ——————— LE PERSIL, SON HISTOIRE , SES PROPRIÉTÉS, SES DISTINCTIONS, SES VARIÉTÉS, SES CULTURES A PLAT, EN ROCHER ET EN PERSILLIÈRE , A L'AIR ET EN APPARTEMENT, Par M. CH. MoRREnN. À la tête des fines herbes figure le persil, espèce d’ache, l’apium pe- troselinum de Linné. Dioscoride , médecin grec , né au commencement de l'air chrétienne à Anazarbe en Cicilie, se sert déjà du nom de petroselinum (rerpocèawcy) pour indiquer cette plante placée parmi les six espèces d’a- ches connues des anciens et dont le céléri faisait aussi partie. Ce nom de petroselinum, ou selinum des pierres est resté stérile pour la culture ma- raîchère de la plupart des pays de l’Europe, excepté toutefois l'Écosse où l'étymologie du nom, donné sans doute il y a près de deux mille ans à cause d’une circonstance naturelle d’habitation , a révelé que pour avoir du beau persil il fallait le cultiver entre des pierres. L’art des Apicius nous apprend néanmoins fort peu de chose relativement à l'emploi du persil dans la cuisine des anciens. Le «Grand herbier en francoys » du quinzième siècle, en écrivant per- sil comme nous le faisons aujourd’hui, parle de l’usage comme fine herbe. « L’herbe aussi mise cuyte avec les viandes conforte la digestion et oste les ventosités du ventre » Le persil pour les médecins de l’époque étant chaud , sec, les semences avaient « vertu de destouper (destopper, ou- vrir) les conduitz » Dodoëns et de De l’Escluse distinguent le persil sous le nom de persil de jardin et en font un grand éloge. « Il est fort utile et convenable à l’estomach, il fait faire digestion, donne bon appétit et provoque l’urine. La décoction de la racine d’iceluy beue ouvre les oppi- lations du foye, des rognons et de toutes les parties intérieures, elle fait uriner et sortir la pierre et gravelle, et est contraire à tout venin... Elle est aussi singulière contre la toux, unie dans tous électuaires à ce convenables. Les feuilles de ce Persil broyées avec pain, guérissent en- flures et rougeur des yeux et les mamelles exulcérées plaines de laict gru- melé. » Ces anciennes idées ont encore cours aujourd’hui. On prescrit souvent les racines de persil comme diurétiques. Les feuilles fraiches et pilées sont fréquemment employées et avec succès dans les engorgements glanduleux des mamelles. L'usage du persil comme condiment avec un grand nombre de mets, repose non-seulement sur son bon goût, sur son arôme, mais PT encore sur ses propriétés bienfaisantes pour l’homme. Nous ajoutons ce motavec préméditation, car on sait quele persil tue certains animaux , les canaris par exemple. On prétend même qu'il est dangereux de le donner aux pores, malgré leur gloutonnerie et leur facilité à tout digérer. Les cuisinières soutiennent gravement que si l’on lave les verres à boire dans de l’eau où le persil a cuit, ils se cassent et enfin quelques matières mé- dicales nous affirment que le persil est un des plus grands excitants de la mémoire. Nous laissons à de plus habiles que nous, le soin de prouver tant de si belles et de si singulières propriétés. Nous avions écrit quelques mois à peine , dans le Journal d'agriculture du royaume de Belgique (tome 1, 1850, p. 98) les moyens de distinguer le vrai persil (aptum petioselinum) du faux persil (æthusa cynapium) plante vénéneuse, qu’une famille entière de Bruxelles fut encore victime d'une pareille méprise et la paya au prix de pertes à jamais regrettables. Nous n’hésitons pas une seconde fois de signaler ces différences, puisqu'il est donc arrivé que, même de notre temps, on porte aux marchés du per- sil vénéneux. Le vrai persil se distingue du faux, en ce que les feuilles du premier sont d’un beau vert clair, celles du second d’un vert noirâtre. Les feuilles du vrai persil sont deux fois divisées, celles du faux le sont trois fois. Les folioles du vrai persil sont larges, partagées en trois lobes en forme de coin et dentées, les folioles du faux persil sont plus nom- breuses, aiguës, dentées et incisées. Les fleurs du vrai persil sont d’un jaune verdâtre, celles du faux sont blanches : la tige de celui-ci est lisse et glauque, celle du vrai est cannelée et verte. L’odeur , quand on froisse les plantes, est aromatique et agréable dans le vrai persil et dans le faux elle est nauséabonde, vireuse et désagréable. L’ingestion du faux persil est accompagné d'accidents graves; on peut mourir une heure après le re- pas, et si l’on prend un vomitif quand il en est temps encore, on risque néanmoins de payer cette fatale erreur, d’une gastrique chronique ou- vrant la tombe quelques semaines après. De tels accidents qui se renou- vellent presque chaque année, tantôt dans une localité, tantôt dans une autre , devraient donner l’idée de propager une institution dont Pie IX a doté Rome et les villes d'Italie, à savoir celle des médecins inspecteurs des marchés. On inspecte les boucheries, on surveille les boulangers, mais on laisse faire aux légumiers toutes Ics méprises auxquelles leur ignorance habituelle peut les conduire. En Italie, une collection de cham- pignons nuisibles et utiles , imités en cire, est déposée à la maison com- munale et les légumicrs ne peuvent vendre que les plantes etles champi- gnons autorisés. | Le persil est originaire de la Sardaigne où il croit entre les pierres aux abords des sources. Nous avons vu comment de bonne heure cette plante a pénétré en Grèce. Les Anglais ne l’ont reçue qu’en 1548, mais long- temps avant, les Belges la cultivaient dans les jardins. M. P.-F. Keir, notre honorable correspondant de Londres, a publié BELG. HORT, T. II. 14 WT Nu dernièrement dans le Magasyn of Botany un travail remarquable sur la culture du Persil. Toutefois, il ne dit rien de la difficulté qu'ont les graines à germer. Nous reproduisons ici ce que nous avons dit ailleurs de cette circonstance, en y ajoutant la culture à plat. (fs « Tous les persils étant des ombellifères, ont de la peine à germer. Il faut un mois à la graine pour entrer en germination. Cette germination est hâtée en mêlant à la terre un quart de colombine (fiente) de pigeon et de cendre de bois. Cette terre doit être meuble, terreautée, et le mieux ést de choisir un endroit contre un mur exposé au midi, au pied par exemple, des arbres en espalier. Si l’on sème au printemps, on obtient des feuilles de persil toute l’année. Le mieux est de semer dans ce but tous les quinze jours, de février en mai. Pour avoir du persil pendant l’hiver, on a pré- conisé le semis en automne, mais cette culture ne réussit que les années d'hiver doux. Dans l'impossibilité de prédire cette circonstance, la pru- dence exige de s’en référer aux plantes provenant des semis de mai. Il faut les coucher en terre, et laisser poindre les bouts. Si l’on n’a pas de couche, on couvre de paillassons pendant les gelées et les neiges. Si l’on a des châssis, on sème en juillet et août. Quand il va geler , on met les châssis, on aérifie souvent pour ne pas étioler les plantes. Pour donner un bon développement au persil, on sème en lignes es- pacées de neuf à douze pouces. On fait la ligne peu profonde, toujours moins d’un pouce. On sème la graine au fond , modérément pressée et on recouvre d’un demi-pouce de terre. La germination s’opère au bout du mois , ou avant, selon la préparation de la terre, la chaleur et les qualités de la graine. Pendant ce temps, le sol se couvre de mauvaises herbes qu’on sarcle à la main, et en distinguant bien le vrai persil. Cette plante ne monte pour porter graine que la secondé année. Les tiges montrent cette tendance au mois de mai et la maturation des fruits a lieu de juillet au mois d’août. Il vaut mieux cueillir trop tard que trop tôt. Les plantes les plus fortes conviennent le mieux comme portes-graine. Il est bon d’avoir en réserve de jeunes plantés du printemps pour répa- rer lés pertes. Dans la cueillette dés feuilles, il est essentiel de faire l’opé- ration régulièrement. En été, quand vous voyez que la plante a une ten- dance à s’emporter, enlevez les feuilles du cœur ; les bourgeons des feuilles latérales prennent le dessus et la plante reste petite tout en se divisant. On poursuit cette méthode jusqu’en octobre. De la sorte, on force le pied à devenir buisson, petit, court et touffu pour passer l'hiver. La culture sur rocher ramène cette plante à ses conditions de primitive origine. C’est ainsi qu’on la cultive en Écosse où malgré le froid, cette ombellifère est fort belle. La fig. 1, pl. 16, indique facilement la construc- tion du rocher. Dans une direction du nord au midi, de manière que les deux vérsantsiaient l’un le soleil levant et l’autre le soleil couchant, on élève un tertre jusqu'à hauteur de poitrine et angulaire. Le milieu est mélangé de pierrailles qui permettent au sol de se drainer et au-dessus 99 - PI. 46. | | | à il | | MT h | 48 — se pose une terre de jardin bien terreautée. Celle-ci se recouvre de pierres calcaires oude grès, telles que les pavés dont nous nous servons en Belgique pour les routes. Ailleurs, on prendra des cubes de pierres quelconques. On les pose de manière à ce que ees pavés se recouvrent par les bords, mais on ne les agence pas assez précisément pour qu'il reste entre eux des vides par où le persil est destiné à croître. En plaçant les pierres, on intercalle entre elles de jeunes plantes de la variété qu'on a choisie, et en sept ou huit semaines ce talus de persil se recouvre entiérement, et les plantes deviennent si fortes qu’elles résistent même à l’hiver dans une bonne exposition. La culture en persillière hollandaise est une méthode préconisée ré- cemment en France, et empruntée aux vieilles méthodes de la eulture maraichère des provinces flamandes et hollandaises des Pays-Bas et de notre pays. On fabrique des vases arrondis comme le représente la fig. 2, pl. 16, semi-sphériques, percés vers le haut d’une large ouverture et sur la surface de trous plus ou moins nombreux. En septembre, on remplit ce pot de terre et on dispose horizontalement de jeunes plantes vis-à-vis des ouvertures latérales. On arrose par le haut quand il y a besoin. Cette persillière se tient en appartement, et même en Flandre on garnit les fenêtres de cuisine d’une série de ces persilliéres, qui donnent tout l'hiver une herbe dont beaucoup de nos mets ne peuvent se passer. SUR L'USAGE DU RAISIN DE LA VIGNÉ, DITE CASSIS ET ISABELLE, Par M. Desvaux. L'on sait que le raisin provenant de ces deux vignes, a une saveur rap- pelant celle des fruits du cassis. Aussi elles sont plutôt cultivées comme objet de curiosité que pour son raisin. Toutefois, M. Desvaux propose de ne point arracher cette vigne vorace (*), mais d’en préparer le raisin à la manière du Pineau noir dans le département de la Vienne, et nous en avons obtenu, dit-il, une liqueur véritablement très-bonne et dans le genre de ces excellents ratafias dont le guignolet d'Angers est un exemple remarquable. La méthode est trés-simple pour le préparer. On égrappe le raisin en bonne maturité, après l'avoir exposé une jour- (4) Un de nos collègues du Conseil supérieur d’agriculture de Belgique, M. le sénateur Du Trieu de Terdonck, qui cultive cette vigne depuis longlemps, la regarde comme très- propre à étre enfouie en vert et à servir d'engrais dans les terrains sablonneux de la Campine. A Vilvorde , dans la maison de campagne de M. Van Volxem, on la voit cultiver à la manière talicnne, sur la cime de hauts arbres. (Note de Ch. Morren.) = A0 — née où deux à l'air ou au soleil. On couvre les grains d’eau-de-vie ou de trois-six coupé avec moitié son volume d’eau, et on laisse infuser un mois ou plus. Par litre de liquide, on peut ajouter seulement 33 grammes (once) de sucre, et au fond du vase quatre à cinq feuilles de laurier-eerise déchirées par morceaux; à la quinzaine on peut écraser les grains dans le vase au moyen d’une spatule. Vers la fin de l’infusion, précipitée si lon veut par l’action solaire, c’est-à-dire après un mois à six semaines, on presse le tout à travers une toile blanche; on laisse reposer et on décante huit jours après, ou bien on passe à la chausse. Le résultat est un vin liqueur, dont la saveur spéciale et première du raisin est masquée par la présence de l'acide hydrocyanique, qui, ne prédominant pas, fait une combinaison qui ne représente ni la saveur du cassis, ni celle du noyau. La vigne cassis a les feuilles à duvet très-fauve en dessous et le grain noir. La vigne Isabelle est une variété à fruit noir et à duvet au-dessous des feuilles blanchâtre et abondant. La vigne Isabelle rouge a le raisin rouge assez foncé. /Comice horticole de Maine-et-Loire.) NOTE SUR LA CULTURE DE L’ASPERGE DANS LA VIGNE, Par M. CHÈVRIER, Secrétaire général de la Société d'Horticulture d'Orléans. L'asperge est dans les communes limitrophes d'Orléans l’objet d’une culture importante et dont le produit annuel s’élève à plus de 250,000 fr. Cette culture est d'autant plus avantageuse à ceux qui s’y livrent que, faite dans la vigne ét avec la vigne, elle ne demande pour ainsi dire d’autre dépense particulière de temps que celle nécessaire pour la cueil- lette. Il faut d’abord se procurer un bon plant. Le plant d’un an est trop faible ; celui de trois ans a langui ; c’est le plant de deux ans qu'il y a lieu de préférer. On sème, vers le commencement du mois de mai, en planches, dans une terre bien ameublie, de la graine d’asperge blonde de Hollande; on sème clair, et dès que cela ést possible, on dépresse de façon à ce que chaque plante ait un espace libre de 20 centimètres, de 15 au moins. Après avoir dépressé l’on se borne à purger les planches des herbes parasites, à les tenir nettes et à donner quelques légers arrosements. À l’automne, les jeunes asperges ont déjà atteint une certaine force. Au printemps de l’année suivante, on donne un labour peu profond, — 102 — de manière à ne pas blesser les racines; pendant l'été, les planches sont soignées comme l’année précédente et les arrosements très-légérs et fré- quents ne sont pas épargnés, Il faut cependant faire ces arrosements avec intelligence et d’après la connaissance qu’on a de la nature du terrain , car la griffe de l’asperge se fond très-facilement, surtout quand elle est jeune, à la trop grande humidité. Au printemps de la troisième année, vers le mois de mars, veulent les uns, ceux qui pensent que la griffe arrachée deux mois à lavance et déposée dans un lieu see et frais, est d'une réussite plus assurée; ou, sui- vant les autres, qui ont la conviction que moins la racine de quelque plante que ce soit reste à l’air et moins elle souffre, vers le mois de mai, au moment de planter, on arrache toutes les griffes contenues dans les semis qu’on a faits et l’on prend garde à ne pas blesser les racines. Avant de planter, l’on a eu soin de faire sur les pouées des vignes, au bout de chaque pouée d'ordinaire, quelquefois, lorsqu'elles sont très-longues, dans le milieu, un trou dont la profondeur doit varier, suivant le plus ou moins de fraicheur et de perméabilité de la terre, de 20 à 55 centimètres; on laboure très-profondément le fond du trou et l’on fume fortement. Il est toujours nécessaire de faire un bon guéret ; il ne l’est pas toujours de fumer, et l’on pourrait citer telles terres où l’asperge n’a pas été fumée au moment de la plantation et où elle ne l’est que comme vigne et en même temps qu'elle. En Tu , il faut avoir soin d'étendre avec précaution les racines de manière à leur faire prendre l’apparence de griffes. Lorsque l’asperge est plantée, tout est fini pour la première année. Pour les années suivantes, on se contentera d’ajouter aux facons qu’elle recoit comme la vigne, où on l’a introduite, un labour vers la fin de mars ou le commencement d'avril, suivi, huit à quinze jours après, d'un butage qui recouvre assez la griffe pour que l’asperge pousse bianche et ait une longueur de 20 à 50 centimètres. _- Quelques personnes profitent du labourage du printemps pos mettre sur la griffe de l’asperge un bon lit de fumier bien consommé ou du mare de raisin. C’est un soin qui ne doit pas être sans résultat, mais qui, dans les bonnes terres , ne semble pas indispensable. Pour obtenir de beaux produits, et pendant longues années, on doit ne cueillir d’asperges pour la consommation qu'après cinq et même six années de plantation. Pour avoir à récolter de bonne heure l’année suivante, il faut aussi s'arrêter de bonne heure et ne pas épuiser tous les jets que donne la griffe. C’est une remarque que nos vignerons ont faite et que notre expé- rience personnelle a confirmée. Dire que pendant 10, 12 et 15 ans l’on peut récolter l’asperge et l’avoir belle et bonne, c’est rappeler un fait bien connu, et nous nous bornerons — 103 — à faire observer en terminant que la manière dont on la cueille peut avoir une grande influence sur la durée de la griffe qu’il ne faut pas blesser. Il est nécessaire de couper l’asperge tout près de la griffe et de ne pas l’arracher. En résumé, planter des asperges dans la vigne, c’est se procurer un produit qu’on obtient sans dépense et sans faire tort à la récolte de vin (ou de raisins). Cette culture mérite donc d’être encouragée. D'autant plus que, sans nuire à la vigne , on peut planter 45 à 1600 griffes, par hectare, et qu'en calculant sur 1500 griffes seulement, on peut arriver à un revenu de 75 à 100 fr., c’est-à-dire de 5 centimes à 6 centimes 275 par griffe, revenu qui ne coûte guère que la peine de le reeueillir. (Bulletin de la Société d’horticulture d'Orléans.) ENTOMOLOGIE HORTICOLE SUR LA DESTRUCTION DES INSECTES, Par M. J. MAGNÈRE, Jardinier à Bresse sur Grosne, Je viens vous faire part d’un procédé que j’ai employé avec succès pour la destruction des insectes qui fatiguent et souvent font périr les plantes. Après avoir inutilement usé beaucoup de tabac sans pouvoir débarrasser les plantes des insectes, J'ai imaginé de faire tremper une poignée de genêts dans un baquet d’eau ; au bout de huit jours, j'ai fait avec cette eau de genêts un fort bassinage, que j'ai renouvelé deux ou trois fois. Tous les insectes et jusqu’à leurs œufs ont entièrement disparu. Je recommanderai, toutefois, aux personnes qui essaieront ce procédé dont la réussite est attestée par l’expérience, de renouveler les genêts tous les quinze jours au plus tard, parce que, s'ils sont décomposés, ils font un mastic sur les feulles des plantes, qui parait les faire mourir, tandis que si l’on en use à propos, le bassinage fait reverdir les plantes même qui sont malades. (Journal de la Société d'horticulture de Mâcon.) OBSERVATION. M. Magnère ne dit pas à quelles espèces d'insectes il a eu affaire. Puis- qu'il parle de tabac, il est probable qu'il a eu en vue les pucerons. Des bassinages répétés de deux à trois jours avec de l’eau seule, eussent peut- être pbtenu le même effet, et c’est l'expérience aussi que nous voudrions voir invoquer dans cette circonstance. PT 1e EFFET DE LA CHAUX VIVE SUR LES INSECTES, Par M. Curtis. M. Samuel Curtis, à qui l’on doit un procédé pour garantir les vergers des ravages des insectes, avait employé en vain l’eau de chaux en asper- sion pour détruire les insectes qui dévastaient son verger. Ses plantations étaient dans le plus mauvais état, lorsqu'il essaya l'effet de la chaux vive réduite en poussière très-fine , répandue sur les arbres attaqués. Il ima- gina une sorte d’arrosoir assez semblable à l'instrument de jardinage qui porte ce nom, ou mieux à un sablier d’une très-grande dimension et qui aurait une anse, afin de pouvoir manœuvrer sans y mettre les deux mains. {1 lui donna un pied de hauteur, sept pouces de diamètre et le disque percé de trous n’a que quatre pouces. Ainsi, le vase peut être composé de deux parties, l’une cylindrique et l’autre conique, ou, ce qui est mieux, en cône tronqué dont la base aurait sept pouces de diamètre et le sommet de quatre pouces. L'épreuve des aspersions poudreuses, faites avec cet instrument , eut un grand succès ; il saupoudra les feuilles, et les chenilles qui eonservaient encore de la vigueur abandonnèrent aussitôt les arbres. Bientôt les arbres furent couverts de verdure et produisirent des fruits abondants. Il est bon, pour procéder à cette opération, que les feuilles soient mouillées par la rosée. Lorsque les circonstances sont favorables, trois hommes suf- fisent pour saupoudrer plusieurs centaines de pieds d'arbres. UN BRACON UTILE, Par M. WESMAEL, Professeur de sciences naturelles à l’Athénée de Bruxelles. J'ai pu examiner de nombreux fragments d’écorce d’ormes sillonnés par les larves de scolyte. Je trouvai en abondance dans ces sillons, de petites coques brunes, longues de 2 lignes et demie à 5 lignes , apparte- nant évidemment à uh hyménoptère pupivore. Effectivement, environ six semaines après, il sortit de ces coques des mâles et des femelles du Bracon ünitator. Fabr. Il résulte de cette observation que ce bracon dépose ses œufs dans le corps des larves de scolytes et nous rend, en les faisant périr, un important service. Chargées de cette difficile opération, les femelles ont l'abdomen terminé par une tarière ou oviducte aussi long que le corps entier. Quoique séparées des larves de scolytes, par toute l’épaisseur de l'écorce, ces bracons savent, avec un instinct admi- rable, deviner au juste la place où elles se trouvent. Ils introduisent leur iongue tarière dans d’étroiles fissures et déposent un œuf dans le corps de lenrs vietimes. + | ds Fe ie “pue 5 | CRREÉ p ke gs Re rose he 4 OL k | " a ETS RIT ea kis RSS PE ee OI TE ps FAR ok dns pe # Zilh de GS VETCEYTRS Potentilles varices. — 105 — HORTICULTURE. LES POTENTILLES DE M. SPAENHOVEN D’ANVERS, Par M. CH. MorRren. Le Népaul et le Gosainstham dans les Indes orientales , produisentcomme enfantdeleurfloreindigèneunepotentille charmante, forte et robuste plante, bravant la rigueur des climats de l’Europe centrale et se couvrant annuel- lement dans sa nature vivace , d’une ample moisson de fleurs qui se suc- cèdent depuis le mois de juin jusqu'à l’arrière-saison. Cette espèce est le Potentilla atrosanquinea de Loddiges, introduit en 1820 dans les jardins de l’Angleterre. Elle se caractérise par son velouté soyeux, par sa tige décombante, par ses feuilles ternées, pétiolées, les folioles obovées, pro- fondément dentées, en dessous blanches, tomenteuses, par ses stipules ovales lancéolées, entières et trifides ; par ses pétales obcordés plus longs que le calice. La beauté de ses fleurs a fait successivement meubler les parterres de nos jardins de cette espèce d'ornement. En 1846, on vit apparaître une variété désignée sous le nom horticole de Potentilla Menziesii, mais que les botanistes durent nommer Potentilla leucochroa-atrosanguinea, vu que son producteur, M. Menzies, jardinier à Halifax, prétendait l'avoir fait naître en hybridant le Potentilla atrosanguinea (mère) avéc le Poten- tilla leucochroa (père). Vers la même époque parut une autre variété du même type,le'Potentilla atrosanguinea, var. Russeliana, dont la paternité était moins bien établie. Ces plantes obtinrent une grande vogue en hor- ticulture. Il était donc établi que la variabilité, soit par semis, soit par hybridité, devenait une qualité de la Potentille du Népaul. Un horticulteur d'Anvers, trés-recommandable , M. Spaenhoven, s’occupa dès cette époque, de faire produire à cette espèce une suite de variétés qui eurent l'honneur de rece- voir une protection spéciale de la part de l’utile et laborieuse Société royale d’horticulture de cette ville. Nous publions aujourd’hui les figures de sept de ces variétés en nous réservant de communiquer à nos lecteurs, dans une autre livraison, six autres coloris, des plus remarquables. Le sa- vant secrétaire de la Société d'Anvers, M. Rigouts-Verbert a suivi de près les opérations de M. Spacnhoven et il attribue la production de ces variétés à des croisements multipliés entre des variétés primitives du Potentilla atrosanguinea. Cette succession de bâtardises prouverait donc une mine féconde de variations dans cette espèce. Les amateurs qui dé- sirent de faire l’acquisition d’une ou de plusieurs de ces variétés, ou même BELE. MORT. T. Il. 15 = ie — de la collection entière, sont priés de s'adresser à M. Spaenhoven, jardi- nier-fleuriste, faubourg de Berchem-lez-Anvers. Les horticulteurs de Lille ont déjà amplement puisé à cette source et il est probable que des variétés de M. Spaenhoven circulent déjà dans le commerce français. M. Rigouts-Verbert nous a fait la courtoisie de nous laisser le choix des noms à donner à ces variétés. Toutes étant d’origine anversoise, nous croyons à la fois juste et digne de rattacher à ces jolies fleurs des souvenirs chers à tous les habitants de notre métropole commerciale. Fig. 1. PotenTILLE Jean De Larr. Fleur en moyenne de 50 millimètres de diamètre ; pétales bruns foncés chocolat, quelques stries et nuages de brun café au lait; siries pourpres ; aspect sévère ; fleur sérieuse. Elle est dédiée à Jean De Laet, géographe, philologue, botaniste et zoologiste d'Anvers, mort en 1649. Dans son novus orbis de 1655 il donna la pre- mière gravure de la Sensitive et y fit connaître beaucoup de plantes d’Amé- rique entièrement nouvelles. Fig. 2. POTENTILLE CHRISTOPHE PLANTIN. Fleur en moyenne de 55 milli- mètres de diamètre; onglets pourpre-bistrés, milieu des pistils jaune bril- lant, pourtour pourpre-bistré, stries rouges, coloris chaud. Elle est dédiée à Christophe Plantin, né à Mont-Louis près de Tours en 1514, célèbre imprimeur d'Anvers, chez lequel furent imprimés les œuvres botaniques de Dodoëns, de L’Eseluse, de L'Obel, etc. Il popularisa l'amour des fleurs par ses éditions. Fig. 5. POTENTILLE PIERRE COUDEMBERG. Grande fleur de 40 millimètres de diamètre; pétales d’un brun marron, nuancés au milieu d’un fond jaune; stries brunes; fleur élégante de ton, riche et d’un bel effet. Elle est dédiée à Pierre Coudemberg, célèbre et riche pharmacien d'Anvers qui, avant 1260, possédait une collection très-grande de plantes rares à Borgerhout près d'Anvers. Il dut avoir au moins des orangeries si pas des serres, puisqu'il cultivait le Dracæna draco que vit chez lui De L'Obel. Clusius, Gesner, L'Obel, etc., lui rendirent hommage. Fig. 4. Porenrizze Nonnivs. Fleur de 55 millimètres de diamètre; pé- tales d’un rose brillant et le milieu jaune ; stries roses ; fleur gaie, bril- lante. Elle est dédiée à Nunnez, plus connu sous le nom de Nonnius, né à Anvers dans le seizième siècle, auteur d’un traité singulier sur l’art culi- naire (De re cibarià) plein d’érudition : c'était le Brillat-Savarin de cette savante époque. Il écrivit encore sur l’Ichtyophagie ou l'usage du poisson; ses livres sont plein d'esprit ; il connaissait fort bien les plantes. Fig. 5. POTENTILLE Van Bavecnem. Fleur de 55 millimètres; intermé- diaire entre les variétés WNonnius et Plantin ; le rouge est plus foncé que celui de la première et moins brun que celui de la dernière; les pétales ont moins de jaune. Elle est dédiée à Pierre Van Baveghem, né en 1745 à Markgraeve-Leye près d'Anvers, et mort en 1805 à Baesrode. Il écrivit en 4779 un ouvrage remarquable sur une maladie des pommes de terre, Cho ouyrage qui fut couronné par l'Académie impériale des sciences de Bruxelles. Ce fut done un des premiers auteurs de la Pathologie végétale. Fig. 6. PorenriLce HerBouvizre. Fleur en moyenne de 55 millimètres de diamètre; pétales presque entièrement d’un rouge carminé brillant; peu de jaune au-dessus de l'onglet; stries carminées; fleur brillante, vive, de beaucoup d'éclat. Elle est dédiée à C. Herbouville, préfet du dé- partement des Deux-Nèthes sous l'empire ; il publia, sous le nom de Ta- bleau Statistique du département, un apercu sur lhistoire naturelle de Ja province d'Anvers. On y trouve une flore que l’on consulte parfois avec fruit, la liste des poissons de l’Escaut, des détails instructifs sur la cul- ture , etc. Fig. 7. Porenrizze Meugrève. Fleur de 40 millimètres de diamètre, grande et régulière; entièrement d’un jaune d’or, les stries plus bistrées : éclat vif; fleur contrastante. Elle est dédiée au souvenir de Membrède, gouverneur de la province d'Anvers en 1826, grand amateur de plantes. Il réunit dans sa propriété d’Albeck , près de Maestricht, une riche collec- tion d'espèces exotiques et de beaux arbres. Le très-savant M. Sommé, directeur du jardin botanique d'Anvers, a publié en 1826 une notice sur les jardins d’Albeck, parfaitement écrite et pleine d’érudition instructive. Cet opuscule donne une excellente idée de l’état de l’horticulture en Bel- gique sous le gouvernement de Guillaume I. Toutes ces potentilles que nous désirons voir propager et le nom de leur intéressant producteur et le souvenir de ces illustrations botaniques anversoises , se cultivent avec la plus grande facilité. Elles préfèrent un sol argileux et terreauté fortement , même calcaire, et se trouvent bien d’une humidité moyenne. Cependant, trop d'humidité convertit les bour- geons en feuilles uniquement et les fleurs se développent moins. Nos potentilles indigènes croissent surtout sur les terrains calcaires et argi- leux; elles y fleurissent abondamment. C’est un indice pour la culture des autres espèces du genre. La production des variétés a lieu par semis : il faut trois ans pour voir fleurir les pieds nouveaux, et les fleurs ne se fixent que la cinquième année. Nous sommes très-disposés à prendre ces variétés pour des effets du semis seul et non pour des produits hybrides. Les lois de la variabilité des couleurs dans les fleurs, relatives à l'extension des teintes dont les fonds se trouvent dans les nervures, se vérifient ici parfaitement. Les variétés fixées se multiplient par la division des pieds qui se fait au pre- mier printemps. La reprise a lieu de suite, ces plantes étant très-volon- taires. Des groupes produisent un bel effet dans les parterres; la terre est cou- verte de verdure et les fleurs brillantes jettent leur éclat sur un ample feuillage. mn NT CHOIX DES MEILLEURS DAHLIAS MIS DANS LE COMMERCE POUR LA PREMIÈRE FOIS EN 1851, Par M. HyaciNTHE HAQuIN, Horticulieu’ à Liége. Dans le nomÿre si considérable de variétés actuellement existantes dans cette seule espèce de Dahlia, les amateurs de belles formes, de coloris purs et harmonieusement combinés , sont bien aise, quand il s’agit de faire un choix, d’être guidés. Notre vieille expérience en tout ce qui regarde l’histoire, la culture et le commerce des Dahlias, nous permet d'indiquer ici une liste des fleurs les plus remarquables de notre époque. C’est une collection de Dahlias belges, anglais, allemands, français, où les plus brillantes teintes se trouvent réalisées sur des formes irréprochables et telles que l’exige aujourd’hui la correction des dessins. Notre établisse- ment est à même de fournir toutes ces variétés à 1 fr. chacune, ou 9 fr. la douzaine. Admiral (Bragg), vrai Lilas ; Ambiorix (Miquet), agathe à revers lilas foncé ; Céline (De Knyff), orange-nankin ; Gem of the East (Barnes), rose clair; Général Faucher (Rose) rouge cramoisi à reflet orange ; Gracilis (Salter), orange lavé rose; Jean-Paul (Deegen), jaune clair pointé carmin vif; King of Dablia (Morgan), cramoisi feu très-vif ; Lady Craven (Whale), blanc bordé rose; Leuchtogel von Koestritz (Sieckman), écarlate feu ; Madame Andrea (Mezard), jaune clair pointé blanc; Miss Herbert (Keyne), blanc bordé carmin-rose; Miss Pope (Keyne), jaune à pointes blanches ; Mistriss Hausard (Edward), jaune foncé pointé blanc ; Mont d’or (Poulet), orange-nankin ; Nepaulense chief (Dodd), jaune d’or mélé cramoisi; Nil Desperandum (Stein), écarlate cerise ; Prince de Nassau (Miquet), jaune clair bordé pourpre ; Queen of Bcauties (Mitchel), blanc d'ivoire pointé cerise ; . Queen of Dablias (Kelsal) , blanc bordé pourpre clair; Rosea Alba (Turner), rose à reflets blancs ; Rosen Sec (Sieckman) , couleur de la Rose cent feuilles ; Striped Essex Triomph (Cook) ; marron noir; Summit of Perfection (Keyne), violet eramoisi ; Triomphant (Mézard), rouge cocciné ; Triomphe de Malines (De Knyff), saffrané à reflets pourpres ; = MY — Uranus (Salter), orange faux nuancé bistre ; Vénus (Cook), jaune ambre. Vulcain (Tassart) , rouge cramoisi pointé blanc. UN LIS DE SIBÉRIE , REVENU A SON VRAI NOM DE BAPTÈME Par M. Cu. MoRrRrENx. L'article final que nous avons publié naguère (en 1849) dans le cin- quième et dernier volume des Annales de la Société royale d'Agriculture et de Botanique de Gand, était relatif à l’espèce de lis dont la gravure et l'histoire avaient été mis au jour par M. Dieudonné-Spae, horticulteur de Cand , sous le nom de ZLilium pumilum. Le très-savant M. Fischer, con- seiller privé de S. M. l'Empereur de toutes les Russies, dont la compétence en ces sortes de matières ne saurait être contestée de personne, nous fit l'hornceur de nous écrire, en date du 16 mars 1850, que le Lilium pumi- lun de Spae était très-certainement son Lilium tenuifolium, décrit sous ce nom dans tous ses détails. Le nom de Lilium pumilum ne pouvait d’ail- leurs convenir à ce lis qui n’est ni nain, ni basset. Le célèbre botaniste de St.-Pétersbourg rappelait, au sujet de ce lis, sa patrie, la Sibérie, et l'usage considérable qu'on y fait de ses bulbes, lesquelles fournissent une substance alimentaire très-saine. Depuis cette époque, nous avons eu l'honneur de voir M. Fischer, à Liége, et il nous a pleinement confirmé ces détails relativement à une espèce de lis à laquelle ce savant si honorable a voué une espèce de prédi- lection. Le 26 octobre 1851 , il nous écrit derechef concernant cette es- pèce, ces paroles confirmatives : « Le Lilium pumilum de Redouté (Lilia- cées) mal à propos jugé péruvien, très-bien reproduit par la figure 264 (page 251 , 5° volume) de vos Annales, est décidément mon Lilium tenuifo- lium de la Daourie, et je ne voudrais pas voir enlevé mon nom par celui indiqué dans l’ouvrage de votre compatriote ardennais (Redouté), nom qui n’est pas bien adapté à ma plante laquelle devient quelquefois haute d’un mètre et au-delà. Elle porte parfois jusqu’à seize fleurs. C’est ma plante favorite et pour comble de perfection, elle forme un excellent ali- ment. On consomme en Sibérie bien des milliers de ses bulbes. Aidez-moi à conserver mon ancien nom à mon pelit lis bien-aimé; nom sous lequel il a voyagé, grâce à ma sollicitude pour lui, dans tous les jardins bota- niques de l'Europe. Le Lilium linifolium d'Hornemann est encore la même plante. » Nous ne pouvons pas mieux accomplir le désir de l’illustre conseiller Fischer que de communiquer à nos lecteurs, empressés comme nous de rendre à César ce qui appartient à César, ses propres paroles à Ja fois si = 440 — justes et si spirituelles : Que le Zilium pumilum soit done pour tous le lilèum tenuifolium ; et que de péruvien il soit pour tous un enfant privi- légié de la Daourie et une consolation pour la Sibérie, en attendant que de nos jardins il passe sur nos tables! CULTURE DES QUATRE CENTS ACACIAS, LA PLUPART AUSTRA- LASIENS . Par M. Joux Suiru, Curateur des jardins royaux de Kew, en Angleterre. Le genre acacia comme il est restreint actuellement dans ses limites naturelles , se compose de près de quatre cents espèces décrites. Elles s'étendent sur un espace considérable entre les tropiques de l'Ancien et du Nouveau Monde. On les rencontre de même dans quelques contrées extra- tropicales, notamment en Australie, région qui renferme la moitié environ des espèces connues. Ce genre, dans sa forme typique et norma'e, pos- sède des feuilles conjugées ou diversement pinnées, caractère commun à toutes les espèces quand on prend les individus dans leur état naissant ou de germination. Dans une moitié du genre, cette forme de feuilles pin- nées, donc composées, appartient à tous les âges. L'autre moitié perd les vraies feuilles et à leur place se trouvent des pétioles qui affectent des formes différentes mais réalisant celles de vraies feuilles dont ces supports remplissent alors les fonctions. Dans un petit nombre, les vraies feuilles naissent au sommet d’un pétiole élargi et aplati, mais il est facile de re- connaître les pétioles des vraies feuilles, en ce que les premiers n’ont pas de surfaces supérieure et inférieure, mais bien une position verticale, des faces latérales et uniformes d’un côté comme de l’autre. À l'exception de deux ou trois espèces tout le groupe privé de vraies feuilles, appartient à la flore australienne. Toutes ont été trouvées sur les côtes ou répandues et diffuses dans l’intérieur. Leur nombre est tel qu’il donne naissance à une végétation spéciale. L'aspect glauque ou les surfaces poilues donnent une apparence particulière aux paysages où elles entrent et généralement leur nature indique une contrée aride. Comme toutes les graines des légu- mineuses , celles des acacias se détruisent difficilement dans les longs voyages, et de cette résistance provient que de temps en temps le contin- gent des jardins d'Europe s'’augmente d’espèces nouvelles. Plus partieulié- rement, c’est donc l'Australie qui nous fournit des nouveautés. Il résulte de ces vérités que la plupart sont d’une culture facile. Leur végétation est robuste ; leur floraison se fait aisément et leurs fleurs sont nombreuses. De Ja terre de bruyère mélée à partie égale à de l'argile légère franche AA — forme leur sol favori. De l'air, de la lumière, de la ventilation même les jours chauds, la température enfin des orangeries et des conservatoires, un arrosement modéré , telles sont les conditions faciles de leur bonne et constante venue. REVUE DE PLANTES NOUVELLES. Acacia uroplhylla. Benth. Bot. reg. 1841. Mise. n° 61. — Hook. . Lond. Journ. of Bot. v. 1. p. 529. — Lehm. Plant. Preiss. vol. 1. p. 8. — Hook. Bot. mag. 1851. n° 4575. (Acacia à feuilles pointues.) Famille des légumineuses. Syn. Acacia smilacifolia. Fielding sert. plant. t. 5. (1845) Var. B glaberrima (feuilles plus pâles , fleurs grandes, jaunes). Plante glabre ou hispidule, rameaux anguleux, stipules soyeuses, spines- centes, phyllodes pétiolés, dimidiés-ovales ou lancéolés, obliques, su- bulés-acuminés, ondulés, bord supérieur souvent crénelé, à deux nervures ou 5 à 4 nervures fourchues, transversalement venés ou réticulés, glandule grande à la base , pédoncules simples (ou courts et rameux), ca- pitules pauciflores glabres. Benth. Il s’en faut de beaucoup que toutes les espèces de ce groupe nombreux d’acacias à phyllodes soient aussi faciles à définir que celle-ci. Les phyllodes sont chez elle d’un caractère très-parti- culier, généralement larges, presque bifurqués, acuminés presqu’en épines avec des nervures transversales comme dans un smilax. Cette plante est provenue de graines envoyées en 1845 par M. Drummond, de la colonie de la rivière du Cygne en Australie. Preiss la trouva près de la rivière de Canning et sur les collines de Darling. Elle fleurit en janvier et février. Culture. Cette espèce est d’orangerie et convient aux conservatoires. Elle exige un sol formé d’argile légère et de terre de bruyère et se mul- tiplie par boutures faites sous cloche et en bache. Chysis aurea. Var. Aaculata. Lindl. Bot. reg., t. 957. — Hook. Bot. mag. t. 5617. Id. ibid. 1851. t. 4576 (Chysis à fleur d’or). Famille des Orchidées. Bractées petites, concaves, plus courtes que l'ovaire, sé- pales et pétales ovales-obtuses, lobes du labellum latéraux obtus, l’inter- médiaire plus grand, charnu, bilobé, hypochilium plié, lamelles au nombre de cinq charnues, subégales, parallèles, pubescentes à la base et de chaque côté trois autres plus petites (plutôt des veines élevées), colonne très-large charnue, cymbiforme pubescente en avant. Caractères de la variété : partie supérieure des sépales et pétales d’un brun doré, lobe du milieu du labelle maculé de pourpre. Cette charmante orchidée a été en- voyée à Kew de la collection de MM. Lacombe et Pince. Elle provenait d’un achat d’orchidées de la Colombie. Sir William Hooker crut d’abord y voir une espèce distincte des Chysis aurea, lœvis ou bractescens , mais — 4112 — il se eonvainquit plus tard que ce n'était qu’une variété de la première espèce. Culture. Cette orchidée exige toute la haute température des serres d’orchidées tropicales. Elle se cultive bien dans un pot étroit rempli de terre de bruyère mêlée à des tassons et bien drainée. Ce mélange doit surmonter le bord du pot pour l’aérification et le passage rapide de l’eau d’arrosement supplémentaire. En hiver, il faut éviter l'humidité froide ct stagnante. On l’esquive en plaçant la plante dans une serre plus froide et plus sèche. Dombheya mollis. Hook. Bot. mag. 1851, tab. 4578. (Dombeya à feuilles molles). Famille des Bytnériacées. Syn. astrapæa mollis des hor- ticulteurs. Arbre à rameaux pubescents-tomenteux, feuilles amples, mollement pubescentes, cordées, dentées, trilobées, lobes très-aigus , droits, stipules ovales, acuminés , pédoncules allongés, tomenteux, dichotomes au bout, ombellés, filets unis en un tube urcéolé, pétales étroitement lancéolés, faleato-flexueux. Le plus grand des Dombeyas atteint dans des serres à palmiers une hauteur de 50 pieds avec une large cime de branches. Les pieds de cette espèce ont été amenés de France en Angleterre sous le nom d’Astrapæa mollis. Hooker la ramène aux vrais Dombeya. Les feuilles sont très-grandes et très-douces, les fleurs en têtes ombellées, d’un rose pâle et portant des pétales étroits. Elle fleurit en mars, son parfum ressemble à celui de l’aubépine. Culture. La hauteur et la largeur de cet arbre ne permet de le cultiver que dans de grandes serres; s’il n'a pas de place suflisante, il ne fleurit pas. Sa culture ressemble à celle des Astrapæas suffisamment connue. Mormodes atre-purpurea. Hook. Bot. mag. 1851, tab. 4577. (Mormodes à fleurs d’un pourpre foncé.) Famille des Orchidées. Pseudo- bulbes oblongs, écailles amples , imbriquées, pâles, marginées de brun, vaginés, feuilles... , fleurs pendantes unicolores, sépales et pétales brus- quement réfléchis, ovales-lancéolés, bords révolutés, labellum large, obcordé, velouté, aminei à sa base, les côtés révolutés, colonne oblique- ment tordue, courte et pointue. Plante singulière, d’un port, d'une structure et d’une couleur étranges ; les fleurs naissant sans feuilles sont d’un rouge de sang brun.M. Warcewitz l’amena de Panama en Angleterre où M. Dellwyn-Llewelyn l’acheta et la vit fleurir en janvier 1851 à Penl- lergare. Les amateurs d’orchidées qui deviennent journellement plus nombreux en Belgique , en France et ailleurs, feront bien de se procurer cette espèce extraordinaire. | Culture. La chaleur d’une serre à orchidées tropicales lui est nécessaire. Le succès de sa floraison a été obtenu en la cultivant dans une terre de bruyère très-aérée et lâche, en mottes et dans un pot très-bien drainé par des tassons. Pendant sa période de repos, il lui faut très-peu d’eau — 115 — et il est bon de la tenir alors plus froidement et dans un état plus sec. Quand la eroissance recommence, l’air chaud et humide lui conviennent. En été, elle ne supporte pas les rayons directs du soleil et elle exige alors l'ombre. Rondeletia versicolor. Hook. Bot. mag. 1851. 4579 (Rondeletie versicolore). Famille des rubiacées. Pentamère, rameaux et feuilles jeunes couverts d’une villocité soyeuse; feuilles pétiolées ovales, acuminées, obtuses à la base subcordées (devenant en se desséchant coriaces) , un peu glabres au-dessus, au-dessous pubescèntes tomenteuses ; stipules large- ment ovales, ouvertes, pubescentes, panicules trichotomes, cymeuse, dense ; fleurs pubescentes, tube du calice globuleux , limbe à cinq dents, tube de la corolle grèle, infondibuliforme, lobes du limbe arrondis, disque soyeux. Ce Rondeletia entrerait dans le genre Rogeria de Plan- chon, si ce dernier genre n'avait pas été récusé par Hooker. Ce dernier regarde même cette espèce comme voisine du Rogeria cordata. Elle est originaire de Boquela, dans le Veraguas, Amérique centrale, d’où elle a été envoyée par M. Seeman en 1858. C’est un charmant arbuste de serre chaude fleurissant en mars ou avril. Les fleurs sont roses , les boutons pourpres et le limbe jaune. Culture. À deux pieds de hauteur, ce rondeletia fleurit. On le cultive dans un mélange par tiers de terre argileuse légère, de sable siliceux et de terre de bruyère, le tout bien drainé. On pince souvent pour forcer la tête à se former, sinon la plante file. On multiplie par boutures sous cloche et en bache chaude. Wigandia caracasana.H.B. K. Nov. gen. et sp. Am. v.5. p.198. — Lindl. Bot. reg. t. 1966. — Roem. et Seh. syst. veg. v. 6. p. 190. — Choisy De Cand. Prodr. vol. 10. p. 84. — Hook. Bot.mag. 1851. n° 4575. (Wigandie de Caracas.) Famille des Hydroléacées. Plante poilue, feuilles elliptico-cordées , duplicato-crénées , dents pointues, de chaque côté hirto-tomenteuses, épis d'abord révolutés, fleurs uni-latérales, rachis villoso-pubescent , sépales linéari-lancéolées , incano-tomenteuses aiguës, tube de la corolle court, étamines à la base ciliées poilues, capsule à peine incano-pubescente. Le nom de cette plante indique qu’elle est ori- ginaire de Caracas. Elle a passé du jardin botanique de Berlin dans les jardins du continent. Elle fleurit en serre chaude en février où elle forme une agréable diversion par ses fleurs d’un pale violet. Les fleurs deviennent trois fois plus grandes qu’elles ne le sont dans leur pays natal par la culture; les feuilles deviennent aussi plus vertes et les côtes et les veines plus poilues. Culture. I lui faut toute la chaleur d’une bonne serre chaude. Le sol est un mélange de terre de bruyère, d'argile, et de sable blanc rugueux et siliceux ; le pot doit être bien drainé. La reproduction se fait facilement par les boutures placées dans du sable sous une cloche et plongées dans une bache chaude. À peine les racines formées, il est nécessaire d’arroser abondamment. RELG. HORT. T. LI. 46 — 114 — FLORE NATIONALE. RELATION D'UNE PROMENADE BOTANIQUE ET AGRICOLE DANS LA CAMPINE, Par M. J. Kicxx, Professeur de botanique à l'université de Gand, Membre titulaire de l’Académie, ete. Lorsque de Louvain on se rend à Aerschot, qui est pour ainsi dire la clef de la Campine, à peine a-t-on dépassé le village de Wesemael, célè- bre dans les fastes des vendanges brabançonnes , que déjà l’on remarque dans l'apparence extérieure du pays un changement qui ne peut manquer de frapper le voyageur. Des forêts de pins, à la pâle verdure, couronnent les collines arides, lisière de la Bétasie, que traverse la route, collines qui forment la limite Sud-Est du vaste bassin où se mélaient jadis les eaux de la Senne, de la Dyle, du Demer et de la Nèthe, et qui s’avancent dans la plaine, qu’elles dominent, en laissant à leur pied une suite de bas-fonds et de marais entrecoupés par le lit actuel et sinueux du Demer. Au-delà de la rivière, ces marais se succèdent par interruption derrière Wechter, se dirigent par Tremeloo vers Schrick et Rymenam d’où on peut les suivre jusqu’au Ruppel vis-à-vis de Rumpst. Ils nourrissent quelques ani- maux aquatiques assezrares tels que Triton palustris etcristatus Laur. Rana bombina Linn. et rubeta Gm. Gobitis fossilis Linn. Valvata cristata Mull. Lymneus pereger Mull. Lymneus minutus Drap. Cyelas calyculata 8 Lam. Cyclas obliqua Pfeiff. Gyrinus striatus Fabr. Dytiscus sulcatus et punc- tulatus Lat. Colymbetes fusculus et ater Panz. Les pelouses avoisinantes, un peu sèches, y sont habitées par le Polydrosus smaragdinus Schœnh. qui, attaché en grand nombre aux chaumes des graminées, se balançait au gré du vent. Mais c’est par leurs richesses botaniques que ces lieux sont vraiment remarquables pour l’observateur habitué à la végétation bruxelloise. De Wechter à Tremeloo, pullulent, dans les mares l’Isolepis fluitans, le Sison inundatum, lAlisma natans, l’Hypericum elodes , le Chara Braunii et l'Isnardia palustris, tandis que les bords sont parés des tiges rampantes du Comarum rubrum, de la Viola palustris, du Rumex maritimus, de l'Hydrocotyle vulgaris, entremêlés des Drosera rotundifolia et longifolia, du Selinum thysselinum, du Thalictrum flavum , et des jolis et nombreux bouquets de l’Erica tetralix. Feu M. Donkelaer, jardinier en chef du Jardin Botanique de Louvain, en poussant ses explorations jusqu’au-delà de Schriek, a eu le bonheur de 115 — faire plusieurs autres belles découvertes, parmi lesquelles on doit citer les Mentha pulegium, Vaccinium vitis-idea et lAsperula tinctoria qui n'avait jusqu'alors été indiqué que dans la Flore, si problématique’; de la Flandre. Entre Schrick, Betecom et Beggynendyk, le pays est à la fois plus sec et plus cultivé. Le Juncus squarrosus et la Gentiana pneumonanthe y cou- vrent les lieux inondés en hiver. Les côtés des grandes routes s’y revêtent de l’élégant Corrigiola littoralis, du Potentilla argentea, du Radiola linoï- des, de l’Arenaria rubra , du Lepidium ruderale et des gazons touffus du Thymus angustifolius Lej. qui est dans ces contrées le représentant de notre Thymus serpillum. Quand ensuite on revient sur Aerschot, par Meetshoven, de toute part surgissent des montieules arrondis, entre lesquels sont comme encaissés une foule de petits lacs limpides, sillonnés de temps en temps par les Cyprinus alburnus et ieses Linn., et entourés de larges ceintures de My- rica gale, humble arbuste dont la forme, l'abondance, le feuillage roide et luisant, donnent à cette localité une physionomie toute particulière. On y trouve indépendamment de la plupart des espèces prémentionnées, le Lycopodium inundatum, les Eriophorum vaginatum et latifolium , le Carex pseudo-eyperus, le Sceirpus maritimus, la Veronica seutellata , l’Ille- cebrum verticillatum et les Agaricus rhodopolius Fr. et frumentaceus Bull. Nous dirigeàmes notre course de Mectshoven vers Langdorp. Partout sur notre passage des masses de Potamogeton compressum et pusillum, remplissaient les fossés. Aux hameaux de Gymel et de Goor, le terrain s'élève et produit abondamment l’Aïra caryophyllea, canescens et multi- culmis, le Juniperus communis et dans les lieux boisés les Serratula tinc- toria, Betonica officinalis, Seneeio sylvaticus et Genista pilosa. Les marécages qui s'étendent entre Gymel et Herselt, en tournant ce dernier village par Vorsheyde et Berghoom, attirèrent bientôt notre at- tention. La Pilularia globulifera y forme de vastes tapis que l’on recon- naît de loin à leur teinte jaunâtre ; l’Alisma ranunculoides , l’'OEnanthe fistulosa , lOsmunda regalis, le Juncus tenajeia, le Sium repens, l’Exa- cum filiforme, l’Anagallis tenella, le Chara aspera , le Sphagnum conden- satum, les Bartramia fontana, Bryum pseudo-triquetrum, Hypnum stra- mineum et Polystichum thelypteris y eroissent également. De Herselt à Westerloo, le sol quoique tout sable, est néanmoins dé- friché; il n’offre le long des routes que des pieds épars des Nardus stricta, Genista anglica, Jasione montana, Lycopsis arvensis var. naine et Plan- tago coronopifolia. Les rigoles à demi desséchées , où les eaux de pluie se rassemblent, donnent naissance aux Ranunculus HO Peplis portula, Juneus buffonius et Sagina procumbens. La ciguë vireuse, le Sium latifolium, l'Iris pseudo-acorus, le Sisym- brium palustre, et un individu DT TAN du Daucus carota, s’élançaient vigoureusement du milieu des eaux de l’antique château de Westerloo, à proximité duquel , sur des amas de vase, nous trouvâämes les Conium 2 bp > maculatum, Æthusa eynapium , Pimpinella dissecta , Verbascum nigrum, toutes plantes que nous n'avions pas encore rencontrées depuis notre dé- part d’Aerschot et que nous ne nous rappelons pas avoir revues dans le reste de la Campine. Arrosés par les divers embranchements de la Nèthe, les champs y sont moins rebelles à la culture : mais les moissons sont infectées du Chrysan- themum segetum , du Silene gallica et de la Viola tricolor ; cette dernière surtout y prédomine, comme dans toute la contrée que nous venons de parcourir. C’est un point de géographie botanique remarquable, que, dès que l’on franchit en venant de Bruxelles, une ligne tirée de Termonde à Diest par Buggenhout, Londerzeel, Sempst, Wespelaer et Thielt, on ne voit que très-rarement Ja Viola arvensis qui est en decà de cette ligne beaucoup plus fréquente que la première. Les endroits humides et sponsieux de Tongerloo, ne contribuërent pas peu à rendre nos glanures plus nombreuses. C’est là que naissent les Vaccinium uliginosum, Oxycoccos palustris, Splachnum ampullaceum , Sphagnum latifolium et acutifolium, les Dicranum flexuosum, Junger- mannia albicans et la petite Campanula hederacea. Le Potamogeton lucens, les Ceratophyllum demersum et submersum s’y tiennent dans les ruisseaux. De grandes plantations du Pinus sylvestris, habitées par le Pic épeiche (Picus major Linn. en flamand Specht) bordent la route qui mène à He- renthals par Oevel. A une demi-lieue environ de ce village la bruyère se remontre émaillée des fleurs bleues de la Gentiana pneumonanthe, de celles de la Scutellaria minor, de Juncus uligimosus, de Catherinea nana Roehl., et d’une variété naine à épis noirs du Carex cœspitosa. Telles fu- rent presque les seules trouvailles que nous fimes jusqu’à Herenthals, à moins qu’on ne veuille mentionner l’'Hypochæris glabra, la Potentilla ar- gentea et quelques autres espèces, communes à la vérité, mais intéres- santes ici en ce qu'elles seules interrompaient par intervalle la nudité absolue du terrain. En quittant Herenthals pour nous rendre à Gheel, nous traversämes d’abord le lit du canal Napoléon. Le fond en est sec et récèle une grande quantité de Piulaire. Sur ses bords serpentaient le Lycopodium clavatum, le Salix depressa et la Polygala vulgaris, plus rare dans ce pays que la na- ture du sol ne le ferait présumer. Près de quelques buissons voltigeait à l’autre rive le Lépidoptère connu sous le nom de Zygæna ou Syntomis phegea. À gauche et au-delà du canal, on ne découvre qu’une grande plaine de sable bornée dans le lointain par les collines nues de Casterlé; à la droite est une vaste bruyère qui se di- rige obliquement vers Gheel et à l'extrémité de laquelle apparaissent, comme des fanaux, les clochers de Laerm et d'Elsom. Nulle part jusqu’iei nous n'avions rencontré de bruyère aussi ingrate. Le sol durci et inégal ne porte que des individus rabougris du Bromus sterilis, du Cornicularia odontella, du Carex arenaria, de lAgrostis pu- = M7 — mila et de lErica vulgaris, autour duquel s'attachait le parasite Cuscuta epithymum. Mais quand on s’est éloigné d’une lieue environ d'Herenthals, des fla- ques d’eau, nourrissant le Ceratophyllum apiculatum Reb., se montrent eà et là. Du milieu de l'herbe qui les entoure, s'élèvent à l'approche du voyageur le Chevalier aux pieds rouges (Totanus calidris Bechst.) et un autre échassier qui pourrait bien être le Vanellus squatarola Cuv. Le Né- nuphar blanc, quelques pieds clair-semés du Myrica gale, et dans les lieux marécageux la Littorella lacustris, les Juneus tenuis et lampocarpos et cette variété de l'Isolepis fluitans à laquelle De Candolle a donné l’épithète de brevicaulis, y rendent la végétation plus riante et plus variée. Le pays que l’on parcourt pour aller de Gheel à Eyndhout étant plus bas que celui que l’on quitte, les tourbières spongieuses, que les habitants appellent Xwachten, y deviennent plus fréquentes surtout à la hauteur du hameau de Wilders , où se présente une végétation toute différente du reste et qui rappelle de prime-abord la Flore des prairies basses de Wille- broek, sur le canal de Bruxelles à Boom. Aussi y ceuillimes-nous la Mentha rubra Sm. les Ranuneulus sceleratus et lingua , les Calla et Pedicularis palustris, Sium latifolium , Cicuta virosa, Larbrea aquatica, Comarum rubrum, Rumex hydrolapathum, espèces coumunes aux deux localités. Peut-être trouverait-on également ici le Stratiotes aloides et la Cineraria palustris, ce qui ajouterait encore au rap- prochement. Mais une grosse pluie d’averse, en inondant tout-à-fait ces lieux, déjà difficiles à explorer par un temps sec, nous empêcha d'y péné- trer. Il serait curieux de suivre cette zone à l'Est, vers Meerhout et Quaet-Mechelen, pour voir si elle ne se lie point à la végétation de la Campine-Liégeoise qui semble différer en plus d’un point de celle de la Campine-Brabanconne (*). (1) C’est ce que des recherches, postérieures à la première publication de cet opuscule, ont pleinement confirmé. On peut même dire que les habitants de chacune des contrées connues sous les noms de Campine , Cumpine-Liégeoise et Bétasie, offrent sous le rapport physique des dissemblances assez remarquables. Ceux de la Campine proprement dite, ou Campine-Bra- bançonne ont en général une stature moyenne, même petite, les jambes courtes et grosses, les épaules médiocrement écartées, le frontal peu élevé, le nez large, la bouche petite. Les Cam- pinois-Liégeois sont au contraire d’une stature haute mais efflanquée : ils ont les jambes lon- gues et fluettes, les épaules moyennes, le frontal déprimé, le nez souvent retroussé surlout chez le sexe, la bouche large, les pommettes saillantes. Les Bétasiens ont une stature haute, carrée, toute romaine, des jambes bien proportionnées, les épaules très-larges, le frontal élevé, le nez grand et aquilin, la bouche médiocrement fendue. Si du physique on passe au moral, des nuances non moins tranchées et qui se retrouvent jusque dans Ja manière habituelle de se battre, achèvent la démarcation : et ceci s’applique également aux autres parties du Brabant. Ainsi les Campinois-Brabançons , enjoués, expansifs, vifs, se frappent à coups de couteaux : les Campinois-Liégeois plus réservés, soupconneux, se mettent en embuscade pour se tirer des coups de fusil : les Bétasiens sérieux, irascibles, emportés, s’assomment en se fracassent le cràne : les Wallons, vifs et gais, s’arrachent les cheveux et se déchirent le cuir chevelu : les Brabançons graves et réfléchis, se terrassent. 22 4e = Après un quart-d’heure de marche,:le pays reprend son caractère campinois : l’Exaeum filiforme, la Scutellaria minor garnissent les bords des fossés. Dans la bruyère, où saute abondamment un Acridium voisin de PA. biguttulum Fabr., on voit les Genista anglica, Scleranthus pe- rennis, Cornicularia aeuleata, Trichostomum canescens et la Monilia cœrulea mais petite et grêle. Là où le sol n’est qu'humide il est parsemé du Carex OEder:i, du Scirpus campestris, du Schœnus albus , des Bæonry- ces roseus et rufus, auquels se mêlent quelques pieds du Juncus pygmeus : partout où il est inondé, l’eau se couvre du Riccia fluitans et des fleurs blanches et délicates du Lobelia Dortmanna. Plus on s’avance d’Eyndhout vers Everboden mieux le pays devient cultivé; à chaque pas on s’apercoit que l’on s’éloigne de la Campine. Ce ne sont plus des plantes exclusivement propres aux bruyères qui revêtent les lieux incultes, mais bien le Polygonum amphibium terrestre, le Ver- bascum Iychnites, lAretium minus, la Mercurialis annua, la Vicia lathy- roïdes, le Tilia microphylla, dont la présence dénote évidemment une amélioration sensible dans la nature du terrain. Aux alentours d'Everboden croissent dans la forêt, presqu'entièrement plantée de chênes et de hêtres, les Serapias latifolia, Phyteuma nigrum, et sur la lisière des champs, le Dianthus armeria. Nous visitâmes les rui- nes de l’abbaye. Les voûtes à demi percées des souterrains, étaient cou- vertes du rare Moricandia arvensis, de l’'Hypericum pulchrum, des touffes de l’Epilobium spicatum, et les escaliers tapissés du feuillage mixte du fraisier et de l’Asperule odorante. Il y a un contraste frappant entre ces amas de décombres pêle-mêle entassés et la majestueuse somptuosité de Fintérieur de l’église seule debout au milieu d’eux. À peu de distance au Sud s'ouvre la vallée du Demer. Le roi des cailles (Rallus crex Linn.) et la foulque (Fulica atra Linn.) y ont choisi leur de- meure. Entre la chétive mais ancienne cité de Sichem et le village de Mes- selbroek, l’Antirrhinum orontium, l’Hyoseris minima, le Lathyrus nis- solia , le Thlaspi arvense sont communs. A Rillaer, les Selinum carvifolium, Digitalis purpurea, Aristolochia clematites, Sedum reflexum et Genista tinctoria fixent particulièrement l’attention du botaniste. Si l’on fait ensuite le trajet de Rillaer à Wesemael par la Bétasie, au lieu de prendre par Aerschot, on recueille les Melica uniflora, Carex dry- meia, Malva moschata, Aquilegia vulgaris, Potentilla verna, Lonicera periclymenum , Hypericum veronense, Lycopodium complanatum, Nec- kera curtipendula, Hypnum loreum, Buxbaumia aphylla, et d’autres es- pèces caractéristiques, par leur abondance, de cette région, dont la Faune Il n’est pas jusqu'aux contes populaires qui ne soient différents. Dans la Campine des allu- sions au Reinardus vulpes, et même des passages entiers sont dans toutes les bouches; dans la Campine-Liégeoise on n’entend parler que d’'Uylen-Spiegel, ce chef-d'œuvre de Ringman; dans le Brabant-Wallon, à Jodoigne par exemple, c’est toujours l’histoire des quatre fils Aymond. — AD — entomologique , aussi bien que la Flore, réclame des investigations nou- velles pour autant que j'en juge par les Lygeus apterus, Elater cruciatus, Cicindela hybrida, Cetonia aurata et stictica, Trichius fasciatus, Bomby- lius minor, Carabus consitus, qui s’y plaisent de préférence et dont le der- nier y remplace exclusivement le carabe doré des environs de Bruxelles. La majeure partie de la Campine est du sable pur. L’argile, quoique s’y montrant en quelques lieux, n'y est point commune. Le grez ferru- gineux , le fer hydraté, la mine de fer bitumineuse y occupent tout le cours de la grande Nèthe. On rencontre en outre, par intervalles, une sorte de terrain que les habitants désignent sous le nom de Schurft ou Gale et qui, disent-ils, ne produit absolument rien. Nous en trouvâmes à découvert à la superficie du sol, d’abord entre Herenthals et Gheel, puis en allant de Gheel à Eynd- hout. C’est une terre plus ou moins noirâtre selon son degré d’humidité ou de sécheresse. Nous n’avons pu nous assurer , à défaut de sonde, si elle forme des couches ou seulement des masses isolées; mais selon les ren- seignements pris sur les lieux, elle doit être stratifiée en grande étendue, plonger à un maximum de quatre pieds environ de profondeur et varier en puissance d’un demi-pied à trois. Curieux d’en connaître la composition , nous l’examinâmes d’abord sim- plement à la loupe, en l’étendant sur un papier blanc, et nous nous aper- cûmes que c'était un mélange de deux sortes de grains, les uns limpides, anguleux , les autres noirs, opaques, arrondis; les premiers ne sont que du quartz, les seconds, qui formaient à peu près la moitié de la masse, nous parurent être de l’oxide de fer. Pour le constater plus positivement nous recourûmes aux moyens chi- miques. Nous versâmes donc sur une partie de Schurft, de l'acide sul- furique dilué et après avoir laissé réagir pendant quelque temps, nous instillâmes dans le liquide décanté, quelques gouttes d’une solution d’hy- drocyanate de potasse ferrugineux qui oceasionnèrent immédiatement un précipité de bleu de Prusse : ce qui confirma pleinement notre première opinion sur la nature des globules noirs. Le quartz et l’oxide de fer étant tous deux des substances insolubles, on eoncoit qu’un tel terrain doit effectivement être stérile, puisque les radi- cules n’y puisent aucune molécule absorbablé. On sait en effet que Sene- bier, en lessivant eten brülant du terreau très-fertile, de manière à le priver de toutes ses parties solubles, l’a complétement stérilisé. Néanmoins, malgré la présence de ce Schurft dans certaines directions, nous ne pensons point que ce soit la qualité du sol qui s'oppose le plus au défrichement de la Campine. N’avons-nous pas aux environs de Bruxelles, par exemple du côté de Beersel et d’Alsenberg et même près de Gand, des terrains qui, si nous examinons ce qu'ils sont aujourd’hui après un siècle de culture, doivent avoir été au moins aussi mauvais que ceux.de la Cam- pine, mais qu'il a été plus aisé de convertir en champs parce qu’ils sont — 120 — respectivement situés aux portes d’une ville où le cultivateur peut se pro- curer des engrais à volonté? Et dans la Campine même, n’observe-t-on pas que les environs des villages et des anciennes abbayes, dont les pos- sesseurs n'épargnaient jamais aucuns frais pour parvenir à leur but, sont partout mieux cultivés que le reste? On ne peut voir sans admiration les belles forêts d'Everboden et de Ton- gerloo, quoique déjà elles aient été décimées alors qu’on voulut en faire sortir, nous nous en souvenons tous, ces navires destinés par un grand homme à débarquer une armée sur les côtes de l'Angleterre ! On ne peut sans être frappé d’étonnement , jeter ses regards sur la magnifique allée de tilleuls qui conduit à l’abbaye de Tongerloo, tilleuls dont un grand nombre ont une vingtaine de pieds de circonférence et qui sont encore là comme pour attester de quelle fertilité le sol est susceptible. Ce qui s'oppose le plus au défrichement de la Campine , c'est la diffi- eulté des communications. Un système bien combiné de routes pavées et de canaux aurait la plus heureuse influence sur ce pays; car outre qu'il faciliterait les relations des petites villes entr’elles, et qu'il offrirait aux habitants des débouchés pour leurs produits (dont le transport absorbe aujourd'hui une bonne partie de la valeur), il favoriserait aussi les im- portations venant des provinces mieux cultivées, en même temps qu'il contribuerait à l'accroissement de la population. En effet, le long des routes et canaux s’établissent, d’abord près des barrières et des écluses, des au- bergistes, des maréchaux et d’autres artisans dont les voituriers et les voyageurs ont souvent besoin de réelamer le secours ; et c’est ainsi qu’in- sensiblement une lande déserte devient habitée. " Un autre avantage, c’est que le nombre des petits propriétaires ruraux s’augmenterait peu à peu. Or, il en est du partage des terres comme du partage des sciences : plus les propriétés sont divisées mieux elles se cul- tivent et s’exploitent ; de même que plus on s’adonne exclusivement à une science, mieux on la connait et plus on lui fait faire de progrès. Le cumul est en général nuisible et ne peut porter fruit que dans quelques cas excep- tionnels très-rares. Pour faciliter autant que possible les moyens de transport et pour qu'il y en ait à portée de toutes les fortunes , il serait bon d'introduire dans la Campine, l’âne, animal dont la noblesse quoique moins illustre, pour me servir de l’expression de Buffon, est tout aussi bonne, tout aussr an- cienne que celle du cheval, et qui, s’il n’a point la force physique de ce dernier , a sur lui l’avantage d’être beaucoup moins coûteux. Nous sommes témoins journaliers des services que rend cet animal aux paysans de Schaerbeek et de St.-Gilles, où un sol sablonneux et inégal, rappelant cc- lui de la Campine, ne permettait dans l’origine de son défrichement ni de nourrir un cheval ni d'employer à sa place, comme bête de somme, le bœuf dont le sabot fourchu trouve sur le sable mouvant un appui bien moins ferme que le pied plein et solide de l'âne. Pape | CE ue FLORICULTURE DE PROPRETÉ ET D'HYGIÈNE. LE MUCCHIO, Par M. DE S'.-ILDEPHONT, Membre de la Société d'Horticullure de Mâcon. Tout le monde connait le Muscari(') et ses variétés odorantes et non odorantes, qui croissent dans les contrées méridionales de la France; mais peu de personnes savent le parti que l'on peut tirer de cette plante herbacée , aromatique , excepté les quelques touristes herborisateurs qui visitent la Corse, dont le sol est littéralement couvert de cette asphodée monocotylédonée. C’est sans doute en se souvenant des sensations qu'il en reçut pendant son enfance, que l’empereur Napoléon disait, à S'-Hélène, qu'il recon- naitrait son pays à l'odeur si on le faisait passer par dessus, yeux bandés. En effet, que ce soit la brise de mer ou le vent de terre qui vienne rafraichir ce rocher mi-partie granitique et calcaire reflétant sur ses plages de neige , le soleil de la Toscane, on y est sans cesse plus ou moins agréa- (1) Le Muscari élait naguère l’hyacinthus muscari de Linné, le muscari muscarimi de Medi- eus , le muscari ambrosiacum de Moench et plus tard de notre célèbre phytographe belge, Redouté de St.-Hubert. Kunth , dans le dernier écrit général que nous possédons sur les lilia- cées a replacé celte plante, comme espèce unique dans l’ancien genre de Tournefort, Muscari, sous le nom de Muscari moschatum Willd. Il en distingue deux variétés x M. moschatum, com- mune ; fleurs épaisses, viridules et bleuâtres, limbe d’un jaune terne — 2 M. moschatum, flavum ; fleurs renflées, violettes avant de s'ouvrir, jaunes étant ouvertes , plus tard brunis- sant vers le sommet. Feu Kunth regardait l’Asie, au-delà du Bosphore, comme la patrie du Museari dont il reporte l’introduetion en Europe avant 4554. Il ne dit pas que c’est à un Belge que celte introduction est due. De L’Escluse (p. 179 de son Plantarum rariorum hstoriæ), rap- porte à ce sujet que Jean de Brancion, que le célebre botaniste appelait à cette occasion son grand ami et qu’il dit aimer comme un frère, envoie cette plante de Constantinople en Belgique sous le nom de Tibcadi. Jacques Cortusus la fit connaitre à De L’Escluse. On lappelait déjà de son temps Muschio greco ou Muschoromi où Muscarimi. M. De St.-Idephont eut pu lire dans de L’Escluse que les Turcs font entrer le muscari dans les pastilles fumantes de Benjoïn et que ce peuple a cette plante en grande faveur, à cause de son parfum qu’ils font entrer dans leurs cos- méliques. Ce Muscari est assez commun dans nos jardins ; cependant, il n’y est pas aussi répandu qu’il pourrait l'être. Le piquant article de M. de St.-Idephont contribuera à donner une grande popu- larité à cette espèce, de culture si facile en pleine terre. (Note de Ch. Morren.) BELG, HORT, T. Il. 17 TU Le blement impressionné selon l'intensité des émanations mmuchiate qu'ils vous apportent. Les chèvres ne broutent que les sommités de cette herbe d’une saveur amère et piquante. Le pâtre corse passe sa vie roulée dans sa mousse argentée, et quand il paie sa dette au drapeau français, il rêve les brises embaumées du Muc- chio , ses rochers solitaires à pentes abruptes, ses châtaigniers monstres et sa liberté. C’est la variété ambrosiacum à feuilles linéaires presque coneaves et fleurs brun-rouge, qui est la plus commune en Corse. On cesse de la ren- contrer, abondamment du moins, passé la région des chênes verts. J'en ai extrait de l'essence alcoolique qui, mêlée en quantité de dix à douze gouttes dans un verre d’eau, me semble un cosmétique préférable à nos eaux de Mélisse, de Menthe et même de Cologne. Le parfum de cette dernière gagne beaucoup en délicatesse lorsqu'on y ajoute une partie de cette essence nouvelle. En distillant dans un alambic ordinaire 100 par- ties d'alcool à 36°-65 parties d'acide acétique, 17 parties d’acide sulfu- rique, avec 500 grammes de fleurs de Muechio, supposant 6 litres de liquide, on obtient une espèce d’éther acétique d’un parfum exquis, et que je considère comme un spécifique contre les hémiptères. L'eau de Mucchio peut remplacer l'eau de Bottot. Son action est tonique, astringente et détersive. Mais hélas! si l'on trouve en Corse le goyave de l'Amérique, la canne à sucre (j'en ai vu à maturité dans uné des petites vallées du parc de M. le général Sébastiani), l’arbousier, le mandarinier et cent autres produits moins curieux, mais non moins précieux au comfort et utiles, 1l faut l'avouer, afin de mériter le titre de panégyriste impartial que j'ambitionne, que l’aspect lugubre que prennent les lits dans les villes et les campagnes de cette île dès que le soleil s’est couché, ne provient pas de ce que ces meubles seraient construits en bois d’ébène. Oh! tant s’en faut. Ici com- mence la profusion des trésors de l’autre règne. En désespoir de cause, et voulant passer les nuits selon ma vieille habi- tude, c’est-à-dire dans un lit, je m'imaginai, après avoir épuisé une foule de procédés, d’emplir ma paillasse avec du Mucchio. Dès ce moment Je goutai le repos profond des inventeurs heureux. J'eus la satisfaction de voir défiler mes ennemis sur les murs blanchis à la chaux de ma chambre, fuyant l'odeur de mon receptaculum, comme autrefois les infidèles devant les remparts de Chypre, du haut desquels les chrétiens de Louis XIV leur envoyant les cassolettes de senteur d’après l’art pyrotechnique. Dieu a toujours mis le remède à côté du mal; il ne s’agit que de le chercher. | Le Mucchio possède-t-il réellement la vertu (car s’en serait une), de chasser l’insecte en question , créé évidemment comme juste et terrible châtiment de la malpropreté.... ou ne serait-il (linsecte bien entendu), a 125 — que capricieux, hystérique, diflicile à l'endroit de notre baume? H ne lui manquerait plus que cela | Je préviens mes lecteurs que je raconte un fait, voilà tout. Résumons. Le Muscari ambrosiacum est un cosmétique agréable, un dentifrice innocent, de qualité miraculeuse et peut-être un tonique pour les plus détestables bêtes de la création. A tous ces titres, j'engage les horticulteurs de métier et amateurs à le cultiver en plate-bandes. Il s’acelimate et produit de la graine dans nos contrées tempérées, si l’on a soin de le couvrir pendant l'hiver. (Journal de la Société d’horticulture de Mäcon, novembre 1851. Osphrésiologie des Fleurs. ODEUR POSTHUME DE L'ORCHIS MALE, Par M. Cn. MoRrrEx. Cloquet a appelé osphrésiologie la théorie et la connaissance des odeurs. Il à écrit sur cet objet un gros traité qui naturellement a trouvé son appli- cation en horticulture. Il est bien avéré que nous cultivons le réséda non pour sa beauté, mais pour son parfum , et il est convenu qu'une fleur peu brillante, mais odorante , est toujours modeste et pleine de vertus. Nous sommes habitués à odorer les fleurs, lorsque celles-ci sont fraiches et dans le plein exercice de leurs fonctions. L'amour est lié chez elles au parfum. Le physiologiste croit même que l'odeur est donnée particulière- ment aux fleurs parce que ces émanations odorantes attirent les papillons, les insectes, les oiseaux même, et que leurs débats mettent en rapport les pollens et les stigmates ; ils ajoutent que puisque le camphre, jeté sur une plaque de verre mouillé, sèche incontinent l’endroit où il est tombé, le parfum émané des corolles sèche l'air, le dépouille de vapeurs aqueuses, mortelles pour le pollen. Nous voulons bien admettre ces faits et ces rai- sonnements comme représentant fidèlement la vérité et l’ expliquant. Il y a cependant chez les fleurs des odeurs posthumes , c’est-à-dire des odeurs qui survivent aux fleurs. Il y en a même qui n’ont que celles-là. Tardives émanations, se déclarant après la fécondation, elles doivent avoir des fonctions dont la physiologie n’a pas encore pénétré le mystère. En attendant ce jour, je lis dans un recucil de notes que je rédigeais en 1856 ces lignes : É « Les épis frais de fleurs de l’orchis Hiiaie, nouvellement écloses, n’ont aucune odeur appréciable ; mais quand les fleurs se fanent et sur- tout quand elles ont séché sur pied, elles dégagent une effroyable odeur d'urine de chat. Deux plantes que j'avais données à une dame émanèrent en se séchant une odeur de ce genre tellement infecte que , pendant plu- sieurs jours , alors qu'aucun soupçon ne se dirigeait sur des fleurs préten- dûment innocentes, on fut à la recherche du malheureux chat qui em- pestait le salon. On découvrit enfin la culpabilité des fleurs d’orchis. Une autre fois, un jeune enfant, revenu de la prairie avec un bouquet de fleurs de la même espèce, les laissa sécher dans une chambre. Aussi long- temps que les fleurs y restèrent , la chambre était inhabitable, » PAU ee JARDIN FRUITIER. LE GROSEILLIER ÉPINEUX-LOMBARD, VARIÉTÉ EXTRAORDINAIRE, DÉCRITE ET FIGURÉE Par M. CH. MoRrRrex. Nous avons publié, dans le premier volume de la Belgique horticole (page 22), l’histoire naturelle du groseillier épineux et nous avons fait suivre cette introduction historique de la description de trois variétés recommandables de ce fruit. Aujourd'hui nous sommes heureux de pou- voir enrichir le catalogue de notre pomologie belge de la connaissance d’une nouvelle variété de groscillier épineux qui laisse loin derrière elle un bon nombre de ses émules. Sur une colline de St.-Nicolas près de Liége, exposée au midi en pente fortement inclinée , naquit, il y a quelques années, de parents inconnus, mais certainement piémontais d'origine et anglais de naissance, un ar- buste de groseillier épineux dont les fruits d’une grosseur, d’une longueur et d’une forme peu communes, se distinguaient en outre par leur nombre et leur gout. La figure 41. pl. 18, est destinée à les faire connaître. La longueur de ces groseilles est moyennement de 5 à 6 centimètres, leur plus grand diamètre de 5 à 5'/, centimètres ; leur forme est celle d’une poire ou d’une bouteille. D’un beau vert clair, ils sont parcourus par un réseau de fibres devenant à la maturité d’un jaune pale. La chair est verte, les graines grises ou noires. Le sue abondant, juteux, sucré, aro- matique, délicieux. La maturation s’accomplit vers le 1% août, terme moyen. Nous avons dédié cette groseille liégeoise à l’un des hommes les plus savants, les plus utiles et des plus dignes de la province, le docteur Lombard, professeur de clinique à l’université, chevalier de l’Ordre Léo- pold, de la légion d’honneur, décoré de la croix de fer, l’un des promo- teurs les plus ardents dans ses immenses relations, de l’art des bonnes cultures, des productions perfectionnées de la nature. Il était donc con- venable d’attacher son nom à un fruit de son pays, amené au plus haut degré de ses mérites. Ce groseillier peut figurer à côté des plus belles variétés anglaises , si pas l'emporter sur elles. Sur nos collines de schistes exposées au midi où il peut rencontrer quelque fond de terre, sa productivité est remar- quable. Les amateurs qui désireraient posséder le groseillier Lombard, peuvent s’adresser au bureau de la Belgique horticole, chargé par son propriétaire Groseilliers épineux 1. de Lombard. 2. Robin. 3, Lady Warrender. Le Fr’: NT PA 2] OM de recevoir les demandes concernant cet arbuste. Le prix du pied enraciné est fixé actuellement à fr. 1-50. LE GROSEILLIER ÉPINEUX ROBIN : PAR LE MÈME. M. À. Bivort, auteur de l’A/bum de pomologie, pépiniériste à Geest- St.-Remi-lez-Jodoigne (Brabant), et successeur du célèbre Van Mons comme possesseur des fruits de sa collection, donne la description de la groseille Robin en ces termes : « Le fruit, très-gros, ovoïde, mesure 55 à 40 millimètres en hauteur sur 50 à 55 en diamètre. Le pédoncule est court et très-gros; la baie pré- sente 8 à 9 nervures rouge-päle, L’épicarpe est lisse, rouge-clair du côté de l'ombre, rouge-brun du côté du soleil. La chair est entièrement verte; les arilles grosses brun-rouge ; le jus très-abondant, le goût sucré et l’arome délicieux. La maturité de cette groseille, une des plus grosses et des meilleures qui existent, commence vers la mi-août et se prolonge vers la fin de ce mois. » Nous pouvons ajouter que ce groseillier conserve ses excellentes variétés dans nos provinces montagneuses. Sa couleur l'y fait distinguer des autres groseilles,le rouge étant briqueté. Sa saveur est, en effet, des plus agréa- bles. Voyez ce fruit fig. 5, pl. 18. LE GROSEILLIER ÉPINEUX LADY WARRENDER , ET LA CULTURE DES GROSEILLIERS D'APRÈS JÈEVES, PAR LE MÈME. M. Bivort recommande de même, dans son Album de Pomologie, la groseille anglaise Lady Warrender, qu'il décrit ainsi : « Le fruit, très-gros, ovale allongé, mesure 55 à 40 millimètres en hauteur sur 50 en diamètre. Le pédoncule est assez gros, rouge-brun. La baie présente huit ou neuf nervures rouge très-clair ou verdâtres. L’épicarpe, lisse, rouge-clair du côté de l'ombre, rouge-foncé au soleil, devant presque noir à la grande maturité du fruit, vers la fin du mois d'août. La chair est rosée ; les arilles sont grosses, brun-rouge; le goût est sucré; le jus abondant ct l’arome très-agréable. » La plupart de nos pépiniéristes belges cultivent ces deux variétés, le Groseillier Robin et le Lady Warrender, dans leurs collections où les bons EE 2 pieds se vendent aujourd'hui à très-bon compte. Si toutes les ressources que les Anglais trouvent dans ce fruit étaient plus connues , il n’y a aucun doute qu’on cultiverait bien plus une espèce aussi volontaire que le gro- seillier du Piémont. Il y a tel vin de groseille qui certes vaut mieux, est plus agréable et plus sain que tel jus de la treille. Une culture qui méri- terait de se répandre plus aussi est celle imaginée par Jéeves qui plante ses groseilliers épineux en lignes de 5 pieds 1/2 de distance entre elles et 5 pieds entre chaque plante sur la ligne. Il ne laisse que quatre bran- ches vigoureuses par plant, les fait monter, et puis les lie deux à deux en arceaux. Les fruits deviennent plus gros, plus nombreux , ne se salissent pas par les pluies, et, avant plus d’air, muürissent mieux. On améliore le sol au-dessous et on le restaure, de sorte que les groseilliers vivent longtemps et produisent sans cesse. DE LA GREFFE PAR APPLICATION, Par M. Féux B. Suite et fin [V. p. 54 du présent volume |. Depuis quelques années, nous greffons uniquement par application, ef presque indifféremment en toute saison, lorsqu'il ne gèle ni ne pleut, avee la seule précaution d'ajuster plus exactement en hiver, pour éviter la noircissure interne ; et si, au contraire, le sujet se trouve en pleine sève, de le couper obliquement et de laisser en face de la greffe et un peu plus haut qu’elle, une branche plus ou moins forte, que nous supprimons plus tard quand la greffe a produit un bourgeon suffisant. Rien n’est plus facile lorsqu'on place la greffe où l’on veut; mais si l’on est obligé de greffer à fleur de terre, on y trouve rarement un jet latéral. Pour ÿ suppléer, après avoir retranché de la tête du sujet tout ce qu’il fallait pour entretenir quelque temps dans le bas une certaine abondance de sève, nous avons essayé de couper la tige au niveau du sol, presque de part en part, jusqu'à ce qu'elle ne tint plus au pied que par un peu d’aubier et d’écorce; de la pencher alors en dehors, de manière qu’elle ne püt ni gêner ni ombrager la greffe, et de l’attacher solidement par le milieu à un piquet, afin de la soutenir et de la maintenir fixée à l’inclinaison convenable. Nous avons greffé ainsi avec succès, dans le cours de l'été, des poiriers sur aubépine et des pommiers sur paradis. Il résulte quelquefois de cette précaution de laisser une branche pour entretenir la circulation et ne point exposer le sujet à périr par stagnation et altération de sève, que les greffes repren- nent, mais ne poussent pas avant l'hiver, ce qui vaut beaucoup mieux que si elles poussaient trop tard, parce que leurs tendres bourgeons, ve- nant à geler, eauseraient leur perte. I est difficile de bien prévoir les mouvements de la sève et de ne pas avoir quelquefois des greffes exposées D em à ce danger. Dans ce cas, on pourrait couper en octobre la partie her- bacée du nouveau jet, et de le dépouiller de ses feuilles , afin de hâter sa maturité et de le préparer au sommeil de Fhiver. On peut aussi garantir les jeunes pousses délicates, comme celles du pêcher, de l’abricotier et de l’amandier, en les abritant sous un cornet de fort papier ciré. Quant aux greffes de pommier et de poirier, on les sauverait probablement en sup- primant, après la chute des feuilles, une partie ou même la totalité du bourgeon mal aoûté, et en recouvrant soigneusement la plaie de cire à greffer : en cas de suppression complète, les yeux latéraux cachés dans l'écorce , à la base du jet retranché, se gonfleraient peu à peu durant l'hiver et se développeraient au printemps (*). Toutes les fois que l’écorce ne se détache pas facilement, la greffe par application remplace les différentes sortes de greffes en biseau sous l’é- corce, telles que la greffe en couronne et la greffe de côté, à bois ou à fruit. Nous avons souvent vu en Allemagne de grands poiriers, dans la force de l’âge, dont toutes les branches avaient été greffées ainsi. C’est un moyen qu'on emploie pour obtenir d’un arbre des fruits meilleurs. On coupe les branches en février ou mars, avant que la sève soit en mouve- ment, un peu au-dessus de l'endroit où l’on veut placer chaque greffe, et on a soin de laisser, surtout dans le bas, quelques ramifications intactes que l’on greffe ou supprime l’année suivante. Pour le poirier, les greffes réussissent mieux sur des branches un peu fortes, que sur de jeunes ra- (1) Afin de pouvoir greffer en pleine sève, on conserve les greffes , cueillies en hiver ou sur des tuteurs d’orme de | D Pi à FE A D Un ceux qui n'avaient pas eu cet S MAN 1) M avantage. Corydon, dans Vir- € D) TPE gi | mi L e Y Na : he AE CD D gile , recommande bien de soi- ANA “ | lARJ'AI 7 , AN | | MEN 2 | gner l’ormeau. Le grand orme # était l’arbre des Gaules et néanmoins il faut descendre à François I pour le trouver A \ cité comme espèce utile. Vers J 1540 on en planta des routes. Sully voulut que le préau de- CNE f S ant l’église fut dans chaque IDD ee vant l'eg q Se | ] TEA à village planté d’ormes , et sous AN <\ Ÿ 2 > Henri IV on en fit de grandes (2 ALA > Je d’industriels apprirent à esti- {1} l mer le bois d’orme. On sema \ | l, des graines et on obtint des | variétés industrielles et des variétés horticoles. Du Hamel, Miller , Pluke- nett, Smith et de notre temps Hoste, Hooker, Lindley, Lod- diges, Loudon, etc. , distin- or. ; plantations. Bientôt une foule RS Z guent tous de l'Ulmus campestris, ce que Smith appela Ulmus major. Du Hamel et Miller nommaient cet orme Ulmus hollandica, où Ulmus major hollandica. Hs le regardaient comme un orme propre à la Hollande, et Loudon, dans son Arboretum britannicum, rapporte que cette espèce fut introduite des Pays-Bas en Angleterre sous Guillaume IT. I] en cite des troncs de 70 pieds de hauteur autour du palais de Kensington et dans les pares anglais. Cette espèce possède de très-grandes feuilles et il a la propriété de se greffer sur l’orme des montagnes (Ulmus montana), espèce qui croit si admirablement en Belgique. Pour mettre nos lecteurs à même de bien juger de la différence de l'Ulmus major d'avec l'Ulmus montana , nous donnons ci-contre la gra- vure des feuilles de ces deux espèces. D'abord pl. 19, l'Ulmus major dont les feuilles sont fort grandes (2 décimètres de longueur), arrondies , légè- rement amincies vers l'extrémité, pourvues de dents, elles-mêmes den- tées (voyez au-dessus de la vignette), les nervures très-grosses, la feuille bombée. Le bourgeon gros, conique, écailles brunes. L'Ulmus montana ou orme des montagnes, représenté pl. 20, offre, on le reconnaît d’abord , des feuilles tout autrement formées; elles sont ellip- tiques , allongées, amincies à leur naissance, plus renflées vers leur tiers supérieur, et enfin pointues et la pointe distincte. Les dents sont plus fines et plus petites. Cet orme des montagnes croit parfaitement sur les hauteurs. Il est très-répandu en Écosse et commence à se propager en Belgique. Il est originaire de l’Europe septentrionale ; son bois est excel- lent. Ses racines eroissent mieux et résistent davantage que celles de l’orme de Hollande. De là vient l'usage très-rationnel de greffer celui-ci sur l’orme des montagnes. Voilà un état de choses reconnu par tous les forestiers instruits, mais voici ce qui est beaucoup moins connu. M. De Pitteurs, conseiller honoraire de la Cour de Liége, résidant à St.-Trond, y possède de vastes et belles pépinières. Cet honorable arbori- culteur s’est attaché à perfectionner les ormes du pays, et par des semis successifs, il a produit chez lui des ormes que nos plus habiles pépinié- ristes regardent comme les perfections du genre. Aux expositions cen- traites ouvertes sous les auspices du Gouvernement, aux expositions pro- vinciales ou à celles des sociétés, partout où les ormes de M. De Pitteurs entrent en lice, ils sont proclamés vainqueurs et leurs rameaux sont char- gés de médailles. M. De Pitteurs a désiré que les abonnés de la Belgique horticole, pu- blication qui se répand aujourd’hui sur une grande partie de l’Europe, pussent faire connaissance avec les deux variétés d’ormes nées dans ses propriétés et propagées par lui au nombre de plusieurs milliers de pieds. H a done demandé au rédacteur de ces lignes de faire graver deux pousses annuelles de ces ormes, placées à côté d’un homme de grande taille, afin LR 2e £ NY SAN \1ZZ AMC Al ie AS À = = IN ee 20 + 17 VD \ \ À À & 4 —\ qu’on püt juger de la vigueur de ces pousses. C’est la figure que nous donnons pl. 21. Au premier coup d'œil on s'aperçoit que des deux variétés de l’orme champêtre (Ulmus campestris), produites par M. De Pitteurs, l’une se rapproche de l’orme de Hollande, par ses feuilles arrondies, très-grandes (2 décimètres de longueur sur 18 ou 19 de largeur), bombées, à peine atténuées au bout , doublement dentées, pourvues de fortes nervures. C’est la variété qui se ramifie le plus; elle donne dans un bon terrain, gras et un peu humide, des jets annuels de 5 mètres de longueur, et l’on s'aperçoit par les instruments tranchants que son bois est néanmoins très-dur. L'autre variété a des feuilles presque rhomboïdales, c’est-à-dire qu’à la base et au sommet elles sont rétrécies et forment un angle aigu, du moins au sommet, tandis qu'au milieu elles sont élargies et présentent des angles obtus. Cette variété a évidemment de l’analogie avec l’'Ulmus mon- tana. Les pousses sont moins hautes, mais atteignent cependant deux mètres à deux mètres et demi par an. Les branches naissent moins nom- breuses et sont moins divariquées. Ces deux variétés méritent sous tous les rapports qu’on les propage, qu’on les multiplie, qu’on en garnisse les routes. Le scolyte qui a dévoré les ormes des boulevards de Bruxelles, de Paris, etc., ne sont à craindre que dans les localités où les promeneurs éloignent les oiseaux insectivores destinés par la nature à détruire ces malfaisants coléoptères. Dans les campagnes, l’orme se porte bien. C’est un des bois qui certes en Belgique se vend le mieux, le plus cher et pour lequel il y a toujours nombre de concurrences. Les pépinières de M. De Pitteurs peuvent livrer ces deux excellentes variétés à si bas prix, que nous nous étonnerions de ne pas lui en voir demander une forte quantité, après la publicité réitérée que nous nous plaisons de donner ici à ces intéressants arbres. Les marcottes de première qualité mesurent deux mètres de hauteur . elles s’obtiennent, prises sur place, à 45 fr. le cent. Les marcottes de seconde qualité sont hautes d’un mètre et demi et se vendent à fr. 12 le cent. Les arbres faits à planter en place première qualité, de 14 à 16 centimètres de tour, 1 fr. pièce; ceux de seconde qualité, de 12 à 14 centimètres de tour, à 85 cen- times. M. De Pitteurs invite les amateurs de beaux arbres à venir visiter ses pépinières annuellement pendant toute la saison des feuilles : elles sont situées près de l’abattoir de St.-Trond , extra muros et non loin de la station du chemin de fer. BELG, HORT, T. HN. 19 PI, 139 - LE CYPRÈS PLEUREUR, Par M. CH. MoRkrEenN. Nous cultivons trop peu le cyprès pleureur, cupressus pendula, de Thunberg (PI. Jap. p. 265), arbre magnifique, susceptible sans doute de passer en pleine terre dans les endroits protégés , et plus facilement dans quelques-unes de nos provinces que dans d’autres. On en voit des pieds, introduits au commencement de ce siècle, en 1807, dit-on, à Chelsea, à Kew dans l’arboretum. Nous n’oublierons jamais l'impression que nous fit un cyprès pleureur haut de 50 pieds , âgé de 50 ans , que nous vimes pour la première fois le 3 novembre 1841 au jardin botanique de Naples, sur une pente regardant le Vésuve et la Méditerrannée. Quelle magni- fique pyramide , formée de rameaux pleureurs inclinés en panaches on- doyants! Quelle verdure sombre et riche à la fois! M. le professeur Tenore eut la complaisance de nous faire dessiner cette majestueuse végé- tation. Nous donnons ci-contre (PI. 22) une réduction de ce dessin, afin d'engager les amateurs de belles plantes à se procurer cet admirable cyprès. Même en orangerie, ce serait une beauté. Kæœmpfer nous apprend qu’au Japon le cyprès pleureur s'appelle le fi-moro. Il est originaire de ce pays et de la Chine, et l’on ignore le nom de son introducteur en Europe, de même que l’année de son arrivée. Ses branches sont amincies aux deux bouts, toutes feuillées, les vieilles très- longues et pendantes, les plus jeunes courtes, alternes, à deux rangs ouverts. L'arbre acquiert une cime énorme; les rameaux en sont dicho- tomes, lâches, et perdent leurs feuilles à la base. Les feuilles s’imbri- quent sur quatre rangs, elles sont triquétres, déprimées, aplaties. Les chatons mâles sont nombreux, ovoïdes, un peu plus longs qu'une ligne, solitaires, ou terminant les branches en sessiles; les cones femelles dé- primés, entourés de feuilles étendues, terminant les branches inférieures, brunissant par l’âge, sont à la maturité dela grandeur d’une prunelle. Les écailles ont huit angles, et le mucron est obtus, les graines jaunes. La culture est en tout semblable à celle des thuyas ; seulement il est essentiel en Belgique et dans le nord de la France de prémunir cet arbre contre les grands froids. Sa conservation à Chelsea permet cependant d'espérer qu'avec des soins on pourrait y parvenir, et même si l’on échouait en plein air, cette espèce rivaliserait dans les orangeries avec les araucarias, dont certes il devient l’émule par la majesté de son port, Fam- pleur de ses rameaux et la gravité de sa verdure. L30. — =) pu ube = 4 Le : 10 SU =. 711 a 4 D G x }) » oil D) à VD) V: RE CR INSTRUMENTS D'HORTICULTURE. EMPLOI DE TUBES DE GUTTA-PERCHA POUR L’ARROSEMENT DES JARDINS, Par M. CH. MoRREN. Lorsque le congrès agricole de Belgique tint ses séances à Bruxelles, en 1848, il proposa au gouvernement de décerner un prix au meilleur ouvrage d'agriculture qui serait envoyé manuscrit ou imprimé à une com- mission nommée ad hoc. Il nous est revenu que parmi les travaux pré- sentés figure un manuscrit anglais où l’on propose d’arroser les champs de purin au moyen de tuyaux de gutta-percha communiquant à la fosse au purin et munis de robinets. Comme dans l'irrigation on met les prai- ries à volonté sous eau, on mettrait ici les champs à volonté sous purin. On sait qu'en Angleterre ce système est réalisé, mais il est très-peu ré- pandu. Voici cependant une lettre de l’esquire James Kennedy, de Myre- mill, près de Maybone, dans le Ayshire, attestant que le système est bon : « J'ai employé 550 mètres de tuyaux de gutta-percha, achetés à la com- pagnie de Gutta-Percha (18, Wharf road, city road, Londres), et je m'en suis servi ces derniers mois pour distribuer l’engrais liquide de mes citernes à purin sur mes champs, ayant une pression de 300 pieds. J'ai pu de plus envoyer le liquide à l’extrémité de mes tubes, quoique à une hauteur de 40 mètres, au moyen d’une machine à vapeur. J'ai placé dans 590 acres écossaises des tuyaux métalliques pour distribuer mon engrais partout où je veux l'avoir, mais je trouve les conduits de gutta-percha extrémement convenables à cet effet. La planche 23 représente un tube de gutta-pereha communiquant au réservoir d’eau de pluie dans un jardin. Beaucoup de propriétaires anglais se servent de ce procédé commode pour arroser les différentes parties de leurs jardins. Une pression très-forte même n’agit pas sur les tuyaux. Il est oiseux de faire remarquer que des tuyaux semblables, inaltérables à l'air, abrégent singulièrement la besogne du jardinier, et qu’il gagne en temps une économie considérable. La compagnie de l'exploitation du gutta-percha publie en ce moment à Londres la liste des témoignages qu’elle a reçus en faveur de ce système. Il est applicable tout aussi bien aux serres qu'aux parterres,. ESC È — : —— a Qu nn re a 3 == D is AAUANNTTTNTTRRRRN = == Li hr) l IN: — 145 — LE FUMIGATEUR - BROUETTE DE SINKER, Par M. CH. MoRREnN. Les pucerons se combattent efficacement dans les serres par la fumée de tabac. Dans les jardins, les pêchers, les rosiers, les asperges, une foule de plantes sont soumis à l'infection de ces animaux. On préconise beau- coup de remèdes : peu réussissent, et, en effet, le difficile est d’atteindre ces petits mais innombrables ennemis. Sinker a donc imaginé une brouette-fumigateur représentée ci-contre pl. 24. Dans la brouette k en tôle se met le combustible. Dans le four a on le brüle pour obtenir la fumée de tabac qui remplit le haut du tube. Le tabac est introduit en d. Le soufflet e sert à envoyer la fumée au loin sur les espaliers, les arbres, les parterres. En placant une pierre ou un bois au-dessous de la base du tube, on élève le conduit éjaculateur. Nous proposerions de faire celui-ei en gutta-percha, assez long pour être mobile et conduit à la main sur les branches malades ou les plantes attaquées, tandis qu'un manœuvre fait fonctionner le soufflet. Souvent les pucerons se tiennent uniquement au-dessous des feuilles, et alors il faut diriger le courant de la fumée caustique dans ce sens. Un tube flexible répond seul à ce but. Il est facile de confectionner cet instrument d’après la figure que nous en donnons : c’est pour ainsi dire un poële mobile et léger adapté à un soufflet. L'effet est certain, car la fumée de tabac est un remède employé avec un succès incontestable dans ces sortes de traitement. Insectes nuisibles. PROCÉDÉ FACILE POUR PRÉMUNIR LES PÊCHES ET AUTRES FRUITS DES DÉGATS DES GUÉPES, Par M. CH. MoRrREnN. J'ai vu employer dans les beaux jardins de M. le baron De Peuthy à Huldenberg-lez-Issche, près Bruxelles, un moyen simple et suivi de bons succès pour prendre les guëpes qui venaient en quantité détériorer les pêches , les abricots et autres fruits d'arbres cultivés en espalier. On prend des bouteilles à vin ordinaires, dites flacons; on verse dedans à la hauteur de deux doigts de la bière de ménage; on garnit le goulot, en dedans, d’une légère couche de sirop d’épicier ou de poirée. Cette opération se fait avec une brosse ou même avec les doigts. D pt Les bouteilles ainsi préparées et laissées ouvertes, sont suspendues par de simples ficelles passées autour du rebord du goulot, aux branches des espaliers, et on les multiplie selon l’étendue des arbres et le nombre de guêpes qui s’observent dans les jardins. Aussitôt que ces insectes s’approchent des arbres, l'odeur de la bière les attire, le sirop les tente; ils entrent dans les bouteilles et se noient dans le liquide. Le nombre de guëpes prises par un moyen si facile est extraordinaire. Le propriétaire du château d'Huldenberg dont les cultures et les étables peuvent être citées comme des plus remarquables dans notre pays, a fait depuis très-longtemps usage de ce procédé et s’en trouve très-bien. Il est très-possible qu’il soit connu , mais ce qui n'est pas moins certain, c’est qu'on ne l’emploie pas autant qu'il mérite de l'être. CULTURE MARAICHÈRE. PROCÉDÉ FACILE POUR ASSURER LA CONSERVATION DES POMMES DE TERRE, Par M. Anpry, Membre de la Société d'horticulture de la Seine. Permettez-moi de vous faire connaître le moyen employé au Petit-Val, par M. Perrault, pour la conservation des pommes de terre. Ce moyen extrèmement simple, très-peu coûteux, remplit à notre avis toutes les conditions de bonne conservation. Dans une vaste cave, sont placées de chaque côté de fortes tablettes en bois de bateau d’un mètre environ de largeur, espacées entre elles de 50 cen- timètres, bordées par devant et sur les côtés par une planche de 30 centimètres de largeur; ces tablettes sont supportées par de forts tréteaux en bois, ce qui donne à la cave l'aspect d’un fruitier à ta- blettes très-espacées. Quatre rangs de ces tablettes superposées con- tiennent dans leur intérieur, qui a la forme d'une large caisse, les diverses espèces de pommes de terre. Nous ne saurions trop recom- mander ce procédé qui procure tous les avantages possibles : économie de place et bonne conservation des tubercules; car ces derniers, n'étant pas accumulés en tas considérables, étant maintenus dans un état d'aération convenable et ne touchant pas au sol, toujours plus ou moins humide des endroits où habituellement ils sont déposés, se conservent beaucoup mieux, germent plus difficilement et n'ac- quièrent jamais ce goût d'humidité et de terre, si désagréable, et que l’on rencontre trop fréquemment. (Bulletin de la Société d’horticulture de la Seine.) Zuth,. te G 202 CPE ILS 1. Antholyvza bicolor. Gasp. 2. Browallia Jameson. Benth. LS 0 di 3 i Antholvza Bieut * — 145 — HORTICULTURE. NOTICE SUR UNE ESPÈCE D'ANTHOLYZA PEU CONNUE : ANTHOLYZA BICOLOR DE GASPARINI, Par M. CH. MonRREnN. Les antholyza forment un joli genre d'iridées aussi distinctes par leur port, leur élégance, que par l'éclat de leurs couleurs. On ne sait pas même, si, les premières fleurs étant ouvertes sur leur hampe, la forme de la partie non fleurie, mais seulement en bouton, ne l'emporte pas en beauté sur un grand nombre de fleurs que nous cultivons par la grâce de leurscontours. Linné fonda ce genre en 4741 ,sur une seule espèce 4. æthio- pica. Thunberg en découvrit deux au Cap de Bonne-Espérance (Ant. ner- vosa et Ant. lucida). Schrank décrivit du même pays l'antholyzu quin- quenervis, et De Candolle ajouta enfin l’antholyza præalta, que peignit Redouté et qui provenait encore du Cap. Ce contingent du genre se for- mait ainsi de cinq espèces, dont une seule se rencontre ordinairement dans nos jardins, l’espèce linnéenne. M. Gasparini, de Palerme, est venu ajouter une espèce de plus à ce nombre. Nous l’avons dessinée et analysée nous-même d’après des indi- vidus qui ont fleuri dans nos serres particulières, et dont les graines nous avaient été communiquées par le savant M. Tenore, professeur-directeur du Jardin botanique de Naples. Voici d’abord les diagnoses du genre : AwTuozyza. Linn. Perigonium parlim co- rollinum, partim calicinum superum, irre- gulare, imo tubulosum ; tubo compresso, pli- cato-slriato ; limbo ringente, sexpartito, bilabiato ; labio superiore porrecto, petali- formi, corollino fornicato, filamenta obvol- vente; labio inferiore quinquedentato, caly- cino, parvulo. Stamina lria perigonii ima parte tubulosa inserla, secunda longe exserta; filamenta filiformia, intus canaliculala; an- theræ lineares, imo bifidæ dorso in sinu affixæ. Ovarium ïinferum subcylindricum, apice post anthesim sex dentibus corona-- tum, triloculare. Ovula plurima in loculo- rum angulo centrali biseriata, horizontalia. amphitropa. Stylus filiformis; stigmata tria linearia, capillaria. Capsula cylindracea, membranacea, trilocularis, loculicido-trival- vis, apice sexdentata. Semina plurima pen- dula compresso-plana, alala; testa laxa vel carnosa ; rhaphe intra testam libera valida. Embryo axilis ; albumine carnoso parum bre- vior ; extremilale radiculari nmbilicum attin- gente, supera. BELE., HORT, T. 11. ANTuozyze. Linré. Périgone en partie co- rollin, en partie ca'icinal, supère, irrégulier, tubuleux en destou<: tube comprimé, plié- strié; limbe grimacant. à six parties, bilabié; lèvre supérieure prolongée, pétlaliforme, co- rolline , en voûte, recouvrant les filets : lèvre inférieure à cinq dents. calicinale, petite. Etu- mines au nombre de {rois insérées à la partie inférieure et tubuleuse du périgone, unilaté- rale et longuement exsertes ; filets filiformes, canaliculée en dedans; anthères linéaires, bi- fides, insérées par le dos dans leur sinus. Ovaireinfère, subcylindrique, couronné après l’anthèse de six dents, triloculaire. Ovules nombreux, en deux séries à l’angle central des loges, horizontaux, amphitropes. Style filiforme: stigmales au nombre de trois, li- néaires,capillaires. Capsule cylindrique, mem- braneuse, triloculaire, loculicide-trivalves , à six dents au-dessus. Graines nombreuses, pendantes, comprimées-planes, ailées; testa lâche ou charnu ; rhaphé libre, valide dans la testa. Embryon axile, albumen charnu un peu plus grand, extrémité xadieulaire aleignant lombil'e, supère, 20 M À. BicoLor. Gasp. Planta brachialis, dimi- dia et ima parte foliosa: foliis 10 et ultra, distichis compressis, ensiformibus, ancipiti- bus, striatis; nervo medio angulato, utroque superficie proeminente, excentrico, ereclis, apice aculis, glabris ; scapo erecto, tereli, gla- bro ; spica inlerrupta, apice reflexa; floribus distichis, alternis ; alabustris imbricalis ; spa- tha viridi-foliäcea, ovarium obvolvente, folio- lis duobus, inferiore latiore, bi aut tridentato, superiore acuto constituta ; ovarie sessili, in- voluero obteclo, eylindraceo ; post anthesim sex dentibus obtusis, glabris, albidis coro- nato ; tubi perianthii ima parte pedicelluu . simulanti, cælerûm compresso ringente, irre- gulariter strialo-sulcato, limbi labio supe- riore incurvo, porrecto lineari-spathulato (coccineo), inferiore (viridi-purpureo margi- nato) quinquedentato, dentibus undulatis, ecurtalis ; staminibus longe exserlis ; filamen- tis subulalis, apice coccineis, cælerd viridi flavis ; antheris atroviolaceis, sagittalis, locu- lis parallelibus; pistillo mox stamina adæ- quante, rubello ; stigmalibus coccineo-purpu- reis lineari capillaribus. {V. V. C.) Explication des planches : A. gicorore. Gasp. Plante haute de deux pieds, feuillue en bas et jusqu’à moitié; dix feuilles où plus, distiques, comprimées, ensi- formes, à deux tranchants, striées ; nervure médiocre, anguleuse, proéminente sur les deux surfaces, excentrique, droiles, aiguës au sommet, glabres; Lampe droite, cylin- drique, glabre ; épi interrompu, réfléchi au somimel; fleurs distiques, alternes; boutons imbriqués; spathe verte-foliacée, entourant l'ovaire, formée de deux folioles, l’inférieure plus large, bi ou tridentée, la supérieure ai- guë ; ovaire sessile, recouvert de l’involucre, cylindracé, couronné après l’anthèse de six dents obtuses, glabres et blanches ; tube du périanthe simulant un pédicelle en bas ; pour le reste, comprimé, grimaçant, irrégulière ment strié-sillonné ; lèvre supérieure du limbe recourbé, prolongée, linéaire, spathulée (rou- ge) ; l’'inférieure (verte, marginée de pourpre), à cinq dents ondulées, écourtées; élamines longuement exsertes ; filets subulés, rouges au sommet, le reste vert jaunètre ; anthères d’un violet noirâtre, sagittées; loges parallèles ; pistil égalant bientôt les étamines, rougeûtre; stigmates d’un rouge pourpre, linéaires-capil- laires. (V. V. C.) Sur la gravure (pl. 25), la plante est représentée entière, réduite au huitième de sa grandeur, l’épi isolé. Sur la vignette fig. 2. Partie supérieure et bilabiée du périanthe ; — 5 ovaire avec l’involucre déjeté ; — 4 génitalies; —5 anthère vue à la loupe; — 6 grain de pollen dans l'air; —7 grain de pollen dans l’eau : on y voit un pore; — 8 trois stigmates vus à la loupe ; — 9 ovaire après l’anthèse, vu à la loupe; — 10 sommet de l'ovaire vu au-dessus, à la loupe; — 11 section longitudinale de l'ovaire; —12 section horizontale de l'ovaire; — 15 ovule vu au microscope. SYNONYMIE, OU CITATIONS. Antholyza bicolor, Gasparini. Observationi intorno aleune piante, etc.; art. inserto nel fasci- cul. 4 degli annali civili Napol. 1855. Catalogo del real orto botanico di Napoli. 1845, p. 78, auct. Tenore. OBSERVATIONS. Endlicher ne sépare pas le genre antholyza des gladiolus, mais c’est à tort, pensons-nous, vu la grande différence de la structure des fleurs. Il n’y aurait, pour légitimer la réunion, que la ressemblance de l'ovaire, du fruit et des graines. | L'antholyza bicolor a fleuri dans les serres tempérées (du 4°° au 50 no- vembre 1849) pendant tout un mois; la plante est trisannuelle et ne fleurit que la dernière année de son existence. On la croit d'Afrique, mais sa patrie exacte n'est pas déterminée. M. Gasparini la trouva confondue, dans LOTS ue les Jardins de Naples, avec les antholyza æthiopica, dontelle se distingue par une taille plus petite dans toutes les proportions, et plus spécialement par les divisions latérales de la lèvre supérieure de la corolle plus petites, plus raccourcies et parfaitement analogues et conformes aux divisions de la lèvre inférieure. La lèvre supérieure est d’un beau rouge cramoisi et cocciné. Le sommet de l’épi tombe avec grâce en ayant et on croirait voir la peau écailleuse et à écailles imbriquées d’un serpent. Culture. L'antholyza bicolor est d’une grande ressource pour lhorti- culture. Sa fleur se développe en hiver, au commencement, quand il y à pénurie générale de fleurs. Il se cultive parfaitement en appartement comme en serre tempérée, et se trouve aussi bien de sa mise en vase sus- pendu qu’en pot. Dans les corbeilles et vases suspendus, il est aussi élé- gant que les marica, une des plus belles formes qui existent. L’antholyza se développe bien de semis fait sur couche ou en bâche ; on repique à la troisième feuille en donnant une bonne terre franche, argiloso-sableuse, ou de l'argile mélangée avec une moitié de terre de bruyère. On arrose assez fréquemment. Il faut laisser fructifier les fleurs et recueillir soigneu- sement les graines. PI. 26. Et SUR LE BROWALLIA DE JAMESON , SCROPHULARIACÉE D'ORNEMENT , Par M. Cu. MoRREN. Les Browallia constituent un genre de scrophulariacées , fondé par Linné, en 1757 et formé aujourd’hui de sept espèces connues. Les carac- tères du geure, déterminés par Bentham , sont le calice à 5 dents ou à divisions, la corolle hypocratérimorphe, le tube un peu dilaté en haut, le limbe oblique, à à lobes et légèrement bilabié , les lobes émarginées, l’antérieur un peu plus grand, l’estivation pliée-bilabiée ; quatre étamines fertiles, les deux postérieures plus courtes, les filets laineux, une loge de l’anthère petite et grosse, les étamines antérieures plus longues, loges de l’anthère égales; style bifide au sommet, lobes très-larges divariqués-sub- bilobés, stigmateux en dedans; capsule membraneuse, valves bifides, cloison très-fine; embryon droit. Ces Browallia sont des plantes herbacées et rarement des arbustes, tout propres à l’Amérique-australe, et la plupart pubescents et visqueux : leurs feuilles sont alternes et entières ; les fleurs naissent aux aisselles des feuilles supérieures et sont pédicellées, disposées en cimes irrégulières. Ces fleurs présentent un phénomène curieux de chromisme. Le Browalliu grandiflora à les siennes blanches passant au bleu; le B. démissa montre les siennes violettes, le B. speciosa les a d’un beau bleu; on croirait donc ici à l’existence de la série cyanique et au type bleu, mais le Browallia Jamesoni offre dans ses fleurs une belle couleur jaune très-franche. C’est donc un de ces genres qui viennent se placer à la limite commune des deux séries cyanique et xanthique et les comprenant toutes deux dans un même plan d'organisation. Le Browallia Jameson figure ci-contre (pl. 25, fig. 2) d’après le dessin récemment publié par sir William Hooker, est caractérisé comme suit: Plante frutescente, mollement pubescente , feuilles à pétioles courts, ovales rugueuses, fleurs en eymes subcorymbiformes, pédicelles à peine plus longs que le calice ovale-tubuleux oblique, divisions courtes, divi- sions de la corolle plus courtes de moitié que le tube ample, recourbé 5. Cette espèce a élé trouvée par Jameson dans la Nouvelle-Grenade, entre Mivir et Naranfus. Hartweg la. revit près de Loxa. Les feuilles sont scabres, à peine longues d’un pouce; les corymbes sont pressés, l’arbris- seau mesure de 4 à 6 pieds. La capsule est plus forte que dans d’autres espèces et les graines sont fort nombreuses. Culture. On la tient en terre tempérée, mais l'hiver on lui donne un peu plus de chaleur. On la laisse au printemps reprendre vigueur par la chaleur naturelle de l'air. Le sol qu'elle préfère est un mélange d'argile et de terre de bruyère. En été, l'air libre, l'ombre, la protection d'un mur lui conviennent, La reproduction se fait par boutures. SN RS PLANTATION DES ROSIERS ET DES ÉGLANTIERS. Par M. Bray, élève de M, Hardy, du Luxembourg et entrepreneur de jardins. De tous les arbrisseaux d'ornement, celui qui l’emporte, par la beauté et le parfum de ses fleurs, est sans contredit le rosier. Aussi le voyons- nous aujourd’hui figurer dans tous les jardins, soit en buisson , soit greffé sur tiges, entremélé dans les plates-bandes et dans les bosquets, avec d’au- tres arbrisseaux. Assurément, le rosier produit son effet, dispersé ainsi au milieu d’autres fleurs ; mais rien n’est plus délicieusement agréable , lorsqu'on en fait des massifs entassés, soit d’une seule variété, soit de la réunion de plusieurs. | Pour former ces groupes de rosiers, il est un certain choix à faire même parmi les plus belles variétés, et un certain ordre à observer pour l’arran- gement des couleurs, il serait très-disgracieux de voir des grands rosiers à côté de petits, de grosses touffes à côté d’autres qui seraient très-maigres, et de trouver réunies toutes les variétés de même nuance. On doit done prendre des sujets à peu près de même force, et choisir des variétés dont la végétation est à peu près égale; il est facile d’en juger par la grosseur et la longueur des rameaux. Lorsqu'on veut établir une plantation quelconque de rosier, il faut, au préalable, défoncer le terrain à 60 ou 80 centimètres de profondeur, et le fumer convenablement, cette opération doit être faite à l’automne. Aussitôt après ce travail, on se trouvera bien d'ouvrir les tranchées ou les trous de plantations, en leur donnant au moins 50 ou 40 centimètres de profondeur ; car, outre que les pluies qui surviennent à cette époque, péné- trant plus facilement les sols légers, l’air et la gelée agiraient plus efficace- ment sur les couches inférieures , où se développent les nouvelles racines, c’est-à-dire, que la terre se trouvera plus profondément ameublie, et sa- turée d'oxygène , ce principe de la vie, aussi bien pour les végétaux que pour les animaux, et qui est aussi nécessaire au développement des ra- cines qu'à celui des feuilles et autres organes de la nutrition. L'époque la plus convenable pour la plantation des rosiers, comme du reste, pour toutes les plantations d'arbres et arbrisseaux, est l'automne; cependant si le sol.est humide et compacte, il est préférable de ne faire cette opération qu'au printemps. Dans l’un ou l’autre cas, il faut choisir une belle journée, et attendre que la terre soit bien ressuvée, on doit se garder de planter par la pluie, ou pendant la gelée, par de pareils temps on ne fait jamais de bonne besogne; on a du mortier à mettre sur les ra- cines, où la terre est plus ou moins gelée et en mottes, ce qui nuit à la reprise des arbres. — 190 — Au moment de planter ces rosiers, on remue un peu le fond des trous et on les remplit, avec de la terre prise à la surface du sol, de manière à ne laisser que 20 à 25 centimètres de profondeur. Dans les terrains hu- mideset compactes, on doit faire les trous un peu plus larges et plus ereux; garnir le fond de quelques platras qui enlèveront une partie de l’humi- dité et rapporter de la terre meuble; l'amateur qui veut jouir doit faire quelques sacrifices. Les trous ainsi préparés, on place et on aligne les tuteurs, puis on pro- cède à l'habillage des sujets. Cet habillage des sujets consiste à retrancher toutes les mauvaises racines, rafraichir les bonnes, c’est-à-dire couper l'extrémité meurtrie par l’arrachage, supprimer les yeux ou bourgeons qui naissent sur la souche et qui se développeraient en gourmands, nettoyer la tige en enlevant les gros nœuds ou chicots qui pourraient s’y trouver, et enfin supprimer l’onglet de la greffe, c'est-à-dire le bout de la branche qui a été greffée. Ceci fait, on place ces rosiers dans les trous par grandeur, en tenant compte de la couleur. Celui qui possède du terreau, se trouvera bien d'en mettre une pellée ou deux sur les racines ; à défaut de terreau ou d’une bonne terre préparée et riche en humus, on prendra, pour pla- cer immédiatement sur les racines, la terre la plus meuble et la plus aérée qui se trouve à la surface des buttes. Le trou rempli, on appuie faiblement avec le pied autour de la tige, les pluies d'hiver plombént toujours assez la terre nouvellement remuée; dans les plantations de printemps on peut plomber plus fortement. On attache ensuite les tiges aux tuteurs, et on régularise son terrain par un léger labour. Dans le simple remplacement d’un rosier, il faut faire le trou plus large et plus profond , enlever les vieilles racines et remplacer la terre par de la neuve. | Mais la réussite d’une plantation ne dépend pas toujours des soins qu’on apporte aux travaux de terrassements; l’état des sujets y est aussi pour quelque chose, il importe donc de biens’assurer que les rosiers qu’on achète, sont en bonne santé et munis de racines bien saines. On peut se procurer facilement de bons individus de rosiers, ens’adres- sant aux horticulteurs, mais pour avoir des églantiers bien vivants c’est plus difficile. Généralement les personnes qui arrachent et font le com- merce de ces arbrisseaux, sont assez sujets à caution et vous vendent sans le moindre serupule, des églantiers qu'ils savent très-bien être morts. Souvent ils font l’arrachage sans soins, laissant les racines exposées à l'air trop longtemps, ou bien quelques arracheurs soigneux couvriront les souches avec des feuilles sèches, pas assez cependant, pour les garantir de la sécheresse ou des gelées qui surviennent pendant les nuits et les voyages, et ils arrivent ainsi à moitié morts sur les marchés, où souvent, ils sont rapportés quatre ou cinq fois. Mais peu importe au marchand, il a arra- ché avee plus ou moins de peine ces églantiers , il faut qu'il les vende morts où vils. — 151 — Lorsqu'on n’a pas à sa disposition une forêt pour se fournir d’églantiers et qu'on est obligé de les acheter sur les marchés, il faut s'assurer de l’état des racines, avec l’ongle, on les gratte un peu, et si après en avoir cnlevé l’épiderme on trouve le dessous noir, on est certain que les racines sont mortes, et que la vie du sujet est gravement compromise, ce sem- blant de vitalité qu’elles présentaient était dù au séjour prolongé dans l'eau. Il n’y a pas d’équivoque possible, lorsque les racines sont compléte- ment desséchées, c’est facile à voir. Aussitôt qu’on est en possession de ces églantiers, on doit les mettre dans l’éau pendant quelques jours, pour ramollir les racines inutiles, et une partie de la souche lorsqu'elle est trop grosse, car de cette souche naissent des gourmands, qui s'emparent de la plus grande partie de la sève, au détriment de la tige principale. Comme les églantiers sont généralement plantés en pépinières et en plancher, pour être enlevés plus tard, on les espace seulement de 20 à 25 centimètres. La plantation terminée, on les rabat à la hauteur qu’on dé- sire greffer, en observant de faire la coupe du côté opposé au soleil. Pour l'amateur qui n’est pas trop pressé par le temps, on peut recommander de couvrir cette coupe avec de l’onguent de S'-Fiacre, il évitera par là, le desséchement de l'extrémité de la tige, et les fentes que produisent les vents ou les hâles de mars. Jusqu'au printemps suivant l’églantier ne de- mande aucun soin. | (Horticulteur francais.) REVUE DE PLANTES NOUVELLES. Acacia hispidissima. De Cand. Prod., vol. 2, p. 455. — Walp. Repert. x. 1, p. 908.— Hook. Bot. mag. 1851. tab. 4588. Acucia très- velu. Famille des légumineuses. Section des Pulchellæ. Rameaux pubes- cents et poilus fortement , épines axillaires Subulées, pinnes des feuilles à une paire, pétiole tres-court, presque mutique, grandule longuement stipitée (ou nulle?), folioles de 5 à 7 paires linéaires, glabres, nues, ciliées ou scabriuscules sur le bord, capituies globuleux. On pense que c’est aussi l’acacia cycnorum de Bentham (Hook. Lond. Journ. Bot. vol. 5, p. 588. —Walp. Repert. vol. 4, p. 908). Espèce de la rivière du cygne, intro- duite par M. Drummond. Très-jolie pour les amas globuleux de fleurs jaunes, qu’elle porte en profusion. Culture. I] lui faut la serre tempérée, un mélange de terre argileuse légère et de terre de bruyère sablonneuse; croissant avec force, on peut en faire des arbustes très-fournis et touffus, surtout en pinçant à temps. La floraison se fait au printemps. La reproduction se fait par graines, qui demandent une chaleur modérée pour germer. — 152 — Cantua buxifolia. Lam. Dict. vol. 1, p. 603. — De Cand. Prodr. v. 9, p. 521:-Hook. Bot. mag. tab. 4582. 1851. (Cantua à feuilles de buis.) Famille des polémoniacées. Feuilles subfaseiculées, oblongués ou obovales, aiguës où obtuses, cunéiformes à la base, très-entières où inci- sées à peu de dents, glabres ou pubescentes, corymbes lâches,' calice tubuleux, pubescent, à 5 dents trois ou quatre fois plus courts que la corolle, tube de la corolle allongé, roide, limbe ouvert , étamines sub- exsertiles. Cette acquisition est une des plus belles de notre époque, car il serait difficile de rencontrer un arbuste d'ornement plus élégant et à fleurs plus brillantes. Originaire des Andes du Pérou, Ruiz et Pavon l’a- vaient déjà désignée comme l’un des arbustes à fleurs magnifiques que l’Europe devait demander au Nouveau-Monde. Les Indiens du. Pérou avaient l'habitude d’orner leurs demeures et leurs chambres surtout de ce cantua : ils lui donnaient le nom d'arbre magique, et lui attribuaient des qualités surnaturelles. Déjà on en possède une variété à fleurs blan- ches. On pourrait supposer que le nom de cantua ait pour origine quelque botaniste du nom de Cantu, nom bien célèbre dans les études historiques; mais l’étymologie est canta, nom que les Péruviens donnent généralement à cette polémoniacée. Culture. Le cantua buxifolia se prête comme le fuchsia, à la taille, en charmant buisson : il est d’orangerie froide ; son sol préféré est un mé- lange de terre argileuse légère et de terre de bruyère mélée de sable, En été, il va se placer à l’air, surtout à l'ombre, avec succès. Dans le Dévonshire, il a passé l'hiver en pleine terre en le protégeant par un abri portatif. En tous points sa culture ressemble à celle des fuchsias, et on le reproduit de même par boutures. Forsythia viridissima. Lindl. Journ.of Hort. Soc. vol. 1, p. 226; Bot. rep. 1847. tab. 39.—Hook. Bot. mag. 1851. tab. 4587. (Forsythia très-verte.) Famille des oléacées. Rameaux droits, tétragones, feuilles simples, oblongues et oblongues-lancéolées, pétiolées, dentées vers le sommet, très-entières à la moitié inférieure, fleurs venant avant les feuilles, à pédicelles courts, géminées, pendantes, sépales presqu'arron- dis, convexes, de la longueur de l'ovaire. Le type du genre Forsythia, appelé F. suspensa, plante de la Chine cultivée au Japon, avait été naguère (en 1855) introduite en Hollande par M. V. Pistorius, mais de- puis il a disparu, ou du moins s’est peu propagé. On nommait cette espèce suspensa, parce que ses branches étaient pendantes, ses feuilles étaient ternées. Cette espèce-ci, de Lindley, croit en pleine terre en Angleterre, surtout près des murs, et produit beaucoup de fleurs jaunes au moment où les feuilles commencent à s'épanouir. C’est une introduction de M. Fortune. Culture. La plante est printannière, trop peut-être, de sorte que les gelées tardives endommagent les feuilles. On Ia tient, du reste, en pleine ms A0 terre eomme le bois gentil où Daphne mezereum. Elle se contente de tous les sols, et se reproduit par boutures ou surgeons. Hellehorus atro-rubens. Walds. et Kit. PI. Rar. Hung, v. 5. p. 501, tab. 271.— De Cand. Prodr. v. 1, p. 47. (Hellébore à fleurs d’un rouge noträtre.) Famille des rénonculacées (Hook. Bot. mag. tab. 4581. 1851). Feuilles radicales, glabres, pédatiséquées, au-dessous plus pâles, brillantes, les caulinaires subsessiles, pinnatipartites, tige subanguleuse, bifide-rameuse, sépales subarrondies, colorées. Cette jolie plante devient d'autant plus agréable qu’elle fleurit en pleine terre aux mois de février ét de mars. Elle est vivace. Ses fleurs sont grandes, ouvertes et d’un vert qui passe insensiblement au rouge-violet foncé. Cet hellébore est ori- ginaire des montagnes de la Croatie; il abonde surtout aux environs de Koreniez. 11 est fâcheux qu'on ne le possède pas davantage dans nos Jardins. | Culture. Elle est des plus faciles : un $ol ordinaire suffit. Les graines venant à maturité, elles multiplient aisément les plantes. On peut encore diviser les racines. Cette opération se fait en automne, ou au tout premier printemps, mais l'automne vaut micux. Ixora javanica. De Cand. Prodr. vol. 4, p. 487.—Walp. Annales bot. v.1,p.575.—Hook. Bot. mag. tab. 4586. 1851.— Pavetta javanica. Blume Bydr. F{. p. 949. Famille des rubiacées. Feuilles à pétiole court, ovales-oblongues, coriaces, membraneuses, à pointes courtes, glabres, aiguës à la base, stipules longuement cuspidées sortant d’une base large- ment connée, corymbe longuement pédonculé, trichotome, base du calice bibractéolée, divisions arrondies, courtes, droites, tube de la corole fili- forme, d’un doigt et demi de longueur, limbe à lobes obovés arrondis. Cette espèce d'Ixora est, comme son nom l'indique suffisamment, origi- naire de Java. Elle fleurit en mars. Les branches offrent un beau rouge de corail, les feuilles sont d’un beau vert et les fleurs d’un bel orange. L'Ixora javanica de Paxton (ag. of Bot. 14. 265) est très-différent : ce n’est pas la plante de Blume. Culture. Tous les Ixora sont beaux. Originaire de Java, cette espèce demande naturellement la serre chaude et humide. Ces conditions sont non-seulement nécessaires pour donner à la plante une bonne végétation, mais encore essentielles pour l'empêcher de se couvrir d'insectes; les coceus aiment beaucoup de s'attacher à ces rubiacées. Leur nombre donne parfois un air misérable à ces espèces. Il faut, à ces dernières, de la terre de bruyère amendée d'engrais d’étable ou de feuilles pourries. La vapeur qui s’en dégage et l’humidité de l’air combattent les insectes. On prend une moitié de terre de bruyère et une moitié d'argile ou de terreau de feuilles ; on y ajoute un peu de sable siliceux. On tamise, on draine le pot BELG. HORT. T. I. 21 Et pa et on n’enterre pas le collet. La multiplication se fait par boutures, par branches à bois à demi-durci, sous cloche et en bâche chaude. Ranuneulus spicatus. Desf. FL atlant. v. 1, p. 458. tab. 4115: — De Cand. Prodr. v. 1, p. 29.—Hook. Bot. mag. t. 4585. 1851.— Ranun- culus olyssiponensis. Pers. Syn. PI. v. 2, p. 106.—R. lusitanicus. Tour- nef, Institut. 286. (Renoncule à épi.) Famille des renonculacées. Feuilles subpoiïlues, les radicales pétiolées, orbiculées, trilobées, les plus basses à cinq lobes dentés, les plus élevées tripartites, lobes entiers, linéaires, tige droite, pauciflore, calice ouvert, épi des carpelles allongé, cylin- drique. Dans l'admiration que nous éprouvons pour les plantes de la flore tropicale, nous négligeons trop les plantes herbacées des régions froides. . Quelques jardins auront conservé cette espèce de renoncule agréable par ses grandes fleurs jaunes, brillantes, et s’ouvrant au commencement d'avril. Desfontaines la découvrit d’abord aux environs d'Alger, où elle abonde sur les collines. On la rencontre à Gibraltar. Les feuilles varient. Le nom spécifique ne s'explique que par le fruit, qui est un réceptaele cylindrique couvert de carpelles. Culture. Cette plante est de pleine terre, herbacée et vivace. Elle se contente d’un sol médiocre, et se multiplie par la division des racines ou par les graines. Ranunculus cortusæfolius. Willd. £num. p. 588.— De Cand. Prodr. vol. 1, p. 264.— Webb. Hist. nat. Canar. bot. vol. 1, p. 8. — Hook. Bot. mag. tab. 4625. — Ranunculus teneriffæ. Pers. Syn. vol. 2, p. 105.— Ranunculus grandifolius. Low. Prim. Faun et Fl. Mad. p. 58 (non Mey). (Renoncule à feuilles de cortusa.) Famille des renonculacées. Plante élancée, feuilles et tige poilues, les radicales subcordées-renifor- mes, de 5 à 7 lobes, veinées en rayons, lobes incisés-lobulés et dentés ; feuilles caulinaires, presque sessiles, tri ou quinquepartites, les florales lancéolées, la tige rameuse-corymbeuse au sommet, calice très-ouvert, sépales extérieurement velus, fruit oblong-globuleux, achènes terminées par un style uneiné. C’est incontestablement une des plus belles espèces de renoncule qu'on puisse trouver. Les fleurs ont au delà de deux pouces de diamètre et d’une couleur jaune d’or brillante. La plante est vivace, de pleine terre avec protection. Elle est originaire des iles Canaries et de Madère, mais dans cette dernière ile, elle ne se trouve qu'à Ribeira-Frio. Webb l’a trouvée entre les gazons, dans les forêts. Sa floraison dure tout l'été. ; Culture. On la cultive en pot et en pleine terre. Dans ce dernier cas, on la couvre en hiver de feuilles, car les fortes gelées la tucraient. Les piantes en pot rentrent. Multiplication par division de racines. ; LA PHYSIONOMIE DES PLANTES, Par M. A. De Humpocpr. Lorsque l’homme interroge la nature avec sa curiosité pénétrante, où mesure dans son imagination les vastes espaces de la création organique, de toutes les émotions qu'il éprouve, la plus puissante et la plus profonde est le sentiment que lui inspire la plénitude de la vie universellement répandue. Partout, et jusqu’auprès des pôles glacés, l'air retentit du chant des oiseaux et du bourdonnement dés insectes. La vie respire non- seulement dans les couches. inférieures de l’air où flottent des vapeurs épaisses, mais dans les régions sereines et éthérées. Toutes les fois que l’on a gravi le dos des Cordillères du Pérou, ou, sur la rive méridionale du lac de Genève, la cime du Mont-Blanc, on à trouvé dans ces solitudes des êtres animés. Nous avons vu sur le Chimborazo, à des hauteurs qui dépassent de près de huit mille pieds le sommet de lEtna, des papillons et d’autres insectes ailés. En supposant même qu’ils eussent été entraînés par des courants d'air ascendants, et qu'ils errassent en étrangers dans ces lieux où l’ardeur de connaître conduit les pas timides de l’homme, leur présence prouve néanmoins que l’organisation animale, plus flexible, résiste bien au-delà des limites où expire la végétation. Nous avons vu souvent le géant des Vautours, le Condor, planer au-dessus de nos têtes, plus haut que la croupe neïgeuse des Pyrénées surmontée du pie de Ténériffe, plus haut que toutes les cimes des Andes. Ce puissant oiseau était attiré par sa rapacité à la poursuite des Vicuñas au lainage soyeux, qui, réunis en troupeaux, errent, comme les Chamois, dans les pâturages couverts de neiges. Si l'œil nu nous montre la vie répandue dans toute l'atmosphère, armé du microscope, il découvre encore de plus grandes merveilles ; les vents enlèvent, à la surface des eaux desséchées, des Rotifères, des Brachions, et une multitude d’animaleules invisibles. Immobiles et offrant toutes les apparences de la mort, ces êtres flottent suspendus dans les airs jusqu'à ce que la rosée les ramène à la terre nourrissante, dissolve l'enveloppe quienferme leur corps tourbillonnants et diaphanes, et, grâce sans doute à l'oxygène que l’eau contient toujours, souffle'aux organes une nouvelle irritabilité. | Les météores de l’Atlantique, formés de vapeurs jaunes et poudreuses, qui, des iles du Cap-Vert, s'avancent de temps à autre vers l'Est, dans le nord de l'Afrique, en Italie et dans l'Europe centrale, sont, d'après la — 106 — brillante découverte d'Ehrenberg, des amas d'organismes microscopiques enfermés dans des enveloppes siliceuses. Beaucoup, peut-être, ont erré durant de longues années à travers les couches les plus.élevées de l'atmosphère, jusqu’à ce que des courants d'air verticaux ou les vents alisés, qui soufflent dans les hautes régions, les ramènent capables encore de vie et tous prêts à se multiplier par la divi- sion spontanée. Outre les créatures déjà en possession de l’existence, l'atmosphère con- tient encore des germes innombrables de vie future; des œufs d'insectes et des œufs de plantes, qui, soutenus par des couronnes de poils ou de plumes, partent pour les longues pérégrinations de l'automne. La pous- sière fécondante que sèment les fleurs mâles dans les espèces où les sexes sont séparés, est portée elle-même par les vents et par des insectes ailés, à travers la terre et les mers, jusqu'aux plantes femelles qui vivent dans la solitude. Partout où l'observateur de la nature plonge ses regards, il ren- contre la vie ou un germe prêt à la recevoir. L'’atmosphère agitée dans laquelle nous sommes submergés sans pou- voir jamais en atteindre la surface, fournit à un grand nombre de eréa- tures organiques la nourriture la plus nécessaire à leur existence ; mais ces êtres ont besoin encore d’un aliment plus grossier que peut seul leur offrir le sol qui sert de lit à cet océan gazeux. Ce sol est de deuxespéèces. La terre ferme, en contact immédiat avec l'air, n’est que la moindre partie. La plus grande partie se compose de l’eau, formée peut-être, ilw a des milliers d’années, de substances aériformes, liquidiées par un feu électrique, et aujourd'hui incessamment décomposées dans le laboratoire des nuages, comme dans les vaisseaux qui donnent l'impulsion vitale aux animaux et aux plantes. Les formes organiques pénètrent dans le sein de la terre à de grandes profondeurs partout où les eaux, répandues sur la surface, s’infiltrent à travers les cavités formées par la nature ou creusées par le travail des hommes. Le domaine de la Flore souterraine a été de bonne heure le sujet de mes recherches scientifiques. Des sources d'eau chaude nourrissent de petits Hydropores, des Conferves et des Oscillaires, qui bravent les plus hautes températures. Au bord du lae de l'Ours, près du cercle polaire, Richardson a vu des plantes en fleur sur un sol qui, dans l'été, ne dégèle pas à plus de vingt pouces d'épaisseur. On ne peut dire d’une manière certaine quel est le milieu où la miecst répandue avec le plus de profusion. Grâce aux admirables travaux d'Ehren- berg, sur les conditions de la vie microscopique dans les mers tropicales et dans les glaces fixes ou flottantes du pôle antarctique, l'horizon de la wie s'est agrandi à nos yeux. On a trouvé, à douze degrés du pôle, des Po- lygastres revêtus d’une enveloppe siliceuse, et des coscinosdiskes avec leurs ovaires de couleur. verdâtre, qui vivent enfermés dans des quartiers de glace. La petite Puce noire des glaciers (Desoria glacialis) et des Podurelles habitent les étroits tubes de glace, examinés en Suisse par | ; | ECM — Agassiz. Ehrenberg a montré que des animaleules vivent en parasites sur plusieurs espèces d'infusoires microscopiques, sur les Synedra , le Cocco- neis, et que telle est la faculté de développement et de divi-ion, ont sont douées les Gaillionelles, que ces petites bêtes invisib'es peuvent, en quatre jours, former deux pieds cubes de tripoli de Bilin. Dans lOcéan existent des vers gélatineux qui, vivants ou morts, brillent comme des étoiles et, par leur éclat phosphorescent, changent en une mer de feu la surface verdâtre des eaux. Rien jamais n’effacera l'émotion que n'ont fait éprou- ver les nuits calmes des tropiques, sur les bords de la-mer du Sud, lorsque de l’azur vaporeux du ciel, la haute constellation du navire Argo et la Croix, imclinée à l'horizon, versaient leurs lumières douce et planétaire, tandis que les Dauphins tracaient leurs sillons brillants dans les flots de la mer écumante. Les eaux marécageuses, aussi bien que FOcéan, cachent un nombre infini de vers aux formes bizarres. A peine notre œil peut-il reconnaitre les Cyclidées, les Euglènes, et la légion innombrable des Naïs, qui tous se divisent en plusieurs branches, comme les Lemna ou Lenticules, dont ils cherchent l'ombre. Les Ascaris tachetés qui habitent la tête du Ver de terre; les Leucophra qui brillent d’un éclat argenté et vivent dans l'intérieur des Naïs des rivages ; une espèce de Pentastoma, à laquelle ont été assignées pour demeure les larges cellules pulmonaires du Serpent à sonneltes des tropiques : tous ces animaux, entourés d’un milieu diffé- rent, sont étrangers à la lumière du soleil. Il existe des animalcules dans le sang des Grenouilles et des Saumons; il en existe, d’après Nordmann, dans les substances aqueuses dont sont formés les yeux des Poissons, comme dans les branchies de la Brême. Ainsi, la vie remplit les espaces les mieux cachés de la création. Nous nous proposons ici d'insister sur les différentes espèces de végétaux, car c’est sur.elles que repose l'existence du règne animal. Les végétaux tendent incessamment à disposer des combinaisons barmonieuses de la matière brute de la terre; ils ont pour office de préparer et de mélanger, en vertu de leur force vitale, les substances qui, après d'innombrables modi- fications, seront élevées à l’état de fibres nerveuses. Le même regard, en embrassant la couche végétale qui recouvre la terre, nous dévoile la plé- nitude de la vie animale, nourrie et conservée par les plantes. Le tapis que Flore a étendu sur le corps nu de la terre est inégalement tissu. Plus épais aux lieux où le soleil s'élève plus haut, dans un ciel sans nuages, il est plus elairsemé vers les pôles où la nature semble engourdie, où le retour précipité des frimas ne laisse pas aux bourgeons le temps d’éclore, et surprend les fruits avant leur maturité. Partout, cependant, l’homme a la consolation de trouver des plantes qui le nourrissent. Que du fond de la mer, comme cela s’est vu dans l’archipel de la Grèce, un volcan soulève au milieu des flots bouillonnants, un rocher couvert de scories; que.des Lithophytes agrégés, pour rappeler un phénomène moins — 1958 — terrible, bâtissent leurs cellules sur le dos des montagnes sous-marines, et plusieurs siècles après, lorsque l’édifice a dépassé la surface de la mér, laissent en mourant une île de coraux, les forces organiques de la nature se tiennent prêtes à animer ce rocher mort, Comment la semence y est-elle subitement déposée ? Sont-ce les oiseaux voyageurs, les vents ou les flots qui ly apportent? La distance qui sépare ces parages des côles, rend le fait difficile à éclaircir. On sait cependant que dans les contrées du Nord, il se forme sur la pierre nue, aussitôt qu’elle est en contact avec l’air, un tissu de filaments semblables à des trames de velours, qui ont à l’œil nu l'apparence de taches colorées. Quelques-unes de ces taches sont entou- rées de lignes en saillies, qui forment un bord tantôt simple, tantôt dou- ble ; d’autres sont coupées par des sillons ou divisées en compartiments. Leur couleur, pâle d’abord, devient plus foncée avec l’âge; le jaune qui brillait au loin prend une teinte brune, et le gris bleuâtre des Lepraria se change insensiblement en un noïr poudreux. Les limites des couches qui ont vieilli se fondent l’une dans l’autre, et sur ce fond obscur naissent de nouveaux Lichens de forme circulaire et d’une blancheur éclatante. Aïnsi se superposent les tissus organiques. De même, en effet, que les sociétés humaines doivent passer par différents degrés de civilisation, la propagation graduelle des végétaux ne peut s’accomplir qu’en vertu de lois déterminées. Là où les arbres des forêts élévent au milieu des airs leur cime imposante, quelques pales Lichens recouvraient autrefois la roche dépouillée de la terre. Les Mousses, les Graminées, les plantes her- bacées et les arbrisseaux sont autant d’intermédiaires qui remplissent cette longue période dont on ne saurait déterminer la durée. La lacune comblée dans les pays du Nord par les Lichens et les Mousses, l’est sous les tropiques par les Portulaca, les Gomphrena ou d’autres plantes grasses et peu élevées qui croissent au bord des eaux. L'histoire de la couche végétale et de sa propagation successive sur l’écorce déserte de la terre a ses époques, aussi bien que l’histoire des migrations, qui ont disséminé dans les différentes contrées les animaux et les hommes. Mais si la force vitale est partout prodiguée, si l’orgamisme s’efforce incessamment de rattacher à des formes nouvelles les éléments dissous par la mort, cette profusion et ce renouvellement de la vie varient cependant suivant les zones et les climats. La nature s’engourdit pério- diquement sous la zone glaciale; car la fluidité est la condition de la vie. Les animaux et les plantes, à l'exception des Mousses et d’autres erypto- games, demeurent, durant l’espace de plusieurs mois, ensevelis dans le sommeil de hiver. Aussi, sur une grande partie de la terre, les êtres organisés susceptibles de résister à une déperdition considérable de chaleur et qui, dépourvus de feuilles, peuvent laisser suspendues pendant longtemps les fonctions vitales, sont les seuls qui se développent librement. Plus lon approche des tropiques ct plus l’on voit augmenter la variété des formes, la grâce 2 at LS des contours et les combinaisons des couleurs, plus on sent la force de l’'éternelle jeunesse de la vie organique. Cette vigueur croissante de la végétation peut être facilement mise en doute par ceux qui n’ont jamais quitté notre continent, ou qui ont négligé l'étude de la géographie générale. Si, laissant derrière soi les sombres forêts de chênes qui couvrent les contrées du Nord, on traverse les Alpes et les Pyrénées pour redescendre en Italie ou en Espagne, et que, s’avan- cant dans la Méditerranée, on découvre quelque partie des rivages afri- cains, on est facilement conduit à cette conelusion erronée que l'absence des arbres est le caractère des pays chauds. Mais il faut pour cela oublier que l'Europe méridionale avait un autre aspect lorsque les colonies pélasges et carthaginoises s'y établirent ; il faut ne pas savoir que lun des effets d’une civilisation précoce est de resserrer les forêts; que lacti- vité industrieuse des nations dépouille peu à peu la terre de lornement qui fait la jouissance des races septentrionales et qui, plus que tous les monuments historiques, atteste la jeunesse de notre culture intellectuelle ct morale. La grande catastrophe à la suite dé laquelle un lac immense, en rompant les digues des Dardanelles et des colonnes d’Hercule, est de- venu la mer Méditerranée , parait avoir enlevé à toutes les contrées envi- ronnantes une grande partie de leurs terres végétales. D’après les détails que nous ont transmis les historiens Grecs, sur les traditions de Samo- thrace, il est permis de conjecturer que ce bouleversement de la nature n’était pas alors fort ancien dans tous les pays que baigne la mer Médi- terranée ct que caractérisent le calcaire tertiaire et la craie inférieure, c’est-à-dire les terrains à Nummulites et à Néocomies. La superficie du sol n’est, en grande partie, qu’un rocher dénudé. L'aspect pittoresque de l'Italie vient surtout du contraste que présentent aux regards les groupes de végétaux, qui se détachent comme une île au milieu des rochers inani- més. Aux endroits où ces rochers moins crevassés retiennent l’eau à la surface du sol, où le sol est recouvert de terre, comme sur les bords en- chantés du lac Albano, l'Italie a ses forêts de chénes, aussi vertes ct aussi sombres que les peut désirer l'habitant du Nord. Les déserts qui s'étendent au sud de l’Atlas, et les plaines sans fin de l'Amérique méridionale, ne doivent être considérés aussi que comme des phénomènes locaux. Les steppes de l'Amérique sont, du moins dans la saison des pluies, couvertes d'herbes et de petites mousses presque her- bacées ;. les déserts africains sont de vastes espaces sans végétation, des mers de sable enfermées à l’intérieur de l’ancien continent, et qui ont pour rivages l’éternelle verdure des forêts. Quelques palmiers en éven- lails, épars çà et là, rappellent seuls au voyageur que ces solitudes font partie d’une création animéc. Le jeu trompeur du mirage, causé par le rayonnement de la chaleur, tantôt fait voir les pieds de ces palmiers flot- tant librement dans les airs, tantôt montre leur image renversée qui se reflète dans les vagues onduleuses de l'océan atmosphérique. De l’ouest 20 D de la chaine péruvienne des Andes, sur les côtes de la mer du Sud, nous avons passé des semaines entières à traverser aussi des déserts sans eau | L'existence de ces déserts, l’aridité de ces vastes espaces entourés de toutes parts d’une végétation luxuriante, est un phénomène géologique peu observé jusqu'à ce jour, et produit incontestablement par les inon- dations ou les révolutions volcaniques qui ont bouleversé jadis la nature. Lorsqu'une contrée a perdu la couche végétale qui la recouvrait, lorsque toutes les sources se sont taries, que le sable est devenu mouvant et que les courants ascendants d'air chaud font obstacle à la précipitation des nuages, des milliers d'années s’écoulent avant que la vie organique, re- foulée vers les bords verdoyants des déserts, pénètre de nouveau à l'inté- rieur de ces solitudes. | L'homme qui sait embrasser la nature d’un regard et faire abstraction des phénomènes particuliers, reconnait comment, à mesure qu'augmente la chaleur vivifiante, la force organique et la puissance vitale se dévelop- pent graduellement des pôles à l'équateur. Mais cet accroissement pro- gressif n'empêche pas qu'à chaque contrée soient réservés des beautés particulières. Aux tropiques appartient la grandeur et la variété des formes végétales ; au Nord, la vaste étendue des prairies et le réveil de la nature, dès que viennent à souffler les premières brises du printemps. Outre les avantages particuliers qui lui sont propres, chaque zone a aussi un caractère déterminé. Tout en laissant une certaine liberté au dévelop-. pement anormal des parties, l’organisme, en vertu de sa puissance origi- nelle, soumet tous les êtres animés et tous les végétaux à des types cer- tains, qui se reproduisent éternellement. De même que lon reconnait dans les individus isolés une physionomie distincte, ou, comme la bota- nique et la zoologie descriptives, prises dans leur acception la plus étroite, s'appliquent à partager en groupes les animaux et les plantes d’après l’analogie de leurs formes, de même il existe une physionomie naturelle qui appartient exclusivement à chacune des contrées de la terre. Les expressions de nature suisse ou de ciel d'Italie, en usage parmi les peintres, ont pris naissance dans le sentiment confus de ces caractères propres à telle ou telle région. L’azur du ciel, les jeux de l'ombre et de la lumière, les vapeurs qui s'accumulent dans le lointain, les formes des animaux , la vigueur de la végétation, l’éclat de la verdure, le contour des montagnes, sont autant d'éléments qui déterminent l'impression que produit sur nous une contrée. Il est vrai que sous toutes les zones on rencontre les mêmes roches, que le trachyte, le basalte, les porphyres schisteux et la dolonne forment partout des groupes d’une physionomie uniforme. Les crêtes de diorite de l'Amérique méridionale et du Mexique ressemblent à celles du Mont-Fichtel en Germanie, de même que la forme de l’Allco, ou chien primitif du nouveau continent, s'accorde parfaitement avec celle des races du continent. L’écorce inorganique de la terre paraît, en cffet, indépendante des influences climatologiques, soit que la diffé- — 161 — rence des elimats, subordonnée à la différence des latitudes, soit plus récente que les rochers ou que la masse de la terre, en dégageant, lors- qu'elle se solidifie, une grande quantité de calorique, se soit donnée à elle-même sa température au lieu de la recevoir du dehors. Toutes les formations sont communes à toutes les contrées et partout elles offrent la même structure. Partout le basalte forme des montagnes jumelles et des cônes tronqués ; partout le porphyre trappéen se présente sous la forme de masses bizarres, et le granit en dômes arrondis. De même les pins et les chênes couronnent également les flancs des monta- gnes, dans la Suède et dans la partie méridionale du Mexique; mais, mal- gré la ressemblance des formes, bien qu'isolément, chaque arbre présente les mêmes contours ; pris en masse, ils offrent néanmoins un caractère tout différent. Autant la minéralogie diffère de la géognosie, autant les analyses indi- viduelles différent des descriptions générales qui retracent la physionomie de la nature. Georges Forster, dans les relations de ses voyages et dans ses œuvres diverses; Goëthe, dans les esquisses de la nature qu'il a si sou- vent mêlées à ses immortels ouvrages; Buffon, Bernardin de Saint-Pierre, et Châteaubriand, ont décrit avec une vérité inimitable le caractère des régions diverses. De pareilles descriptions n’ont pas seulement pour but de procurer à l'esprit une jouissance de l’ordre le plus élevé; la connais- sance du caractère propre à certaines contrées se rattache par un lien très-intime à l’histoire de la race humaine et de la civilisation. Si les pre- miers progrès de la civilisation ne sont pas uniquement déterminés par des influences physiques, la route qu’elle prend plus tard, le caractère national, les dispositions plus sombres ou plus sereines des esprits, dé- pendent en grande partie des circonstances climatologiques. Quelle puis- sance n’a pas exercé le ciel de la Grèce sur le génie de ses habitants! Comment les peuples qui s’établirent dans cette bélle et heureuse contrée, entre l'Euphrate, l'Halys et la mer Égée ne se seraient-ils pas éveillés de bonne heure aux mœurs élégantes et aux sentiments délicats? Nos ancêtres eux-mêmes, à une époque où l'Europe était retombée dans la barbarie, lorsque l'enthousiasme religieux ouvrait les légions saintes de l'Orient, ne rapportérent-ils pas des mœurs plus douces de ces délicieuses vallées? La poésie des Grecs et les chants grossiers des peuples du Nord doivent en grande partie leur caractère distinctif à la forme des plantes et des animaux, aux montagnes et aux vallées qui entouraient le poëte, à l'air qui se jouait autour de lui; et pour ne rappeler que des choses qui nous soient familières, qui ne se sent différemment affecté à l'ombre épaisse des hêtres, sur des collines couronnées de sapins solitaires, et dans les prairies où le vent murmure à travers le feuillage tremblant des bouleaux. Ces formes végétales de nos climats éveillent tour à tour dans notre esprit des images mélancoliques, sévères ou joyeuses. L'influence du physique sur le moral, cette action réciproque et mystérieuse du BELG. HORT. T. Il. 22 — 162 — monde sensible et du monde immatériel, donne à l'étude de la nature, lorsqu'on embrasse d’un point de vue assez élevé, un attrait singulier, trop méconnu jusqu’à nos jours. Si le caractère des diverses régions dépend à la fois de toutes ces appa- rences extérieures, si le contour des montagnes, la physionomie des plantes et des animaux, si l’azur du ciel, la forme des nuages et la trans- parence de l’atmosphère concourent à l’impression générale, on ne peut nier cependant que les végétaux qui couvrent la terre soient la cause déterminante de cette impression. Au monde animal, il manque l’ensem- ble de Ia masse ; la mobilité des individus, et souvent leur petitesse, les dérobe à nos regards. Le monde végétal, au contraire, agit sur notre imagination par son immobilité, sa grandeur. Les dimensions des végé- taux sont l’indiee de leur âge; en eux seuls la vieillesse s’allie avec l’ex- pression d’une force qui se renouvelle incessamment. Le dragonier gigan- tésque que J'ai vu dans les iles Canaries, et qui n’a pas moins de 16 pieds de diamètre, produit encore, comme s’il jouissait d’une éternelle jeunesse, des fleurs et des fruits. Lorsque des aventuriers francais, les Béthencourt firent, au commencement du xvi° siècle, la conquête des îles Fortunées, le dragonier d'Orctava, non moins sacré pour les indigènes que l'était chez les Grecs l'olivier de Minerve ou le palmier de Délos, avait déjà les di- mensions colossales qu'il a aujourd’hui. IT existe sous les tropiques telles forêts d’hymenæa et de cœsalpinia qui, peut-être, ont vu passer devant elles plus de dix siècles. Si l’on embrasse d’un coup-d’œil les différentes espèces de plantes phanérogames qui sont entrées déjà dans les herbiers et dont le nombre dépasse quatre-vingt mille, on reconnaît au milieu de cette infinie variété quelques formes essentielles auxquelles on peut en ramener beau- coup d’autres. Pour déterminer ces types, dont la beauté individuelle, Ia distribution et l’agroupement déeident du caractère propre à la végéta- tion d’un pays; on ne doit pas, comme on le fait pour d’autres motifs, dans les classifications botaniques, se guider d’après les organes à peine visibles de la reproduction, les enveloppes florales ou les fruits, mais d’après les traits saillants qui déterminent l'impression générale, produite par les grandes masses de végétaux. On retrouve, à la vérité, parmi ces formes essentielles, des familles entières empruntées aux systèmes dit na- turels. Lesbananiers et les palmiers, les casuarinées et les conifères, figu- rent dans l’une et dans l’autre classification. Mais le botaniste divise en groupes séparés une quantité de végétaux que l’on est forcé de réunir, si l'on s'attache surtout à la physionomie des plantes. Là où les végétaux se présentent par masses, la distribution des feuilles, la forme des troncs et des branches apparaissent confusément. Le peintre, car ici c’est le sentiment délicat de l'artiste qui est en jeu, peut bien distinguer, dans le fond d’un paysage, les pins et les buissons de palmiers des forêts da — 165 — hètres; mais il ne peut dire si une forêt est composée de hêtres ou d’autres arbres feuillus. Seize formes végétales servent surtout à déterminer la physionomie de la nature. Je ne compte que celles que j'ai pu observer dans mes voyages à travers les deux hémisphères, où, pendant plusieurs années, j'ai étudié attentivement la végétation des différentes contrées comprises entre le 60° degré de latitude boréale et le 12° de latitude australe, Quelque jour sans doute, quand on pénétrera à une plus grande pro- fondeur dans le centre des continents, le nombre «les types sera eonsidé- rablement accru par la découverte d’espèces nouvelles. La végétation qui couvre la partie sud-est de l'Asie, l'intérieur de l'Afrique et de la nouvelle Hollande, ainsi que les contrées de l'Amérique méridionale com- prises entre le fleuve des Amazones et la province de Chiquitas, nous est encore inconnue. Que dirait-on si l’on découvrait jamais un pays dans lequel les champignons ligneux, le Cenomyce rangifera et les mousses s’élèveraient à la hauteur des arbres? Il existe en Europe une espèce de mousses, le Neckera dendroïdes, qui est réellement arborescente, et les bambusées ou graminées en arbre sont aujourd’hui encore aux yeux des Européens, ainsi que les fougères tropicales, qui dépassent souvent nos tilleuls et nos aunes, un aussi grand sujet d’étonnement que pourrait l'être pour quiconque découvrirait le premier une forêt de mousses arborescentes. La grandeur absolue et le degré de développement auquel peuvent atteindre les espèces d’animaux ou de plantes qui composent une même famille, sont régis par des lois encore ignorées. Dans chacune des divi- sions importantes du règne animal, dans les insectes, les crustacés, les reptiles, les oiseaux, les poissons ou les mammifères, les dimensions oscillent entre certaines limites extrêmes, mais ces limites peuvent être reculées : la mesure adoptée en vertu d'observations antérieures peut être rectifiée à l’aide d'observations nouvelles et par la découverte d'espèces animales, dont on ne soupconne pas encore l'existence. L’élévation de température, subordonnée à la latitude, est l'influence qui, originairement, parait avoir le plus favorisé le développement orga- nique des animaux terrestres. La forme courte et grêle de nos lézards atteint, dans les contrées méridionales, les lourdes et colossales dimen- sions du formidable crocodile au corps cuirassé. Les chats énormes de l'Afrique et de l'Amérique, les tigres, les lions et les jaguars ne sont que la répétition sur une échelle.plus vaste de l’un de nos plus petits animaux domestiques. Si, pénétrant dans l'intérieur de la terre, nous fouillens le tombeau des animaux et des plantes, leurs débris fossiles non-seulement nous révèlent une distribution des espèces qui n’est plus en harmonie \ avec nos climats, mais ils nous montrent encore des proportions gigan- tesques qui contrastent avec celles dont nous sommes actuellement en- tourés, autant que le noble et simple héroïsme des Grecs contraste avec — 10% — les misères décorées aujourd'hui du nom de grandeur. Si l’on admet que la température de la terre a éprouvé des modifications considérables et peut-être périodiques, que le rapport entre l’eau et la terre, la hauteur et la pression de l’océan atmosphérique n’ont pas toujours été les mêmes, il ne faut pas s'étonner que la physionomie de la nature, la grandeur et la force des êtres organisés aient dû subir aussi de nombreux changements. Les puissants pachydermes, les mastodontes, semblables aux éléphants, le Mylodon robustus d'Owen et le Colossochelys, tortue de terre haute de six pieds , habitaient autrefois des forêts remplies de Lepidodendra gigan- tesques, de Stigmaries semblables aux cactus, et de nombreuses espèces de cicadées. LE BOUQUET A LA MAIN, Par M. Jures LACHAUME. Le bouquet dit à la main semble être un des attributs naturels des dames ; il leur sert de maintien et embellit leur démarche, quand il n’est pas l'interprète des sentiments qu’elles inspirent à juste titre. Mais si les femmes chez nous rivalisent de goût pour les bouquets à la main avee les femmes de l’Orient, elles ne prennent pas le même soin que ces dernières pour apprendre le langage des fleurs, cette charmante langue du sentiment que parlent si bien les Orientaux. | Le bouquet prend toutes les formes, tous les caractères, toutes les phy- sionomies : il est mince, il est effilé, il est gros, il est massif, il est moral, il est dangereux, il est filial, il est respectueux, il est galant, il est conju- gal, il est adultère, il a l’air sineëre, menteur, naïf, évaporé. Enfin, de- puis des siècles, il prend des formes à l'infini : on le tourmente, on le taille, on l’allonge, on l’applatit, et, pour en finir, sa plus Jolie forme est celle qui est la plus naturelle. Quels volumes n’écrirait-on pas sur les bouquets et sur le rôle qu'ils remplissent dans la société? Combien de mariages ont commencé par um bouquet? N'est-ce point par un bouquet que l'amant timide hasarde sa première déclaration d’amour, et les bouquets ne sont-ils pas journelle- ment le moyen toujours ingénieux, quoique bien vieux, de mille corres- pondances amoureuses? Le bouquet a maintes fois servi à réconcilier des parents et des amis; s’il a pu être quelquefois aussi une occasoin de dis- corde et de haine, combien de fois n’a-t-il pas servi d’interprète à la re connaissance | tm % 200 — GÉOGRAPHIE DES PLANTES. DISTRIBUTION DES PLANTES SUR LE GLOBE, Par M. C. FRaas. Celui qui s’imaginerait trouver sur toute l'étendue du globe les plantes qui croissent autour de son village, se tromperait étrangement. Dès les premiers jours de voyage sur une montagne ou sur les bords du Danube, soit en s’éloignant, soit en se rapprochant de la Hongrie, il trouvera d’autres plantes spontanées, et s’il s’'avance à travers les grandes montagnes vers l'Italie, alors les espèces, les arbres fruitiers et forestiers, et même une partie des plantes cultivées seront différentes de celles qu’il a rencontrées d’abord. Là , notre gracieuse primevère et notre violette odorante et printanière ne s'offrent plus à sa vue, le groseillier épineux et le prunier indigène deviennent de plus en plus rares; le houblon n’élance plus ses spirales légères dans les champs, les sombres sapins et les noirs forêts de pins disparaissent pour faire place à une nouvelle végé- tation. Ce sont les citronniers et les suaves orangers, les chênes couverts d’une éternelle verdure et les châtaigniers à fruits, les muriers et les oli- viers y protégent les champs de maïs et de cotonniers de leur ombrage tutélaire. | Si cependant on voulait payer un dernier tribu d’hommages à ses vieux amis, enfants d’une patrie plus froide, cette reconnaissance n’est pas tout- à-fait impossible, ear je serais injuste si je disais qu’ils ont complétement disparus ; on peut en retrouver le plus grand nombre sur les hauteurs des montagnes. Il en est cependant un certain nombre qui échapperaient à nos recherches. La cause de tous ces changements n’est pas difficile à trouver. En effet, qui ne sait que la chaleur et l'humidité ne varient dans les différents pays et que le climat de l'Italie n’est pas celui des montagnes, ni celui de la Hongrie? Là, est bien la véritable raison de ces variations, mais il y a cependant des faits qu’elle n’explique pas clairement. Car sila chaleur et l’humidité servaient seuls de règle à la distribution géogra- phique des plantes, pourquoi n’y a-t-il pas, par exemple, dans l Amérique du Nord, les mêmes plantes que dans notre pays, puisque ees deux con- ditions atmosphériques sont identiques des deux côtés? Pourquoi, sur- tout, y a-t-il sur toute la terre un nombre si considérable d'espèces que les botanistes en connaissent déjà au-delà de cent mille, et pourquoi pensent-ils cependant que ee n’est là que le tiers de celles qui existent? La sagesse de Dieu est partout plus profonde que notre science! Nous devons bien nous rendre compte des différences géographiques que nous avons constatées plus haut. Nous avons dit que l'on rencontre = 166 — en ltalie beaucoup de plantes d'Allemagne, seulement avec plus de diffi- culté, et qu'elles y vivent dans un milieu aussi humide et aussi frais, con- ditions qu’elles retrouvent dans les montagnes. En effet, si nous nous élevons à 5000 pieds, nos primevères et nos violettes, nos groseilliers épineux et nos grands génévriers reparaissent : les forêts d’arbres à feuilles aciculaires projettent sur la mousse leur épais ombrage et le houblon s’é- lance en liberté des bords du ruisseau sur les arbres du bocage. La végé- tation de ces hautes montagnes reproduit donc la flore de nos plaines, mais pourquoi les montagnes aussi élevées de notre pays ne sont-elles pas couvertes des mêmes plantes? De même que l’on trouve la plupart du temps dans les plaines froides et neigeuses de la Laponie et de la Russie australe une partie des plantes qui croissent dans les plaines et dans les montagnes de la Suède et de la Norwége, de même la flore des plaines change de plus en plus à mesure que l’on avance des régions plus chaudes vers les régions boréales. Plus nous nous élevons sur les montagnes, plus l’air se raréfie; enfin il devient si froid que la neige y persiste éternelle- ment, et c'est ce qui arrive de 7 à 8000 pieds dans nos Alpes. L’on com- prend qu’il n’y croit plus guère de plantes, tandis que là où elles se libè- rent pendant une partie de l’année de leur linceuil blane, il reparaït une végétation petite et rabougrie qui reproduit celles des plaines de la Lapo- nie, et porte le nom de flore alpine. Dans les pays chauds il faut s'élever à une grande hauteur pour parvenir à une région où la neige ne fond jamais, cette région est au moins une fois aussi élevée que dans notre climat, c’est-à-dire, d'environ seize mille pieds. Voyons en agriculteur voyageur quelles sont les plantes alimentaires et utiles que nous rencontrons, quand, dans les pays chauds , nous trou- vant sur une montagne de plus de 16,000 pieds d’élévation, nous descen- dons de la limite des neiges jusque dans la plaine? Dans la région la plus froide, quand nous venons de quitter les neiges, nous ne trouvons que des arbustes rabougris s’élevant à peine au-dessus du sol, que des mousses et de lichen, de ceux qui, dit-on, sont cuits avec du pain en Laponie et en Sibérie. Dans la seconde de ces régions froides les arbres à feuilles acicu- laires commencent à apparaître. L’orge et le seigle pourraïent presque s’y cultiver. Dans la troisième région, ou région tempérée, viennent les arbres en feuillage, dont une partie, comme les nôtres, se dépouillent annuellement, de leurs feuilles, dont l’autre restent couverts d’une verdure persistante. lei on cultive l'orge, le seigle, l'avoine et surtout le froment, ajoutez-y le maïs, le riz, le blé sarrazin et le millet, mais surtout les pommes de terre et toutes Les plantes utiles. Dans la quatrième région, ou région chaude, croissent en abondance les myrtes ct les lauriers, des arbrisseaux toujours verts. Les palmiers commencent à paraitre, mais la richesse de ces contrées consiste dans le maïs, le riz, le millet des maures, lépeautre, le froment, l'orge — 107 — qu'on y cultive comme fourrage, les cotonniers, le sésame et les melons. La région torride, ou cinquième, nous conduit enfin dans la plaine. Là, dans les contrées qui ne sont pas desséchées par un soleil ardent, mais où de l’eau abondante rafraichit l'atmosphère, l’homme vit entouré de la vé- gétation la plus luxueuse. Les palmiers, les bananiers et les arbres à pain lui fournissent abondamment de quoi satisfaire ses besoins. On y cultive encore le maïs, les différentes espèces de millet, beaucoup de plantes tuberculeuses, le manioc, les batales et les racines d’Yam. Voyez la planche. a Zone polaire, ou région alpine supérieure. b Zone septentrionale supérieure ou région alpine inférieure, 2 c Zone septentrionale inférieure. _ ( d Zone froide tempérée. è | e Zone chaude. \ f Zone torride. 4} : g Zone du tropique. 5 h Zone équatoriale. D’après ce qui précède nous sommes arrivés à pouvoir affirmer que toutes les plantes que l’on trouve sur une haute montagne des régions tor- rides, se trouveront à peu près également réparties sur toute la surface du globe en s’avançant du Sud vers le Nord. Comme si la montagne idéale que nous avons figurée, se trouvait projetée dans le sens de sa hauteur. Si c’est bien la chaleur et l’humidité qui sont la cause de la dispersion des plantes, plus ces deux conditions extérieures seront simultanément satisfaites et plus la végétation sera belle et abondante. Nous pouvons conclure de ces données que si l’on veut importer dans notre pays des plantes étrangères, il importe d’examiner avant tout si elles auront la quantité nécessaire de chaleur et d'humidité. Il importe peu toutefois, au moins jusqu'à un certain point, que cette quantité leur soit répartie pendant un temps plus ou moins long. Chez nous l’orge croit souvent en Lou à mois, et le froment d'hiver en 11 mois, ce qui donnela quantité de chaleur et d’humidité quileur est nécessaire pour parvenir à leur maturité, tandis qu’en Égypte, l'orge mürit pendant les 5 mois d’hiver,eten Grèce, le froment (on n’y cultive que le froment d'hiver) souvent en 6 ou 7 mois. En Angleterre, les myrtes croissent en beaucoup d’endroits à l'air libre, tandis que les raisins ne peuvent y mürir. À Moscou les melons mürissent à l'air libre pendant l'automne, le cep de vigne, au contraire, y gélerait en hiver. Il ne faut pas perdre de vue que d’autres causes, comme, par exemple, la position d’un lieu relativement au soleil peut influer sur la chaleur et humidité qui y règnent. De grands bois et des marécages étendus entretiennent l'humidité et diminuent la chaleur, — 168 — PL-27. ji 1 D A | \\ + : AN . à Fr FA\\ W_ 7 | | 5 PR : # # - re , - = SE = FRS = a — 169 — Le voisinage des montagnes influe aussi en retenant les vents, mais ceux-ci sont tantôt chauds tantôt froids. Ainsi chez nous le vent d’Est est humide, le vent d'Ouest sec (‘), le froid accompagne le vent du Nord, le vent du Sud nous amène la chaleur. Dans le voisinage de la mer ou des grands lacs, l'air est plus humide, la chaleur et le froid plus tempérés. L'ANANAS DE LA NATURE ET L’ANANAS DE L'ART, Par M. BEyRIcH. Beyrich nous apprend (Gard. mag., m1, p. 442) que l’ananas à l’état sauvage, se trouve sur le bord de la mer; là, le sable, accumulé en dunes, sert à son développement, ainsi qu'à celui des espèces de la même famille. « L'endroit où les meïlleurs ananas sont cultivés est de nature sembla- ble. Dans les plaines sablonneuses de Praya-Velha et de Praya-Grande (Cap-Vert), formées par le retrait de la mer, et dans lesquelles ne réussi- raient pas d’autres plantes, se trouvent les endroits où les ananas végètent le mieux. La cause de ce fait réside évidemment dans la composition de ce sable, qui consiste principalement en sel, en chaux provenant de la décomposition des coquilles et en une très-petite quantité de terre végé- tale. La chaleur, l’humidité, le sel et la chaux semblent donc être les principaux ingrédiens dans lesquels se plaisent les ananas. Le sable, chauffé souvent par un soleil dévorant, absorbera et conservera un très- haut degré de chaleur, et néanmoins sèche rarement à plus de 0,217 ou 0,525 de profondeur. Chacun connait la propriété qu’a le sol d'attirer lhumidité de la nuit et de la retenir longtemps. La chaux qui provient des coquilles semble être le principal engrais qu'ont aussi éprouvé nos praticiens, qui, en fumant leurs ananas avec des écailles d’huitres pilées, en obtiennent des fruits très-volumineux. La terre végétale, ordinairement mêlée d’un peu de sable, a une origine en partie végétale, en partie mi- nérale. » (1) 1 ne faut pas oublier que M, C. Fraas a écrit ces lignes en vue de la Bavière, où ces con- ditions existent en effet. (Note de M. Ch. M.) BELG, HORT, T. ll. 23 LR 1e FLORICULTURE DE SALON. CONSERVATOIRE ou JARDIN D'HIVER ANNEXÉ A LA MAISON. Par M. CH. MoRREN. Le palais de cristal du jardinier Paxton, élevé depuis l’exposition uni- verselle au:titre de baronnet, a donné un nouvel essor à l’architecture horticole. D’un côté, on a placé des toits de verre cimentés par du fer sur un sol argileux, d’où venait sourdre une source, et, sans daller ni briqueter, on a planté en pleine terre des végétaux des zones fortunées ; les conduits d’eau chaude distribuaient la chaleur tout autour de cette forêt improvisée et de cet aquarium naturel. D'un autre côté, on a vu du bois, du fer et du verre faire varier de mille formes diverses les élégantes constructions annexées aux demeures, en vue d'y donner la santé, Ja fraicheur et les coloris aux plus belles et somptueuses plantes naguères reléguées dans d’étroites serres à toits plats, plus analogues aux chau- mières des campagnes qu'aux dômes et minarets de l'Orient. Aujourd’hui, toute une architecture d'ornement existe pour ces demeures: les fers sont coulés ; on ajoute, on retranche, on allonge, on raccourcit, on combine tous les agencements d’après la fantaisie et la bourse du maitre. M. Humphrey a publié une des plus jelies serres d'intérieur qui se puisse concevoir, et nous l’offrons à nos lecteurs, légèrement modifiée, en vue des idées sur l’art qui ont cours en Belgique. Cette serre est cen- sée s'ouvrir au bout d’une galerie ou d’un salon. Tout autour et dans son prolongement elle est curviligne, ou formée d’ares en fer courbé ; là eir- cule une planchette, à hauteur de poitrine, pour recevoirles petites plantes, et dessous se trouve cachés par un rideau les tuyaux de chaleur. Au bout intérieur des ares, se trouvent des colonnettes minces en fer accouplées deux à deux et servant de tuteurs, à des plantes volubiles. Entre elles, se placent des vasques ornées de plantes, et devant les canapés, Le toit est formé de segments de sphère se raceordant vers le milieu, et d’un second centre placé plus au fond, descendent des arcs rayonnants, produisant par la perspective l’image de sveltes ogives. Le milieu est orné d’un tro- phée d’où s’élancent les feuilles gigantesques d’un Pothos, tandis que sur les côtés et dans le pourtour, toutes les formes de la zone équatoriale, asiatique et américaine se marient les unes aux autres. Les grosses barres de raccordement du toit permettent d’ailleurs de cultiver, sous ces voûtes vitrées, d'innombrables lianes capricieuses, mais toujours élégantes dans leur beau désordre. | PPT EURE PI. 98. NN WU 27272 2 22 ee — 172 — CONSTRUCTIONS HORTICOLES. DE LA CHALEUR DÉGAGÉE PAR LE PASSAGE DE L'EAU A L'ÉTAT SOLIDE, ET DES MOYENS DE L'UTILISER. (APPLICATION A L’HORTICULTURE ET A L'ÉCONOMIE RURALE.) Par M. H. Lecoo, Professeur d'Histoire naturelle de la ville de Clermont. Des recherches entreprises pour l’étude de la question des glaciers, m'ont conduit, comme tous ceux qui se sont occupés de cette intéressante question, à calculer les quantités relatives de calorique émises ou absor- bées pendant les passages de l’eau de l’état liquide à l’état solide et réci- proquement. Or, ces quantités sont tellement considérables, le seul fait du changement d’état en restant à la température de 0, donne ou absorbe une si grande quantité de chaleur, sous certaines conditions, que je mai eu aucune peine à arriver, par ce moyen, à la solution de questions phy- siques assez longtemps controversées. Mais en voyant ces admirables phénomènes de la nature, en essayant de connaître les lois immuables qui les régissent, je suis redescendu de ces hautes régions dans nos humbles demeures, et je me suis demandé si on ne pourrait pas utiliser ces émissions du calorique latent, devenant tout à coup sensible, en appliquant à nos besoins économiques. Nous ne connaissons jusqu’à présent aucun moyen de produire de la chaleur sans dépense. Ainsi nos appareils évaporatoires, nos chaudières à vapeur, nos fourneaux, nos combinaisons chimiques qui donnent nais- sance à des quantités diverses de calorique, nous coûtent en général d’au- tant plus qu’ils produisent davantage. Or, nous avons tous les jours dans la nature une source de chaleur qui ne nous coûte rien, c’est le dégage- ment du calorique latent enfermé dans des corps très-répandus, capables de changer d’état comme celui qui est contenu dans l’eau. Nous ne pouvons pas, il est vrai, dégager ce calorique en tout temps et en tout lieu. Il ne nous est pas possible de forcer sa production au delà d’une certaine limite, et de l’appliquer partout où nous avons besoin de chaleur ; il faut donc nous résigner à l'utiliser seulement dans quelques circonstances et dans des limites resserrées. Celles que nous allons tracer auront encore une certaine étendue. Nos applications seront restreintes pour le moment à l’agriculture et à — 175 — l'horticulture, et pourront, peut-être par la suite, s'adapter à des usages plus multipliés. Les plantes cultivées sont plus ou moins sensibles au froid ; mais dans nos elimats où la température s’abaisse souvent au-dessous de 0, nous sommes obligés d’abriter dans nos serres un grand nombre de végétaux, et de conserver dans des caves ou des celliers des racines et divers légumes que le froid désorganiserait. Les plantes et leurs diverses parties ne gèlent et se ne désorganisent qu’en laissant solidifier par le froid toute l’eau qu’elles contiennent, et en laissant dégager une certaine quantité du calorique latent. Ce calorique passe dans l’atmosphère ambiante dont la température est abaissée, et la destruction des substances organiques par la gelée n’est autre chose qu’une question d'équilibre dans les températures. Pour soustraire ces objets à la désorganisation, on ne connaît que deux moyens : ou bien les placer assez profondément pour qu'ils soient à l'abri de l’air extérieur refroidi, ou bien fournir artificiellement à cet air ambiant la quantité de chaleur nécessaire pour qu’il n’aille pas la chercher dans l’eau contenue dans les tissus végétaux. Mais puisque cet air ne veut autre chose que le calorique latent con- tenu dans l’eau des tissus, pourquoi ne pas lui fournir directement, par ce même procédé, la chaleur dont il a besoin ? pourquoi lui refuser de l’eau froide qui ne coûte rien ? Si dans un même lieu se trouve une plante ou un organe détaché contenant de l’eau dans son tissu, et à côté une masse d’eau libre à surface étendue et non couverte, il est certain que le calorique latent s’échappera plus facilement de l’eau libre que de celle qui sera enfermée dans les cellules des plantes, et le liquide ouvert se congélera, tandis que celui qui est enfermé dans les cellules sera préservé. Nous arrivons donc au moyen très-simple de chauffer les serres et les celliers avec de l’eau froide, et de nous opposer facilement et sans dépense aux ravages désorganisateurs de la gelée. Notre prétention ne s’élève pas au delà; nous ne voulons pas donner une température quelconque à nos serres avec de l’eau à 0, nous voulons seulement empêcher la gelée d’y pénétrer. Nous croyons, en ce sens, ren- dre encore de grands services à l’horticulture et à l’économie rurale. Combien de plantes de serre résistent à quelques degrés de froid, et combien d’entr’elles vivent au moins à 0 sans avoir aucun besoin de cha- leur pendant leurs mois de léthargie. Combien de racines et de tubercules se conservent parfaitement à 0, pourvu que la température ne s’abaisse plus et que l’eau de leurs tissus ne soit pas solidifiée ? Rien de plus facile que de placer autour d’eux de l’eau plus accessible, de l’eau qui puisse se congeler, et qui, par sa propre solidification, dégage une assez grande quantité de chaleur pour s’opposer à l’abaissement de la température au-dessous de 0. On sait que pour passer de l’état liquide à l’état solide, l’eau abandonne Le AE 2 79 de calorique ou une quantité de chaleur qui serait suffisante pour élever une même quantité d’eau liquide de 0 à 79 centigrades. Or, si ce dégagement a lieu dans un endroit fermé, sans courant et où la transmission de la température basse extérieure soit lente et presque insensible, la quantité d’eau qui se congèlera sera proportionnelle à l'in- tensité du froid, et si la masse d’eau est assez considérable, si elle est étendue sur une surface assez grande, la glace qui se formera sera toujours suffisante pour maintenir l'équilibre, c’est-à-dire la température à 0 et pour s'opposer à la gelée. Cette action toute naturelle n’a pas lieu à l'air libre, à cause dés cou- rants d'air, à cause de la transmission trop prompte et des changements trop brusques de température qui s’opèrent à chaque instant, à cause surtout de l’espace ouvert dans l’immensité et du rayonnement immédiat du calorique. Il est donc nécessaire, pour remplir les conditions voulues, que les locaux soient fermés, sans courants d’air pendant les gelées. Qu'ils soient naturellement abrités et autant que possible à demi- enterrés dans le sol, condition qui pourtant n’est nullement indispen- sable. Que l’eau y soit introduite sur une grande surface avec peu de pro- fondeur. Que la glace formée soit enlevée assez souvent pour que l’équilibre de température s'opère plus facilement. Il est essentiel que les réservoirs d’eaux soient disposés de telle manière que le liquide puisse en être facilement retiré dès que les gelées ne sont plus à craindre car alors l’humidité deviendrait nuisible. Elle ne l’est ja- mais pendant les froids, l’air ne pouvant alors se charger que de très- petites quantités d’eau. Des expériences ne me laissent aucun doute sur l'efficacité de ce pro- cédé ; tous les légumes, les végétaux d’orangerie , la plupart des plantes de serre froide et même bon nombre de cactées résistent parfaitement à ce traitement d’eau froide et se contentent de l’émission lente et continue du calorique latent que l’eau abandonne quand elle passe à l’état de glace. | Une objection théorique peut être faite à cette méthode, c’est que la quantité d’eau qui se vaporise, absorbe une certaine quantité de calorique de l'air et doit le refroidir ; mais ici la pratique et la théorie viennent ensemble répondre à cette question. L’air à 0 ne peut dissoudre qu’une très-petite quantité de vapeur, et celle qui se forme à cette température ne peut donc prendre à l’air qu’une portion infiniment petite de son calo- rique. Et d’ailleurs l’air refroidi par cette cause ajoutée à la transmisson extérieure du froid, congélerait une quantité d’eau un peu plus grande, ef sa température propre n’en serait point abaissée. Si au contraire la température était élevée comme dans les jours chauds a.” — 175 — de l'été, les lieux qui peuvent être échauffés en hiver avec de l’eau froide peuvent être rafraichis en été par de l’eau chaude, et les arrosements faits dans les serres avec de l’eau dont la température est élevée produisent une évaporalion si active, un phénomène d’alcarrazas développé si rapi- dement et sur une si grande échelle que l’on voit le thermomètre s’abaisser à vue d'œil à mesure que la vapeur d’eau se forme et s'élève. Ainsi l’homme n'invente rien. La nature met sous ses yeux les plus admirables phénomènes, et distrait par la multitude des objets ou emporté par ses passions, ce n’est qu'à la longue qu’il comprend et réfléchit, et qu'il reconnait la valeur et l'importance des exemples que Dieu a placés près de lui. DE L'ANTHOCLINIE OÙ DES CULTURES A L'ENVERS, Par M. Cu. MoRREn. Les ressources de l’horticulture se multiplient à l'infini. Dans les con- structions horticoles et dans l’ornementation de nos demeures, les plantes qu'il faut cultiver à l’envers seront toujours très-recherchées. L'ordre na- turel et normal de la croissance des plantes, est de monter du sol vers le ciel, chacun sait cela; mais il y a néanmoins dans la nature beaucoup de végétaux qui aiment mieux de croitre la tête en bas et les pieds en haut: ce sont les plantes pendantes. Naguère on ne cultivait qu’en pleine terre ou en pots et en caisses; aujourd'hui on a choisi un certain nombre d'espèces qui se eultivent mieux en corbeïlles suspendues, et descendent gracieusement vers la terre. Cette partie de l’horticulture s’appelle l’an- thoclinie, c’est l’art de eultiver des plantes florales qui aiment à croître à l’envers des autres. FU | M. Louis Krauf, jardinier allemand, a publié un petit manuel d’antho- clinie très-remarquable et qui a eu de suite deux éditions (Quedlinbourg, 1851). Toutes les plantes anthoclines sont classées dans ce manuel par ordre alphabétique, d’après le nom latin. Cette énumération n’est pas close, on le concoit sans peine. Nous donnerons désormais dans la Belgique horticole, sous ce nom d’anthoclinie, l'histoire des plantes de cette série, si intéressante pour les dames ét en général ceux qui aiment à orner de fleurs et de formes végétales gracieuses leur habitation. de ne pme — 176 — JARDIN FRUITIER. NOTICE SUR LA POIRE WILLIAM, BEURRÉ WILLIAM, BON CHRÉTIEN WILLIAM, Par M. Mas, Président de la Socièté d'Horticulture pratique de l'Ain. La poire William est originaire d'Angleterre. Il a été répandu depuis quelque temps sous le nom de Bartlett de Boston, un fruit qui se trouve être le même que celui qui nous occupe ; je ne sais quelle est la cause de ce double emploi; mais ce dont je suis assuré dernièrement exprès d’un savant horticulteur anglais, c’est que le jardinier William est encore vivant et bien connu pour être le patron de cette variété. Arbre formant une belle pyramide. Bourgeons tardifs à pousser, perpendiculaires, diminuant insensiblement de grosseur de leur base à leur sommet, coudés à chaque nœud. Épiderme jaune-brun, jaune plus clair dans les terrains légers, ou lorsque l’arbre souffre pour une cause quelconque, semé de petites lenticelles blanchâtres peu nombreuses. Boutons à bois gros, élargis, insérés très-obliquement par rapport à l’arc du rameau. Boutons à fruits moyens (1), légèrement obtus, à écailles noirâtres. Entre-nœuds courts, surtout sur les plus forts rameaux. Feuilles ovales-lancéolées, épaisses, d’un beau vert. presque planes, régulièrement dentées dans tout leur contour; les dents sont émoussées dans les feuilles inférieures. Pétiole blanc, se prolongeant en une nervure de même couleur tranchant bien, ainsi que ses ramifications, avec le fond de la feuille, long dans les feuilles du bas des rameaux, ct dimi- nuant régulièrement de longueur à mesure qu’il appartient à des feuilles attachées plus près du sommet. Fruit gros, pyriforme, tronqué du côté du pédoncule, atlénué vers l’œil, de telle manière que son plus grand diamètre est au-dessus du premier tiers de sa hauteur, tantôt régulier, tantôt bosselé à la manière des Bon-Chrétien, ce qui lui a valu la synonymie de Bon-Chrétien William. OEïl à folioles persistantes, large, placé dans une cavité presque insensible et comme plissé dans son contour. Pédoncule court, inséré perpendiculairement dans une cavité plus ou moins bosselée à son orifice. Peau d’abord verte, passant ensuite au jaune brillant, rarement teintée d’un rose léger au soleil, semée de mouchetures grises assez larges. Chair blanche, très-fondante, musquée, mollissant promptement. Pepins moyens, ovales, réguliers, brun-clair, remplissant presque entièrement les loges séminales. | Maturilé. Fin d’août et commencement de septembre (4) I faut remarquer que les boutons à fruit sont moyens par rapport aux mêmes boutons d’autres variétés, et non en comparaison des boutons à bois de la même variété. * ht É À urore. , le | Beu: D pe Lan. e Will OI f — 177 — . Culture. Cette variété est fertile et rustique; ses fleurs ont toujours été fécondes depuis que je la cultive. Je ne conseillerais pas de beaucoup de la multiplier sur coignassier ; elle pourrait s’épuiser trop vite; sa greffe se colle mal sur ce sujet, et vous risqueriez, lorsque l'arbre, par sa dimension, donne plus de prise au vent, de la voir casser au moment où vous comptiez sur un bon rapport. D’ailleurs, sur franc, elle se met promptement à fruits; j’en ai obtenus sur des greffes de deux ans sur ce genre de sujet. Le William ne pousse pas ses bourgeons de tous ses yeux lorsque l’on a allongé sa taille; il faudra done employer alors les moyens connus pour provoquer la partie de ces bourgeons, ou tailler court lorsque l’arbre ne sera pas trop vigoureux. Le fruit doit être cueilli peu de jours avant maturité, si l’on désire que le parfum de muse soit plus développé et plus tôt, si l’on veut qu’il soit moins sensible. Cultivé à haute tige, quoique la grosseur des fruits les expose à être battus par les orages, il noue si abondam- ment qu’il en reste toujours assez. OBSERVATIONS SUR LA POIRE WILLIAM. Le fruit que nous figurons provient des belles cultures de H. Hennau, professeur de l’université de Liége, très-connu comme excellent pomologue belge. Le poirier William convient très-bien, selon lui, pour arbreen plein vent, variété précieuse pour prairies et vergers. Il est très-productif et se taille facilement en pyramide. A l’époque où le fruit mürit (commencement de septembre en Belgique) il n’y a pas de poire qui lui soit comparable: c’est un beurré très-fin. A l'arrière saison (1852), cette variété sera livrable par le jardinier M. Lebotte, aux Vennes, N° 2, à Liége, au prix de 1 fr. le pied. (Note de M. Ch. M.) LE BEURRÉ AURORE, Par M. CH. MoRREenN. Le beurré aurore offre en Belgique la qualité de mürir fin octobre ; le fruit d’une belle forme et d’une couleur éclatante (voir pl. 29, fig. 2), n’a pas la grosseur de quelques poires d'élite, mais il en a les qualités : la chair est fondante, sucrée, aromatique, dépourvue de granulosités. On confond parfois le beurré Aurore avec le beurré Capiaumont. M. de Bavay fait remarquer avec raison qu’il suffit de faire attention à la couleur pour les distinguer. Le beurré Capiaumont reste toujours vert, Aurore devient d’une teinte orangé-feu du côté du soleil. Le bois du Capiaumont est brun, porte des mouchetures blanches, et croit vigoureusement. Le bois de l’Aurore offre beaucoup moins de vigueur. C’est, au reste, une des meilleures variétés de poirier à recommander. On la vend chez nos principaux pépiniéristes à 1 fr. ou 1 fr. 50. BELG,. HORT,. T. 11. 24 PI, 50. = = — a il eo Von i BILA ui } L Li \) \ \ À AT Nr LU RU L ! & | Au il (] | 4 AL ( l 1 1 s va } (} | je Al 4 i- == EX Li il ai {I} d. oo l Ï —— I IS = | = SE === == TZ = = NES IS = SEE ÈS = — — = = — REZ == = — = ES == — —, = = = — = — EE — SSS— AS = K—] EE RES == —# = 2 À ES See EN Se = = == ÉE==== ee — = 179 — PI. 54. qi Nu 1) di 11 fi | ji ù à re À n ji Fu j Ù di di di 1 ji il de. le AN Ds un. ji oi hr Un (ll | lt , ER “ in Un ll || M 1) | | | | (L À je ‘ )) j) | il fs a \l i Nu) a Ù | D | | | ji ju ll | ri S lu 6 4 HU h je ml 8 ul pue | ! [UT tu pur ni pi LE 4 : DA DE 4 Au ji 1 Hi Ml a fi ii All ni qu | 1 1 nn We LL li L l ll si Al : j if | gi 1 Doi Lo 9 De \ | \ A ll lu | | i | | I J 1) a L il | l il il , } à “ Sa : | | a nn la us el ae — 180 — CULTURE MARAICHÈRE. LE CONCOMBRE DU LIBAN, Par M. CH. MoRREN. Le Concombre est la plante, le cornichon est le fruit. Voici un des plus singuliers produits, ou, si vous l’aimez mieux, un des plus remar- quables cornichons qui soit au monde porté par une plante qui ne diffère guère des autres concombres. On l’a introduit en Belgique de France sous le nom de Concombre du Liban, sans qu’il soit bien démontré que ce nom soit celui de sa patrie. On l’a vu figurer avec honneur dès les grandes expositions centrales et royales de 1847, et M. Rampelberg fut, si nous ne nous trompons, son premier introducteur chez nous. Depuis, nous l'avons cultivé avee succès, mais non sans variation. En pleine terre, il reste comme nous l'avons dessiné pl, 50 et 51 : ovoïde, gros, court, brun très-élégamment marbré de fines lignes jaunes ou marqué de macules zonées (pl. 51), d’un goût exquis. Sous couches, il. s’allonge, devient jaune flagellé de vert, et l’on ne croirait jamais à l'identité de plante. Rien de plus variable que les cucurbitacées. En Hollande, où certains horticulteurs sont très-difliciles à l’endroit des cornichons, on a cru que le Concombre du Liban mystifiait les amateurs, qui doivent plutôt s’en prendre au cli- mat, au sol, au brouillard qu’à la plante, ainsi faite et changeante de nature. Néanmoins, les horticulteurs sont trouvé le cornichon du Libau supérieur à tous les cornichons connus. Nous engageons donc à le cultiver en place en avril, mai ou juin, selon la saison ou le lieu. Il faut tailler ou, mieux, pincer au-dessus du second œil ou bourgeon, afin de forcer la plante à se diviser; puis on taille ou l’on pince successivement, à tous les trois ou quatre nœuds, tous les ra- meaux développés. On divise ainsi pour recouvrir tout l’espace destiné à la culture, et 5 ou 4 plantes suffisant pour un grand terrain. Il ne faut pas se borner à n’en avoir qu’une ou deux, car un malheur arrivant au collet ou à la racine, la plante serait perdue. On ôte les feuilles vieilles et l’on donne du jour aux fruits pour recevoir le soleil. Dans le concombre du Liban, il faut examiner les fleurs. Il arrive que toutes sont exclusive- ment mâles ou femelles, et alors il faut avoir recours à la fécondation arti- ficielle pour obtenir les fruits. Ce conseil a été très-utile à plusieurs de nos amis. AVIS. Nous donnerons volontiers à nos abonnés écrire franco) des graines de concombre du Liban : les vieilles sont les meilleures. 1, Pentstemon Wrishtu, Hook, 2, Pyxidanthera barbulata, Mich. vs ; k Pysidanthera b rbulata — 181 — HORTICULTURE. NOTICE SUR LE PYXIDANTHERA BARBULATA ou GAZON BARBU PRÉSENTANT A RÉSOUDRE UN PROBLÈME DE CULTURE, Par M. CH. MoRrrex. Sir William Hooker, intendant des cultures royales de Kew, près de Londres, raconte comment, dans les premiers jours de mai, le pyroscaphe royal de la poste de New-York lui apporta de jolies touffes de la gracieuse petite plante figurée ci-contre (pl. 1, fig. 52). D’après l’illustre auteur anglais, M. Ewans de Radnor, dans l’État de Delaware, les avait recueillies dans les sapinières de New-Jersey, et, quoique enlevées en pleine florai- son, ces touffes arrivérent fleuries en Angleterre, portant entre leurs ra- cines la terre natale. Michaux seul, dans sa Flore de l'Amérique septentrionale, avait donné une planche incomplète de cette plante intéressante. Salisbury, dans son Jardin du Paradis (tab. 104), Pursh, dans sa Flore d'Amérique (vol. 1, p. 148), Sprengel, dans son Système des végétaux (vol. 1, p. 625), avaient nommé cette plante Diapensia cuneifolia, tandis que Torrey, dans sa Flore du milieu et du nord de l'Amérique, et Ellis, dans ses Esquisses, l'ont désignée sous le nom de Diapensiu barbulata. Mais sir William Hoo- ker fait remarquer que les anthères, munies d’une crête, éloignent ce végétal du genre Diapensia autant que ses capsules oligospermes et son port. Il adopte donc le nom de Pyxidanthera barbulata de Michaux, tout en reconnaissant qu'il est difficile de déterminer la place de cette petite famille des Diapensiacées. Elle se range évidemment dans les Corolliflores de de Candolle. Jussieu la mettait près des Convolvulacées; Robert Brown l'en éloignait, au contraire. Salisbury y voyait une alliée des Éricacées, et Endlicher était aussi de cette opinion. Lindley l’intercale entre les Loganiacées et les Stilbacées. On ne peut cependant se défendre de re- trouver, dans cette structure générale, les étamines et lallure de toute la plante des souvenirs de la famille des Éricacées. Voici donc les caractères du genre : Pyxipanruera. Mich. Calyx imbricato-tri- PyxipanTaera. Mich. Calice imbriqué à trois bracteatus, pentaphyllus; foliis membrana- bractées, pentaphylle; feuilles membraneu- ceis, subæqualibus ; corolla hypogyna, sub- hypocraterimorpha ; limbi quinquefidi laci- niis æslivalione imbricatis ; s{amina quinque, corollæ fauci inserta, ejusdem laciniis al- terna ; filamenta brevia, petaloidea, dilatata ; antheræ biloculares, transversim bivalves, valvula inferiore aristata ; discus hypogynus nullus ; ovarium triloculare, loeulis paucio- vulatis; stylus simplex ; stigma brevissime tridentatum. BELG. HORT, T. HF, ses, presque égales ; corolle hypogyne, sub- hypocratérimorphe ; limbe à cinq divisions, divisions imbriquées dans l’estivation ; cinq élamines insérées sur la gorge de la corolle, alternes avec les divisions de celle-ci; filets courts, pélaloïdes, dilatés; anthères bilocu- laires, transversalement bivalves, valve infé- rieure aristée ; disque hypogyne nul; ovaire triloculaire, loges pauciovulées ; style simple ; sligmate court et tridenté, 25 — 182 — La plante, unique encore en son genre, est un petit sous-arbrisseau ligneux, touffu, étalé à terre, rampant et irradiant. Au centre d’une touffe se trouve la racine pivotante : les branches sont arrondies, fluettes, et les jeunes seulement veineuses; les feuilles sont alternes, cunéiformes, oblongues, très-aiguës, presque toutes aristées, les jeunes seulement lai- neuses à leur base, d’où est venu le nom de barbulata. Ce caractère s’éva- nouit sur les parties anciennes de la plante. Les fleurs solitaires, sessiles, sortent des petites branches en rosace. Le calice a cinq sépales concaves et rougeâtres, aussi longs que le tube de la corolle. La corolle est ga- mopétale, blanche; le tube court; le limbe de cinq lobes, arrondis, cunéi- formes, étendus, légèrement crénelés. Les étamines insérées dans les sinus des corolles. Les filets sont larges, blancs, la plupart pétaloïdes, portant une anthère jaune formée de deux lobes globuleux, s’ouvrant transver- salement et portant une crête ou une pointe sur chaque valve. L’ovaire est ovoïde, pourvu d’un anneau discoïde charnu à la base; il est pourvu de trois loges et de quatre ou cinq graines dans chaque, attachées à un placental central (axile selon Jussieu). Le style est aussi long que le tube de la corolle; le stigmate, formé de trois rayons divergeants. Culture. Cette culture est Hop aux horticulteurs du Continent comme une des plus difficiles qu'on puisse citer. Aussi avons-nous choisi cette plante parmi celles à publier dans cet ouvrage, pour engager les sociétés d’horticulture du pays à proposer un prix pour le premier Belge qui apportera, dans les expositions, un Pyxidanthera barbulatu en fleurs, cultivé chez lui dès sa naissance. Comme plante de rocher, cette espèce est une miniature admirable. En Angleterre, quoi qu’on ait fait, on n’est pas parvenu à maintenir ce végétal en vie. M. Planchon a fait remarquer qu'il en est de même de diverses espèces qu’on trouve dans les sapinières en Europe, et notamment les Pyrola. Nous devons cependant dire que dans la province de Liége, où les Pyrola sont fort communs, elles ne co- existent jamais avec les pins et sapins, mais avec les bouleaux, les coudriers et les chênes, et, de plus, que semés dans les parterres de rosages et dans la terre de bruyère, les Pyrola croissent et se maintiennent très-bien. Asa Gray attire l'attention sur ce que les Pyxidanthera se développent dans les bas-fonds des sapinières, non humides et exposées en plein soleil. Il nous semble que ce végétal devrait être cultivé de semence et élevé dans des conditions analogues aux bruyères, avec lesquelles il offre incontestablement beaucoup de rapports. C’est un problème pratique bien digne d'intéresser les horticulteurs qui doivent tenir à résoudre des difficultés de ce genre, espèces de combats d’une guerre pacifique et toute de progrès. — 185 — NOTICE SUR LE PENTSTEMON WRIGHTII DU TEXAS, Par M. Cr. MornrEn. Parmi les plus remarquables Penstemon acquis nouvellement à nos jardins, on ne peut se dissimuler que figure une nouvelle espèce, décou- verte dans le Texas par le docteur M. Wright, et que sir William Hooker vient de lui dédier sous le nom de Penstemon Wrightir. Cette magnifique plante a été d’abord cultivée en Angleterre par le docteur Engelman et propagée par lui. Voici sa description d’après M. Hooker : P. (cepocosuus) Wricarii. Hook. Erectus glaber glaucus, inferne ramosus; foliis re- molus inferioribus oblongis in petiolum atlenuatis, supremis oblongo-ovatis basi subcordatis sessilibus; racemis elongatis bracteatis ; pedicellis oppositis solitariis bi- floris ; calycis brevi-eampanulati lobis ovatis patentibus, tubo æquilongis ; corollæ (intense roseæ) tubo superne ventricoso; limbo oblique amplo; lobis rotundatis patentibus subæqua- libus. * P. (cépocosur) ne Waicur. Hook. Droit, gla- bre, glauque, inférieurement rameux ; feuilles éloignées, inférieures obliques, amincies en pétiole, les supéricures oblongues-ovales, subcordées à la base, sessiles ; grappes allon- gées, à bractées; pédivelles opposés, solitaires, biflores ; calice court et campanulé ; lobes ova- les, ouverts, de la même longueur que le tube; corolle (d’un rose vif) à tube renflé au-dessus; limbe oblique, ample; lobes arrondis, ouverts, presque égaux. 4 La figure ci-jointe est destinée à représenter cette belle espèce, dont l’épi, ample, à grandes fleurs, est élégamment construit ; cet épi a parfois plus d’un pied de longueur, les fleurs naissent deux à deux; elles sont légèrement inclinées, la corolle est un peu duveteuse, le tube long d’un pouce, ventru, et le limbe lui-même mesure bien un pouce de diamètre. Culture. Cette belle espèce de Penstemon est née de graines envoyées en 1850 au jardin royal de Kew; la première floraison a eu lieu dans ce jardin en Juin et juillet 1851. Cette floraison se fait facilement. Comme beaucoup d’autres espèces de ce genre, il est convenable de cultiver cette espèce en pots, sous une couche pour passer l’hiver, et, la bonne saison venue, on plante en pleine terre et dans un sol franc. Dans ce Penstemon Wrightii, il y a production de graines abondantes, et ce sera incontestablement le meilleur moyen de propager cette nou- veauté. Nous la recommandons aux nombreux amis de ce beau genre, et les horticulteurs feront bien d’en meubler au plus vite leur collection. a ——— —— SUR LES COMBINAISONS ARTISTIQUES DES FLEURS DANS LE JARDINAGE, Par M. WILLIAM AYRES. La mode s’est emparée, depuis ces dernières années, non-seulement sur — 184 — le continent, mais même en Angleterre, de l’art de disposer dans les jardins des parterres semés de plantes donnant des fleurs d’une même couleur. On ne peut nier le charmant effet produit par ces tapis et les contrastes harmonieux qu'ils permettent d'établir par les couleurs complé- mentaires les unes des autres. La seule difficulté de ce système est le manque de variétés suffisantes pour les introduire les unes dans les autres, et de là il est arrivé que des horticulteurs ont réalisé le système mixte de planter ou de semer en cercles concentriques ou en lignes droites et pa- rallèles des espèces à fleurs contrastantes. Certaines personnes, disposées à aimer les choses en miniature , trouvent plus de gentillesse dans ces combinaisons restreintes ; mais il est certain que pour l’artiste ayant de l’art une idée plus grande, ce système ne produira jamais les nobles effets de ces vastes masses de corolles à couleurs sympathiques et nettement distinctes. Il faut se régler ici, dans cette opposition, d’après la grandeur du jardin qu'il s’agit d’embellir. Cependant, la réalisation de ce parallé- lisme des semis a introduit dans l’ornementation des grandes pelouses le système des rubans , et, comme sur une étoffe de soie, une bordure est destinée à rehausser le fond, on peut semer autour de vastes parterres des plantes de bordure destinées au même effet dans le vêtement de la terre. Par exemple, un groupe de Pelargonium écarlates au milieu, comme fond , entourés d’un massif circulaire de Delphinium bleus, bordés eux- mêmes à l'extérieur du Calceolaria viscosissima jaune, produisent un effet gracieux, où le rouge, le bleu et le jaune forment des contrastes qui, bien qu'éloignés des lois de l'harmonie, sont loin de ne pas plaire. Les Pelargonium, à feuilles panachées de blane, ajoutent à la légèreté si l'on veut obtenir celle-ci. De même nous parlerons ici de quelques combinaisons : le Penstemon gentianoïdes coccinea lié aux Calcéolaires orange, bordés de Senecons pourpres (amarante), ou bien des Delphinium Barlowt ou Chinense (bleu éclatant), des Lobeliu splendens (vermillon), des Lupins jaunes, des Antirrhinum pourpres, des Campanula carpatica bleus et au bout ou en bordure s’alliant au gazon des Alyssum variés. Des annuelles viennent aussi remplir des lacunes, comme les pieds- d’alouette, l'Eschscholtzia crocea, le Phlox Drummondi alba, YEutoca viscida (bleu), et le Tagetes potula (jaune). M. Beaton, il y a peu d’années, recommandait, pour remplir ce but, les Verbena venosa et les Pelargonium variés mélangés ensemble, pour former ce qu’on appelle en Angleterre un parterre de soie. Des calcéo- laires d’un rouge foncé, intercalés avec le Brachycome iberidifolia et terminés ou bordés par le Campanula rotundifolia alba produisent à peu près les mêmes effets. Le Pelargonium à feuilles de lierre, qui est une plante rampante et à belles fleurs carminées, les Lobelia bleus dont les branches légères voltigent sur celles des Pelargonium, constituent une association des plus heureuses. On ajoute encore à la beauté en mêlant — 185 — ces Pelargonium de verveines favorites, dont les fleurs sont carnées et tendres. En réalité, ces combinaisons peuvent varier à l'infini, mais elles n’en sont pas moins soumises à des lois fixes, qui empruntent toujours la sécurité des effets produits aux associations des couleurs harmoniques. Ce que ce système a d’excellent, c’est qu’il permet et autorise même l'emploi d’un grand nombre de nos plantes communes, les rosiers, les lavatères, les phlox, les dahlias, les antirrhinum et des centaines d’autres. Enfin, comme en horticulture pas plus qu’en toilette, la mode n’est constante, il faut permettre à la terre de changer de vêtement et de parure : la variété, les mutations et les contrastes viennent iei complétement à votre secours. | (Traduit librement du GarDen-CompaGnion de M. Thomas Moore, 1852.) DE LA MULTIPLICATION DES PRIMEVÈRES, Par M. DENIS GRAINDORGE. On a beau dire, mais la science sert à quelque chose. Si je n'avais pas une lueur de botanique, je n’aurais pas trouvé le moyen de multiplier rapidement ces jolies Primevères qu’on aime tant à voir fleurir parce que d’abord il y en a dont les fleurs sont charmantes, et qu'ensuite elles nous annoncent, comme le rossignol, le retour du beau temps. J’aime donc les Primevères , etje m'a donne avec délices au doux plaisir de les cultiver. Ces chères petites plantes viennent admirablement bien lorsqu'on les place à l’ombre exposées au nord, et que leurs fibreuses racines plongent dans une bonne terre meuble, un peu franche, mélangée d’un peu de terreau. On voit alors apparaître, au printemps, la plus ravissante floraison. Mais ceei ne suffit pas. La crainte de voir disparaitre de sa collection l’unique pied d’une variété qu’on possède agite sans cesse le sommeil et procure le plus affreux cauchemar. C’est pour me débarrasser des visites fatigantes de ce personnage nocturne, que je mis, un beau matin, toutes mes con- naissances botaniques en réquisition, et bien m'en prit; depuis quelques jours je dors comme une marmotte qui n’a pas mal au pied. O vous, mes chers confrères, qui craignez qu’un voleur aux pieds légers ou aux mains habiles ne vienne vous ravir les plus ravissantes de vos Primevères, suivez mes conseils; ils ne sont pas difficiles à suivre, et vous pourrez ensuite demander la suppression des gendarmes et des gardes champêtres; car tous les voleurs des quatre-vingts départements de France, voire même de nos colonies, ne suffiront plus pour vous enlever vos enfants chéris. Voici le procédé en deux mots. | Enlevez d’abord toutes les feuilles sèches ou pourries qui peuvent se trouver au pied de vos plantes; coupez ensuite toutes celles qui sont Ar vertes un peu au-dessus du collet; buttez légèrement la base du petit tronçon qui vous restera après cette suppression de feuilles ; laissez agir la nature et bientôt, par suite du refoulement de la séve, vous verrez paraitre tout autour du pied-mère une infinité de petites pousses qui prendront de la force en même temps que des racines. Quand elles seront assez grosses pour supporter le sevrage, vous les séparerez avec précau- tion, vous les replanterez, et si le cœur vous en dit, vous recommencerez sur elles la même opération. Au bout de quelque temps, si vous ne pra- tiquez pas cet axiome : Tout pour mot, le reste pour les autres, il vous sera facile de gratifier de vos aimables élèves tous vos amis et connais- sances, qui me sauront gré, Je l'espère, de vous avoir fait part de mon heureuse découverte. (Horticulteur francais , 1852.) DES GRAMINÉES ORNEMENTALES, Par M. LoOUEsSsE, Horticulteur à Paris. Comme plantes d'ornement, les Graminées commencent à attirer l’at- tention des floriculteurs. Oubliées, négligées, méconnues même pendant longtemps, puisque le Bon Jardinier ne cite toujours que des Phalaris arundinacea, Arundo donax et sa variété, Stipa pennata, on en voit chaque jour quelques-unes qui, extirpées de la verte prairie et des profon- deurs des bois, viennent prendre place au milieu de nos plus jolies fleurs de parterres. Sans nous arrêter à ces nombreux Graminu, qui entrent dans la com- position des pelouses et des tapis de verdure, genre de décoration indis- pensable aujourd’hui à tout jardin d'agrément, quelque petit qu'il soit, nous parlerons seulement des espèces qu’on laisse croitre librement pour jouir du gracieux effet du feuillage de quelques-unes, et de l'élégance des panicules florales de quelques autres. Aux Phalaris et Arundo à feuilles panachées, qui peuvent être placées en tête des Graminées à feuilles ornementales, nous ajouterons le Festuca glauca, très-propre pour bordure, et dont les feuilles fines, d’un vert eau de mer, sont persistantes ; l’Elymus arenarius, qui a aussi le nom de glaucus, forme de belles et grosses touffes de verdure cendrée , qui seraient admirablement placées sur les bords des pièces d'eau. Avec le Panicum latifolium on peut faire d’élégants petits buissons larges et bien touffus, pour occuper le premier ou deuxième plan d’un massif d'arbres; il atteint de 30 à 50 centimètres de hauteur. Un bambou, le Bambusa MT — nigra, parait vouloir aussi nous venir en aide pour rompre la monotonie des massifs d'arbres dicotylédonés. Nous en avons vu un pied en pleine terre dans l'École de Botanique du Jardin des Plantes de Paris, protégé simplement par une faible épaisseur de litière d’où s’élancent plusieurs tiges très-rameuses et hautes de 2 mètres environ; les feuilles n’ont nul- lement souffert des froids de cet hiver. Parmi les espèces qui méritent d’être citées pour l'élégance et la coquet- terie de leurs panicules florales, ce sont : Laqurus ovatus, dont les touffes, hautes de 10 à 20 centimètres, sont couronnées par de nombreux et jolis épis denses, ovales et dressés; Lamarckia aurea, qui ne s'élève pas plus haut que la précédente, mais beaucoup plus élégant à cause de ses petits épillets d’un beau jaune d’or, qui sont disposés en épis lâches très-gracieux; les Briza major, media, minor et gracilis , avec leurs charmants épillets blancs, verts ou rouges bruns, suspendus à de longs et grêles pédoncules. Il n'est rien de plus ravissant que des touffes d’£ragostris elegans, d’Agrostis ou Aira pulchella et capillaris d’où s'élèvent de nombreuses et fines tiges où sont attachés des milliers de petits épis presque micro- scopiques, qui se trouvent doucereusement agités par les moindres zéphirs. Enfin les Avena sterilis, Uniola latifolia, le Pennisetum longistylum, etle Stipa pennata, dont les longues arêtes plumeuses rappellent si bien les plumes légères du marabout. Telles sont les espèces qui jusqu'à présent sont employées dans les jardins. Mais, outre leur mérite comme plantes de parterre, ces Graminées ont encore le précieux avantage de faire de très-jolis bouquets à la main; soit seules, soit ajoutées à d’autres fleurs, elles se conservent très-longtemps dans des vases. Quelques panicules de Graminées placées dans un bou- quet sont d'un effet on ne peut plus gracieux. Avec certainës espèces, séchées à l'ombre, on fait des bouquets qu’on peut placer dans les appar- tements, et qui sont recherchés par beaucoup de monde. Les fleuristes se servent souvent de ces fleurs pour les bouquets d'hiver et la coiffure des dames; et j'ai vu, à Londres, chez plusieurs marchands des galeries du Covent-Garden, des panicules de Graminées teintes de diversesnuances, qui trouvent leur emploi dans la confection des bouquets ou l’ornemen- tation des Jolies ladyes. Je ne sache pas qu’à Paris on s’en soit encore servi de cette facon; nul doute cependant que, dans les mains de nos habiles fleuristes, cet article ne trouve aussi une heureuse application, Car, Je dois Le répéter, rien n’est plus élégant, plus gracieux, que ces pani- cules de Graminées teintes en rouge, en vert , et de toute autre nuance. Ces plantes ont une culture des plus faciles, elles demandent généra- lement peu de soin, soil qu'on les cultive en bordures, en touffes ou en massifs. On sème les espèces annuelles, en mars ou avril, sur une terre trés-meuble, en recouvrant les graines d'une légère couche de terreau = ut 2" bien consommé. Pour certaines espèces qui ont les graines très-fines, comme les Aira et Eragrostis, il convient de les semer en pots remplis de terreau pur ou mélangé de terre franche et de les recouvrir très-peu. On pourra placer ces pots dans un endroit abrité, ou à mi-soleil, ou sous châssis ombragés, pour activer la germination, et la terre devra être tenue dans un état de douce moiteur. Lorsque le plant est suffisamment fort, on divise la motte en autant de parties qu'il y a de pieds, et on plante en place ou en pépinière. Quelques arrosements pendant le cours de la végétation sont nécessaires pour entretenir ces plantes dans un bon état de santé. Les espèces vivaces ont l’avantage de pouvoir être multipliées par les semis et par la séparation des touffes , opération qu’il convient toujours mieux de faire à l’automne qu’au printemps. Pour l'entretien et la propreté des jardins, on doit rabattre les Grami- nées vivaces, lorsque les graines ont été ramassées; il suffit pour cela de couper ras de terre toutes les tiges, et d’enlever les feuilles desséchées. (Horticulteur français, 1852.) REVUE DE PLANTES NOUVELLES. Allamanda meriifolia. Hook. Bot. mag. 4594. 1851. Allamande à feuilles de laurier-rose. Famille des apocynées. Arbrisseau toujours vert, droit et glabre, feuilles oblongues, à pétioles courts , acuminées, panicules multiflores, sans feuilles, lobes du calice ovales lancéolés, ou- verts, tube de la corolle en partie contracté très-court, dilaté, à peine dépassant le calice , le reste ou la gorge allongée, infundibuliforme-cam- panulée, lobes du limbe arrondis et aigus. Cette espèce a été envoyée en Angleterre par quelque jardinier du continent et sous le nom qu’elle porte dans l’ouvrage de sir William Hooker sans de plus amples infor- mations. Le pied d’où venait la bouture n’avait pas plus de trois pieds de taille , et à dix pouces de hauteur la plante commence à fleurir. Sa fleur est grande, en cloche et d’un beau jaune d’or. La fleuraison a lieu en juin. | Culture. T1 est indispensable de lui donner la chaleur et la moiteur d’une serre chaude humide. Cet Allamanda a une tendance à monter et à s’élancer contre des tuteurs ou même des treillis en fil de fer. On lui donne un mélange de terre de bruyère, d’argile légère et de terreau. On la multiplie par boutures, à la manière ordinaire des autres plantes de serre chaude. Arbutus mollis. H. B. K. Nov. Gen. Am. vol. 5, p. 279. — De Cand. Prod., vol. 7, p. 582. — Hook. Bot. mag. 4595. 1851. Arbutus — 189 — à feuilles douces. Famille des Éricacées. Feuilles oblongues, aiguës, presque entières ou dentées, au-dessous blanchâtres tomenteuses, grappes paniculées tomenteuses, pédicelles latéraux courbés, minces, bractées ovales, fleurs penchées , corolle lagéniforme, partie inférieure très-ren- flée, ouverture contractée, lobes du limbe au nombre de cinq arrondis, ouverts, filets très-dilatés à la base et très-poilus, ovaire granulé et velu. M. Van Houtte envoya cette plante, anciennement décrite par M. Hum- boldt, Bonpland et Kunth, à sir William Hooker qui voulut bien adopter cette détermination. Il s’en fallut de peu qu’elle ne passàät pas sous ce nom parce que M. Bentham avait soupeonné l'existence de plusieurs espèces dans les variétés de l’Arbutus densiflora des mêmes auteurs. Celle-ci varie par l’état entier ou denticulé des feuilles, l’ampleur ou la densité des épis. C’est une jolie plante de serres tempérées un peu chaudes où elle fleurit en juin. Culture. Cet arbutus n’est pas assez rustique pour passer l'hiver en pleine terre. On le conserve en terre tempérée, dans l'endroit le plus chaud. Il lui faut un mélange d’argile franche et de terre de bruyère. On le multiplie de boutures et de graines; on peut encore le greffer sur l’ar- butus commun ou d’autres espèces du même genre. Berberis Darwinii. Hook. Ic. Plant. vol. 7, p. 672. — Bot. mag. 4590. 1851. — Moore. Gard. mag. of Bot. 1851. 129. cum IC. — Lindl. et Paxt. Fl. Gard. 1851. t. 46. Épine-vinette de Darwin. Famille des Berbéridées. Rameaux jaunes-roux et pubescents, épines courtes, palmati- partites, feuilles roides, coriaces, brillantes discolores, cunéiformes, tri- fides au sommet, à peu de dents sur les bords et à lobes piquants, grappes nombreuses, plus longues que les feuilles, pédicelles à peine plus grands que les fleurs , grêles, baies d’un noir glauque, à style persistant et en forme de bouteille. De toutes les Épines-vinettes actuellement cultivées, cette espèce est incontestablement la plus belle. Rien de plus brillant dans un jardin qu’un parterre composé de ces arbustes tout ruisselants de fleurs dorées ramassées en perle entre des feuilles d’un vert foncé et luisant. Les pédicelles sont pourpres. C’est M. Darwin qui découvrit cette épine- vinette dans le Chili méridional où William Lobb l’a retrouvée : les natu- ralistes qui visitent Chiloë l’ont tous observée. Culture. Malgré cette origine et bien que dans son lieu natal l’épine- vinette de Darwin occupe la limite des neiges perpétuelles, M. Smith, jardinier en chef de Kew, recommande de l'abriter contre les froids de nos hivers rigoureux. Dans le Devonshire cependant, cet arbuste a passé l'hiver en pleine terre. Quant au reste de la culture, on se guidera sur celle des Berberis et Mahonia. Cathcartia villosa. Hook. fil. MS. — Hook. Part. Bot. mag. 1851. tab. 4596. Cathcartie velue. Famille des papavéracées. Ce genre nouveau, BELG. HORT. T. 11. 26 2 10e ne comprenant encore qu'une seule espèce, a été fondé par M. Hooker fils, et caractérisé comme suit : Calice diphylle, folioles imbriquées dans l’'estivation, caduques. Pétales, au nombre de #4, subarrondis, hypogynes, caducs. 25 à 50 étamines hypogynes; filets filiformes grêles , anthèses terminales, oblongues, biloculaires, loges s’ouvrant longitudinalement de côté, connectif interposé, ovaire cylindrique, à à ou 6 sillons, unilocu- laire. Ovules nombreux placés sur 5 ou 6 placentas intervalvulaires de- venant libres, anatropes, stigmate simple, sessile, hémisphérique, charnu, plus large que l’ovaire, persistant, à 5 ou 6 rayons lamelliformes. Capsule droite, roide, siliquiforme, arrondie, uniloculaire au sommet, au-dessous du stigmate persistant, valves linéaires 5 ou 6, placentas filiformes libres, unis au sommet du stigmate. Graines nombreuses ovales, comprimées, scrobiculées, strophiolées, suberétées. L'espèce connue est une plante annuelle ou bisannuelle originaire de l'Himalaya oriental (Sikkim), pour- vue de longs poils roussâtres, d’une tige droite et simple, de feuilles infé- rieures, les radicales principalement à longs pétioles, cordées, subpalmées ou pedatées à cinq lobes lobulés, les supérieures sessiles, et celles d’en haut pinnatifides-lobées. Pédoncules terminaux et axillaires, fleurs pen- chées. Calice poilu, corolle jaune de la grandeur de celle du Pavot des champs, les anthères orange, le stigmate vert. Ce genre est dédié à M. Cathcart, juge de Thirroot, qui a fait dessiner à ses frais plus de 700 planches in-folio, des espèces végétales de l'Himalaya originaires des contrées avoisinant sa résidence de Darjeeling. Ces vélins ont été mis à la disposition du docteur Hooker pour son ouvrage sur la botanique du Sikkim. Culture. Les expériences continuent, mais tout fait présumer que cette espèce est une plante rustique de pleine terre, n’aimant pas trop l’eau ni les endroits humides (ses poils l’indiquent). Il est probable que les se- mences müriront. Pitcairmia exscapa. Hook. Bot. mag. 4591. 1851. Pitcairnie sans tige. Famille des broméliacées. Tige très-courte, pseudo-bulbeuse, feuilles presque toutes radicales, linéaires, allongées, finement et longuement acuminées, entières, graines renflées, ciliées après sur le bord supérieur, épis radicaux capités ovales, imbriqués à bractées subsessiles, bractées lancéolées-acuminées, les extérieures et les calices poilus, mêlés d’épines aciculaires d’un noir brun, pétales linéaires allongés, galeato-courbés et nectarifères à la base. Ce Pitcairnia appartient tout autant au genre Puya dont il a toute l’organisation. M. Hooker le ramène vers le Pitcairnia suaveolens de Lindley, et dit qu'il possède à Kew encore deux Pitcairnia sans tiges analogues. Il conviendra ici de lui rappeler, puisqu'il déclare qu’il n’a pu trouver nulle part de description d’un tel Pitcairnia, que les Annales de la Société royale d’Agrieulture et de Botanique de Gand (deuxième volume, 1846, p. 485), renferment une description et une bonne — 191 — planche du Puya longifolia, Morr., qui sans doute est un de ces Pitcairnia sans tige, puisque ce dernier provient de la Nouvelle-Grenade ou de la Guara, d’où l'avaient ramené les naturalistes belges. Ce renseignement sera d'autant moins inutile que parfois les botanistes anglais ne se donnent pas la peine de rechercher les descriptions du continent. Culture. Cette plante est de serre chaude ; il ne lui faut pas trop d'eau. Elle est sujette, comme plusieurs de ses congénères, à la pourriture des anciennes racines. Il convient d'ôter les pieds de la terre, de les rafraichir par l'enlèvement des parties mortes. Aussitôt que des racines jeunes se montrent, on repote les pieds et la croissance devient vigoureuse. La multiplication se fait par division de pieds, et l'espèce parait devoir donner des graines mures. Primula sikkimensis. Hook. Bot. mag. 4597. 1851. Primevère du Sikkim. Famille des primulacées. (Section des Alcuritia.) Feuilles obo- vées-oblongues obtuses , rugueuses , finement duplicato-dentées, amineies en un pétiole presque de la même longueur, hampe allongée, fleurs en ombelles presque terminales, folioles de linvolucre lancéolées droites, sessiles, calice farineux à tube court à cinq divisions égalant le tube de la corolle jaune, subinfondibuliforme, lobes arrondis émarginés, anthères sessiles obtuses, ovaire subglobuleux, stigmate pelté capité. Cette prime- vère habite les montagnes du Sikkim à 12,000 et 17,000 pieds de latitude de Lachen à Lachony, où elle forme des tapis jaunes fleuris de mai à juin. Des graines ont été envoyées par le docteur Hooker à Kew, où la plante a fleuri en 1851. Elle a la couleur et l'ampleur florales de notre Primula elatior, mais un port plus élancé, plus élégant. Culture. Il est bon de conserver les pieds sous couche pendant l'hiver. Les expériences continuent en ce moment pour savoir si décidément c’est une espèce assez rustique pour affronter nos hivers. On multiplie par graines et par divisions de pieds. Sphærostema propinquum. Blume. Schizandr. p. 14. Hook. - Bot. mag. 4614. 1851. Sphérostème rapproché. (Famille des Schizan- dracées.) Kadsura propinquum. Wall. Tent. F1. Nep. p. I!, t. 45. Ar- buste dioïique, feuilles ovales, denticulées, très-aiguës, pédoncules axillaires , solitaires ou fasciculés, bractéoles éparses qui les couvrent et plus longues qu'eux; étamines toutes réunies au réceptacle. Wallich découvrit cet arbuste sur les collines de Lankoo dans le Népaul. Hooker fils le retrouva sur le Sikkim dans l'Himalaya entre 7,000 et 9,000 pieds d'altitude. Le fruit ressemble à une grappe de groseilles rouges, et les natifs du lieu le mangent. En Europe on ne possède encore que le pied mâle. Culture. Serre chaude ou tempérée; terre argileuse. Conduite sur treillis, elle fleurit près des vitres. LR LITTÉRATURE HORTICOLE. RECHERCHES SUR LE COSMOSANDALON DES ANCIENS, Par M. VALLoT. Creuzer (Religions de l'antiquité, tome III, 2° partie, 1841; pages 441 à 454) dit: « Parmi les rites observés à Hermioné, aux fêtes de Cérès, appelées Chthonia, il y est aussi question d’une plante funèbre nommée Cosmosandalon et semblable à l'Hyacinthe.. Les fleurs jouaient un rôle important dans l'enlèvement de Proserpine.. Dans l'hymne homérique à Cérès, il est question des Hyacinthes; nous avons vu plus haut une fleur de cette espèce, appelée Cosmosandalon et inscrite des caractères de la douleur, décorer la fête funèbre de la Cérès infernale d’'Hermioné. » Il est question de la plante Cosmosandalon dans l'ouvrage de Pausanias; Rembert Dodoëns (*) (Stirpium hist., 1616; p. 201) en parle sous le nom de Cosmosandalus (sic); Jean Bauhin (Æistor. Plant., 1651; t. IT, p. 690) dit que les habitants d'Hermioné donnent le nom de Cosmosandalon (sie) à l’'Hyacinthus scriptus, et G. Bauhin (Pinax p. 77) rappelle le Cosmosan- dulos des poëtes sous la rubrique Lilium purpuro-croceum majus, rappor- tée, par les botanistes modernes, au Lilium bulbiferum de Linnée. J. Bauhin (ist. Plantar., t. IX, 1° partie, p. 120; 1'° colonne) dit :- « Il est un autre Delphinium auquel on donne le nom d’Hyacinthe ; mais ce Delphinium, par ses feuilles et ses rameaux beaucoup plus ténus, est bien différent de l'Hyacinthe. » On lit dans l'édition de Pline (ist. nat., par Lemaire, t. VII, 4°° part., p. 52, n° 18): « Les habitants de Salamine rapportent qu'après la mort d’Ajax, les lettres funèbres AEKAE furent inscrites sur l’hyacinthe qui est, je pense, le cosmosandalon d’Athénée. » Ces divers rapprochements vont servir à faire connaître exactement la plante désignée sous le nom de Cosmosandalon par les anciens, qui, sans (1) Dans les ]/magines Plantarum de Rembert Dodoëns; parues en 1553 et 1554, ni dans la première édition du Cruydtboeck, de 1554, ni dans l’Histoire des plantes de l’Escluse, de 1557, il n’y a pas encore de traces d’études sur le Cosmosandalon des Grecs. Dans le Plantarum rariorum historia de l’Eseluse (parue en 1601, mais rédigée avant 1591), l’ami de Dodoëns ne dit rien du Cosmosandalon, mais il fait paraitre la première planche de la plante, où le bota- niste de Malines verra plus tard, et le premier, la plante de Pausanias. Cette plante est le Lilium bulbiferum , que l’Escluse n’avait vu nulle part croitre spontanément, même dans ses voyages en Orient. Il a trouvé cette plante pour la première fois à Lierre(province d'Anvers), chez madame Marie de Brimeur, épouse de Conrad Schet, laquelle avait déjà propagé ce lis dans les jardins de Belgique. De l’Escluse eut soin de l’importer à Vienne. La figure qu’il en donne représente la plante coupéeen deux et la sertule prolifère. Ce n’est donc réellement que dans les Pemp- tades de Dodoëns, dont la fin de la rédaction remonte à 1582 et qui ont paru en 1616, qu’on trouve les recherches sur le Cosmosandalon. Dodoëns, ou plutôt son éditeur, avait fait graver une planche nouvelle pour représenter le Lilium bulbiferum dans sa forme ordinaire et en- 1ière. (Note de Ch. M.) Su | jee étre des observateurs bien habiles, remarquaient cependant les caractères les plus saillants offerts par les végétaux, ce dont on a la preuve dans l'Histoire des Médicaments signés ("). Les anciens, ayant remarqué sur la fleur d’une plante des taches qu'ils comparaient à des larmes, l'ont regardée comme le symbole de la douleur; et, en poursuivant leur examen, ils ont vu que cette fleur, d’une structure bizarre, irrégulière, avait un pétale de la forme d’un soulier ou d’une sandale. Ils se sont empressés de l’admettre comme un symbole, par suite de l’usage adopté en Orient, relativement au langage des fleurs, et de lui donner le noïn de Cosmo sandalon ou plutôt Cosmo sandalion (beau sou- lier ou belle sandale, belle chaussure de femme), dénomination qui n’est pas plus étrange que celles de soulier de Vénus ou de sabot de la Vierge données au Cypripedium calceolus, Linn. Maintenant, si l’on veut prendre la peine d’examiner dans un jardin la fleur simple d’une espèce de dauphinelle ( Delphinium Ajacis, Linn.), on y retrouvera tous les caractères indiqués dans le Cosmosandalon, mot que lon a pu traduire par soulier du Monde ou soulier de Diane, ou Beau soulier, puisque les mythologues avaient personnifié le monde et l'avaient représenté sous la forme de la Diane d'Éphèse. Le pétale (les quatre autres manquant) de la Dauphinelle, irrégulier, concave ou en cornet, se pro- longe en une corne dans l’éperon du calice; au-dessous du lobe supérieur du pétale on trouve quelques lignes colorées qui ressemblent presque à des lettres. Ces lignes ont été comparées à des larmes, et les anciens les regar- daient comme un signe de deuil et comme un témoignage de regret AKA ; on les regarda ensuite comme les lettres initiales du nom d’Ajax, ce qui a fait dire à Virgile (Eclog. IT, v. 106) : Dic quibus in terris inscripti nomina regum Nascuntur flores (2). Ainsi, la forme du pétale comparée à celle d’une sandale, les lignes tracées sur ce pétale, appelé par Linnée nectaire, ne peuvent laisser aucun doute sur l'espèce de plante appelée Cosmosandalon. Une espèce de dau- phinelle désignée vulgairement sous le nom de pied-d’alouette (Delphinium consolida, Linn.), est très-commune dans les moissons; on en fait des couronnes en ajustant l’un dans l’autre l’éperon de la fleur, et l’on peut, en en assemblant des tiges, fabriquer des couronnes propres à servir d’or- nements. D’après toutes ces considérations, il est certainement acquis à la science que la plante désignée sous le nom de Cosmosandalon est la dauphinelle des jardins (Delphinrum Ajacis, Linn.). (Académie des Sciences de Paris, 15 décembre 1851.) (1) Substances dont l’action thérapeutique réelle ou supposée se trouvait indiquée par des caractères extérieurs de couleur, de forme, etc. (2) Dites-nous en quelles contrées naissent des fleurs qui portent inscrits sur elles les noms des rois. ARE — PI. 55. É LÉO 10 FLORICULTURE DE SALON. NOUVEAUX FLACONS A JACINTHE AVEC RESSORT ET SOUTIEN, Par M. Rein KEïir. (Lettre adressée de Londres au Directeur de la Belgique Horticole. ) Je vous communique ici la gravure d’un meuble de salon destiné à la floriculture et qu’on a récemment introduit en Angleterre. Comme vous le voyez, à la seule inspection de la figure, son but est clairement indiqué, sa formeest élégante et sonutilitécomplète. Son inventeur est M. G.-P.Tye, de Birmingham, et on l'appelle la bouteille à jacinthe et son support. Ces bouteilles sont faites en verre et variées de couleurs comme le vert, le pourpre, le bleu, le jaune. Non-seulement ce sont des meubles très-utiles pour la culture des jacinthes, mais on y reconnait de véritables ornements , surtout les sortes d’un certain prix. Quand la saison des Jacinthes est passée, on s’en sert pour y mettre d’autres plantes à fleurs soutenues par ce moyen, et en général on les utilise comme toute espèce de vases. M. Tye a publié un petit travail sur la culture de la jacinthe, en con- nexion avec ces meubles, et j'ai le plaisir de vous envoyer ci-contre un extrait de cet intéressant écrit. Le support (voyez pl. 1, fig. 55) peut être glissé dans la bouteille avant d'y mettre la bulbe, dont la hampe pourra s’élever à six ou sept pouces de hauteur. On place le cercle inférieur et élastique autour de la tige et des feuilles. Puis, maintenez la bulbe un peu au-dessus de la bouteille et passez le fil de fer autour d’elle; fixez le ressort à sa place en comprimant la bulbe entre l'index et le pouce; mettez la main droite autour du dos de la verge ascendante, avec le pouce et le doigt ouvrez assez le fil de fer pour recevoir la hampe, et en même temps tenez l’ensemble des feuilles dans la main gauche. Poussez le cercle assez loin pour soutenir convena- blement la hampe, et placez une à une les feuilles entre le cercle intérieur ct l’extérieur, uniformément et de la manière que le bon goût vous l’in- dique. Ouvrez ensuite le petit ressort du haut, placez-le immédiatement au-dessous de l’épi et fermez-le de nouveau; disposez enfin le tout pour que la plante paraisse dans toute sa forme. En Angleterre, ces vases de jacinthe ont obtenu un succès complet, et de la part des jardiniers et de la part des gens du monde. Le prix de ces flacons ornés varie depuis un schelling jusqu'à des sommes plus fortes, proportionnelles aux ornementations et à la grandeur. — 196 — NOUVEAUX PANIERS RUSTIQUES PROPRES A CULTIVER DES PLANTES FLORALES POUR LES SALONS Par M. D. Forsyrn. La planche 55, fig. ABC, représente un nouveau modèle perfectionné (de paniers rustiques propres à cultiver dans les salons soit des plantes florales comme Achiménès, Gloxinia, Orchidées, etc., soit des plantes curieuses par leur forme comme les fougères, etc. L’extrême simplicité de leur construction et leur forme analogue à celle des pots ou terrines per- mettent de s’en servir sans peine, et c’est un fait étonnant que de voir les changements que prennent les plantes quand on les a transplantées dans de tels véhicules. L’inspection des figures montre comment ces paniers sont construits. Un fond circulaire et épais de deux pouces (fig. B) est confectionné en bois d’orme. Il porte au milieu un tuyau circulaire (fig. B d) par où le drainage peut faciiement s’opérer. Tout autour sont cloués et liés en- semble par des jones, des demi-bâtons de bois de coudrier ou noisetier munis encore de leur écorce (fig. C et fig. B d). C’est là tout le méca- nisme de leur construction. Dans une serre, ces sortes de paniers n’ont pas besoin de soutien. Dans les salons on les placesur des plateaux plus ou moins riches , entre autres, en Belgique, sur les plateaux si élégants de Kéramis. OBSERVATIONS DE LA RÉDACTION. ? Ces sortes de meubles horticoles sont d'autant plus faciles à confec- tionner en Belgique que déjà plusieurs villages (entre autres Boitsfort, près de Bruxelles) se livrent à cette industrie. On les connaissait, sauf les proportions du fond, chez nous, il y a des années, et ces paniers entraient dans la confection des corbeilles rustiques suspendues. Est-ce l’influence du bois, lémanation de l'acide carbonique, est-ce la température plus égale et l’'évaporation moindre que sur des pots, sont- ce ces circonstances enfin isolées ou réunies qui font, en effet, que la végétation s'accélère chez les espèces placées dans ce genre de meubles ? Quelles que soient ces causes, toujours est-il qu’il convient d'en profiter, et nous engageons nos lecteurs à cultiver beaucoup de jolies espèces de salon dans ces paniers, dont la rusticité est sans doute plus élégante que la triste figure prosaïque de nos pots horticoles. Les sélaginelles, les lycopodes et les fougères croissent admirablement dans ce genre de meubles, et dans une serre spéciale consacrée à ces végé- taux 1l est utile de n’employer qu'eux. -— 197 — PLANTES DE CORBEILLES SUSPENDUES ou ANTHOCLINIE HORTI- COLE. — LES ADÉLOCALYMNIES, Par M. Cu. MoRREenN. Les Adélocalymnies (adelocalymnia) forment un genre de la famille des Bignoniacées. Le nom tire son étymologie du calice qui est couvert de glandes. M. Louis Kraufe recommande d’en cultiver trois espèces, surtout en vue de la floriculture de salon, et dont la nature se prête bien à la végétation suspendue. ADELOCALYMNA comosum, Dec.— C’est le Bignonia comosa de Chamisso ; il est originaire de la Guyane. Il n’y a pas longtemps qu'il a été introduit chez les horticulteurs. Les fleurs sont longues, en trompette, et ordinai- rement jaunes, en grappe et réunies ; elles se développent en septembre et octobre. ADELOCALYMNA MACROPHYLLUM, Dec., ou Adélocalymnie à grandes feuil- les.—C'est le Bignonia macrophyllum de Chamisso ; sa patrie est le Brésil. Les fleurs se montrent en été; elles sont plus petites que celles de la pré- cédente espèce. ADELOCALYMNA NiTiDUM, Mont., ou Adélocalymnie brillante. — Sa patrie est encore le Brésil. Les fleurs sont d’un jaune foncé, et s'ouvrent en été. Il n’est pas à douter que bien d’autres espèces de ce genre peuvent se cultiver en corbeïlles. Toutes ont une tendance à croître haut, donc à pendre bas quand elles descendent; mais, eomme on le sait par leur cul- ture en serre chaude, il leur faut assez de fond pour que les racines puis- sent se développer sans gène. Dans leur état de nature, elles gravissent les trones des grands arbres et s’en détachent à de fortes hauteurs en guise de guirlandes. Ces détails prouvent assez qu’il leur faut la tempé- rature d’une chambre bien chauffée; mais, en été, beaucoupde nos plantes de serre chaude supportent nos climats à l'air libre, et celles-ci sont du nombre. Un bon fond de terre franche mêlée à mi-partie de terre de bruyère, assez fortement comprimée, forme leur sol favori. Les Bignoniacées sont assez difficiles de reprendre de bouture qu'il faut faire dans des bâches chaudes et sous cloches, dans la tannée ou sur des tuyaux de chaleur. Les espèces de cette famille rentrent dans la catégorie des lianes. C’est indiquer leur désinvolture franche et libre; quand elles sont en pleine végétation, ce sont de belles formes, et leurs fleurs, rappelant celles du Catalpa, offrent un caractère de noblesse et de grandeur, qu’on aime à voir suspendre dans les airs. Les amateurs feront bien de se procurer, chez de bons horticulteurs, des pieds bien enracinés, de ne pas trop tour- menter les souches dans le repotement, et de ne pas inonder les racines d’un excès d’eau. BELG. HORT. T. 11. pr ST SS rs SSS 5 Re HAN A IN ŸZ # = A: Us, ÈS = GI La USE ee CY & LE ASS Dre L AUS NC — 499 — ARCHITECTURE HORTICOLE. PLAN DU JARDIN CIRCULAIRE DU REGENT ’S PARC DE LONDRES, Par M. Cu. MoRrREnN. Nous devons à l’obligeance éclairée de notre savant correspondant à Londres, M. Rheïd. Keir, le plan du jardin botanique circulaire, construit il y a peu d'années dans le Regent”’s Pare, où il excite à tant de titres l’ad- miration des étrangers et de tous les vrais amateurs de l’art de Flore. Ce plan mérite d’être étudié, surtout par messieurs les architectes de jardins. La légende suivante éclairera leurs recherches : 1 Entrée principale ou du midi. 2 Rosarium ou parterres de rosiers. 3 Frène pleureur. - 4 Salle de réception et futur muséum. > Secrélairerie, offices et demeure. 6 Jardin américain, a. grand rhododendron. 7 Bancs pour collections de plantes exotiques sous des lentes. 8 Rosiers cullivés en vue des expositions. 9 Saules pleureurs de Napoléon. 10 Arches et rochers. 11 Jardin d'hiver, a. serre chaude. 12 Allée de promenade. 13 Centre du jardin à 417 pieds au-dessus des plus fortes eaux de la Tamise. 14 Jardin du printemps, premières fleurs. 15 Passage entre deux boulevards, 16 Ponts jeté sur ceux-ci. 17 Monticule le plus élevé (24 pieds de hau- teur, composé de grès vert au sommet, de grès sablonneux comme base, et vers le côté du sud, formé de blocs de cal- caire avec des bois fossiles, des rochers de Portland et des coquilles marines). 18 Lac. 19 le. 20 Plantes utiles dans l’industrie, lesarts, etc. - 91 Pont. 22 Collection de fougères. 23 Monocotylédones et plantes aquatiques. 24 Dicotylédones divisées en thalamiflores, calyciflores, corolliflores et monochla- midées. 25 Jardin médical arrangé d’après de Can- dolle. 26 Plantes du sol britannique classées d’après Linnée. 27 Réservoir d’eau. 28 Pépinières. 29 Victoria regia. 30 Serre d’orchidées. 51 Bâches et serres à multiplications. 32 Offices. 53 Logement du jardinier et du directeur. 34 Café. 35 Salon pour les dames. 36 et 36 bis Salons pour les messieurs. 37 Porte de l’est. 58 Route pour la terrasse de Chester et le Co- losseum. 39 Route pour Mary-le-Bone. 40 Sentier conduisant au jardin zoologique. A voir et à étudier ces détails, ces divisions, ces classifications et spécia- lités de haute et incontestable utilité, on doit féliciter Londres de possé- der un jardin botanique si complet. Quand on compare ces réalisations pratiques à ce que nous possédons en Belgique, on doit regretter que dans un pays comme le nôtre, où l'horticulture jouit certainement de la faveur populaire, aucune ville, pas même la capitale, ne possède un établissement de ce genre. Puisqu'on songe à créer sérieusement un jardin zoologique à Bruxelles, l'étude de ce plan ne sera pas hors de propos. Nous voudrions que, pour savoir choisir le plan qui convient le mieux pour ce nouvel éta- blissement si digne d’être protégé, on ouvrit un concours entre tous nos architectes de jardins belges, et, pour notre part, nous serions heureux que la publication de ce plan put leur être de quelque utilité. MP Se HORTICULTURE MÉDICALE. SUBSTITUTION DU VACCINIUM VITIS IDAEA , À L’ARBUTUS UVA URSI, ET MOYENS DE LA RECONNAITRE. Par M. P. E. Dossix, propriétaire-horticulteur à Liége. On ne peut sans doute disconvenir de l’intérêt que tout le monde doit prendre à ce qui regarde la sophistication des médicaments ; car on est souvent surpris en voyant tomber tout à coup en désuétude des drogues qui ont joui longtemps d’une grande vogue, etdont l’efficacité a été beau- coup vantée par des praticiens, de la véracité desquels on ne peut guère douter , tandis que cette pratique pernicieuse pourrait bien en être par- fois la cause. On a beau se récrier à la vue des dangers auxquels l’impé- ritie expose l'humanité souffrante ; on a beau élever la voix contre les abus que l’avidité du gain fait commettre, ainsi que de nouveaux riverains d’un fleuve qui auraient voulu faire usage de ses eaux comme d’une boisson salutaire et légère, et qui, au contraire, les auraient trouvées indigestes et malfaisantes, nous voyons le mal, nous gémissons, et notre voix plaintive n’en tarit pas la source. Ce n’est pas sans raison que je fais entendre cette voix , ce n’est pas sans sujet que je parle de la sorte; je vais vous le prouver d’une manière bien authentique. Supposons, par exemple, qu'un médecin, après avoir vu les éloges que Haën , Quer, Girardi et autres auteurs aussi recommandables, donnent aux vertus des feuilles de l’Arbutus uva ursi contre la colique néphrétique, s’avise de les administrer à une personne atteinte de cette incommodité ; eh-bien, qu’arrivera-t-il ? Comme il est presque sür qu’on donnera au malade les feuilles de Vaccinium vitis idæa, et, par conséquent, que le remède ne produira pas les effets auxquels on avait lieu de s'attendre, il est bien probable qu'après en avoir fait des essais infructueux sur quelques indi- vidus, il l’abandonnera totalement, et qu’il ne manquera pas de taxer ces célèbres praticiens d’exagération. Mais, me dira-t-on peut-être, ne se pourrait-il pas que le médecin se doutât, à la fin, de l'erreur, et qu'il parvint même à la reconnaitre? Eh bien, soit. En ce cas que fera-t-il? ira-t-il s’en prendre au pharmacien ? Non, sans doute ; celui-ci lui répon- drait avec raison qu’il a livré ce médicament tel qu’il l’a recu du droguiste étranger : de sorte que c’est à la source du mal qu'il faut remonter ; c’est dans les pays où cette plante se trouve qu'on doit surveiller sa récolte et ne Ja permettre qu'à des personnes à qui l’on aura bien fait connaitre.ses RUE". (OR ‘caractères distinctifs; c'est là qu'on pourrait en établir un magasin d’où tous les droguistes du pays devraient la tirer; cela étant ainsi, on pourrait l'employer avec sécurité, et, si c’est un remède aussi eflicace qu’on le dit, on aurait l'avantage de posséder un spécifique simple et peu coûteux contre un des maux les plus graves qui affligent l'humanité. Voici quelques signes qui peuvent faire discerner les feuilles de lAr- butus uva ursi d'avec celles du Vaccinium vitis idæa : d’abord ces der- nières sont ponctuées sur leur surface inférieure ; caractère saillant, qu’on aperçoit à la vue simple, et qui pourrait suflire pour les faire reconnaitre, vu que les premières sont tout à fait dépourvues de points; ensuite leur bord , qui est un peu replié en dessous, est garni de quelques dentelures, à la vérité fort petites, mais pourtant assez visibles , tandis que les autres sont planes et très-entières : de plus, elles sont bien moins fragiles dans l’état de sécheresse et ne sont guères aussi rétrécies vers leur base, ni aussi élargies vers leur sommet que celles de l’'Arbutus uva ursi, qui sont d’ailleurs un peu plus épaisses et d’un vert plus jaunâtre. Quant aux ca- ractères génériques de ces deux plantes, je me contenterai de dire que l'Arbutus diffère du Vaccinium par son ovaire, qui est infère, et par sa baie, qui n’est pas ombiliquée ; car, comme nous n'avons que les feuilles sous les yeux, j'ai cru qu'il valait mieux m’étendre sur leurs différences caractéristiques. QU'EST-CE QUE LE PÉ-LA, Par M. Cu. MorrE. Le Pé-la est une cire très-employée en Chine, qui connaît ce produit de- puis le treizième siècle. On en a importé, il y a peu d’années, en France et en Angleterre. En 1848 , M. Brodie, de Londres, en a étudié la composi- tion chimique. Telle aw’elle existe dans le commerce, cette cire est pres- que pure et ressemble à la cérine, base de la cire d'abeille. Le Pé-la est blanc , translucide, brillant, onctueux au toucher, inodore et insipide. Il se fond à 58° c. On le trouve adhérent aux branches de certains ar- bustes sur lesquels on en fait la récolte annuellement au mois de juin. Il parait être produit par des myriades de tout petits insectes. Ceux-ci le sé- crètent ou sont entiérement pénétrés de cette substance. Le docteur Mac’ Govan, médecin de la mission de Ningpo , croit que ces insectes éprouvent ce qu'on appelle la dégénération acéracée : tout le corps se pénètre de cire de la même manière que la cochenille est pénétrée de carmin. ( Garden-Companion de M. Thomas Moore, 1852.) — 202 — PATHOLOGIE VÉGÉTALE. NOTICE SUR LA MALADIE DES ORANGERS D'HYÈRES, Par M. V. Renpu. Vers la fin de l'été dernier, M. le ministre de l’agriculture (de France) fut informé qu'une maladie spéciale, dont la cause était ignorée des agri- culteurs, avait envahi les orangers d’Hyères et avait déjà fait périr la moitié de ces arbres. Je fus chargé, à la fin de ma tournée comme inspecteur général de l’agriculture, d'étudier la maladie des orangers d’Hyères et d’en faire un rapport à l'administration. Les orangers d'Hyères me paraissent atteints de deux maladies distinctes. L'une, extérieure, s’annonce par un suintement gommeux près du collet de la racine; un chancre s’y développe, il corrode la partie supérieure de la souche, la dénude de son enveloppe corticale sans altérer le bois, et, détruisant ainsi le liber, empêche les fonctions de la séve et entraîne con- séquemment la perte de l'arbre. L'autre affection est souterraine ; elle attaque exclusivement les racines, les dépouille de leur épiderme et les décompose ensuite entièrement. Ce mal est dû à la présence d’un rhyzoc- tone, qui ne me parait pas différer du rhyzoctone du mürier; on ne trouve ses filaments blanchâtres que sur des arbres en végétation : je ne l’ai point observé sur des racines déjà décomposées. Tantôt les deux maladies se rencontrent sur le même arbre, tantôt l’oranger est affecté exclusivement par l’une ou par l’autre. Mais que l’arbre soit attaqué par une seule de ces maladies ou par toutes les deux à la fois, il n’en périt pas moins infail- liblement. Un suintement gommeux se manifeste d’abord au-dessus du collet de la racine, l’oranger jaunit; au fur et à mesure que le chancere séveux s'étend, les rameaux supérieurs se dépouillent de leurs feuilles, l'arbre languit de plus en plus, et finit par ne plus présenter qu'un sque- lette desséché : les ravages s’accomplissent ordinairement dans l'espace de quatre à cinq mois. Jusqu'à présent, on n’a pu assigner de terme précis aux diverses phases morbifiques par lesquelles passe l’oranger attaqué par le rhyzoctone. Son action souterraine, en effet, présente plus d'une difficulté à l’observation, mais l’issue est la même que dans le cas du chancre séveux: l'arbre jaunit, languit, il perd successivement ses feuilles, et meurt. Les orangers d’Hyères sont donc attaqués par deux maladies spéciales, toutes deux fatales à l'arbre. Le chancre séveux est générale- ment regardé comme la maladie principale ; sa véritable cause est encore un mystère. Les uns l’attribuent au froid de 1840-1841; suivant eux, la gelée aurait surpris les orangers en pleine floraison, et la séve aurait étc ec DR ©. reloulée violemment vers les racines : de là, pléthore et asphyxie. Cette opinion, partagée par plus d’un praticien, ne saurait être admise. Le mal aurait donc couvé à l’état de germe pestilentiel pour n’éclater qu’en 1850, hypothèse peu probable; les faits, d’ailleurs, la renversent complétement. D'autres attribuent le mal à la nature des eaux; mais l’eau servant aux irrigations n'a subi aucune modification. Le sol n'a pas varié; c’est une argile schisteuse, plus ou moins modifiée dans sa couche arable par les cultures et les engrais. On ne saurait non plus chercher la cause du mal dans l’espèce cultivée, le mode de reproduction et le traitement que subit l’oranger pendant sa végétation. En effet, le mode de multiplication est resté le même que celui transmis par les anciens Jardiniers-orangistes. La culture proprement dite de l’oranger n’a pas non plus varié à Hyères. La seule modification apportée aux anciens errements du pays se rapporte au buttage. On ne le pratique plus aujourd’hui que dans les pépinières, tandis qu'après les froids de 1820, tous les arbres étaient chaussés dans le mois de novembre. JY’habiles praticiens regrettent l'abandon de cette sage précaution, toujours bonne en face de la menace d’un hiver rigou- reux ; mais l'oubli de cette facon secondaire a-t-il influé sur la maladie actuelle des orangers? Je ne le pense pas. Quelques centaines d’arbres sont encore intactes, on ne les a pas buttés une seule fois depuis vingt- cinq ans. Sol, climat, exposition, arrosage, engrais, mode de culture paraissent donc étrangers à la maladie. La cause du chancre séveux et du rhyzoctone, si funestes aux orangers d'Hyères, a échappé, jusqu'ici, à toutes les inves- tigations ; les moyens tentés pour combattre le mal ont été impuissants. Aujourd'hui, vaincus par le mal et désespérant d'échapper à leur ruine, les propriétaires prennent le parti d’arracher l'arbre dès que le suinte- ment gommeux s’est produit et que l’écorce est entamée ; l’expérience, en effet, leur a malheureusement appris qu’une e fois le chancre établi, l'oranger est perdu sans ressource. L'étendue du mal à Hyères est telle, que plus des trois quarts des oran- gers ont succombé ; la plupart de ceux qui survivent sont atteints de la maladie, et périront avant un an ou deux. Dans toute la plaine d’Hyères, c’est-à-dire sur une surface de 67 hectares 99 ares 62 centiares, qui, ré- gulièrement plantée à 4 mètres en tous sens, comprend 42,800 pieds d’orangers de tout âge, on en compterait à peine un dixième tout à fait sain ; l'opinion générale des agriculteurs est que ce faible reste aura le sort des autres orangers. Depuis deux ans, ces arbres leur servent de bois de chauffage. La culture des orangers disparaîtra bientôt de la plaine d'Hyères, si le mal continue ses ravages ; le remède à lui opposer ne saurait être immé- diat. 11 faut bien se garder de replanter maintenant ; quelques proprié- taires l’ont fait imprudemment, et déjà leurs jeunes arbres périssent atta- qués de la maladie. IT est nécessaire qu'un laps de temps s'écoule avant — 204 — qu'on songe à mettre de nouveaux orangers à la place des anciens. D’une part, les lois de l’alternat s’y opposent; de l’autre, les germes pestilen- tiels du rhyzoctone, ainsi que le principe du chancre, doivent être dé- tournés au moyen d’un changement radical de culture. Transformer en prairies arrosables les jardins d’orangers, ou les convertir en jardins frui- tiers ou maraichers, dont les produits s’élèvent à plus de 600,000 franes par an à Hyères, serait une bonne opération. Des défoncements profonds, le chaulage du sol, seraient encore de bonnes précautions à prendre ; et, tandis que ces remèdes héroïques seraient appliqués dans la plaine d'Hyères, les pépinières nationales de la Corse et de l’Algérie recevraient des plants nombreux et choisis, tirés de ces deux contrées, ou empruntés aux meilleures espèces de l'Espagne, de l'Italie et de Malte. Dans l’espace de sept années environ, les établissements précités seraient largement en mesure de repeupler d’orangers la plaine d'Hyères, et de nous rendre une culture que nous sommes à la veille de perdre en Provence. L'intervention de l’Académie auprés des ministres de l’agriculture et de la guerre contri- buerait puissamment à l’adoption de cette mesure. (Académie des Sciences de Paris. — Séance du 22 décembre 1851.) DE L'EFFET DU SOUFRE SUR LES VIGNES MALADES, Par M. Cu. Morrex. Tous les travaux qui nous arrivent successivement de France confir- ment pleinement que la fleur de soufre est le vrai remède contre l’oïdaitie ou la maladie actuelle de la vigne. Des expériences suivies ont prouvé seulement que la fleur de soufre pouvait rester inefficace quand on lem- ploie avec de l’eau. Le soufre alors est entrainé. Il convient, et l’expé- rience a donné gain de cause à ce procédé, de mouiller avant la sulfurisa- tion, la vigne malade, au moyen d’une pompe à aspersion , de droite à gauche et de bas en haut, puis dans les sens opposés. Ceci fait, on agit avec le sulfurisateur, où la fleur de soufre est employée à sec. L’aspersion du soufre doit être générale. Alors , la poudre adhère et son effet détruit l'influence pernicieuse du champignon. Nous publierons en entier un utile travail de M. Rousselon sur cette matière. Jusqu'ici, aux environs de Bruxelles où les vignes de serre ont tant souffert, on n’a pas vu renaitre, cet hiver et jusqu’à cette date, le fatal fléau, mais il serait prématuré de conclure à sa non-réapparition. & è LA ni 7h dau 5% be: Rnb rarié | re Lt, A Fire w % D ed pa AE eee x dédie catch toi À 00 2 fat si dr vies st Li ” M " mél FAUNE nr ds sat dt “és nm tnt CR | : do ane AREA ds ot a ‘it pe ait ; RU : Fee er $ higuessrade ss Fn Rene ans parie DNA is & Lee ee de 4e È FA Sir es = a de S po OX; | Ê nf 2 ET 7 anaries. C Melons de RETT” apes JARDIN FRUITIER. LES MELONS DE POCHE OÙ LES MELONS DE LA REINE ANNE, Par M. Cn. MoRREeN. Notre célèbre zoologue belge, l’auteur de la Faune de la Belgique, ou- vrage indispensable à nos compatriotes qui veulent connaître leur patrie et surtout les animaux au milieu desquels ils vivent, M. le baron Edmond de Selys-Longchamps estl, pensons-nous, le premier qui en 1848 ait intro- duit chez nous les singuliers petits melons appelés par les Anglais melons de poche (pocket®s melon). Notre savant confrère de l’Académie les avait exposés à l’exhibition agricole de Waremme, et, chose singulière! nous comptons en Belgique, à Anvers surtout, des sociétés exclusivement livrées à la pépomanie, des sociétés qui s’intitulent officiellement pépo- manes , qui ouvrent annuellement des expositions de ces intéressantes cucurbitacées sans que nous y ayons jamais rencontré des melons de poche. Cependant, à côté des potirons monstres, les nains offriraient de l'intérêt, et à voir nos planches, qui ont été dessinées par nous avec la plus grande fidélité d’après la nature, il est certes incontestable que ces jolis petits fruits figureraient avec honneur sur ces gradins dé la lutte, de la victoire et de la défaite. Même à contempler ces formes gracieuses, rivales des pom- mes d’Hespérie, ces couleurs vives comme le feu et ces dessins tranchants et variés, il est plus d’un banquet où l’on voudrait voir briller ces orne- ments sur les desserts, les pièces montées, les vases et les cornes d’abon- dance. Nous pensons même, quoique nous nous attendions à entendre s'élever contre nous, à cet endroit, des contradictions, des oppositions et des négations, qu’il y a telle année, tel jardin et telle culture qui per- mettraient à ces ornements de passer dans le palais de convives et d’être digérés un peu plus bas à leur grand plaisir et parfaite satisfaction. . M. de Selys-Longchamps avait reçu ce melon de poche sous le nom de melon des Canaries. En 1850, nous le retrouvions cultivé dans le Jardin botanique d’Anvers, si savamment dirigé par M. le docteur Sommé qui avait reçu la même espèce sous le nom de melon du Chili. Voilà deux patries bien différentes. Nous lisons dans les Synopses monographicæ de M. Rœmer (Weimar, 1846, p. 70), dans la monographie des cucurbitacées que le melon de poche a été distingué, il y a très-longtemps, par les Anglais, sous le nom de melon de la reine Anne (Queen Ann's melon), puis sous celui de : Reine précoce (early queen), et enfin sous celui de : Queen's pocket melon ou melon de poche de la Reing. Nous ignorons, malgré toutes nos recherches à cet égard, si c’est la reine Anne qui a BELG. HORT. T. Il. 28 — 206 — doté l'Europe de ce fruit, digne, à certaines conditions, de la table des rois, des reines, des princes et de bien d’autres, ou sile nom est venu au melon de ce que la reine Anne éprouvait une certaine sympathie pour lui. Toutes ces choses, nous ne sommes pas parvenus à les débrouiller sous le rapport historique. L'Encyclopédie de Loudon ne dit pas même un seul mot du melon de la reine Anne. M. Rœmer ne donne non plus qu'une courte diagnose de ce melon : « Minimus, cortice tenui eleganter striato, carne alba : » Très-petit, écorce mince striée avec élégance, chair blanche. Le célèbre botaniste allemand considère ce melon comme une pure variété du cantaloup (Cucuimis cantalupensis Haberlé), lequel est originaire non du Chili ni des Canaries, mais de l'Arménie. On sait que le nom de Cantalupo est celui dela forteresse papale où ce végétal intéressant a été d’abord recu et d’où on l’a propagé. En Orient, son nom vulgaire est zatte, et c’est encore sous cette dénomination que les Vénitiens désignent aujourd’hui les melons. Ce melon est très-variable : sa progéniture est loin de ressembler aux parents d'année en année, et quand on le sème, on ne sait jamais au juste ce qu'on obtiendra. Les cucurbitacées sont très-sujettes à ces défauts de stabilité, et c’est pour avoir méconnu cette nature fantasque et capricieuse que beaucoup de personnes ont eu des mécomptes avec les chitos, espèces de melons aussi. En Hollande surtout, en 1851, peu de chitos ont été mangeables. Nous le concevons et nous l’expliquons par le pays brumeux, humide , et par la température de l’année où l’arrière-saison , août et sep- tembre, n’a pas été assez chaud pour donner à ce fruit son parfum et son goût. Nous-même, de chitos gros comme un œuf de poule en 1850, nous avons obtenu des chitos longs comme une bouteille à champagne et de la même forme. Ces fruits étaient les uns édulcorés et aromatiques, les autres crus et pas plus édules que les cornichons. Nous attendons en ce moment, d’un de nos amis et anciens élèves, M. Julien Deby, parti pour la Havane et l'Amérique tropicale, des graines fraîches de chitos, afin d’expérimenter si cette singulière plante doit, pour conserver ses émi- nentes qualités, provenir constamment du lieu où elle les acquiert avec facilité. Notre planche 55 représente donc trois melons de la reine Anne; le premier (1) est un peu en poire, jaune clair safrané maculé d'orange, les macules du front allengées, les autres plus petites. Le second (2) est d’un jaune d’or, entièrement maculé de pourpre vif et rutilant, sa forme est un globe déprimé à ses pôles. Le troisième (3) est jaune pâle, au-dessus une aréole de cette couleur, puis surles dix compartiments du fruit s’étendent autant de méridiens verts concentriquement alternant avec des dessins orange et de nouveau verts au centre. Ces melons mesuraient de six à sept centimètres de diamètre trans- versal, et la plupart étant en globe surbaissé, leur diamètre sur l'axe était — 207 — seulement de cinq à six centimètres, mais cette forme peut se modifier et le diamètre antéro-postérieur devenir plus grand que le transversal. I] n’y aurait rien d'étonnant à voir passer ces melons à la forme de bou- teilles ou de cornichons. Leur surface est duveteuse et les poils assez roides, mais ceux-ci tombent à la parfaite maturité, et l’extérieur devient hsse. L’œil de dessus est très-grand, arrondi , discoïde , mat et jaune d’ocre. L’épicarpe ou la peau est fine mais résistante. En dedans la chair est blanche, allant un peu près les graines vers le jaune clair les graines attachées à six doubles placentaires se trouvent à mi-chemin du rayon du fruit, et entre elles existe un jus verdâtre plus ou moins dense. Les graines abondantes (environ 500 par fruit) ont huit millimètres en longueur, en larme et d’une couleur nankin très- claire. Le goût de ces melons varie beaucoup selon le degré de maturité ac- quise par le fruit , et cette maturité est plus ou moins parfaite selon la chaleur et la lumière du soleil. À l’égard du goût, on doit donc s'attendre à trouver des opinions très-diverses. Quand les circonstances sont favo- rables, un été chaud, clair et sec, cette chair est fortement aromatisée, d’un fumet délicieux, d’un arome qui fait rêver. La saveur est dans un bon fruit excellente, sucrée, et de ce goût spécial signalé par le parfum. Si ces circonstances favorisantes n’existent pas, saveur et goût inclinent vers Ja nature des citrouilles, et le melon Anne, tantôt un fruit de reine, devient un cornichon de la plus vulgaire nature. | Tel nous l'avons eu et cultivé, tel nous le donnons. Nous avons con- servé un certain nombre de graines que nous offrons à nos abonnés, mais nous devons les prévenir que nous n’ayons pu en récolter autant que nous l’eussions désiré. Chaque envoi ne sera donc que de deux ou trois graines. En supposant que le melon de la reine Anne reste à son plus mauvais état, il pourra toujours servir à orner les desserts et les tables, puisqu'il est de mode, dans notre siècle égoïste, de faire parade dans quelques maisons, de mets auxquels on ne touche jamais, voire même des homards en carton et des ananas en albâtre peint! Quant à la culture, ce petit melon se cultive absolument comme les grands : même sol, même exposition, même jour, pincement et féconda- tion. Nous pensons qu'il est bon, pour éviter les croisements, très-faciles à s'établir chez les variétés si nombreuses des espèces de cucumis, de ne pas cultiver ensemble des variétés de melons que l’on tient à conserver pures et intactes. AVIS. Distribution gratuite par envois de 2 à 5 graines de melon de la reine Anne aux abonnés qui en feront la demande affranchie. PT | Su NOUVEAUX DÉTAILS SUR LE FRAISIER COMTESSE DE MARNES, Par M. Bossix. L'année dernière, dans le 1°" volume de la Belgique horticole, p. 508, nous avons publié quelques renseignements sur une nouvelle fraise de la grosse espèce, dite anglaise, dont la haute dédicace fut offerte par nous à l’'auguste fille de Louis XVI, qui nous a autorisé à faire connaitre ce frai- sier en horticulture sous la dénomination de fraisier Comtesse de Marnes. Dans l’été de 1851 , la Société nationale d'Horticulture de Paris nomma une commission pour aller visiter ce nouveau fraisier, et voici la substance de ce rapport : « Les premiers fruits du fraisier Comtesse de Marnes offrent presque tous la particularité de ressembler à des tomates; vos commissaires en remarquèrent un et deux par pied de cette forme bizarre. Vos commis- saires, frappés de la grosseur et de la beauté de ces fraises, en cueillirent quatre qu'ils pesèrent et mesurèrent 1° Un fruit était du poids de. . . . . . 50 grammes. 2 Un démuemene sen 6 2 SR ER 3e Un trame de: 2 n Re Dqunmeide.i =. 2,7" » Total des quatre fruits. . . 128 » Ce qui fait en moyenne. . . . . . . 52 grammes par fruit. La mesure était 1° la circonférence d’un fruit, 16 centimètres ; 2 La circonférence d’un autre, 16 id. 2 mill. 9° La circonférence d’un autre, 16 id, k id. 4° La circonférence d’un autre, 46 id. 5 id. DE LA SUPER-VÉGÉTATION CHEZ LES POMMIERS, Par M. CH. MorrEn. M. Couverchel, dans son excellent Traité des fruits, donne le nom de super-végétation à un procédé de multiplication qui ne nous semble pas assez se définir par ce mot. « Un horticulteur, en Bohême, dit l’auteur, M a une plantation magnifique de pommiers de la meilleure espèce, qui ne proviennent ni de semaille , ni de greffe. Son procédé consiste à prendre une bouture choisie, qu’il implante dans une pomme de terre et qu’il place ensuite dans le sol, en laissant un pouce ou deux (27 à 54 milli- mètres) de scion au-dessus de sa surface. La pomme de terre nourrit le bois en attendant qu’il pousse ses racines. La bouture s'élève graduelle- ment et devient un arbre magnifique, donnant le meilleur fruit , sans qu’il soit jamais nécessaire de lui faire subir l'opération de la greffe. » M. Couverchel croit à la réalité de ce procédé parce qu’on voit des tiges de laurier-rose prendre racine dans des bouteilles remplies d’eau pure et que lui-même a fait germer des grains de blé, d'orge et d’avoine dans les œilletons qu'offre la pomme de terre. La germination s’est effec- tuée parfaitement, dit-il. Il aurait pu ajouter que depuis des siècles les Flamands et les Hollandais suspendent, l'hiver, une racine de navet, la tête en bas, le bout inférieur coupé et le pivot légèrement creusé, dans des chambres chauffées. Dans le creux de ce navet renversé, on dépose un oignon de jacinthe et on remplit d’eau tous les jours l'intervalle entre la bulbe et le navet. Le navet pousse ses feuilles et les envoie en haut en rosace, le pivot est à la fin caché dans une belle verdure crispée d’où s’élance la hampe fleurie de la jacinthe entourée de ses longues feuilles. On fait ainsi des ornements de salon extrêmement jolis et singuliers. Dans tous ces cas, il n'y a évidemment pas de soudure ni de greffe et la pomme de terre dans laquelle plonge la bouture du pommier remplit seulement à l’égard du scion les rôles de terre et d’eau d’arrosement. Quand on dit que les pommiers plantés de boutures par ce procédé bohé- mien produisent des fruits excellents, il ne faut pas attribuer ce succès à la pomme de terre qui leur a servi de véhicule ou de support, mais bien à l’espèce ou à la variété de pommier d’où les boutures sont prises. Quoi qu’il en soit, cette super-végétation sans adhérence est trop peu connue et le phénomène mériterait d'occuper nos amateurs d’arbres frui- tiers, sous le point de vue de la facilité de l'exécution. Les boutures d’une foule de plantes sont souvent transmises au loin fichées dans des pommes de terre qu’entretiennent la fraicheur. = = _ NN / \\ 2 ; \LE ge / \RZ 7 KL TP \NSZ £ LL j (! 5 Z ll 1: / L —— \ | CL = = À L Æ 1] PO) ) N = | É ll 1} Ÿ 1] HI! | JA) IRIS ; jf MA y} À & ll \\ ) (1) \ 1 | \ HA | UE N [ re ÿ X AU )) VI at D NN / 1 | NN NS LES SÈ \ OO & LL OS || S = )] JR A L . À : \\ 1] M ; &. \ | (l ; ÿ p 31! IR I SN \\E D)}}//) CO EL ) J << À f À ® A UE N AL 1) j a \ || JAN - \(n) k DH > AS V/ 4, 00 £ ; À NE WW MW) à - {0 /1 RP Li] LH) AU /, A NS W l, \\EZ ÿ, ) 1 D | AA % A, mon IA 0/1, TLE À 1 V4 4 Wars M TL] L 11] / 4 | 2 \ f GAY, N 9/1) y) / ANT J HE 7/1 1h f ] 7 ] / #/ / ; \\ = / ’ WI, 1 / KR V'J)) 1] y 1) fr. 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Tous nos légumes ont deux noms, le nom vulgaire et le nom scienti- fique. II est donc juste que le Tropæolum tuberosum ou la Capucine tubé- reuse ait aussi son appellation dans la langue parlée. Nous ne pouvons rien faire de mieux que de la nommer d’après la désignation sous laquelle la connaissent les Péruviens, puisqu'il s’agit d’une plante du Pérou. C’est, du reste, ce que nous avons déjà fait en 1849, dans une notice sur cette plante imprimée dans le Bulletin de l’Académie royale des sciences de Belgique (tome XV), et plus tard (1850) dans notre ouvrage intitulé Fuchsie ou Observations de botanique, d'agriculture, d’horticulture et de zoologie (p. 53). Nous continuerons done à appeler le tubercule du Tro- pæolum tuberosum de son nom péruvien Mayua. Cette plante décrite en premier lieu par Ruiz et Pavon dans la Flore péruvienne, tome IT, p. 77, et figurée par ses auteurs, pl. 314, fig. 6, a été étudiée par Kunth, qui nous apprend qu’elle croit spontanément et qu'on la cultive dans les Andes froides de Papaya, à une altitude de 4,550 toises, et surtout dans les environs de Surace. Les habitants du lieu en mangent les tubercules en guise de pommes de terre, et elle y fleurit comme chez nous, en octobre. Nous avons démontré dans notre Fuchsie (p. 56) par quelle circonstance historique relative à l'introduction à Cologne, en 1580, chez la cousine de Dodoëns, la veuve du conseiller Hopper, de la grande Capucine, le nom italien de Mastuorzo et le nom espagnol de Wastuerco étaient devenus, pour nos populations belges, celui de Mastouche. Nous avons donc tout le droit, puisque les Capucines des Français sont les Mastouches des Belges, d'appeler le Tropæolum tuberosum (MASTOUCHE TUBÉREUSE). Cette plante a été introduite vivante, en Angleterre, en 18928, et cultivée d’abord comme espèce d'ornement. Nous la cultivions en Bel- gique en 1838. Lors de l'affection des pommes de terre en 1845, l’atten- tion fut éveillée sur toutes les plantes tuberculifères, et, comme nous le disions dès cette année, la pomme de terre n’a pas cependant de succé- danée proprement dite. Aussi les recherches des botanistes, les voyages des naturalistes, les cultures des horticulteurs et des agriculteurs, la sol- licitude des gouvernements, toutes ces tentatives, très-louables dans leur but, sont venues échouer devant ce fait : que la pomme de terre ne peut se remplacer que par... elle-même. Elle n’a pas de succédanée. En 1845, cependant, le Mayua sortit de son inutilité. M. Neumann, jardi- nier en chef des serres du Jardin des Plantes à Paris, proposa de le manger en guise de cornichon, confit au vinaigre, et néanmoins il ne fut pas satis- fait de cet emploi. Un anonyme, quoique auteur, proposa de mettre ces — 212 — tubercules dans les sauces , les salades ; il trouva ce condiment très-bon. Les tubercules du Mayua, fort jolis à l’aspect extérieur , d’un beau jaune d’or, orné de larmes pourpres, de taches arrondies et d’un pointillé de la même teinte, se cuisent vite, mais 1ls dégagent après la cuisson une très- singulière odeur de foin, et on ne peut les manger quelques jours de suite sans éprouver un souverain dégoût pour cet arome de prairie. Aussi, avons- nousrenoncé à en faire usage sous cette forme, etnous ne proposerions à per- sonne de recommencer cette préparation autrement que pour la curiosité. Cependant, nous cultivons tous les ans les Mayuas en quantité, et nous en consommons beaucoup, mais sous la forme la plus simple, c’est-à-dire à l’état cru et proprement lavés. Nous ne les pelons pas même. On les conserve dans la cave avec les pommes de terre, et quand on veut les utiliser, on se borne à ôter la terre et à leur donner la propreté conve- nable par une simple aspersion d’eau. Coupés en tranches, directement sur son assiette et immédiatement avant de les servir avec les viandes brunes ou blanches, ces tubercules se mangent comme des cornichons qu'il ne faut, comme on voit, ni confire ni préparer. Les Mayuas crus ont une odeur et un goût qui tiennent à la fois du radis, de l’anis etun peu du gingembre. C’est un excellent digestif, et nous en avons parfois consommé, à un séul repas, trois ou quatre gros tubercules en les digérant fort bien. Sur la salade, coupés en tranches, ils font aussi fort bien. Enfin, nous connaissons des personnes qui les mangent avec des beurrés et un peu de sel,comme les radis, les ecrans, ou les raiforts (ramonaces des Belges). Les Mayuas sont nutritifs, excitants et apéritifs. Nous avons représenté pl. 56, fig. 2, un tubercule de la forme ordinaire, et fig. 5 et 4 des cellules démontrant que ces tubercules sont remplis de fécule. La liqueur des cellules est excitante, poivrée, et renferme un principe romane vola- tisable , sans doute une huile volatile. La culture des Mayuas est des plus faciles. On plante le tubercule apres les gelées et dans un terrain meuble, un peu gras et terreauté. On donne un piquet au végétal qui grimpe, et qu’il est bon de lier à son tuteur, ou bien on cultive sur rames. En juin on butte comme si on avait affaire à des pommes de terre, et on hausse la butte, en septembre. Les derniers Jours d'octobre, on voit fleurir, si le temps convient encore, cette capucine (fig. 4, pl. 56). La fleur est fort belle, portée sur un long pédoncule rouge; la corolle et le calice sont jaunes et vermillon. Il y a des années et des localités en Belgique où ces fleurs ne se développent pas, et on le concoit sans peine, puisqu'elles sont essentiellement automnales. Enfin, on trouve au pied, en décembre et janvier , de douze à trente tubereules de diverses grosseurs, depuis le poing jusqu’au pouce, et on les ôte tard: pour les utiliser et pour la reproduction. Nous avons souvent vu les tuber- cules passer l’hiver sous terre, les années où cette saison n’est pas rigou- reuse. Quand les tubercules sont superficiels, ils verdissent, même pen- dant l'hiver, et deviennent alors impropres.à la consommation. 1. Orchis militans var: iodocranus. 2, Hemiandra pungens . 3. Polygonum vaccnufolhium. £ & HORTICULTURE. NOTICE SUR L'ORCHIS BRUN A CASQUE ROUILLÉ OU ORCHIS FUSCA , VAR. IODOCRANA, Par M. Cu. MoRrREN. Nous abandonnons à tort dans nos jardins nos jolies plantes indigènes. Il en est parmi elles que l’horticulteur proprement dit, homme ordinai- rement de repos et de quiétude, casanier et parcimonieux de son temps, ne se hasarde jamais d’aller chercher dans leur station abrupte et péril- leuse. Changez le nom de ces plantes, qu’il ne les trouve pas dans quelque flore indigène , et dites-lui qu’elles viennent du Nouveau-Monde, il vous croira sans peine et s'extasiera sur leur beauté, leurs charmes et leur élé- gance. Jean-Jacques Rousseau, conduit par ses études admiratives de Ja nature, voulait que les jardins fussent surtout composés de ces êtres indi- gènes transplantés et soignés, et si le système du philosophe de Genève ne l’a pas emporté d’une manière exclusive comme il le désirait, dans notre moderne horticulture, du moins, il faut le reconnaitre, les Anglais, en le combinant avec l'emploi des espèces exotiques, en ont su tirer un heureux parti dans l’ornementation de leurs cottages et demeures champêtres. Rien ne remplace , par exemple, le joli rosa rubiginosa, embaumant les nuits humides d’un parfum suave et plein de poésie. Il y a vingt ans, nous connûmes à Gand un amateur chaleureux d’or- chidées indigènes, le sieur Van Maelsaecke, greffier du Tribunal de pre- mière instance , et cependant, cet ami de la Flore nationale ne cultivait guère, n'ayant pas d’autres espèces à cueillir autour de sa ville, que les orchis mayalis, latifolia et maculata. Son parterre était malgré cette pénu- rie l’objet d’une admiration universelle, et on remarquait dans son jardin, placé au milieu de la ville, des plantes de deux pieds de hauteur, dontlesépis mesuraient de 6 à 7 pouces de longueur et se trouvaient garnis de plusieurs centaines de fleurs. Les variétés obtenues ou choisies par lui étaient si nombreuses, que son parc d’orchidées offrait des multitudes de formes, de couleurs et de combinaisons qui lui permettaient de rivaliser avec un par- terre de tulipes, de jacinthes, de phlox et de bien d’autres plantes recher- chées et coûtant cher. Il y a telle prairie dans les provinces un peu mon- tagneuses de la Belgique ou vers les dunes de la mer qui offrent, en orchis morio, des centaines de variétés très-distinctes et d’un admirable effet : le tout est de les regarder et de ne pas fouler aux pieds ces charmants enfants de la nature. On a souvnet condamné et calomnié nos orchidées indigènes en disant que, filles de la liberté et de l'indépendance, elles ne subissent pas le joug BELG. HORT. T. II. 29 — 214 — de nos cultures, que le jardin devient pour elles une prison et le parterre limité une cellule. On a été plus loin, on a dit qu'indociles et capricieuses, elles ne tenaient pas la place qu’on leur donnait, et qu’elles avaient la faculté de marcher, au point qu’en dix ans elles parcouraient un pied de distance, qu'ainsi, elles sortiraient de leurs limites et franchiraient l’en- clos. Nous avons prouvé naguère , dans plusieurs de nos écrits, que cette opinion reposait sur une fausse interprétation d’une organisation à la vérité singulière, que certaines orchidées se déplaçaient réellement, mais, pour revenir à la place occupée par leurs aïeules, tandis que d’autres, considérées dans une série de générations, traçaient un cercle et sem- blaient valser sur elles-mêmes. Ces faits prouvent justement que ces orchi- dées se maintiennent très-bien dans leurs parterres. Nous ne nions pas que quelques-unes offrent des difficultés réelles dans leur culture, mais ces difficultés ne sont pas telles qu'on ne puisse les surmonter. C’est le beau de l’art de vaincre la nature, et, pour y parvenir, c’est la nature même qu'il faut étudier pour conduire l’art dans cette voie: natura artis magistra. Quand on imite dans les jardins les circonstances qu'offrent naturellement les stations où croissent ces orchidées spontanées et constantes chaque année, on parvient à les conserver et à les embellir par la culture. Pour cela, il est nécessaire d'étudier chaque espèce sépa- rément et de réunir ensemble celles qui croissent aussi ensemble dans un même lieu sauvage. Ainsi, on a peu de succès quand on place dansun même parterre les espèces des bois et des bosquets ombragés, celles des pâtu- rages secs, rocailleux et exposés en plein soleil ardent du midi et même celles des prairies basses, humides et parfois entièrement submergées au pied des herbes. Vouloir dompter toutes ces natures et les plier à une seule exigence, est aussi impossible pour ces orchidées que pour telles autres plantes d’un genre ou d’une famille quelconque. C'est pourtant cette mauvaise voie que nous avons vu suivre dans quelques jardins, et nous n’en exceptons pas même les jardins d'instruction ou botaniques. Là, il faut réunir les espèces par famille : c’est le despotisme de la classi- fication qui l’ordonne et dans un même parterre, sur le même sol, avec ou sans ombrage, à la même exposition et sous les mêmes vents, il faudrait savoir conserver en vie, faire prospérer et fleurir des plantes nombreuses d’une allure et d’une nature toutes différentes les unes des autres. On concoit l’impossibilité de succès dans ces cultures, à cette seule réflexion. Dans un jardin d'agrément où subsiste la liberté d'action et de placement où l’on n’a pas à tenir compte des ordres d’une méthode quelconque, on peut cultiver les orchidées avec succès. Dans les jardins botaniques de l'Angleterre , on réserve souvent une partie pour les plantes indigènes qui y sont placées selon leur station naturelle. On peut imiter cette idée dans un jardin privé et choisir les places selon les besoins de la plante. Parmi les plus jolies, les plus gracieuses, les plus élégantes , les plus variées et nous dirons les plus extraordinaires des espèces indigènes, les amateurs ont depuis longtemps distingué l’orchis mulitaire (orchis mili- taris de Linné) ainsi nommé parce que sa fleur, munie d’un casque et d'organes vigoureux, ayant, aux yeux de Linné, je ne sais quel air redou- table, rappelle le caractère martial et le port altier d’un homme de guerre. Ilest vrai que lorsqu'on regarde la fleur de près et avec tous les secours d’une féconde imagination , on y voit plutôt la représentation de quelque espèce de singe que celle de l’espèce humaine, quelque soit son vête- ment. Sous la coiffure, on semble apercevoir les deux yeux allongés, le le nez épâté et aplati et la bouche relevée et fendue de ces intéressants quadrumanes. Le tablier même imite la casaque dont on affuble les singes aux foires. Les caractères botaniques de cette espèce d’orchis sont : le labellum tri- partite, lisse ou ponctué, allongé, les divisions latérales linéaires , l’inter- médiaire bilobé et ses lobes parallèles aux premières divisions du dessus; entre les lobes une pointe ou mucron; les segments du périgone aigus et connivents ; l’'éperon un peu courbé, le double plus court que l'ovaire, les bractées très-courtes et les feuilles de la plante larges, lancéolées et obtuses. Je trouvais dans ma jeunesse cette magnifique plante dans le bois de Forest, près de Bruxelles, où j'espère qu’elle se sera conservée dans le pare de M. le comte Coghen , qui a eu le bon esprit et je dirai même Ja généreuse nationalité de conserver , aux investigations des botanistes belges, un lieu illustré par les recherches de Dekin, de Pollart de Cani- vris , de Passy, de Kickx, cette légion de noms historiques dans les annales de la science. Tous les ans, je vais revoir ma jolie plante sur la montagne de St.-Pierre, près de Macstricht, où elle abonde, et dans quelques vallées des bords de l’Ourthe. Mais ceux qui voudront transplanter dans leur jardin une autre magni- fique espèce , devenue cette fois une plante rare dans nos contrées et in- connue à nos jardins, devront parcourir la pittoresque vallée de la Mé- haigne en partant de Huy et en longeant cette capricieuse rivière. Les sites y rappellent toute la sauvagerie des Alpes, et là, sur le calcaire, entre les blocs entassés et cimentés par une argile diluvienne couverte d'un épais et court gazon, ombragé par les cimes des hêtres, des chènes et des bouleaux , ils verront s'élever l’orchis fusca, de Murray , dans le beau costume que reproduit notre planche ; un épi de 5 à 4 pouces, des fleurs de près d’un pouce de large, d’un rose charmant , ponctuées et linéolées de pourpre, le périanthe entier au contraire d’une haute couleur de rouille et comme bronzé. C’est ce dernier caractère qui distingue ces orchis fusca de la Méhaigne, et qui nous les a fait nommer 1odocrana, c’est-à-dire à casque rouillé. Cette singulière couleur donne à cette plante un air dis- tingué, et nous sommes persuadé que, si elle était placée en fleur dans quelque serre à orchidées exotiques, bien de ces filles prétentieuses de la zone torride auraient à se cacher devant l’amazone au casque d’airain de la petite rivière de la Hesbaye, ” pee Les classificateurs ont beau faire, ils ne parviennent jamais à circon- scrire les caractères dans des limites d’où ils ne sortent pas. L’orchis fusca de Murray, se distinguerait de l’orchis militaris par un éperon trois fois plus court que l’ovaire au lieu de deux fois, par un périanthe d’un brun pourpre, court et connivent. Or, cette variété iodocrana forme évidem- ment le passage entre les deux espèces : l’éperon est aussi court que dans le type du fusca, son périanthe est aussi court et roux, mais le labellum n'offre pas de points élevés, ni le bord brun de l’espèce typique de Murray (1). C’est dans les mois de juin et de juillet, selon les années, que la plante : fleurit et se trouve dans toute sa beauté. Culture. Nous n’avons pas hésité d’ôter de terre les plantes fleuries et de les placer dans un parterre du jardin botanique de Liége , entouré de gazon et sous des pommiers qui projettent une ombre salutaire. Le fond de la terre est l’argile diluvienne si abondante en Belgique. C’est précisé- ment ce qu'il faut à l’orchis brun. Comme elle vit sous les arbres et dans le gazon, l'hiver elle est couverte et protégée par les feuilles tombées. On a depuis longtemps démontré que cette couverture est spécialement favo- rable aux orchidées des forêts. Pendant la saison rigoureuse on a soin de déposer sur les parterres où ces plantes sont rassemblées, une couche d’un pied de hauteur de feuilles sèches. Dans les beaux jours de février (et un proverbe dit en Belgique que ce mois nous doit onze Jours de printemps) on commence à enlever ces feuilles sous lesquelles la végétation prendrait des devants dangereux. La recrudescence presque habituelle de l'hiver, après ces promesses trompeuses, force le jardinier soigneux àremettre les feuilles, que le rateau a rassemblées provisoirement, au bord du parterre, et on attend ainsi la série non interrompue des beaux jours d'avril et de mai. Alors, les feuilles sont enlevées et les orchidées poussent à leur aise. Tous les ans nous voyons ainsi prospérer et fleurir les orchis militaris, conopsea, majalis, latifolia, maculata , morio et le bel orchis fusca s’ac- commode parfaitement de ce traitement. L’orchis ustulata, si abondant dans les prairies des bords de l’Ourthe, est plus difficile et dégénère vite: il lui faut, en effet, l'humidité des prairies et le soleil en plein. On a depuis quelques années essayé de semer des orchidées exotiques dans les serres. M. Jean Van Volxem a réussi en Belgique à faire lever des Phajus de cette manière. M. Viot, de Verviers , a eu aussi de beaux succès dans les serres de M. Jacob-Makoi avec d’autres espèces. Ce fait dhorticulture n’est plus douteux aujourd’hui. Il serait très-curieux d’es- sayer ces semis avec nos espèces indigènes dont il n’est pas rare de ren- contrer des épis de fruits parfaitement mürs. Nous recommandons ces expériences à nos horticulteurs de plantes de pleine terre : elles sont dignes de toute leur sollicitude, car, s’ils réussissent, et nous avons foi (1) C’est par erreur que le graveur a placé le nom de militaris sur la gravure de l’orchis fusca. 2. > — 217 — dans cette possibilité, il n’y a pas de doute de voir augmenter le contin- gent de nos plantes, d'espèces aussi variées que magnifiques. La nature n’a pas heureusement relégué toutes ses beautés dans les forêts tropicales. SUR L'HÉMIANDRA PUNGENS, Par M. Cu. MoRREnx. Parmi les plus jolies plantes introduites de l'Australie, par les soins de M. le baron Hugel de Vienne, figure une espèce d’Hemiandra appelée pungens par Robert Brown. C’est un arbuste bas, variant sans doute de grandeur dans son lieu natal. La tige est droite , un peu raide, glabre ou velue, les feuilles mesurent un demi-pouce ou un pouce de longueur, linéaires ou lancéolées, striées, raides et piquantes au bout, ordinaire- ment horizontales. Les fleurs sont axillaires portées par des pédoncules plus courts ou plus longs que le calice, ayant deux bractées subulées au sommet. Le calice est glabre ou velu, à deux lèvres, la supérieure longue, entière et terminée par une soie ; l’inférieure plus courte, bifide, les lobes aigus. Le tube de la corolle est deux ou trois fois plus long que le calice, renflé en haut, le limbe offre deux lèvres (la plante appartient aux la- biées) ; la lévre supérieure présente deux lobes courts, obtus; l’inférieure trois lobes , les deux latéraux émarginés et l'intermédiaire plus large, émarginé, bifide et denté. La couleur est un lilas un peu rougeûtre et des taches purpurines sur la gorge et la partie la plus pâle de la corolle. Culture. Ce joli arbuste, qu'ont recu récemment les horticulteurs de Belgique, se vend encore actuellement 5 francs; mais, plus multiplié, il ne tardera pas de descendre de prix. On le cultive dans un mélange de terre de bruyère et de terreaude feuilles sur un fond de tassons. Lesjeunes plantes se tiennent dans une serre froide bien aérée, jusqu’en juillet; puis, on les met à l'ombre en plein air jusqu’en automne. La reproduc- tion se fait par boutures sous couche. Nous tenons ces détails de M. Hum- frey, professeur de botanique à l'hôpital St.-Georges à Londres, qui les à consignés dans le Magazine of Botany, de M. Thomas Moore. Notre planche 37, fig. 2 représente cette espèce. SUR LE POLYGONUM VACCINIFOLIUM, PAR LE MÈME. Dans l’Inde boréale, tantôt à 7,000, tantôt à 145,000 pieds d'altitude, en compagnie du Polygonum viviparum déjà répandu dans nos jardins, et du Polygonum Brunonis croît la renouée à feuilles de myrtille que repré- sente la pl. 57, fig. 3. Le capitaine William Munro a introduit, en 1845, CE des graines de cette jolie plante dont les épis à fleurs roses produisent un charmant effet. On les sème entre les rochers ou sur un sol rocailleux, et dès que le sol est un peu fort, cette renouée acquiert une végétation ra- pide. On la reproduit par boutures ou par les coulants qui s’enracinent sur le sol. Les feuilles rappellent la myrtille. Les sommités fleuries se développent en quantité, et ce polygonum produit ainsi un gracieux aspect. L’éloge qu'en fait M. Thomas Moore ne tardera pas à le répandre sur le continent, et la plante s’étant multipliée en énorme quantité en Angleterre, ce sera une acquisition des plus utiles et des plus ornemen- tales. Son extrême facilité à se reproduire mettra bientôt son prix au plus bas taux des plantes commerciales, c’est-à-dire cinquante centimes. RECHERCHES SUR LES VARIÉTÉS ET LES HYBRIDES DES MIRABILIS JALAPA ET LONGIFLORA, Par M. H. Lecoo, Professeur d'histoire n‘turelle de la ville de Clermont. Le genre Mirabilis de Linné ne renferme, jusqu’à ce jour, qu’un petit nombre d'espèces, dont la plus commune, connue de tout le monde, est le Mirabilis jalapa, cultivé dans tous les jardins pour la beauté de ses fleurs. On remarque, dans les mêmes lieux, le Mirabilis longiflora L., dont les fleurs singulières répandent tous les soirs des émanations parfu- mées. La première de ces espèces est vivace et originaire du Pérou selon les uns, des Indes-Orientales suivant d’autres auteurs. La seconde, qui passe pour annuelle, est du Mexique. Une troisième espèce est le #. di- chotoma L. du Mexique, vivace par ses racines; puis vient le M. hybrida Lepell. de la Nouvelle-Grenade. Deux autres espèces , le A1. suaveolens, Hort. brit., etle A7. uniflora Schrank , sont indiquées la première comme du Mexique , la seconde comme du Brésil. Enfin, j'ai recu, du jardin bo- tanique de Bruxelles, deux espèces désignées sous les noms de 4. ambigua et M. planiflora, toutes deux à fleurs rouges, très-difficiles à distinguer entre elles, et différant à peine du A. jalapa, si ce n’est par leurs graines plus arrondies et plus fortement striées, caractère qui a peu d’importance dans le genre dont nous nous occupons. J'ai cultivé, à l'exception des A. suaveolens et uniflora dont je n'ai pu me procurer les graines, ces divers Mirabilis, et, pour le moment, je ne puis reconnaitre pour espèces bien distinctes que les quatre suivantes : M. jalapa, fleurs rouges. M. longiflora, fleurs blanches. M. hybrida, fleurs carnées. M. dichotoma , fleurs jaune-pâle, 1 i : 2 — 219 — Je ne puis me prononcer sur les Mirabilis suaveolens et uniflora, ni sur le M. divaricata Low. indiqué à Madère. Les expériences que je vais rapporter doivent d’ailleurs rendre très-circonspect sur la création d’es- pèces nouvelles dans ce genre. Mon but est de m'occuper , par la suite, des diverses espèces à mesure que je pourrai me les procurer , et même des Calyxhymenia qui en sont voisins, mais pour le moment, tout ce que j'ai à dire se rattache aux deux espèces communes, les M. jalapa et longiflora. Le M. jalapa dont le type rouge est naturalisé et se reproduit de lui- même dans nos jardins et surtout à la Guadeloupe, nous présente d’abord deux variétés très-distinctes, la blanche et la jaune. Ces trois couleurs se sont depuis longtemps mélangées , et l’on obtint d’abord des variétés rouges et blanches, plus tard des panachures de rouge et de jaune , et enfin, plus tard encore, les Mirabilis blancs et jaunes qui restèrent long- temps assez rares. Aujourd’hui ces six variétés se reproduisent constam- ment de graines, ce sont des races fixées. On a même obtenu accidentel- lement quelques pieds qui produisaient des fleurs où les trois couleurs primitives des trois premières variétés, le blanc, le rouge et le jaune, se montraient à la fois ; mais quoique j'aie recu plusieurs fois des graines intitulées : Variété tricolore, et que je n’aie aucune raison pour soup- conner une fraude ou une erreur dans le certificat d’origine, je n’ai jamais obtenu de ces semences que des fleurs bicolores. Admettons cependant l'existence de cette dernière variété. Ajoutons-y une autre variation d’un rouge moins vif et plus violacé, et nous porterons ainsi à huit le nombre des variétés connues et distinctes du Mirabilis jalapa. Quant au Mirabilis longiflora, c’est une espèce d’une grande constance que nous n’avons jamais pu ébranler par la culture. Ses fleurs sont restées constamment blanches , ses jeunes pousses glutineuses , et le tube de sa corolle n’a pas varié de longueur. J’ai recu, il est vrai, plusieurs fois, sous le nom de longiflora var. vio- lette, des graines qui ont donné naissance à une plante velue analogue au longiflora, mais très-différente par ses fleurs violettes à tube moins long, par sa moindre vigueur et par le petit nombre de graines qu’elle produit. Elle a tous les caractères d’une hybride, mais ses graines la reproduisent constamment, et si, lorsqu'on les achète, on trouve souvent dans les semis des prétendus retours au type primitif, cela tient à ce que les semences étant toujours rares, on fournit quelquefois les paquets avec les graines du longiflora ordinaire, ce qui occasionne le retour de bon nombre d'individus. Celles que l’on récolte chez soi n’offrent pas de métamorphose. Si, comme tout porte à le croire, cette prétendue variété est une hybride d'espèce, elle ne me paraît pas due au alapa, à moins que la longiflora n’ait agi comme porte-graine, état que je n'ai jamais pu observer. Tel était l’état de mes connaissances et de mes variétés, quand j'ai tenté les premiers essais sur la culture et les croisements de ces nyctagi- — 2920 — nées. Avant de m'occuper des résultats, je dois dire quelques mots sur les habitudes de ces plantes et sur ma manière d'opérer. Nous allons donc étudier d’abord : 4° les mœurs des Mirabilis et les moyens de les hybrider; 2° les hybrides de variétés; 3° les hybrides d’es- pèces; 4° les hybrides d’hybrides; 5° enfin nous dirons quelques mots de leur culture et de leur emploi pour la décoration des jardins. 1° MOEURS ET HABITUDES DES MIRABILIS. Dans nos climats, les graines des Mirabilis, qui tombent à l'automne, restent enfouies jusqu’au printemps suivant, et ne sortent guère de ‘terre qu’au mois de mai. Elles passent quelquefois plusieurs années sans se mon- trer et sans perdre leur faculté germinative. Si on les sème, c’est à la fin d'avril seulement qu'il faut faire cette opération ; car les moindres gelées sont à craindre et la plante est perdue. Elle végète avec rapidité, montre ordinairement ses premières fleurs en juillet, donne ses premières graines un mois après l'épanouissement , et continue ainsi à épuiser la série dichotomique de ses rameaux jusqu'aux gelées ou jusqu’à ce qu’elle périsse d’épuisement. Le nom de belle-de-nuit donné à ces végétaux , indique suffisamment qu'ils appartiennent à ces groupes de plantes nocturnes qui accomplissent la nuit les mystères de leur fécondation, et, en effet, leurs fleurs éphé- mères craignent les rayons du soleil ; elles s'ouvrent le soir et se ferment le matin pour ne plus reparaître sur la scène du monde. Toutefois, Pheure de leur épanouissement est variable, et la température semble avoir sur elles au moins autant d’influence que la lumière. Dans les derniers jours de juillet et pendant les chaleurs du mois d'août, les corolles s'ouvrent tard et se ferment de bonne heure. C’est vers cinq heures du soir qu’elles commencent à éclore, c’est quelquefois avant 8 heures du matin qu’elles sont fermées, et quand les journées sont extré- mement chaudes, elles attendent 6 heures du soir et même 7 sans être soumises le matin à aucune espèce de compensation. Mais à la fin d'août et dans les premiers jours de septembre l'épanouissement avance à me- sure que la température s’abaisse. Les fleurs s'ouvrent dès 4 heures du soir, souvent à 40 heures du matin elles sont encore épanouies , et lon voit pendant certaines journées fraiches et par un ciel nuageux la floraison se prolonger d’un soir à l’autre et les corolles se flétrir seulement au mo- ment où les autres vont éclore. Le M. jalapa s’épanouit toujours plus tôt que le Mirabilis longiflora, et il arrive très-souvent que ce dernier ne s'ouvre complétement que pendant la nuit, et le matin, ses corolles sont déjà flétries que celles du Æf. jalapa brillent encore de tout leur éclat. Rien du reste n’est plus facile que d’opérer l’hybridation sur ces deux espèces. Les étamines, au nombre de cinq, donnent un pollen assez gros de visible à l'œil nu qui reste longtemps fixé sur la membrane de l'anthère. 11 suflit done, dès 4 à 5 heures du soir, d'enlever les 5 étamines des fleurs que l’on veut féconder, mais auparavant il est nécessaire de préparer le sujet; de lui ôter une partie de ses branches, de détacher les fleurs pré- cédemment épanouies et les fruits qui ont pu leur succéder, afin d’avoir des graines réellement hybridées et de restreindre le nombre considérable de semences que peut produire un seul pied. Une fois les étamines enlevées aux fleurs qui sont à peine épanouies, il faut attendre que l'anthèse ait lieu pour se procurer du pollen. C'est vers 7 à 8 heures du soir que l'on voit les étamines du H. jalapa couvertes de grains de pollen. On détache alors un certain nombre de fleurs et on pose à la main le pollen sur les pistils des fleurs préparées par la castration. Pour recueillir du pollen du M. longiflora , il faut attendre le lendemain matin ou bien presser légèrement les anthères entre les doigts, pour en ouvrir les loges. Rien de plus simple , comme on le voit, que ces procédés, et ils per- mettent d'obtenir d'innombrables variétés dont l'éclat est au-dessus de ce que l’on peut imaginer et dont la durée récompense amplement des pre- miers soins qu'elles exigent. HYPRIDES ENTRE VARIÉTÉS DU MIRABILIS JALAPA. Nous avons vu plus haut que le nombre des variétés que nous avions à notre disposition étaient de huit sculement, et que ces variétés diverses ont servi à nos essais. Nous ne prétendons pas que ce soient les seules con- nues, nous croyons même que plusieurs autres coloris ont été accidentel- lement obtenus; mais nous pensons qu'à notre époque ces huit variétés, tout au plus , se reproduisent de graines sous notre climat, tandis que, sous un ciel plus chaud , il existe d’autres eoloris qui ne sont également que des variations du Âirabilis jalapa. | J'ai donc tenté, en 1846, de nombreuses hybridations entre les six pre- mières variétés que j'ai citées, pour obtenir des variations dans la couleur du Mirabilis jalapa: On sait que dans cette espèce on n'obtient guère de couleurs fondues de tons différents comme dans les auricules ct les pri- mevères, mais plutôt et presque toujours des panachures plus ou moins complètes. Ainsi les trois couleurs, telles que le rouge, le blanc et le jaune, restent séparées dans une même fleur et donnent des mélanges de deux de ces couleurs qui produisent un très-bel effet, Rarement ces panachures sont régulières, et presque jamais elles ne se reproduisent identiques sur toutes les fleurs d’un même individu. Au contraire, on trouve sur le même pied toutes les panachures possibles, depuis une égale proportion des deux nuances employées , jusqu'à une séparation complèle ; puisque souvent on voit sur un même rameau des fleurs unicolores et différentes représentant chacune unc des deux nuamees BELG. HORT. T. W, 30 qui panachent les autres fleurs. Il faut dire eépendant que, dans ce cas, très-ordinaire pour la,plante qui nous occupe , une fleur à nuances uni- formes qui naît sur un pied panaché, participe souvent des deux couleurs fondues. C’est ainsi que le rouge et le jaune se fondent pour constituer des fleurs cuivrées ou d’un rouge briqueté, tandis que le blanc s’unit très- rarement avec le rouge pour produire des fleurs couleur de chair ou d'un rose pâle. Tous ces jeux de couleur, dans ce Mirabilis, me le firent considérer comme une espèce très-propre à quelques essais que je voulais entre- prendre, d’autant plus que l’on sait très-bien que cette plante reproduit exactement ses variétés par la graine. Je choisis done six pieds de Hira- bilis jalapa, tous de couleurs différentes, trois unicolores et trois pana- chés, et j'opérai avec soin une fécondation croisée sur cent fleurs environ de chaque pied. Les sujets avaient été bien préparés, beaucoup de bran- ches retranchées, bon nombre de fleurs supprimées, et après la féconda- tion toutes les fleurs ultérieures furent pincées avant leur épanouissement. Ce travail fut assez long , mais j'obtins près de six cents graines parfai- tement mures qui furent semées en 1847. J'avais basé mon hybridation surle désir que j'avais d’obtenir des fleurs tricolores, et de voir si les couleurs qui, réunies deux à deux, tendaient à rester distinctes au lieu de se fondre sur la même fleur, continueraient à rester séparées et m'offriraient de triples panachures. Je fécondais donc une fleur unicolorce par le pollen d’une plante possédant les deux autres nuances, cherchant à réunir chaque fois les trois couleurs, blanc, rouge et jaune, en une seule, et j’ajoutais par conséquent la couleur qui manquait quand j’hybridais des pieds déjà panachés. Toutes mes plantes furent ainsi mises à même de me donner les trois couleurs réunies. Un résultat tout à fait inattendu vint me surprendre. Dans toutes ces hybridations je n'obtins , sur six cents plantes , que deux ou trois pieds entièrement blancs, que je suppose avoir échappé à la fécondation artifi- cielle, un très-pelit nombre de panachures blanches et rouges, un nombre plus considérable de panachures rouges ct jaunes, et une quantité prodi- gieuse de rouges de toutes les nuances. Il est évident, dans cette expérience, que le blanc a pour ainsi dire disparu , et que le rouge au contraire s’est étendu , tandis que le jaune a joué un rôle mixte. Aucune plante ne m’a donné franchement des fleurs tricolores, mais plusieurs pieds m'ont offert de temps en temps les trois couleurs entièrement séparées sur quelques-unes de leurs fleurs. Examinons maintenant , séparément , comment chaque couleur s’est comportée. Blanc. Dans toutes les hybridations, le blanc, comme nous venons de le dire, s’est presque complétement effacé. Le pied mère, de couleur blanche, NE hybridé par rouge et jaune, ne nr'a pour ainsi dire fourni que du rouge ou un mélange fondu de jaune et rouge assez terne et comme cuivré. Je n'ai obtenu ni panachures, ni rouge pâle, ou du moins très-rarement, et sur deux cents graines je n’ai eu que deux pieds blancs, que j'attribue tres- positivement à des fleurs qui auront échappé à l’hybridation. Ainsi, chaque fois que le rouge et le jaune se sont trouvés en contact avec le blanc, non-seulement le blanc s’est comporté comme teinte neutre et sans influence, mais le jaune s’est combiné au rouge et a produit des nuances cuivrées ou plus ou moins orangées. Il y a eu cependant quelques plantes à fleurs d’un carmin très-pâle dans lesquelles le blanc a eu une certaine action. Rouge. Cette couleur est certainement la nuance primitive du Mairabilis jalapa. Dans les variétés le plus ordinairement cultivées, on distingue surtout deux nuances de cette couleur : le‘rouge vif écarlate sur les bords de la corolle et le rouge carminé tirant un peu sur le violet. Dans mes hybridations, un pied rouge écarlate d’une nuance très-vive a recu le pollen de la variété blanche et jaune. Je n'ai obtenu de ces graines que des fleurs rouges; les unes ressemblant à la mère et la plupart offrant une teinte de rouge contenant évidemment du jaune et tirant à l'orangé. Toutes les nuances saumonées se sont montrées dans ces diffé- rents rouges ; quelques fleurs ont approché de l’aurore, des teintes cui- vrées , mais le blanc a disparu et l’attraction du rouge pour le jaune a été telle, que partout les deux couleurs se sont associées. Après avoir attendu de mes nombreuses hybridations une foule de panachures, j'ai été surpris de voir surgir cette variété de nuances fondues qui provenaient toutes de mélange en proportions différentes de rouge et de jaune. Malgré cela, l’orangé pur, si brillant dans la capucine et dans la variété du rosier églantier, ne s’est jamais montré, ct cela tient évidemment à ce que le rouge du Mirabilis contient toujours un peu de bleu; et l’on sait que le mélange des trois couleurs primitives , surtout si les proportions sont inégales, donne des tons sales et brunâtres qui masquent toujours la vivacité des couleurs binaires. On voit pourtant dans la nature quelques exceptions. Ces nuances si suaves et si pures du chamois et de la teinte saumonée sont formées de trois couleurs affaiblies par du blanc qui agit en éloignant , en séparant chaque cellule diversement colorée, et en em- pêchant le mélange intime qui n’agit plus sur l’œil de la même manière. Ainsi, dans la belle de nuit, la petite quantité de bleu qui donne aux fleurs rouges une teinte de violet, s’oppose aux belles nuances d’orangé que donnerait le mélange du jaune et du rouge par les hybridations. Jaune. Nous venons de voir Ja grande attraction du jaune pour le rouge. Aussi, + BU — tous les mélanges dans lesquels le jaune a été fécondé par blanc et rouge, ont donné des fleurs cuivrées ou fauve orangé, et enfin très-différentes des belles panachures que j'attendais. Le blanc a également disparu. Je n’ai pas obtenu de ces fécondations croisées, beaucoup de plantes entière- inent jaunes, cependant plusieurs se sont montrées, quelques-unes d’un jaune assez pâle et d’autres d’un jaune plus foncé. Cette couleur n’a done été remarquable que par sa fusion avec le rouge. Panachures. Peu satisfait des résultats que j'avais obtenus, je repris, en 1847 , mes hybridations; et cette fois je fécondai des pieds panachés et par consé- quent bicolores par d’autres fleurs qui offraient aussi deux couleurs, dont l’une était différente de celles des fleurs que j'hybridais. J'avais alors x ma disposition les panachures ordinaires qui sont des mélanges binaires. de blane et de rouge, de rouge et de jaune et de jaune et de blane. Je n'avais pas vu encore de plantes franchement tricolores. Ces diverses panachures ont été hybridées soit entre elles soit par des fleurs carminées, et j'ai pu reconnaitre encore dans ces hybrides l'attraction du rouge pour le jaune. Dans les plantes jaune et rouge, hybridées par rouge et blanc, le rouge a pris le dessus et s’est souvent mêlé au jaune sans panachures. D’autres fois les panachures sont restées, mais le rouge s’est montré sur du jaune affaibli par du blanc. Dans les rouges et blanches hybridées par Jaune et blanc, le jaune s’est uni au rouge qui, de carminé qu'il était, s’est orangé ou cuivré , et le blanc est resté intact. Enfin, quand ces différentes plantes panachées ont été hybridées par la couleur rouge carminée, c’est-à-dire contenant un peu de bleu, ce bleu du carmin violacé s’est constamment uni au rouge, même dans les pana- chures sur fond jaune, et s’est soigneusement séparé de cette couleur com- plémentaire. Aussi ai-je obtenu de très-belles variétés dans les pana- chures jaunes, sur lesquelles le carmin violacé s’est montré par bandes ou macules, ou comme un poinüllé plus ou moins fin. Plusieurs pieds m'ont offert des fleurs tricolores, mais en petit nombre et très-remarquables. En sorte que, sous le rapport pratique, ce sont sur- tout les variétés panachées qu'il convient d’hybrider entr’elles ou avec des fleurs carminées. “e En 1848, j'essayai ce que je nomme Fhybridation en mélange , e’est-à- dire qu'après avoir préparé quelques pieds dont un tricolore, j'en hybri- dais les fleurs avec un mélange de pollen, recueilli sur un grand nombre ou du moins sur plusieurs variétés. J'obtins ainsi en grande quantité des pieds à fleurs tricolores, provenant indistinctement ou de la plante qui présentait déjà ces caractères, ou des autres qui avaient recu l'imprégna- tion d’un pollen composé. Ne R — Je rappellerai, à ce sujet, que j'avais déjà pratiqué, sur diverses variétés de primevères et d’auricules , ces hybridations en mélanges, et que je suis presque convaincu, par les résultats que J'ai obtenus, qu’une graine fécondée peut avoir deux pères. Mes essais d'hybridation , entre variétés de Mirabilis jalapa, furent continués avec persévérance jusqu'en 1850, et les fleurs obtenues cette année 18b1 , ne m'ont pas semblé offrir de nuances ni de panachures que je n’eusse déjà remarquées. (La suite au prochain numéro.) REVUE DE PLANTES NOUVELLES. Allium caspium. Bicb. Flor. Taur. vol. 1, p. 265, vol. p. 260. — Pall. ft. vol. 5, p. 548. — Don, monogr. all. 85. — Kunth. Enum. pl. vol. 4, p.445. — Hook. Bot. mag. 4598. 1851. Synonymies : Ama- ryllis caspia. Willd. sp. pl. vol. 2, p. 62; Crinum caspium, Pall. it. app. n. 156. T. Q. Oignon caspien. Famille des asphodelées. Feuilles oblon- gues-linéaires, subacuminées, glauques, ombelle multiflore lache, ample, subglobuleuse, pédicelles très-longs, raides, bractéolés à la base, sépales oblongs un peu obtus , étamines presque le double plus grandes que le calice. Cette plante est originaire d’Astrakan et Tezzier. Le docteur Stocks la trouva dans le Scinde. Cet oignon ressemble si peu aux autres espèces de ce genre, que Pallas en fit un crinum et Willdenow une amaryllis. Introduite il y a vingt ans, cette plante est devenue très-rare en Europe. Culture. Quoique probablement ellepuisse affronter nos hivers en pleine terre, on {era bien de la retirer dans l’orangeric pendant la mauvaise saison. Elle fleurit au commencement de l’été mais ne produit pas facile- ment des graines. La multiplication se fait donc par cayeux. Chrysobactron Hookeriïi. Colenso, in lith. Hook. Ic. Plant. 2817. — Hook. Bot. mag: 4602. 1851. Chrysohactre de Hooker. Famille des asphodélées. Feuilles linéaires-ligulées, acuminées, grappes (épis) laxi- flores (?) ovaire obové, capsule supportée à la base par un petit support. Telle est la description de sie Will. Hooker ; mais la figure qu'il y joint ne prouve pas que l’épi soit laxiflore : les fleurs s’y recouvrent les unes les autres. Cet épi est d’un beau jaune d’or. Le genre lui-même est nouveau et ne renferme ençcore que deux espèces, celle-ci et le €. Rossi. Cette dernière à été trouvée aux iles Auckland ; la première vient de la Nou- velle-Zélande où elle croit dans des endroits humides et formant des touffes parfois d’un pied de diamètre. | Culture. En 1848 on en reçut des racines vivantes; on les fit pousser et elles fleurirent en 1851. Les plantes passent l'hiver dans une serre froide et peut-être pourra-t-on risquer de les confier à la pleine terre. À es CE 7 x 72 LUZ LITTÉRATURE BOTANIQUE ET HORTICOLE. LES NÉPENTIIÈS OU LES PLANTES À AMPHORES, Par M. CH. MORREN. ... . . . . « Qu'on apporte de l’eau , demain Télémaque et moi nous nous entretiendrons ensemble. » « Il (Ménélas) dit : Asphalion, l'un de ses écuyers, verse de l’eau sur les mains des convives et le festin recommence. La fille de Jupiter, Hélène, est saisie d'une idée nouvelle; elle fait soudain jeter du NÉPENTHÈS dans le vin qu'on va boire. Le NÉPENTHÈS calme les mouvements de l'âme et fait oublier tous les maux. Og Tè xaTraBËerEr, ÉTYy 2pyTHpl VE) , O5 xey Épyuépiôs ve Bidou xata d'éxpo xaÿelo, Oud'ÉL C1 XATATESYUIY MYTYS TE TUTHD TE, Oud'Ei & rpordpoiSsy AdEg1dY ÿ pidoy D197 7 % 0 La 9 7 e d Xu249 dyldoes, 8 d°SpSaAubor 65@T5 (‘) ‘ » Mélé dans un breuvage, celui qui en boit ne versera pas une larme dans tout le jour. Que son pèrc, que sa mère, expirent devant lui; qu'un frère, un fils, tendrement aimés, soient égorgés par un fer ennemi; qu'ils le soient sous ses yeux, il restera insensible comme le marbre des tom- beaux. Tel est le secret que possède Hélène ; il lui fut confié par Poly- damna, femme de l’égyptien Toni. L'Égypte produit en abondance des plantes salutaires, des substances équivoques et de mortels poisons; des médecins y sont, qui n’ont point d’égaux dans l’univers : ils sont issus de la race de Péan. (°) » Tel est le passage où Homère chante les vertus des Népenthès dont léty- mologie »1 sans et rev%es douleur , chagrin, exprime parfaitement la pro- priété. | Nul , hors Linné, ne s’avise de voir, dans le Népenthes d’Homere, les singulières plantes de l’Asie tropicale et de l'ile de Madagascar pourvues de ces urnes aquifères qui avaient fait nommer ces plantes par Rumph Cantharifera. Burmann les avait appelés Bandura. Paul Ammann , en (1) Homère : Odyssée, IV, 222 et suiv. (2) Traduction de PIliade et l'Odyssée d'Homère, par le prince Le Bran, 1836, p. 441-442. =: 008" 1685, dans son Character naturalis plantarum , eut le premier l'idée de voir, dans notre Vepenthes distillatoria actuel, l'image du dieu qui, fils de Bacchus et de Vénus, devint à Lampsaque la terreur des maris. Linné, dans son Hortus chiffortianus (1757), définit le premier le genre de ces plantes, et, par la plus singulière préoccupation , il lui donna le nom homérique de Vepenthes. L'image de Paul Ammann revint à l'esprit de l’auteur du système sexuel et entre dans la description poétique qu'il donne de l'urne. Les réceptacles des feuilles, dit-il, contiennent une eau douce, limpide, agréable, réconfortante, fraiche et en telle quantité qu'un homme peut, avec le plus grand plaisir, étancher sa soif en buvant le con- tenu de six à huit de ces urnes (‘). Évidemment Linné, en supposant au liquide des ascidies des Népenthès, des qualités que ce liquide ne possède pas, se rappelle le népenthès versé, par ordre d'Hélène, dans les coupes de ses convives et les vertus attribuées par Homère à ce breuvage sopori- fique. Mais aussi, le grand naturaliste d’Upsal ne tint pas compte de l'ori- gine égyptienne que le chantre d'Ulysse assigne à la recette d'Hélène. Dierbach, dans sa Flore mythologique, s’est trompé sans contredit en voyant, dans le népenthès d'Homère, un Æyosciamus ou Jusquiame (?), et notamment l’Jyoscyamus muticus de Linné, ou l’Jyoscyamus betonæ- folius de Lamarck, qui croit abondamment au Caire et qui serait une espèce connue ct employée des plus anciens prêtres de l'Égypte. M. le professeur Miquel, dans son Tentamen Floræ Homericæ (), a déjà remar- qué, avec raison, que si le népenthès d'Homère pouvait être pris pour une jusquiame , ce serait plutôt l'hyoscyamus albus que Sibthorp, dans son Prodromus Floræ græcæ (*), déclare être fort commun en Grèce, tandis que le népenthèés ne devait pas l'être. D'ailleurs, l'extrait de jus- quiame ne produit pas l’effet qu'Homère attribue à son népenthés. Les recherches des érudits s'accordent bien plus pour ne voir dans les népenthès du chantre d'Achille et d'Ulysse que l’opium. Ricei(”), Wedel(), Sprengel (7), Miquel ($), sont de cet avis, bien que Pierre Petit, dans son Mémoire spécial sur le Népenthès d'Hélène, ait fort peu avancé la décision sur cette question (*). L’opium produit en réalité tous les effets décrits par Homère, et sa préparation liquide se mêle très-convenablement au vin. Nous ferons remarquer que le sens étymologique même du mot né- (1) Linnai syst. vegeL. edit. Richter, 6915, p. 501. (2) Flora mythologica , p. 489. (5) Tydschrift voor natuurlyke geschiedenis en Physiologie, 1. 2, p. 150. (4) Tome 1, p. 155. (5) Dissertationes Homericæ, habitæ in Florentino Lyceo ab Angelo Mariä Riecio, vol. HF, Floience, 1741, p. 50. (6) Exercitationes med. philolog. Dec. VI, exercit. X, p. 59. (7) Historia rei herbariæ, 1, S. 18. (8) Tentamen lloræ homericæ, 148-150. (9) Petri Petiti Homeri nepenthes, sive de Ielenæ medicamento. Diss. Utrecht, 4698. — 229 — penthès est identique avec celui de nos gouttes anodines (à privauf et éd6vy douleur, sans douleur), et tout semble faire conjecturer que le secret d'Hélène était une composition semblable au laudanum de nos jours. Un écrivain a même prétendu , il y a peu de jours, mais évidemment par facétie, que la potion d'Hélène était le chloroforme. La dénomination de Linné n’en a pas moins été consacrée par l’usage pour indiquer un genre de plantes ascidiphores si particulières, si singu- lières dans leur forme et dans leur structure qu'elles ne forment, jusqu’à présent, qu'un seul genre constituant à Jui seul aussi une famille : les né- penthacées que nos meilleurs taxonomistes placent entre les aristolochiées avec lesquelles elles ont quelque rapport, et les plantaginées avec lesquelles elles n’en ont pas du tout. Ces plantes différent des aristolochiées seule- ment par le développement de l'embryon , par leurs étamines monadel- phes et par leur ovaire libre. On n’en connut pendant longtemps qu’une seule espèce , le Veperthes distillatoria de Linné , originaire de ile de Ceylan et introduit dans nos serres en 1789. Aujourd’hui leur histoire naturelle est fort bien éclaircie par les travaux de M. Korthals, botaniste hollandais qui en a fait une étude spéciale dans les mémoires sur l'histoire naturelle des possessions d'outre-mer des Pays-Bas (‘) Non-seulement le nombre d'espèces dans ce genre intéressant s’est accru, mais l’histoire naturelle elle-même de ces singuliers êtres qu’on a nommés les « merveilles de l'Inde et de l'Afrique » s’est augmenté de plusieurs détails propres à piquer la curiosité. L'ancienne espèce a été le sujet de nouvelles recherches. Le nepenthes distillatoria, dont notre planche 58, fig. 1, représente une urne ou ascidie coupée en deux pour démontrer son organisation inté- rieure, a été trouvée à Ceylan. M. Bréon, père, a donné, sur le lieu et les phénomènes observés à Madagascar, des détails trop peu connus sur le népenthés de cette ile, détails que, pour plus de fidélité, nous allons reproduire ici (?). « La népenthe, dit-1l, croit à Madagascar dans l’intérieur des terres, à trois lieues environ de Tamatave et une et demie d'Isathan , dans une vallée longue d’une demi-lieue et large d’un quart, située entre un petit bras de la rivière d’'Hivouline et divers étangs dont les eaux se déchargent dans la rivière de Tamatave. Elle est entourée de collines dont l’élévation varie entre 40 et 50 mètres , couvertes de forêts vierges et son sol est un sable noirâtre assez semblable à nos plus mauvaises terres de bruyère. » Je découvris cette vallée vers dix heures du matin et je la trouvai © ——— ——— ————— (1) Verhandelingen over de natuurlyke geschiedenis der Nederlanden, overzeesche bezigtin- gen , door P.-W. Korthals, 1846. (2) Bulletin du cercle général d’horticulture de Paris , 1847. p. 189. BELG. HORT,. T. II. 91 — 230 — couverte pour ainsi dire, de népenthès de la plus grande beauté et d’une végétation vigoureuse; les plus grandes avaient 50 centimètres de hauteur et étaient garnies de fleurs et d’une grande quantité d’urnes, puisque chaque feuille en porte une. Je remarquai qu'elles étaient toutes ouvertes et à demi-pleines; mais, vers trois heures après-midi, je vis les opereules s’abaisser peu à peu et à cinq heures toutes les urnes étaient fermées. J'es- sayai vainement d'en ouvrir quelques-unes : je ne pus y parvenir qu’en les rompant. Désireux d'observer davantage cette plante miraculeuse, je résolus de revenir le lendemain de très-bonne heure et je retournai à Isathan où je passai la nuit dans la case qui vit mourir, en 4804 et 1805 , les infortunés Chapellier et Michaux , botanistes du gouvernement français. | » De retour, le lendemain matin vers cinq heures et demie, de la vallée des Népenthèés, je vis toutes les urnes fermées et appuyées sur le sol, à cause du poids de l’eau qu’elles contenaient. Ce fut inutilement encore que je voulus en ouvrir : je n’y parvins qu'en les déchirant et toutes celles que j'ouvris ainsi étaient entièrement pleines. Vers huit heures les oper- cules commencèrent à s'élever sensiblement et à neuf heures toutes les urnes étaient ouvertes. J'ai mesuré la quantité d’eau que plusieurs ren- fermaient et j'ai trouvé qu’elle pouvait être estimée aux deux tiers d’un verre ordinaire. Cette eau, limpide comme de l’eau distillée, était fraiche et d’une saveur agréable , et fut ma seule boisson pendant cette journée d'observation. Vers trois heures l’évaporation avait épuisé plus des deux tiers de l’eau dans chaque urne qui se relevait peu à peu et à mesure qu’elle était allégée. Les opercules commencaient à se refermer et l’étaient tous à cinq heures, comme je l’avais observé la veille. » Je quittai alors cette vallée où j'avais joui d’un spectacle aussi inté- ressant, ef j'emportai avec moi une vingtaine de ces plantes pour les intro- duire à Bourbon. Les Madécasses ont la népenthe en grande vénération et la nomment copocque Ils m'ont assuré qu'elle n'existait dans aucun autre endroit de l’île, ce que je crois volontiers, car J'ai parcouru Mada- gascar en tout sens sans la rencontrer ailleurs. » M. Rousselon a déjà fait la remarque que dans nos serres les népenthès ne montrent pas cette ocelusion et cette ouverture périodique de l’urne, ce qui tient sans doute à la température trop constante de nos lieux de culture. Le fait est que dans les établissements où l’on a obtenu, avec les plus grands soins, de beaux et vieux népenthès, cette périodicité ne s’est pas montrée. Notre planche #1, (p.257) fig. 2, représente la coupe prise par nous, le 25 août 1858, de la serre du jardin botanique d’Édimbourg où la eulture des népenthès était devenue célèbre. Nous y vimes, en effet, deux grands népenthès, male et femelle, cultivés depuis vingt ans auparavant dans cette même serre en fer. On voit sur notre planche 41, que la terrine où plongeaient les racines se trouvait en avant sur la petite tablette et au-dessus du tuyau de chaleur, que de là le népenthés était conduit le — 251 — lông du vitrage etpar des liens jusqu’au fond de la serre. Sur ces pieds on observait facilement les modifications des urnes et le passage de celles au moyen desquelles on avait fait un nepenthes cristata aux vraies urnes du nepenthes distillatoria. L'eau avait, à Édimbourg, le goût de jus de pomme cuite, puisée dans une urne non ouverte. Cette eau était, du reste, fort claire et limpide, mais ce goût y était on ne peut plus prononcé. C’est dans cette même serre que le professeur Graham féconda le népenthés femelle par le mâle et obtint des graines qui germèrent. Aujourd’hui les vieux pieds n'existent plus. Le docteur Auguste Voelcker, professeur à Cicencester, a publié, en 1850 (‘), un mémoire sur l’eau sécrétée par les feuilles et les tiges de la glaciale (Mesembryanthemum cristallinum), et avant ce travail il s'était occupé de la composition chimique du fluide sécrété par le nepenthes dis- tillatoria. Ce dernier renfermait. 0,30 de parties solides organiques et inorganiques, et voici les compositions des deux fluides comparées: EAU DU NEPENTHES DISTILLATORIA. EAU DU MESEMBRYANTHEMUM CRISTALLINUM. Matières organiques; acides malique et ci- | Matières organiques {albumine) et acide oxa- trique. lique. Chlorure de potassium. Chlorure de sodium. Soude. Potasse. Chaux. Magnésie. Magnésie. Acide sulfurique. On voit évidemment par ces analyses pourquoi l’eau du népenthès goute le jus de pomme cuite. La présence des acides malique cet citrique rend compte de ce phénomène. Il est singulier cependant qu’on n’y trouve pas de sucre. L’eau de la glaciale est fraiche et plutôt salée. La soude et la potasse expliquent ce gout. Quand De Candolle (Pyrame) écrivit son organographie, en 1827, il donna une explication de la nature des organes qui, dans les népenthés, prennent la forme des urnes. Il vit dans ces amphores une soudure des deux bords libres des ailes du pétiole, et, dans le couvercle , il erut re- trouver le limbe ou mieux la lame de la vraie feuille. M. De Candolle fi's (Alphonse), adopta cette manière de voir. Ainsi, l'organe foliaire des né- penthés serait formé en marchant de bas en haut : 1° d’un pétiole; 2° d’une continuation de ce pétiole mais ailée et les aïles planes; 5° d’une conti- nuation de ce pétiole contournée en vrille dans la plupart des espèces ; 4° d’une urne qui ne serait que la cavité formée par la soudure d’une nouvelle aile développée de chaque côté du pétiole; 5° d’un couvercle articulé, lequel représenterait la lame de la feuille (*). M. le professeur Lindley, en 1859, dans son introduction à l'étude de (4) Annales of natural history, 1850, 171. (2) Introduction à l'étude de la Botanique ,t. {, p. 88, — Organographie, tome {, p. 520. MTS eT Ÿ Je : FS ë | p D: DC ol ) CU C4 u “e 4 Dre. V4 | LA Dent NCA ELRATTTS Le; ne | IN GA) LC CHE TTL ANNE COCET PITATE : — 255 — la Botanique (‘), prend l’outre ou l’urne pour un vrai pétiole , mais un pétiole creux dans le genre de la feuille fistuleuse de l’oignon. Le cou- vercle devient encore pour lui la lame de la feuille. Voilà donc une génèse tout à fait différente que celle admise par De Candolle. _ Les Français pensèrent en général comme De Candolle et les Anglais comme Lindley. Les Allemands ne pensèrent ni comme les uns ni comme les autres. Link observant que les népenthès dans leur germination, leurs feuilles primordiales et leurs feuilles inférieures ne montrent jamais d’as- cidies, d'amphores, d’urnes ou d’outres, mais que cet organe singulier ne se développe que sur les feuilles près des fleurs, vit la feuille vraie dans l'organe vert, plan , lancéole du bas de l'appareil; puis dans l’urne avec son support cirrheux il trouva un appendice floriforme. Le célèbre pro- fesseur de Berlin n'allait pas jusqu’à voir dans cette urne un phénomène semblable à celui d’un carpelle de fruit, il ne le disait pas, mais, à tirer les conclusions de son idée, on arrivait vers ce mode (?) . En 1838, nous crûmes devoir publier notre propre manière de voir dans cette question de morphologie très-intéressante pour les principes de la botanique (°). Aucune de ces théories n’expliquait la présence des deux crêtes ou ailes de l’urne, la présence d’une articulation à la base de l’oper-- cule, le bourrelet très-gros du limbe de l’urne, la dent de l’opercule placée en bascule de la lame. M. Auguste de St.-Hilaire (*) saute à pieds joints sur la difficulté : si le pétiole est ailé en bas, dit-il, pourquoi ne le serait- il pas en haut? Or, c’est précisément parce qu'il l’est en bas, qu'il ne doit plus l’être en haut. Les pétioles ailés le sont toujours en bas ou dans leur première partie stipulaire, voire même dans le Dionæa. Nous étions donc d'avis que l’organe foliaire des népenthès se compose en bas d’un pétiole auquel souvent, dans plusieurs espèces , on voit se souder deux rebords stipulaires, puis vient le prolongement de ce pétiole pourvu de deux ailes remplissant en tout point les fonctions des feuilles. Ce pétiole se prolonge- rait en vrille, puis viendrait la vraie feuille dont les lames soudées mon- treraient leur existence dans les deux crêtes souvent ciliées , libres et si grandes dans le nepenthes rafflesiana (voyez pl. 38, fig. 2). La pointe du limbe resterait à l’état insoudé dans les sarracenia, et dans les népenthès ce serait la foliole terminale d’une feuille composée qui resterait libre et articulée. De même que dans le phyllode, la feuille composée des acacias de la Nouvelle-Hollande devient une lame unique où la glande basique exécute la fonction de sécrétion dérangée par suppression de toute la sur- face supérieure de la feuille, de même dans les népenthès les folioles se (1) Introduction to botany , p. 96-98, 1845. (2) Elementa philosophiæ botanicæ, 1837, t. 1, p. 474. (3) Morphologie des ascidies. Bulletin de l’Acad. de Brux., tome 5 , 1838, p. 430-582. Prc- mices d'anatomie végétale , 1841, VII Mémoire. (4) Morphologie, p. 141-142. — 254 — soudent, forment l’urne, laissent de leurs traces dans les crêtes, et la foliole terminale devient l’opercule, le crochet représente la glande, et l’articu- lation comme le mouvement trouvent une explication aussi facile, aussi physiologique que la sécrétion de la liqueur de l’urne par la surface supé- rieure de ces feuilles soudées. Le professeur Don, bibliothécaire de la société linnéenne de Londres, lut, le 2 février 1841, un mémoire à cette célèbre société, en confir- mation de notre théorème morphologique. L’urne était pour lui une soudure de la lame foliaire et l’opercule l’analogue du capuchon des aconits. L’urne des sarracenia était comparée par lui au labellum des eypripedium et à l’urne des cephalotus (*). Don poussa plus loin les con- séquences du système. Si cette théorie était vraie, on devait retrouver l’organisation de la feuille dans les ailes inférieures de l'appareil foliaire. C’est-ce qui eut lieu. Don trouva la face supérieure dépourvue de stomates et la surface inférieure toute couverte de ces organes. Les stomates exis- tant là en vue de la respiration, ils devenaient inutiles sur l’urne. Aussi là, on n'en voit pas de trace. Le derme y porte des poils dont la base est placée au milieu de certaines cellules arrangées expressément pour cela. (Voyez pl. 41, fig. 4, d. e.f.) Toutes les observations que nous avons faites depuis sur les espèces de népenthès, nous ont confirmé dans cette manière de penser. Aujourd’hui nous voyons cultiver chez nos grands horticulteurs de Belgique, entre autres chez M. Jacob Makoi : 4° le nepenthes rafflesiana dont l’urne est représentée pl. 58, fig. 2. On y distingue la lame pétiolaire très-large, puis la vrille qui jamais n'offre de contorsions ni de spirale , l’urne est tres-grande , les crêtes énormes, ciliaires et la coloration par taches pourpres comme une fleur. Ces urnes y acquièrent jusqu’à huit pouces de longueur. 2° Le nepenthes ampullacea, pl. 58, fig. 5. Ici les lames disparaissent sur les appareils ascidifères inférieurs. Nous possédons de cette plante une branche où il n’y a que cinq urnes énormes, grosses comme un œuf de poule sans lame aucune. Chez M. Jacob Makoiï, sur une plante adulte nous avons vu la lame pétiolaire se développer comme de coutume. L’urne est courte, renflée, les crêtes ciliées , le bouclier en avant très-plat, l’oper- cule long et étroit, le crochet fort et le bourrelet de la bouche de l'urne excessivement épais et tout couvert de côtes parallèles et petites. 5° Le nepenthes lœvis, pl. 40 (p. 255). C'est la plus petite urne connue: simple, étroite, les crêtes en bandelettes et sans cils. (4) On a peculiar kind of organs existing in the Pitcher of nepenthes distillatoria, by prof, Don Ann. of nat. hist. 1841, p. 218. «48, di — 255 —- PI, 40. Ces plantes sont désormais, avec le nepenthes distillatoria, l'ornement obligé de toute serre chaude bien tenue. Rien de plus instructif que l'étude de ces merveilles de la végétation (). M. Lindley (?) a déjà fait remarquer que les népenthès sont intérieure- ment organisés comme aucune autre plante ne l’est. Leurtissu abonde en trachées énormes ; elles y sont terminées en cône obtus , formées par un assemblage de fibres soudées en bandes de quatre. M. Lindley n’a pas retrouvé de membranes extérieures à ces spirales, mais la macération dans l’acide nitrique dilué fait disparaître les fibres au sommet et réduit la trachée en un tube transparent. Dès que l’on blesse le tissu d’un né- penthès et qu’on tiraille le tissu, ces trachées se font jour. C’est sur ces plantes que nous voudrions pouvoir faire ces expériences afin de constater si les trachées servent oui ou non à l’ascension de la sève. Leur présence en si grande quantité et dans tous les organes est certainement.remar- quable chez des végétaux qui produisent tous les jours et si abondamment un liquide où les matières solides égalent 50 p. °/, de la masse sécrétée. Nous avons dessiné ce beau tissu des népenthès d’après nature, et chacun voudra se donner le plaisir d'admirer cette préparation anatomique au microscope. Un morceau sec suffit à cela. (Voyez pl. 41 (p. 237), fig. 4, A. B.Trachées.C. D. tissu pleureuchymateux. E. tissu cellulaire. F.derme. G. poil. a. cellules, b. trachées composées, c. vaisseaux séveux, d. cellules du derme, e. base du poil, f. poil. M. Korthals, qui observa de nombreux népenthès à Bornéo , écrivait, en 1836, ces paroles (°) : « Les raisons pour lesquelles les népenthès ont des urnes (scyphæ), me sont maintenant connues. Ces plantes ont des glandes sécrétoires et des glandes absorbantes. Quand les urnes sont fer- mées, elles sécrètent un liquide mucilagineux d’un goût fade, et les urnes alors s’affaissent. Plus tard les amphores s'ouvrent, recoivent de l’eau de (4) M. Jacob Makoï met en vente, à Liége, ses nepenthes ampullacea, distillatoria, lœvis el phyllamphora, mais ses prix ne sont pas indiqués sur le catalogue de cette année. (2) Introduction to botany , 1839, p. 30 et al. (5) Tydschrift voor natuurlyke geschiedenis, Amsterdam, 1836, p. 9. — 236 — pluie et deviennent des réservoirs pour le végétal. » Meyen vit beaucoup mieux cette nature. Il constata dans l’urne la présence d’un grand nombre de petites glandes dont il donna l'anatomie (*). Nous avons revu celle-ci, voyez pl. 39, sur la nature même. Don nomma les organes sécréteurs du fluide dans l’urne des clathro- phores. Il ne les prend pas pour des glandes, mais pour des bouches par où le liquide se fait jour : il les croit connexes avec la fonction de la respira- tion. Le fait est que ces organes n’occupent qu'une zone dans l’urne, la zone inférieure, et cessent brusquement d'exister le long d’une ligne horizontale. P1.59,fig. 4, 2. Au-dessus de cette zone il n’y a plus d’appa- rence de ces organes. Quand on regarde la surface interne de l’urne, on y aperçoit toute une série de petits enfoncements semi-circulaires et au fond de chacun de ces entonnoirs git un petit corps noir, en forme de disque (voy. pl. 39, fig. 2). Au microscope, ce petit corps noir est un disque formé de petites cellules pressées, constituant un tissu très-serré , comme Mevyen l’a vu, et ces masses compactes, où le tissu est si serré, se séparent du reste du tissu cellulaire plus lâche et à cellules plus grandes. On ne saurait méconnaître que ces clathropores de Don ne rentrent dans la catégorie des glandes, et il est infiniment probable que ce sont eux qui préparent, séparent et déversent le liquide acide qu’on trouve chaque matin dans l’urne. Toute cette structure est dessinée pl. 59, fig. 5 (p. 252) où a représente le tissu cellulaire , b l’espace occupé par la glande, c l’épaisseur du tissu où.elle plonge, d la glande même. Les népenthés sont rares et chers parce qu'on les perd souvent dans les serres. Ces pertes proviennent de ce qu’on n’observe pas les conditions où ces végétaux vivent naturellement. Ils occupent les vallées, envoyent leurs racines dans un sol volcanique recouvert de détritus de plantes. Ce sol est done drainé au-dessous. Le rôle même des amphores doit amener au pied des plantes un sol très-riche en azote. Que d'insectes viennent se noyer dans ces urnes ! Dans nos serres mêmes, les cloportes, les diptères, nous avons même vu chez M. Jacob des kakkerlaks et des limaces laisser leurs cadavres se corrompre dans ces urnes. Celles-ci par le poids même, si ce n’est pas par leur faiblesse amenée par le vieil âge, laissent tomber au pied des népenthès ces nombreux animaux morts. L’urne était pour eux un appât, un piége, et il est probable que la plante ne jouit pas en vain pour elle de cette singulière organisation. Puisque le népenthès est carnivore si on peut le dire par hyperbole, il est juste que la nature lui ait départi ces embüches. On a déjà observé, en Angleterre, que les népenthès vivent mieux dans une atmosphère chaude mais agitée que dans un air tranquille et épais. (4) Ueber die secretions organe der Pflanzen , 1857. Tab. V, fig. 11 à 28. ei PP => ZT | e- 7 hA. PL °°°; 2: Fig. HORT, Te, II, BELG. 068: © Les horticulteurs anglais recommandent de les cultiver près des portes des serres, afin de recevoir des coups de vent. Un de nos népenthès lan- guissait sous une cloche étouffée : nous l'avons placé dans le coin de notre serre près de la porte qui donne dans un couloir au fond duquel s'ouvre une seconde porte , et la plante souffrante est aujourd’hui en pleine voie de recrudescence. Enfin on a essayé de reproduire les népenthès par le bouturage des feuilles. Ce système est couronné de succès. On enlève un appareil ascidi- fère avec un talon d’écorce et on plante le pétiole et son talon en bonne terre de bruyère. On place le tout en bâche chaude, sous eloche, on chauffe la terre et la reprise se fait. Un œil se développe à l’aisselle , pousse en tige et un nouveau népenthès nait d’une de ses feuilles. Ces découvertes doivent engager les horticulteurs à s'occuper beaucoup plus qu'ils ne le font, d’un ordre de plantes beaucoup trop peu répandues en vue de l’ins- truction générale. JARDIN FRUITIER. LA POMME BELLE DES VENNES, EN POSSESSION DE M. HENNAU, PROFESSEUR D’ÉCONOMIE POLITIQUE A L'UNIVERSITÉ DE LIÉGE, Par M. CH. MoRrkREN. M. Hennau est un des pomologues des plus instruits de la patrie des Van Mons et des Dequesne. Sa collection d'arbres à fruit jouit d’une répu- tation digne de la science de son honorable possesseur. Parmi ses pom- miers non décrits et non ramenés à une spécification déterminée, les ama- teurs ont depuis longtemps distingué une variété à laquelle, puisque cette mission nous a été donnée, nous imposons, sauf plus ample informé , le nom de pomme belle de Vennes, rappelant ainsi le lieu où les pomo- logues pourront aller l’admirer si pas la déguster, et nous souhaitons que de là cet excellent fruit se propage au plus tôt. Notre planche 42 est des- tinée à en multiplier le portrait. Diamètre moyen 9 centimètres ; hauteur 7 centimètres; forme ronde , sphérique subaplatie. OEil régulier, central ; pédoncule ou queue longue de 1 :/: centimètre, brune, grosse à son insertion caulinaire. Épicarpe, peau ou pelure jaune orange du côté de la lumière, flagellé d’écarlate et tacheté de petits points rapprochés et picoté de points plus petits, ronds, d’un brun clair. Chair (ou sarcocarpe) blanche, uniforme, ferme, juteuse, d’un arome subacide extrèmement agréable; goût rafraichissant, délicieux, plaisant même au palais le plus difficile. A côté de ces avantages incontestables, ce pommier offre une fécondité remarquable, une croissance vigoureuse en plein vent et comme arbre de verger. Ses récoltes se suivent annuellement sans épuiser l'arbre et les jeunes pieds donnent de même une très-légitime espérance. Nous convions les amateurs de bons fruits à se donner le plaisir de posséder la belle des Vennes : ce sera une acquisition belle, bonne et bien venue dont ils nous sauront gré d’avoir signalé l’heureuse existence. A4) 'ABER FLORICULTURE DE SALON. LES MARICA, Par M. Cu. MoRREnN. Les horticulteurs de renom, toujours préoccupés de Fidée qu'il faut du neuf dans l’art de décorer par les plantes les demeures de l'homme, né- gligent souvent les plus jolies espèces et que rien ne remplace, pas même les nouveautés les plus chères. C’est ainsi que sur maint catalogue on ne trouve plus même coté les Marica, ces nobles et reconnaissantes végéta- tions,, l’ornement des plus riches corbeilles suspendues. Les hommes de gout , les artistes en horticulture les ont conservés au contraire avec un soin parfait, Iridées du Brésil, des. Indes , de la Guyane et de l'Orénoque, les marica forment un genre des, plus graeicux déjà circonscrit dans ses limites par Schreber en 1789. Les. espèces les plus convenables pour la floriculture de salon sont : 1° Les Harica célestes (Marica cœlestis, Lehm.), dont les. feuilles. pliées ont la forme d’un sabre, mesurent un ou deux pieds de longueur, se déjettent en groupe mais avec une grâce infinie hors du vase où on les cultive. Leur végétation est continue, et, au mois de février et de mars, naissent des tiges rameuses portant de charmantes fleurs d’un bleu tendre, frangées ct ornées de macules jaunes. Ces fleurs durent peu mais il s’en développe tous les jours. pendant près de trois semaines ; 2°Marica bleu (Marica cœrulea, Ker.), earactérisé par ses fleurs en corymbe, ses spathes herbacées , ses corolles. bleues variées de jaune et de noir; 5° Marica de: North (Marica northiana , Schreb.), à larges feuilles en glaive, flabellées et distiques, c'est-à-dire disposées en éventail plein et sortant de la tige des deux côtés, la hampe ailée et ensiforme d’où s’échappent de nombreuses fleurs à pétales réfléchis. La corolle est d’un beau blanc ou d’un päle bleu, jaune à la base et maculée de rouge. Cette dernière espèce fait un effet admirable dans les salons et se soumet à leur température avec une facilité étrange. Nous en avons conservé pendant six ans dans un même vase en terre cuite toujours suspendu. Vivace et constamment vert, ce végétal du Brésil fait irradier tout autour du limbe de son véhieule ses panaches ondoyants, larges, puissants, d’un vert superbe; ses feuilles larges de deux doigts sont toujours pro- pres et croissent à merveille, se remplaçant sans cesse et vivant long- temps, si on arrose le vase souvent cet en été tous les jours. Rien n’em- pêche de mêler à ces marica des espèces anthoclines ou retombantes, mais le fond du vase est occupé par eux. Quand les hampes s’élanesnt dans l'air et épanouissent leurs fleurs azurées ou blanches lavées d’une teinte d’or , il n’est personne qui ne s’écrie, en les voyant si splendides et si élégantes, que les marica sont les vrais hôtes de nos demeures et les compagnons élégants de notre vie intime. Nous les recommandons à toutes les personnes de bon goût. Une belle plante vaut un ou deux francs. PAR 1: ie PATHOLOGIE VÉGÉTALE. DE LA MALADIE DE LA VIGNE ET DES PRINCIPALES VARIÉTÉS DE CÉPAGES, CONSIDÉRÉS SOUS LE RAPPORT DE LEURS APTI- TUDES A RÉSISTER À L'INVASION DE LA MALADIE, / Par M. BoucHARrpat. Les résultats généraux qui suivent sont extraits d’un tableau compre- nant deux mille cinquante observations recueillies dans la collection de vignes du Luxembourg. Il est certains groupes de cépages dont toutes les variétés ont été forte- ment atteintes par la maladie; il en est d’autres qui ont été comparative- ment ménagées ; mais ce qui est remarquable, c’est que les groupes natu- rels de cépages fondés sur des caractères importants, tels que ceux des muscats , des chasselas, des teinturiers, ont été atteints d’une manière uniforme par la maladie, tandis que les groupes moins naturels, tels que ceux des pineaux, des gouais, des sauvignons , présentent de remarqua- bles anomalies. Toutes les variétés appartenant au groupe si nombreux des muscats sont très-fortement atteintes. Le groupe des chasselas, si riche en variétés, n'offre aucune exception heureuse; quelle que soit la provenance de ces cépages, aucun n’est épargné. Les variétés, comprises dans le groupe si important des malvoisies qui proviennent de presque tous les États viticoles de l'Europe, sont toutes atteintes. Un des groupes de cépages dont les variétés sont cultivées peut-être dans le plus grand nombre de localités, est celui des teinturiers. La col- lection du Luxembourg en contient plusieurs individus, tous sont forte- ment infectés. Les cépages les plus productifs, ceux qui donnent soit les vins de chau- dière, soit les vins les plus communs , ont eu beaucoup à souffrir de l’in- vasion de la maladie; ainsi : Les folles blanches, qui sont l’origine de nos eaux de vie des Charentes, sont fortement atteintes. Les aramons et les terets-bourrets, qui forment la base des jeunes vignes les plus productives du midi de la France, nc sont nullement épargnés. La plupart des clairettes et des picpouilles, de prowenance française et étrangère, sont fortement attaquées. Parmi les groupes des variétés productives du centre de la France, il QU en est plusieurs dont tous les individus ont été atteints ; nous citerons toutes les variétés des tresseaux et des melons. Les gamais ont beaucoup souffert; parmi les variétés fortement at- teintes , je mentionnerai le liverdun, le plant de la Dôle, le gros plant. Il est quelques variétés de gamais comparativement épargnées; je dois une mention spéciale pour celui qui est inscrit sous le n° 209, c’est le moins atteint peut-être des cépages français; mais appartient-il bien au groupe des gamais ? Arrivons maintenant aux cépages qui fournissent les vins les plus dis- tingués de la France. Nous trouvons en première ligne le groupe des pi- neaux qui nous donnent les grands vins de Bourgogne et de Champagne, et qui contribuent à relever la qualité des vins de plusieurs vignobles en renom. Constatons d’abord que toutes les variétés comprises dans le sous- groupe des pineaux blancs, désignés sous les noms de plant de montrachet, chardenet, pineau blanc, arnoison, beaunois, bon blanc, ete.; sont toutes également fortement atteintes; les variétés grises, désignées sous les noms de burot, pineau gris, pineau cendré et le pineau rougin, ne sont pas ménagées davantage. Le france pineau noir, dont il existe dans la collection du Luxembourg plusieurs ceps identiques provenant soit de la Bourgogne, soit de la Cham- pagne, soit d’autres provinces, est fortement attaqué par la maladie. No- tons cependant que le n° 228, désigné comme pineau noir de Bourgogne, est comparativement épargné. Il est d’autres exceptions qui ne sont pas moins dignes d'intérêt. Quatre ceps , portant le nom de pineaux à gros grains , sont à peine attaqués ; il en est de même du pineau d’Aunis et du pineau de Nikita. Ces divers cépages doivent sans doute être rapprochés des pineaux à grands vins, mais ils s’en éloignent assez pour que je n’aie pas cru devoir les comprendre dans ma monographie des pineaux. Les plants qui fournissent les grands vins de Bordeaux nous offrent un fait important à signaler; parmi les cépages francais, ils viennent au pre- _mier rang de ceux que la maladie a ménagés. Si le carbenet a été grave- ment affecté, le carmenet a résisté; les sauvignons ont été inégalement atteints , ils offrent de très-heureuses exceptions; il en est de même des cots. Ces deux groupes de cépages ont non-seulement de l'importance dans les vignes de la Gironde, mais dans plusieurs de celles du centre de la France. Je dois insister particulièrement sur celui des cots dont les variétés, connues sous les noms les plus divers, sont cultivées en grand dans plu- sieurs vignobles et fournissent des vins d’une bonne qualité ordinaire, et la résistance qu'ils ont offerte à l'invasion de la maladie nouvelle est un fait très-digne de l'attention des viticulteurs. La plupart des cépages qui donnent les vins estimés des Pyrénées ou départements méditerranéens, ont été fortement attaqués par la maladie. Nous citerons particulièrement les suivants: malvoisies, maceaben, brun- OT vai fourca, grenache, morrastel, garich, mataro. Parmi les cépages de cette : région qui sont comparativement ménagés, il faut mentionner les terets et les navaros. Les vignes qui viennent de l'Hermitage et qui donnent tant de distinc- tion à ce beau vignoble, la grosse et la petite sirrah, la grosse et la petite roussane, sont fortement attaqués ; la marsanne est comparativement mé- nagée : il en est de même de la grosse serine de la Côte-Rôtie. L'ower du Rhin a peu souffert; le riesling (petit) est, par contre, gra- vement atteint. La plupart des cépages de Hongrie, d’Espagne et d'Italie, qui sont si nombreux dans la collection du Luxembourg , sont fortement atteints ; parmi ceux qui sont ménagés, nous citerons le dolceto du Piémont, les rosza szôlé et le vôrôs szôlo de la Grèce. Nous arrivons aux raisins les plus ménagés par la maladie : ils ne sont malheureusement pas les meilleurs et les plus précieux, mais ils forment le groupe le plus naturel et le plus distinct. Ce sont ceux que l'Amérique a envoyés à la collection du Luxembourg. C’est seulement parmi les cépa- ges de cette région qu'on peut en trouver de complétement sains. Nous citerons en première ligne, parmi ces heureuses exceptions, le catawbe rose, le meilleur des raisins d'Amérique, puis l’isabelle, le white-fox rose et surtout l’yorck-madeira noir, le vitis muney red-pâle. CONCLUSIONS. La maladie de la vigne n’est point déterminée par un acarus. L'hypothèse d’après laquelle on attribue l’origine de ce mal nouveau à l'Oidium Turkeri, est celle qui rend mieux compte de tous les faits. Le rajeunissement des vignes, tel qu'il se pratique dans plusieurs vigno- bles de la Marne, est le procédé de culture le plus propre à s'opposer à l’'envahissement de la maladie. Le provignage, vanté par M. Prangé, donne incontestablement de bons résultats. Les cépages français qui ont le mieux résisté appartiennent au groupe des cots et à celui des sauvignons. (Académie des sciences, 1° décembre 1851.) DÉGATS DES FOURMIS ET PROCÉDÉ POUR LES TUER. On croyait ces insectes peu nuisibles. M. Debreuil assure qu'ils atta- quent les fruits les plus sains et corrodent les bourgeons au premier printemps. Pour les détruire, on suspend aux branches de l’espalier, de distance en distance, des fioles de pharmacien contenant de l’eau miellée ou sucrée. Les fourmis attirées par l’odeur du sucre ou du miel, dont elles: sont très-avides, sont noyées. On.en prend ainsi énormément. MS OPÉRATIONS HORTICOLES. DU PINCEMENT ou FROISSEMENT DES ARBRES FRUITIERS, Par M. Mas, Président de la société d’horticullure de l'Ain. 4° DU PÉCHER. Le pincement empêche la confusion, la perte de sève et les plaies si nuisibles au pêcher. Comme nous avons insisté sur les effets de la taille, l'on sait qu’une branche principale étant taillée, les yeux à bois placés en- dessous de la coupe deviennent en peu de temps des bourgeons, puis des rameaux, enfin des branches. Comme il serait impossible de les emplover utilement à la charpente de l’arbre, il faudrait bientôt, si on les laissait se développer, pratiquer un rapprochement en vert; double forcé, dele rogner avec l’ongle du pouce, ou un instrument tranchant à dos rond. Cette petite différence dans l’opération en produit d’assez grandes dans les résultats, En effet, lorqu’on coupe net avec les ongles, au une serpette, le dommage causé au bourgeon est plus vite réparé, et un second pincement est bien- tôt nécessaire; c’est plutôt une taille en vert qu'un pincement, puisque ce dernier ne doit être qu'une meurtrissure qui arrête plus ou moins longtemps la végétation. Si done vous avez l'intention d’arrèter compléte- ment un bourgeon, coupez-le net avec les ongles (il sera mieux, dans ee cas, de laisser toujours à la base une feuille ou deux pour protéger la branche principale contre les ardeurs du soleil et éviter des épanchements de gomme); si, au contraire, vous voulez faire du bourgeon une produce- tion fruitière, ne faites qu'un froissement, une meurtrissure, à la hauteur où vous voulez le maintenir pendant quelque temps. Des bourgeons anticipés. Les bourgeons anticipés, qui sont toujours un embarras, naissent, comme on le sait, sur les rameaux ou bourgeons de l’année, et ils se traitent à peu près comme ces derniers ont été traités, c’est-à-dire que l’on supprime dès leur naissance, avec les ongles, ceux mal placés, ceux qui se trouvent devant et derrière les rameaux de pro- longement, en ayant soin de laisser les feuilles qui sont à leur insertion, mais sans rudement d’yeux, l’on évite ainsi une nouvelle pousse et des épanchements de gomme. I faut ensuite attendre, pour éclaircir ceux qui sont destinés à faire des productions fruitières, laissés en-dessus et en-dessous de la branche, qu’ils aient une longueur de 45 à 20 centimètres ; alors on les espace de 12 à 14, et Jamais diamétralement opposés, parce que ceux qui seraient en-déssus prendraient toute la force. Autant que possible, il faut conserver ceux qui ont des yeux au talon, à peine visibles, mais que le pincement saura bien nourrir. Plus tard, lorsque les bourgeons anticipés, réservés pour cour- L3 — 2h4 — sons, ont atteint de 15 à 25 centimètres, on les arrète au-dessus de la troisième ou quatrième couronne de feuilles. Ces opérations sur les bour- geons anticipés se font, comme toutes les tailles d'été, au fur et à mesure que le dessein s’en fait sentir; seulement, ceux qui se trouvent à l’extré- mité des rameaux peuvent être abandonnés à eux-mêmes, puisque la partie de la branche qui les porte doit être retranchée à la taille d'hiver. De cette manière, ces bourgeons anticipés amusent la sève (comme disent les jardiniers) et empêchent le développement d’un plus grand nombre d’yeux, et par suite de bourgeons toujours difficiles à traiter. Moyen de gagner une année pour la formation de deux coursonnes, où le besoin s’en fait sentir. 1 peut y avoir, dans certaines portions de l’ar- bre, des bourgeons très-vigoureux, qui menacent même de devenir des gourmands, mais qui ne géneraient pas si on leur laissait atteindre une longueur de 45 à 20 centimètres avant de les pincer à 5 ou 6; alors on laisse à leur base deux yeux qui se forment promptement dans les aisselles des feuilles, lesquels yeux se développent bientôt en bourgeons anticipés, qui se traitent alors comme des bourgeons ordinaires. Puis, à la taille du printemps suivant, l’un servira à former un rameau à fruit, l’autre, taillé sur deux boutons de base, développera des bourgeons de remplacement. Par ce moyen, l’on gagnera une année pour la formation des branches coursonnes là où elles sont nécessaires. Des effets du pincement, de la régularité et des avantages qu’en retire le pêcher. La moindre pratique appuyée des principes que nous venons d'émettre fera bien sentir toutes ces différences, elle démontrera en même temps jusqu'à l'évidence des admirables effets du pincement; tous les ans l’arbre se couvrira de fruits, chose remarquable, d’une bien meilleure qualité, quoique plus gros. La sève se distribuant dans toutes les parties de l’arbre, il conservera toute sa vigueur et vivra de longues années; seulement, il faudra avoir bien soin de pratiquer le pincement comme l’ébourgeonnement, la taille en vert, le palissage au fur et à mesure de la végétation et des besoins de l’arbre pour éviter toute secousse, ce qui est de la plus grande importance, puis laisser toujours à la sève des points de développement pour éviter de faire partir un trop grand nombre d’yeux en bourgeons anticipés et naître des engorgements, et, par suite, des dépôts de gomme et des chancres. Aussi, il est bien rare que l’on pince l'extrémité d’une branche principale à bois, comme nous l'avons dit, si ce n’est dans le cas où elle a besoin d'atteindre la longueur que l’on désire pour la régularité de l’arbre, ou pour rétablir l'équilibre. De cette ma- nière, les grands canaux restant toujours libres, la sève circule en plus grande abondance, et complète vite la charpente, qui prend toujours la forme que l’on désire, si on se donne la peine de l’y amener doucement, sans confusion, puisque l’arbre n’a plus que les branches de charpente, et en-dessus et en-dessous des branches fruitières ou coursonnées, qui ne doivent jamais dépasser la grosseur d’un tuyau de plume à écrire. de “a ne mm pute RU D CS SSSR, 1007 1. Tropæol um Deckerianum. 2.Camellhia var. fra Arnoldo da Brescia . US HORTICULTURE. NOTICE SUR LA CAPUCINE DE DECKER (TROPÆOLUM DECKE- RIANUM DE KARSTEN), Par M. CH. MoRrREN. Toutes les espèces de capucines ou mastouches sont intéressantes et doivent être regardées comme des ornements de nos Jardins, de nos serres et de nos appartements. Aussi, chaque nouveauté de ce genre introduite ou propagée en Europe, constitue-t-elle un vrai progrès horticole. Nous sommes donc heureux de pouvoir offrir à nos lecteurs la figure faite d’après nature d’une très-jolie et très-nouvelle espèce de ce genre : nous la devons à l’obligeance de M. Beaumann, horticulteur alsacien, établi à Gand, l’introducteur dans nos cultures du Deutzia gracilis, et l’habile propagateur des capucines microscopiques. C’est le botaniste M. Karsten qui a décrit et nommé, pour la première fois, le Tropæolum deckerianum du nom de son introducteur en Europe, . M. Decker, et cette description a paru dans le Auswahl gewächse Vene- zuelas, t. XII. Cette capucine est en effet originaire de Venezuela, d’où elle a passé en Europe en 1849. M. Thomas Moore en a donné, en 1850 (mai), une représentation, par gravure sur bois, dans son Magazine of Botany (p. 216). Le Tropæolum deckerianum est une plante grimpante, à racines fibreuses (non tubéreuses); les tiges sont un peu comprimées, velues, grimpantes et s’enracinant facilement ; les feuilles sont peltées, triangulaires-ovales, le bord sinué et le pétiole poilu. Les fleurs axillaires, portées sur des longs pédoncules enroulés en spirale; le calice poilu ; le limbe a cinq lobes verts, courts, transversaux, légèrement triangulaires , angles obtus, calice produisant en arrière un long éperon de deux pouces , coni- que, gros, enflé, poilu en haut, d’un pourpre vermillonné, brillant et terminé par une pointe obtuse verte; la corolle est formée de cinq pétales inégaux , ovales-obtus, profondément ciliés, d’un violet bleuâtre très-in- tense. Ces pétales embrassent les étamines, disposées en cinq faisceaux et on ne peut plus remarquables par des anthères bleues, ce qui contredit formellement la loi de De Candolle, qui déclarait que jamais une anthère n’a cette couleur. « Elle n’est jamais ni verte, ni vraiment bleue, » disait le célèbre botaniste (!). Quand le Maguzine of Botany publia la description du Tropæolum deckerianum, il émit l’avis que cette espèce était moins ornementale que ee 2 (1) Organographie, 1.4, p. 465. BELG, HORT. T, I. (SX | CM — 946 — ne l'avaient faite les planches du continent, mais il ajouta un correctif à cette insinuation, à sâvoir, que probablement, comme les autres capu- cines, il lui fallait une allure libre et les conditions naturelles d’une cul- ture appropriée. : Or, nous ferons remarquer que le Tropæolum deckerianum est fort beau quand la culture lui convient, et on ne saurait le nier vis-à-vis de notre planche et des pieds superbes que possède M. Baumann. Voici comment cet horticulteur traite de cette plante dans une lettre que nous avons reçue de lui : « Le Tropæolum deckerianum est une des plus belles et des plus gra- cieuses espèces de la division des tropæolum à grandes feuilles et à racines fibreuses. I fleurit toute l’année. Pour jouir de sa fleuraison à la belle saison, il faut un pied âgé d’un an au plus (les jeunes plantes ne fleurissent pas très-bien). En le plaçant près d’un arbre, d’un espalier, d’une tonnelle, abandonné à lui-même, il grimpera et couvrira un très-grand espace, em se couvrant d’une légion de fleurs jusqu'aux premières gelées. Les gelées blanches le tue comme ses congénères. » Dans le commerce horticole, le cultivateur marchand tient les pieds des Tropæolum deckerianum en pots : on les plante au printemps (plantes d’un an, grands pots, bonne terre) et on les expose au grand soleil, en plein air, en les arrosant copieusement en été. Capucine de forte com- plexion, à dimensions larges, elle n’a pas besoin de tuteur ou de soutien: elle s’entortille sur elle-même. Ou bien, et ici, elle devient d’une grande beauté, elle s’étend sur quelque tronc mort et le couvre entièrement. Saisit-elle un laurier en tête, un oranger, quelque arbre taillé, elle s’élance dans les rameaux et mêle ses branches à celles de son appui. De même elle croit en espalier. Son effet est magique dans les jardins. » Au commencement d'octobre, on rentre en serre froide. C’est alors que fleurissent ses congénères, les Tropæolum lobbianum, moritzianum, crenatiflorum, wagnerianum, hookerianum, les variétés triomphe de Gand, triomphe de Colmar, ete. Mais il faut observer ici qu'une fois rentrée en serre, la eapueine de Decker ne peut plus changer de place et qu'il ne faut plus songer à relever ses rameaux ou à les déranger, car, de toutes les capueines, e’est elle qui a les pédoncules les plus fragiles : ils cassent comme verre; même, s'ils ne cassent pas, si on les dérange, les fleurs jaunissent, se flétrissent et meurent en bouton. » La multiplication se fait par boutures et de la manière ordinaire. » LE CAMELLIA FRÈRE ARNOLD DE BRESCIA , Par M. CH. MoRrREnN. Parmi les dames que nous avons l’honneur de compter au nombre de — 247 — nos lectrices assidues, et nous en sommes , certes , très-flatté, il en est plusieurs qui, cet hiver, nous ont demandé sérieusement quel était, à ce milieu du dix-neuvième siècle , le plus beau des camellias ? Devant une partie de la belle moitié du genre humain, bien maladroit serait celui qui répondrait à cette question, puisqu'il faudrait avant tout avoir découvert ce qui peut plaire à toutes les filles d'Eve indistinctement, et les fleurs les plus parfaites de la création, n’ont pas rallié l’unanimité des suffrages devant tant d’instincts, de natures, de sensibilités, d’affections, de cœurs, de poésies et d’imaginations si diverses. À chaque femme sa fleur et non pas une fleur à toutes : cette pensée était déjà au fond de celle de Ber- nardin de St-Pierre, quand il traita de l'harmonie entre le caractère de l’homme et la couleur des fleurs. Point n’est donc notre avis de parler du plus beau camellia, mais d’un des plus beaux de cette époque. Son portrait se trouve joint à ces lignes : PI. 45, fig. 2. Né chez M. Lechi à Brescia, en 1850, ce camellia qui y reçut le nom de fra Arnoldo (frère Arnold), a passé depuis dans les serres de M. Van Houtte, de Gand, qui lui a donné les honneurs de la publicité. Les feuilles font déjà distinguer cette variété, parce qu'elles ont une longueur inusitée , des pétioles très- minces, des dents fines et un bout noir à chacune. M. Van Houtte assure que ces bouts noirs sont des glandes : nous ne connaissons pas leur sécré- tion. Les fleurs sont orbiculaires, grandes ou moyennes, bien imbriquées, mais d’une imbrication rayonnante où les spires secondaires forment autant de gerbes courbes et semblent jaillir du centre. Le fond est rose et chaque pétale a au centre et à la base, au sommet, une bande blanche parfois maculée de rose, laquelle se superpose sur celle du pétale voisin extérieur et ainsi des autres. Cet effet est charmant. Ce camellia se trouve déjà dans nos principaux établissements horti- coles : il ne tardera pas à passer dans les coliections bien choisies. Son épanouissement facile, sa couleur, sa variation et sa grandeur en font une excellente variété d’ornement, de bal et de parure. Les dames recevront en sœurs le frère Arnoldo de Brescia. DE LA CULTURE ET DE LA MULTIPLICATION DES AZALÉES DE L'INDE (AZALEA INDICA), PAR UN AMATEUR HORTICULTEUR. Depuis l'introduction de ce beau genre qui mérite, avec tant de raison, l'admiration des amateurs, et figure au premier rang aussi bien sur nos marchés aux fleurs que dans les salons les plus élégants, le nombre des variétés s’est accru à tel point qu'il en existe aujourd’hui dans le com- merce plus de cent bien distinctes. Des hybridations successives avec les — 248 — rhododendrums ont confondu de plus en plus ces deux genres qui sont, aussi bien l’un que l’autre, dignes de figurer à la tête des plantes orne- mentales; il s’en faut que, néanmoins, la culture en soit facile et qu’ils répondent toujours aux soins qui leur sont donnés. Un grand nombre d’horticulteurs se sont livrés à la culture des Azaleas , mais beaucoup d’entr’eux ont remarqué que ces végétaux n’ont pas la vigueur et la santé qu’ils devraient trouver dans une culture attentive : les racines dépé- rissent, le feuillage jaunit et s’étiole, et cet inconvénient , qui diminue l'intérêt que mérite d’exciter un des genres les plus gracieux de l’horti- culture, vient de ce qu'on n'apporte pas à la culture tous les soins qu'ils réclament; avec un système d’éducation bien entendu on a des végétaux vigoureux, des fleurs brillantes et nombreuses, et c’est là le but que doit se proposer tout horticulteur. Une des premières conditions hygiéniques, indispensable dans toute culture , est le choix de la terre ; parmi celles que nous avons successive- ment essayées, la terre qui nous a paru le mieux convenir aux azaleas, est le sol sablonneux ; les racines y sont plus saines , la végétation est plus active , Les fleurs sont plus grandes et d’un coloris plus pur. On peut ajouter à ces avantages, celui d'empêcher l'invasion des insectes qui s’at- taquent à toutes les plantes dont la végétation est souffreteuse. Leur en- nemi le plus terrible est un petit acarus connu sous le nom vulgaire de TIGRE, 1l S’attache au revers de la feuille et s’y mulüplie avec une rapidité étonnante. On doit regarder tout azalea attaqué par le tigre comme dan- gereusement malade et même comme perdu si l’on n’y apporte un prompt remède. Le seul moyen de se délivrer de ce dangereux parasite est de saupou- drer le dessous des feuilles avec du soufre pulvérulent. Pour faire cette opération on renverse la plante, qu’on remet doucement en place dans la crainte de détacher le soufre qui adhère à la face inférieure des feuilles. Il faut agir avec précision et délicatesse, car on ne doit pas mouiller la partie qu’on saupoudre de soufre, ce qui en atténuerait l'effet; et, à l'état sec, il adhère moins fortement. Pour n’avoir pas à procéder à cette opé- ration minutieuse, il vaut mieux apporter à la culture les soins qui, en maintenant les plantes dans un état de santé satisfaisant en écarteront les tigres qui ne s’attaquent qu'aux sujets débiles et malingres. L'exposition convenable à la vigueur des azaleas mérite aussi l’atten- tion de l’horticulteur. Nous avons cru, pendant longtemps, qu’une expo- sition ombragée leur était plus favorable, mais, depuis, nous avons acquis l'expérience du contraire. Nous en avons placé au soleil et à l’air libre, et c’est alors que nous avons pu constater que cette dernière exposition est tout à l’avantage de ces végétaux. Les rameaux sont plus ramassés, le feuillage est plus vigoureux, la fleuraison en est plus assurée, les plantes cultivées de cette sorte sont moins attaquées par les insectes et leur con- servation pendant l'hiver est plus facile. 20 | La multiplication des azaleas de l’Inde est en général trés-facile : on peut les propager de boutures qu’on prépare en mettant dans une bonne serre tempérée à + 10 ou 12° cent. des plantes-mères dont on active la végétation, pour obtenir le développement des bourgeons foliacés. Quand les jeunes pousses ont de 8 à 10 cent. de longueur on les coupe en laissant ‘ à la tige un talon qui ne tarde pas à émettre des pousses nouvelles pro- pres à faire d’autres boutures. On peut renouveler deux à trois fois cette opération sans trop fatiguer la plante-mère, qu’on retire de la serre où elle a été forcée, pour la mettre dans une serre dont la température soit moins élevée, jusqu’à ce qu’on puisse l’exposer sans danger à l’air exté- rieur. Ce moyen de multiplication ayant été expérimenté comparativement avec celui qui a lieu au moyen de boutures prises dans une serre froide, nous avons remarqué qu'il y avait moitié au moins d’avantages à opérer sur celles venues dans une serre à + 10 ou 12. Il faut, pour faire des boutures, avoir de la terre sablonneuse riche en humus , ne pas la tamiser trop fin, ce qui tourne au préjudice de la plante qu'on veut multiplier et le plus possible faire chacune de ses boutures dans un petit pot séparé. Ce mode de procéder est tout à l'avantage du jeune sujet, qui n’est pas fatigué quand on le transporte. Les pousses prises sur un sujet soumis à une température de 10° cent., émettent plus tôt leurs racines que celles prises en serre froide, et elles peuvent s’ac- commoder d’une température plus haute; mais il faut, dans les premiers jours qu’elles sont faites , les surveiller avec le soin le plus scrupuleux ; car, si elles sont frappées par le soleil, il est difficile de les rappeler à leur état naturel; aussi faut-il les couvrir dès que le soleil menace la cloche sous laquelle elles sont placées. Un inconvénient contre lequel il est im- possible de se trop prémunir , est l’humidité dont la présence sous la cloche leur est très-préjudiciable, car la villosité de leur feuillage permet difficilement de les faire ressuyer, c’est pourquoi il est préférable de les isoler. | Plusieurs variétés d’azaleas n’offrent pas d'avantage à être multipliées de boutures ; telles sont celles de la section des lateritia qui sont toujours délicates et forment de petites touffes ; il faut, en conséquence, les greffer sur des sujets de la variété phænicea, qui est très-vigoureuse et propre à recevoir les variétés dites anglaises. L'époque la plus propre à la greffe mérite encore une attention toute particulière. Il y a deux saisons dans lesquelles on peut procéder à cette opération, ce sont : octobre et les mois de février et mars. Cette dernière époque est la plus favorable parce que c’est le moment naturel de leur végétation. On greffe les azaleas en placage ou en fente suivant la disposition du sujet : si c’est en fente, il faut avoir soin de laisser derrière la greffe une feuille ou branche désignée sous le nom d’appelant dans le langage des hortieulteurs, et qui sert à activer la cireulation de la sève ; sans cette 90 précaution, non-seulement la greffe, mais même le sujet court risque de périr. Les greffes se font sous la cloche à la température de 15° cent. Nous avons reconnu par expérience que cette chaleur est préférable à celle des couches, qui est toujours préjudiciable aux sujets à multiplier. Tous les soins à leur donner pendant la reprise, consistent à ne pas laisser l’humi- dité s’introduire sous la cloche; et pour cela on les maintient hermétique- ment closes pendant une huitaine de jours. Au bout de ce temps, on commence à leur donner graduellement de l'air; et, un mois aprés, la reprise est assurée. On enlève alors les cloches, on les garantit de l’ardeur du soleil et on les bassine chaque jour au moment de la plus forte chaleur, ce qui en favorise la végétation. Lorsque les greffes ont perdu la sensibilité qu’elles avaientacquises par l'effet de la chaleur artificielle et de la privation d’air, c’est-à-dire quand elles sont bien ruffermies on les transporte dans une autre serre dont la température est moins élevée, pour les préparer à l’action de l'air exté- rieur. Quand on les sort, on les met d’abord dans un endroïît mi-ombré avant de les exposer au grand air, et ce n’est qu'après ces transitions né- cessaires, qu'on les soumet à la culture que nous avons indiquée précé- demment. RECHERCHES SUR LES VARIÉTÉS ET LES HYBRIDES DES MIRABILIS JALAPA ET LONGIFLORA, Par M. H. Lecoo, Professeur d'histoire naturelle de la ville de Clermont. (Suite et fin.) HYBRIDES ENTRE LES MIRABILIS JALAPA ET LONGIFLORA. Nous avons déjà dit qu’il était facile de croiser ces deux plantes, et, dès 1846, j'avais entrepris des fécondations artificielles qui m'ont conduit à des résultats assez curieux. J'avais préparé un pied de Mirabilis longiflora, destiné à être féeondé par le jalapa, et un pied de jalapa destiné à recevoir le pollen du pré- cédent. La première combinaison fut infertile, et le Mirabilis longiflora, fé- condé avec tous les soins possibles, ne me donna pas une seule graine. Il n’en fut pas de même du Af. jalapa, dont les fleurs étaient rouges; Éd PR DR", les graines parurent comme à l'ordinaire; mais je croyais si peu à la pos- sibilité d’hybrider ces deux espèces très-distinctes, que je négligeai la récolte des graines, persuadé qu’elles avaient été fécondées de nouveau et après moi, tous les soirs, par les sphinx du liseron, qui étaient alors ex- tréêmement communs. Ce fut donc par hasard et négligemment que je recueillis quelques graines, qui furent mêlées à d’autres provenant du Mirabilis jalapa. Au printemps de 1847, jeremarquai avec surprise, au milieu des jalapa, trois pieds qui avaient entièrement l'apparence du A. longiflora. Certain de n'avoir semé que des Mirabilis jalapa, je soupconnai bientôt ces plantes de provenir de graines hybridées, et, en effet, elles présentaient des caractères parfaitement intermédiaires entre les deux espèces. Les fleurs parurent et me confirméèrent dans mon opinion. Elles étaient aussi inter- médiaires ; leur couleur était blanche ou d’un lilas violet, et souvent pana- vhées ou seulement partagées par ces deux couleurs. L’odeur était celle du M. longiflora, et leur aspect général rappelait beaucoup plus le père que la mère. Cependant la plante n’était pas visqueuse, le tube était rac- eourci et les trois pieds étaient, sauf quelques variations dans la couleur des fleurs, parfaitement identiques. Vers le milieu de l'été, ces plantes fleurissaient en abondance, mais aucune fleur ne nouait, et mes trois pieds étaient stériles. Me promenant un jour avec un bâton à la main, je donnaï, comme plaisanterie, une forte correction à une de mes plantes, sous prétexte de lui faire porter graines. Il restait à peine quelques rameaux, et je fus très-étonné, peu de jours après, de remarquer que les fleurs donnaient des graines qui vinrent à maturité parfaite. Les deux autres plantes, ts n'avaient pas été mutilées , m'ont aussi donné des semences , mais à la fin de l’automne seulement, SR les individus eurent perdu en partie leur vigueur. Les racinee de ces plantes étaient énormes ; elles furent conservées, bouturées au printemps, et les boutures donnèrent une assez forte récolte de graines. Voyant ce résultat , en 1847, je m'empressai de préparer des Sujets, et de les féconder par le M. longiflora. Un pied rouge et surtout un jaune, furent destinés comme porte-graines, et la récolte, assez abondante, fut soigneusement cultivée en 1848.-Jayais un grand nombre d’hybrides dont la plupart étaient blanes et lilas, comme ceux de l’année précédente; quelques-uns violets pâles montraient de temps en temps un peu de blanc. Un seul était jaune, et très-différent des autres. Il n'avait pas le port du M. longiflora, mais ses fleurs avaient un long tube et un limbe très-rétréci. La fleur s’ouyrait à peine. Le pied n'était pas vigoureux. II ne m'a donné aucune graine, malgré des fécondations artificielles avec son propre pollen et avec celui des autres. Quant aux graines de ces Mirabilis hybrides, elles reproduisent la Fr. pee plante, et il arrive aussi qu’elles donnent des sujets très-voisins du AZ. ja- lapa, retournant ainsi à leur type maternel. J’ai recu de M. Vilmorin des graines d’une variété violette du A. lon- giflora, qui m'ont donné une plante très-différente par la couleur et Ja vigueur des hybrides que j'avais créées, mais qui est très-certainement une hybride comme celles que j'ai cultivées. Sa fleur est plus petite, d’un violet plus foncé, et la plante est faible si on la compare aux . longiflora et jalapa, et surtout si l’on se rappelle l’extrême vigueur des hybrides que nous avons obtenues. Cette plante violette donne très-peu de graines fer- tiles , et il est à remarquer que les hybrides qui, comme elle, se repro- duisent de graines perdent peu à peu la vigueur du pied-mère qui leur a donné naissance. J’aien ce moment (octobre 1851), dans mon jardin, un pied d’hybride qui date de 1848, qui, depuis cette époque, a passé les hivers sans cou- verture, dont la racine a plus d’un mètre de longueur, et dont les branches fleuries forment un buisson d’environ deux mètres de diamètre. Ce pied qui, les années précédentes, donnait quelques graines en automne ne m'en a pas offert une seule cette année. HYBRIDES D'HYBRIDES. Lorsqu'en 1848, j'eus obtenu des hybrides très-nets et très-tranchés, parfaitement intermédiaires par tous leurs caractères entre les A[. jalapa et longiflora , j'essayai de féconder ces hybrides par leurs antécédents et réciproquement. J’obtins difficilement quelques graines des hybrides fécondées par le M. jalapa. Je ne pus en recueillir du Mirabilis longiflora croisé par les hybrides, ni réciproquement ; mais les M. jalapa hybridés par les hybrides me donnèrent des graines nombreuses, et, par la suite, des plantes extrêmement curieuses et presque toutes fertiles. Ces expé- riences ont été continuées pendant plusieurs années, et aujourd'hui, oc- tobre 1851, j'ai recueilli encore un certain nombre de graines qui doivent me donner, en 1852, de curieux résultats. J'ai toujours choisi pour pieéds-mères des M. jalapa, et surtout des plantes à fleurs jaunes ou panachées de rouge, mais j'ai opéré aussi sur des tricolores et des plantes de toutes les couleurs. Il me serait impossible de décrire les types qui sont nés de ces croise- ments ; ils sonten trop grand nombre, et tellement différents des H. ja- lapa et longiflora, qu’on les prendrait facilement , du moins plusieurs d’entr’eux, pour des espèces tout à fait distinctes. Ce qu'il y a de certain, c’est que les différences spécifiques étaient plus grandes que celles qui existent entre toutes les espèces de Mirabilis et le M. jalapa. Quelques-unes de ces plantes étaient glabres partout, d’autres hérissées et velues. Les tiges étaient couchées dans les unes et dressées dans les autres. Les fleurs tantôt rares et éparses, tantôt rassemblées et dressées — 255 — en magnifiques bouquets. Le tube était plus long que dans le jalapa, et l'odeur rappelait encore le M, longiflora. Le limbe de plusieurs fleurs mesurait 50 à 54 millimètres de diamètre (une pièce de 5 fr. en mesure trente-sept), tandis que l’on en voyait de beaucoup plus petites que celles du A. longiflora. L'heure de l’épanouis- sement était très-différente , et, en général, elle retardait sur celle du M. jalapa. 1 y avait même des fleurs qui ne s’ouvraient pas du tout, et les plantes qui présentaient ce caractère ne me donnèrent pas de graines. La forme des corolles offrait aussi beaucoup de variations. On rencon- trait des limbes très-profondément divisés et des fleurs étoilées; on en voyait d'autres parfaitement arrondis sans échancrures, et simulant des liserons. Quant aux couleurs, il m’est impossible aussi d’en rendre compte tant elles étaient variées. J'avais des fleurs , à long tube, jaunes ou panachées de rouge et de jaune, et toutes stériles. J'avais de larges fleurs carnées, roses ou violettes entièrement semblables, pour l'aspect, à celles de la pervenche de Madagascar. Certaines variétés étaient veinées à l’intérieur comme la fleur de la jusquiame noire. D’autres , d’un blanc de neige, avaient le tube et la gorge violets. Les teintes de saumon, de jaune soufre passant au rose, d’abricot, de fauve et d’orangé se montraient fréquem- ment. Toutes les panachures imaginables : marbrures, macules, pointillé, bandelettes, stries, enfin toutes les combinaisons possibles se présentaient, et certains pieds offraient des fleurs dans lesquelles il était facile de dis- tinguer cinq à six nuances bien différentes. Ces singulières modifications se sont encore manifestées sur les graines. Certains pieds n’en donnaient aucune ; d’autres les produisaient en abon- dance, pas une fleur n’avortait, et quelquefois même la plupart des fleurs avaient deux ovaires et donnaient deux graines müres. Leur couleur variait entre le noir, qui est la couleur de la graine du Mirabilis jalapa, et le brun moucheté que montre celle du M. longiflora. On remarquait tous les intermédiaires possibles entre ces deux nuances. Les formes étaient plus curieuses encore. Les graines rarement rondes, et plus courtes que celles du M. jalapa, étaient souvent plus longues et quelquefois même très-pointues, à côtes plus ou moins saillantes. Enfin la variété était telle, dans ces plantes obtenues par des fécondations faites au moyen de pollen en mélange , qu’il n'existait plus aucun moyen de séparer nettement les espèces et de reconnaitre les types. J’ai obtenu aussi cette année des hybrides entre les M. jalapa et dicho- toma. Les fleurs sont restées jaunes ou jaune et blanc panaché. Les graines de ces nombreuses variétés ou espèces, ou, pour ne rien hasarder , de ces curieuses modifications , n’ont pas toujours donné des plantes semblables à celles dont elles provenaient. Ellés ont donné des individus à couleur différente, et sont retournées la plupart au M. jalapa. De nombreux essais restent encore à faire sur les mirabilis. On peut” BELG. HORT, T, NH. 54 MAS de les considérer comme des plantes éminemment propres à mettre sur la voie de la valeur que l’on peut donner aux variations et aux hybrida- tions. Il serait à désirer que l’on puisse recueillir leurs différentes espèces, trés-rares ou inconnues dans les jardins, et que les essais d’hybridation et de croisement pussent avoir lieu sous différents climats. CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR L’HYBRIDATION DES MIRABILIS. On peut tirer de mes essais d’hybridation la conséquence que, dans les hybrides entre espèces, au moins pour les Mirabilis, le produit est exac- tement intermédiaire ; mais on arrive aussi à cet autre résultat singulier, que les hybrides d’hybrides ne suivent plus cette loi, et deviennent infi- niment variés en s’éloignant quelquefois beaucoup de leurs types. Ainsi, j'ai obtenu des Mirabilis à fleurs étoilées et d’autres à fleurs de liseron, des Mirabilis à fleurs étroites ou à fleurs fasciculées qui s’éloignaient beaucoup de leurs ascendants. On peut aussi être certain d’un fait, c’est que tous les hybrides végétaux ne sont pas stériles, puisque nos plantes croisées donnent des graines en petite quantité, mais des graines fertiles, et qu’en croisant ces hybrides avec leurs propres parents on obtient des sujets d’une grande fertilité. D'un autre côté, nous voyons ces graines fertiles avoir une grande ten- dance au retour vers les anciens types, et nous voyons la force de Fhabi- tude, un moment suspendue par nos efforts, se montrer de nouveau, dès que nous ne nous opposons plus à son développement. Il serait prématuré de tirer des conclusions générales d’un seul fait, quelque précis qu’il soit, et des études sur les Mirabilis ne peuvent don- ner le droit d'établir des théories applicables à tout le règne organique. Nous pouvons cependant nous baser sur ce fait et sur ces expériences, pour donner de la valeur à l’opinion que j'ai émise depuis longtemps, que l'hybridation, quand elle est possible, est bien plus prompte que la varia- tion pour modifier l’espèce. Je suis de ceux qui croient à la filiation de l'espèce, et, par conséquent, à la variation possible et même nécessaire de la succession des individus, et nous avons partout des preuves de cette variation. Sans sortir de notre sujet, nous savons que lors même qu'une seule espèce de Mirabilis, le M. jalapa, était connue, cette plante a varié ses couleurs seulement, et nous a donné des variétés qui se sont maintenues et multipliées par la culture ; mais ces variétés se sont montrées lente- ment, à plusieurs reprises, et si nous faisons abstraction de celles qui sont connues de tout le monde, et que nous avons citées au commence- ment de cet article, les autres ne se sont montrées que de loin en loin et ne se sont pas conservées. | Si donc j'ai pu, en quelques années, faire revivre ces anciennes variétés et en ajouter de nouvelles, au point que cette année j'ai pu en séparer CAR. : ESS quarante bien distinctes, c’est que j’ai eu à ma disposition un moyen plus actif que l'espoir des variations naturelles ou accidentelles, c’est que j'ai pu ébranler la stabilité des races et des variétés connues. L’hybridation m'a donné ce moyen, et, une fois la plante dérangée de ses habitudes, elle tend à les reprendre, il est vrai, mais elle donne alors de nombreuses variétés qu’elle n'aurait pu produire auparavant. Cela est si vrai que les graines de Mirabilis que je recueille maintenant en masse , et qui pro- viennent toutes d'individus autrefois hybridés , c’est-à-dire ébranlés et ramenés par des croisements successifs au A. jalapa, donnent seules et sans hybridation de nombreuses et nouvelles variétés, que je ne puis pré- voir et dont je suis moi-même étonné. Un phénomène semblable m'est arrivé pour les Primula, après avoir créé le P. variabilis par la fécondation des P. acaulis et elatior, j'ai obtenu une race dont les variations ne s'arrêtent pas, en choisissant tou- jours les graines sur de jeunes pieds et sur les variétés nouvelles. Cette facilité d’ébranler les races et même les espèces par lhybridation, de les rendre fertiles par de nouveaux croisements qui les rapprochent de leurs types, et de les rendre ainsi propres à fournir des variations et des modifications multipliées, ne serait-elle pas applicable à de nom- breuses espèces des deux grandes divisions du règne organique, et ne pourrait-elle pas contribuer à faire entrer dans la domesticité des races qui s’y refusent, ou qui attendent de la part de l’homme de nouveaux efforts ou des méthodes différentes de celles qui ont été employées ? Quand on considère ces faits, et que l’on pense à l'énergie de la nature lorsque les espèces étaient encore jeunes, on se demande si des types, aujourd’hui différents et stabilisés par une longue habitude, par un entou- rage prolongé des mêmes conditions et des mêmes milieux, ne proviennent pas de souches communes , dont les variations et les hybridations les au- raient fait dériver. Il est difficile de ne pas admettre cette opinion pour les genres nom- breux en espèces; il est presque impossible de ne pas croire à la filiation quand on voit ces mêmes formes se reproduire dans la série des âges, quand on observe ces créations parallèles si bien indiquées par M. I. Geof- froy-S'-Hilaire, et quand on étudie géographiquement l'aire d’extension des espèces dans tout le règne organique. CULTURE DES BELLES DE NUIT; LEUR DISPOSITION DANS LES PARTERRES. Nous ne chercherons pas à rester dans les considérations élevées qui précèdent, mais qui méritent cependant toute notre attention. Nous redes- cendrons de suite, à notre niveau d’horticulteur, sur la terre qui nous prodigue ses fleurs, et nous chercherons à grouper et à cultiver le mieux possible les variétés nouvelles que nous avons obtenues. — 250 — La culture des Mirabilis est des plus simples. Semer en avril les graines une à une dans une bonne terre substan- tielle; avancer même cette époque si l’on habite un pays où les gelées ne soient pas à craindre, car ces plantes y sont à tout âge extrêmement sen- sibles. Le mieux est de semer en place, mais on peut aussi repiquer. Si on a cette intention, et surtout si l’on veut hâter la végétation des belles de nuit, on sème en petits pots, une graine dans chaque, dans une serre froide ou un appartement, et on dépote avec.la terre pour mettre en place définitive, quand la plante a deux ou quatre feuilles. La végétation est active , surtout si on ne ménage ni l’eau ni le fumier , et dès la fin de juillet les premières fleurs commencent, pour continuer jusque dans les premiers jours d'octobre. Les graines mürissent environ trois semaines ou un mois après la floraison. On peut donc les recueillir en abondance, pendant tous les mois de septembre et d'octobre. . On doit récolter les graines séparément et par couleurs, afin de pouvoir ensuite disposer ces plantes de manière à en tirer tout l'effet possible. Dans les petits jardins on ne peut avoir que des buissons isolés; mais dans les parcs ou dans les jardins un peu étendus, les Mirabilis sont appelés à produire un effet extraordinaire. Le mieux est de leur consacrer un espace assez grand, et de les disposer en cercles concentriques assez rapprochés. On peut laisser entre les lignes une planche de gazon, mais on peut aussi s’en dispenser; car, malgré la profusion des fleurs, la plante donne un si grand nombre de feuilles qu'il y a toujours assez de verdure. Néanmoins, si l’espace existe, une plate- bande de gazon, ou du lierre pour séparer les guirlandes, n’affaiblit jamais l'éclat des belles de nuit. ; L'essentiel est qu’il reste au milieu un espace gazonné, suffisamment étendu pour qu’il ne paraisse pas étranglé par une triple ceinture. On place les couleurs selon son goùt dans ces plates-bandes. On les mélange ou on les sépare. Je me suis trouvé très-bien de la disposition suivante : rouge, blanc, jaune, rouge et blanc , jaune et blanc, jaune et rouge, blanc, rouge et ainsi de suite. Cette combinaison produit un effet admirable, et on doit l’employer si on ne dispose que d’une plate-bande. Si on en a plusieurs à sa disposition, on peut établir dans le même ordre des cercles concentriques d’une seule couleur ou variété. On obtient alors un véritable champ des plus richement colorés. D’autres séries peuvent aussi convenir aux trois plates-bandes, comme la première rouge, la seconde mélangée, la troisième blanche. Ou bien, dans la même plate-bande des retours périodiques rouge et blanc, ou jaune et blanc, ou rouge et jaune, ou des alternances différentes dans chacune d'elles. Il est impossible de deviner et surtout complétement inutile de cher- cher à guider le goût des vrais amateurs , j'ai voulu seulement eiter quelques exemples; mais quel que soit celui qu'ils adoptent ou qu'ils — 207 — imaginent, Je puis leur assurer, après une longue expérience, qu’ils ne cultiveront aucune plante qui produise plus d’effet et qui soit plus har- monieuse. Elle s'ouvre quand la chaleur du jour s’affaiblit et permet de descendre au parterre ; elle dure encore le matin, quand la nature s’é- veille et que la rosée vient rafraichir la terre. Elle reçoit les premiers ayons du soleil, et livre aux brises de la nuit ses émanations odorantes. Chaque soir ce sont des fleurs nouvelles que le jour ni de tumultueux insectes n’ont pas encore flétries. Les sphinx aux brillantes couleurs, au corsage annelé de rose et de noir, viennent seuls plonger leurs trompes dans ces calices mellifères, et, suspendus dans l’air, ils ne touchent même pas le vase qui contient leur nectar. Toutes les couleurs se peignent dans ces riches corolles; les plus brillantes panachures s'y détachent, se séparent ou s’y fondent en nuances tendres ou foncées, que la main de l’homme peut encore changer à son gré. Il ne s'agissait plus que de conserver les conquêtes obtenues que les graines ne reproduisent pas toujours avec facilité , et les racines vivaces se sont prêtées d’elles-mêmes à la reproduction. Traitées comme les dalhias, de nombreuses boutures peuvent chaque année multiplier les plantes et assurent à cette ancienne fleur de nos jardins une génération puissante et les triomphes de l'avenir. REVUE DE PLANTES NOUVELLES. Camptosema rubicundum. Hook. et Arn. in Bof. misc. v. 5, p. 201. — Hook. Bot. mag. 4608, ann. 1851. — Walp. Repert. v. 1, p. 761. vol. 2, p. 522. Camptosème à fleurs rouges. Syn. Kennedia splen- dens. Cat. Hort. Bollwill e Mulhaus. 1851. Meisn-plant-Preiss. v. 1, p.89. Walp. repert. vol. 5, p. 5350. Famille des légumineuses. Arbrisseau grimpant , glabre , feuilles trifoliolées , folioles elliptiques, rétuses au sommet, l'intermédiaire longuement pétiolulé, grappes composées, axil- laires beaucoup plus longues que les feuilles, pédicelles à peine égalant le calice. Cette espèce grimpante, cultivée d’abord en Allemagne, y portait le nom de Xennedia splendens, donné par M. Meisner, lequel déclarait prudemment que sa patrie était inconnue , tandis que le d' Walpers la croyait et la disait de la Nouvelle-Hollande. Or, on sait aujourd’hui qu'elle provient du Brésil et des Provinces argentines. Ces erreurs sont fort explicables par la mauvaise foi que mettent certains jardiniers à cacher le pays d’où ils reçoivent des plantes ; mais comme la vérité finit toujours par se faire jour, ces jardiniers sont plus tard connus et perdent toute confiance. Cette plante-ci est plus belle que la glycine et les fleurs sont d’un rouge éclatant. Culture. Planté en pleine terre et en serre chaude ce Camptosema est — 258 — magnifique. Il lui faut la liberté en terre et au-dessus. Quand on le tient en pot, ses fleurs ne se développent pas. La multiplication se fait par boutures sur couches chaudes. Centrosolenia picta. Hook. Bot. mag. 4611, ann. 1851. Centro- solenia à feuilles peintes. Famille des Gesnériacées. Feuilles presque égales, ovales et obovales, velues, colorées (surtout les jeunes), crénées- dentées longuement pétiolées, corolles poilues, lobes obscurément crénés, filets des étamines longuement poilus au bout. M. Spince envoya cette plante des rives de l’Amazone à Kew. Les feuilles sont remarquables par leurs couleurs. Les fleurs grandes, blanches, lavées de rose et teintées de jaune n’ont pas le limbe frangé du Centrosolenia glabra. Culture. Native de l'Amérique tropicale, cette espèce offre une nature succulente, et, comme ses congénères, elle convient pour une culture anthocline ou tombante. La serre à orchidées , chaude et humide, lui est favorable. De la terre de bruyère mélangée de terre ou de feuilles, bien drainée et peu d’arrosements pendant l'hiver sont les soins ordinaires de son bon maintien. Le bouturage sous cloche, dans une bâche chaude, la multiplie. Epidendrum verrucosum. Lindl. Bot. reg. 1844. t. 51. — Hook. Bot. mag. 4606. ann. 1851. Epidendre à verrues. Famille des Or- chidées. Pseudobulbes ovales, feuilles ensiformes, obtuses ; hampe, pédi- celle et ovaires couverts de verrues, grappe penchée , sépales et pétales linéaires-lancéolés , aigus , labellum trilobé , lobes latéraux presque en faulx, aigus , nains, l'intermédiaire ovale, erénulé, denté à la base , bila- mellé, colonne à deux ailes tronquées. Le Mexique a produit cette char- -mante espèce d'Épidendrum de la section des Encyclia. Elle a été envoyée naguère à M. Loddiges. La fleur est violette lilacée, charmante, grande et l’épi fourni. Chaque fleur mesure près de # pouces. Culture. Semblable à celle des autres orchidées, mais sa nature plus robuste permet d’en avoir moins de soin. Elle aime un sol bourbeux ou des mottes de terre de bruyère, mélangées avec des tassons. On fait venir le sol au-dessus du pot en le soutenant avec des petits bâtons. Il est né- cessaire de donner de fréquents arrosements. Galeandra Devoniana. Schomb. in Lindl. Sert. orch., t. 37. — Hook. Bot. mag. 4610. ann. 1852. Galéandre du duc de Devonshire. Famille des orchidées. Tige droite simple, arrondie, polyphylle, feuilles lancéolées à 5 nervures, grappe sessile, dressée multiflore, lame du labellum ovale, obtuse, crénulée, à quatre lamelles près de la base, anthère à crête charnue, arrondie pubescente. Cette orchidée est une des plus belles de l'Amérique méridionale. Schomburgk la découvrit sur le bord du Rio Negro, rivière qui se jette dans le fleuve des Amazones. M. Spince la revit dans le même endroit. Schomburgk déclare qu'elle Venues. Belle des LA] — 259 — atteint de cinq à six pieds de hauteur et ses plants mesuraient de dix à douze pieds en circonférence. Ces dimensions sont énormes pour une orchidée. Culture. On la tient en serre chaude, dans une terre de bruyère où elle ne souffre pas l'humidité excessive, ni dans l’air ni dans la terre. Nymphæa elegans. Hook. Bot. mag. 4604. ann. 1851. — Vénu- phar élégant. Famille des nymphéacées. Feuilles suborbiculaires on- doyantes, subdentées, profondément bifides à la base jusque vers l’inser- tion du pétiole, maculées de noir , lobes droits, sinus étroit, rouges au-dessous; sépales au nombre de 4, linéolés de brun, pétales blancs, teints de bleu pourpre, étamines distribuées par phalanges au nombre de 45 environ, filets extérieurs subpétaloïdes , anthères extérieures appen- diculées, stigmate rayonné à 15 rayons. Le docteur Wright a trouvé cette élégante espèce de nénuphar dans le nouveau Mexique d’où les graines ont été envoyées à Kew. Elle se rapproche du Nymphœa ampla. Sa flo- raison eut lieu dans un aquaire sis en serre chaude et au commencement de l'été. Non-seulement les fleurs sont élégantes de forme et belles de couleur, mais elles répandent un parfum délicieux. Il est fort difficile de dire à quelle division de De Candolle elle appartient, quoique sa couleur bleuatre la ramène aux cyanées. Ce qu'elle offre de remarquable c’est la distribution des étamines par phalanges exactement en même nombre que les divisions du stigmate. Culture. C’est à titre de conservation qu’on a placé ce nénuphar dans un aquaire de serre chaude; mais puisqu'il est natif du Mexique, il pas- sera bien en pleine eau, à l’air libre, nos étés, sauf à rentrer les racines en hiver dans une serre. Pedicularis mollis. Wall. cat. n. 415. — Benth. Scroph. Ind. p. 55, De C. Proch. vol. 10, p. 564. — Hook. Bot. mag. 4599. 18592. — Pédiculaire douce. Farnille des serophulariacées. Plante droite , élancée, rameuse, poilue , feuilles une ou deux fois pinnatifides, divisions oblon- gues-lancéolées, ineisées-dentées, épis grêles interrompus, dents du calice oblongues, crêtées, tube de la corolle à peine exserte , casque étroit, oblong, droit rectiligne en avant, dépassant la lèvre. Cette espèce de pédi- culaire, extrêmement distincte et ne ressemblant à aucune autre, est ori- ginaire du Népaul où elle a été trouvée par le docteur Wallich, et des hautes montagnes du Sikkim dans l'Himalaya, où le docteur Hooker en a fait une nouvelle trouvaille. Les graines, expédiées à Kew, ont germé et produit des plantes qui ont fleuri ; l’épi est long, les feuilles fort jolies en verticilles et les fleurs d’un pourpre violet foncé. Culture. Les pédiculaires croissent généralement dans un sol pauvre et légèrement humide; quelques-unes demandent un sol entièrement sub- mergé. Cette espèce de l'Himalaya demande une terre forte, bien drainée et modérément arrosée. 25 96m LITTÉRATURE HORTICOLE. #P SUR LE NOM ET L'ORIGINE DU CRAN (COCHLEARIA RUSTICANA LAM) j APPELÉ IMPROPREMENT ARMORACIA ET CRAN DE BRETAGNE (MOUTARDE DES CAPUCINS), Par M. ALPHONSE DE CANDOLLE. ” Lorsque les noms de plantes ont pour effet de propager des erreurs, il faut bien y renoncer. L’Asclepias syriaca, de Linné, par exemple, s'est trouvé être une plante d'Amérique, ne venant point en Syrie. Les bota- nistes ont été forcés de changer le nom en celui d’Asclepias Cornuti, d’après l’auteur qui avait décrit l’espèce le premier. Le Jasminum azo- ricum n’est pas spontané aux Açores. Voilà encore un fait bien constaté, qui devra conduire à un changement de nom. Ces déux cas n’intéressent guére que les botanistes et les horticulteurs instruits. Quand il s’agit de plantes usuelles, c’est autre chose; il faut bien avertir le public des chan- gements de noms, car tout le monde est appelé à parler de ces espèces. En voici un exemple assez curieux : il s’agit d’une plante cultivée dans une foule de jardins , et énumérée dans les livres les plus populaires, sous deux noms faux : Cran de Bretagne et Cochlearia Armoracia des bota- nistes. Comme on va le voir il y a deux erreurs accumulées dans ces noms. Parlons d’abord du nom scientifique Armorucia. I] ne signifie pas que la plante vient d’Armorique, soit Bretagne. Le soin avec lequel Linné et _les auteurs plus anciens écrivaient le mot par une grande lettre l'indique déjà; mais, en outre, les vieux auteurs nous disent positivement (*) que l’on a eru reconnaitre dans l'espèce l’Armoracia de Pline, ou Armoracium de Columelle. Or, quand on lit la phrase de Pline (livre xiv, chap. 5), ül paraît extrêmement douteux qu’il s'agisse de notre Cran ou Raïfort com- mun. L'auteur parle des Raphanus, dont les Romains distinguaient, dit- il, «tria genera, savoir : unum Sylvestre Græci agrion vocant, Pontici armon, alii leucen, nostri armoraciam, fronde cobiosius quam corpore.» Il ne parle point du goût de moutarde si caractérisé de la racine de coch- learia. D'ailleurs le cran n’est pas connu aujourd’hui dans la Grèce méri- dionale (?), et on le cultive peu en Italie, où ses noms vulgaires ne dé- rivent nullement d’Armoracia. Le mot italien ramoracia , s'entend aujourd’hui du Raphanus sativus, radis, et le cran.se nomme barba forte, Cren erba forte, rafuno rusticano (°). Comme les noms de plantes usuelles ont passé d'ordinaire sans transpositions du latin dans l'italien, je ne doute pas que l’Armoracia de Pline , ne fut une rave ou un radis et non (4) J. Bauhin hist. t. 2, p. 851. (2) Fraas syn., fi. class., p. 119. (5) Targioni dizzion. bot. ilal., 4, p. 37. LB le cran. D'ailleurs, M. Fraas nous enseigne que le Rapania agria des Grecs modernes, mot presque semblable au Raphanis agria des anciens, s'applique au radis, Raphanus sativus, qui est spontané en Grèce. Ma- thiole (*), toujours si exact, remarquait déjà l'erreur sur le sens du mot Armoracia, et, sans en donner des preuves , il critiquait ses devanciers pour avoir dit que l’Armoracia fut le Cran. Linné maintint l'erreur en adoptant le nom spécifique de Cochlearia Armoracia. Lamarck préféra le nom de C. rusticana, venant du terme Raphanus rusticanus de Bauhin. Il ne dit pas ses motifs, mais il aurait pu en invoquer plusieurs, à notre avis excellents, ainsi qu'on va le voir. Pour achever ce qui concerne le nom d’Armoracia , il faut remarquer le nom Armon mentionné par Pline. Il s'applique bien probablement au Raphanus sativus, car cette espèce est spontanée en Grèce, en Crimée et en Arménie (*). Le mot Armon de la province du Pont, est probablement l’origine du mot latin Armoracia. En tout cas rien ne peut faire penser que les Latins eussent tiré le nom ou la plante d’Armorique. Pline n’en dit pas un mot, lui qui mentionne à côté un Raphanus, en remarquant qu'on le disait à tort venu de Syrie. La seconde erreur ne concerne que les personnes qui traduisent le mot Armoracia par l’épithète de Bretagne. Nous venons de voir que Pline ne parle point d’une origine armoricaine, que le nom Armoracia vint plutôt du nom Armon-usité dans le Pont ; il faut ajouter que les Latins auraient dit armoricus, armorica, pour exprimer ce qui est d’Armorique, et non Armoracia; enfin que la plante ne croit pas sauvage en Bretagne. Ceci est constaté par les botanistes zélés qui explorent aujourd’hui la France occi- dentale. M. l’abbé Delalande en parle dans son opuscule intitulé : Hædic et Houat (p. 109), où il rend compte d’une manière si intéressante des usages et des productions de ces deux petites îles de la Bretagne (°). Il cite l'opinion de M. Le Gall, qui, dans une flore (non publiée) du Morbihan, déclare la plante étrangère à la Bretagne. Au surplus, cette preuve est moins forte que les autres, parce que le côté septentrional de la péninsule bretonne n’est pas encore assez connu des botanistes , et que l’ancienne Armorique s’étendait sur une portion de la Normandie où maintenant on trouve quelquefois le Cochlearia Armoracia sauvage (*). Ceci me conduit à parler de la patrie primitive de l'espèce. Les botanistes anglais l’indiquent comme spontanée dans la Grande-Bretagne, mais ils doutent de son ori- gine,M. H. C. Watson (°) la regarde comme introduite. La difficulté, dit- il, de l’extirper des endroits où on la cultive est bien connue des jardi- niers. Il n’est donc pas étonnant que cette plante s'empare de terrains (1) Édit. 1570, p. 333. (2) Fraas syn, fl. class. — Ledeb. fl. ross., 1, p.225. (3) Hædic et Houat., br. 8, Nantes 1850. (4) Hardouin, Renou et Leclerc, catalog. du Calvados, p. 85; de Brebisson., fl. de Nor- mandie, p. 25. (5) Cybele, 1, p. 129. BELG. HORT, T. li. . 35 — 268:— abandonnés et y persiste , au point de paraître aborigène. M. Babington ('} ne mentionne qu’une seule localité où l’espèce ait véritablement l'apparence d’être sauvage, savoir Swansea, dans le pays de Galles. Tächons de ré- soudre le problème par d’autres arguments. Le Cochlearia rusticana est une plante de l'Europe tempérée orientale principalement. Elle est répandue de la Finlande à Astrakan et au désert de Cuman (?). M. Grisebach l'indique aussi dans plusieurs localités de Ja Turquie d'Europe ; par exemple près d’Énos, où elle est abondante au bord de la mer (*). Plus on avance vers l’ouest de l’Europe, moins les au- teurs de flores paraissent certains de la qualité indigène, plus les localités sont éparses et suspectes. L'espèce est plus rare en Norwège qu’en Suede (‘), et dans les Iles Britanniques plus qu’en Hollande où l’on ne soupçonne pas une origine étrangère Fr Les noms de l’espèce confirment une habitation primitive à l’est piste qu'à l’ouest de l’Europe. Aïnsi le nom Chren est russe (°). On le trouve dans toutes les langues slaves : krenaï en lithuanien, kren en illyrien (?). Il s’est introduit dans quelques dialectes allemands, par exemple autour de Vienne (°), ou bien il a persisté dans ce pays malgré la superposition de la langue allemande. Nous lui devons aussi le mot français Gran ou Cranson. Le mot usité en Allemagne Meerretig, et en Hollande Meer- radys , d’où notre dialecte de la Suisse romane a tiré le nom Méridi ou Mérédh, signifie radis de mer, et n’a pas quelque chose de primitif comme le nom Chren. Il résulte probablement de ce que l’espèce réussit près de la mer, circonstance commune avec beaueoup de erucifères, et qui doit se présenter pour celle-ei, ear elle est spontanée dans la Russie orientale, où il ya beaucoup de terrains salés. Le nom suédois, Peppar-roti (*), peut faire penser que l’espèce est plus récente en Suède que l’introduction du poivre dans le commerce du nord de l’Europe. Toutefois , ce nom pourrait avoir succédé à un autre plus ancien demeuré inconnu. Le nom anglais, horse radish (radis des chevaux), n’est pas d’une nature originale, qui puisse faire croire à l’existence de l’espèce dans le pays avant la domination anglo-saxonne. Il n’a pas plus d'importance que le nom de marronnier, horse chesnut, qui est bien certainement moderne. Le nom gallois. du cran, rhuddygl mawrth ("), n’est que la traduction du mot anglais, d’où (1) Manual of brit. bot. ed. 2, p. 28. (@) Ledebour., fl. ross., 4, p. 159. (5) Spicilegium, fl. rumel., 1, p. 265. (4) Preis, summa, p. 50, et autres auteurs. (5) Miquel , disquisitio, etc. (6) Moritzi, dict. inédit des noms vulgaires. (7) Moritzi, ib. Visiani fl. dalm., 5, p. 122. (8) Neïlreich. fl. Wien., p. 502, (9) Linné, fl. suec. n. 540. (10) A. Davies, Welsh botanology. p. 65. Il est bien à regretter que les noms vulgaires cel- tiques de l’Irlande, l'Écosse et la Bretagne, n’aient pas élé consttés , jusqu’à présent, par les — 2635 — l'on peut inférer que les Celtes de la Grande-Bretagne n'avaient pas un nom spécial , et ne connaissaient pas l'espèce. Dans la France occidentale le nom de raifort, qui est le plus usité, signifie simplement racine forte. On disait aussi autrefois en France : moutarde des Allemands, moutarde des capucins, ce qui montre une origine étrangére et peu ancienne. Ainsi, dans toute l'Europe occidentale, en Suède, en Allemagne, en Hollande, en Angleterre, dans le pays de Galles, en France , les noms de lespèce sont d’une nature composée , faisant présumer ordinairement une date peu an- cienne. Au contraire, le mot chren, de toutes les langues slaves, mot qui a pénétré dans quelques dialectes allemands et français, sous la forme de kreen et cran ou cranson, est bien d’une nature primitive montrant l’an- tiquité de l’espèce dans l’Europe orientale tempérée. Il est donc infini- ment probable que la culture a propagé et naturalisé la plante de l’est à l’ouest, depuis environ un millier d'années. Je me suis livré à cette discussion un peu longue pour une seule espèce, afin de montrer comment les indices philologiques s'accordent souvent avec les indices botaniques dans l'étude des migrations et des naturalisa- tions anciennes des espèces cultivées. On peut appliquer les mêmes mé- thodes aux plantes d’une culture plus importante, dont l’origine est con- sidérée souvent comme douteuse. J'ai fait ce travail. J'espère ne pas tarder à le publier dans un ouvrage étendu dont je m'occupe depuis quelques années. Encore quelques mots sur le Cochlearia rusticana. Mon intention n’est pas d’examiner ici la question botanique du genre auquel on doit rapporter cette espèce bien connue. Le caractère d’une nervure centrale surles valves de la silique, me parait bien léger pour constituer un genre comme l’ont fait plusieurs auteurs, mais je ne veux point entrer dans cette discussion. Je ferai seulement deux remarques qui découlent de ce qui précède : 4° Le nom Armoracia employé comme nom spécifique (Linné), ou de section (D. C.), ou de genre (fl. de Wetter, Koch syn.), est mauvais, car l’Armo- racia des Latins était un Raphanus. On ne tombera pas dans cet inconvé- nient si, en définitive, l'espèce doit être réunie aux Nasturtium (Koch Deutchl. fl., Patze, Mey., Elkan fl. pruss.), ou si, avec plusieurs Nastur- tium, on en fait le genre Roripa (Besser, Gren. et God., fl. franc.); 2° En français, nous devons préférer le nom de cran à tout autre, parce qu'il est ancien, qu’il se rattache aux langues du pays primitif de l'espèce, et enfin, parce qu’il est compris par les agriculteurs d’une moitié de l’'Eu- rope , lorsque, sans connaitre à fond notre langue, ils consultent nos livres ou catalogues. Les mots Cranson et Rafort sont sans inconvénient. L’épithète de Bretugne doit être entièrement abandonnée. Si l’on a besoin en français d’un adjectif, il vaut mieux dire Cran rustique, ou Raifort rustique, puisque cette épithète est déjà dans Bauhin. botanistes , comme ils l’ont été en partie par les deux Davies dans le pays de Galles. On pour- rait en déduire les meilleures preuves de l’ancienneté des espèces dans l’Europe occidentale. 0068 FLORICULTURE DE SALON. CULTURE EN VASE SUSPENDU DE L’ARTHROPODIUM CIRRHATUM , Par M. Cu. MoRREN. Que le nom soit horrible à prononcer pour une bouche parlant fran- çcais, je n’en disconviens pas : Arthropodium cirrhatum ne sera jamais gracieux, mais la faute n’en est ni aux botanistes, ni à la langue française, mais bien au grec etau latin. Arthropodium a pour racines &p8p07 (arthron) Jointure ou articulation et zou (pous) pied : la plante est, cette fois, et sans mauvais jeu de mot, celle d’un pied articulé. Si le nom eut pu être mieux choisi, il est de vérité que l'être en lui-même est charmant. Il est surtout volontaire, soumis à nos caprices, patient à nos défauts de soins, oublieux de nos oublis dans la vie où les fleurs distrayent mais n’occupent pas. Asphodélée élégante, apportée en 1819 de la Nouvelle-Zélande, cette plante poétique reste toujours peu connue et nous la voyons à peine dans nos demeures, rarement dans nos serres, jamais dans nos jardins : elle s’est réfugiée dans cet abandon injustifiable autant qu’injuste, au fond des serres de quelques vieux jardins botaniques destinés, s’ils accomplissent ce saint devoir , à l'hospitalité générale en faveur de toutes les filles de Flore. Je la cultive depuis vingt ans et peu d’espèces résistent mieux à atmosphère des salons que cette asphodélée. Les feuilles poussent en touffes , elles atteignent près de deux pieds, sont longuement lancéolées , un peu rétrécies vers l'endroit où elles deviennent libres , leurs bords se replient et donnent à la feuille entière l’aspect d'une gouttière. Le vert est glauque, presque cendré, uniforme, clair et contraste par sa douceur et sà teinte tendre avec le vert des plantes ordinaires. Les fleurs se déve- loppant annuellement fin mai et juin sont nombreuses, blanches, teintées de rose et très-jolies à cause des étamines poilues et jaunes. Disposées en panicules lâches, elles donnent une grande légèreté aux lampes ou vases suspendues, dans l’intérieur desquels on les cultive. Notre planche repré- sente un de ces vases , forme renaissance. L’arthropodium est planté au milieu; ses feuilles forment la rosace : il lui faut une bonne terre de bruyère mélangée avec de l’argile et d’assez fréquents arrosements. Le même pied subsiste dans des appartements bien éclairés pendant des années entières , et tous les ans on divise la souche et on renouvelle la terre. Cette opération se fait au printemps, surtout en mars, parce que l’arthropodium pousse vite et tôt. D un CULTURE EN CORBEILLE SUSPENDUE DU PTERIS SERRULATA, PAR LE MÈME. Il existe peu de fougères dont on tire tant de ressources pour la culture en vase ou corbeille suspendu que le Pteris serrulata. Appartenant à la section des Pteris dont les feuilles sont pennées, il est originaire de l'Inde d’où il a été apporté en Europe en 1770. On y faisait peu d’attention jus- qu'à l’époque où les fougères sont devenues des plantes à la mode, mais aussi depuis ce temps, ce Pteris s’est considérablement multiplié. Il offre à cette heure un revenu très-convenable aux horticulteurs qui s'occupent de lornementation des locaux de bals et de fêtes. Notre planche 44 est destinée non pas à représenter fidèlement le Pteris serruluta dans toute sa splendeur et ses détails, mais seulement.à en donner une idée, lorsqu'il se trouve en compagnie de certaines plantes harmoniques avec lui, parmi lesquelles nous placons l’Arthropodiumn et le Disandra prostrata. Un bouquet de pteris porte des feuilles de différente grandeur. À côté de dix ou vingt grandes feuilles surgissent autant depetites qu'on dirait appartenir à une autre espèce. Ces petites feuilles, qui gar- nissent les espaces entre les grandes, sont plus larges, plus palmées ; leurs divisions sont aussi plus élargies et portent beaucoup de petites dents sur leurs bords. Puis, quand les feuilles deviennent sporifères , c'est-à-dire qu’elles sont aptes à reproduire l'espèce, leurs bords se retournent et une bande brune les longe au-dessous. Cette bande est entièrement for- mée de sporanges ou d'appareils reproducteurs. Rien n’est plus gracieux que la forme d’une feuille reproductive, quand elle est jeune. Les lanières ont peine à se contourner en volute comme le veut la structure de toute la famille et elles échappent à cette forme : elles prennent alors l'allure de bec de cigogne et toute la feuille ressemble à un héron se tenant debout sur une patte : la patte est le pétiole. Le Pteris serrulata se reproduit au moyen de la graine des lignes brunes. Dans nos serres, il naît pour ainsi dire de lui-même et dans des endroits où on ne l'attend pas. Non-seulement il prend naissance sur la terre des pots dans le voisinage des vieux pieds, mais sur les murs hu- mides, sur les bois pourris. On le laisse venir où il veut, et, quandil a une certaine force, on le transplante avec sa motte et dans une bonne terre un peu humide. Ce Pteris sert encore pour remplir toute espèce de vide laissé entre les plantes cultivées en grandes corbeilles. Volontaire et sans exigence, pourvu qu'il ait de l'ombre, de la chaleur et de l’eau , il croît à la tempé- ature de nos appartements, élé et hiver, et charme les yeux par son éternelle verdure. de OT: ANTHOCLINIE D'ORNEMENT. -- CULTURE DU DISANDRA, PAR LE MÈME. Les jardiniers marchands ne cultivent pasle Disandra : ils ont grand tort. Vous ne trouverez pas cette plante sur les catalogues, et il est peu de vé- gétaux, très-peu au monde qui offrent autant de satisfaction et de plaisir. Depuis cinq ans que nous le cultivons dans nos appartements et nos serres, nous n'avons recu pour aucune espèce anthocline autant de compliments que pour cette singulière et charmante guirlande. Nous en possédons des pieds qui font descendre leurs branches ondoyantes sur une hauteur de quatre mètres et sans se dégarnir d’une seule feuille. Tout l'été, il y a des milliers de fleurs jaunes d’or qui se succèdent les unes aux autres à chaque feuille, et tout l'hiver aucune de celles-ci ne se flétrit ni ne meurt à la température de nos appartements. Vues contre le jour, ces feuilles sont d’une transparence verte charmante ; leur forme n'est pas commune : elles sont circulaires , le bord tout crénelé et un sinus, un seul s'étend jusqu'au centre. Leur alternance sur la tige est régulière et les tiges flexibles, ne se cassant pas, prennent toutes les directions que la fantaisie leur permet de prendre, pourvu qu’elles puissent croître de haut en bas. Elles ne grimpent jamais. Voyez pl. k4 les pendatifs du Disandre des- cendant de la corbeille. Linné donnait le Disandra prostrata, unique de son genre, comme une plante de l'Orient. C’est Aiton qui nous a conservé son histoire plus exacte. Le Disandra prostrata est originaire de Madère où il croit sur les rochers, entre les fentes humides et d’où il descend en longs festons. di a été introduit en 1771 en Europe, sur le continent; les jardiniers l’ont méprisé , n’en connaissant pas les vertus : les jardins botaniques l'ont hébergé heureusement. C’est à Namur, dans les serres de M. le baron De Coppyn, greffier des États et aujourd’hui gouverneur ad interim de cette province, que nous avons vu employer , pour la première fois, le Disandra comme plante anthocline. M. De Coppyn tenait, croyons-nous, cet usage du bon goût d’une dame qui avait conservé cette jolie plante. Les botanistes s'intéressent, en outre, au Disandra, naguère appelé Sibt- horpia peregrina, parce qu'il fait partie d’une toute petite famille , les Sibthorpiacées, placée entre les Chélonées et les Gesnériacées, que l’an- drocée n’a que sept étamines , nombre rare, et que calice , corolle, éta- mines et fruit tout differt dans cette plante, comme si elle n’était pas d’une organisation fixe. Linné !a croyait voyageuse : le fait est que, bien arrosée, placée en terre argileuse terreautée, elle marche au loin : un nœud suffit pour lui faire prendre racine , et sa multiplication est aussi facile que sa culture est agréable. Rien de plus joli pour orner un salon. — 268 — INSTRUMENTS D'HORTICULTURE. SUR LES SUSPENSEURS À DOUBLES FONDS ET RÉSERVOIRS D'EAU, PAR LE MÈME. Quand on cultive les plantes suspendues dans cette charmante culture que nous avons nommée anthoclinie, on remarque que les vases en terre cuite, en pâte de keramis, en porcelaine même, finissent à la longue et en un temps plus ou moins court, par laisser passer le liquide, lequel, en- trainant des matières colorantes de la terre, salit le meuble. Parfois en- core, comme dans les terres cuites , la pâte se désagrège , inconvénient fatal. Nous avons vu employer cependant des suspenseurs en plâtre, d’au- tres en papier mâché , ceux-ci en carton-pierre, ceux-là en bois. Nous parlerons, dans une autre occasion , des jolies lampes à fleurs, imaginées récemment à la Vieille-Montagne, confectionnées en dentelle dezine, dont l'effet est charmant et la grâce d’une légèreté sans rivale. Pour le moment, : nous avons voulu donner le modèle d’un suspenseur dans le style de la renaissance (voy. pl. 44), très-long et léger. Pour éviter les inconvénients signalés plus haut, on place dans le vase une espèce d’entonnoir en zinc, suffisamment profond. La douille de cet entonnoir est fort large et courte; elle est fermée au-dessous. A l'endroit où la douille tient au plan incliné de l’entonnoir, existe un double fond découpé en grillage. L’inspection seule de cette construction explique son but. L'entonnoir recoit la terre et les plantes , la douille recoit l’eau d’arrosement. Quand la terre est trop sèche, elle s’imbibe par dessous des vapeurs d’eau que la température du lieu fait dégager du réservoir. Cette terre se tient ainsi plus moite. On peut craindre sans doute que les végétaux cultivés pendant des années , dans un tel vase, ne développent au-dessous du grillage et dans le réservoir à eau, ce qu’on appelle des queues de rats, c’est-à-dire des racines très-divisées et très-longues. Que cela soit, est-ce un mal? Voilà la question. Les plantes de nos appartements ne développent pas toutes des queues de rat, mais que quelques-unes le fassent, elles ne s’en porteront que mieux, et lorsque le réservoir du vase intérieur sera entiè- rement comblé de ces racines, on s’en aperceyra à la végétation qui de- viendra stationnaire, mais alors aussi, il sera temps de refaire la terre, de donner un sol vierge, de le rafraichir. Après cette opération, une nouvelle vigueur s’emparera des plantes et l’on aura fait une rénovation utile du fonds. | LAN CONSTRUCTIONS HORTICOLES. LES MURS EN VERRE D'ÉWING, Par M. Cu. MorRrE. Le palais de cristal de l'exposition a fait inventer un mode de construc- tion dont lhorticulture est destinée à recueillir les fruits, et ceci n’est pas une métaphore, mais exact à la lettre. On a vu les arbres recouverts par la gigantesque construction de Paxton, non pas mourir comme l’a- vaient prédit tant de prophètes mal inspirés, mais se porter à ravir, se feuiller , fleurir et fructifier de plus belle. On s’est donc demandé pour- quoi des arbres à fruits ne se porteraient pas tout aussi bien. M. Ewing a imaginé de construire, pour cultiver les arbres à fruit comme s'ils étaient en serre , des murs en verre où les vitres se soutiennent par des baguettes en fer comme dans nos serres ordinaires. Ces murs sont doubles de l’épaisseur de nos murs de briques, suffisants pour contenir dans cette épaisseur vide les arbres supposés d’un âge convenable. Au reste, notre savant correspondant de Londres , M. Keer, a eu la complaisance de nous envoyer les plans de ces constructions. L’étude des gravures et leur explication suffiront pour donner aux lecteurs une excel- lente idée de ces constructions, et leur permettront de les faire confec- tionner sur le continent par nos constructeurs de serres ordinaires. La fig. 1, pl. 45, représente une partie d’un mur en verre, avec une ouverture au centre, et montre comment les soutiens sont fixés dans le sol. À gauche (a) on voit un arbre dans ce centre conduit le long de fils de fer dans un sens horizontal. Les châssis de devant roulent sur des glis- sières à gauche et à droite en se recouvrant les uns les autres, afin de savoir donner de l’air et une température convenables aux arbres plantés dans les creux de ces murs de verre. On suppose dans la gravure les châssis de droite et de gauche ouverts et ramenés au milieu, au devant du trone. Du côté b, on a dessiné une autre construction pour éviter une seconde gravure. Iei les châssis ne glissent pas, mais s’ouvrent comme des battants de fenêtre, en dehors, assurés par des gonds en fer et les bat- tants ouverts se recouvrant mutuellement. Comme il est facile de le voir, ces châssis sont, à cause de cela, moins larges et plus nombreux sur su- perficie égale que de l’autre côté. Cette manière de s'ouvrir a des incon- vénients, en ce sens que le vent peut faire frapper ces châssis et casser les vitres, et que, mi-ouverts, ils occupent beaucoup de place. Les châssis glissants sont préférables à ces égards. Les dimensions de ces constructions se font à volonté, en longueur, BELG. HORT. T. NH. 36 RSS Ses old, dar k 2, MOT PI. CUT L LCL LL CLLLLLLIL LS nt vtamtntih S LES SSID S rennes CE —— SRE |; 2 d’après le nombre d'arbres qu’on veut cultiver et l’espace du terrain, en hauteur d’après celle qu’on veut donner aux arbres eux-mêmes d’après leurs espèces, pêchers ou vignes, poiriers ou abricotiers, etc. La section fig. 2, montre le côté du mur creux en verre et les ventilateurs du sommet ouverts, tandis que sur la section fig. 5, ces ventilateurs sont abaissés. La figure 4 montre le bout de ce mur fermé et achevé. La figure 5 montre le plan terrier de la portion a à châssis glissants, et la figure 6 celui de la portion b à châssis en battants. Les serres, même celles destinées aux arbres à fruit , dit notre hono- rable correspondant, paraissent être des constructions à bon marché, mais, en définitive, elles ne le sont pas. Elles occupent une place qui vaut de l’argent ; elles demandent des réparations successives , et si elles se construisent avec économie, c’est alors qu’elles demandent le plus de frais plus tard. Remplissent-elles d’ailleurs bien leur but? Ces toits inclinés donnent-ils le plus de lumière et de chaleur, alors que nous voyons dans les serres à fleurs, celles-ci se développer bien mieux contre le verre que loin de lui? L’espalier élevé le long d'un mur perpendiculaire sera forcé- ment loin du toit de verre et oblique par rapport à lui. Dans les murs creux en verre le terrain est épargné considérablement, le travail manuel est des plus faciles, l’ouvrier fait tout à son aise, sans se courber, se gêner et comme s’il travaillait le long d’un espalier en plein air. L'arbre a ses branches, ses feuilles, ses fleurs, ses fruits contre les vitres, à votre portée et d'inspection et de travail. Chaleur, lumière, air, vent, eau, tout lui est donné selon ses besoins, à volonté et aisément. La construction, tout en verre et en fer, dure longtemps, elle est solide, n’exige pas de répara- tions, sa forme est monumentale ou gracieuse, selon la fantaisie du maitre. C’est un ornement dans un pare au lieu d’être une construction prosaïque dans un jardin légumier. La vigne surtout se cultive dans ces murs de verre avec une facilité étonnante et un succès qui doit faire espérer que ce nouveau mode de culture trouvera un grand nombre d’imitateurs. Le fer est en Belgique à bon marché. Nos fondeurs feront chose utile au pays et à leurs intérêts privés en demandant à M. Ewing les pièces principales de ces constructions, afin de les imiter. Nous annoncerons vo- lontiers les prix de revient aussitôt qu'on nous les aura fait connaitre. — 272 — JARDIN FRUITIER. LES FRAISIERS REMONTANTS DU CHILI, FRAISIERS DES QUATRE SAISONS. GAINS NOUVEAUX DE M. FOX, HORTICULTEUR A S'-GENIS-LAVAL (RHONE), Par M. CH. MoRREN. M. Fox, horticulteur à St-Genis-Laval, près Lyon , département du Rhône, nous a envoyé les dessins et quelques détails de nouvelles fraises, obtenues par lui dans un semis de 1849, fait au moyen de fraises du Chili. « J'ai obtenu, nous dit-il, la fraise du Chili remontante des quatre saisons, à gros fruits, dont les coulants portent fruit aussitôt la reprise des racines. La société d'horticulture pratique du Rhône a nommé une commission pour constater le fait. » Nous donnons , pl. 46, fig. 1 et 2, la représen- tation des deux variétés obtenues , que nous nommons l’une, la grosse Fox, l’autre, la longue de Fox, consacrant ainsi le nom de leur pro- ducteur. M. Gontier, à Montrouge, a déjà fait observer naguère (‘) que « tous les horticulteurs qui s'occupent de forcer les fraisiers savent parfaitement que, si on les replante en pleine terre, après en avoir obtenu des fruits en serres ou sous châssis, on les voit donner encore une fois et quelque- fois plusieurs récoltes dans le courant de l'été. » Aussi il signale la Swain- ion’s seedling qui lui a donné le plus de produits en été, après avoir été forcée et replantée en pleine terre. Soignée convenablement, elle donne tout l'été et l’automne. M. Rousselon a publié de même des réflexions tendant à modérer la précipitation avec laquelle. on déclare parfois remontantes des variélés nouvelles qu’on n’a pas étudiées assez longtemps. « Plus les fraises ont été forcées de bonne heure, dit M. Rousselon, plus leur fécondité ultérieure est considérable. Cela tient à une sorte d’hivernage qu'éprouvent ces plantes par l’abaissement de la température dans laquelle elles vivent lorsqu'on les sort des serres pour les livrer à la pleine terre; hivernage qui est d’autant plus sensible que sont plus extrêmes les températures du milieu qu'elles quittent et du milieu où elles rentrent. Si on ajoute à cela le temps d’arrêt qu'amènent dans la végétation, l’épluchage des plantes, la suppression des vieilles feuilles de la circonférence, la crise de la trans- (1) Société nationale d’horticulture de la Seine — Juillet 1851, p. 252. 1. Fraise du Chili remontante, grosse de Fox. = PO RTE iris Pr lamdue de Fo%. a! LS 3. Fraise cœur de S' Innocent . — 275 — plantation elle-même, on reconnaitra que les fraisiers, cédant à la loi naturelle qui impose aux végétaux l'obligation de recommencer le travail de la végétation annuelle après l'interruption de Phiver, et bien que n’ayant ressenti l'influence que d’une courte suspension qui a toutefois produit des effets analogues , repoussent avec une activité remarquable lorsque les arrosements et l'élévation de la température agissent sur eux, comme le ferait le renouvellement de la saison printannière. » Il est donc prudent, conclut M. Rousselon, d'attendre quelques années avant de proclamer définitivement que tel fraisier est remontant. Nous engageons donc les amateurs à se procurer les variétés de M. Fox afin de s'assurer si, produites en 1849, elles seront effectivement remontantes et pour toujours. M. Fox vend ses fraisiers nouveaux à raison de 2 fr. la plante. S’adresser à M. Fox, à S'-Genis-Laval, près Lyon (Rhône). FRAISIER NOUVEAU : COEUR DE S'-INNOCENT. GAIN DE M. LE MARQUIS DE S'-INNOCENT, AMATEUR-HORTICULTEUR , Par M. Cu. MoRREN. Un des hommes qui honore à plus d’un titre l’horticulture française, est sans contredit M. le marquis de S'-Innocent , propriétaire à Autun. Il n’est pas de produits horticoles un peu remarquables obtenus en Belgique, qu'il ne se hâte d'introduire dans son heureuse contrée. Aussi est-ce avec un véritable plaisir que nous inscrivons ici un de ses succès personnels dans la production d’une variété de fraises dont la pl. 46, fig. 3 est des- tinée à reproduire , conserver et propager les traits. Nous l’avons nommé Cœur de S'-Innocent parce que, en effet, ce fruit aussi singulier que bon a la forme d’un cœur et se trouve digne, par toutes ses bonnes qualités, de représenter le cœur de son producteur si honorable. Depuis deux ans cette fraise est fixe : elle se reproduit constamment de même ; c’est un cœur constant. C’est, de plus , un grand cœur , car il mesure 19 centi- mètres de circonférence sur 10 de profil. On remarquera la forme rare qu’affectent les deux côtés de ce fruit. Cette belle variété tient pour la saveur et l’époque de la maturité de la British Queen, qui reste toujours si estimée. Le Cœur de S'-Innocent ne prodigue pas ses faveurs, mais les fruits qu’il donne sont tous volumineux et excellents. Nous avons tout lieu de croire que cette fraise sera livrée au commerce dès 1852 ; la troisième année de son existence fixe et prélude certain d’une constance durable. de DNS ARBORICULTURE. PROCÉDÉ POUR TRANSPLANTER LE C£EDRUS DEODORA SANS LE PERDRE, Par M. Cn. MoRreEn. Notre honorable correspondant, M. Keer, de Londres, nous commu- nique de cette ville un procédé facile pour transplanter le Cedrus Deodora, cet arbre conifère de si grande beauté et qui résiste parfaitement aux rigueurs de nos climats, quand il y a quelques années de fixation dans une bonne situation. On perd communément le Cedrus Deodora après sa transplantation. On a done étudié la raison de cette perte en Angleterre, et l’on a trouvé qu'élle provenait des racines : celles-ci ne veulent pas être dérangées et se refont avec peine. Quand le Deodora est jeune, venu de semis, isolément dans un pot, on le replante avec précaution et avec sa motte dans une terre nouvelle, placée dans un pot de 12 à 18 pouces de diamètre, mais construit comme le montre la planche 47, ci-contre. Ce pot a sur les côtés six rangées de trous circulaires placés en quinconce et au nombre de douze par rangée sur tout le pourtour du pot. Le Cedrus Deodora, planté au milieu, est rangé avec ses semblables dans un parterre d'attente et enterré avec le pot, de manière qu’au moyen de ces racines, il a tout l'avantage de la culture en pleine terre. Quand , la cinquième année, il convient de le mettre en place définitivement, on ôte l'arbre avec le pot : les racines ont poussé à travers les trous. On les conserve aussi bien que possible avec leur chevelu , et on fait un trou en terre au lieu où il faut placer l'arbre en y amenant de la bonne terre formée d’ar- gile douce et de terreau. L’arbre est planté avec son pot, mais avant de couvrir ses racines on casse le véhicule et on enlève les morceaux sans froisser les racines. L'expérience a prouvé que ce moyen de transplanter le Cedrus Deodora est suivi d’un succès constant. Le Cedrus Deodora devient dans nos jardins l’un des plus beaux or- nements des bosquets et des pelouses. Il supporte jusqu'à présent nos hivers avec facilité. C’est un rival et un rival puissant du cèdre du Liban. L'exposition que nous lui voyons préférer partout est celle du sud-est. A voir même le succès de cet arbre dans nos jardins , on a certes bien légitimement l'espoir de le voir entrer un jour dans l’économie fores- tière. LOGE CULTURE MARAICHÈRE. L’OCA , Par M. CH. MoRREnN. M. Vilmorin met en vente, à Paris, la bouture livrable en avril, le fameux Oca rouge, espèce de plante de la famille des oxalidées et qu’on croit être l'Oxalis tuberosa. Les tubercules sont rouges vifs. Ulloa , dans son voyage en Amérique méridionale, parle de ce tubercule avec éloge, et M. d'Orbigny a donné sur lui de nouveaux détails. Originaire d’une région volcanique, il croit dans le sol anciennement brülé. Sur le Pichen- cha, à plus de 11,000 pieds d’altitude, se trouve sa patrie. Sur le Cayambe, il s'élève à la même hauteur. Dans la province de Pasto, aux environs de Cumbal, l’Oca est fort commun. Cette région produit des grains. Cet in- dice est favorable à sa culture en Europe. La récolte produit dans ce pays 20 à 25 fois la semence. Les tubercules y sont allongés et les plus gros pèsent quatre onces chacun. On les lève, on les laisse ressuyer cinq ou six jours. Pendant ce temps, ils acquièrent un goût sucré, agréable, meilleur que celui de la Batate. On les cuit comme nos pommes de terre. La cul- ture est exactement la même que celle du Papita que nous avons décrite dans notre Journal d'agriculture de Belgique de 1849. AVIS. Nous offrons à nos abonnés non pas des Ocas, mais des racines-tuber- cules de lApios tuberosa (picotiane de Lamare Piquot) dont nous donne- rons la culture dans un numéro prochain. On plante comme les haricots et on met une perche en tuteur. Cet apios, l’ancienne glycine-apios de Linné, est même une plante d’ornement aussi gracieuse que remarquable. Ses fleurs ont une couleur des moins communes, le chamois avec un reflet de chocolat au lait. Une terre argileuse, mais un peu légère, lui convient et en supposant que les tubercules ne soient pas du goût de tout le monde, toujours est-il, que comme plante d'ornement, personne ne la répudiera. 1.2.9. Canna Warezewiezn. 4. Linaria reticulata. HORTICULTURE. NOTICE SUR UN NOUVEAU BALISIER, CANNA WARSZE WICZILI, Par M. Cr. MORREN. Le genre Balisier, canna en latin, fondé en 1561 par Gesner, le créateur même des méthodes de classification , comprend aujourd'hui cinquante espèces dont quatre au plus sont incertaines, Toutes ces éspèces sont ma- gnifiques à cause de l’ampleur du feuillage, de l'éclat et de la forme des fleurs. Sous le rapport géographique la plupart de ces-espèces appar- tiennent au Nouveau-Monde, mais quelques-unés sont néanmoins asia- tiques et africaines. On dit même que le canna chinensis W. a été trouvé croissant spontanément au Brésil, mais c'est, sans aucun doute, une erreur. La grande majorité de ces cinquante espèces exige les tropiques en tout cas, et toutes ces espèces ont pour station naturelle les marais, où leurs rhizomes sont vivaces. Les tiges sont universellement simples, les feuilles larges , longuement pétiolées, ovales, les épis floraux termi- naux, lâches, et les fleurs pourvues de bractées. Les fleurs irrégulières, à cause du développement d’une seule étamine réduite à la moitié d’une anthère fertile, sont généralement jaunes ou rouges et placent ces plantes entre les zingibéracées (gimgembres) et les musacées (bananiers). En gé- néral le principe aromatique des zingibéracées manque chez les cannacées, mais ces dernières possèdent dans leurs tiges souterraines une fécule nourrissante et souvent utile. On fait des chapelcts, des colliers, des orne- ments de leurs srames qui imitent parfaitement des perles noires ou de jayet. Même l'espèce commune, le canna coccinea de la Jamaïque que l’on cultive en pleine terre, l'été, dans nos jardins, fournit au commerce de trés-belles graines sous ce rapport. L'espèce nouvelle que nous figurons ci-contre pl. 48, d’après nature, est, sans contredit , une des plus brillantes du genre : on ne peut rien voir de plus majestueux et de plus gravement beau. Le ton rouge pourpre de la corolle rappelle celui de l’amaryllis formosissima (sprekelia), et la cire blanche recouvrant les épis d’une fleur fine et abondante, fait penser de même au thalia dealbata. Cette espèce de canna a fleuri chez M. Jacot- Makoi, à Liége, pendant le mois de février 1852, et s’est contenté d’une température de 10 à 12 degrés. Il l'avait reçue de Berlin sous la simple dénomination du genre : Canna, auquel on avait ajouté le nom de l'in- troducteur, M. Warszewiez, lequel a doté le jardin de Berlin d'un grand nombre d'espèces de Guatémala. M. Jacob, imprimant son catalogue pen- dant la fleuraison de son canna, l'y a placé sous le nom de Canna Wars- BELG, HORT, T, I, 57 — 978 — zewiczu, et, pour éviterles embarras d’unesynonymie, nous avons adopté ce nom bien que pour exprimer le caractère de l'espèce , nous eussions choisi celui de canna thalioïdes , parce que, en effet, toute la plante res- pire l’air du thalia. Voici la diagnose de cette nouvelle espèce : Caxxa Warszewiczi. Planta tri-quadripe- dalis, caule compresso, angulis oblusis, vio- laceo-bruneo , lævi, apice pruinosa-albes- cente; foliis integerrimis , ullimo sinuato crispo , vagina membranacea nigro-violacea, petiolo tripollicari, canaliculato, nigro-vio- Birisier DE Warszewicz. Plante de 3 à 4 pieds de hauteur, tige comprimée, angles ob- us, violette:brune, lisse, au sommet blanchie par une fleur cireuse ; feuilles 1rès-entières, la dernière sinuée , crépue, gaine membra- neuse, d’un violet noirâtre, pétiole de trois pouces, canaliculé, d’un noir violet, lame d’un pied, ovale, elliptique, amincie aux deux bouts, plus large en bas, acuminée au bout, nervure et les bords violets; épi double, bractées de 5 à 4 pouces, lancéolées, d’un brun violet, pruineuses à poudre blanche, trois bractéoles petites , pédicelle court com- primé, calice campanulé, plus court que la corolle, tube très-court, limbe interne de la corolle plus long que le tube, divisions et Ja lèvre supérieure jaune maculée de pourpre, linéaires-spathulées ouvertes, recourbées au sommet, pourpres, divisions de la lèvre.infé- ricure linéaire spathulée plane, recourbée au bout (v. v. c.) 2j. laceo , lamina pedali, ovalielliptica, utrinque altenuata, imo latiori, apice acuminalo nervo et marginibus violaceis ; spica duplici , brac- teis tri-quadripollicaribus , lanceolatis , vio- laceo - brunneis, pruinoso - albescentibus, bracteolis tribus minimis , pedicello brevi compresso, calyce campanulato corolla bre- viore , tubo brevissimo, corollæ limbo inte- riore tubo longiore, laciniis labii superioris flavi purpureo maculali lineari-spathulatis patentibus apice incurvis purpureis, labri inferioris lineari-spathulato patente, apice recurvo (v.v. C.) 2]. Nous supposons naturellement que la patrie de ce balisier est Guate- mala, puisque M. Warszewiez a envoyé de cette contrée beaueoup de plantes au jardin botanique de Berlin , mais nous ne pouvons l’assurer. On sait que M. Bouché, inspecteur de ce jardin, a décrit déjà un grand nombre de balisiers nouveaux et il ne tardera pas sans doute à enrichir les publications de la savante ville prussienne, de la diagnose de cette nouvelle et riche espèce. | Culture. 11 semble que ce balisier se contentera de la serre tempérée en hiver et probablement qu'il supportera la pleine terre en été. Ce qui est” certain c’est qu'il a prospéré considérablement pour le feuillage et la fleur dans une atmosphère de 10 degrés pendant lhiver, température moyenne de notre pays. Les fleurs, comme sur beaucoup de balisiers, tombent avant la maturité des graines , mais on a la ressource de diviser le rhi- zome, et ce mode de multiplication est le plus souvent employé. Croissant dans les marais, il fautà ces plantes un terreau humide mélangé de terre et reposant sur un fond d'argile : on soigne le drainage par des tassons. Les premières multiplications de ce superbe balisier seront encore chères, mais sa beauté même, assurant sa reproduction, le mettra bientôt au niveau des prix ordinaires de ces plantes, à savoir un ou deux francs. de ON SUR LA LINAIRE RÉTICULÉE, LINARIA RETICULATA, Par M. Arrnur HENFREY, Vice-Président de la Société botanique de Londres, ET PAR M. Tomas Moore, Curateur du jardin botanique de Chelsea. La linaire réticulée est dans la culture une jolie plante vivace, herbacce, pourvue de tiges droites ct glabres, excepté aux environs des fleurs. Les feuilles sont planes , linéaires ou subulées, disposées en verticille de quatre à peu près, légèrement glauques. Les grappés ou épis sont pubescents, avec des pédoncules plus courts que le calice ou à peu près égaux à lui, les segments du calice inégaux, largement linéaires avec les bords d’ordi- naire légèrement membraneux. Les fleurs sont fort belles, grandes, varia- bles en couleur, tantôt roses, tantôt bleues, tantôt veinées de pourpre ou d’un pourpre marron foncé; l’intérieur de à gorge est blanchâtre, parfois un peu jaune; l’éperon est raide ou légèrement incurvé ou conique à peu près aussi long que le tube de la corolle. Cette plante est le Linaria reticulata de Desfontaines, lAntirrhinum reticulatum de Smith, l'Antirrhinum pinifolium de Poiret, le Linaria arabida des horticulteurs. Les plantes ou fleurs qu’en a possédées M. Stark, jardinier d'Édimbourg, proviennent de graines apportées du Portugal par le docteur Welwitsch, ét portaient le nom de Linaria arabida. Ce nom parait bien être le résultat d’une erreur. Probablement l'inscription du docteur Welwitsch devait être lue ainsi : « Linaria? — Arrabida, » ce dernier mot étant relatif à la Sierra d’Arrabida, la localité dans laquelle ce linaria, alors indéterminé, aura été trouvé. Nous avons identifié nos exemplaires avec lantirrhinum reticulatum de Smith, qui est très-bien figuré dans les « Zllustrations of rare plants » d’après un individu qui a fleuri au jardin botanique de Chelsea. Nous prc- sumons que cette espèce se sera perdue dans les jardins parce qu’on la donnée comme annuelle. Aussi quand on a vu la plante de la récente intro- duction, on l’a prise comme une nouvelle espèce. Le Linaria reticulata est originaire à la fois du Portugal ct de l'Algérie. Cette plante est certes l’une des plus jolies qu’on puisse posséder dans les jardins : elle se cultive bien entre les pierres des rochers, fleurit abon- damment tout l'été et se propage par boutures. Très-probablement l'hiver il faudra la rentrer dans une couche comme les verveines. M. Stark la possédait encore seul l’année dernière en Angleterre, mais ec printemps- ci l’espèce sera propagée. D'ailleurs, les relations avec le Portugal et l'Algérie permettront facile- ment de se procurer bientôt amplement cette jolie espéce. — 280 — CULTURE DU DAHLIA POUR LES EXPOSITIONS , Par M. TurNER. Traduction et notes par M. A. Miellez. On m'a souvent prié de vouloir bien publier la méthode que j'emploie pour cultiver les dahlias destinés aux expositions : je donne les rensei- gnements qui suivent comme le résultat d’une longue expérience toujours couronnée de succès depuis 1834 jusqu’à ce jour. Pendant cette longue période j'ai cultivé ce rot de l’automne dans quatre localités dont les ter rains sont de nature différente. Celui que je cultive aujourd’hui est com- posé de vicille terre noire végétale mêlée de marne sablonneuse ou tour- beuse. Je donne la préférence à ce dernier terrain parce qu'il produit les plus belles fleurs avec moins de travail et d'attention. Je recommande à toute personne commençant la culture du dablia ou à toute autre qui aurait à choisir une nouvelle pièce de terre, de prendre un sol humide et léger, car les variétés sujettes à donner des centres verts et noucux demandent à pouvoir être souvent arrosées par une croissance rapide, elles donnent des fleurs parfaites. Les variétés, au contraire , qui deviennent simples après leurs premières fleurs, demandent une terre forte, exposée au grand air, afin que leur végétation soit lente; le marquis of Aylesbury (Spary) et Princess royal (Hudson) sont de la première catégorie ; lady Saint-Maur (Brown) et Beauty of Sussex (Mitchell), de la seconde (*). Le terrain ayant été très-bien retourné, mis en sillon pendant l'hiver et nivelé à la fin de mars et au commencement d'avril, lorsqu'on le trou- vera assez ressuyé, on lui donnera encore un léger labour avant de com- mencer la plantation. Il faut d’abord marquer la distance qui devra être d’un mètre soixante centimètres (six pieds anglais), de ligne en ligne d’un côté, et d’un mètre quarante-cinq centimètres de l’autre. Enc petite quantité de terre grasse et légère bien mêlée à l'endroit où l'on à l’intention de placer les plantes, les fera reprendre mieux et en beaucoup moins de temps, et si le terrain était maigre, un peu plus de fumier consommé , au-dessous des pieds , leur ferait aussi le plus grand bien. | (1) J’appuie de toutes mes forces cette opinion de M. Turner. Une terre humide et légère es celle qui convient le mieux aux dablias. J’ai eu, en 1845, environ 200 plantes recouvertes d’eau pendant plus de six semaines ; elles ont produit les plus belles fleurs du pays sans doute, quel- ques variétés s’épuisant vite seront mieux dans une terre forte; mais ce sont des exceptions. On pourrait, du reste, lorsqu’on ne peut disposer de deux terrains de nature différente, planter ces dernières variétés trois semaines plus tard ; on alteindrait à peu près le même but. = M Le moment le plus favorable pour la plantation est la dernière semaine de mai ou la première de juin(*). Choisissez des plantes courtes, saines et d’une croissance vigoureuse. Rejetez celles qui sont restées trop longtemps dans leurs pots, dont les pointes sont rabougries et les pieds devenus trop durs. Si vous ne pouviez avoir d’autres plantes que ces dernières, vous gagneriez du temps à les changer de pots et à leur donner, pendant quel- ques jours, une chaleur un peu élevée. Je dois recommander aussi de rem- poter immédiatement toutes les plantes au fur et à mesure qu’on les reçoit des horticulteurs marchands (*) de les remettre ensuite sur une couche froide à l'abri des limaces; de les laisser pousser doucement en leur don- nant tout l'air possible lorsque le temps le permet, de manière que les tiges restent courtes, d’un vert foncé, les feuilles rapprochées, qu’elles aient enfin toute l'apparence d’une bonne santé. Par des moyens si sim- ples, il est facile de préparer les bases d’un succés futur, auquel on ne pourrait jamais prétendre avec de mauvaises plantes. Il faut, en plantant, donner à vos dablias un bon tuteur, les attacher avec une bonne ligature, en ayant soin de ne pas les serrer pour les em- pêcher de grossir. Mettez ensuite, à angle droit, deux petits tuteurs qui garantiront vos plantes et les tiendront fermes par le plus mauvais temps. Ajoutez de grands tuteurs au fur et à mesure qu’elles avanceront, et assurez bien les branches de côté. On néglige souvent ces précautions parce qu’on veut attacher toutes les branches en une seule fois, un grand vent inattendu pourrait cependant détruire la moitié des branches de chaque plante. Je dois surtout insister près des personnes qui désirent obtenir de grandes fleurs, sur l'importance qu'il faut mettre à attacher les branches en les élargissant (*) et non pas en les réunissant en une botte comme une ——— ————". - —------(---(———_._ (1) Il existe un grand abus parmi les amateurs : un grand nombre font leurs plantations dans les premiers jours d’avril ; ils aiment, disent-ils, à jouir longtemps et surtout à jouir vile. Leurs plantes fleurissent en juin et juillet; au moment des grandes chaleurs, les fleurs sont brülés par le soleil avant d’être ouvertes. Quand arrive l’automne, époque où le dahlia se montre dans toute sa beauté, les pieds sont épuisés ; de toute l’année, enfin, ils n’ont rien vu de beau , et ils appellent cela jouir !.… (2) Lorsque des amateurs recoivent des variétés nouvelles et que ces plantes sont restées longtemps en caisses privées d’air, qu’ils se gardent bien-de les mettre aussitôt en plein air et à humidité, les blessures qu’elles pourraient avoir recues pendant le voyage s’aggraveraient ; il faut les placer dans une serre ou sur un châssis fermé pendant quatre ou cinq jours; ne pas craindre de leur donner une chaleur un peu élevée et avoir soin de les abriter du soleil. (5) Beaucoup de personnes négligent ces précautions , cependant indispensables. Quelques- unes vont même plus loin, elles laissent leurs dahlias sur une seule tige, en coupant toutes les branches de côté, de manière que lors de la floraison leurs plantes atteignent 2 à 5 mètres de haut et font l'effet de perches à houblon. D’autres, voulant trop multiplier les variétés nou- velles, les coupent continuellement pendant les deux premiers mois de leur plantation; il en résulte que leurs plantes restant sur une ou deux tiges ne donnent que peu de fleurs et sont d’un aspect désagréable, Pour avoir les dahlias dans toute leur beauté, il faut laisser aux jeunes plantes toutes leurs branches. Ce n’est que lorsqu'elles ont acquis une certaine force (du 15 juillet au {°7 août) qu’il faut leur ôter toutes les branches secondaires inuliles. — 282 — serbe de blé, il est aussi indispensable que le soleil et l'air cireulent dans l'intérieur qu'’autour de la plante. On ne peut établir aucune règle définitive sur Ja taille du dahlia : ne laissez jamais à vos plantes une quantité de petites branches inutiles pour les retrancher ensuite toutes ensemble; ôtez sur-le-champ et au fur et à mesure qu’elles paraissent, les pousses que vous jugez superflues. Il ne serait pas judicieux non plus de soumettre toutes les variétés à la même taille , car ce qui est convenable pour l’une serait nuisible pour l’autre: celles sujettes à donner des fleurs trop grandes, à centres durs et épais, doivent être fort épargnées ; celles au contraire dont on veut forcer la culture pour rendre les fleurs plus grandes, doivent être fortement tail- lées. Comme je l’ai dit plus haut, on ne peut suivre aucune règle précise, la pratique seule peut rendre l Hostibultétis PAGE dans cette partie de la culture du dahlia (*). Il faut suivre à peu près les mêmes règles dansla manière de déboutonner. N'ôtez les boutons que très-tard aux variétés dont les fleurs sont ordinai- rement trop fortes, cela rendra les pétales plus serrés, moins larges et la forme en sera meilleure. Il faut au contraire déboutonner de bonne heure les variétés qui donnent trop de boutons et dont les fleurs sont quelque- fois trop petites. Sur la manière de couvrir les fleurs (?). Ici l’amateur enthousiaste se trompe souvent, en se pressant trop et en se donnant trop de peine. Il détruit les fleurs qu'il veut conserver en les couvrant trop longtemps avant d’en avoir besoin. Les fleurs à couleurs claires sont trop tendres, moins capables de supporter les fatigues d’un voyage et de faire partie d’un buffet d'exposition si on les a couvertes trop tôt. Il faut cependant couvrir quelques fleurs claires et quelques fleurs jaunes plus tôt que les autres, afin d’avoir un coloris pur et distinct. II faut au (1) Parmi quelques dablias existant aujourd’hui dans le commerce, voici celles qu’il faut plus fortement tailler et dégarnir de boutons : Arago (Soutif.). — Berthe von Jena, — Captain Warner. — Cloth of Gold. — Countess of Bandon. — Diadem. (Widnall.) — Essex rosy lilac (Turville). Henriette Niquet. — Highgate beauty. — Lady Spopford. — Midland beauty-Mira- beau. — Miss Preltyman. — Mistriss Anderson. — Mistriss Girling. — Octavian (Pearce). — Pride of Surrey. — Queen of perpetual. — Schneerose. — Sir Edmond Antrobus. — Coquelte (Schmidt). — Ludwig Pemls.— Madame Dresser. — Rose pompon. — Empereur Napoléon. Voici celles qui ne doivent être que très-peu taillées et peu dégarnies de boutons : Attraction (Whale). Bohemian girl. — Joséphine Eriau. — Madame Zehler. — Marquise of AJ IeSRERTE — Merry monarch. — Northern star. — Essex Goldsfinet. (2) Notre climat étant plus chàud que celui de Angleterre, nous devrions couvrir plus de fleurs, cette précaution n’est cependant en usage que dans peu de localités, sans doute parce que ses bons effets ne sont pas généralement connus. Une fleur couverte peut se conserver huit à dix jours dans toute sa perfection même pendant les grandes chaleurs. UE contraire couvrir plus tard les variétés légèrement bordées ou pointillées. Autrement ces dernières fleurs perdraient leur vrai caractère , elles de- viendraient d’une couleur de chair indistincte, au lieu d’être agréablement bordées ou pointillées. Il n'est pas possible de déterminer combien de jours il faut couvrir une fleur avant une exposition, cela dépend du temps : quatre ou cinq jours suffisent pour les premières expositions; mais il faut augmenter ce laps de temps au fur et à mesure que la saison avance. Ayez soin de préserver les jeunes fleurs et les boutons que vous croyez devoir être bons, du frot- tement contre les fleurs et feuilles voisines, en les attachant soit aux prin- cipales branches, soit aux tuteurs de la plante. Il y à plusieurs espèces de couvertures en usage pour abriter les fleurs. Celle que je préfère est en fer-blance et peinte en blanc; un ressort dans le cerele, attaché à un des côtés, la fixe à la hauteur voulue; le pédoncule de la fleur traverse le cercle et est fortement assuré contre le tuteur, qui maintient la fleur fixée sous le centre de la couverture. Des pots retournés sur de petites tables sont bons pour certaines varié- tés, ils sont même préférables pour les fleurs à pédoncules faibles. Si je ne préfére point l'emploi de pots pour un usage général , c’est qu'il a le grand désavantage de demander, pour le mettre à exécution, le double de temps que le mode décrit plus haut (‘}. Évitez tout autre moyen par lequel votre fleur ne recevrait pas l’air librement. Des perce-oreilles. Toutes les personnes qui ont cultivé le dahlia pour les expositions, savent de quelle importance est la destruction des insectes et particulière. ment de l'ennemi commun, le perce-oreille(®). Pour y parvenir on emploie plusieurs moyens : le plus simple et le meilleur peut-être, c’est de mettre sur les tuteurs de petits pots remplis à moitié de mousse sèche et d’en- tourer les plantes de paille de fèves où ces insectes se retirent, Il faut la plus active vigilance, car ils courent continuellement de plante en plante. Commencez de bonne heure à veiller’ et tuez-en le plus possible. (1) Je me suis toujours très-bien trouvé de l'emploi des pots. Je trouve ce moyen le meilleur parce que les fleurs se conservent plus fraiches. Je doute qu’il faille plus de temps pour le mettre à exécution, et, dans tous les cas, je le préférerais encore parce qu’il est en même temps un préservatif contre tous les insectes. (2) Ce moyen de destruction des perce-oreilles est celui emnloyé partout. Un autre insecte qui fait le plus grand mal aux dahlias est le puceron noir qui couvre les jeunes tiges lorsque le mois de juillet est très-chaud. J'ai remarqué que les plantes vigoureuses en souffrent rarement tandis que les petites plantes délicates, plantées longtemps après les autres, ou que l’on à abi- mées en leur coupant un grand nombre de boutures, avaient beaucoup de peine à résister. Le seul remède contre cet insecte, c’est d’arroser, le soir, pendant quelques jours, les feuilles et les tiges, avee de Peau dans laquelle on aura fait bouillie une bonne quantité de tabae, LE 2: Des soins à donner à la terre après la plantation , et des arro- sements. Il faut remuer souvent la surface de la terre et donner un binage entre les lignes, cinq à six semaines après la plantation. Mettez de la propreté en tout et à toutes les époques de cette culture, et votre succès sera certain. Par un arrosement constant, la terre devient dure et mauvaise autour des pieds; on fera donc bien de les recouvrir d’un fumier décomposé im= médiatement après avoir remué la terre, cela tiendra les pieds constam- ment humides. Autant que possible, employez de l'eau douce. Si celle dont vous pouvez disposer ne l'était pas, faites-en préparer dès le matin et laissez-la à l’action de l'air et du soleil jusqu’au soir. Lorsque les plantes sont deve- nues fortes, 1l faut leur donner une grande quantité d’eau à la fois et non pas les arroser souvent (*). A cet égard il faut, au reste, consulter un peu la nature du terrain et l'état plus ou moins chaud de l’atmosphère. Par un temps sec, ne négligez jamais, lorsque le soleil a quitté vos plantes, de donner sur leur feuillage un léger arrosement soit avec le bouquet d'un arrosoir, soit avec une seringue ; la rosée, provenant de cette opération, tiendra les plantes dans un état humide jusqu'au lendemain matin, les préservera de la thrip (nommée vulgairement la grise) et empêchera les perce-oreilles de manger les pointes des jeunes pousses, ce qu’elles font souvent avant même qu’elles aient formé leurs boutons. La grandeur et la couleur des feuilles de vos dahlias vous montrera bientôt les bons effets de cette pratique (?). Du choix des fleurs pour les expositions. Ce choix embarrasse souvent l'horticulteur le plus expérimenté. Les fleurs foncées unicolores étant beaucoup plus nombreuses et d’une forme supérieure aux fleurs pâles, il en résulte qu’en choisissant 24 fleurs (5) on sacrifie souvent l’un de ces deux points : la forme ou la variété des cou- (1) M. Turner fait ici une omission : il est impossible de mêler de l’engrais daits l’eau dont on se sert pour arroser les dahlias. Les tourteaux de colza conviennent parfaitement. On mettra dans une barrique d’eau 15 à 20 (ourteaux qu’on laissera infuser pendant 10 à douze jours. — Cet engrais sera ensuite compris pour moilié dans l’arrosement à donner aux plantes. (2) Les personnes qui pourront donner à leurs dahlias un terrain humide marécageux et aéré n’ont poiut à craindre la grise. Celles qui n’ont que des terrains d’une autre nature devront, pour l’éviter, tenir leurs plantes aussi humides que possible. (5) Dans leurs expositions les Anglais ne parlent jamais que de 24 ou 56 fleurs, ils n’ont aucune idée des collections monstres que l’on voit dans les expositions francaises. Chaque exposant paie une entrée pour chacun des concours où il entre en lice. Le produit des entrées augmente de beaucoup la valeur du prix, . Mb — leurs. Je recommande à varier les couleurs le plus possible en ayant égard à la forme et à la perfection du centre. La manière de placer les fleurs est pour beaucoup dans un buffet d'exposition ; et nous voyons cependant souvent des lignes de fleurs d'une parfaite ressemblance (‘). Il faut tou- jours, aux quatre coins du buffet, des couleurs foncées bien arrondies; attachez-vous plutôt à la forme qu'à la grandeur. Si vous remarquez, en emballant vos fleurs dans une boîte de voyage, qu’une d'elles a ses pétales de derrière prêls à tomber ou qu'elle se dispose à s'ouvrir au centre, vous pouvez être certain qu'elle ne pourra pas faire partie du nombre demandé, au moment opportun retranchez-la de suite et remplacez-la par une autre de la mème variété, approchant le plus possible de la peefection. Si vos fleurs sont destinées à un long voyage, prenez, en plus, un bon nombre de fleurs peu avancées. Ne touchez jamais vos fleurs inutilement. Rappelez-vous que vous vous êtes donné beaucoup de peine afin de les montrer seulement dans leur plus grande perfection. Vous ne pourriez jamais remédier au mal que vous leur feriez par cet usage ridicule. Du dahliu de fantaisie (?). Les dahlias de fantaisie sont très-populaires et ils le méritent réelle- ment, Le préjugé que l’on ne pouvait obtenir de bonnes fleurs dans les variélés panachées n'existe plus, une amélioration de chaque année l'a détruit entièrement. Beaucoup de personnes, en ajoutant dans leurs buf- fets de nouvelles variétés de fantaisie , offertes ce printemps au publie, donneront du charme à leurs fleurs unicolores (°). Ces variétés demandent la même culture que les autres; peut-être ce- pendant devrait-on les tenir plus maigres. Quant à celles connues pour avoir les pétales plus longs (ce grand défaut d’aujourd'hui), il faut avoir soin de ne les déboutonner que longtemps après les autres, vous amélio - rerez ainsi la forme de la fleur en réduisant un peu la grandeur. Le remède vaut toujours mieux que le mal. (4) Je ferai, en passant, une observalion sur les moyens d'exposer les fleurs. Quelques sociétés d’horticulture laisseiit encore ces moyens au choix des exposants. Les uns les placent dans des bouteilles, d’autres dans des jardinières on étagères, d’autres enfin dans des cor- beilles remplies de belle mousse verte. — Je pense que cette latitude laissée aux exposants est contraire aux véritables intérêts de l'horticulture. Le jury est appelé pour juger du mérite des fleurs et non pas pour juger du plus on moins de coquetterie que l’on a su donner à une col- lection. Tous les exposants doivent se servir des mêmes moyens; des bouteilles placées sur des tables ou gradins uniformes. (2) Les Anglais appellent ainsi les dahlias panachés. (5) Les Anglais ont longtemps traité avec une espèce de dédain les dahlias panachés ; aussi les meilleures variétés qui existent sont-elles des productions francaises ou allenrandes. — Madame Dresser. — Madame Wachy. — M. Adolphe Dubras. — Roi des pointillés. — Fra Diavolo. — Ludwig Pemils, ete., ete , sont les fleurs parfaites sous tous les rapports. BELG. HORT. T. IL. 58 Le SAR Les dablias de fantaisie seront, dans peu d'années, cultivés en aussi grand nombre que les autres ; ils font plus d’effet dans les jardinset auront quelque chose de plus séduisant dans nos buffets d'exposition , mue ils seront tous de forme parfaite. Du semis ('). Les semis sont suivis peut-être avee plus d'intérêt et plus de plaisir que toutes les autres parties de la culture de cette belle fleur. Ce n’est pas une petite jouissance que d'aller tous les matins épier en quelque sorte le développement de tous les boutons qui promettaient d’être bons la veille. On a beaucoup parlé et écrit sur les variétés les meilleures pour servir de porte-graines. Pour moi, je me contenterai de faire connaître le sys- tème que j'emploie. Je détruis toutes les fleurs creuses, ou défectueuses sous d’autres rap- ports, au fur et à mesure qu'elles paraissent, car moins une fleur a de pétales et plus elle donne de graines, avec peu ou point de chanee d'ob- tenir une bonne variété double. En suivant ce mode, on s’épargnera beau- coup de peines. Dans les petites collections choisies il y a peu à faire à cet égard, mais, dans les grandes collections, il y a beaucoup de variétés dont il ne faut pas prendre de graines. À l’appui de ce que j'avance, on peut remarquer que beaucoup de belles fleurs sont obtenues par des ama- teurs n'ayant que de petites collections, tandis que beaucoup d’ autres, cultivant des pieds par milliers, n’obtiennent rien (?). Il est bon d'observer que les intés de semis qui fleurissent les pre- mières ne produisent que.rarement (ou jamais) une fleur bonne à étre conservée. Elles proviennent des plus belles graines cueillies sur des fleurs creuses; elles lèvent les premières et gardent toujours l'avance pendant toute la saison; on peut facilement les reconnaitre à leur taille élevée, sans branches de eôté. Au contraire, les petites plantes que l’on doit soi- gner pour obtenir des fleurs avant la gelée, produisent généralement les meilleures fleurs. Il est bien connu que les plus beaux gains sont rare- (4) Beaucoup d’amateurs sèment les dablias. maïs peu obtiennent quelque chose de bon. Je leur recommande de suivre les avis de M. Turner. J’ai toujours employé les mêmes moyens el je leur dois les quelques suscès que j’ai obtenus. On ne peut que rarement juger de la pre- mière floraison d’un semis ; il est prudent d'attendre la seconde année pour se prononcer. Dans les expositions on ne devrait admettre que des semis de deux ans, eeux-là senls offrent des garanties. (2) Je conseille aux personnes qui veulent semer de faire une plantation à cet effet dès les premiers jours de mai, de choisir des variétés bien pleines, à forme et tenue parfaites ; de doubler ou tripler méme les variélés de premier ordre plutôt que d’y comprendre des fleurs sujettes à creuser. Voici quelques variétés que je recommande comme porte-graines : Standart of perfection-Athlète. — Asmodeus. — Bees-Wing. — Dazzle. — Madame Dresser. — Madame Wachy. — Oplimus. — Princess Radziwill, — Marchioness of Coruwallis, ele., ete. 287 — ment exposés la première année, ils proviennent des plus petites graines cueillies sur les fleurs les plus pleines. Sur le renouvellement des plantes et la conservation des tubercules. Je suis d'avis qu'il faut renouveler quelquefois les bonnes variétés an- ciennes. Les cultiver continuellement dans le même jardin sans changer même de terrain, produit le résultat que l'on doit prévoir : les fleurs dégénèrent et un changement devient nécessaire ("). La manière de conserver les tubereules pour s’en servir ensuite pour la multiplication est si simple et si généralement connue, que ce serait perdre du temps et du papier que de m’étendre sur ce sujet (?). Je recom- mande seulement de conserver des plantes en pots de certaines variétés connues pour pousser mal des racines comme Duchesse of Richmont, M" Welley et plusieurs autres. | Reportons-nous en arrière sur le goût de la culture du dahlia, et nous remarquerons avec plaisir l’amélioration graduelle de cette belle plante d'automne; chaque année amène une plus grande perfection. C’est dans ces derniers temps que les plus belles variétés ont été introduites. Il est généralement admis qu’un semis reconnu très-bon vaudrait aujourd'hui plus d'argent qu’à aucune autre époque (°). Comme preuve du progrès constant du dablia je citerai un seul ait la collection qui obtint le prix de 20 livres sterling à l'exposition de Cam- bridge, en 1840, pour les 24 plus belles fleurs, n'avait plus qu’une seule de ses variétés comprise dans la collection des 24 plus belles fleurs qui a obtenu le premier prix à l’exposition métropolitaine de 1846. Cette variété , qui se maintient depuis 15 à 14 ans, est Sprengsfield rival. Je n'ai pas besoin de dire que ces deux collections ont été cultivées par moi. La première était considérée comme la plus belle produite à cette époque, et la dernière comprenait certainement les 24 plus belles fleurs que j'ai exposées en 1846. Je me rappelle très-bien qu'à Cambridge , Unique (Ansell), Conservative, Maid of Bath et plusieurs autres fleurs, abandon- nées aujourd’hui , brillaient alors de tout leur éclat. (1) En renouvelant souvent les variétés, on peut planter les dahlias dans le même terrain pendant un temps indéfini. Je puis montrer une pièce de terre où l’on cultive des dablias depuis plus de trente ans sans interruption. Ils y croissent toujours aussi bien que la première année. (2) Voici le meilleur moyen de bien conserver les tubereules : Lorsque vos plantes seront déplantées, coupez les tiges à peu de distance des tubercules, laissez sécher les tubercules pendant un jour ou deux, rentrez-les ensuite dans une serre froide ou, à défaut, dans une case bien sèche. Plantez-les dans une terre très-légère ou dans des cendres à peu près sèches. Furetez-les une ou deux (fois pendant l'hiver pour vous assurer qu'elles ne pourrissent pas. (3) Ceci peut étre-exact pour PAngleterre. ee ee = REVUE DES PLANTES NOUVELLES. impatiens cornigera. Hook. Bot. mag. 4625. 1852. — Impa- tiente cornigère. Famille des Balsaminées. Plante herbacée droite, infé- rieurement rameuse ct radicante, feuilles alternes, longuement pétiolées, ovales, acuminées, bords très-entiers, scabres et ornées de franches petites ct éloignées, pétioles glanduleux-frangés, pédoncules aggrégés axillaires uniflores, plus courts que le pétiole et défléchis, fleurs (roses) à sépale supérieur (2 sépales réunis) pourvu d’un bec vert, l'inférieur cucullé pu- bescent, éperon court obtus recourbé, laine orbiculaire. M. Thwaites en- voya des graines de cette singulière Impatiente à Kew ; elles venaient de Ceylan. Tout l'été et l’automne les plantes fleurirent et cette espèce est décidément une belle plante d'ornement. Sir William Hooker possède, dans son herbier, un exemplaire d'espèce identique, venant d’Assum, et trouvée par le major Jenkins. Cette espèce se rapproche de l{mpatiens lævijata de Wallich, mais elle n’a point des fleurs glabres ct tout le végétal est distinct. Le calice est jaune, le bec est vert, les pétales sont violets ct pourpres. Culture. H faut la trailer en annuelle. Dans une serre chaude, en bonne terre terreautée , fréquemment arrosée, cette Impatiente grandit beau- coup, acquiert de grandes branches latérales et ressemble à un arbuste. Quand elle a son ombre et son humidité voulue, le dessous des branches s'enracine et envoie des filets radicaux descendant dans la terre. Fleuris- sant tard dans l’année, elle ne forme point de graines, mais on la conserve par le moyen de bouturcs automnales conservées en couche chaude pen- dant l'hiver. Impaticns fasciculata. Lam. Encycl. vol, 1. p. 359. — Hook. Bot. mag. 4651. 1852. — De Cand. Prodr. 4, p. 686. — Synonymes : IupaTiENs seTacEA Colebr. in Hook. Exoh. fl. v. 2, p. 157 : IMPATIENS HETE- ROPHYLLA Wall. in Rox. fl. Ind. v. 2, p. 258. BALSAMINA HETEROPHYLLA Don. Plante droite glabre, feuilles opposées, sessiles, lancéolées, sétacées- dentées , aiguës, à la base et de chaque côté calearéés ou éperonnées, au- dessus scabres à la loupe, pédoncules axillaires solitaires ou géminés de la longueur des feuilles, sépales calleux au sommet, les latéraux linéaires en faulx, le postérieur arrondi-ovale, éperon trés-long filiforme, pétales anté- ricurs grands semi-ovales , parfois lobés et planes. M. Thwaites envoya à Kew des graines de cette espèce originaire des contrées à collines de l’île de Ceylan. Le nom de fasciculé est certes mal donné à cette espèce, puisqu'il n'y a qu'un pédoncule à l’aisselle de feuilles opposées. Ce qu'il y a de vrai- ment singulicr à cette espèce c’est l’éperon double que porte chaque feuille. M. Hooker y voit une stipule, mais cette stipule n’existe pas sur les autres espèce dont beaucoup ont, en cet endroit, des glandes. Ces éperons foliaires sont plutôt des métamorphoses de ces glandes, d'autant plus que 2 O0 les éperons floraux ont une glande à leur bout. La fleur est rose. Cole- brooke trouva cette espèce dans le Sylhet. Griffith la retrouva dans le Khosva, Thomson et Hooker fils dans l'Himalaya. Culture. La eulture de cette espèce est exactement la même que celle de l'Impatiens cornigera. On pense, en Angleterre, qu’elle se perdra facile- ment dans les jardins et qu'il faudra souvent en faire venir des graines müres de Ceylan. Impatiens pulcherrima.Dalzell. Contrib. to the bot. of Western. India in Hook. Kew Garden. Mise. vol. 2, p. 57.— Hook. Bot. mag. 4615. 1851. Zmpatiente très-belle. Famille des Balsaminées. Tige droite, her- bacée, glabre, simple ou rameuse, feuilles alternes longuement pétiolées, ovales, acuminées, crénées-dentées, dentelures sétigères, au-dessus poi- lues scabres , au-dessous glauques très-glabres, pédoncules axillaires au nombre de deux ou de trois uniflores plus courts de moitié que les feuilles, sépales latéraux petits subulés, le postérieur ample orbiculé , bifide au bout, le milieu du dos aiguillonné crispidé, lantérieur cucullé mucroné, la base prolongée en un éperon filiforme plus long que le pédicelle, pé- tales divisés presque Jusqu'à la-base, segments cunéiformes obovés, bilobés au sommet, segment antérieur ample, fruit moven pubérule , glabre à la fin, ovale-oblong obtusément rostré, de 15 à 14 graines, pédicelles fructi- {ères droits penchés au sommet. C’est, sans contredit, une des plus belles Impaticntes de FInde où M. Dalzell l’a découverte. Elle a été trouvée près de Warrée dans le Concon méridional, États de Bombay , et les graines sont arrivées en Europe en 1850. La plante fleurit tout l'été, les fleurs sont violettes, tachetées de pourpres au milieu et fort grandes. Culture annuelle, il faut le semer au printemps ct lui donner de la cha- leur. Il ne faut mettre qu'un pied dans un pot et augmenter celui-ei à mesure que la végétation se développe. Pendant ces époques, il lui faut des arrosements fréquents. On la maintient en serre et en couche jus- qu'aux beaux Jours et alors elle supporte nos étés et nos vents. Les graines ne mürissent pas encore chez nous , mais on reproduit le végétal par des boutures d’automne qui se conservent l'hiver et donnent de bonnes plantes en été. C’est un bel ornement autant pour les serres que pour les jardins: Physochlaina grandiflora. Hook. Bof. mag. 4600, 1852. — Physochlaine à grandes fleurs. Famille des solanées. Plante glanduleuse pubescente, rameuse, feuilles ovales aiguës, trois fois plus longues que le pétiole, panicules terminales et feuillues , fleurs penchées, calice florifère companulé court, fructifère cylindrique, corolle un peu courbée d'un vert jaunâtre, infondibuliforme-campanulée , veinée, étamines égalant la co- rolle, style exserte, stigmate capité déprimé. Le lieutenant Strachey re- cuerllit les graines de cette plante à 15,000 pieds d'altitude dans le Thibet. — 980 — On crut d’abord que c'était le Belenia præalla Dene, mais la floraison fit découvrir sa véritable nature. La fleur est d’un vert jaunâtre. Culture. Pourvue de fortes racines, cette solanée passe en pleine terre, se contente d’un sol médiocre, se multiplie par divisions de racines au printemps ou en automne. Potentilla ambigua. Camb. in Jacquem. Ind. Or. Bot. p. 51-62. — Walp. Rep. bot. v. 1, p. 27. —Hook. Bot. mag. 4615. 1851. — Poten- lille tridentée de l’Hymalaya. Famille des rosacées. Plante poilue, tige ascendante, pauciflore, liqueuse à la base, feuilles ternées-palmatiséquées, segments obovés, tridentés, stipules ovales-aigus, très-entiers ou à 5 dents, bractéoles calicinales obovées, pétales jaunes obovés égalant le calice en longueur ou un peu plus grands. Cette espèce de potentille, vivace et.de pleine terre se distingue par sa force et ses grandes et belles fleurs jaunes qu’elle produit abondamment pendant tout l'été. Jacquemont la découvrit dans les fentes des rochers de Kanaor près de Rogui, à une altitude de. 9000 pieds, latitude environ 52, long. E. 78'/,°. Le capitaine Henri Stra- chev a retrouvé cette potentille au même endroit, Enfin, dans le Népaul vers l’est, le dôcteur Hooker la retrouva dans les forêts à 12 et 13,000 pieds d'altitude. Elle est voisine du potentilla eriocarpa, Wall.; mais cette der- nière a la tige à peine feuillue et les stipules sont plus longues et plus divi- sées. Les branches s'élèvent, dans cette espèce , de six pouces à un pied de long. Culture. Quoique cette potentille ait passé l'hiver de 1850 à 1851 en pleine terre , il serait néanmoins prudent de lobserver encore quelques années sous le rapport de sa rusticité du reste extrêmement probable, Les racines stolonifères la propagent beaucoup et facilement. La floraison se faisant depuis mai jusqu’en arrière automne, les horticulteurs ont le plus grand intérêt à se procurer cette plante à ressourec. Rhododendron Champions. Hook. Bot. mag. 4609. ann. 1851. Rosage de madame Champion. Famille des éricacées. Feuilles lancéolées. étroitement acuminées, réticulées, planes, glabres au-dessus , côte, bords et nervures poilus et scabres au-dessous, rameaux jeunes, pétioles, pédon- eules et calices couverts de poils raides, longs et glanduleux , sépales linéaires subulés, corolle réticulée, limbe ouvert, profondément quinque- lobé , bractées extrêémement visqueuses. « Nous savons , par expérience, dit sir William Hooker, au sujet de cette plante, qu'il n’y a pas de moyen plus sûr de voir introduire une plante nouvelle dans nos jardins que de publier sa figure et d'indiquer sa localité. » C’est ceci qui nous a conduit, comme dans d’autres occasions , à représenter une plante qui n’est pas encore introduite dans nos cultures, mais nous sommes certains de l’exac- titude de cette gravure par la comparaison faite entre elle et d’autres NO —- dessinées d'après nature par un artiste chinois. L’un et l'autre dessin nous sont envoyés, avec des notes, par le capitaine Champion du 95° régiment, qui a fait une grande collection de plantes à Ceylan et depuis à Hong- Kong. Nous avons nommé cette espèce : Rhododendron Championæ , en compliment de son aimable femme, dame accomplie dont l'amour pour les plantes équivaut à celui de son mari qu’elle accompagne dans la plu- part de ses herborisations. Le capitaine Champion considère cette espèce comme voisine du À. formiosum Wall., originaire de Khasya. Mais le R. Championæ diffère dans la forme et la vestiture des feuilles, par les bractées glutineuses, la forme du calice, l'ovaire du fruit et à cause des duvets glanduleux des branches , pétioles, pédoncules , calices et fruits. Le capitaine et madame Champion ont trouvé ensemble ce rosage dans le avin du fort Victoria près de Hong-Kong, le 28 avril 1849 , croissant en abondance entre des rochers. Il y atteint sept pieds de hauteur. Culture. Jusqu'ici on ne peut rien dire de certain; mais les graines expédiées de Iong-Kong donneront sans doute des, plantes, . puisque ce genre de semences supporte fort bien la traversée. Dryandra nobilis. Lind. Swanriver bot., p. 58, N° 158. Meisn. In Pl. Preiss., vol. 1, p. 152.—Hook. Bot. Mag., 4655, vol. . 1852. (Dryandre noble.) Famille des protéacées. Rameaux vélus, feuilles pétio- lées, allongées-linéaires, lobes en triangles isocèles, submucronées-aiguës, décurrentes, subconfluentes, recourbées au bord, glabres au-dessus, au- dessous plurinerves reticulées, blanchàtres-tomenteuses, capitules laté- raux ou terminant un rameau court, involucre à folioles externes foliacées dentées, les intérieures membraneuses oblongues, recourbées en dedans, glabres, striées, plus petites que le capitule, calice glabre au-dessus de la base, laineux, laines soyeuses, barbues au sommet, style allongé, glabre, stigmate cylindrique, sillonné, obtusiuscule. M. Drommon dénoya cette espèce de la rivière du Cygne. Les graines germèrent et donnèrent naissance à des plantes d’une singulière et rare beauté. La capitule est jaune. | Culture. Ligneuse, appartenant à la serre tempérée, cette espèce de Dryandra sera toujours recherchée par les amateurs de belles plantes. On a souvent accusé ces Protéacées de vivre trop peu, mais aujourd’hui on connaît mieux les conditions de leur bonne venue. A celle-ci il faut une argile légère mélangée de sable siliceux grossier; mais l’essentiel est de tamiser du sable pur et siliceux au-dessus du sol, pour en faire une couche d’un pouce au moins autour du pied. Cela empêche l'humidité de séjourner au collet. En été, il faut éviter les rayons directs du soleil. On sait à présent que les spongioles de ces végétaux sont très-tendres et ne supportent pas le desséchement. | 299 LITTÉRATURE HORTICOLE. LE SAULE PLEUREUR DU ROI DAVID ET LE SAULE PLEUREUR DE L'EMPEREUR NAPOLÉON , Par M. Cu. MoRREN. Le saule pleureur n’était pas connu sous ce nom même À la fin du siècle dernier. L’arboriste belge, le baron de Poederlé, dont nous avons esquissé la biographie en tête du troisième volume de notre Journal d'agriculture du royaume de Belgique, en signalant cet arbre comme la quatrième espèce de saule cultivée de son temps dans notre pays, l'appelle encore saule du Levant ou saule de Babylone, et comme nom vulgaire il lui donne celui de saule parasol. Ce furent les Anglais, et, entre autres, Miller qui le dési- gnèrent les premiers sous la dénomination de weeping willow, mot que, dans ee siècle de langage sévère , on traduisait littéralement par ceux-de saule pleurant, ce qui est, en effet, plus exact sous le point de vue gram- matical, « Ce saule, disait de Poederlé, est de la moyenne taille, ses bran- ches sont longues, menues et toujours panachées avec une sorte de grâce, qui en forme naturellement des arcades; il est devenu assez commun dans ce pays, depuis le gout qu'on y a pris pour les arbres exotiques et d’or- nement, et mérite d’être cultivé par sa forme pittoresque. » Par arbre panaché, de Pocderlé veut indiquer un arbre dont les branches tombent en panache, et il est vraiment curieux de voir un arboriculteur moderne conclure de cette assertion qu'il existait, en 1788, dans notre pays, des saules pleureurs à feuilles panachées , c'est-à-dire vertes et blanches, hypothèse qui se combat d'elle-même par l'examen des textes, Nous n'a- vons rien, malheureusement, de précis sur les premières introductions en Belgique de cet arbre remarquable. Loudon, dans son Arboretum britannicum (tome IT, p. 1507), donne un aperçu historique si circonstancié sur cette espèce, que nous éprouvons un véritable plaisir de propager les résultats de ses recherches à cet égard. Le saule pleureur, salix babylonica, de Linné, est originaire de l’Asie, des rives de l’'Euphrate, près de l'emplacement où florissait naguère Baby- lone, d’où est venu le nom réel de ce saule. Il s’est étendu, du reste, en Chine et dans d’autres parties de l'Asie, même en Égypte et dans le nord de l’Afrique. On rapporte que ce saule a été d’abord introduit en Angle- terre par un négociant français d'Alep, nommé Vernon, qui, en 1750, l'envoya au pare de Twickenham où, en 1748, le cé.èbre Pierre Collinson le trouva en pleine prospérité de croissance. Cependant, l'Æortus kewensis fait remonter la date d’une premiére introduction à 1692, mais cet ouvrage LEUR donne si peu de détails sur un arbre qui en était si digne, qu'il est très- permis de mettre en doute cette date. Cependant les Français s’attribuent aussi la première introduction du saule des tombeaux, des amoureux et des personnes sensibles. Delille, dans une note à l’homme des champs, passe pour avoir assuré que le pre- mier introducteur de ce saule était lillustre Tournefort. Ainsi pleure incliné le saule d'Orient, Consacré par l'amour à la mélancolie. Tels sont les vers que lui consacre Delille, mais il n’affirme pas que ce soit bien sans conteste Tournefort qui en fut l’introducteur. « Tournefort, dit Delille, est le premier qui a fait connaître ce saule à branches ineli- nées, surnommé le pleureur, et qui, placé dans un bosquet, près d’un monument sépulcral, est effectivement l'arbre le plus propre à inspirer la tristesse : àl est même vraisemblable que l'Europe le doit à ce natura- liste. Un autre saule du Levant, décrit par Linné , est un bel arbre à feuilles d’olivier argentées, dont les fleurs exhalentune odeur suave, mais qui dépérirait dans nos climats. » On voit, par ces détails, que l’opinion de Delille repose sur une simple conjecture, et ils prouvent de plus que le nom de saule du Levant que lui donne de Poederlé, peut mener à une confusion. La Chronique de St.-Jacques (St.-James's Chronicle), pour août 1801, assure que le poëte Pope fut l’introducteur, en Angleterre, de son arbre favori de Twickenham, et que ce pied là fut, en effet, le premier planté en Europe. On donne, à cet égard, une anecdote curieuse. Pope se trou- vait avec lady Suffolk, laquelle venait de recevoir un cadeau les uns disent d’Espagne, les autres de Turquie, mais l’objet était entouré d’un panier d’une espèce singulière d’osier, dans les brins duquel ce poëte découvrit quelque apparence de vie. « Plantons ceci, dit-il, à la duchesse, nous en aurons peut-être un arbre que l’Angleterre ne possède pas encore.» Et sur ce, les brins du panier furent coupés et fichés en terre. Telle serait l’ori- gine du fameux saule pleureur de Twickenham regardé en Angleterre, nous ne dirons pas comme le père et nous verrons dans un instant pour- quoi, mais comme la mère de tous les saules pleureurs de l’Europe. Ce qui prouve l’amour des populations pour le saule pleureur, c’est que dans toutes les parties du monde où il supporte le climat en pleine terre, il est cultivé et se propage de plus en plus. Cette circonstance n'existe pas seulement en Europe, mais dans toute l’Asie et dans les parties civili- sées de l'Afrique. Transporté au Nouveau-Monde et en Australie, il y est devenu aussi commun qu’en Europe. Les Chinois l’ont aimé de temps im- mémorial, on trouve son image dessinée en profusion sur les porcelaines, les meubles laqués, les papiers de tentures, les aquarelles d'album et les livres sur papier ou sur feuilles de eatalpa, ete. Jean Nicohoff , faisant partie de l'ambassade hollandaise à Pékin, dessina, le 5 de juin 1655, la BELG. HORT. T. II. 39 2, ARE vue du village de Tonnan, et y figure de magnifiques. saules pleureurs alors complétement inconnus en Europe. Les Chinois sont évidemment les premiers horticulteurs qui ont fait usage du saule pleureur pour en orner les scènes d’un jardin d'agrément, comme il conste par tous les dessins que l’on possède des environs de Canton et d’autres lieux. Sur un dessin fait par sir G.-T. Staunton, en 1812, et représentant une vue de la villa de Consequa , une des plus Jolies maisons de campagne des alen- tours de Canton, on voit un saule pleureur orner une terrasse ou même un balcon, et il est probable, d’après Loudon, que l'arbre cultivé dessous dans un conservatoire , passe son trone à travers le plancher. Nous ne connaissions pas cette raflinerie horticole en Europe, et désormais, lidée étant émise, on pourra, dans un grand nombre de maisons élégantes de Belgique où il y a des serres donnant sur les salons du premier étage, faire monter par le dessous des saules pleureurs plantés en pleine terre et développant leur cime dans ces enelos protégés. D'après ces faits historiques, on voit que les eimetières, les champs de repos , les tombeaux n’ont pu être ornés en Europe de saules pleureurs que depuis le commencement du xix° siècle. Les Chinois nous ont encore précédés dans ce langage des arbres. Dobell a donné une vue de la vallée des morts, près du lac Hoo, laquelle fait voir que le saule pleureur était, pour les habitants du céleste Empire, l'expression de la douleur et de leur respect pour le souvenir des trépassés. On sait de même combien les musulmans honorent la dernière demeure de leurs parents et de leurs amis. Chez eux aussi, le saule pleureur est devenu le symbole des éternels regrets. Cette idée a passé en France, en Belgique, en Allemagne partout, et, ce qui est plus remarquable, c’est que, dans le pays où le cyprès, l’arbre des morts selon les traditions hé- braïques, grecques et romaines, peut prospérer en pleine terre, le saule pleureur, peu à peu, le remplace et devient presque le seul représentant de la tristesse. A cet égard, le botaniste Poiret exprime une opinion qui, certainement, mérile de trouver sa place dans cette notice sur le saule de Babylone. Le cyprès a depuis longtemps été considéré comme l’ornement obligé des cimetières, mais l'ombre obseure et lourde qu'il jette sur les tombes, son feuillage épais et triste, et sa verdure sombre inspirent une tristesse de désespoir : c’est l’image de la mort sans l’espérance au-delà du tombeau. Le saule pleureur, au contraire, exprime plutôt un regret avec la certitude de se retrouver : il recouvre, non pas la terre qui anéantit, mais la terre qui ensevelit. Son feuillage léger et sa cime élégante flottent comme une chevelure sanslien ou le voile gracieux qui receuyrel’urne cinéraire. Entre les branches du saule la lumière jette ses rayons d'espérance etl’âmeentre- voit un autre lieu au-delà de celui qui recoit l'expression de la tristesse : la mélancolie qu'il inspire, ne désespère pas; elle franchit le seuilde la dernière demeure et montre, au terme de la vie de ce monde, le commencement oil. 205 — d’une existence meilleure. D'après les idées de Poirct, le cyprès exprime- rait plutôt le regret du matérialiste, le saule pleureur le regret du chrétien. Cependant, à cet égard, Loudon a bien raison de rappeler la véritable cause pour laquelle les anciens ont choisi un arbre pyramidal comme l’ornement sépulcral : cette raison se trouve, en effet, dans Ja forme de la cime plutôt que dans la verdure, dans la perpétuité du feuillage, plutôt que dans sa couleur. Ainsi le cyprès représentait, aux yeux des Grecs et des Romains, la flamme de l’immortalité, emblème de Fame impérissable, el cette allusion se trouve exprimée dans des épitaphes irrécusables. Aussi, quand le saule pleureur à commencé à se répandre en Europe, l'a-t-on dans un grand nombre de pays joint aux cyprès, et, dans les régions où celui-ci périt en pleine terre, au peuplier d'Italie également pyramidal, pour exprimer à la fois les deux sentiments qu'inspire la mort d’un être aimé : le regret de lavoir perdu, l'espérance de le revoir dans une immor- talité commune. Le saule de Babylone a du inspirer des idées de silence, de méditation et de mélancolie aux plus anciens peuples qui l'ont vu. On se rappelle, à son propos, le cent trente-sixième psaume de David : « Super flumina Babylonis, ilic sedimus et fleminus, cum recordaremur Sion : in sali- cibus in medio ejus, suspendimus organa nostra.» « Nous sommes venus sur les rives du fleuve de Babylone, nous nous sommes assis et nous avons pleuré, au souvenir de Sion : nous avons suspendu nos harpes et nos voix aux branches des saules qui croissent dans ses eaux. » Tous les pieds de saule pleureur propagés en Europe et de là dans d’au- tres parties du monde, appartiennent au sexe femelle. Le mâle est ou était inconnu , circonstance sur laquelle nous allons revenir. On a naturelle- ment conclu de cette absence de pieds mâles que jamais les saules pleu- reurs n’ont pu naître de semis, que tous ceux que l’on voit descendent les uns des autres par voie de bouture. Les partisans de la dégénérescence en ont même conelu que ce mode de multiplication , continué pendant des siècles, avait rendu l'espèce inapte à compléter son sexe, et que la multi- plication par bouturage continuel empêcherait que jamais mâle se déve- loppat sur un pied femelle quelconque. On s’expliquait enfin l’absence des variétés dans le saule pleureur par le défaut de semis et le salix babylo- nica crispa ou le salix annularis de Forbes, est regardé dans cette doc- trine, non comme une variété, mais comme une monstruosité transmis- ‘ sible par boutures ou greffes. Une circonstance extraordinaire se rattachant à un immortel souvenir historique est venue, il y a peu d’années, ébranler cette théorie. Un saule pleureur ombrageait, à Ste.-Hélène, le tombeau de Napoléon. Cet arbre fournissait des branches aux visiteurs qui les rapportaient comme des reliques en Europe. Les botanistes les virent ; les uns déclarèrent que ce saule était une espèce particulière, sans doute appartenant à la flore de l'ile , les autres nièrent que ce fut un saule, tous étaient d'accord que — 296 — l'arbre de la tombe de l’empereur n'était pas le même que notre saule pleureur d'Europe. Loudon , devant ces conjectures, eut la fantaisie d'écrire à ce sujet une lettre dans le Morning Chronicle , le 5 septembre 1856, et de demander qu’on apporta de Ste.-Hélène des boutures vivantes. On fit alors des gravures de l’arbre même, on envoya des branches dessé- chées, on dessina les détails de la structure d’après nature , enfin des plantes vivantes furent recues. Les résultats de toutes ces recherches étaient ceux-c1 : Aucune espèce de saule quelconque n’appartenait spontanément à la flore de Ste.-Hélène. En 1810 , le général Beatson était gouverneur de l'ile, il fit venir d'Angleterre un grand nombre d'arbres et d’arbustes qui, d’après des articles de la Gazette de Ste.-Hélène, publiée pendant les années 1811 et 1812, furent très-difficiles à conserver à cause des dégâts nombreux que commettaient les chèvres de l'ile. Peu d’arbres purent être sauvés, mais parmi eux se trouva le saule pleureur. Un pied se développa sans accident dans une vallée, près d’une source et dans un massif d’autres arbres. Napoléon l'avait remarqué, il allait souvent s'asseoir au pied de cette cime dont la forme lui rappelait la France, et il s’y faisait apporter l'eau de la fontaine voisine. Vers l'époque de la mort de l’empereur, en 1821, un ouragan brisa le saule et le mit en pièces. Après l’inhumation du grand homme, Madame Bertrand soigna quelques boutures du saule presque anéanti par l'orage et les planta autour du grillage de la tombe. Ces boutures recurent même la protection, pendant leur première crois- sance , des pensées et des myosotis que cette dame avait semés autour de la pierre. En 1828 ces saules étaient mourants; vingt-huit jeunes pieds furent de nouveau placés près du tombeau , lequel était, à cette époque, entouré d’une profusion considérable de pelargonium à fleurs écarlates. En 1854, un correspondant de Loudon à Ste.-Hélène lui annonça qu’un de ces saules était alors dans un état florissant, mais, en 1855, un voya- geur donna de très-mauvaises nouvelles de sa santé, vu l’état d’appauvris- sement dans lequel l’avait fait tomber l'enlèvement d’un nombre considé- rable de boutures que ne cessaient de lui prendre les visiteurs. Cependant, dès 1825, il y eut, à ce qui parait, déjà en Angleterre des boutures du saule de Ste.-Hélène sous lequel Napoléon allait se reposer, et, sur la col- line de Richmond, à la taverne de Roebuck, on voit un saule qui était primitivement une de ces boutures : une plaque de marbre blane porte l'inscription qui assure ce fait. Depuis cette époque une véritable convoi- tise existe à l’égard du saule de Napoléon, et c’est à qui pourra montrer le plus beau et le plus légitime de ces arbres. On en cite des pieds à Kew, chez la reine d'Angleterre, dans l'établissement de Loddiges , chez MM. Lee, chez le due de Devonshire à Chatsworth, ete. Enfin arriva l'opinion de M. Castles , directeur du jardin botanique de Twickenham. On se rappellera que c’est dans ce jardin qu’existe done le plus vieux saule pleureur connu, celui peut-être planté par Pope et prove- —— 297 — nant du panier de Lady Suffolk. Ce saule pleureur est un pied femelle et c’est de lui, si l’on adopte l'opinion générale, que descendraient, par généalogies de boutures, tous les saules pleureurs de l'Europe. Or, le saule pleureur de la tombe de Napoléon est un mâle. Tous les pieds qui sont provenus de ce saule ou qui ont été importés de Ste.-Hélène avec certi- tude et véracité, sont aussi des mâles. Le pied de Richmond avait, en 1856, 60 picds de haut et le diamètre du tronc était de 5 pieds 5 pouces. Il portait une grande quantité de fleurs mâles. Enfin, les plus grands rap- ports, moins le sexe, existent entre les deux saules, celui de Pope et celui de Napoléon, et tout porte à croire que par ce fait d’avoir rattaché le saule, chanté par David dans les Psaumes, à la mémoire du César de notre siècle, l'arbre des rives de l’Euphrate, le saule de Babylone auquel le poëte inspiré attachait sa lyre muette, a retrouvé son époux. On disait ce dernier disparu dans quelque oubli de la nature analogue aux destructions des déluges successifs , on proclamait le saule pleureur veuf à jamais de sa légitime alliance, lorsqu’enfin, après 24 siècles d’attente et de recherche, il est désormais donné à l’horticulture de produire un des plus beaux arbres du monde par la voie naturelle des semis. On nous assure qu'il existe sur les bords de l’Eseaut, dans un parc, des saules pleureurs noirs! La source d’où cette nouvelle nous arrive n’est pas suspecte. Est-ce déjà le produit d’un semis provenant de graines de ces deux époux séparés par vingt-quatre siècles d’un divorce forcé, ou est-ce un produit d’une varia- tion par boutures? C’est ce que l’avenir nous apprendra, mais dès ce mo- ment nous devons modifier des idées qui ont cours partout dans les ou- vrages comme dans les lecons , à l'endroit d’un arbre dont l’histoire est trop peu connue, et à l’endroit d’un fait d'isolement sexuel constant dont on chargeait bien inobligeamment la nature. DE L'ODEUR DES ROSES APRÈS LES PLUIES D'ORAGE, Par M. GUILLEMEAU. Bertholon, célèbre physicien de Montpellier, a expérimenté que des fleurs électrisées exhalaient plus promptement leur odeur naturelle que celles qui ne l’étaient pas. Le charme que l’on éprouve vers la fin du printemps, en parcourant la campagne après une ondéc orageuse, n’est donc pas une vaine illusion. Les buissons de roses et d’aubépines, les troënes et toutes les autres fleurs sont plus odorantes ; l’air est imprégné de leurs émanations balsamiques et toute la nature semble sourire aux yeux de son admirateur. LP Le PI. 49. De IN ji {lb #00 “2e FLORICULTURE DE SALON. LES AÉRO-AQUAIRES DE M. WARINGTON OU LES CULTURES AËRO-AQUATIQUES DES SALONS, Par M. Cu. MoRREnN. Les Anglais appellent caisse de Ward ou caisse wardienne, un meuble formé de vitres planes ou courbes sous lesquels on cultive des plantes pour lesquels l'air ne se renouvelle pas. C’est une cloche étouffée, en perma- nence dans un salon. Ce véhicule est, en effet, le procédé le plus sûr pour cultiver, dans les appartements, des végétaux dont la verdure plait autant que des fleurs, par exemple, les fougères, les lycopodiacées, ete. La caisse de Ward vient d’être ajoutée à l’aquaire, c’est-à-dire qu'on à fait des meubles qui permettent de cultiver dans les salons les plantes aquatiques et entièrement submergées, en même temps que des espèces qui respirent de préférence un air humide, et ces deux cultures se sont établies dans les aéro-aquarium de M. Waringtonaveec la plus grande facilité. La planche 49, ci-jointe, donnera une idée juste de ce qu’on doit en- tendre par l’aéro-aquaire de M. Warington, qui en a réalisé la construc- tion même sur une large échelle au jardin zoologique de Londres. Un meuble de zinc est formé de deux principales parties, celle du dessous résultant de deux glaces planes, longues et parallèles, liées carrément par deux glaces courbes ayantau-dessus d’elles deux glaces angulaires séparées par des colonnettes, et, comme toit, deux surfaces curvilignes aboutissant au même point commun. Une partie de ce toit se lève en couvercle , de manière à nettoyer l’intérieur à volonté. Le fond de ce meuble est couvert d'argile entremélée de pierres entre lesquelles on sème ou l’on plante des végétaux aquatiques. Le milieu est occupé par un rocher à artades faisant saillie au-dessus de l’eau et sur lequel on plante des fougères, des lyco- podia , voire même des orchidées, enfin des plantes variées et appro- prices à ce séjour. On introduit même dans cette eau des poissons rouges. des mollusques, des annélides qui ne tardent pas d’animer et de conserver propre cette eau où tant d’espèces végétales trouvent un milieu conve- nable à leur existence. Un meuble semblable se place avec élégance sur un trépied, une table, console ou tout autre soutien orné. Cette culture de l’aéro-aquaire exige moins de soins qu’une culture en pot et à l’air; ici l’arrosement devient nul; les pucerons et autres insectes semblent aussi s’y étouffer, car ces sortes de réservoirs sont toujours extrêmement propres. La manufacture de zine de la Vielle Montagne à Chênée, près de Liége, grâce à l’intelligente direction que lui imprime M. le chevalier Paul de Sincay, se chargera facilement de la confection dg ces meubles horticoles qui ne peuvent tarder de sc propager partout. — 301 — ARCHITECTURE DES JARDINS. LE JARDIN DES PELARGONIUMS, Par M. GEORGE TAYLOR, DE CHATSWORTH. M. Seitz, de Chasworth, a élaboré le plan ci-joint représenté pl. 50, destiné aux pelargoniums. Il réalise une judicieuse réunion de rocailles et de gazons qui donnent de l'air et de la légèreté aux massifs. Le bon goût déplore en général que des jardins de ce genre présentent une con- fusion et un défaut de disposition dans les figures qui ne permettent pas que le tout offre, dans la perspective, un ensemble élégant, compréhen- sible et digne. Trop de figures sur un plan ou des parties trop distantes produisent de la difformité où ne donnent pas aux horticulteurs Ja satis- faction qu'ils demandent en regardant la terre, et même tel plan sera convenable sur le papier et très-médiocre réalisé sur le sol. La figure 2 montre, en perspective , la partie centrale du plan circon- serite par un treillis d'environ 9 à 10 pieds de hauteur formé de colon- nettes en fer fixées dans des blocs de pierre enterrés, Au milieu on place une statue présumée ici celle de Flore. Le jardin de pelargoniums, à Oak- ley, appartenant au duc de Bedford , est entouré ainsi d’arcades en fer dont l'élégance est incontestable quand elles s’ornent des branches et des festons de plantes grimpantes, sortant, au printemps, des serres tempé- rées. Une plante classique bien commune , la vigne, est peu employée dans ce genre de décoration. Cependant, à l'automne, les feuillages de différentes espèces de vignes prennent une grande variété de teintes, et les grappes, à leurs divers degrés de maturité, rappellent à l'esprit « la pro- fusion bachique de la terre. » Ces couleurs vertes et rouges, ces teintes jaunes, brunes et pourpres font penser aux lignes que Byron écrivait en Italie : « Nous aimons à voir briller le soleil chaque jour — à voir les vignes grimper de branches en branches — se festonnant comme sur les coulisses peintes d’un théâtre. » La seule différence c’est que le soleil de nos climats ne vaut pas le ciel d'Italie, et que nos vignes, au lieu de grimper d’elles-mêmes, doivent être liées aux arcades. À ces vignes on ajoute les clématites, je jasmins, les roses, les glycines, les chèvrefeuilles plantés chaque année aux ee, de ces colonnettes et s’enlaçant les uns entre les autres. Une sorte de corbeilles figurées ici, 502, < se ul à Oakley, au jardin des pelargoniums, avec le plus grand succès. Ces corbeilles sont circulaires, en osier, peintes tous les ans en vert, de D pieds de diamètre, à limbe évasé, et de 2°/, de diamètre au fond, d’une profondeur de 5 pieds et portant au fond une légère plaque de fer perforée de trous pour laisser couler l’eau, Ces corbeilles sont placées sur des trépieds très-peu élevés, carrés, offrant 5 pieds environ de hauteur, piédestaux qu’on rentre l’hiver avec les cor- beilles remplies de pelargoniums variés et de fantaisie. On évite d’y réunir BELG, HORT. T. II, 40 — 502 — des pelargoniums écarlates qui, placés trop près de l'œil du spectateur, éblouissent ses yeux et ne lui permettent pas de rendre justice aux fleurs placées plus bas. Les variétés qu’on choisit pour ces corbeilles doivent produire l'effet de vastes bouquets variés. Sur le plan horizontal, les arbustes à tête large représentés peuvent être réalisés par toutes les espèces s'étendant largement à terre, comme le lierre d'Irlande, les cyprès nains, les sabines, les phyllires, les lauriers-tins selon les climats. Il est douteux que des pelargoniums pyramidaux fassent aussi bon effet que ces végétations en repoussoir. Dans les angles g du gazon on plante un dessin tricuspide de pelargonium écarlate de la variété dite « Frogmore improved » entouré de quelques variétés variées contras- tant heureusement avec le fond vert du gazon. Le petit parterre €, avec sa circonscription cireulaire ?, est placé au centre d’un plein-pied en gravier ou en sable. La statue placée sur sa base c. dans chaque carré de gazon , en 7. se trouve une des corbeïlles décrites plus haut, ces cercles sont formés de pelargoniums odorants, d’heliotropes et de résédas. Autour de la statue centrale, on réunit des pelargonium Lucia roseum qu'on entoure d’une lisière de variétés à feuilles panachées. a a sont les chemins en gravier ou sable de 8, 6 et 2 ‘/, pieds de largeur et b b est gazonné. La ligne pointillée, s'étendant autour de la circonférence f f, montre la direction des arcades en fer; la bordure de ce grand cercle central est formée de pelargoniums des variétés les plus éclatantes du scarlet, cette bordure est liserée de chaque côté de pelargoniums dits « Mangle”s silver» ou panachés de blane. Les petits cercles e e sont consacrés à des exemplaires pyramidaux de pelargoniums zonés ou de l’ancienne espèce écarlate de Frogmore, et enfin dans les parterres spiroïdes on place un joli choix d’espèces panachées et variées, mélangées de variétés rouges. (Publié par le Garden Companion and Florists quide, de mars 4852; rédacteur en chef M. Thomas Moore.) | | 1.Colmar Barthelemv Dumortier 2. Noix de SUMichel — JUS — JARDIN FRUITIER. POIRE COLMAR-BARTHÉLEMY-DUMORTIER , Par M. Cu. MoRREN. L'honorable M. Du Pont, médecin vétérinaire à Tournai, auquel lhor- ticulture de Belgique doit tant et de si incontestables perfectionnements, nous à fait l’honneur de nous adresser des exemplaires d’une poire nou- velle qui a été couronnée du premier prix des gains recommandables de 1851, par la Société royale d’horticulture de Tournai à son exposition de mars 1852. Cette poire a été obtenue par M. Gabriel Évrard, pépiniériste à Tournai, et a recu du jury destiné à apprécier les produits concurrents le nom de Colmar-Barthélemy-Dumortier. C’est assez dire que cette poire rentre dans la série des colmars, et le nom qu’elle porte rappelle celui de éminent botaniste contemporain né dans cette ville. Nous avons dessiné celte poire d’après nature, voyez pl. 51, fig. 1. Les exemplaires que nous avons eus à notre disposition mesuraient huit centimètres en longueur et six et demi en largeur, valeurs moyennes. La forme est turbinée, rétrécie à la base et renflée au sommet. Le pédoncule est fort, épais, long de 15 millimètres, à surface brune ridée. L’œil devient parfois excentrique, par l’allongement d’un des côtés du fruit lequel alors est irrégulier; les cinq lanières de l’œil sont fortes et bien dessinées, les lobes et semis arrondis, l’intérieur de Fœil brun ou noir. | L’épiearpe ou peau est vert, avec des parties brunes où la maturation est plus parfaite; toute cette surface verte est picotée de brun. La chair estblanche, sans fibres ni concrétions, le centre creux, les vides des graines très-réguliers. Le goût est sucré, rappelant l’arome de la pêche, délicieux. Nous avons dégusté ce fruit le 21 mars et sa fraicheur était parfaite. Nous ne poüvons done pas assez recommander ce fruit que M. Évrard, de Tournai, mettra prochainement en vente. NOIX DE S'-MICHEL , PAR LE MÈME. Parmi les noyers à gros fruits et à écailles molles les plus remarquables de notre pays figure la variété qu'on appelle, aux environs de Bruxelles, — 90% — la noix de St.-Michel. Nous figurons une noix sans brou, pl. 51, fig. 2. La noix sans brou mesure moyennement de 5 à 7 centimètres de longueur, sur une largeur de 4 à 6 centimètres; elle est, par conséquent, étroite et longue; l’écaille est spongieuse, cède sous les doigts , l’'amande est douce, onctueuse et ferme, dépourvue de ce gout aqueux si commun dans les grosses noix. La noix à bijoux de Poiïteau, la noix de Jauge sont les plus grosses noix connues, mais la noix de St.-Michel, joint à ces grandeurs presque la mollesse de la noix mésange, si tendre, comme on le sait, que la mésange l’ouvre sans peine pour la manger. Ce noyer se vend communément, aux environs de Bruxelles , chez tous les pépiniéristes. DE L'USAGE DES FRAMBOISES. Les framboises contiennent de l’acide citrique, de l'acide malique, du sucre cristallisable, de la gélatine, de la pectine, de la matière colorante rouge et un principe aromatique moins frugace que celui des fraises et qu’on sait consister en une huile essentielle. Du sue de framboise distillé fournit cette huile, mais en petite quantité : quinze kilogrammes de fruits n’en donnent que quelques gouttes. Quand cette huile est concretée, elle forme des paillettes micallées. C’est à sa présence cependant qu'est dù l’arome délicieux des framboises. Soluble dans léther, elle va fournir de l'essence dont l'emploi dans les liqueurs peut devenir très-populaire. Le ratafia de framboise se prépare de la manière suivante : On prend une ou deux livres de framboises, suivant leur état de frai- cheur, on les fait macérer avec une livre de sucre blanc en poudre gros- sière ; deux ou trois heures après on verse dessus deux litres d’eau-de-vie de Montpellier. On laisse reposer, on filtre et on met en bouteille, que l’on bouche bien et que l’on pose en cave. La cannelle ou le girofle, que quelques personnes y joignent, masquent et dénaturent l'excellent gout naturel des framboises. — 50 — CULTURE MARAICHÈRE. L’ULLUCO, L'ULLUCUS, LE MELLOCO, LE MÉLLOCA, Par M. Cu. Morrex. De 1846 à 1849 on fit grand bruit en Belgique et ailleurs d’un nou- veau tubercule auquel on donnait toutes sortes de noms, comme wlluco, ullucus, melloco, melloca, et même on l’appelait papa en y joignant, quand on était honnête et vrai, l’adjectif lisa, ce qui faisait papa lisa. Il parait même, d’après un récent travail de M. Weddel, que ec dernier nom est l’un des plus exacts. Les botanistes se partagèrent en trois catégories, les uns formaient de la plante tuberculifère un genre à part, ullucus, dans la famille des Basellacées , les autres nommaient ce genre melloca, et enfin les troisièmes en firent un basella. Lozano , botaniste espagnol, fit con- naître, en 1809, les caractères de son genre ullucus dans son ouvrage sur la Nouvelle-Grenade, tandis que Humboldt, Bonpland et Kunth ramènent ce végétal au genre basella. De Candolle et aujourd’hui tous les botanistes se rangent de l’avis de Lozano et voyent dans la plante de Quito l’ullucus tuberosus. En 1849, M. Moquin-Taudon publia toutefois des vues qui avaient pour but de prouver qu'il existe deux espèces d’ullucus, ee que des recherches nouvelles n’ont point confirmé. En effet, le célébre profes- seur de Toulouse, dans Ie Prodrome (tome XIII, p. 224), adoptant, dans les basellacées, le genre melocca, fondé par Lindley dans le Garden- Chronicle de 1848, y ramène le melloca tuberosa dont le caractère con- siste dans les laciniures du calice interne mucronées aristées , tandis que le melloca peruviana aurait les siennes sétacées-ligulées. La première espèce serait originaire des vallées ombragées ct froides de la Nouvelle- Grenade près de Popaya et de Pasto, tandis que la seconde existerait dans le Pérou, selon Mac-Lean, sans lieu d’origine bien déterminé. Or, sir William Hooker, en 1852, a soumis cette question à une nouvelle enquête d’où il résulte qu’il n’y a pas deux espèces et que les melloca tuberosa et peruviana sont tous deux simplement l’ullucus tuberosus de Lozano, nom actuellement adopté. Quand la maladie des pommes de terre , éclatée en 1845, revint en 1846, on crut la famine proche, on allait à la quête de tous les tubereules possibles et impossibles. A peine découvrait-on, dans un ouvrage de no- menclature générale , une espèce quelconque décorée des noms de tube- rosus, tuberosa où tuberosum, que bien vite on fondait sur elle de belles mais fallacieuses espérances. L’ullucus tuberosus à subi le sort commun. Le professeur Jameson , de Quito, envoya pompeusement la bascklacée — 906 — PI. 52. N\ \ < \ ) dE \ \ nn ———— a CE = = NULL {| LA — 3507 — tuberculifère à la société d’horticulture de Londres : on convoita du con- tinent ces tubereules si pleins de fécule et d'espérance. M. Vilmorin écrivit un mémoire sur leur culture en France, et l’on se rappela que Pentland en avait décrit la culture dans les hautes régions des andes du Pérou et de la Bolivie, à 11 et 15,000 pieds d'altitude. En Belgique, à l'exposition des produits de l’agriculture et de l'horti- culture, ouverte en 1848 par les soins du gouvernement, on vit le pre- mier pied d’ullucus tuberosus portant des tubercules verts et petits, cul- tivé et exposé par M. De Jonghe, de Bruxelles. Nous nous rappellerons longtemps quelle longue et filandreuse figure faisaient certains membres du jury qui, sur la réputation d’un repas indien, ayant eu le courage de gouter de ces tubercules préparés comme des pommes de terre, ressen- tirent, une heure après l’ingestion, des douleurs et des tiraillements singuliers dans un organe qu’on a la bonne habitude de respecter, même quand on veut le désigner. M. Isabeau eut beau annoncer que ces tuber- cules « jaunes comme des jaunes d'œufs » (ils sont verts comme des cor- nichons), étaient « généralement du goût des Européens, » et plus tard que les vaches « étaient avides de manger de ce végétal inconnu, » il eut beau (M. Isabeau), entasser louange sur louange de « l’olluco qui fera son chemin dans la grande et dans la petite culture » que rien n’empêcha qu’au bout de ce chemin, tout court qu'il fut, il n’y eut une belle et bonne culbute. L’ullucus est passé aujourd’hui à l’état de mystification comme tubercule édule. M. Weddell vient de publier, dans la Revue horticole de Paris (1852, p. 148), ce passage remarquable, et on sait que M. Weddell a visité les lieux où la plante est cultivée : « L’ulluco (ullucus tuberosus) se produit dans les mêmes lieux que la pomme de terre. Sa forme le rapproche de celle de ce légume, mais il a la peau bien plus fine; aussi lui donne-t-on trés-communément le nom de papa-lisa (pomme de terre lisse). Ses cica- trices sont, en général , dépourvues de squames, et, contrairement à ce qui s’observe dans le tubereule suivant (oxalis tuberosa), elles n’ont pas une direction constante. L’une d’elles présente ordinairement un reste de filament qui l’attachait à la plante-mère. L’ulluco est le moins estimé des légumes des marchés de l'Amérique : les Indiens seuls le mangent; aussi comprend-on difficilement comment on en fait tant d’éloges en Europe. Crü, il est presque insipide; cuit, je n’ai pu lui trouver qu’un goût aqueux. L’ulluco est justement retombé dans l'oubli où je le laisse. » Nous sommes revenus sur l’ulluco pour l’acquit de notre conscience et la mission qui nous incombe de parler des produits, bons ou mauvais, de l’horticulture. La fig. 4°, pl. 51, représente une branche de la plante, demi-grandeur. La plante devient ordinairement touffue et fleurit tard, les tiges sont rouges, les feuilles pétiolées longuement, ovales-cordées et cunéiformes à leur base; la fleur est petite et jaune, disposée sur des épis axillaires. La figure 2 représente une fleur isolée et agrandie. On dit que — 908 — la fane de lulluco préparée comme des épinards en à le goût et les qua- lités. Nous avouons que l'expérience à laquelle s’est soumise une partie du jury de 1848, ne nous tente guère d'essayer de ce mets dont M. Weddell ne cite pas l’usage même parmi les Indiens. Les tubercules de l'ullucus tuberosus que nous avons obtenus, en 1848, d’une plante introduite cette année même en Angleterre, avaient, comme tous ceux que l’on représente sur les planches faites d’après les individus de récente introduction, le volume d’une noisette lombarde. La figure 5 indique cette grandeur et donne la forme du tubercule. Jaunes quand on les extrait de terre, il suffit de quelques heures d'exposition au soleil pour les verdir. Successivement cultivés dans une bonne terre et buttés, les ullucus que nous possédons nous ont produit, en 1851, des tubercules longs de 2 pouces et demi à 5 pouces un quart, et gros d’un pouce et demi (fig. 4). Ces tubercules, cette fois d’une grosseur convenable quand on les compare aux pommes de terre, ont verdi aussi à l’air. Au mois de février poussent leurs bourgeons lesquels sont d’un rouge sanguin foncé. Ces tubercules coupés (fig. 5) montrent une moëlle bien distincte d’une écorce et la fécule est plus abondante dans les cellules de la périphérie (fig. 6) que dans:les cellules centrales (fig. 7). Cette fécule est ovoïde-turbinée, conique, droite ou courbe, le noyau divisible en figure triangulaire et des stries d’accrois- sement trés-visible. Que ces tubercules soient donc féculifères, il ne peut y avoir de doute, mais qu'ils puissent jamais offrir un aliment pour l’homme, nous ne le croyons pas. Ces tubercules, grossis par la culture, abondants en nombre, étant cuits, n'offraient rien d’agréable et se trouvaient à une distance considérable des plus mauvaises pommes de terre. L’olloco a donc, comme espèce maraichère, accompli son Dies iræ , et nous lui souhaitons , dans l'oubli où la laisse M. Weddell, une terre légère. et, vis-à-vis des mem- bres du jury de 1848, le repos des repentis. L'OIGNON DE MADÈRE, PAR LE MÈME. Parmi les meilleurs oignons on a toujours cité celui de Madère, appelé encore le Romain, très-gros, rond, parfois un peu allongé, d’un rouge pâle ou rose, il offre uné grande douceur, et beaucoup de personnes le préfèrent à cause de cette qualité. Son défaut est de dégénérer dans ces contrées, tandis que dans le midi il se conserve de race. Mais quand on obtient de la graine de son pays natal, sa première génération possède toutes les vertus classiques de la variété, C’est pourquoi nous offrons à nos abonnés de la graine venue en droite ligne de Madère par un de nos collègues d’Espagne. La culture ne diffère en rien de celle de l'oignon ordinaire. He PUS du us ER PEU 2ÉL LES GE 1€ L. Comparettia CrYplocera Morr . 2. Klugia notomiana Dec. e Le Mn: 2i EN HORTICULTURE. NOTICE SUR LES COMPARETTIA ET SPÉCIALEMENT SUR LE COMPARETTIA CRYPTOCERA, NOUVELLE ESPÈCE DÉCRITE ET FIGURÉE, Par M. Cu. MoRREN. Le genre Comparettia, établi par Pœppiget Endlicher, a été caractérisé comme suit par le dernier de ces auteurs : Perigonti conniventis foliola extoriora an- gusta basi cohœrentia, lateralia in unicum connata, basi in calcar producta, supremum inferne columnæ adnatum , interiora paulo latiora libera. Labellum posticum eum co- lumna unguiculatum, ungue basi sublus in cornua duo intra calcar abscondita produeto, lamina reniformi integra vel basi bidentata, Folioles externes du périgone connivent, élroites, cohérentes par la base, les latérales connées en une seule à la base et prolongées en éperon, la supérieure inférieurement adhé- rente à la colonne, les infernes un peu plus larges, libres. Labellum postérieur; onguiculé à la colonne, onglet prolongé en dessous en deux cornes cachées dans l’éperon, lame réni- forme entière ou bidentée à la base, convexe, émarginée portant une crête sur le disque. Colonne semi-cylindrique, bordée d’une mem- brane, enflée au milieu. Anthère biloculaire, membraneuse. Deux pollinies, deux caudicules filiformes élastiques , adhérentes à la base d’une glandule ovale et un peu convexe. convexa, emarginata, disco crislata. Columna semiteres membranaceo-marginata, medio inflata. Anthera bilocularis membranacea. Pollinia duo, caudiculis duabus filiformibus elasticis, glandulæ ovali convexiuseulæ adhæ- rentibus. Nous ferons observer, à l'égard de cette description générique , que l’'éperon est plutôt le prolongement du sépale inférieur que des folioles latérales du périanthe, que le labellum n’est pas toujours pourvu d’un disque à crête, que les pollinies sont entières, continues, sans sillon longi- tudinal, que les caudicules ne sont pas au nombre de deux, filiformes et élastiques, mais qu'elles sont réunies en un seul corps. Ce dernier carac- tère a déjà été signalé par M. Lindley, dans la description de son Compa- reltia coccinea. Il esttrès-exact, malgré que MM. Paxton (comparettia rosea, Mag. 1845, X, 1) et Lemaire (Flore des Serres, tome IT, mai 1846) aient dit que les pseudo-bulbes sont, chez les comparettia, nuls ou presque nuls, que ces organes y existent, mais seulement ils sont plus rétrécis, comprimés, sou- vent sillonnés et entourés d’écailles sèches et scarieuses-en forme de faulx. Ces pseudobulbes sont monophylles ; la feuille est oblongue, obtusiuseule, nerveuse, dans sa jeunesse repliée sur elle-même le long de la nervure médiane , parfois ondulée transversalement. C’est sa forme en faulx, alors qu’elle est jeune, qui est devenue la source de la dénomina- tion de comparettia falcata, nom sous lequel circulent dans les serres du continent plusieurs espèces de Comparettia très-distinctes, Les grappes sont radicales, simples ou rameuses , presque unilatérales BELG. HORT, T. Hi. 41 — 3510 — et portant de petites bractées. Le caractère le plus saillant du genre réside dans les deux longues cornes ou nectaires (?) qui se prolongent dans l’éperon, lequel se remplit de fluide sucré ou visqueux. Quand on féconde artificiellement les comparettia par leur propre pol- len, les deux rebords de la colonne grossissent en vingt-quatre heures et -s’avancent au-devant du stigmate de manière à recouvrir celui-ci et à ne plus y montrer qu'une fente. Malgré que nous ayons vu les pucerons se loger vers l'ouverture de l’éperon, cependant, nous n'avons jamais observé que ces insectes amènent le pollen sur le stigmate, ni qu’ils pénètrent dans la gaine de l’éperon où le nectar abonde. Quand M. Lindley, en 1838 (Bot. register, 1858, n° 68), à propos du comparettia coccinea, donna les caractères du genre d’après Pœppig et Endlicher, il attribua, comme caractères génériques aux pollinies , d’être fovéolées en arrière, et à la caudicule d’être cunéiforme et rostrée. Ces diagnoses n'existent pas dans toutes les espèces, et la découverte du com- parettia cryptocera ne permet plus de les ranger dans les signes caracté- ristiques du genre. | Le comparettia cryptocera diffère essentiellement du c. coccinea par des caractères importants. Les feuilles , dans la dernière espèce, sont beau- coup plus étroites (foliis angustis) ; elles sont obliques au bout et aiguës, tandis que, dans la première, elles sont ovales lancéolées, ni aiguës ni ebliques. Dans le c. coccinea la base du labellum a deux lamelles saillantes, et dans le c. cryptocera il n’y a pas de lamelles, mais une dent unique. Dans le c. coccinea les deux cornes plongées dans l’éperon sont ciliées au- dessous, elles sont glabres dans l’autre espèce. Dans le labellum des deux espèces il y a une ressemblance par l'absence du disque relevé. Le c. coc- cinea a souvent les feuilles violettes au-dessous. Dans le c. coccinea l'épe- ron est beaucoup plus long, il atteint l'extrémité du labellum. Enfin cette espèce porte des signes bien caractéristiques dans le talon qui s'élève à la base de la colonne et dans la forme allongée, mince, effilée et projetée en avant de la caudicule ainsi que dans la fente du dos des pollinies. C. CRYPTOCERA. Morr. Belg. hort. vol. 2. | C. A. CIRRHES CACHÉES. Morr. Belg. hort. Tab, 53 fig. 1. vol. 2. pl. 55 fig. 1. Pseudobulbo elongalo, compresso, subanci- Pseudobulbe allongé, comprimé, presque à piti, vix pollicari, squamma scariosa lanceo- | deux tranchants, à peine long d’un pouce, jata obvoluto, falciformi velato, subsulcato. | entouré d’une écaille scarieuse lancéolée , fal- Folio lanceolato-ovato, utrinque attenuato, | ciforme, velu, un peu sillonné. Feuille lancéo- integerrimo, coriaceo , subnervoso. Racemo lée-ovale , atténuée aux deux bouts, très- pendulo, laxo, foliis longiore, gracili, pauci- | entière, coriace, sous-nerveuse. Grappe pen- floro (5-7 florifero), articulato, articulis pol- dante lâche, plus longue que les feuilles, licaribus, bracteis in nodis minutis, amplexi- | grêle (de 5 à 7 fleurs), articulée, articulations caulibus, acutis squammiformibus. Labello | longuesd’un pouce,bractées petites aux nœuds, disco cristato destituto, ad faucem dente unico | amplexicaules, aiguës, squammilormes. Label- minimo aucto , lobis transversis margine ar- | lum dépourvu d’un disque à crête, pourvu guté-erosis. Calcare subulato, incurvo,labello |! à la gorge d’une dent unique, petite, lobes breviore, cornubus inclusis omnino glaberri- | transverses, finement écaillés aux bords. mis: caudicula crassa , obtiuscula, hrevi; | Eperon subulé, recourbé, plus court que le pollinibus non fovealis. . Jabellum, cornes incluses, tout à fait glabres, : caudicule épaisse, un peu obtuse, courte ; pol- | linies non favéolées. — 911 — Celte espèce de comparellia ne peut être confondue avec le rosea dont elle se distingue considérablement 1° par la présence chez le €. rose d’un disque prononcé, bombé, couvert de lames élevées au nombre de quatre, tandis que dans le c. cryptocera il y a absence complète de disque; 2° par la présence chez le c. rosea de deux élévations latérales et d’une dent jaune, à la gorge du labellum, où il entre dans le creux qui mène à l’épe- ron, tandis que dans le c. cryptocera il n’y a pas d'élévations mais seule- ment une petite dent centrale et blanche. De plus, les lobes du labellum dans le c. rosea sont étalés en deux ailes fortement bombées , l'organe est plane dans cette espèce; enfin les folioles du perianthe sont moins étalées, plus conniventes et plus petites dans cette dernière espèce. Le comparethia cryptocera a fleuri chez M. Jacob-Makoi , du 45 au 25 décembre 1851, pour la première fois. Elle provenait de la collection de M. Allardt et portait pour simple indication comparettia (Wagner), sans nom de patrie. C’est une jolie espèce, très-brillante par le pourpre-rose et très-vif de ses fleurs. La culture est celle d’une orchidée tropicale. On Ja cultive en pot, dans de la terre de bruyère, mélangée de tassons et de mousses et on la tient assez humide dans sa végétation , plus sèchement quand elle se repose. Les nombreux amateurs d’orchidées la rechercheront avec avidité. . Nous donnons ici la gravure du labellum , des cornes et des pollinies. NOTICE SUR LE KLUGIA NOTONIANA , Par M. Cn. Morren. Le genre Xlugia, fondé en 1835 par M. De Schlechtendal dans la Lin- nœa, est le même que celui établi en 1855 sous le nom de Glossanthus, par M. Klein, et adopté comme tel par M. Robert Brown. L’antériorité imcontestable a fait aujourd’hui rejeter le second nom pour faire rendre nu D = justice au premier. Rentrant dans la famille des Cyrtandracées, le genre Klugia nerenferme encore que deux espèces, l’une du Mexique (X. azurea, Schlt.) ; l’autre des Indes orientales (X. notoniana, Dec.). La troisième espèce, qu'on croirait de Ceylan, est purement nominale et rentre dans la seconde. Un calice lâchement tubuleux, inégal à la base, bosselé au-dessus, pen- taptère-pentagone, quinquefide, æstivation des lobes valvaires , ailes ou plis du tube alternant avec les lobes. Une corolle personnée, tube cÿlin- drique, gorge fermée , lèvre supérieure courte bilobée, l’inférieure pro- Jongée, indivise ou semi-bilobéeselon Sehlechtendal, indivise selon Robert Brown. Étamines insérées sur la eorolle, incluses, au nombre de quatre fertiles, didynames, sans rudiment de la cinquième ; anthères biloculaires, réniformes , cohérentes en couronne. Ovaire entouré d’un disque annu- laire complet, uniloculaire, deux placentas pariétaux bilobés et chacun multiovulés. Le stigmate déprimé, capité, simple. La capsule ovale, in- cluse dans le calice, sillonnée, transversalement rugueuse. Tels sont les caractères du genre. Les espèces, herbes de l’Asie tropicale et du Mexique (du moins celles que l’on connaît) ont le feuillage, le pert et l’infloreseence des Rhyneho- glosses dont elles ne diffèrent que par les quatre anthéres; leurs feuilles très-tendres , alternes, sont très-inégales , oblongues-ovales , aiguës, presque entières ou ondulées-dentieulées, la pubescence petite et subgru- meuse, et au-dessous finement poncetuées. Les fleurs sont en grappes (épis) SU unilatérales et bleues. _ L'espèce figurée ci-contre pl. 53, fig. 2, et que nous avons. vu fleurir cette année (mars 1852) dans Mes serres de M. Jacob-Makoi, a la tige charnue pourvue d’une ligne très-velue (la plante, en fleurissant , avait un pied de hauteur), les feuilles dimidiées à la base et cordées, inégales; le calice offre cinq angles, l'angle supérieur pourvu d’une crête près de la base. Les Klugia notoniana, Wulfenia notoniana, Glossanthus notoniana, Glossanthus malabarica, Glossanthus zeylanica , sont une seule et même plante. Le premier nom l'emporte sur les autres. À mesure que la bota- nique se popularise, la nomenclature s’embrouille. Il y a un siècle et demi , un seul botaniste eut donné un nom et ce nom se serait propagé : aujourd’hui, la multiplicité des livres détruit l'autorité, et la publicité exagérée fait qu'il n’y en a pas. Le Xlugia notoniana appartient aux marais des monts Nishirses dans les Indes orientales. À Kew, on en a recu venant de Ceylan. A Paradenia, M. Thwaites la cultive dans son jardin botanique : il est donc à peu près certain que le Glossanthus zeglunica, de Robert Brown, n’est autre que cette espèce de Klugia. Il paraît que sur les monts Nighiries cette plante abonde. Le bleu de la corolle est un azur d’une grande beauté. L’épi unilatéral de ces jolies fleurs fait un charmant effet, On en a vu la fleuraison en septembre en Angleterre, et nous l’avons eu en fleur en mars. Cultivé en serre chaude pendant cette saison morte, c’est-à-dire de septembre à mars, le Xlugiu semble fleurir facilement. C’est donc une grande ressource pour les bouquets d'hiver. La tige est un peu molle et le pied est faible, Des racines naissent facilement du bas de la tige. Il lui faut un sol léger com- posé d'argile franche et de terre de bruyère : l'atmosphère humide lui est favorable. Cependant , si l'humidité atmosphérique devenait excessive surtout au printemps, le tissu tomberait en déliquescence. La plante est annuelle , herbacée, succulente et se reproduit par graines ou par bou- tures faites après la fleuraison. MÉMOIRE SUR LA FORMATION DES RACINES DE FEUILLES ET SUR L'ACCROISSEMENT EN DIAMÈTRE DES TIGES, Par M. CH. FERMOND. (Extrait par l’auteur.) Les objections sérieuses qui ont été faites à la théorie de Dupetit- Thouars devenue celle de M. Gaudichaud , par les modifications qui lui a fait subir, me semblent de nature à être levées par l'expérience. Parmi ces objections deux seulement me paraissent avoir une valeur réelle, en ce qu’elles opposent des faits qui paraissent contraires à la théorie. La première est présentée par M. De Mirbel; la seconde est sou- levée par moi dans ce mémoire, et je crois l’avoir résolue aussitôt que présentée. | Quant à celle de M. De Mirbel, elle repose essentiellement sur l’obser- vation qu’il a faite en étudiant la structure d’un bourgeon de dattier vigoureux et de haute taille. Il a vu que la partie supérieure des filets qui , partant du stipe, vont se rendre aux feuilles, est très-jeune en com- paraison de la partie inférieure , et que , par conséquent, ils croissent de bas en haut. Chercher à faire naître des racines à la base des feuilles séparées de leur tige, voilà le genre d’expérience qui m'a paru le plus propre à combattre l’argument de M. De Mirbel. Des feuilles de dahlias, de tomates, de choux, de topinambours, etc., plongeant par leur pétiole dans de l’eau filtrée, ont produit des tuber- cules qui m'ont paru être la manifestation de racines qui se fussent mieux développées si la feuille, pourvue de vie comme lorsqu'elle est attachée à sa tige, eût continué à vivre et à croître. _! Ces résultats, peu satisfaisants, m'ont suffi cependant pour m'en faire espérer de meilleurs : — 514 — 1° Des feuilles de choux (brassica oleracea), et de chou rave (brassica gongyloïdes), dans de semblables conditions , ont donné des fibres-ra- cines blanches, brillantes, couvertes de nombreuses villosités blanches et qui, en moins d’un mois qu'a duré l'expérience, ont atteint une longueur de 4 centimètres. Un mois plus tard les villosités étaient devenues de -véritables fibres racines, longues de 2 à 5 centimètres, tandis que la fibre racine , qui les portait, avait atteint une longueur de 6 centimètres au moins ; ( 2° Les feuilles du sempervivum tectorum, séparées de leur rosette, pla- cées dans des paquets de papier et abandonnées l’espace d’un mois dans un endroit modérément éclairé, ont donné des fibres racines qui avaient une longueur de 4 à 5 centimètres. Ces fibres racines blanchâtres étaient ramifiées, fraîches, vivaces et très-fragiles à leur point de départ; tandis qu'elles étaient dures et sèches à leur extrémité ; 3° Des feuilles d’aucuba japonica, placées par leur base dans de la terre humide et sous une cloche, ont, au bout d’un mois, poussé des fibres racines. | | Si dans ces conditions toutes ces feuilles ont produit des racines, 1l est probable, à plus forte raison, qu’elles en produisent de semblables lors- qu’elles sont attachées à la tige; ainsi disparait l’objection si puissante de M. De Mirbel; et, ce qui tend à la détruire plus complétement encore, c'est le fait qui résulte de l'examen de ces racines foliaires, qui semblent se produire de telle manière que les parties les plus anciennes seraient repoussées par les plus nouvelles, d’où il résulterait, comme l’a vu M. De Mirbel pour les fibres de dattier, que ce sont les parties inférieures qui semblent être les plus anciennes, tandis que celles qui avoisinent la feuille sont fraiches, fragiles et paraissent être de plus nouvelle formation. D'un autre côté, il est très-probable que la fibre, en glissant entre l’écorce et l’aubier, doit, pourvue de vie, s’assimiler à la substance fluide qui les: sépare, et, de cette manière, augmenter de volume et de consistance, ce qui pouvait faire penser au célèbre académicien que je viens de citer, que la partie la plus inférieure était véritablement la plus ancienne. Cette remarque de la fragilité des fibres , à leur point de départ, rendrait compte en même temps de la facilité avec laquelle se fait la chute des feuilles sous les efforts souvent simultanés des vents, de leur poids et du jeune bourgeon qui, le plus ordinairement, se forme à leur aisselle. Une autre objection, que je ne crois pas avoir été faite jusqu’à présent et qui, à mon avis, n’a pas moins de valeur, est celle qui repose sur le fait constant de la formation chaque année de deux couches de tissus : lune d’aubier, l’autre de liber. La théorie de M. De Mirbel rend bien compte de la formation de ces deux couches, tandis que dans celle que nous sou tenons, nous ne voyons aucune raison pour que ces deux eouches se forment. Les fibres, en descendant des bourgeons, ne devraient former qu'une seule couche. — 919 — L'examen d’une section longitudinale, faite sur une branche de vigne, de sureau , d'érable, ete., de manière à diviser en deux les bourgeons et les fibres moyennes qui communiquent avec la pétiole , fait reconnaître clairement deux choses : 1° Que le bourgcon est en communication avec les extrémités de rayons médullaires, taudis que ses fibres se continuent et font corps avec le bois de la branche sur laquelle il s’est développé; 2° que le pétiole émet des fibres qui pénètrent, les unes le bois, par les irradiations médullaires , tandis que les autres se répandent tout autour sur la partie mterne de l'écorce, de manière à faire corps avec elle et à la séparer de l’aubier lorsque lon cherche à détacher le pétiole de la tige ainsi fendue ; de sorte que la feuille, tout en demeurant solidaire de la partie ligneuse et centrale de la tige par les fibres qui pénètrent le bois, s’en sépare néanmoins par les parties de fibres qui font corps avec l'écorce. Au contraire, le bourgeon qui dérive uniquement du bois, et dont les fibres formeront plus tard l’aubier, n’a de solidarité avec l'écorce que par ses organes appendiculaires encore à l’état rudimentaire. D'un autre côté, si l’on observe la coupe longitudinale faite sur une bouture de la vigne ou de sureau , en fendant aussi par le milieu l’une des racines adventices qui se sont formées, on reconnait clairement alors, que le méditullum , ou partie ligneuse de la racine, provient des fibres ligneuses de Faubier, qu’elle fait corps avec lui et semble se continuer avec les parties nouvellement formées, et que, par conséquent, cette ra- cine adventice ne peut tirer son origine que de l’aubier. Alors, en com- parant ectte origine avec celle des feuilles, on voit que la première appar- tient au bois, la seconde à l’écorce. Mais , si telle est l’origine des racines adventices , il me semble difheile de ne pas admettre que ces racines pro- viennent du corps ligneux des bourgeons, et partant, il me semble naturel de reconnaitre deux origines de formation : l’une centrale, provenant du bourgeon et qui produit l’aubier et le corps ligneux des racines adven- tices; l’autre, plus extérieure, provenant des feuilies et qui produit le liber et la partie corticale des racines adventices. - On pourrait admettre que les racines foliaires, appartenantaux organes les plus extérieures, descendissent le long de la paroi interne de l’écorce pour former la couche de liber, tandis que les racines gemmaires, appar- tenant aux organes les plus intérieurs, descendraient le long de la paroi externe de l'aubier pour en former la couche la plus extérieure. Cette opi- nion me semble fortifiée par la présence d'un tissu cellulaire verdâtre, des laticifères, des fibres de liber, et des stomates dans l’écorce et dans la feuille ; et, comme ces deux sortes de fibres racines ont deux origines différentes , on comprendrait aisément qu’elles ne formassent pas une seule et même couche, et que les parties similaires se réunissent, peut- etre par.une sorte d’affinité pour augmenter en diamètre, les unes l’au- bier, les autres le liber. — 516 — REVUE DES PLANTES NOUVELLES. Bifrenaria Hadwemii. Lindl. Paxt. fl. Gard. July 1851. p. 67. Hook. Bot. mag. 4659. ann. 1852. (Bifrenaire d’Hadwen) syn. : Scuti- cariw Hadwenu. Famille des orchidées. Feuilles longues cylindriques pendantes, aiguës, sillonnées en dessous et en avant , pédoneules droits, uniflores, vaginés, ovaire très-long, arrondi, sépales oblongs, aigus, planes , uniformes, labellum ample, cucullé un peu onduleux, pubescent en dedans, crête aplatie tridentée. Il n’y a rien d'étonnant que les jardiniers aient rangé cette plante dans les maxillaria, car cette orchidée offre le port du maxtllaria Steelii, mais ses masses polliniques la fixent dans le genre bifrenaria. Originaire du Brésil, elle parait avoir été importée par M. Hadwen de Rio-Janeiro. La fleur est grande, verte, tachetée de brun; le labellum blanc et jaune ta- cheté de rose. | Culture. I lui faut la serre aux orchidées tropicales, elle est épiphyte et tout fait croire qu’elle appartient aux contrées sèches. On la tient sur un bloc de bois : ce dernier doit être incliné, afin de laisser à la plante sa position pendante. Echinocactus longihamatus. Galeotti Pfeiff. Abbild. v. 2, p. 16. Salm. Dyck. Cact. p. 28 et 152. (Echinocactus à longs hamecons.) Syn. Echinocactus hamatocanthus, Mulhenpf. A. G. Z. 1846. p. 571. Famille des cactées. Vert, subglobuleux, à 15 angles, côtes fortes , subaiguës, aréoles grandes, oblongues, à Taine courte aux tuberceules, grands, arron- dis, éloignés, aiguillons au nombre de 9, externes, droits, radiés, internes au nombre de quatre plus forts, trois supérieurs striés, le central très- long, plane et en hamecon. Il serait à désirer , dit M. William Hooker, que toutes les espèces d’echinocactus fussent aussi faciles à distinguer que celle-ci. Elle est originaire du Mexique et paraît avoir été introduite par M. Galeotti, de Bruxelles. L’aiguillon long, descendant, aplati, recourbé en hamecon le fait reconnaître de suite. La fleur est jaune, extérieurement Jlavée de brun, grande, et Hooker en a dessiné deux ouvertes à la fois sur une même plante. Cette floraison aurait lieu en juillet. Culture. Le sol formé de terre franche légère, de terreau de feuilles, et de cailloux roulés, est celui qui lui convient le mieux. Un rocher exposé en plein midi lui irait à ravir : deux à trois pouces de terre suffisent. L’ar- rosement superficiel vaut mieux que la culture en pot, et l’eau stagnante le tue vite. En été, exposition pleine et entière au soleil, des aspersions fréquentes, et l'hiver la serre et la sécheresse : telles sont les conditions d’une bonne culture de cette espèce. Eugenia Ugni. Hook. et Arn. Contr. to FI. S. Am. in Bot. misc. — 917 — v. 5, p. 548.-—Hook. Bot. mag. ann. 1852, 4626. (Murtille de Feuillée). Syn. Myrtus Ugni. Mol. Chil. ed. Gal. p. 155, — De Cand. Prodr. v. 5, p.259. Famille des myrtacées. Pédoncules axillaires solitaires uniflores égalant ou surpassant les feuilles, bractéoles du dessous du calice persis- tantes, lobes du calice linéaires, réfléchis, feuilles ovales, aiguës, coriaces sans points, veines émoussées, au-dessus d’un vert noirâlre , au-dessous pales, devenant blanches par la sécheresse, rameaux nouveaux et pétioles supérieurs pubescents. En l'absence des fruits, sir William Hooker ne sait pas exactement si c'est un Myrtus ou un Eugenia, mais il le range cependant dans ce dernier genre, parce que M. Arnott l'y a placé lui- même dans ses miscellanées de botanique. C’est un arbrisseau charmant, originaire du Chili oriental ct des îles de Chilôe ou de la baie de Val- divie. Les indigènes l’y appellent Ugni et les Espagnols Murtille ou Myr- tille (nom français du Vaccinium myrtillus). En effet, le port ressemble à celui de ce dernier arbuste. M. William Lobb l'a introduit chez les MM. Veitch et fils, ct la première fleuraison a eu lieu en juillet 1851. Les fleurs sont roses très-jolies et parfumées. De même les feuilles froissées exhalent une excellente odeur. On fera donc très-bien de cultiver cet intéressant arbuste. Culture. I est probable que sous les elimats un peu modérés l’ugni sup- portera la pleine terre. On l'espère pour le midi et l’est de l'Angleterre. Ailleurs il faudra le sortir en été et le rentrer en hiver dans l’orangerie. La reproduction s’en fait par boutures et la terre de bruyère est de rigueur. Nous recommandons beaucoup cette nouveauté à nos lecteurs. Grindelia grandiflora. Hook. Bot. mag. ann. 1852. Tab. 4698. Plante élancée, simple, sommet en corymbe, feuilles amplexicaules à la base, à grandes dents, insensiblement acuminées et presque entières, ra- meaux monocéphales au sommet, involuere glutineuse, écailles longuement subulées, planes squarreuses, capitule à rayons orangés deux fois plus longs que le disque. Cette magnifique espèce est originaire du Texas, d’où le docteur Wright l’a ramenée; elle est vivace, de pleine terre et a fleurs le 4° novembre 1851. Cette plante diffère des Grindelia squarrosa et inuloïdes par l'ampleur des capitules, le jaune orangé des rayons, la hau- teur des plantes qui atteignent dans nos jardins cinq à six pieds. Culture. Espèce résistante, croissant librement pendant les mois d’été en plein air et faisant grande figure quand elle est en fleur. Pendant lau- tomne la tige devient dure et ligneuse , et, après la floraison, tige et racines s’épuisent, dessèchent et meurent, ce qui montre que la plante est seulement bisannuelle, mais non vivace. Comme beaucoup de composées du Mexique, elle ne mürit pas aisément ses graines, mais les boutures en prennent facilement, de sorte qu’en les faisant en automne avec les jeunes parties , on prolonge, pendant l'hiver en serre froide, la végétation , et, au printemps, on repique en pleine terre. BELG. HORT. T. IL. 42 Le — 918 — Machæranthera tanacetifolia. Nees. Ast. 224. De Cand. Prodr. v. D, p. 262. — Hook. Bot. mag. 4624. ann. 1852. — (Machéranthère à feuilles de tanaisie.) Syn. : Aster tanacetifolius. H.B. K. Nov.Gen. Am. #, p. 95. — Aster chrysanthemoïdes. Willd. Spreng. syst. veg. v. 5, p. 558. Famille des syngénèses. Capitule radié , ligules femelles (ou neutres? }, linéaires, à 5 nervures. Involucre plurisérié, imbriqué, écailles herbacées, pâles sur les bords, planes au bout. Réceptacle nu ? (alvéolé et franché), stigmates du disque à sommet linéaire, allongé, stérile, anthères plus longues que la corolle, mutiques à la base, appendice terminal eultri- forme. Achènes comprimées (coniques?) soyeuses, poilues, poils simulant une aigrette externe; pappe plumeuse , inégale, scabre. — Cette plante vivace, jolie et singulière, composée sous-ligneuse, porte des fleurs presque aussi grandes que celles de la reine Marguerite; ses feuilles ressemblent peut-être plus à celles des anthemis qu'à celles des tanaisies. Humboldt la vit cultivée dans les jardins au Mexique, mais le docteur Wright a découvert son lieu natal dans le Nouveau-Mexique, et des plantes sont provenues de graines au jardin de Kew en 1852. Culture. I paraît que ce végétal supportera nos climats; Smith le con- sidère comme une espèce bisannuelle, mais ce qui peut nuire à la propa- gation de cette Machæranthère c’est qu’elle ne se multiplie pas de bou- tures et qu’elle ne porte que peu de graines müres. Nous ne sommes, du reste, qu'au commencement de sa culture. Penstemon baccharifolius. Hook. Bot. mag. ann. 1852. n° 4627. — Tige droite, ronde , pubescente-glanduleuse, feuilles très- glabres, d’un vert foncé, coriaces, dentées , dents épineuses, grandes, les feuilles inférieures spathulées, les intermédiaires oblongues, les supé- rieures arrondies, panicule terminale allongée, calice court, segments ovales, corolle rouge, tube infondibuliforme, bouche oblique, limbe sub- bilabié , lèvre supérieure bifide, l’inférieure trifide, filets inclus, le cin- quième stérile. Cette nouvelle espèce de Penstemon , très-remarquable par son feuillage et ses fleurs très-rouges, est originaire du Texas et a été introduite par le docteur Wright en 1851. Elle est vivace , fleurit tout l'été et l’automne. Elle est tellement distincte qu'aucune autre espèce ne peut être confondue avec elle. : Culture. La culture est en tout semblable à celle des autres penstemon. Sa fleuraison tardive ne permet pas une maturation des graines complète, mais on peut la multiplier par les boutures. a D HISTOIRE DES PLANTES CURIEUSES. LES PLUIES DE GRAINES ET LES FLEURS DU CIEL , Par M. Cu. MoRkRex. M. Schwann, ancien professeur d'anatomie à l’université catholique de Louvain, et aujourd’hui professeur de la même science à l’université de l'État à Liége, a communiqué, le 7 mai 18592, à l’Académie des sciences, lettres et beaux-arts de Belgique, une lettre accompagnée d'échantillons de graines qui « sont tombées de l'air, selon lui, dans la Prusse rhénane, il y avait environ quatre à cinq semaines auparavant. Voici, ajoute-t-il, les renseignements que j'ai reçus, à Cologne, sur ce phénomène. Le jour- nal : Der Heinsberger PBote, du 17 avril , rapporte que le phénomène a eu lieu probablement dans la nuit du 24-25 mars, par un vent d’une force moyenne. Des personnes qui étaient en route, pendant la nuit, ont sentr les graines poussées par le vent dans leur figure et les ont considérées comme des grélons. Elles ont été étonnées de voir que leurs habits ne se mouillaient pas. Le lendemain, on a trouvé les graines dans toutes les localités, où on les a observées facilement, par exemple, sur les chaussées, sur les linges étendus pour le blanchissage, sur les feuilles de colza. Le phénomène n’a pas eu lieu seulement dans tont l’arrondissement de Heins- berg, mais encore à Erkelenz et à Juliers, c’est-à-dire sur une surface d'environ sept lieues d’étendue. » « Quant à la direction du vent, ajoute M. Schwann, c'était, d’après les uns, le vent du nord , d’après d’autres le vent du nord-est ou de l’est. La quantité de graines qui est tombée n’a pas été partout la même. Un culti- vateur d’Erkelenz m'assure qu'il y en avait sur les terres, à Erkelenz, à peu près trois fois autant qu’en en emploie pour ensemencer une terre de. colza. Les graines que j'ai l'honneur de présenter à l’académie ont été recueillies par un cultivateur d’Erkelenz. J'en ai reçu encore un certain nombre recueillies par une autre personne qui les a cherchéés environ trois semaines après le phénomène, sur les feuilles de colza, également à Erkelenz. Les graines sont les mêmes. » « Je me borne à attirer l'attention de l’académie , dit en terminant M. Schwann, sur ce phénomène, en laissant à MM. les botanistes le soin de déterminer l'espèce de graines et de tirer les conclusions qui découle- ront de leur origine. » Des plantes tombées du ciel, des fleurs célestes envoyées à la terre! l'événement est assez extraordinaire pour qu’en effet, je ne dis pas les botanistes, ces messieurs ont d'ordinaire des idées systématiques, mais les — 520 — horticulteurs veuillent bien examiner quelles sont ces graines messagères des volontés de l PAEEN En pareil cas la première chose à laquelle on procède, est de rechercher si phénomène pareil est connu dans l’histoire de la science. À ce propos on se rappelle involontairement la réponse d’un académicien fameux auquel on assurait que des animaux, comme des crapauds, des grenouilles, des poissons ou des chenilles étaient tombées du ciel. L’académicien de- manda à la personne qui garantissait le fait, si elle en avait été témoin oculaire et sur l’assertion qu'elle l'avait vu de ses propres yeux : « il est heureux, répondit le savant que vous l'ayez vu, car maintenant je le crois, mais si je l'avais vu, je ne le croirais pas. » Libri à qui on assurait un jour qu'il avait plu des crapauds en France, répondit que le fait n’était pas plus extraordinaire qu'une pluie de chameaux ! Les pluies de graines ont trouvé de même plus d’inerédules que de soutiens. Kæmtz , dans son traité de météorologie, range les pluies de graines dans les « phénomènes problématiques. » Il cite MM. Gœppert et Treviranus qui ont étudié avec soin les prétendues pluies de blé assurées par des témoins de la campagne. Ces auteurs ont prouvé d’abord que ce qu'on trouvait sur terre n'était pas du blé, ensuite que ces corps n'étaient pas tombés du ciel. Kæmtz thés qu’en juin 1850, on trouva près de Greisau, village de Silésie, après une pluie d'orage, un certain nombre de corps d’une nature végétale sur des parties couvertes de gazon. « Ces corpuscules, dit-il, étaient extérieurement d’un jaune brun, ae d’un blanc transpa- rent, sphériques, rarement cylindriques, ayant de 4 à 18 millimètres de long et 2 à 4 millimètres de diamètre; ils avaient le goùt de la farine, mais laissaient dans la bouche un arrière-goùt âcre et brülant: Par une dessiccation rapide le goût âcre disparaissait et le grain avait alors eelui d'une amande. Des recherches exactes ont faït voir que ces grains étaient les tubercules de la Ficaire (Ranunculus ficaria L. Ficaria ranunculoïdes Dec.}, plante très-commune en Silésie. Au milieu de juin les feuilles et les tiges de eette plante printannière se dessèchent et il ne reste que les racines qui se composent de 6 à 20 petits tubercules fixés à de faibles radicules, Une forte pluie entraine ces tubercules, les sépare de la racine et les amèhe dans les points déclives : aussi les trouve-t-on après la pluie, mais personne ne les a encore vus tomber avec elle. » Le même auteur parle enfin de véritables graines qu’on disait tombées du ciel. « Des graines de plusieurs plantes, dit-il, charriées et accumulées dans certains points par de fortes pluies, ont été prises aussi pour des produits de l'atmosphère : telles sont les graines de melampyrum sylva- ticum, veronica hederæfolia , etc. Personne ne s’étonnera que des coups de vent, accompagnés de pluie, puissent ainsi transporter des graines et des fruits. » La première déduction à tirer de ces faits observés c’est que si le ciel — 921 — nous envoie des graines , et nous faisons ici à l’atmosphère un pur com- pliment, il ne nous octroie rien de beau, rien d'extraordinaire et surtout rien de désirable. Ranunculus ficaria, melampyrum silvaticum et vero- nica hederæfolia, sont autant de mauvaises herbes dont la terre pourrait facilement se passer , et la fin de notre travail sur les graines de M. Schwann, aboutira à la même conclusion : « de la peste délivrez-nous Seigneur ! » Quand done l'académie de Bruxelles reçut les graines d'Erkelenz, on dut d'abord faire abstraction d’une forte odeur de coumarine que répan- dait le tube de verre qui les contenait, odeur qui n'avait rien de commun avec les graines et ne provenait pas d'elles. Je soupconnai de suite, en les voyant, que c'étaient des graines de l’agrostemma githago, appelée vul- gairement la nielle des blés. Pendant que ce jugement se portait à Bruxelles, mon fils, Édouard Morren, qui avait recu à Liége les mêmes graines, les ramena aussi spontanément à l’agrostemma, et, la comparaison faite dans l'herbier, il ne resta aucun doute que les graines d’Erkelenz n'appartinssent à cette espèce, du moins en majorité. Je dis en majorité, car dans le paquet qui me fut remis, je trouvai, sur cent graines, deux formes étrangères , l’une était une graine de lotus corniculatus, et l’autre un galium. Il est sans doute intéressant à noter ici que Linné donna le nom d’agrostemma, couronne des champs, au genre qui contenait pour lui cette espèce, tandis que ses prédécesseurs l’avaient nommé tout différem- ment. Fuchs, pour indiquer que c’est une plante nuisible aux blés, la désignait sous le nom de lolium ou ivraie. De L’Obel, Dalechamps, Baubin la nommaient pseudo-melanthium, faux mélanthe. C’est dans Césalpin que se trouve le nom de githago. Morrison et Boerhaave la ramënent aux lychnis ; Lampette, genre auquel De Candolle la réunit aussi. Notre seul botaniste belge Dodoëns, fait, comme Linné, intervenir le ciel dans la dénomination de cette plante : il l'appelle nigellastrum, nigelastre, comme pour indiquer qu'entre cette nielle et les astres du firmament il y à quelque rapport. Le nom qu’il lui donne en flamand est plus remarquable encore : Koren roosen ou neghel bloemen : rose des blés ou fleur de la grêle, car neghel n'ayant aucune signification ni en flamand ni en hol- landais, ne peut être écrit ainsi que par corruption euphonique de hkagel- bloemen, c'est-à-dire fleur de la gréle (*). Quand, dans le pays cité (1) IT faut remarquer que dans le flamand parlé, nos populations disent souvent het nagelt pour het hagelt. Dans beaucoup de communes l’a devient e et il ne serait pas difficile de trouver, en fait, celle prononciation : het negell pour het hagelt Le mot de neghel-bloemen, de Dodoëns, trouverait peut-être encore son élymologie dans la Waduction flamande, non adoptée par les linguistes, de nielle par neghel. C’est là une simple conjecture , car Dodoëns lui-même et plus tard son commentateur Van Raphelingen, parlent tous deux de la nielle, appellent de ce nom et ne disent pas un mot de la relation entre nielle ne je par M. Schwann, l’agrostemina vint effleurer les visages , les habitants crurent que c'était de la grêle. Ge nom ancien indiquerait-il que ce phé- nomène avait déjà été observé auparavant ? Je n’en trouve pas de trace dans les incunables en ma possession , ni dans aucun auteur primitif du seizième et dix-septième siècles, mais je ne puis m’empécher de faire remarquer les singulières coïncidences entre ce vieux nom flamand et le phénomène de la grêle. I y a plus : en Suisse, le représentant de notre agrostemma githago est l'agrostemma Flos Jovis. La fleur de Jupiter, le dieu du ciel et de lem- pyrée. Quel est le motif de ce nom ? je ne le trouve expliqué nulle part, mais il est certainement curieux à noter. En Italie, le remplaçant de notre nielle des blés est l’agrostemma cœlirosa, la rose du ciel. Ici, lallusion est directe. Morrison, Bocconi, d’autres anciens auteurs désignent cette espèce sous le nom de lychnis segetum..…, flore eleganter rubello, Lampette des champs... à fleur élégamment rose; Rai la nomme pseudo-melanthium glabrum siculum, le mélanthe de Sicile. Nulle part on ne trouve d’anec- dotes relatant les rapports de cette caryophyllée avec le ciel, lorsque Linné la désigne tout à coup dans son species plantarum , sous le nom significatif de cœlirosa. Je ne lis cependant pas, dans aucun ouvrage à ma connaissance, que cette rose soit tombée du ciel, mais je ne puis me défendre de signaler l’analogie singulière entre tous ces noms et l’at- mosphère : Couronne des champs, comme les halos ont été appelés cou- ronnes du ciel; fleur de Jupiter, le dieu présidant aux destinées de l’at- mosphère ; rose du ciel, comme pour indiquer une pluie de roses, image gracieuse que n’a pas même inventée la riante mythologie des Grecs ; fleurs de la grêle, comme s’il grélait des fleurs dans nos contrées boréales; tels sont les noms vulgaires, devenus scientifiques, qu'on retrouve dans ce genre de plantes et chacun offre même des coïncidences singulières avec les pays où chacune de ces espèces devient la plus commune. La grêle des fleurs appartient au nord, la couronne des champs (agrostemma coro- naria) appartient au midi de l’Europe, la fleur de Jupiter habite la Suisse, ses monts orageux et ses vallées pleines de foudre, la rose du ciel couvre la terre féconde de la Sicile. Ces rapprochements ne peuvent manquer de frapper l'esprit habitué à trouver dans les noms populaires des êtres de la nature, les idées régnantes des nations sur leur origine ou leur pro- priété. En résumé, nous avons en présence deux opinions contradictoires, D'un côté, la chute du ciel de quelques espèces de graines appartenant toujours à des plantes très-communes sur la terre, affirmée par le peuple et jamais constatée d’une manière péremptoire par des savants habitués à . LA . « » . . ° neghel. J'aime donc mieux trouver dans ce dernier nom une pure dénomination vulgaire sé rattachant à l'opinion des hagel-bloemen, idée confirmée, du reste, par les noms des espèces voisines de l’agrostemma githago : la rigueur des observations. De l’autre côté, l’ensemble des savants et des académies niant la chute réelle de ces corps de l’atmosphère sur le sol, et expliquant l'illusion par des lavages de terre après les fortes pluies, la dénudation de la surface arable et des coups de vent. Pour corroborer cette dernière manière de voir, on a soin de rappeler que dans le moyen- âge et encore aujourd’hui dans les campagnes, les nostocs mucilagineux et verdâtres qu'on voit se développer après les pluies le long des routes et des chemins argileux , ont passé et passent encore pour être des étoiles filantes tombées à terre et même pour des mouchures d'étoiles. Fait qui rappelle cet ingénieux journal de Mons, en Hainaut, qui, dans l’émigra- tion des pucerons du pêcher se ruant sur nos provinces belges au mois d'octobre 1834, au point d’obscurcir la clarté du ciel, expliqua à ses lec- teurs commentle soleil paraissait éteint, à cause desnombreuses mouchettes dont le ciel venait de recevoir la provision. Pour étre juste à l'égard des deux parties, il convient aussi de rappeler qu'à propos de ce qui nous peut tomber du ciel, les académies n’ont pas précisément la conscience bien nette. Chladni, éconduit de l'académie de Paris comme un rêveur, pour avoir démontré que des pierres tombaient de l'air et que ces pierres n’avaient avec les étoiles filantes, d’autres dif- férences que la grandeur, et le ciel lui-même , comme pour se venger de cette erreur juridique en fait d'académie, envoyant, le 26 avril 1805, une pluie considérable d’aérolithes à L’Aigle, presque sous les yeux de ceux dont le doute, cette fois, avait été si malencontreux. Ce fait ne doit pas ici trouver l’excuse du silence. L’agrostemma githugo serait-il done bien tombé de l'air dans la Prusse rhénane, au mois d'avril 1852, et cela en si grande quantité de graines, que les routes et les champs en auraient été ensemencés? On peut, croyons-nous , expliquer et la sensation éprouvée au visage par très-peu de personnes qui ne l’ont sentie que la nuit, et le nombre de ces graines observées à terre autrement que par une pluie de cette couronne des champs. Il est d’abord à noter que du 15 mars de cette année jusqu’au 29 avril, c’est-à-dire pendant 45 jours de suite, il n’était pas tombée une goutelette d’eau, car nous ne pouvons regarder comme une pluie, le brouil- lard humide du 18 avril, et encore ce brouillard n’ayant duré qu’une ma- tinée, était-il concentré dans la vallée de la Meuse. La dernière pluie avait eu lieu le 14 mars et la première le 29 avril. Pendant cette longue séche- resse le vent souffla avec impétuosité , souvent avec constance, toujours variant du nord-nord-est, au nord et nord-est. Ce dernier était le plus habituel , le plus froid et le plus sec. De toutes parts, les journaux en font foi, on craignit pour le sort des campagnes, le seigle ne tallait pas, le fro- ment restait faible, la terre se desséchait par place, l’air recevait des nuées de poussière terrestre, le sol pulvérisé s’enlevait par tourbillons dans les rafales. Voilà les circonstances météorologiques sous lesquelles le phéno- mène se passa. — 924 — dettons maintenant les yeux sur la contrée où la chute de ces graines aurait eu lieu : c’est un pays de céréales , les guérets s’y cultivent à l’an- cienne méthode, les charrues y sont encore sans versoir, le labour y est superficiel , la terre seulement effritée, scarifiée par le soc; aucun sar- clage n’y nettoie les champs, lagrostemma githago y abonde entre les grains et infeste la terre et les produits des semis. La conclusion à tirerde là c’est que les graines de nielle n’y sont pas venus de loin, mais existaient en quantité dans le pays. IL est donc probable que dans cette longue sécheresse, les vents auront balayé la surface pulvérisée des terres et mis à nu les graines nombreuses de l’agrostemme, que ces mêmes vents les auront, dans quelques rafales, fait voler à une certaine hauteur, suffisante pour que l’homme les recevant au visage, ait pu croire qu'elles lui venaient d’en haut, tandis que réelle- ment elles lui venaient d’en bas. Voilà, pensons-nous, la véritable expli- cation du fait qui a occupé l'attention publique dans cette région et dans nos provinces. Nos grands meuniers savent parfaitement que, quand ils veulent moudre des grains venant du pays de Juliers, du Limbourg , des provinces rhé- nanes, ils doivent avoir soin de les faire passer auparavant au crible rota- teur, afin de les débarrasser surtout des graines de la Nielle et de la Dame de onze heures, graines noires, donnant à la farine une couleur grise, un goût amer et désagréable. Rothman, élève de Linné, dans sa disserta- tion sur la raphanie , après avoir cité l'existence et le retour périodique de cette maladie désastreuse, depuis 1596 jusqu’en 1727 , où elle s'était étendue sur une grande partie de l’Europe, a fait remarquer qu’elle sévis- sait en Suède en automne, toujours dans le bas peuple qui fait usage des blés nouveaux et non nettoyés. Cette maladie, qui consiste dans une con- traction spasmodique des membres et des articulations aecompagnées de convulsions et de douleurs très-cuisantes, puis dans la perte de l’intelli- gence ct de l'esprit chez ceux qui en ont , a été attribuée, par Rothmann, aux graines de la moutarde sauvage, raphanus raphanistrum , déve- loppée en excès dans les champs salis. Mais depuis que la raphanie, dont nous avons vu les ravages les années de la disette du seigle en 1846 et 1847 s'étendre principalement dans les établissements où l’on faisait usage des blés non trillés, a été mieux étudiée , on s’est aperçu que ce n’est pas la graine de la moutarde sauvage qui produit ces dangereux effets. Beaucoup de praticiens sont d'avis que cet effet est le résultat ou de la nielle ou de l'ornithogalum umbellatum , appelée vulgairement dame de onze heures. Les accusations contre l’agrostemma githago sont générales et anciennes. Dodoëns explique déjà comment ce nom de githago vient de gith donné aux graines noires (melanthium) quelconques qui salissent et détériorent les blés et la farine. Hippocrate lui-même avait signalé déjà les graines. noires mélangées aux blés comme dangereuses. Cependant, M. Cordier a pris la défense de l’agrostemme. Il reconnait que ces graines sont âcres au 329 — gosier, mais il ne veut pas qu'elles sont nuisibles. Deux gros en décoction ne lui ont occasionné aucun accident. Il en conclut que si les graines de la nielle rendent le pain désagréable , elles ne lui communiquent aucune propriété dangereuse. À cet avis, on oppose l’usage fort ancien recom- mandé par Fuchs, que la décoction de l’agrostemma détruit la gale, la teigne , le parasitisme de la peau, et Simon Rouli la regardait comme très-active dans les hémorrhagies, la cicatrisation des ulcères et des fistules toutes propriétés qui ne décèlent pas l’absence de principes actifs. Dans le doute, on fera toujours bien d’empêcher l’agrostemma de se propager, de salir les guérets et de nettoyer de ses graines les blés qu’elles ont envahi. On vend à Liége, aux moulins, le détritus du nettoyage des grains pour nourrir les poulets. Ces résidus renferment une masse considérable de graines d’agrostemme; les poules ne les mangent pas, indices peu favo- rables à leur innocuité. On me dira enfin que si les graines de l’agrostemme sont si abondantes dans les blés battus, il n’y a pas de raison pour que les graines le soient aussi dans les terres, puisque leur présence entre les épis suppose.que leur maturité coïncide avec le temps de la moisson. Pour s'expliquer cette double présence , dans la grange et dans laterre, il faut examiner comment mürissent les capsules de l’agrostemme. Cette maturation est successive. Quand on fauche les blés, il y a déja beaucoup de capsules vides dont les graines sont tombées à terre et d’autres continuent de mürir. La matura- tion s'achève sur les pieds coupés réunis aux gerbes et passent avec elles dans les granges. On peut done facilement se rendre compte de cette pro- fusion. LA FLORE DE LA CATHÉDRALE DE CHARTRES, Par M. GERMAIX DE St.-PIERRE. La cathédrale de Chartres est désherbée chaque année; on la nettoie des pauvres herbes bien inoffensives qui trouvent un maigre aliment dans les fissures de ses vénérables et solides murailles. J'ai cependant trouvé en abondance sur les combles : le Galium anglicum, le Linaria minor, le Galeopsis ladanum, le Carduus tenviflorus et plusieurs autres espèces ; les graines sans aigrette du Galium, du Linaria et du Galeopsis, ont sans doute été portées à cette hauteur considérable dans quelques tour- billons de poussière. BELG. HORT. T. II. 45 Se » LE AGENT ur 5 Bai NN tt XE De TC = Dan $ Q TS ERCMET=Y 2 ÉRÀ A > LNMCÉ £ nee TN DS SE NES 7 DE SE LS ZEN EN ES MIS MBENRRÈSEE MIE AS SES UN à si CZ SE \ XX N FLORICULTURE DE SALON. VASE D'ORNEMENT A PLANTES PERMANENTES, FLEURS COUPÉES ET FLEURS AQUATIQUES , MoDbÈLE DE M. SAUL DE GARSTANG. Il faut, pour alimenter les marchés de Londres seulement , plus d’un million de pots par an. Les deux tiers de ce nombre s’utilisent comme simples cultures de fenêtre. Dans les villes, la fenêtre est la serre de fa- mille, et les vraies fleurs populaires, multipliées et aimées, seront toujours celles qui se contentent, pour s'épanouir, de ce peu de lumière et de cette chaleur modérée. Évidemment on cherche dans cette verdure, ces coloris, ces formes et ces parfums, le souvenir, le regret et l'espérance de cette poësie des champs dont la nature seule a le secret. Cette poësie meurt devant ce pot pro- saïque et pointu qui est, à l'égard de nos demeures, ce qu'est le chapeau, tuyau de cheminée en raccourci de homme vapeur de notre époque, à l'égard de notre costume. Un pot et un chapeau représentent notre sièele qui veut l’ornement en toutes choses et le refuse à l’homme ct à la plante cultivée. Le vase figuré, pl. 54, fabriqué en zinc, peut devenir un très-joli meuble de fenètre et d'appartement. Formé d’un couvercle à gorge, le centre ren- ferme un réservoir dans lequel on place un pot quelconque, caché comme la tige effeuillée de l’arbuste. Si l’on ne possède pas d’arbuste, la pla- tine (b) simulant des feuilles et perforée de trous, couvre et ferme l’ou- verture supérieure. Dans ces trous, comme dans ceux des flancs lui-même, on dispose des fleurs coupées à pédoncules assez longs pour atteindre à l’eau versée au fond du meuble. Ces fleurs (d) sont aussi nombreuses que le désire la fantaisie du possesseur. Placé tantôt isolément, tantôt au fond d’une patère (a), le bas et le pied de ee meuble sont cachés dans une profusion de myosotis, de paquerettes, de fleurs de safran , d’anémones, de primevères, toutes fleurs aimant les eaux. Quand on est fatigué d’y voir des fleurs, si ces jolies créations peuvent fatiguer jamais, la patère s’emplit d’eau pure et recoit des poissons dorés. Ce meuble offre plus d’une ressource, et si nous donnons ici une forme spéciale c’est par économie de place, car rien n’empêche de faire varier les contours, les dimensions, les ornements de ces sortes d'objets. L’intel- ligente etféconde direction donnée par M. Saint-Paul de Saincey à l’industrie métallurgique du zinc, permet de réaliser à peu de frais ces meubles que le bon goût s’empressera d'adopter à la plus grande satisfaction de l'amour des fleurs. 1/1 À] DYELLLEMNN 2 tre te a [| —| LI LE né e[$ è pen TT LI 4 LE 27) 2 AA £ 2 CL =, = =? = ETS ZÆ ÿ * ==, EE; : PLPTDTLD COL CZ (it, ALT { TA , A 4 4, UT ARCHITECTURE DES JARDINS. PLANS COMBINÉS DE JARDINS ANGLAIS, FRUITIER ET LÉGUMIER, D'APRÈS MM. DENIS ET RENOUARD, Par M. Cn. MOoRREN. Nous supposons l'habitation de maître libre de tous côtés, placée devant un grillage donnant sur une grande route, les écuries et bâtiments de service séparés à droite et à gauche du pavillon central; l’étendue du ter- rain suffisante pour permettre l'établissement d’un jardin anglais ou pay- sager , dans les environs de la demeure, et, sur le prolongement de ce jardin , le placement de celui qui doit recevoir les arbres à fruits et les légumes. La gravure pl. 55, donne une bonne idée de la distribution du ter- rain. Le jardin paysager comporte des pelouses, des parterres de fleurs, des bosquets , des arbres isolés, des reposoirs, des boulingrins , des fonds d'arbres faisant repoussoir, en un mot il offre toutes les ressources de ces plantations d’agrément. La fantaisie du planteur déterminera les choix de ces groupes. La vue du pavillon d'habitation s’étend par la pelouse sur une rangée d'arbres fruitiers (pommiers), qui mènent à un bassin circulaire situé au milieu du jardin potager et autour duquel sont plantées des pyramides de poiriers, et, dans le prolongement, vient se dessiner une suite de carrés de framboisiers entourés de deux séries de pommiers nains. Au fond et sur toute lalargeur du terrain des massifs de pommiers, et, sur le mur d’enclos, des arbres fruitiers appropriés selon leur nature à l’exposition des lieux. Tout autour des carrés des légumes , des pyramides et des quenouilles de poiriers , et, aux coins, des cerisiers , alternant avec des groseillers de toute espèce, et, sur les côtés près des murs latéraux, des pruniers, coi- gnassiers , abricotiers , etc., en plein vent avec les espaliers longeant les murs. On comprendra , au reste, comment les détails varieront selon les volontés du maitre et les exigences des localités. Entre les jardins potagers et fruitiers, et dans le sens de la largeur, viennent se placer les bâches en séries doubles adossées. Ce plan a l’avantage de donner à l'habitation une vue de projection qui, à cause des fonds en massifs, fait paraître le jardin beaucoup plus grand qu'il n’est et lui donne une apparence d’être consacré entièrement à l’ornement alors qu'il accomplit pour plus de la moitié du terrain les conditions de l'utilité. Ces dispositions seront surtout celles qui plairont le plus aux fortunes ordinaires. Pour l’agrément matériel de la vie, on ne peut se dissimuler que, si les fleurs sont agréables à voir, il est plus indispensable encore de livrer sa terre, ses engrais etses soins aux légumes et aux fruits. 56. PI. RL) / Ù | { \ 4 EE À \ | \ } Ÿ | N | \ \ PE \ EE \ Ÿ Ze LA KE KZ 2 (b [ | nn |f l & 'ÉË MEUBLES DE JARDIN. CANAPÉS , BANCS SIMPLES ET GOTHIQUES ; CHAISES EN BOIS, EN JONCS ET EN FER, FAUTEUILS À BRAS CURVILIGNES , ETC. , Par M. Cn. MoRREN. Nous possédons des matériaux que les anciens ne connaissaient pas, s’écrient les architectes, et nous ne savons inventer ni formes, ni styles nouveaux ! L'architecture indienne, l’école grecque, les conceptions by- zantiques , l’ogive et le mélange de tout, le style de la renaissance, tels seraient les seuls et derniers mots de cette langue qu’en fait de construc- tion on appelle l’art. Ceux qui se consolent aisément de notre stérilité, objectent que l'avenir est prêt à réaliser des enfantements inattendus, et, comme prélude de cette rénovation, ils citent le palais de cristal où la pierre, le fer et le verre forment les matériaux. La légèreté, la gracilité en sont la beauté, mais on ne saurait méconnaitre que l’écueil de ce genre de monuments est aussi la maigreur, la multiplicité et la raideur des lignes. Les mêmes inconvénients et les mêmes avantages se répètent dans les meubles de jardin. Aux bancs sculptés et massifs de bois se sont substitués les canapés de fer, parfois tellement légers que, dans les massifs d'arbres, ils se perdent pour l'œil. Il est vrai que nos jardins, petits, rétrécis, à courts points de vue, supportent plus aisément ces meubles qu’on dirait tissés de fils, que les anciens parcs étendus , amples et ornés de longues perspectives. D’un côté, les objets doivent se rapprocher du regard, de l'autre , ils devaient s’en éloigner et se reconnaître de loin. Aux besoins nouveaux ont done répondu des inventions nouvelles. Nous donnons ici la figure d’un banc de fer construit dans toute la sim- plieité que comporte le fer. Il convient aux petits jardins (pl. 56, fig. 1), sa structure est aisée, l’eau n'y séjourne pas. La même planche, fig. 2, représente un canapé de style ogival ou de la renaissance, où aux lozanges et festons viennent se joindre les fleurons quaternés. Ce meuble convient déjà mieux aux jardins plus grands. Au fer on a ajouté le bois plus massif et le jonc plus élastique; tels sont la chaise, fig. 5, et le fauteuil à bras curviligne, fig. 4. Toutes ces formes varient selon la fantaisie de l'artiste. Dans presque toutes nos villes, 1l existe actuellement ou des ateliers de constructions horticoles, ou des dé- pôts qui ne peuvent manquer, s’ils sont bien complets, de répondre aux choix divers que comportent ces meubles. La solidité , la résistance aux vents, l’incorruptibilité sont autant de qualités incontestables aux meubles PR. He de fer, et, dans nos climats pluvieux , on ne peut disconvenir que ces avantages sont réels. Une nouvelle ère semble d’ailleurs s’ouvrir pour cette partie de l’art; nous voulons parler de l’adjonction au fer et au bois des ornements en zinc, industrie nouvelle et riche d’applications. Son importance nous fera revenir plus d’une fois sur l’avenir qui lui est réservé. LAMPE A NAPHTE POUR LES SERRES, PAR LE MÈME. Les journaux anglais et notamment le Gardener’s and Farmer’s Jour- nal, préconisent beaucoup en ce moment une nouvelle lampe à naphte dont les jardiniers se trouvent, dit-on, très-bien dans leur visite du sorr. Les jardiniers visitent en général trop peu les serres pendant les heures d’obseurité , et cependant leur intérêt bien entendu nécessite ces sortes d’inspections. C’est pendant le soir et la nuit que les limaces opèrent leurs désastreuses sorties , que beaucoup d’insectes viennent dévorer les racines, les jeunes plantes à l’état de germination. Souvent on se perd en conjectures sur les causes des dégâts dont le jour vient constater les effets. Les souris, les rats sortent alors de leurs retraites. Le jardinier soigneux, dans de bonnes et vigilantes visites nocturnes, découvre ses ennemis et sait les piéges qu’il faut leur tendre. Que d’espoirs souvent déçus, que d’espérances évanouics, dans les semis surtout, devant des ravages d’au- tant plus difficiles à éviter qu'on cherche, dans un monde de conjectures, les vraies causes des maux ! Cette lampe à naphte ne parait pas avoir l’inconvénient qu’on a reproché le plus souvent et avec raison à cette sorte de combustible. Certes, on ne peut nier sa brillante clarté, mais, devant un luminaire nourri par le naphte, on se surprend couvert tout à coup d’une suie fine d’autant plus pénétrante que sa ténuité extrême n'exclut pas son abondance. Les mains , les bras , le visage en sont tout noircis. Dans la lampe nouvelle, ce défaut n’existerait plus. Elle brüle clairement de 12 à 20 heures selon son ampleur. Une vis(a) fait remonter le naphte. On la suspend et on la pose à volonté (d). Un ventilateur (c) augmente ou diminue, en tournant, la hauteur de la mèche et l’éclat de la flamme. La flamme part en b, la mèche mesure trois pouces de longueur et aucune vacillation ne vient troubler ni fatiguer la vue; la partie qui brüle, se carbonise peu cet lente- ment si la coupe a été faite avec netteté et horizontale. Les lampes pa- reilles fabriquées en étain, se vendent à Londres, d’une grandeur conve- nable, au prix de 5 à 6 francs. On ajoute qu'elles sont faites de façon à éviter l'incendie et la chute des flammèches; enfin les horticulteurs qui s’en servent, en font un éloge si complet que nous avons cru utile de signaler leur existence , afin d’engager les personnes qui seraient à même de les introduire, d’en doter l’horticulture du continent. CURE ARBORICULTURE. CULTURE DE CONIFÈRES NOUVELLES. Les Annales forestières publient sur ce sujet un article intéressant au- quel nous allons faire quelques emprunts. La question du reboisement des terrains en pente et de l'importation des arbres forestiers n’a guère moins d'importance pour nous que pour nos voisins d’outre-Manche. Depuis un quart de siècle, les voyageurs anglais et écossais ont envoyé dans leur patrie de nombreux arbres forestiers nouveaux, appartenant, pour la plupart, à la famille des conifères. Ces arbres, provenant de con- trées situées sous des latitudes beaucoup plus méridionales que la nôtre, ont été d’abord considérés comme des objets de pure curiosité; des collec- tions ont été réunies dans des parcs par des amateurs opulents. Mais bientôt ceux-ci ont reconnu qu’en raison de la grande élévation du lieu de leur station naturelle , ces arbres sont, pour la plupart, beaucoup moins sensibles au froid qu’on ne l'avait présumé. Au bout de quelques années, plusieurs se chargèrent de cônes, et por- térent en abondance des graines fertiles. On reconnut alors la possibilité de faire servir au boisement des pentes incultes quelques-uns de ces nou- veaux arbres conifères recommandables à divers titres : les uns , comme le cèdre déodora, par l'excellente qualité de leur bois; les autres, comme le sapin de Dougluss , par la rapidité peu ordinaire de leur croissance. Il en existe actuellement des bois entiers ; les meilleurs ont été multi- pliés sur une très-grande échelle par les pépiniéristes des comtés de l’An- gleterre où il existe de grands espaces de terre à reboiser. En parcourant les annonces des journaux de ces comtés, on y voit indiqués les prix, par mille, du plant de deux ou trois ans des nouveaux arbres conifères ; chaque annonce se lermine par l’avis suivant : « Une remise est accordée à ceux qui prennent plus de 100,000 pieds d'arbre à la fois. » Le plus précieux des arbres importés de l’'Hymalaya est le cèdre déo- dora, qui, dans son pays natal, a souvent 36 à 40 mètres de haut sur 10 à 12 de circonférence à la base. Il a parfaitement réussi dans la Grande- Bretagne, où il forme, dès à présent, des plantations très-considérables. Dans l’une d'elles, les arbres plantés depuis onze ans ont, en moyenne, 5 mètres 70 centimètres de haut; leur circonférence moyenne est de 48 centimètres à 1 mètre au-dessus du sol. Des arbres introduits de l'Amérique du Nord depuis 25 ans, le sapin de Douglass est celui qui végète avec le plus d'activité. On montre, dans le pare de Dropmore, un de ces sapins, planté en 1829, qui n’a pas moins de 18 mètres 60 cent. de haut, et dont la circonférene, mesurée à 2 mêtres 40 cent. au-dessus du sol, est de 1 mètre 60 cent. Cet arbre, qui n’a ja- mais été taillé, conserve toutes ses branches latérales ; elles forment un ombrage épais dont le diamètre est d’un peu plus de 24 mètres. | BELG. HORT, T. Il. 44 = SU — JARDIN FRUITIER. LE GROSEILLIER À GRAPPES ET A FRUITS ROSES, Par M. CH. MoRrenN. M. Lecoq, le savant professeur de botanique de Clermont-Ferrand, a attiré l’attention des horticulteurs, en 1849, sur la facilité qu'offrent à l’'hybridation et au croisement les différentes espèces et variétés de gro- seilliers. 11 voudrait surtout que le groseillier cérise serve de père dans le métissage des groseillier rouge, blanc et couleur de chair. Que ces mé- langes aient eu lieu ou que des variations se soient produites par la seule influenee du semis, toujours est-il qu’un amateur des environs de Liége a obtenu le groseillier à grappes à fruits roses et transparents (figuré pl. 57, fig. 1), plus rose que le groseillier à couleur de chair connu. La grappe est aussi longue que celle du grosseillier Gonduin, figuré dans le premier volume de la Belgique horticole : les baies sont grosses, rondes et parfaitement transparentes, au point d’y voir les graines suspendues. Ces fruits se développent plus tardivement que les variétés connues, et persistent très-longtemps. Le goût est intermédiaire entre celui des gro- seilles rouges et acides et celui des groseilles blanches et douces. . Le bureau de la Belgique horticole est chargé de la distribution de cette variété, au prix de 1 fr. 50 c. le pied, disponible en automne 1852. LE GROSEILLIER PERLE RAYONNÉE. Le même amateur a obtenu de semis un groseillier à fruits blancs, mais chaque nervure de la baie est restée rose ou rouge, de sorte qu’elle fait l'effet d’une perle à rayon. Le goût de ce fruit est excellent, se rappro- chant beaucoup de celui des groseilles blanches ; la grappe est longue et la végétation aussi forte que celle du groseillier blanc. La distribution de ce groseillier se fait également par le bureau de la Belgique horticole, mais seulement au printemps de 1855, la multiplica- tion devant s’obtenir en quantité avant cette époque. LE CASSIS HYBRIDE. Il y a deux ou trois ans on a introduit, croyons-nous, de France en Belgique, une plante hybride tenant du groseillier cassis et du Ribes au- reum. La végétation tient du cassis, mais le fruit avait, au lieu de la cou- leur noire franche, une teinte de bistre et une tendance à s’allonger. L’arome est aussi modifié et la peau cst devenue un peu dure et croquante. Au total, on ne sait pas positivement si c’est une hybride véritable, mais ce qui est certain, c’est que les amateurs de cassis et de fruits de haut goût seront bicn aise d’user de cette nouveauté. Le bureau de la Belgique horticole est chargé de sa distribution en automne 1852. . Groseaillier rose. 2.Groseillier perle ravonne, 3.Cassis hvbride. | ; ds RTE es | is" Ru + s + y FRS BTE gi AE rit Ë Fa ee : ES ri AEURE y CE — PLANTES VULGAIRES VENENEUSES OÙ TOXICOLOGIE HORTICOLE. EMPOISONNEMENT PAR LES FLEURS DE PÉCHER, Par M. Boriop, Interne de l'asile des aliénés de Marseille. On lit dans la Revue clinique de Paris lartiele suivant, qui certes a le droit d’intéresser au plus haut point les horticulteurs : « Les circonstances qui ont accompagné la mort du malade dont on va lire l'observation un peu succinete, ne sont peut-être pas assez précises pour autoriser un titre aussi nettement déterminé que celui inscrit par l’auteur, en tête de son observation. Mais ce fait doit au moins exercer l'attention des médecins, et, à ce titre, nous croyons devoir lui donner place dans nos colonnes. « Théodore G... était un ancien militaire, âgé de trente-neuf ans. Taille moyenne, constitution forte, tempérament bilieux, sanguin, appétit vo- race, mangeant tout ce qui lui tombait sous la main quand il pouvait éviter la surveillance la plus exacte ; caractère sombre et taciturne, réponses brèves et insolentes, ne se plaignant d’ailleurs jamais de son séjour à Marseille. « Le #1 avril dernier, il se rend comme d'habitude aux travaux du jardin. Pendant la matinée, ingestion considérable de toutes sortes fleurs, principalement des fleurs de pêcher ; aussitôt survient de la céphalalgie, puis des convulsions épileptiformes et des vomissements considérables, composés d'aliments de fleurs de pêcher, d’impériale et de quelques racines entières de pourpier. Dans l’espace de vingt minutes, les convul- sions alternes avec des vomissements, le corps est froid, le teint pâle, les traits déformés, le pupille large, le pouls irrégulier, presqu’impercep- tible. Le malade ne peut se soutenir sur ses jambes. Il est dans un anéan- tissement complet, ou dans un état de contraction tétanique. Enfin, il expire vers midi, au milieu d'une dernière et forte convulsion : la figure reste violacée, les yeux saillants et la bouche éeumeuse. « À l'ouverture du cadavre, quarantc-huit heures après le décès, injec- tion du cuir chevelu des membranes du cerveau et du cerveau lui-même ; chaque incision fait couler le sang noir et abondant, les poumons en sont gorgés et les oreillettes du cœur remplies. « Intestins. À l'extérieur, teinte rosée, à l'intérieur, la muqueuse pré- sente quelques plaques rougeûtres, plus prononcées dans l’estomac, et qu'on ne peut attribuer qu’à l'huile essentielle qui accompagne toujours l'acide cyanhydrique, ce dernier ne laissant pas de traces d'inflammation. Plusieurs lombrics de 5 à 6 centimètres de longueur existaient dans l’in- testin grêle : c’est à cette dernière circonstance qu’il faut attribuer la voracité de ce malade. Il mangeait bien au delà de sa ration, et c'était pour satisfaire son appétit, comme il a pu le dire, qu'il s'était ingéré toutes ces fleurs qui le tuèrent si rapidement. « L’effet tonique des fleurs de pêcher s'explique par l’action de l'acide cyanhydrique, qui, suivant qu'il est plus ou moins concentré, stupéfie le système nerveux plus ou moins rapidement et amène comme épiphéno- mène une stase veineuse dont la prolongation peut être considérée comme la cause prochaine de la mort. D'un autre côté, les stupéfiants, quand ils sont étendus, ayant une action primitive fugace quand ils ne fondraient pas, la première indication à suivre est de combattre, par la saignée géné- rale, les phénomènes de stase consécutifs dont nous ayons parlé. Dans un cas d'intoxication par l’eau du laurier-cérise, M. le docteur Poemandin a déjà obtenu le rétablissement complet du malade par l'emploi immédiat d’une saignée, dont le but était de ramener la cireulation. » ANIMAUX NUISIBLES. DESTRUCTION DU.LOMBRIC ou VER DE TERRE, Par M. ALFRED WESMAEL, Horticulteur à Bruxelles. Chacun connait le lombric, ou ver de terre (Lumbricus terrestris. Linn.), animal appartenant à la classe des Annélides, à l'ordre des Abranches sétigères. Divers moyens ont été proposés pour sa destruction, plusieurs de ces remèdes sont sans effets, d’autres difficiles à exécuter. Un seul m'a parfaitement réussi ; il est simple, et ne coûte d'autre peine que de le préparer. À l’époque de la réeolte des noix (Juglans regia), on fait macérer l'enveloppe, appelée brou, dans une euve pleine d’eau pendant une huitaine de jours ; cette macération opérée, on laisse déposer et l’on passe au travers d’une étamine, après quoi on renferme le liquide dans des cruches, que l’on a soin de bien boucher; ceci terminé, on les dépose dans la cave. Lorsqu'on veut faire agir le remède, on prend un verre à bierre de cette liqueur, qu’on mélange à un arrosoir d’eau, puis on arrose la plante qui est attaquée, et un moment après on voit sortir les lombries comme par enchantement ; on les saisit et on les écrase, et l’opération est ter- minée. — 381 — PATHOLOGIE VÉGÉTALE. MODE DE GUÉRISON DE LA MALADIE DE LA VIGNE, PROPOSE AU MOYEN DE L'EAU CHARGÉE D'HYDROSULFATE DE CHAUX , Par M. CH. MoRREn. La société royale d’horticulture de Liége a saisi l’occasion de la publi- cation de son catalogue d’exposition (hiver 1852), pour recommander le procédé de M. Grison tendant à arrêter le ravage de l’oidium. On croirait, à lire cet article, que l’expérience a sanctionné la validité de ce moyen. Le Journal de la Société d’horticulture pratique de l’Ain (n° 6, 1852), éta- blit, au contraire, que ce moyen est seulement proposé à titre d'essai, ce quiest bien différent. M. Vevrier, jardinier en chef à l’école régionale de la Saulsaie, demande même publiquement que les personnes qui auront essayé de ce moyen veuillent bien adresser les renseignements sur les résultats , à la société. Ce n’est donc pas un succès acquis, mais à con- stater. Le procédé, le voici : « Il faut prendre 250 grammes de fleur de soufre avec autant de chaux fraichement éteinte, les mettre dans un vase allant sur le feu : on délaye d’abord en versant dessus tout doucement trois litres d’eau, ensuite on fait bouillir, pendant une demi-heure environ, pour- réduire à peu près à deux litres et demi. Il faut remuer pendant l’ébulli- tion, après laquelle on laisse reposer pour tirer au clair et mettre dans un vase clos. — Au moment de s’en servir, on prend un litre de ce liquide que l’on met dans cent litres d’eau, et, avec une seringue, on arrose ses vignes une première fois avant la pousse, et une autre fois avant la flo- raison.» Les rapports officiels, transmis au gouvernement francais, attestent au contraire que rien n’est plus efficace que la fleur de soufre aspergée sèche après mouillage préalable de la vigne malade. CULTURE MARAICHÈRE. mt GOUTS GASTRONOMIQUES DE CERTAINS PERSONNAGES CÉLÈBRES. Nous avons toujours regretté de voir une branche de l’histoire univer- selle beaucoup trop négligée par les Thueydide, les Titc-Live, les Tacite, — 998 — les Plutarque, les Rollin, les Crevier, les Lebeau, Les Mézerai, ete. Cette branche est celle de la prédileetion de certains grands hommes pour tel ou tel aliment, qui, souvent plus que vulgaire, forme un singulier contraste avec le haut caractère et les grandes actions de la plupart de ces hommes célèbres. C’est pour remplir en partie cette lacune que nous avons réuni et classé par ordre chronologique, les goûts gastronomiques de quelques- uns de ces grands hommes, qui cependant ne sont pas tous grands, mais qui ont plus ou moins de droit à la célébrité. Notre liste n’est pas très- longue, quoiqu’elle commence avec l'Empire romain ; nous n’avons, pour ainsi dire, qu’effleuré le sujet, parce qu'il a fallu proportionner le cadre à la place qui lui était destinée dans notre galerie. Passons à l’ami de Cinna, plus habile politique que friand gastronome. Auguste, mort l’an XIV de J.-C., aimait de préférence le pain bis, les petits poissons , le fromage de lait de vache et les figues fraiches. Il ne buvait ordinairement que trois coups à chaque repas. On voit qu'il était simple dans ses goûts et fort sobre. Apicius (Cœlius) , célèbre gastronome romain, dont le nom a passé en proverbe, et qui a écrit sur la bonne chère (De arte coquinarid), était passionné pour les homards, surtout pour ceux de Minturnes, qui pas- saient pour les plus beaux. Ayant ouï dire qu'il y en avait de plus gros et de plus délicats vers les côtes d'Afrique, il frête sur-le-champ un vaisseau et part pour s'assurer de la vérité du fait. Arrivé vers le terme de sa course, il rencontre un des pêcheurs et leur demande des homards , sur- tout des plus beaux de ces parages ; voyant qu’ils n’ont rien de plus que ceux de Minturnes, il ordonne sur-le-champ au pilote de virer de bord et retourne à Minturnes, où il continue à se régaler des homards de la côte de la Campanie. Cet Apicius était fort riche; après avoir dissipé, tant pour sa table qu'autrement, cent millions de sesterces (environ 20,569,166 fr. de notre monnaie) , il régla ses comptes, et trouvant que, ses dettes payées, il ne lui restait plus que dix milliens de sesterces (2 millions 057,916 fr.), il s’empoisonna, craignant de mourir de faim. Claude, empereur, mort l’an LIV deJ.-C., avait une grande prédilection pour les champignons. Hélas! on sait que, grâce à la tendresse conjugale de sa chère Agrippine, et aux soins empretsés de son médecin Xénophon, ce régal le mit en moins de deux heures au rang des dieux. Charlemagne, premier empereur d'Occident, mort en 814, quoique très-frugal, aimait beaucoup le gibier. Dans les jours ordinaires , dit Éginhard, il n’y avait que quatre plats à sa table, non compris une pièce de gibier que ses veneurs lui apportaient tout embrochée , parce qu'ils savaient que c'était son mets favori. Adrien VE, élu pape le 9 janvier 15922, et mort le 14 septembre 1525, était haï des Romains parce qu'il aimait la merluche, dit PaulJove; mais il l'était bien davantage pour la sévérité qu'il mit à vouloir réformer lesmœurs. — 959 — Luther, chef de la réforme, mort en 1546, était un bon biberon qui donnait la préférence à la bière de Torgau et au vin du Rhin. Mélanchton, premier disciple de Luther, et qui décéda en 1560, aimait mieux Ja soupe à l’orge, les goujons et autres petits poissons, ainsi que les légumes entremêlés de petits morceaux de viandes hachées. Le Tasse, admirable poëte italien, mort en 1595, avait une prédilection marquée pour les mets sucrés cuits au four, pour les massepains et les fruits confits. Il aimait tellement le sucre, qu’il en mettait dans sa salade. Henri IV, roi de France, mort en 1610, était passionné pour les melons et pour les huitres; il en mangeait immodérément. Il paraît que le vin d’Arbois, dont il faisait grand usage, le sauvait des indigestions auxquelles l’exposait de tels aliments. Hocquincourt (le maréchal d’), mort en 1658, avait un goût particulier pour les queues de mouton, auxquelles, disent les Mémoires du temps, il reconnaissait la propriété d’influer sur la gaieté des convives; aussi a-t-il gardé toute sa vie un cuisinier qui avait trouvé le moyen de préparer des queues de moutons en caisse , que le maréchal emportait à l’armée pour mettre ses officiers en belle humeur. Crébillon fils, littérateur français, mort en 1777, était un mangeur d’huitres insatiable. Voltaire, mort en 1778 , ne se faisait remarquer par aucun goût par- ticulier en fait de comestibles ; mais le café était sa boisson favorite; il en prenait avec excès. Il en était de même de M. de Buffon et du marquis de Contades , qui faisait plus encore, car il refusait l'entrée de sa salle à manger à quiconque ne prenait pas deux tasses de café coup sur coup. Lessing, célèbre écrivain allemand, mort en 1784, aimait par dessus tout les lentilles; il eût été homme à faire la sottise d'Ésaü. M. Rogerson , gastronome anglais, donnait, dit-on , la préférence aux ortolans ; du moins, le dernier acte de sa vie semble le prouver. On assure que ce digne émule d’Apicius a dépensé, dans l’espace de neuf mois, pour sa table et en expériences culinaires, la somme de 150,000 liv. sterling (3,750,000 fr. de notre monnaie), ce qui composait toute sa fortune. Réduit à la misère et au triste état de mendiant, il employa une guinée, la dernière dont on lui avait fait la charité, à l’accommodage d’un ortolan, son mets favori; et, après l’avoir savouré avec toute la délectation d’un profès consommé dans l’art de déguster, il se fit sauter la cervelle. Frédéric-le-Grand, roi de Prusse, mort en 1786, avait pour mets de pré- dilection le polenta ; c'était une espèce de gâteau d’orge réduit en poudre et torréfié. Paul 1, empereur de Russie, était grand amateur de pâtés de foies de canards. Il accorda la grâce à un exilé, qui avait trouvé le moyen de lui envoyer de Toulouse, chaque semaine , un de ces pâtés , dont le voyage n'altérait point la fraicheur. Klopstock, l’auteur de la Messiade, mort en 1805 , est bien digne de = 0 — figurer parmi les gastronomes allemands; il souriait et s’attaquait de pré- dilection aux pâtés truffés, au saumon , à la truite saumonée; il arrosait tout cela d’un excellent vin du Rhin. Dans ses dernières années, une bou- teille de Bordeaux lui plaisait davantage. Parmi les légumes, il donnait la préférence aux pois, mais au dessert, le raisin était sa passion favorite. Kant, le prince des philosophes allemands , mort en 1804, n’était pas aussi recherché dans ses goûts ; il faisait ses délices d’une purée de len- tilles , d’une purée de panais, préparée au lard ; d’un pudding au lard, à la poméranienne; d’un puddiug de pois secs aux pieds de pores , et de fruits désséchés au four. Pour mieux savourer ces trois mets ce n’était pas trop de trois heures. Kant se mettait à table à une heure, et apportant à cette sérieuse affaire une application vraiment philosophique , il ne la quittait jamais avant quatre heures. Schiller , célèbre poëte allemand, mort en 1805, aimait tellement le jambon, qu’il en mangeait presque tous les jours, et, malgré cela, il bu- vait peu. De Lalande, astronome, mort en 1807, avait un goût assez bizarre pour les araignées; il les prenait délicatement, et, malgré l’agitation de leurs pattes, il les portait à sa bouche, les suçait, les savourait et les avalait avec une délicieuse sensualité. Napoléon, mort à Sainte-Hélène en 1821 , n’avait de préférence mar- quée que pour le café ; il en prenait jusqu’à vingt tasses par jour, et ne s’en portait pas plus mal. Les autres plaisirs de la table lui étaient assez indifférents; aussi son chambellan affidé, M. de Cussy, gastronome re- nommé, a déploré toute sa vie que le sentiment de la cuisine ait manqué à son empereur ; ce qui lui faisait dire que le plus grand homme ne pou- vait être complet. Lord Byron, célèbre écrivain anglais, mort en 1824, n’est eité dans notre liste qu'à cause de la singularité de ses goûts et de ses habitudes en fait de nourriture; notez que nous ne disons point en fait de gastronomie ; car son nom n'est pas digne de figurer dans les annales de cet art par excellence. Sachez donc que lord Byron ne déjeünait ni ne soupait ; son unique repas, qu'il appelait son diner, se composait de vieux fromage de Cheshire en état de décomposition complète, de concombres et de choux rouges conservés dans le vinaigre. Il mangeait beaucoup de ce fromage, qu'il arrosait de cidre ou de bière de Burton. Il prenait beaucoup de thé très-fort. Après le repas il buvait du vin et des liqueurs. Croirait-on que ce Byron, malgré son génie, sa forte tête et son scepticisme, était super- stitieux? Il n’eût rien commencé d’important le vendredi; renverser la salière ou l’huilier lui semblait du plus mauvais augure; mais, pour du vin renversé, c'était différent, il en tirait un bon présage ; consolation dont ne s’aceommoderait pas un vrai biberon. AE: KR hu ss DES mes Sn UE HS sh és sabre ls PL MR 0 1. NE: M dupe: 1 Fute ets fes Le lu SO ERA ni ne Le Aer DUT ess À Éd. NE ob. LL. “Hd: pu, AA An LE or on AA Ce Retro nt vb erd DUT “pie “np miss nids miss FE Ur Ce | 2 + AI TIC. ARE pr mr se D Sa se di patch ST HA TE rm | CRE 298q | De motos sastés re JF PPS Abba 1% pu IP réeer- a 24 tn a Abo + ere à We - PARENT ri À cn nn FN re Hisor 91 un an vs” ‘- ARE PURE À in SES fr sai à CR 7, SG? 1.2.9.Cedronella cana. Hook. 4.5.6. Grindelia grandiflora . Hook. — 541 — HORTICULTURE. NOTICE SUR LA CÉDRONELLE A FEUILLES BLANCHES (CEDRO- NELLA CANA), Par M. CH. MoRREnN. Parmi les plantes de pleine terre nouvelles qui feront époque dans l’his- toire de nos jardins, figure en ce moment une labiée dont l'introduction est toute récente. Cette jolie espèce forme un buisson dont les tiges nom- breuses se pressent et se terminent chacune par un bel épi de fleurs roses; elle atteint ainsi de deux pieds à deux pieds et demi et des branches pres- sées aussi naissent surtout du bas; ces branches sont opposées, carrées, poilues et la pubescence courte. Les feuilles sont étroites et entières, poilues et blanchâtres à la partie supérieure des tiges et près des fleurs, et là elles deviennent nombreuses et rapprochées, ovales ou ovales-lancéo- lées ; celles du bas plus grandes, cordées-ovales ou s’approchant de la forme hastée, presque toutes obtuses, rarement acuminées et alors pour- vues de grosses dentelures, les dents ne se dirigeant pas vers le sommet. Les verticillastres ou faux vertieilles des fleurs axillaires, disposés en épis, pourvus de pédoncules courts, les fleurs s’élevant vers la pointe. Le calice est tubuleux pourvu de cinq dents fines, étroites, subulées ou subulées- lancéolées. La corolle est rose, d’un pouce environ de longueur, le tube visible sortant du calice, nue en dedans, la gorge dilatée, le limbe bilabié, la lèvre supérieure droite, presque plane, émarginée-bifide , l’inférieure trifide , le lobe moyen grand; les étamines, au nombre de quatre, ascen- dantes , didynames, les inférieures plus courtes, les anthères biloculaires à loges parallèles ; le style bifide au bout, lobes subulés stigmatifères à l'extrémité. Cette charmante espèce de cédronelle a été découverte par M. Charles Wright dans son voyage du Texas occidental au Nouveau-Mexique. Il à été reconnu de suite en Angleterre, par sir William Hooker, que la plante de M. Wright était nouvelle et distincte par la blancheur de ses feuilles due à l'existence d’un grand nombre de petits poils. Elle est originaire du lieu nommé Æ{ Pasco au Nouveau-Mexique. Les feuilles renferment une huile odorante. Robuste, vivace, bravant nos hivers, se contentant du sol vulgaire de nos Jardins, cette cédronelle à fleurs roses et à feuilles blanches deviendra ornement de nos jardins. Venant de graines ou se multipliant par divi- sions de pieds, elle ne peut tarder à se répandre : de même en bouturant les jeunes pousses du bas, on obtient de bonnes plantes. BELG. HORT. T. HN. 45 — 3542 — Favorisés de la possession de cette jolie espèce, plusieurs de nos abonnés nous ont déjà annoncé qu'à l’arrière-saison le bureau du journal sera chargé de la distribution de cette nouveauté destinée à une véritable popularité. NOTICE SUR LE GRINDELIA A GRANDES FLEURS, NOUVELLE COMPOSÉE DE PLEINE TERRE, PAR LE MÈME. Le docteur Charles Wright que nous venons de citer honorablement pour sa découverte et son introduction de la cédronelle à feuilles blanches, verra son nom attaché à l’histoire d’une autre belle plante de pleine terre due également à ses soins et à ses connaissances. Ce botaniste a découvert récemment au Texas une nouvelle espèce de grindelia à laquelle sir Wil- liam Hooker n’a pas hésité de donner le nom de grandiflora pour indi- quer l’ampleur de ses capitules. C’est, en effet, une brillante composée de la section des astéroïdées dont les caractères sont les suivants : Racine sans doute bisannuelle. peut-être annuelle , fibreuse. Tige moyennement de quatre pieds de hauteur, droite, herbacée, simple jusque près du sommet où poussent en corymbe des branches nombreuses, chaque branche étant feuillue et terminée par une fleur. Toute la plante est forte, vigoureuse et presque glauque. Les feuilles sont alternes, sessiles, pour- vues d’une base large, cordiforme, semi-amplexicaule, lancéolées, graduel- lement amincies à la pointe, dentées vers la base et le reste entier. Les fleurs ou capitules grandes, solitaires, terminant les branches , d’un bel orange brillant clair. Involucre hémisphérique, glutineux, écailles subu- lées, planes ou recourbées , squarreux , herbacé. Fleurons des rayons ligulés, très-longs, pourvus d’une base un peu tubuleuse étroite; ovaire obové sillonné, portant une ou deux soies; style pourvu de branches subu- lées ; fleurons du disque tubuleux, à cinq dents, ovaire comme aux fleu- rons des rayons, de trois à six soies, style plus long que les étamines, branches dilatées, au-dessus veloutées. Réceptacle fovéolé. Cette espèce de grindelia est robuste, elle croît volontairement en plein air et en pleine terre durant l’été : elle a montré ses fleurs le 1% no- vembre en Angleterre. Quand ces fleurs sont développées c’est une espèce brillante, d’un effet riche. Vers l’automne les tiges deviennent dures et ligneuses , mais, après la floraison , ces mêmes tiges se dessèchent et meurent. On pense donc que ce grindelia sera bisannuel , mais on ne le sait pas encore d’une manière certaine. Les graines n’ont pas müri comme au Mexique, mais on a essayé d’en faire des boutures et cette expérience a complétement réussi. Ces boutures s’obtiennent à la fin de er. l'été; on les conserve dans une serre tempérée, une bâche froide ou un appartement , el, le printemps venu, on les confie à la pleine terre. Ce procédé sera le meilleur pour conserver cette jolie plante d'automne dans nos collections. ÉTABLISSEMENT DES PELOUSES OU TAPIS D'AGRÉMENT , Par M. Bossix, Horticulteur à Paris. Les pelouses, tapis de verdure, tapis d'agrément, gazon discret, peuvent être établies avec succès à deux époques de l’année, au printemps et à l'automne. Pour établir ces pelouses il faut donner un labour profond; purger le sol des mauvaises herbes, et enlever les racines d'arbres et des plantes parasites , ainsi que les pierres qui se trouvent dans la couche arable du sol, qui devra toujours être très-ameubli et assez substantiel ; il sera passé à la claie, toutes les fois que le propriétaire pourra et aura le temps de faire exécuter ces travaux convenablement. Dans les terres sèches et sablonneuses les semis d'automne sont préfé- rables (nous entendons par semis d'automne ceux que l’on peut faire depuis le 41° octobre jusqu’au 1% décembre); on peut semer un peu plus tôt et un peu plus tard que les termes que nous indiquons et réussir très- bien, si le temps est convenable, c'est-à-dire s’il ne fait pas trop sec en septembre , et si les gelées n'arrivent pas dans le courant de décembre, en prenant quelques soins et précautions on peut semer presque toute l’année. Pour semer les pelouses on devra apporter la plus scrupuleuse attention sur le choix et l’âge des graines. Le Ray-grass semé seul, fait de jolis tapis verts; la graine de deux ans n’a pas encore perdu sa faculté germi- native. Mais il n’en est pas de même des autres graminées qui, pour la plupart, germent peu ou pas au bout d’un an. Pendant notre séjour en Angleterre, nous avons pris quelques renseignements sur la manière d’en- semencer les pelouses; on nous a dit que la finesse des herbes que nous avons vues était le résultat d’un mélange d’Agrostis , de Ray-grass, de Poa et de Festuca ; les personnes qui ont visité le beau jardin de Kew, ont pu remarquer la finesse, la pureté et la fraicheur de ces gazons. Çà et là, au milieu de ces tapis verts, on rencontre des corbeilles ou des petits massifs de Cupheu, de Rodanthe Manglesii, de Petunia, de Clarkia,de Bar- tonia, d’Héliotropes et beaucoup d’autres plantes. Toutes ces fleurs grou- pées par massifs en corbeïlles font un trés-joli effet; du reste, dans toutes nos publications nous avons recommandé ces massifs, et nous avons sou- — 54% — vent aussi appelé l'attention des amateurs sur les semis successifs de plantes annuelles, que l’on fait au pied des arbres tiges plantés au milieu des pelouses. Les fleurs employées avec avantage et dont la vivacité du coloris les font rechercher sont le Collinsia bicolor, les Nemophylla, la Cynoglosse à feuilles de lin, les Malopes, les Silènes et une infinité d’au- tres qui pourraient remplacer celles que nous désignons ; on forme au pied de l'arbre , des ronds , des ovales, des losanges, on laboure et on sème la graine, qui ne tarde pas à germer et à fleurir. Ces petits massifs peuvent se renouveler trois fois dans le courant de l'été. On peut ensemencer les grandes pelouses avec des graminées fauchables et produisant du foin égal à celui des bonnes prairies; le pourtour de ces pelouses à 2 ou 5 mètres de l'allée , pourra être semé en Ray-grass ou autres herbes fines, il en sera de même pour:les parties les plus rappro- chées de la maison d'habitation, la quantité de graine de Ray-grass em- ployée par hectare varie en raison de l’époque et de la nature du terrain; on estime en moyenne 100 kilogr. de graine pour couvrir cette surface ; pour les bordures, avec un demi-kilogr. on sème 50 mètres courant. Les Poa, les Festuca, les Brisa, les Aira, sont employés dans des proportions relativement très-minimes. Le Ray-grass anglais vient dans toutes les terres, et peut être semé aussi dans toutes les expositions ; mais pour les terrains secs, élevés, sablonneux, il faut composer des mélanges variés avec des Paturin des prés, Fétuque hétérophylle, Fétuque ovine, Fétuque rouge , Flouve odo- rante, Cretelle des prés, Briza media, Bromedes prés, Agrotis les variétés et trèfle blanc. Pour les sols ombragés , excepté sous les arbres verts, on sème avec succès les Poa nemoralis, la Canche flexueuse, les Festuca rubra et heterophylla, la Flouve odorante, les Agrostis. La fétuque glauque est très-propre à former des bordures dans presque tous les terrains. On devra faucher les tapis de verdure proprement dits, une fois tous les mois; après chaque opération il est nécessaire d’arroser immédiatement et passer le rouleau aussitôt après. Dans les endroits ombragés, on fau- chera seulement une ou deux fois, encore avec assez de ménagement et de discernement. | Pour émailler les pelouses, quelques personnes sèment, après les gra- minées, des graines de Trèfle blanc, du Lotier corniculé, de la Paquerette; au printemps, on ajoute de la Cynoglosse à feuilles de lin et de la Giro- flée ou julienne de Mahon. À l'automne, on plante aussi en petite quan- tité des crocus , des colchiques, des helleborines, des anémones simples. Avec ces semis et plantations, la pelouse se trouve couverte de fleurs de différentes couleurs qui sont d’un agréable effet. Après avoir répandu la graine, on l’enterrera au moyen du rateau ou de la herse. Cette opération terminée, on jettera sur le sol À centimètre environ de terreau, si on en a; dans le cas contraire, on passe le rouleau seulement. Un ou deux mois après, selon l’époque des semis, on procédera — 545 — à l'enlèvement des mauvaises herbes, que le sol ou le fumier auront pro- duites. Ce sarelage devra se renouveler deux fois par an, à l’automne et au printemps. Une pelouse bien soignée peut durer vingt ans; si au con- traire on la néglige, elle ne vivra que quelques années. Nous disons qu’une prairie peut durer longtemps, mais à la condition de la restaurer et de la régénérer de temps à autre. Cette restauration se fait avec des rateaux, soit en mars, soit en octobre et en novembre, et elle a pour but d'enlever la mousse et les lichens qui contribuent puissamment à sa destruction. Une fois la mousse enlevée, on répand du fumier court sur la pelouse, ou du terreau de couches ou du terreau de feuilles, après avoir semé dans les places vides les graines de gazon anglais ou autres. On pourra faire cette opération par un temps frais ou lorsque la terre sera humide sans craindre de causer la mort aux herbes qui se trouveraient déracinées par les dents du rateau à dents de fer. REMARQUES SUR LA MULTIPLICATION DES YUCCAS, Par M. A. Boucouéau, Secrétaire de la Société d'horticulture de Nivelles. (Lettre au Rédacteur de la Belgique horticole.) J'ai le plaisir de vous communiquer quelques observations relatives à la facile multiplication des yuccas. Comme elles peuvent offrir de l’in- térêt aux horticulteurs-jardiniers en vue de la propagation des espèces de ce beau genre, je vous les transmets avec l’autorisation de les faire paraitre dans votre utile et respectable journal. Vers le 15 avril 1851, des tiges de 3 à 4 pieds de hauteur furent cou- pées sur un pied de Yucca Draconis, que j'appellerai volontiers ferox, pour indiquer les dentelures qui se trouvent sur les bords des feuilles et présentant l’aspect des dents d’une scie. Deux mois plus tard, mon jardi- nier jeta accidentellement l’une d’elles qui avait fleuri l’année précédente, dans une couche où se trouvaient des détritus de feuilles amassées depuis les automnes précédents, dans le but d’obtenir du terreau végétal. Peu de temps après, la tonte des haies ayant eu lieu, un amas assez considérable de nouvelles feuilles vint s’amonceler dans cette même couche et couvrit presqu’entièrement la tige de yucca. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque, en novembre dernier, je retrouvai cette vieille tige oubliée depuis longtemps et ensevelie dans ces feuilles, pleine de vie et de santé. Elle gisait toujours horizontalement comme elle avait été jetée, mais au bas de cette bouture d’un nouveau genre était né — 546 — un amas considérable de racines adventives présentant un chevelu d’au moins vingt-cinq centimètres de longueur. Ayant considéré de plus près encore cette espèce de tronc dénudé de feuilles, je vis avec un étonnement redoublé que de nombreux bourgeons s'étaient développés sur une lon- gueur de quarante centimètres, à partir du bourrelet ct aux cicatricules où s'étaient autrefois trouvé les feuilles. Les œilletons ou bourgeons, au nombre d'environ une trentaine, offraient l'aspect le plus sain et adhé- raient complétement au vieux trone qui avait servi à leur formation. Ces bourgeons reproducteurs acquirent bientôt de deux à trois pouces de lon- gueur. Tous sans exception tendaient à s'élever, et, par conséquent, ils. formaient un angle droit avec la tige-mère. On connaissait l'énergie vitale des yuccas qui subsistent plus d’une année entière malgré les conditions d'abandon où on peut les laisser, mais je ne sache pas qu’on ait constaté la facile voie qu'ils offrent à la multi- plication par un procédé que le hasard est venu nous faire découvrir. Dans les catalogues des marchands on voit des espèces de ce genre cotées à des hauts prix. J'ai done lieu de croire que ce procédé pourra, non-seu- lement être simplifié, mais encore utilisé. Le seul mode de multiplication que l’on recommandait jusqu'ici était de bouturer les couronnes ou som- mités des troncs ou les œilletons enracinés du bas des tiges, mais ces der- niers naissent en pelite quantité, et on aime peu à sacrifier la couronne de ses pieds pour voir augmenter le nombre de ceux-ei. ADDITIONS RELATIVES AU MÊME SUJET , Par M. Cu. MoRRrEn. Au moment même où nous recevions de l'honorable M. Boucquéau la lettre qui précède, nous lisions dans un numéro de l’Æorticulteur français le procédé suivant, indiqué par M. Herineq, pour propager les yuccas. Jamais observation ne vint plus à propos que celle du savant secrétaire de la société d’horticulture de Nivelles. « Quant à la multiplication, autrefois on attendait que la nature fit naître, du pied, des œæilletons enracinés qu’on s’empressait de séparer; les yuccas étaient alors assez rares dans les jardins. Aujourd'hui on les multiplie rapidement et avee la plus grande facilité; mais il faut en saeri- fier un pied déjà assez âgé et qui possède une bonne souche souterraine. On coupe tout simplement la tige ras de terre, au printemps, lorsque la sève est en mouvement, et bientôt on voit naitre une infinité de petits rejetons. À mesure qu'ils apparaissent et avant même qu'ils aieut:pris racine, on les enlève, à l’aide d’un instrument tranchant, avec un talon, c’est-à-dire avec une partie de la souche, et on les enterre dans des petits — 94T — pots remplis de terre bien meuble mélangée de sable; en peu de temps, ils forment de jeunes et vigoureux yuccas. Si, pour enlever ces œilletons, on a été contraint d'enlever la souche, on la replace en terre sans autres précautions que de la couvrir assez pour empêcher l'air de la dessécher et cela continue à produire de nouveaux rejetons. On répète cette opération jusqu’à son complet épuisement; mais avant d'en arriver à cet état, elle aura fourni de nouveaux sujets. » On le voit facilement, M. Herineq utilise la souche et il sacrifie le tronc. M. Boucquéau, au contraire, ne parle pas de la souche, mais il utilise le tronc coupé. Des deux côtés done, il y a bénéfice. La souche fera pousser des œilletons qui, enlevés avec un talon , deviennent autant de pieds libres. Le tronc enterré dans une couche produira à son tour des bour- geons qui, enlevés de même avec un talon, donneront autant de nouveaux individus. La reproduction des yuccas vient donc de s'enrichir de deux sources fécondes de multiplication, et il est à espérer que l’une et l’autre seront mises à profit pour la plus grande utilité des nombreux amateurs de ce beau genre. N'oublions pas que dans nos grandes expositions d’hor- ticulture de Belgique, un concours spécial est ouvert aux yuccas, et qu’au- jourd’hui plus que jamais ces belles monocotylédones sont vivement recherchées pour l’ornementation de nos jardins. REVUE DES PLANTES NOUVELLES. Bendrobiumm aqueum. Lindl. Bot. Reg. 1845. mise. v. 6, t. 54. — Hook. Bot. mag. 4640. 1852. Dendrobium aqueux. Famille des orchi- dées. Tige arrondie-comprimée, articulée , striée. Feuilles distiques, ovales-lancéolées, acuminées, striées , sépales et pétales ovales , aigus, planes, corne courte obtuse, labellum subrhomboïde-ovale, trilobé, pu- bescent au-dessus , lobes latéraux petits, obtus, recourbés, le terminal triangulaire , denticulé-frangé, nervé, disque médian creux et vers la base une ligne élevée et large. La première fois qu’on vit cette orchidée, ce fut dans la collection du révérend William Clowes. Récemment on l’a rècue de nouveau de Bombay d’où M. Law l’a envoyée à Kew. Les feuilles sont belles, accompagnent les fleurs qui sont blanches et grandes comme un écu de cinq francs. La culture se fait comme chez les autres orchidées de serre chaude. Eucalyptus coccifera. Hook. fil. in Lond. Journ. of bot. v. 6, p. 478. — Hook. Bot. mag. 4637. 1852. Eucalypte à coccus. Famille des myrtacées. Arbre à feuilles glauques; rameaux jeunes anguleux, feuilles alternes , assez longuement pétiolées coriaces , ponctuées, marginées, planes, obscurément penninerves , terminées par une pointe très-fine et NS — aiguë, corymbes terminaux multiflores et alors foliifères, pédicelles com- primés , à deux tranchants, opercule hémisphérique , centre déprimé, calice obconique rugueux (très-glauque), angles au nombre de quatre, élevés, étamines très-nombreuses , jaunes. Ce bel eucalyptus est origi- naire des montagnes de la Terre de Van Diemen où il a été découvert par Lawrence qui observa que les feuilles étaient tout couvertes d’une espèce de coccus. Plus tard Ronald Gunn revit cette espèce. Depuis quel- ques années elle est cultivée en Angleterre, même en pleine terre. À Exe- ter, dans les jardins de M. Veitch, on en voit un individu haut de plus de trente pieds. À Londres, protégé par des murs , cet eucalyptus brave les hivers. Sa fleuraison est abondante vers l'hiver. Culture. Pour les horticulteurs cet eucalyptus se cultivera en serre froide, mais comme il croît très-haut, il sera bon ou de le couper et de le tenir bas ou de le placer dehors. Un fort hiver les fait périr jusqu’au pied, mais moyennement cet accident n'arrive que lorsqu'il a été permis à cet arbre d'atteindre une vingtaine de pieds ou plus. Dans un conservatoire en pleine terre cet arbre croit rapidement et fait un bel effet par ses feuilles et ses branches glauques. Il se contente d’une terre médiocre et surtout franche. Hakea myréoïdes. Meisn. in Plant. Preiss. v. 1, p. 577. — Hook. Bot. mag.4645. 1852. Hakea à feuilles de myrthe. Famille des protéacées. Rameaux pubescents au bout, feuilles sessiles planes , oblongues-ovales, coriaces, piquantes, mucronées uninervées (veineuses étant sèches), mar- ginées, poilues sous la lentille, fascicules axillaires sessiles, pédicelles plus courts que le calice qui est glabre et le style longuement prolongé, stig- mate terminal cylindrique ; capsule petite, ovale , renflée, sans éperon, glabre pourvue d’une petite pointe courte et droite, nucléus de la graine étroit, ailé, marginé, aile terminale très-courte. Cette protéacée est origi- naire des bords du Swan-River, d’où M. Drummond en a envoyé des graines en Angleterre. Elle se lie à l'Hakea ruscifolia de Labillardière, mais en diffère spécifiquement. Les fleurs sont d’un rose violet et le vert est gai et un peu glauque. Culture semblable à celle des autres hakea et en général des plantes de la Nouvelle-Hollande. | Hakea seoparia. Meisn. PI. Preiss. v. 1, p. 556 (note). — Hook. Bot. mag. 4644. 4852. Hakea à balais. Famille des protéacées. Rameaux pubescents, feuilles allongées-filiformes, semi-cylindriques, mueronées- acuminées, à cinq sillons, sillons velus, côtes obtuses, dilatées au-dessous à la base; fleurs capitées, capitules sessiles, involucrés, pédicelles égalant les fleurs, périanthes glabres , style allongé plus court, stigmate eylin- drique. Cet hakea est originaire aussi de la Rivière du Cygne (Swan-River, — 949 — en Australie). Ce qu'il offre de très-remarquable est que parfois les feuilles sont renflées de manière à imiter une gousse lomentacée. La culture de cette espèce ne varie pas de celle des autres hakea et rentre dans la culture générale des espèces de la Nouvelle-Hollande. ‘Sarcanthus filiformis. Lindl. Bot. reg. 1842. Misc. p. 61. — Hook. Bot. mag. 4659. 1852. Sarcanthe filiforme. Famille des orchidées. Feuilles cylindriques-filiformes, grappes multiflores , sépales et pétales réfléchis, labellum oval au bout, gorge bidentée de chaque côté, pourvue de deux éperons au bout, colonne glabre en avant. Cette singulière or- chidée dont les feuilles filiformes mesurent un pied de long, et dont les fleurs petites, purpurines , jaunes, blanches et brunes se placent sur une longue grappe, est originaire des Indes d’où elle a été introduite par le docteur Wallich. Culture. La culture est semblable à celle des orchidées de serre chaude ordinaires. La Olearia gunniana. Hook. fil. MS. — Hook. pat. Bot. mag. 4658. 1852. Oléaire de Gunn. — Syn. Eurybia qunniana De Cand. Prodr. v. 5, p. 268. Famille des composées. Arbrisseau à rameaux, involucres et feuilles couvertes, les dernières en-dessous, d’un duvet tomenteux, blanchâtres, feuilles elliptiques-lancéolées, à pétioles courts, sinueuses-dentées, gla- bres au-dessus, pédoncules bractéolés, disposés sur des rameaux courts et terminaux, solitaires ou presque corymbeux, capitules à rayons blancs, achènes tuberculeux-ponctués. Cette composée ou arbuste provient de la Terre de Van Diemen et passe l'hiver en pleine terre dans les environs de Londres, surtout quand elle est protégée par un mur. C’est ainsi qu'on l’a cultivée longtemps à Kew où elle fleurit abondamment en automne. M. Gunn l’a découverte et il en a introduit des graines en Angleterre. Parfois les fleurs sont plus abondantes sur cet arbuste que les feuilles. Culture. Sur le continent et dans nos climats variables, cette espèce d’olearia se cultivera en serre tempérée ou orangerie. En Angleterre et déjà dans le centre de la France, elle supportera la pleine terre où elle formera un arbuste fourni, abondant en fleurs. Nous avons cultivé cette même plante dans une serre-appartement où toutes les années elle se couvre de fleurs nombreuses , semblables à celles de la marguérite; l’ar- buste ressemble pour le ton de la verdure à un éléagnus. BÉLG. HORT. T. II. 46 — 550 — LITTÉRATURE HORTICOLE. LES JARDINS DE KEW. Avant de commencer notre promenade dans ces ravissants jardins, empruntons à un rapport de sir William Hooker quelques détails sur le but de leur création et les résultats obtenus. « Ces jardins ont été particulièrement destinés à introduire des plantes nouvelles , rares et utiles, à les disperser dans les provinces anglaises et dans d’autres contrées, à alimenter les établissements d’horticulture et de botanique, et à encourager le trafic des plantes exotiques. A aucune autre époque, peut-être, l'impulsion donnée à l'introduction des plantes rares ou nouvelles, surtout des plantes utiles, n’a été aussi grande que dans ces dix dernières années. Le jardin de Kew y a largement contribué par les agents qu'il a envoyés collecter au loin, par sa nombreuse correspondance que son directeur entretient avec toutes les parties du monde; enfin par la coopération des sociétés et des particuliers, qui s’empressent d’être les intermédiaires entre l'Est et l'Ouest, le Nord et le Midi. » Il serait impossible d’énumérer ici la dixième partie des plantes de tous genres que les jardins de Kew ont recues ou données; nous men- tionnerons seulement quelques exemples. L’herbe de Tussack, des iles Falkland, dont les immenses avantages se font déjà ressentir dans la cul- ture des prairies de l'Angleterre occidentale, de l'Écosse et de l'Irlande, plus particulièrement encore dans les Orkades et les Hébrides ; l'herbe de Vara, importée dans les régions tropicales ; l'arbre à dentelle de la Jamaïque; la Jute de l'Inde; l'herbe de Chine, le meilleur produit pour la fabrication du calicot, et dont la culture a été récemment introduite dans les colonies anglaises ; le bois africain , le Teak, depuis longtemps si vanté pour la construction des navires, et pourtant encore inconnu à Ja science ; la meilleure espèce de caoutchouc (Siphonia elastica) ; FArbre- Vache (Palo de Vaca), que M. de Humboldt a trouvé dans l'Amérique du Sud, et qu'il dit être l’objet dont il a été le plus émerveillé dans tout le cours de ses voyages ; le cocotier à double noix des îles Séchelles, le plus rare de tous les palmiers; des pins de la Terre de Van Diemen; un vigou- reux palmier de la Chine. » La plus étonnante de toutes les fleurs, la Victoria regia, a été intro- duite en Europe par le directeur des jardins de Kew. Le grand nombre de nouveaux et splendides rhododendrons, envoyés de l'Inde par le D: Hooker, a excité l’étonnement de tous les botanistes. Ce savant voya- geur a découvert, à l'extrémité orientale de l'Himalaya, à une hauteur de 2,000 jusqu’à 6,000 mètres au-dessus du niveau de la mer, trente-sept espèces de rhododendrons, la plupart inconnues jusqu'alors, dont vingt- deux sont actuellement en pleine culture au Jardin royal. ob I n'y a pas en Angleterre de jardinier-fleuriste qui n'ait profité des trésors de Kew; les plantes, les fleurs deviennent entre leurs mains des articles de commerce qu’ils dispersent ainsi dans le monde entier. Bien peu de temps après l'introduction de la belle Clarkia pulchella de Y Amé- rique du nord, un naturaliste anglais vit cette fleur entre la double fenêtre d’une maison à Hammerforst, où le climat est trop froid (75° de latitude nord) pour qu'elle puisse vivre en plein air. La semence avait été envoyée d'Angleterre en Allemagne ; de là elle avait successivement passé en Dane- mark, en Suède, en Norwége, et le même naturaliste l’a retrouvée jus- qu'aux approches du cap Nord, ornant et égayant les misérables chaumières de ces tristes contrées. Certes, pour des cœurs intelligents et bienveillants, il y a dans ce fait de quoi se réjouir. Pour démontrer avec quelle activité la direction de cet établissement remplit sa mission, sir William Hooker donne une liste d’envois faits par elle depuis le commencement de l’année 1847 jusqu’à la fin de 1850, plantes, arbres ou arbustes : Bombay, 160; Bornéo, 16; Calcutta, 211; Cap de Bonne-Espérance, 60; iles du Cap-Vert, 20; Ceylan, 156; Constan- tinople , 90; Démérara, 57; iles Falkland, 118 ; Floride, 28; Mosquito, 50; Hong-Kong, 108; ete. Toutes les parties du monde, la Polynésie, lAustra- lie, l'Amérique, PAsie, les îles et les continents ont leur part dans ces distributions ; et qu’on ne pense pas que ces envois sont affaire purement de luxe ou d'agrément ; l’utilité, voilà le but proposé. Ainsi, l'ile de l’As- cension a recu 550 arbres ou arbrisseaux, choisis avec tant de jugement parmi les espèces qui ont des chances de prospérer dans leur nouvelle patrie et de lui être utiles, que déjà ces nouvelles plantations présentent une barrière efficace aux terribles vents qui désolent cette île, et contre lesquels on n’avait pu jusqu'alors se procurer aucune protection. Ce ne fut qu'en 1784 que le manguier fut introduit à la Jamaïque; or, personne n'’ignore que cet arbre, dont le fruit est, dans les pays tropicaux, aussi précieux que l’est la pomme dans nos contrées, prospère, de temps immémorial, dans le voisinage des Antilles. Ce seul fait suffit pour prouver combien est lent cet échange des biens de la terre, lorsqu'il est abandonné à l’industrie ou au caprice de l'homme isolé. Il faut une direction qui embrasse pour ainsi dire le monde entier, qui soit un centre où arrivent les nouvelles découvertes et d’où partent ces répartitions intelligentes auxquelles l'Europe a dû, mais seulement dans une longue suite de siècles, la plupart des biens que lui offrent ses vergers, et les jouissances que lui procurent ses jardins. Parmi nos fruits et nos fleurs, si bien acclimatés qu'on serait tenté de les considérer comme aborigènes, combien est petit le nombre qui appartient réellement à l'Europe! La véritable utilité des jardins botaniques est évidente; mais, pour la réaliser, il faudrait une organisation que le D' Lindley recommande en vue des rapports qu'il voudrait voir s'établir entre l'Angleterre el ses colonies, réparties sous des climats si divers, « I y a, dit-il, un grand — 9502 — nombre de jardins botaniques dans les colonies anglaises, et ils coûtent annuellement de grandes sommes pour leur entretien. Les services qu’ils rendent sont fort diminués par le manque d’un système qui les relierait tous les uns aux autres ; il n’y a pas unité de but, et ce but lui-même, pour chacun d'eux, n’est pas nettement défini; ils dilapident leurs res- sources faute de les savoir combiner, et cependant ils pourraient rendre les plus importants services au commerce et à la colonie elle-même. Tous ces établissements devraient relever de celui de Kew, qui serait comme le quartier général où se combineraient les besoins de chacun et les moyens d'y suppléer. Cette action uniforme et intelligente assurerait aux sciences, à la médecine, à l’agriculture, à l’horticulture, à l'industrie, dans plusieurs branches importantes, de précicux avantages. » Il y a dix ans que les jardins de Kew ont été, pour “ds première fois, ouverts au public: voici l'usage que le public en a fait. Le nombre des visiteurs a élé ; En 1841, 9,174 En1845, 28,139 En 1848, 91,708 4842, 11,400 1846, 46,573 1849, 137,863 1843, 13,492 1847, 64,282 1850, 179,627 184%, 15,144 En 1851, jusqu'à la fin de septembre, et, par conséquent, y compris l’époque où l'exposition nationale a amené à Londres un grand nombre d'étrangers, les jardins de Kew avaient recu 508,000 visiteurs ! Ce nom- bre permet de porter à 200,000 celui de la moyenne annuelle en ce mo- ment, mais qui parait devoir grandir rapidement. Si la plus grande partie des visiteurs cherchent seulement, dans ces ravissantes promenades, leur agrément ou un exercice salutaire, bon nombre y viennent dans un but d’une utilité moins personnelle : les uns pour l’étude des plantes, pour dessiner des sujets de botanique, esquisser les plus beaux spécimens d'arbres à introduire dans un paysage, ou copier de nouveaux produits du règne végétal, modeler des fleurs, découvrir de nouvelles combinai- sons de forme pour le décor ou pour le dessin des étoffes. À Londres, les écoles de dessin et de composition trouvent de grandes facilités dans le jardin royal, qui, sur une simple demande, leur envoie à domicile les modèles dont elles ont besoin. Les écoles d'éducation, et surtout les écoles de charité, fréquentent Kew, et il n’est pas à croire que ces promenades, faites par plaisir, soient entièrement perdues pour l'instruction. Le subside annuel que reçoit l'établissement de Kew est de 175,000 fr., et cette somme suffit à peine aux besoins. On a beaucoup dit que linsti- tution devrait trouver en elle-même de suffisantes ressources pour ne dépendre que de son propre revenu; que pour cela il fallait faire payer un droit d’entrée de 90 centimes, et qu’à ce prix on pouvait compter sur 200,000 visiteurs. C’est un essai qu’on fera bien de ne pas tenter; car, eût-on la certitude de retrouver une somme égale et même supérieure, on n'aurait pas celle de pouvoir maintenir le règlement assez sévère que — 995 — nécessite l'intérêt même du bon ordre et de la préservation des collections. Dans ce règlement, il est dit : « Arr. 4, Il est formellement défendu de fumer dans le jardin, d'y boire, d'y manger ou d’y introduire aucune provision quelconque. » Arr. 2. Aueun paquet n’est admis à l'entrée. Les dames qui désirent déposer leurs manteaux, ombrelles, etc., peuvent les laisser dans le vestiaire. » | John Bull et sa famille, lorsqu'ils sont hors de leur logis en partie de plaisir, ont un incessant besoin de « rafraïchissements, » quelque substan- tiel et récent qu’ait été leur dernier repas. Un jour, nous nous trouvames en diligence avec une vieille dame, qui sortit de son cabas une fiole qu’elle appelait plaisamment son « pistolet de poche » et une provision de gâteaux. Après avoir poussé un profond soupir de joie et de soulagement, elle se mit à l’œuvre en s’écriant : « Nous avons fait presque vingt milles sans que j'aie rien pris ! » A Kew, les nombreux touristes qui débarquent sur le rivage ou descendent de l’omnibus font provision d'autant de paniers de fruits qu’ils peuvent en porter, comme supplément à leurs provisions plus substantielles, pour se restaurer sous le premier bel ombrage qu’ils rencontreront, avec tapis de verdure et siége rustique. Hélas! le gardien, à l’entrée, n’est pas moins inflexible que la grille de fer qui la défend : provisions et paniers de fruits sont impitoyablement repoussés ; on les dépose au pied d’un immense marronnier qui semble avoir grandi, à quelques pas en dehors du portail, exprès pour abriter ces trésors, et, moyennant deux pences (20 centimes), un invalide les surveille fidèlement. Qu'on ne crie pas à la tyrannie. Avec les habitudes des Anglais, la verdure disparaîtrait bientôt sous les débris de tous genres : écorces d’o- ranges, enveloppes de pâté, os de viandes froides, paniers vides, bouchons et bouteilles d’eau de soude, de vin de Champagne, bouts de cigares, etc. Si vous suecombez à la faim, les tavernes et les jardins à thé sont nom- breux à quelques pas de là. Cela n’empêche pas le publie de murmurer, d’accuser la direction de sévérité exagérée, comme une servante qui trouve « Madame trop exigeante, » parce que sa maitresse maintient une stricte discipline. Jetons encore un coup d’œil sur le règlement : « ART. 5. Les personnes qui ne seraient pas vêtues d’une manière respectable ne peuvent pas être admises, non plus que les enfants trop jeunes pour être abandonnés à eux-mêmes, à moins que ceux-ci ne soient convenablement accompagnés. La police a l’ordre formel d’expulser toute personne qui commettrait une inconvenance quelconque. » ART. 4. Il n’est en aucune manière défendu de marcher sur les pe- louses ; cependant, le public est prié de donner la préférence aux sentiers sablés, et l’on recommande particulièrement de ne pas marcher sur la bordure de gazon qui suit parallèlement le sentier ; rien ne pourrait la rendre plus désagréable à la vue. mm: Des » ART. d. Le public est prévenu qu’il faut s'abstenir absolument de toucher aux plantes et aux fleurs; autrement ce serait s’exposer à être soupconné de vouloir couper une branche ou cueillir une fleur, et encourir par là la chance d’une honteuse expulsion. » Nous avons eu la curiosité de savoir quelle classe de la société a pu exiger de pareilles précautions, et nous avons appris, non sans surprise, que c’est précisément celle qui devrait avoir au plus haut degré le senti- ment et le respect des convenances. Ce ne sont pas les classes inférieures qui pillent et commettent des dégâts dans les jardins de Kew. Un jour, nous avons vu une bande d’enfants qui n’eussent, certes, pas été admis, si l’article 5 était scrupuleusement observé, danser une ronde autour des vases de fleurs, dont la vue les jetait dans des transports de joie; ils les admiraient, les adoraient presque, mais nul d’entre eux ne songeait à y porter la main. Si, à peu près le même jour, un membre distingué d’une profession libérale a dérobé un fragment d’une fougère, nié le fait, puis été forcé de le confesser, la plante était retrouvée sur lui; si, la veille ou le lendemain, des femmes élégantes ont arraché des fleurs qu’elles auraient dû respecter scrupuleusement, quelle opinion peut-on se faire des notions morales de pareils amateurs ? C’est une des maladies de notre siècle que la prétention de faire exception ; on trace sévèrement pour les autres la règle à laquelle on ne fait nul scrupule de manquer. Un arbuste, l’arbre corail (Erythrina laurifolia), par exemple, se trouve sur votre chemin, couvert de deux ou trois cents fleurs sur le point de s’épanouir, « Si j’en prends une, dites-vous, quel mal cela ferait-il? » Mais il y a quatre ou cinq mille promeneurs qui ont le droit d’en agir comme vous, et si chacun prend la même liberté, que restera-t-il sur le pauvre arbuste quand le soir les gardiens fermeront la grille? À combien de choses plus impor- tantes que ne l’estun jardin botanique ces réflexions pourraient s'appliquer. Mais il est temps de franchir la porte ; entrons et suivons la foule dans ces charmantes et splendides retraites. a Du temps de George IL, l’ancien bosquet, d’une étendue de 5 acres, était considéré comme assez grand pour renfermer toutes les espèces d'arbres acclimatées, et maintenant 200 acres y suffisent à peine. Le vénérable Pinnock, s'appuyant sur l'autorité de Linnée, dit qu'il est à croire que le règne végétal comprend plus de 200,000 espèces de plantes, et que, si l’on considère que la surface entière de la terre en est couverte, cette quantité ne paraîtra pas si surprenante. En 1851, l’herbier du di- recteur des jardins de Kew contenait déjà 150,000 espèces, et ce nombre, quelque étonnant qu'il soit, est probablement fort inférieur à celui de ce qui reste à découvrir et à collecter. dt À peu d’exceptions prés, tous les 2a2dividus portent ici, outre leur dé- nomination scientifique, leur nom populaire (lorsqu'ils en ont un), avec l'indication du lieu d’origine; d’où il s’ensuit que le public n’est pas mystifié, comme en tant d’autres lieux, par une nomenclature qui, sous — GDD — les noms les plus savants, déguise les choses les plus communes, et qui ne permettrait pas à cet honnête agriculteur, que nous apercevons là-bas, regardant d’un air ébahi les cygnes noirs, de se reconnaître lui-même sous le signalement de : « Bipède mammifère de la côte du Yorkshire, » ni son fidèle compagnon, sous celui de : « Quadrupède de l’espèce canine, provenant de l’archipel des Hébrides. » La grille qui forme l’entrée du jardin n’est peut-être pas moins digne que les fameuses portes du Baptistère de Florence de servir de porte au Paradis ; à droite et à gauche, en entrant, sont deux magnifiques pins de la baie de Moreton (Araucaria Cunningham); mais ces arbres sont dans des caisses ; l'hiver leur serait trop rude. Au lieu d'aller vers la serre ornée qui s'élève devant nous, prenons à gauche, et nous serons aussitôt dans l’ancien bois, qui réunit une grande variété de pins; le Pinus lari- cio de Corse, assez semblable au mélèze d'Écosse, mais plus léger de feuillage, plus noble de port. La vue de cet arbre magnifique rappelle que quelques-unes des plus belles espèces de cette famille ne se trouvent originairement qu'en des lieux très-circonserits, et sont ainsi exposées à disparaître tout à fait si l'amateur ne prend soin de les cultiver et d'en multiplier les individus. L'ile de Céphalonie, toute petite qu’elle est, et celle de Cuba, à elle seule un royaume, ont chacune un pin qui leur appartient en propre. Les véritables pins sont de l'hémisphère nord; les conifères de l'hémisphère sud ; un magnifique cèdre du Liban, ruine vé- nérable, est ici le représentant de cette famille. Le Liban tout entier n'a pas autant de eèdres qu'il en existe maintenant en Angleterre. IL serait trop long d’énumérer tous les spécimens remarquables que renferme cette collection, parmi lesquels un des plus curieux est le Pinus inops, de l'Amérique du nord, qui imite, par sa forme, le plus désolé des saules pleureurs. En sortant de cette plantation, on remarque, à droite du sentier, un arbre du Japon presque inconnu; e’est le Taxodium disti- chum, variété nutans, dont le tronc, droit et élancé, est revêtu d’une écorce tordue comme la corne du narval ou licorne de mer. En laissant sur la droite le Temple du Soleil, près duquel s'élève un superbe cèdre du Liban, on aperçoit au contour du chemin comme une immense bulle d'air se détachant sur l'horizon; c’est la coupole de cristal (*) du Palm-House (le palais du Palmier), où conduit une allée de rosiers admirables. Avant d’y arriver, la .euriosité vous attire vers un arbre dont l'étrange aspect permettrait de croire qu’il sort de forêts ense- velies dans les mines du Hartz ou des carrières de Craigleith ; c’est l’'Arau- caria imbricata, le plus ancien individu de sa famille qui soit arrivé en Europe ; Vancouver l'y apporta comme un trophée de son voyage autour du monde; sur l’une des branches du sommet est un objet semblable à un (1) C’est maintenant le mot consacré, on n’oserait pas dire un palais de verre, — 9596 — nid d'oiseau; c’est un fruit, mais stérile; cet arbre est une veuve infortu- née qui pleure la perte de son époux et prouve la sincérité de sa douleur en ne produisant que des coquilles de noix. Puisque nous sommes ramenés involontairement à parler de cette noble et riche famille des Araucaria, qu’il nous soit permis de faire une courte digression dans l'intérêt de ses admirateurs. Le Musée de Kew renferme une collection de pommes de pins, où se trouvent depuis les fruits quasi- avortés, produits du sol anglais, jusqu'aux énormes et lourdes pommes qui viennent des montagnes du Chili; parmi les premières, les plus belles ont une circonférence de 41 à 42 centimètres, tandis que les fruits de l'Amérique du sud, semblables de forme, ont jusqu’à 62 centimètres de rondeur ; l’amande, d'environ 5 centimètres de longueur, est lourde, lisse, et son apparence donne un vif désir de manger de ce fruit défendu ici, surtout lorsqu'on sait que, dans son pays d’origine, il figure au dessert sur les tables les plus recherchées. Mais le plus étonnant, dans cette col- lection, c’est la pomme de l’Araucaria de Bidwill, connu sous le nom de Bunyah-Bunyah, de la baie de Moreton, au nord-est de l’Australie, gros comme la tête d’un enfant, qui ressemble à un bel ananas sans sa couronne. L’amande a le goût de la châtaigne. A l’époque de la maturité, les naturels de l’Australie émigrent en masse dans les forêts pour en faire provision comme article de nourriture, et, pour se procurer aisément.le fruit, ils abattent l’arbre, de sorte qu’à moins que nous autres, gens civi- lisés et chrétiens, nous n’exterminions ces insulaires, il est à craindre qu'ils ne détruisent, eux, jusqu’au dernier arbre de cette espèce; grand dommage, en vérité, car c’est l’un des plus hauts et des plus nobles dans l'aristocratie du règne végétal. En Angleterre, il a de la peine à s’acclima- ter; pour mieux le protéger et, en même temps, le laisser en pleine terre, on l’a mis en espalier; étrange position pour un conifère, à quelque clan, horde ou tribu qu’il appartienne. | Avant d'arriver au palais des Palmiers, nous nous trouvons près d’un campanile d'architecture italienne; c’est la cheminée des appareils de chauffage souterrains ; la fumée est conduite par des tubes jusqu’à un fumivore dans l’intérieur du clocher, et comme pour combustible on se sert de coke, la fumée est rarement perceptible. Un peu plus loin, masqué par un bosquet, est situé le magasin au charbon, qui communique par un tunnel avec la salle souterraine, où se trouvent les fourneaux ; des wagons roulant sur une ornière de fer portent le combustible et rapportent les cendres. Le tunnel a huit pieds de haut; il est éclairé et ventilé par des puits dont l'embouchure, grillée à fleur de terre, est cachée par des masses de fleurs. Le public n’est pas admis librement dans cette partie, l’une des merveilles de l’établissement ; pour en obtenir l'entrée, il faut être en faveur auprès du Vulcain qui préside à l’appareil chargé de distribuer la chaleur à la végétation au-dessus du sol. L'eau en est le principal agent. Douze immenses chaudières, six d’un côté, six de l’autre, sont le cœur de — 301 — ce système, qui donne la vie à tout ce monde de végétaux ; les artères et les veines sont un réseau de tubes calorifères qui la répandent jusque dans les moindres parties. Depuis trois ans qu'existe cette serre immense, ja- mais les douze fourneaux n’ont été chauffés en même temps ; en juillet et en août, quatre feux suflisent; mais, dans les plus grandes rigueurs de l'hiver, on en a allumé jusqu'à onze, le douzième est toujours resté en réserve pour un cas extrême. Il me souvient, et je ne l'oublierai jamais, d’avoir entendu le gardien d’un fanal, sur une côte tristement célèbre par ses naufrages, raconter son effroi lorsqu'une nuit, par une affreuse tem- pête et un froid de 20 degrés au-dessous de zéro, il vit sa provision d'huile se geler, et le phare, dernière chance de salut pour les navires, au moment de s’éteindre! Si l’on pense qu'un instant de gelée suffirait pour anéantir les précieux trésors accumulés à si grands frais, on com- prend qu’il faut avoir toujours à sa disposition une puissance suffisante pour vaincre la nature dans ses plus grands efforts. Voulez-vous voir une de ces forêts vierges du Brésil, si vantées dans tant de récits ? Entrons, et vous pourrez même vous imaginer, mais sans danger, qu’un tigre s’élance sur vous du fond de l’un de ces fourrés, ou que, nouveau Laocoon, vous allez être la proie d’un boa enroulé autour du tronc de cet immense palmier; on s'étonne de ne pas entendre le bourdonnement de l’oiseau-mouche, de ne pas le voir, dans son vol plus rapide que la flèche, se jouer au milieu de ce groupe de bananiers. Cet arbuste couvert de fleurs rouges, c’est l’Hibiscus rosa-sinensis. En Chine, ses boutons servent à noircir les souliers. Mais voici une plante des Lucayes presque inaperçue dans cette vaste enceinte, et qui, en botanique, est de grande importance, comme exemple outré des difformités du règne végé- tal; son nom est Xylophylla falcata, ce qui signifie qu’elle a la forme d’une faux, et des feuilles de bois. Ses branches, de la nature des feuilles (phyllodes), sont vertes, plates, et ont une apparence de feuille plus trompeuse encore que celle de l’acacia de la Nouvelle-Hollande, car elles sont fixées horizontalement dans la position ordinaire des feuilles qui croissent sur un tronc, au lieu d’être placées verticalement. Les fleurs sont axillaires. Un autre exemple de ce genre, c'est le Cibotium Barometz, l'agneau végétal de Tartarie. À en croire les anciens écrivains, cet agneau broutait l'herbe qui était à sa portée et finissait par mourir de faim, parce que, enraciné au sol, il ne pouvait aller chercher sa nourriture ; pour preuve, on montrait dans les cabinets de curiosités l’agneau lui-même. Voir, c’est croire ; aussi, la plante que nous avons sous les yeux nous révèle ce mys- tère : son corps laineux, analogue à celui de la fougère au pied-de-lièvre, est volumineux, il prend en croissant d’étranges contorsions et se couvre de nœuds. Quatre pétioles, ou plutôt de fausses racines, coupées courtes, servent de jambes au prétendu agneau desséché et arrangé pour figurer dans une collection. BELG, HORT, T. II. 47 — 95)8 —- Mais ce ne sont pas les curiosités qui méritent le plus notre attention. Remarquez l'arbre dont le fruit donne le chocolat, Theobroma cacao, « nourriture des dieux ; » ses fleurs sortent de la partie la plus épaisse du tronc, et ses fruits occupent, par conséquent, la même place. Voiei le manguier, Mangifera Indica, dont la pomme, suspendue à une longue tige, semble vous dire : « Ferme les yeux et ouvre la bouche. » Maïs ici la reine a seule le droit d'ouvrir la bouche; ces mangues sont exelusive- ment réservées pour sa table, et chacune est enveloppée d’un filet en forme de bourse, de peur d'accidents. Il faut en convenir, si la mangue ordinaire ne vaut guère mieux qu’un paquet d’étoupes arrosé de térében- thine, les premiers numéros (”) sont excellents ; le numéro 11 (je ne sais par quel caprice on n’en a pas fait le numéro 1) est si parfait, que les per- sonnes qui en ont goûté n'hésitent pas à le mettre au-dessus de tous les autres fruits ; il laisse une saveur si délicieuse, qu'après l’avoir connu, on ne peut plus l’oublier, non plus que les fameuses tartes à la crème de l’in- fortuné Bedreddin. Passons aux poisons, aux plantes vénéneuses, pernicieuses, malfaisantess le règne végétal est en ce genre presque aussi bien pourvu que le règne animal. Gardez-vous de mettre à la bouche une feuille ou une branche de celle-ci : c’est le Caladium sequinum, dont le simple contact paralyse- rait à l'instant vos lèvres et votre langue. Il y en a eu plus d’un exemple; les jardiniers savent ce qui en est, et les simples curieux feront prudem- ment de ne rien toucher dans les collections où le bien et le mal sont confondus. Nous connaissons un amateur qui a pour habitude de placer en évidence, à l’entrée de son jardin, une plante, la Loasa urens, aux belles fleurs jaunes, dont les feuilles vénéneuses font l’effet de vésicatoires sur les mains qui les touchent:lecon pratique pour les enfants, etmêmepour les dames, qui oublient la recommandation d'admirer sans rien toucher. La plante la plus dangereuse qu’ait jamais possédée l’établissement de Kew, c’est la Jatropha urens, qui ne s’y trouve plus depuis longtemps, soit qu’on l’ait tuée comme un chien enragé, ou fait mourir dans l’isole- ment absolu. Il y a vingt ou vingt-cinq ans que M. Smith, administrateur du jardin, passant près du Jatropha, une branche épineuse le toucha au poignet. L'effet fut immédiat : les lèvres enflèrent et furent paralysées, le poison agit sur le cœur, la circulation du sang s’arrêta; M. Smith tomba sans connaissance ; à peine entendit-il ces mots : « Courez chercher le docteur ! » Soit que le docteur ait été fort habile, ou que le poison ne füt pas en dose suffisante, M. Smith échappa à la mort; mais dès ce jour l'arbre fut condamné; personne n’osait en approcher; on l’abandonna, et il périt. (La fin au prochain numéro.) (1) Les diverses espèces de manguiers ne sont pas distinguées par des noms, mais par des numéros. [l y en a plus de quarante. FLORICULTURE DE SALON. CORBEILLE A DEUX ÉTAGES : CULTURE COMBINÉE DE PLANTES A ROSACES ET DE PLANTES RÉSUPINÉES , Par M. CH. MorreE. Quelles sont les formes végétales qui conviennent le mieux aux cul- tures de l’intérieur de nos demeures ? Ce serait, s’il fallait répondre con- venablement à cette demande , l’objet d’un beau travail d’horticulture contemporaine que l’exposition de cette thèse. Il nous suffira pour le mo- ment de prendre pour sujet un seul point de cette question et de ne l’en- visager même qu'avec une excessive parcimonie de preuves. Parmi ces formes végétales qui s’accommodent le mieux à nos meubles et surtout à ceux que nous destinons aux fleurs dans notre coutume habituelle de vivre, il est d’observation que les plantes à rosaces sont recherchées avec avidité. L’horticulteur habile, s’il veut plaire, doit s'emparer de toutes les rosaces possibles, les planter,replanter, déplanter et les agencerde manière à suivre leur allure, leur développement, leur extension, leur mode de pendre, de se relever, de s’abaisser, de se courber, de serpenter, de s’accrocher, de voler, de voltiger, de danser , de pirouetter même , car tous ces exer- cices de gymnastique s’observent dans la nature de ces êtres si placides et si fixes qu’on les dit cloués à la terre et cramponnés au sol par d’inflexibles racines. Pour peu qu’on ait remarqué la nature des plantes anthoclines, on a du saisir facilement toutes ces manières de se tenir et de se conduire au-dessus de nos têtes ou à côté de nous. Ainsi le disandra pend, l’ajuga se relève, le marica s’abaisse, le chlorophyton se courbe, la serpentine ser- pente, le lierre s'accroche, l’oncidium vole, la saxifrage voltige, les fleurs de fuchsia dansent et même en jupons courts, et le cobœæa pirouette de ses vrilles en spirale. Avec un peu d'imagination, avec un peu de cet art qui fait voir les choses selon ce sens interne qui préside à la poésie et s'appelle labstraction, il est fort aisé de reconnaitre , dans toutes ces fleurs et plantes, les poses plus ou moins académiques que nous venons de citer. | Nous avons vu, au printemps de cette année, un de ces meubles en fil de fer tressé, formé de trois pieds recourbés, supportant vers le haut une corbeille en zine perforé et partant du bas d’une corbeille formée de la même matière (voy. pl. 59). Ce meuble avait été orné par une main habile. Une simple plante des champs en formait l’ornement principal : cette plante offre, en effet, des ressources infinies pour ce genre d’orne- mentation. On me permettra de dire ici quelques mots de son histoire. — 560 — Elle a nom en français bugle , en flamand zenegroen ou ingroen, et en latin ajuga reptaus. Certains jardiniers très-haut huppés et n’aimant pas d’autres plantes que celles qu’on achète, vont s’écrier que nous recom- mandons ici une plante sauvage. Soit, nous le voulons bien : il y a des indigènes fort jolies et cette fleur de nos bosquets en est. Presque partout en Belgique vous trouverez entre l'herbe de nos bois, vers les bords et les clairières, cette labiée aux fleurs bleues, aux épis fleuris et abondants. Sur la montagne St.-Pierre, près de Maestricht, au-dessous du château de Castre, nous en avons trouvé la variété rose , charmante plante de pleine terre dont l’épi floral tout ruisselant de belles corolles roses mesu- rait jusqu'à six et sept pouces de hauteur, et aux environs de Louvain, au bois d’'Héverlé, dans un chemin près du château, nous en avons vu, en 1851, la variété blanche. Des fleurs blanches, roses et bleues, voilà de quoi faire , comme on le voit, un bouquet complet. Nos vieux auteurs, notre flamand Dodoëns entre autres, en parlant des pieds de l’ajuga, s'exprime déjà ainsi : decumbent et serpunt « ils s’in- clinent et serpentent. » En effet, ce sont les innombrables rameaux laté- raux qui exécutent ce manége. Dans le haut d’une corbeille cet effet est charmant. La plante est vivace, volontaire, croît sans peine, fleurit avec profusion. Nous avons vu beaucoup de personnes s’étonner de la qualité de belge chez cette jolie production, et en général on nous demandait ce qu’elle nous avait coûté. Comme on l’a vu, elle nous a coûté la peine de la prendre et de la soigner. Les trois variétés réunies, la blanche, la rose et la bleue produisent un coup d’æil remarquable dans le genre de corbeilles. Dans le bas de ce meuble, de la corbeille de dessous, on voit monter une autre plante dont les allures contrastent vivement avec celles de notre espèce indigène. C’est une chilienne cette fois : elle remonte avec autant de hardiesse que l’ajuga met de grâce à s’incliner. Elle appartient an genre Francoa qui, avec le voisin Tetilla, forment à eux deux un groupe s’éle- vant à l’état de famille : les francoacées. Plusieurs de ces espèces de francoa sont aujourd’hui cultivées : telle est celle que nous avons repré- sentée : Francoa sonchifolia ou francoa à feuilles de laiteron. Sa tige est haute de 2 à 3 pieds, les feuilles sont grandes, larges, découpées comme celles du laiteron, les fleurs, disposées en épis , grandes et bleues. Le francoa appendiculata a les feuilles pennifides, les fleurs roses , disposées . de même en épi. Enfin les jardiniers disent qu'il ya un francoa alba, mais ce n’est qu'une variété albine de la première que nous venons de signaler. Au Chili, ces plantes sont regardées comme des espèces utiles, leur suc est réputé sédatif et rafraîichissant, la racine sert à tendre en noir. En Europe, la seule utilité des francoa est d’orner les jardins. Elle constitue une espêce résupinée, c’est-à-dire dont les tiges rasant d’abord la terre, se relévent ensuite droites et fleuries, | se WU — {| | JL al — 362 — PI. 60. 1 PALCAAT — 308 — INSTRUMENTS, USTEANILES ET MEUBLES D'HORTICULTURE, POTS ORNÉS, EN ZINC, ORNEMENTS DE TABLETTES A FLEUR DANS LE MÊME MÉTAL , Par M. Cn. MoRREen. Nous avons fait part à nos lecteurs de l’heureuse direction imprimée à l'industrie du zinc, en ce qui regarde l’horticulture et ses besoins, par la haute intelligence de M. Saint-Paul de Sincay, directeur de l’établisse- ment de la Vieille-Montagne à Chenée, près de Liége. C’est, en effet, toute une nouvelle phase dans l’histoire des progrès dont l’art de cultiver doit tirer profit et avantage, que cette importante application du zine à ses opérations. M. Valerio, attaché au même établissement, a pu, à la suite de voyages qui ont embrassé l’Europe entière, comparer les styles, les goûts, les désirs des différents peuples et de fructueuses réminiscences, combinées avec un grand amour de l’art des Lenôtre, lui ont fait appro- prier un métal auquel on ne pensait guère à cette série infinie d’instru- ments, d'ustensiles et de meubles dont l’horticulture ne peut se passer. Nous publierons une suite d’articles en vue d'indiquer à nos lecteurs ces améliorations importantes et de les engager à les employer. Seulement les exigences de notre publication ne nous permettront pas d’apporter dans ces articles toute la classification désirable, en vue de l’importance des objets, et nous devrons, pour rester fidèle à l’une de nos conditions d'existence (la variété dans la rédaction), parler de ces objets selon le goût et la fantaisie du moment. | Sans doute que l’un des meubles les plus essentiels de l’horticulture est le pot, le pot à fleur, car c’est le nom que l'usage et l'académie lui ont consacré. Pot et poterie se tiennent, et pas de poterie, de céramique, si l’on veut être plus élégant et plus savant, sans terre ou argile plastique. Le pot suppose donc fatalement de la terre. Or, voici le métal qui se fait pot: voici l’origine déplacée , la matière première métamorphosée, remplacée. Naguère c'était le potier qui faisait le pot, aujourd’hui c’est le zingueur (ce mot barbare est employé dans la langue de l’industrie) qui fait le pot. Vous voyez qu'à tout bien considéré, les quarante immortels pourraient bien s’aviser de décréter que le pot restera aux confrères de Socrate en fait de son premier métier et que l’ustensile en zinc prendra le nom de vase, quoiqu’alors la confusion avec un autre meuble auquel l'idée et le souvenir des Médicis viennent s’attacher fatalement, donne lieu à un autre inconvénient. C’est une chose singulière que les Romains, avec toutes les ressources A6 — de la langue de Cicéron et de Virgile, ne pouvaient pas plus que nous indiquer en un seul mot le pot à fleur, bien qu'ils en eussent de fort eonve- nables pour nommer d’autres pots consacrés à certains usages. Le lecteur voudra bien nous faire grâce de la traduction du matula, sa chambre à coucher remplira ce service de traduction; mais la cuisinière connaissait son olla et son ollula, pot et petit pot à cuire; la laitière possédait son sinum ou le pot à lait, son mulctrare ou le pot à traire. Le Romain don- nait le nom de vas aquarium, vase aquaire, à notre cruche, mais quoique les étymologistes fassent dériver notre mot français pot de potus, boisson, et lui donnent par conséquent une origine parfaitement latine, il n’en est pas moins vrai que les Latins ne connaissaient pas ce mot de pot et appelaient gravement tous ces ustensiles des vases. Vous voyez donc que le zinc, en ne nous permettant guère l’emploi de ce mot de pot, nous ramène directement au temps des Romains, à la langue de Virgile , au beau siècle d’Auguste, lui, ce zinc, métal des alchimistes, découvert seu- lement dans le milieu du seizième siècle par le fougueux Paracelse , sub- tance dont le nom ni grec, ni romain, ni celte, ni gaulois, n’a d'autre source connue, pas plus que le mot de gaz dû à Van Helmont, que le caprice fantasque et bizarre de ces chercheurs d’or. L'eau, la terre, le rocher, le tronc d'arbre, tels sont les véhicules natu- rels des plantes dans leur état de création. L'art substitue à ces véhicules le pot, et le but est évidemment le transport facile, la mise en place dans un lieu de protection. Mais mettez la plus belle plante du monde dans un pot et vous la dépoétisez à l'instant même. Nous l’avons dit ailleurs, le pot et le chapeau représentent parfaitement notre siècle aux goûts étriqués et aux préoccupations industrielles. Le fer, dit-on, doit faire naitre une nouvelle école d'architecture. Nous le souhaitons , mais en attendant voici le zinc qui, produit de l’industrie, vient enfin de donner aux pots à fleur si prosaïques l’ornement dont ils avaient si grandement besoin. Le métal de Paracelse les orne à la facon des vases. Un simple coup d’æil jeté sur la pl. 60, p. 362, permettra à noslecteurs de juger de la beauté de ces pots à fleurs. Ici ce sont des pots à raies transversales, là, des pots à bandelettes et puis successivement des pots à frise estampée formée de rets de cœur ou d’oves , de grands pots à frise dentelle, des pots-corbeilles à ogives , ete. | Ces pots sont légers, forts, ne se cassent jamais; ils ont naturellement une couleur qui rehausse celle des fleurs et des plantes, ou recoivent facile- ment la teinte de bronze ou de telle autre substance qu’on veut choisir. Ces avantages sont immenses. Les patères en zinc aussi se placent dessous et reécoivent l’eau. La question qui nous a été faite généralement au sujet de ces pots en zinc est celle relative à la conservation des plantes. On se demande si l’oxide de zinc n’empoisonne pas les plantes qu’on cultive dans cès véhi- cules. À ce sujet il faut se remémôrer quelle est l’action de l’eau sur le — 56) — zine , car c’est la terre mouillée qui agit sur le métal, la terre sèche n’au- rait pas d'action sur lui. L’eau produit sur le zinc un sous-oxyde de zinc, lequel est complétement insoluble. Ce sous-oxyde reste sur ce métal, y forme une croûte mince d’un gris noirâtre et devient, s’il sèche, d’un gris clair. Cette croûte, une fois formée, n’augmente plus d'épaisseur et se maintient sans altération ; elle durcit et résiste mieux que le métal brillant à l’action chimique des corps mis en contact avec elle. Si ce sous-oxyde est insoluble dans l’eau, on comprend pourquoi les plantes ne peuvent en éprouver aueun mal puisqu'il faut nécessairementet fatalement qu’une sub- stance soit soluble dans l’eau ou se trouve à l’état de gaz pour pouvoir être absorbée. Les pots en zinc ne peuvent donc en rien nuire à la végétation. On objectera que le pot en terre laisse évaporer l’eau d’arrosement, tandis que le pot en métal ne permettra pas cette évaporation. Ce raison- nement est juste, mais nous demanderons aux horticulteurs expérimentés et surtout désintéressés dans la question, si le drainage aujourd’hui opéré même dans les pots d’après les préceptes d’une horticulture perfectionnée, ne fait pas plus de bien aux plantes que toute l’évaporation possible du véhicule ? Pas d’évaporation sans diminution de température , de sorte que les racines dans les pots en poterie ont souvent froid, alors que les Anglais, pour perfectionner la culture, ont imaginé le bottom-head, c’est- à-dire la chaleur du fond pour empêcher les racines de se refroidir. Le docteur Lindley a établi dans ses principes d’horticulture qu'une plante se porte d'autant mieux qu'il y a un équilibre normal entre la tempéra- ture des cimes et celle des racines. Enfin on objecte aux pots en métal qu'ils s’échauffent beaucoup au soleil et font, par cette chaleur, mourir les plantes. D’abord l'expérience (et nous attestons ici les orangers cultivés au Jardin botanique de Bruxelles depuis de longues années dans des caisses de zinc) ne nous prouve pas que ce métal ait fait mourir des plantes même délicates; mais en supposant même que la chaleur acquise par le pot en métal soit en effet assez élevée comparativement à celle que peut acquérir un ‘pot en terre exposé au soleil, nous nous demandons si cette chaleur est telle qu’elle doive avoir des conséquences fâcheuses. Sans doute, cette élévation de température fera que l’eau d’arrosement sera plus vite dissipée; mais est-ce un mal ? N'est-ce pas plutôt un bien que-ce renouvellement obligé d’une nouvelle source de nourriture ? La question, comme on le voit, se résont d’elle- même et en faveur du vase en métal. Puis, il faut remarquer que les pots ornés en zinc sont surtout destinés aux serres, aux appartements , aux boudoirs, aux cultures d'intérieur. Or, dans tous ces lieux les rayons du soleil sont mitigés et ils ne frappent plus que bien rarement les pots dans lesquels on cultive. Nous pensons donc que cette objection, tirée de la chaleur, est beaucoup exagérée et qu’elle ne peut, en pratique et en fait, faire rejeter un emploi qui a en sa faveur d'immenses et d’incontestables avantages. BELG. HORT. T. I. 48 — 566 — Les prix de ces pots ornés sont extrêmement modiques. Quand on cal- cule le coût de la casse chez les pots en terre, on arrive bientôt à cette conséquence que l’emploi des pots en zinc est une économie. Notre planche nous a fourni l’occasion de dessiner quelques ornements en zinc repoussé pour orner l’intérieur des serres, des appartements- serres, des conservatoires, Jardins d'hiver, ete. Ce sont des bandelettes de toutes sortes de dessins qu’on place en les clouant sur les tablettes d’étagères ou devant les chéneaux; ce sont encore des consoles en zinc repoussé qu'on dispose au-dessous des chéneaux, des tablettes isolées ou aux angles des étagères, ete. Le carton-pierre est d’un usage impossible dans les serres à cause de l'humidité qui le détruit malgré les peintures ; le bois sculpté s’y fend et y pourrit. Rien de mieux donc qu’un métal à bon marché, léger et durable, susceptible de se façonner selon toutes les volontés. Le zinc en est arrivé à ce point et il est impossible de mécon- naître que dans l’ornementation de tous les lieux d'intérieur et d’exté- rieur où les plantes se cultivent, le métal, dont les anciens avaient placé le minerai sous la protection de Cadmus, ne devienne d’un usage com- mode, économique et général. DES TERRINES POUR PLANTES VIVACES, PAR LE MÉME. L'horticulture du continent ne se sert de terrines que pour les semis. Il n’en est pas de même de l’horticulture anglaise. Celle-ci consacre ces sortes d’ustensiles à la culture de plantes vivaces, surtout de celles dont les racines sont resserrées, tuberculiformes et peu étendues. Ainsi, M. Atkins est connu au-delà du détroit comme un grand amateur de cyclamen : il les cultive en terrine de la hauteur d’un pot ordinaire, mais large de manière à présenter le diamètre de quatre ou cinq de ces pots. Soixante-dix fleurs s’épanouissaient en même temps dans une terrine semblable présentée à la dernière exposition de la Société d’hortieuiture de Londres. Les cyclumen coum, vernum, neapolitanum, persicum, ete., se trouvent à merveille de cette culture. Les cypripedium se cultivent également en terrine avec le plus grand succès, surtout les cypripèdes d’orangerie et de pleine terre. Les erytluro- nium rentrent dans la même culture. Toutes ces formes végétales gagnent du reste à être vues et contemplées réunies en masse sur un petit espace. 1 114 "" \ÿ , A7) NU Qi Noisetier de Byzance. — 9568 — ARBORICULTURE. LE NOISETIER DE BYZANCE , PAR M. Cu. MORREN. Il est à regretter qu’on ne cultive pas davantage le noisetier de Byzance, appelé encore noiïsetier du Levant, noisetier de Constantinople, Corylus colurna de Linné. Arbre de 50 à 60 pieds de hauteur caractérisé par ses stipules lancéolées, acuminées, par ses feuilles arrondies-ovales, cordées, par l’involuere du fruit (voy. pl. 61) double, l'extérieur multipartite, très-divisé, l’intérieur tripartite et les divisions palmées. La gravure pl. 61, donne une idée du beau port de cet arbre. Originaire de Turquie et de l'Asie mineure, cet arbre y forme de belles cimes un peu pyramidales de 50 à 60 pieds de hauteur, le tronc est gri- sâtre et se pêle en stries verticales; les branches sont horizontales, les feuilles anguleuses et glabres ; les noisettes sont petites , arrondies et remarquables par leur énorme involucre lacinié et frangé , à pointes recourbées, On a cru longtemps que ce noisetier était nain, parce qu’au commencement de sa végétation il affecte cette allure, mais c’est une erreur complète. Le bois en est extrêmement beau, il rivalise avec celui de Ste.-Lucie ou le plus beau bois de cérisier. On en fait des parquets très-recherchés. De Poederlé en avait vu à Vienne des planches de trois pieds de largeur qu’on tirait de la Turquie et de la Dalmatie par le Da- nube. Notre célèbre dendrologue explique déja comment on fait passer ce noisetier de l’état de nain à celui d’arbre élevé; il rapporte qu'il doit la connaissance de ce procédé à « M. De Wevelinchoven, gentilhomme très- curieux ethbelge,» lequel tenait le procédé d’un jésuite, savant botaniste en Dalmatie. Il consiste à retrancher tous les ans les jeunes pousses du pied. Le noisetier de Byzance a été introduit dans l’Europe centrale en 1582, par De l’Écluse, qui rapporte qu'il avait lui-même cultivé un arbre de cette espèce à Francfort:en quittant cette ville en 1593, son noisetier était encore nain ; en 1595 il commença à s'élever. De l’Écluse estimait tant ce noisetier qu'il l’introduisit aussi à Leyde où le pied planté par lui avait, en 1726, quarante pieds dehauteur etplus de deux pieds de tour; il a été citéà cette époque par Haller. L’ami de De l’Écluse, Ungnad de Zorneck, en ra- mena de Contantinople une nouvelle quantité en 1586. La figure p. 367, est le portrait d’un noisetier de Byzance croissant à Syon en Angleterre. La propagation de ce noïsetier se fait par graines, par surgeons ou par greffe. On greffe facilement sur le noïsetier des boïs, et les pieds expédiés de Hollande qui ont une certaine réputation, sont greffés par approche, ce qui forme le meilleur procédé. Il faut autant que possible le planter où le noisetier ordinaire croît bien ; le forcer à monter par la taille et alors il devient un bel arbre, utile par ses fruits, mais surtout important par son bois qui est un véritable bois d’ébénisterie et se vend toujours cher. Le Corylus colurna coûte 50 centimes dans nos pépinières. QE HANTAaloA EI pe denuep Ne Taame Res À ann ube be st fée SH s - #4 ho d share | Ag enter ane 2 dé ARR er es dis ait trib SG fe réa 2. WA | Bsbomino arr) tr sinaile brut MEN 7 - | # sd »: Lol Fa di hf # x rive Ru ge RÉ EE AY BASES hntenanete sesnen À et Benthamia fra sifera Hot: LA HER — JARDIN FRUITIER. L'ARBRE A FRAISE ou BENTHAMIA FRAGIFERA , Par M. CH. MoORREN. * Quoique l'arbre à fraise, Benthamia frayifera, de Lindley , ancien Cornus capitata de Wallich et de De Candolle, soit connu depuis quelques années, nous ne voyons pas cependant qu’en Belgique on fasse quelque tentative sérieuse de cultiver ce cornouiller. C’est un arbuste très-remar- quable cependant par sa forme, ses feuilles oblongues-acuminées, pour- vues au-dessous de poils malpighiacés ou plats, très-apprimés et blanchä- tres ; le calice a quatre grands lobes. En Angleterre on le plante en pleine terre où il passe fort bien l'hiver, de même qu’en Irlande où il fleurit abondamment et se couvre de fruits nombreux, d’après lesquels la gra- vure a été faite, pl. 62. Ce sont des fruits gros comme des abricots, de l’apparence d’une fraise et que les habitants de l'Himalaya , d’où l'arbre est originaire, mangent avec délices. Il faut à l’arbuste quelques années de fleuraison consécutives pour que les fruits se colorent et arrivent à leur état de maturité satisfaisante. En 1849, à Belfast, M. Ferguson obtint une ample récolte de ces fruits. On voit déjà des individus de vingt pieds de hauteur en Angleterre, quoique la plupart du temps la Benthamie reste à l’état de buisson court et touffu. On lui donne une terre grasse, surtout celle du dessous des vieilles haies. Nous avons recu de M. Rantonnet, d’Hyères, une provision de bonnes graines de cet arbuste, et nous espérons bientôt que nous pourrons pro- pager en Belgique l’arbre à fraise de manière à le populariser. Sans doute il faudra le cultiver protégé par des arbres, puisque notre climat est plus excessif que celui de la Grande-Bretagne. Nous attirons sur cette espèce l'attention des propriétaires cultivateurs, soit pour essayer cette culture en serre tempérée semblable à celles où l’on force les abricots, les vignes, etc., soit à risquer cette espèce en pleine terre, le long d’un mur où l'exposition devienne une protection suffisante. Ce serait une acquisi- tion pour notre jardin fruitier qui n’est pas très-riche en fruits nouveaux. —— 910 — CULTURE MARAICHÈRE. CULTURE ET PRÉPARATION CULINAIRE DE LA TOMATE, Par M. Rourria. La tomate est, comme chacun sait, le fruit d’une plante de la famille des Solanées, et qui a pour nom botanique Lycopersicum esculentum, ou Solanum lycopersicum. D'origine mexicaine , elle a été introduite en Europe vers la fin du seizième siècle, où, depuis, elle est cultivée à cause de ses fruits rafraichissants, avec tete on fait d'excellentes prépara- - ions culinaires aussi saines qu’agréables, fort estimées dans certaines parties de la France, surtout dans le Roussillon, où on en fait une con- sommation considérable. Les tomates entrent dans tous les ragoüts: on les mange crues en salades, après les avoir coupées en morceaux et en avoir retiré les graines; frites à la poële et farcies comme les aubergines, elles sont bonnes et appétissantes, mais il faut, avant, les partager en deux et en extraire la graine. À Perpignan, et presque dans tout le Roussillon, on fait de la tomate une conserve à laquelle on donne, dans ce pays, le nom de confiture. Cette préparation est précieuse et se conserve deux ou trois ans; elle entre dans toutes les sauces qui ont de la couleur et à la place du mau- vais ognon rôti, dont les cuisinières de Paris se servent pour donner une légère teinte foncée au bouillon. Pour ce dernier usage, on fait dissoudre un morceau de cette confiture dans un peu de bouillon, et lorsque la soupe est trempée, où que le potage, quel qu'il soit, va être servi, on y met la quantité suffisante de ce jus, qui donne non-seulement une belle couleur au bouillon, mais encore un trés-bon goût. Le même procédé est employé pour les sauces. Voici comment les Roussillonnais font la confiture de tomates : Is prennent de 25 à 50 livres de ces fruits bien murs, ou une plus forte quantité, suivant les besoins de la consommation. On les lave l’un après Pautre, et, après avoir coupé les queues et les feuilles qui pourraient y être encore attachées, on les coupe en deux ou en trois morceaux sans en retirer ni les graines, ni la peau, en les jetant au fur et à mesure dans une chaudière bien propre; on les fait ensuite bouillir pendant deux ou trois heures au moins. Après cette opération, il est procédé au décan- tage, c’est-à-dire que ce jus est passé dans un récipient nommé #nelle, au travers d’une toile forte, ni trop claire, ni trop serrée. Avec une cuillère en bois, on presse d’abord la matière qui reste sur la toile, puis = ut — avec les deux mains on exprime fortement le résidu, qui n’est autre chose que la peau et les graines. Lorsque ce premier travail est terminé, la chaudière est replacée sur le feu pour faire bouillir une seconde fois le Jus, et assez longtemps pour obtenir une réduction considérable. Pendant cette seconde cuisson on remue souvent, comme pendant la première, avec une spatule en bois pour empêcher la partie du fond de brûler. On reconnait facilement que le jus est assez cuit en le plaçant sur du papier blane, la couleur et la consistance l’indiquent suffisamment. | Le degré de cuisson reconnu, le Jus est vidé successivement dans de petites assiettes de terre de la profondeur de 5 centimètres pour faire refroidir. Le lendemain matin, ces assiettes sont placées dans un endroit bien exposé au midi pour que le soleil les touche tout le jour, si c’est pos- sible ; aussitôt que le soleil s’en éloigne, on les rentre. Au bout de trois ou quatre jours, si la confiture est assez sèche du dessus, les assiettes sont retournées sur des feuilles de papier blanc placées sur des planches, afin que ce qui est dessous se trouve exposé à son tour au soleil, et puisse y sécher. Il sera moins pénible, je erois, et moins long d'obtenir la dessi- cation de cette confiture par le moyen d’un four dont la chaleur serait de 28 à 50 degrés. La dessication complète étant obtenue, il ne reste plus qu’à envelopper les pains dans du papier, et à les mettre dans des boïtes, qu’on dépose dans des endroits bien secs. Lorsque cette confiture est bien faite, elle se conserve parfaitement ; on peut alors la faire tous les deux ans, mais elle ne peut convenablement réussir que dans le mois d’août, alors que le soleil est fort et que les tomates sont abondantes et bien pourvues de suc et de pulpe. | Il est un autre procédé moins coûteux et moins pénible, et que voici : Après avoir lavé et coupé vos tomates, vous en déposerez les morceaux dans un récipient en bois (c’est de rigueur), vous les laissez à découvert dans un endroit sain, à l’abri de la poussière et des mouches, pendant neuf jours, pour en amener la fermentation, vous les remuez dix à douze fois par jour avec une cuillère en bois; au bout de ce temps, vous passez cette matière à travers un tamis de crin. Cette opération terminée, le jus qu’on en a obtenu est placé dans un torchon de toile assez claire, qu'on suspend au-dessus d’un plat ou d’un baquet pour recevoir l’eau qui en découlera. Trois jours après, la matière qui sera restée dans le torchon sera la confiture de tomate; vous la mettez alors dans des flacons ou bouteilles blanches dont l’orifice sera assez ouvert. Ces bouteilles étant pleines, vous couvrez le contenu d’un travers de doigt d’huile d'olive ou de bon beurre fondu ; vous les bouchez ensuite et les placez dans un endroit convenable, où vous pourrez les trouver au besoin. Il est certainement très-utile de savoir comment on peut manger les tomates ; mais, pour en faire des confitures et autres préparations, il faut — 572 — savoir où et comment on peut se procurer ces fruits. À Paris, le consom- mateur trouvera sur le marché de quoi satisfaire son goût : les maraichers lui en fourniront autant qu’il en pourra faire cuire. Il n’en est pas de même dans certaines provinces, où cette plante est presque inconnue. Il me reste donc à traiter de sa culture. Je recommanderai d’abord aux jardiniers et marchands grainiers de se procurer leurs graines dans les pays méridionaux, parce que les fruits dégénèrent sensiblement sous le climat de Paris. C’est pendant le mois de février et première quinzaine de mars qu’on doit semer sur couche les graines de tomates. On en réplique le plant, lorsqu'il a 5 à 6 centimètres de haut, sur couche ou dans une plate-bande de bonne terre meuble et bien terreautée le long d’un mur exposé au midi. Au bout de quinze jours ou trois semaines, on doit déplacer ce plant et mettre chaque pied en place dans le jardin ; on lui donne un tuteur pour maintenir les tiges, dont on supprime les rameaux, moins un ou deux, aussitôt qu’elles atteignent une longueur de 50 à 40 centimètres; les rameaux réservés sont attachés au tuteur. Quand les plantes commencent à fleurir, on pince les rameaux principaux pour faire développer les yeux inférieurs qui produisent les meilleurs rameaux à fruits. Mais pour avoir de belles et bonnes tomates, il faut en supprimer une certaine quantité et effleurer chaque touffe, pour que le fruit soit plus facilement frappé par le soleil. INSECTES NUISIBLES. DESTRUCTION DES FOURMIS PAR LE JUS DE PRUNEAUX. M. Adam, vice-président du Cercle horticole et de botanique de la Seine-inférieure, a préconisé l’eau de cuisson des pruneaux pour la dés- truction des fourmis. Des confirmations nombreuses sont venues prouver que ce moyen est, en effet, efficace. « Dernièrement, dit M. Herineq, dans l’Horticulteur français, on annonçait la destruction des fourmis par le camphre. Nous croyons ce moyen illusoire, en ce sens qu'il ne détruit point l’animal ; il le chasse seulement d’un endroit pour le rejeter dans un autre; c’est donc un simple déplacement. Avec l’eau de pruneaux, au contraire, on arrive à détruire, puisque toutes les fourmis qui viennent pour goûter ce jus, s’y précipitent et s’y noient. Aujourd’hui, M. Andry, secrétaire de la Société nationale, M. Domage, amateur, etc., ne font usage que de ce liquide pour se débarrasser des fourmis qui infestaient leurs serres.» | A 3 4 GE LE 7 HL | : É Fe ur "A k, ) À j « Fep : Sara / ‘4 & rai 4 LE SLT De : ; & RSR. EEE 6 # “ie A y pt Ce SO URES + 7 . \ “ e 3 es Er y dar MS E % « ÿ su, VE PNR Vi, 12 DSARTEER RE et ue Lee ES € ÿ / » # DFE x + AE P almata .Forsk. æa lpo ni 2 Morr. fl. nY 4 ? IH UIN if TAC — 515 — HORTICULTURE. NOTICE SUR LE CRINUM DE KNYFF (CRINUM KNYFFII), ESPÈCE INÉDITE ET SUPERBE, Par M. Cr. MoRREn. Il y a peut-être plus de vingt ans que la Belgique possède dans ses col- lections une magnifique espèce de Crinum que la reconnaissance des hor- ticulteurs a fait appeler spontanément et sans publication Crirum Knyffir, du nom de son savant , aimable et spirituel premier possesseur et intro- ducteur, M. le chevalier John De Knyff, de Waelhem, si connu par la constance de ses amours en fait de fleurs de serre et de pleine terre. Cou- ronné dans maintes de nos expositions, ce beau erinum circule dans le commerce indigène sous le nom que nous nous plaisons à lui conserver et que celte fois du moins, justicia tandem ! nous pourrons consacrer par une diagnose formelle. BELG, HORT, T. 11. 49 HE CRINUMKNYFFIT. Morr., Belq. hort., 21ab. CRINUM DE KNYFF. Morr., Pelg. hort., 65, seclio À. Patentia et perianthio nutante. | 2 pl. 63, section A. Fleurs planes et pé- Bulbo conico, annulato-squamato, rubro- | rianthe penché. flavescente ; foliis numerosis, bipedalibus et Bulbe conique, annulé-écailleux , rouge- ultra, lorato-lanceolatis, margine cartilagineo | jaunâtre , feuilles nombreuses, de 2 pieds de longinquè dentieulato (dentibus cartilagineis | longueur et plus , lorato-lancéolées , bord perquam minimis), apice longe attenualis, | cartilagineux, denticulé à distance ‘dents car- medio canaliculalis laxo - dependentibus ; tilagineuses très-petites), longuement rétré- scapo laterali folia adæquante, compresso, | cies au bout, canaliculées au milieu, läche- angulis obtusis ; sertula 4-6 flora , involuero | ment pendantes ; hampe latérale égalant en scarioso, bilaceralo, bracteolis seariosis fili- | longueur les feuilles, comprimée, angles formibus floribus inlermixtis; flore sessili, | oblus; sertule de 4 à 6 fleurs, involucre sca- 8 pollicari; perianthii subringentis tubo |! rieux, bilacéré, bractéoles searieuses filifor- limbo æquali, viridi albo, laciniis lanceolato- | mes entremèlées aux fleurs; fleur sessile, de loratis, ineurvis, albis, in medio purpureo- | 8 pouces de longueur ; périanthe un peu gri- roseo vivido fascialis ; filamentis purpureis, | maçant, tube égal au limbe, d’un vert blan- resupinalis. (v. v. c.) châtre, divisions lancéolées-lorées, incurvées, | blanches, le milieu fascié de pourpre-rose | vif; filels pourpres, résupinés. (v. v. c.) Nous donnons ci-dessus un dessin en vignette représentant le port de cette superbe espèce, voisine du crirum amænum. Elle fleurit en juin et répand une délicieuse odeur pénétrante qui embaume toute une serre ou tout un appartement. Sa culture n’est pas plus difficile que celle des eri- num ordinaires de serre chaude. M. le chevalier De Knyff se fait un plaisir de propager sa superbe intro- duction. Les amateurs sont priés de s'adresser au jardinier du château de Waelhem, près de Malines, pour se procurer cette merveille de nos belles serres. La Belgique horticole se chargera également de la transmission des demandes. L'IPOMÆA PALMATA DE FORSKAHL , PAR LE MÈME. M. Thomas Moore a publié dernièrement la gravure et l'histoire de l’Ipomæa palmata de For